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Répertoire des figures de style

Tableau synoptique des figures de style

I- les figures de mots II-Les figures de sens III- Les figures de construction IV-Les figures de pensée

1-sonorités 1-contigüité 1-symétrie / opposition 1-intensité

-allitération -antonomase -antithèse -emphase


-assonance -hypallage -parallélisme -euphémisme
-écho sonore -métalepse -chiasme -hyperbole
-harmonie imitative -métonymie -litote
-hiatus -périphrase
-homéotéleute -synecdoque
-paronomase

2- Jeux de mots 2-Association 2-Répétition 2-Rendre vivant

-anagramme -allégorie -anaphore -personnification


-contrepèterie -apposition -antépériphore -prosopopée
-isolexisme -comparaison -epanadiplose
-lipogramme -compensation -reduplication
-métaphore -répétition
-oxymore

3-Modifications et 3-Double sens 3-Accumulation 3-Enonciation


création de mots :
-calembour
-archaïsme -diaphore -accumulation - analepse
-lexicalisation - -homonymie -énumération -prolepse
métaplasme -métanalyse -épitrochasme -ironie
-mot forgé -pléonasme -prétérition
- mot-valise - substitution
-néologisme
- pérégrinisme
4-disposition / motif
-anadiplose
-gradation
-hypotaxe
-parataxe
-zeugme

5-déstructuration
-anacoluthe
-asyndète
-ellipse
-enchâssement
-hyperbate
-inversion
I- Les figures de mots
Les figures dites « de mots » sont celles qui utilisent le matériel sonore et visuel que
représentent les mots, autrement dit celles qui jouent sur le signifiant Ŕ le mot comme
contenant.

Ces figures ont pour effet d’attirer l’œil à l’oreille sur un mot, une phrase ... Elles
provoquent une attention particulière, qui conduit à une certaine expérience esthétique et
incite à déduire un sens singulier. Souvent, elles favorisent également le souvenir : on verra
notamment des exemples de slogans, publicitaires ou politiques, fondés sur l’emploi d’une
figure de mots qui facilite grandement la mémorisation de la formule.

1-Sonorités

Allitération :

L'allitération est une figure de style qui consiste en la répétition d'une ou plusieurs
consonnes.

L'allitération produit un effet harmonique d'insistance en raison de la répétition d'une


consonne.

1. Vous qui voulez captiver vos convives avec un vocabulaire sans équivalent, converser
convenablement, sans controverse, évoquer objectivement des convictions attractives et
clairvoyantes, ce vocable sans équivoque devrait vous convaincre.

Allitération insistant sur le son [ v ], exemple issu du film V pour Vendetta.

« Voilà ! Vois en moi l'image d'un humble vétéran de vaudeville, distribué vicieusement dans
les rôles de victime et de vilain par les vicissitudes de la vie. Ce visage, plus qu'un vil vernis
de vanité, est un vestige de la vox populi aujourd'hui vacante, évanouie. Cependant, cette
vaillante visite d'une vexation passée se retrouve vivifiée et a fait vœu de vaincre cette vénale
et virulente vermine vantant le vice et versant dans la vicieusement violente et vorace
violation de la volition. Un seul verdict : la vengeance. Une vendetta telle une offrande votive
mais pas en vain car sa valeur et sa véracité viendront un jour faire valoir le vigilant et le
vertueux. En vérité ce velouté de verbiage vire vraiment au verbeux, alors laisse-moi
simplement ajouter que c'est un véritable honneur que de te rencontrer. Appelle-moi V »

Version française du monologue par lequel le héros se présente à Evey.

Cette figure de style qui joue avec les sons cherche parfois à inspirer au lecteur une relation
entre le sens du texte et l'effet d'insistance inscrit dans sa forme sonore. C'est ce qu'on appelle
une harmonie imitative.

Dans l'exemple suivant, la répétition du son [ s ] imite ce qui est représenté, un serpent.

- Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
- Andromaque, Jean Racine
Dans l'exemple suivant, la répétition des consonnes t, d et r crée un effet de dureté.

1. Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine


2. Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
3. - Le dormeur du val, Arthur Rimbaud

Lorsque tous les mots d’une phrase ou d’un vers commencent par la même consonne, on
parle de vers ou de phrase tautogramme. C’est un cas particulier de l’allitération.

Exemple :

«« Mazarin, ministre malade, méditait même moribond malicieusement mille maltôtes. »


ŕ Louis de Court, Variétés ingénieuses, ou Recueil et mélange de pièces sérieuses et
amusantes, 1725.

Assonance :

L’assonance est formée par la répétition de sons vocaliques. Les voyelles diphtongues (au,
ou, ai ...) ou syllabes vocaliques (on, an, un ...), parce qu’elles sont répétées, forment un
effet sonore particulier.

-Exemple, avec le phonème /i/ : « Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire » (Racine,
Phèdre).
- Exemple avec le phonème /a/ : « Le pacha se pencha, attrapa le chat, l'emmena dans sa villa
et le plaça près du lilas. »
- Exemple avec le phonème /ɔ/ : « Au firmament qui dort / Un soleil vient de naître / Comme
un papillon d'or. » (Jean Richepin, Étoiles filantes in Les Caresses)
- Exemple, avec le phonème /on/ : " Si mon tonton tond ton tonton, ton tonton sera tondu "
(François Laboué)
- Exemple avec le phonème /œ/ : « Quelqu'un pleure sa douleur / Et c'est mon cœur ! » (Émile
Nelligan, Quelqu'un pleure dans le silence)
- Exemple avec le phonème /ε/ : « Elle est hautaine et belle, et moi timide et laid : / Je ne puis
l'approcher qu'en des vapeurs de rêve. » (Émile Nelligan, Beauté cruelle in Poésies
complètes)

Écho sonore :

L’écho sonore est une répétition de sons qui relie musicalement deux groupes de mots, deux
vers, deux hémistiches, deux membres de phrase...

Exemple :

« Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,


Qui font se fondre en pleurs, les cœurs ensorcelés »
Charles BAUDELAIRE, « Ciel brouillé », in Les Fleurs du Mal

Dans ces vers, Baudelaire conçoit un double écho entre les mots : « font » et « fondre », et «
pleurs » et « cœurs » reproduisant de façon sonore ce qu’il exprime (les pleurs). Cet écho
produit un second effet : il induit une pause dans la diction après « les cœurs », faisant
ressort, musicalement aussi, l’adjectif « ensorcelés ».

Harmonie imitative :

L’harmonie imitative consiste à utiliser des mots qui, par leur son, tendent à reproduire un
bruit. Elle peut faire appel à des procédés tels l’allitération, l’onomatopée (un mot créé et
utilisé uniquement pour sa sonorité, qui cherche à reproduire un bruit) ou la cacophonie (un
assemblage disharmonieux de mots qui provoque un effet désagréable à l’oreille).

Exemple :

« Un feu de ferme flambe au fond de ce désert


Aux herbes des fossés s’accroupit le silence
Un aéro dit son rosaire et te balance
Une fusée au-dessus d’Ablain Saint-Nazaire »
Louis ARAGON, « La nuit de mai », in Les Yeux d’Elsa

En multipliant l’utilisation de sonorités sifflantes (voir allitération), Aragon reproduit le son


de la scène qu’il décrit, un paysage de guerre envahi par le bruit des armes à feu. Dans cette
harmonie imitative, les sonorités renforcent ce qui est dit et le rendent plus sensible.

Hiatus :

On parle de hiatus lorsque la voyelle qui termine un mot rencontre la voyelle qui commence
le suivant, créant un heurt dans la prononciation.

Exemple :

« J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries


Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux océans poussifs ! »
Arthur RIMBAUD, « Le bateau ivre », in Poésies

Dans ce passage du « Bateau ivre », Rimbaud marque délibérément la diction, qui se heurte
à la prononciation de deux « i » successifs. En marquant ainsi la prononciation d’une hachure
dans les sonorités, il induit une dureté et une violence qui ne font que renforcer la
description de ce tumulte.

Homéotéleute :

L’homéotéleute est une forme de rime à l’intérieur d’une même phrase. Au sein de cette
phrase, des mots ayant la même terminaison sonore se succèdent et se relient ainsi
phonétiquement entre eux.
L’homéotéleute, en ce qu’elle rapproche des termes de manière sensible, peut s’avérer fort
utile dans la création de slogans. Elle leur donne en outre une certaine puissance en les
rendant très facilement mémorisables par la force de la rime.
Qui a oublié par exemple le slogan publicitaire :
« Du pain, du vin, du boursin »

Cette figure peut également, dans un cadre purement littéraire, conférer une force
d’évocation supplémentaire à un texte, comme dans ce passage :

« C’est les ricochets du massacre !... Les tôles tambourinent !... Les suppliants pâment et
s’écroulent ! La cohue chavire !... Le convoi s’affaisse... le parapet crève ! La ribambelle des
camions chahute... bahute... culbute aux flots !... »
Louis- Ferdinand CÉLINE, in Guignol’s Band

Répondant par l’effet implicite des sonorités aux “ricochets du massacre”, la rime en “ute”
imite pour ainsi dire l’affolement de cette scène de guerre.

Paronomase :

La paronomase rapproche des paronymes, c’est-à-dire des mots qui se ressemblent


beaucoup sur le plan des sonorités mais qui n’ont pas la même signification. Cette proximité
sonore sert à renforcer l’association significative entre ces deux mots.

Exemple : « Veni, vedi, vici » (je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu »)

Dans cette phrase célèbre, César utilise la paronomase pour donner un caractère d’évidence
à sa victoire. Cet effet est redoublé par la présence d’une autre figure de style, l’asyndète,
qui, en rendant de nul effet tout lien de causalité ou de temporalité dans la phrase, confère
à l’évidence une qualité quasi divine.

2- Jeux de mots

Anagramme :

Faire une anagramme consiste à composer un mot à partir des lettres d’un autre. Le
rapprochement visuel ainsi créé entre deux signifiants tend à rapprocher les deux signifiés.

Exemple :
- Avec un mot :

Mots d’origine Anagramme


ironique onirique
argent gérant - grenat - garent - ragent - Tanger - gréant -
régnât – ganter
chien chine – niche
Avec deux mots ou plus :
-
Mots d’origine Anagramme
Ordinateur dur notaire - dorerait nu - on durerait - ration dure Ŕ
rudération
Le commandant Cousteau Tout commença dans l'eau

Albert Einstein Rien n'est établi

Contrepèterie :

La contrepèterie est un jeu de mots qui consiste à intervertir des lettres ou des syllabes de
deux mots pour créer un sens tout à fait différent du premier.

Exemple :

-D'Estienne Tabourot (1547-1590) :


« Toutes les jeunes filles doutent de leur foy. » / Toutes les jeunes filles foutent de leurs
doigts
« Goûtez-moi cette farce ! » / Foutez-moi cette garce !
« La noire me fuyt. » / La foire me nuit.

-D'Honoré de Balzac (1799-1850) :


« Allez pères de la foi ! » / Allez faire de la poix !

-Robert DESNOS, in Prospectus :


« A peur de flots »

En préambule à son recueil, Prospectus, Robert DESNOS inscrit ces mots. Il s’agit d’une
contrepèterie fondée sur l’expression : « A fleur de peau » : Desnos a permuté la première
consonne des deux mots principaux. S’inscrivant dans le mouvement surréaliste, ce type de
jeu sur le langage interroge l’arbitraire de la langue, le détourne voire cherche à le détruire.
Il introduit aussi une manière autre, poétique, de voir les choses en les renversant.

Isolexisme :

On parle d’isolexisme lorsque l’on utilise dans une phrase plusieurs mots ayant le même
radical. On parle aussi de dérivation ou de polyptote.

Exemple :

« Dans les coulisses du progrès


Des hommes intègres poursuivaient intégralement la
Désintégration progressive de la matière vivante
Désemparée. »
Jacques PREVERT, « Tout s’en allait », in La Pluie et le Beau Temps

Cette phrase, qui clôt le poème, utilise le procédé de l’isolexisme qui relie les termes «
intégralement » et « désintégration » à l’adjectif « intègres ». Ces trois termes ont, en effet,
le même radical. Après avoir dépeint la débâcle d’un monde en ruine et d’une humanité en
perdition, autant d’effets de la guerre, il dénonce ces hommes qui, sous couvert d’intégrité,
n’ont aucune limite (« intégralement ») à la destruction si ce n’est le chaos (« désintégration
»). Par l’intermédiaire de cette figure, Prévert démasque, grâce à la métamorphose d’une
même racine, ceux qu’il condamne.

Lipogramme :

Le lipogramme (substantif masculin), du grec leipogrammatikos, de leipein (« enlever,


laisser ») et gramma (« lettre ») : « à qui il manque une lettre », est une figure de style
oulipienne (ou une contrainte) qui consiste à produire un texte d’où sont délibérément
exclues certaines lettres de l’alphabet. La notion a été inventée au sein de l’Oulipo mais le
terme définit précisément un genre de texte et non une figure, bien que Georges Perec ait
proposé de nommer le procédé stylistique la liponomie. Le lipogramme est un jeu de mots
proche de ses variantes oulipiennes comme le tautogramme.

Exemples :

-La Disparition de Georges Perec (1969) ne comporte jamais la lettre e. Exemple des pages
60 à 61 (éditions Denoël) :
« Là où nous vivions jadis, il n’y avait ni autos, ni taxis, ni autobus : nous allions parfois, mon
cousin m’accompagnait, voir Linda qui habitait dans un canton voisin. Mais, n’ayant pas
d’autos, il nous fallait courir tout au long du parcours ; sinon nous arrivions trop tard : Linda
avait disparu.
Un jour vint pourtant où Linda partit pour toujours. Nous aurions dû la bannir à jamais ; mais
voilà, nous l’aimions. Nous aimions tant son parfum, son air rayonnant, son blouson, son
pantalon brun trop long ; nous aimions tout.
Mais voilà tout finit : trois ans plus tard, Linda mourut ; nous l’avions appris par hasard, un
soir, au cours d’un lunch. »

-Curieux voyage autour du monde de Jacques Arago (1853), est un lipogramme en a.


Exemple des premières lignes :
« Chère bonne, vous êtes bien impérieuse, bien despote, comment voulez-vous qu’une
plume docile inscrive ici, sur votre ordre, un récit fidèle des vicissitudes de nos courses,
puisque je dois subir le frein qui m’est si cruellement imposé ? Que désire le coursier
numide ? Les brumeux horizons, les steppes et le désert : prêtez-moi donc plus de liberté, si
vous voulez que je n’oublie rien des périlleuses difficultés de cette route si longue et si rude
qu’on nous prescrit de sillonner. »

3-Modifications et création de mots :


-Archaïsme : c'est lorsqu'un mot ancien qui n'a plus cours dans le langage courant est employé
volontairement pour sa connotation vieillie.

Exemples :

-Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion...


(tabellion : ancien nom du notaire),
(G..Brassens, Supplique pour être enterré à la plage de Sète)

-Vous me la baillez belle, Thierry. Il s'est fait vertement vilipender par l'arbitre (L'autre).
- Que nenni ! (L'autre)

-Lexicalisation : opération consistant à créer un substantif à partir d'un mot ou d'un groupe de
mots qui ne l'est pas encore.

Exemple :

"Je est un autre" (Rimbaud)

-Métaplasme : terme générique regroupant les figures par lesquelles l'auteur altère un mot :
a-Suppression d'une lettre = aphérèse : au début du mot (M'dame) / apocope : à la fin du
mot (photo, kilo, ciné, moto, typo, métro, vélo, aéro, pneu, sténo-dactylo) / syncope : au milieu du
mot (dénoûment pour dénouement)
b-Ajout d'une lettre = épenthèse : au milieu du mot / prosthèse : au début du mot /
gémination : première syllabe doublée (fifille)
c-Inversion de lettres = métathèse : intervertit 2 consonnes (aréoport, camarel)

-Mot forgé : ou forgerie est une pure invention, dans un but poétique ou comique.

Exemple : Le rafolabon l’a toute allochée.

-Mot-valise : se construit en faisant l’amalgame de la partie initiale d’un mot et de la partie


finale d’un autre qui ont un son en commun. On recherche la cocasserie, l’humour, la
caricature ou la polémique.

Exemple : franglais (français et anglais), assassinge (assassin et singe).


"Oh rancoeurs ennuiverselles", "massacrilège-moi" (J. Laforgue)

-Néologisme : peut désigner soit un mot nouvellement créé, soit un mot emprunté récemment
à une langue étrangère, soit un sens nouveau attribué à un mot ancien. Chaque nouvelle
découverte scientifique ou technique invente un néologisme. Il en est de même dans le vie
sociale et politique. Le néologisme est le contraire de l’archaïsme.

Exemple : les smicards, le leasing, crapaüter


-Périgrinisme : Utilisation de certains éléments linguistiques empruntés à une langue
étrangère. Il peut s'agir de sonorités, de graphies, de mélodies de phrase mais aussi
de formes grammaticales, lexicales ou syntaxiques, voire même de significations ou
de connotations.
Syn. : Étrangisme, interférence, xénisme (désigne une réalité propre à la culture
étrangère à laquelle ce mot est emprunté, e.g., le pub anglais).
On distingue parmi les emprunts des anglicismes, des italianismes, des latinismes,
des hébraïsmes, des germanismes.
Le sabir est le croisement de deux ou plusieurs langues, ou jargon : Le Québec court le
risque to lose sa langue and to disappear as an authentic culture (cité par Dupriez, tiré d'un
journal d'étudiants de Montréal).
Poussé à l'extrême, le procédé touche au baragouin, qui pourrait aussi être nommé
hybridation : Delmeuplistrincq (Rabelais), pour donne-moi, s'il te plaît, à boire, phrase
composée d'une forme espagnole, puis anglaise, puis allemande.
II- Les figures de sens
Si les « figures de mots » portent sur le SA des mots, les « figures de sens » se penchent
sur leur SE- On les appelle aussi « les tropes »(grec = détour, conversion)-Justement,
« les tropes » ou « figures de sens » ont pour vocation d’opérer un transfert de sens sur les
mots ou groupes de mots qui sont leur objet-Elles substituent à leur sens « littéral »
(« propre ») un sens « figuré ».

Pour opérer ce transfert d’un « sens littéral » à un « sens figuré », les « tropes » ou
« figures de sens » interviennent de différentes manières sur le langage :

a- Dans les « figures de contiguïté », le transfert est opéré par l’utilisation d’une chose ou
d’une idée qui en représente une autre et avec laquelle elle entretient un rapport. Ces deux
entités font partie du même monde. On opère ici par glissement ou extension du sens.
b- Les « figures de l’association » introduisent, au contraire une « rupture d’isotopie ». On
associe deux choses ou idées qui n’ont a priori rien à voir et que l’on met en regard pour
délivrer une signification plus forte, plus expressive.
c-Les « figures de double sens » ont quant à elles pour objet la « polysémie », i.e.
l’ambiguïté du langage, et en jouent pour proposer un sens nouveau.

1-CONTIGUITE

AUTONOMASE : utilise un nom propre comme nom commun, ou l'inverse.

EX. : Un Don Juan (pour séducteur, libertin)


Ex. : César pour les dictateurs, Harpagon pour avare, Cicéron pour orateur, le Corse pour
Napoléon, Londres pour le gouvernement anglais, le Quai d'Orsay pour les Affaires
étrangères, l'Hexagone pour la France.

HYPALLAGE : On semble attribuer à certains mots d'une phrase ce qui appartient à d'autres
mots de cette phrase, sans qu'il soit possible de se tromper du sens : Enfoncer son chapeau
dans sa tête, pour « enfoncer sa tête dans son chapeau ».
Autre ex. : Son discours menace d'être long (c'est l'orateur qui menace).
-Reboul classe l'hypallage comme une figure de sens consistant à déplacer une attribution : Sa
gerbe n'était point avare ni haineuse (Hugo).
Autre ex. : Ils allaient obscurs par la nuit solitaire, dans l'ombre (Virgile).
-Lexis : Procédé par lequel on attribue à certains mots d'une phrase ce qui convient à d'autres :
Ce marchand accoudé sur son comptoir avide (Hugo).
Autres exemples, cités par Dupriez : Trahissant la vertu sur un papier coupable (Boileau);
Mais je ne vais pas te raconter la pièce, boulot transpirant (Audiberti).
Comme l'énallage (changement de temps, de pronom ou de personne), l'hypallage est en
apparence un défaut.
Les surréalistes l'utilisent pour créer des concordances irréfutables : Le lit dormait d'un
sommeil profond (Harp). Larguez les continents, hissez les horizons (Ducharme).

METALEPSE : (metalepsîs, transposition).


-Figure rhétorique qui « consiste à substituer l'expression indirecte à l'expression directe [...],
à faire entendre une chose par une autre, qui la précède, la suit ou l'accompagne » (Fontanier).
« Il a vécu », « nous le pleurons » sont des expressions métaleptiques, l'une présentant
l'antécédent, l'autre la conséquence logique de ce que l'on omet de dire par pudeur ou par
politesse : « il est mort ». Ici, l'euphémisme procède par métalepse. La métalepse qui sert à
« taire tout en disant » atteint sa pleine efficacité dans Phèdre : la tension dramatique découle
de ce dilemme même, au moment où Phèdre parle de son amour pour Hippolyte tout en le
voilant devant Œnone : « Quand pourrai-je, au travers d'une noble poussière, / Suivre de l'œil
un char fuyant dans la carrière ! »

-Autre déf. : Figure par laquelle on fait entendre l'antécédent [ou la cause] par le conséquent
(Lexis) : Hélas! nous le pleurons pour Hélas! il est mort; ou inversement, le conséquent par
l'antécédent : Ils ont vécu pour ils n'existent plus, ils sont morts.

-D'après Dupriez, la métalepse ne serait qu'une métonymie si elle portait sur une proposition,
mais elle n'est constituée que d'un lexème (i.e., morphème lexical Ŕ table, chaise, pied etc., par
opposition à morphème grammatical Ŕ de, le, avec etc.).

-Reboul définit la métalepse comme une figure consistant à remplacer le nom d'une chose ou
d'une personne par une suite de métonymies : celui que nous pleurons pour le mort. Autre
exemple tiré de l'Ecclésiaste : Quand la porte est fermée sur la rue, quand tombe la voix du
moulin, quand se tait le chant de l'oiseau (...), quand on redoute la montée et qu'on a des
frayeurs en chemin… »- Dans cet exemple, la métalepse cumule les métonymies pour exprimer
l'idée de la vieillesse, qui est nommée implicitement par ses effets comme la cécité, la surdité, ou la
fatigue

METONYMIE : elle consiste à remplacer un nom commun par un autre avec lequel il est en
rapport, par un lien logique sous-entendu : la cause pour l’effet, le contenant pour le contenu,
l’artiste pour l’œuvre, la ville pour ses habitants, la localisation pour l’institution qui y est
installée,...

« Paris a froid Paris a faim »

Dans ce vers par exemple, Paris ne désigne pas la ville, qui, en soit, ne peut souffrir du froid
ou de la faim, mais l'ensemble de ses habitants.
La métonymie est une figure très fréquente, car elle permet une expression courte et
frappante.

Mécanisme : La métonymie remplace un mot A, par un mot ou une courte expression de


même nature grammaticale B.
A n’est pas explicitement nommé : il est remplacé par B dans la phrase --la relation entre A
et B est sous-entendue ; néanmoins, la formule utilisée devient incohérente si cette relation
n'est pas comprise.

Types de relations métonymiques


La métonymie est basée sur un lien logique entre le terme exprimé et le terme qu'il remplace.
Les liens logiques les plus fréquents :
Le contenant pour le contenu
-« Boire un verre » (= le récipient pour le liquide = le vin).
-« Rodrigue, as-tu du cœur » (Pierre Corneille, Le Cid). La qualité morale est désignée par la
partie du corps censée en être le siège)
-« Je n'ai plus de batterie » (= l'énergie accumulée dans la pile).
-De nombreux plats tirent ainsi leur nom de l’ustensile traditionnellement utilisés pour les
préparer : tajine, paella, etc.

La partie pour le tout


La synecdoque est une métonymie qui consiste à exprimer la partie pour le tout.
-« Cent voiles flottent à l'horizon ». Il s'agit bien de bateaux qui voguent au loin, dont la voile
est une partie - en l'espèce, celle qui se distingue du plus loin.
-« Il a trouvé un nouveau toit ». Il a en fait trouvé un logis désigné ici par sa partie la plus
protectrice.

L’espèce pour l’individu

L’antonomase désigne un individu par l’espèce à laquelle il appartient (un homme par sa
nationalité par exemple), ou bien désigne le nom d’un individu par celui d’un autre individu
appartenant à la même espèce ou à la même classe, en littérature : au même type.
C’est ainsi que des personnages littéraires et romanesques en sont devenus à désigner des
types de la vie de tous les jours : un « harpagon » pour une personne avare, un « gavroche »
pour un enfant rebelle, un « tartuffe » pour un religieux hypocrite etc. La minuscule signale
d’ailleurs le changement de classe grammaticale : le terme est passé de patronyme à celui de
substantif (on dit de nos jours : « un tartuffe », sans majuscule). le tartuffe de Molière

L’auteur pour l’œuvre


-« Je ne me lasserai jamais de lire un Zola. »
-« Consulter le Larousse. »

Le singulier pour le pluriel


-« L’émancipation de la femme »

Le signe pour la chose

- « Il est monté sur le trône » ; le trône évoque le symbole de la monarchie.

La conséquence pour la cause


C'est une sorte de litote de politesse, même si la notion est sujette à divers sens.
-« Il a perdu sa langue » (pour « il a perdu la parole »)
-« D’une plume éloquente » (pour « un style éloquent »)
-« Boire la mort » (pour « boire un breuvage empoisonné »)
-Vénus pour l’amour
-Un zeppelin pour un dirigeable (du nom de l’inventeur F. Von Zeppelin)
On parle alors d’éponyme lorsque le nom propre donne naissance à un nom générique :
Adolphe Sax donne son nom au « saxophone » et le Marquis de Sade au « sadisme ».

L’instrument pour l’agent


-« Mon père est une sacrée fourchette ! »
-« Alors le premier violon de l’orchestre attaqua son solo ».
Le lieu d’origine pour le produit
-« boire un bourgogne » (avec une minuscule), pour le vin produit dans la région Bourgogne.
-« Bercy » (= le ministère de l’Économie et des Finances en France) ;

La matière pour l’objet


-« Contempler un bronze de Rodin », pour une statue en bronze.
Métonymie très courante où l’on remplace l’objet par la matière le composant : un contenant à
liquide est un « verre » alors qu’il existe d’autres matières pour contenir un liquide ; ici on se
focalise sur la silice. Le « papier » d’un journaliste désigne l’article, écrit sur une « feuille de
papier ». Tout comme dans « néon » pour « tube de néon »3. À ne pas confondre avec
l'ellipse.

PERIPHRASE : Une périphrase (du grec peri (« autour ») et phrarein (« parler »)


periphrazein : « exprimer par circonlocution »), est une figure de style qui consiste à
remplacer un mot par sa définition ou par une expression plus longue, mais équivalente.
Autrement dit, elle consiste à dire par plusieurs mots ce que l'on pourrait exprimer par un seul.
L'antonomase et l'adynaton sont des périphrases.
Exemple :
-« Celui qui gouverne ce pays m'a demandé de t'appeler. » → « Le roi (ou président) m'a
demandé de t'appeler. »
Le roi a été remplacé par un terme plus long: « celui qui gouverne ce pays ».
- L'oiseau de Jupiter pour l'aigle.
- « Le plancher des vaches » pour la terre; C’était l'heure tranquille où les lions vont boire
(Hugo)

Étymologiquement, la périphrase vient d'une expression grecque signifiant « parler de façon


détournée ». La périphrase remplace un mot A par une expression B :
L'expression B est composée de plusieurs mots qui soulignent l'une des caractéristiques de A
(notamment en exprimant un jugement favorable ou défavorable)
A n'est pas explicité (il a disparu : il est remplacé par B)

La difficulté a principalement pour origine la caractéristique de A exprimée par B : même si


on sait ce qu'est A, on ne sait pas forcément qu'il a la caractéristique B. La métonymie, elle,
est presque toujours facile à comprendre car, si on connaît A, on connaît très fréquemment sa
caractéristique B. En conséquence, la périphrase nécessite une bonne connaissance du sujet
ou/et du contexte pour être comprise ; elle est souvent employée de ce fait dans l'ironie. La
périphrase est donc une amplification : l'expression périphrastique est généralement plus
étendue et plus complexe que l'expression première ; sans le contexte communicationnel, le
récepteur ne pourrait comprendre l'effet.

SYNECDOQUE :

Elle consiste à désigner la partie pour le tout (et le tout pour la partie), ainsi que la matière
pour l’objet et le particulier pour le général.-C'est un cas particulier de la métonymie.

Ex : Les voiles disparurent à l’horizon.


La France a gagné par 2 à 0 contre l'Italie.
-Les deux escrimeurs croisèrent le fer. / Revêtir un vison.
- les mortels pour les hommes;
-un fer pour une épée;
-l'ennemi pour les ennemis,
-une voile pour un navire, etc.).
-" Rome (= ses citoyens) hait tous les rois et Bérénice est reine " (J. Racine)
------------

Trope qui permet de désigner quelque chose par un terme dont le sens inclut celui du terme
propre ou est inclus par lui : une voile ou une poupe pour un navire, l'airain pour les canons.
Ce type de synecdoque est une sorte de gros plan sur un détail.

Ex. 1 : Il regarde (...) grimper sur la côte les guêtres du voyageur (Lautréamont).

Ex. 2 : Un arbre par dessus le toit / berce sa palme (Verlaine).

Autre déf. : Procédé qui consiste à prendre la partie pour le tout : Payer 30 francs par tête,
pour par personne; le tout pour la partie : Acheter un vison pour un manteau en peau de vison;
le genre pour l'espèce, l'espèce pour le genre (Lexis).

La synecdoque introduit une distance. On peut en énumérer différentes sortes :

- La partie pour le tout : J'ignore le destin d'une tête si chère (Racine); Les épis pour les blés;
Quinze printemps pour quinze ans; La Providence pour Dieu.

- La matière pour l'être ou l'objet : Etre mis aux fers pour être mis en prison; Vous êtes le sang
d'Atrée pour son fils.

- Le singulier pour le pluriel (ou l'inverse) : L'ennemi pour les ennemis; L'enfant aime le sucre
pour les enfants; Il fut loin d'imiter la grandeur des Colbert (Voltaire) pour de Colbert (pluriel
emphatique).

- Le genre pour l'espèce : L'arbre tient bon, le roseau plie (La Fontaine) pour le chêne;

- L'espèce pour le genre : Refuser du pain pour la nourriture.

- L'abstrait pour le concret : Celle dont la fureur poursuivit votre enfance (Racine); Le fer ne
connaîtra ni le sexe ni l'âge pour n'épargnera ni femmes ni vieillards.

- Le nom commun pour le nom propre (ou inversement), ou un nom propre pour un nom
propre : il s'agit alors en fait d'une antonomase.

Selon Reboul la synecdoque est une figure consistant à désigner une chose par une autre ayant
avec elle un rapport de nécessité : le genre pour l'espèce (ou l'inverse) cent mortels, la partie
pour le tout (ou l'inverse) cent têtes. Pour hommes, on dira mortels (genre), ou têtes (partie).
Elle est la figure qui condense un exemple, elle est très courante en pédagogie : le triangle
pour tous les triangles, le sonnet pour tous les sonnets, le verbe pour tous les verbes. Elle sert
aussi à la propagande: le parti des travailleurs, synecdoque de la partie; en fait, rien ne prouve
que le parti en question représente tous les travailleurs.
2-ASSOCIATION

ALLEGORIE : Elle représente de façon concrète et imagée les divers aspects d’une idée
abstraite. Elle se repère souvent grâce à l’emploi de la majuscule.
Processus de symbolisation, par personnification.
Ex : Hiver, vous n'êtes qu'un vilain !
-Eté est plaisant et gentil... (Charles d'Orléans)
-Allégorie en image : La Liberté guidant le peuple (tableau d'Eugène Delacroix)

APPOSITION :

L’apposition est un nom, ou un groupe de mots, apposé à un nom ou à un pronom. Elle est
avant tout indépendante, contrairement au complément du nom. Elle peut être placée avant
comme après le nom lui-même. C'est un procédé qui peut permettre d'informer de façon plus
précise que le complément du nom ou qui peut servir de qualification du nom ou du pronom.

Exemple du dictionnaire de langue française Le Nouveau Petit Robert :

 Dans « chef mécanicien », « mécanicien » est une apposition.

Exemples d'apposition (en gras) introduits par une virgule :

 Mon chat, ce gentil petit siamois, est assis sur cette table.
 Mon chat est assis sur cette table, ce gentil petit siamois !

COMPARAISON : établit un rapport de ressemblance entre deux éléments (le comparé et le


comparant), à l’aide d’un outil de comparaison (comme, ainsi que, plus… que, moins… que,
de même que, semblable à, pareil à, ressembler, on dirait que…)

Ex : Gaston est aussi aimable qu'une porte de prison.


Ses yeux verts ressemblaient à deux pures émeraudes.

Ex :: La terre est bleue comme une orange. (Eluard)


comparé comparant

COMPENSATION : modifie la connotation d'un mot en le contrebalançant par un mot à la


connotation contraire.
" J'attends le doux veuvage, j'attends le deuil heureux " (J. Prévert)

METAPHORE : rapproche un comparé et un comparant sans faire appel à un comparatif ;


ainsi le lien est implicite
Ex : Quel ours !
Il pleut des cordes.
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles (V. Hugo)
Cette faucille d'or = lune / le champ des étoiles = ciel

OXYMORE : rapproche deux termes qui s'opposent en temps normal.


Ex : Un silence assourdissant ( Camus )
-Elle se hâte avec lenteur ( la tortue de La Fontaine )
-La Bête humaine d’Emile Zola
-Cette obscure clarté qui tombe des étoiles (Corneille)
-Un sénile nourrisson

3-DOUBLE SENS
CALEMBOUR : utilise l'équivalence phonique entre deux mots ou deux groupe de mots
pour les rapprocher de manière sémantique. La publicité l'utilise souvent mais celui-ci peut
aussi avoir un rôle plus expressif et littéraire.
" Il n'y a que Maille qui m'aille "
" De deux choses lune, l'autre c'est le soleil " (J. Prévert)
" Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu avant de renvoyer les images " (J. Cocteau)

DIAPHORE : mot ou groupe de mots répétés plusieurs fois. A chaque répétition une nuance
de signification apparait. Lorsque ce procédé est utilisé dans un dialogue, dans lequel on
réutilise le mot de son interlocuteur on parle alors d'antanaclase.
Ex. 1 : Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas (Pascal).
Ex. 2 : Il est notoire que les sujets sérieux exigent d'être jugés par des sujets sérieux (Vian).
Ex. 3 : Le roi est mort. Vive le roi! (i.e., le nouveau roi).

HOMONYMIE : juxtaposition de deux mots se prononçant de la même manière mais n'ayant


pas le même signifié. Ressemblance (voire égalité) d'orthographe ou de prononciation :
-Ex. : Les murs murent nos rêves.
-Ex. : « le chat qui miaule / le chas de l'aiguille / le shah d’Iran »
-Ex. : « un mineur travaille dans une mine / une mine de crayon / un mineur a tenté de s'introduire
dans un bar ».

METANALYSE : elle se fonde sur l'ambiguïté que peut provoquer la prononciation d'un mot
(le récepteur comprend autre chose que ce que le locuteur a voulu dire).
-Bélise : veux-tu toute ta vie offenser la grammaire?
-Martine : qui parle d'offenser grand-mère ni grand-père ? " (Molière)
LES FIGURES DE CONSTRUCTION
1-SYMETRIE / OPPOSITION

ANTITHESE : consiste à mettre en regard deux réalités (représentées par un mot, un groupe
de mots ou une phrase) qui s'opposent.

PARALLELISME : deux segments d'une phrase ou deux phrases successives sont agencés
syntaxiquement de la même façon et sont donc mis en relation par une symétrie grammaticale.

CHIASME : deux segments d'une phrase sont reliés par une symétrie inversée. Les termes du
premier segment se positionnent dans la phrase selon un schéma croisé.
" Ce n'est pas l'Etat qui appartient au Prince, c'est la Prince qui appartient à l'Etat : mais il
appartient au Prince de gouverner dans l'Etat parce que l'Etat l'a choisi pour cela. " (D.
Diderot)

MIROIR : deux termes identiques ou proches lexicalement sont subordonnés l'un à l'autre. On
parle de miroir inversé si le second terme est l'inverse du premier.
Il sait que tu sais que je sais.
" Il n'y a point de mal dont il ne naisse un bien. " (Voltaire)

REPRISE : il s'agit, dans une phrase, de la répétition d'une même tournure grammaticale

2-REPETITION

ANAPHORE : un même mot ou groupe de mots est répété plusieurs fois en début de phrase
ou de vers.

ANTEPERIPHORE : un même mot ou groupe de mots est répété en début et fin de phrase, ou
qu'un même vers commence et termine une strophe.

EPANADIPLOSE : une phrase ou un de ses segments se termine par le mot qui l'a
commencé.
" L'honneur que nous recevons de ceux qui nous craignent, ce n'est pas l'honneur ; ces
respects se doivent à la royauté, non à moi. " (Montaigne)

INCLUSION : un texte commence et se termine par le même mot ou la même phrase.

REDUPLICATION : répétition de mots placés l'un à côté de l'autre.

REPETITION : le même mot est repris plusieurs fois dans une phrase ou un texte.
" La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. La justice
sans la force est contredite, parce qu'il y a toujours des méchants ; la force sans la justice est
accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force ; et pour cela faire que ce qui est
juste soit fort, ou que ce sui est fort soit juste. " (B. Pascal)

3-ACCUMULATION
ACCUMULATION : un grand nombre de mots ayant la même fonction est utilisé dans une
même phrase. Cela n'ajoute d'autre sens que l'amplification du propos.

ENUMERATION : énonciation à la suite des différents composants d'un tout ou les


différentes particularités d'une entité.

EPITROCHASME : accumulation de termes brefs ayant la même fonction dans une phrase.
" Voilà mon homme au désespoir ; il presse, supplie, conjure [...] il consulte dans sa tête,
agite, raisonne, balance, prend sa décision. " (Molière)

PLEONASME : il s'agit de qualifier un mot à l'aide d'un élément qui n'apporte aucun
complément de sens.
un petit nain
voir de ses yeux

TAUTOLOGIE : c'est dire la même chose alors qu'on semble dire deux choses différentes.
" Vous je ne vous regarde pas
ma vie non plus ne vous regarde pas
J'aime ce que j'aime
et cela seul me regarde
et me voit
J'aime ceux que j'aime
je les regarde
ils m'en donnent droit. " (J. Prévert)5-DISPOSITION / MOTIF
ANADIPLOSE : reprise au début d'une phrase d'un mot de la phrase précédente.
" Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et des vagues rochers que des marées dépassent
Et qui ont à jamais le coeur à marrée basse. " (J. Brel)

ANTIMETABOLE : deux phrases se suivent de sorte que la deuxième utilise les même mots
que la première en les permutant syntaxiquement.
" Des milliers et des milliers d'années
Ne suffiraient pour dire
La petite seconde d'éternité
Où tu m'as embrassé
Où je t'ai embrassée. " (J. Prévert)

MISE EN ABYME : ce procédé consiste à répéter un élément à l'intérieur d'un autre qui lui
est similaire et ainsi de suite (tel le principe des poupées russes).

REAMORCAGE : répéter à l'identique ou légèrement modifié, un mot pour que le lien


syntaxique qu'il entretient avec ce qui suit soit éclairci.
" Elle me parut si charmante que moi, qui n'avais jamais pensé à la différence des sexes ni
regardé une fille avec un peu d'attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse
et la retenue, je me trouvais enflammé tout d'un coup jusqu'au transport. " (Abbé Prévost)
6-DESTRUCTURATION
ANACOLUTHE : introduit une rupture dans la construction syntaxique attendue d'une
phrase, c'est à dire que le début d'une phrase annonce une construction qui sera par la suite
abandonnée.
ELLIPSE : un des déterminants de la phrase, sujet ou verbe, est omis et donc sous-entendu.
" Ce que je sais à soixante, je le savais aussi bien à vingt. Quarante ans d'un long, d'un
superflu travail de vérification..." (E. Cioran)

HENDIADYN : coordination de deux éléments auxquels l'auteur donne une place


syntaxiquement équivalente alors qu'il est attendu que l'un soit subordonné à l'autre.

HYPERBATE : déstructure la construction classique d'une phrase en y ajoutant à la fin, alors


qu'elle semble terminée, un mot ou groupe de mots.
" Sur ces entrefaites, une vieille otite, qui dormait depuis trois ans, se réveilla et sa menue
perforation dans le fond de mon oreille. " (H. Michaux)
LES FIGURES DE PENSEE

INTENSITE
EMPHASE : cela consiste à employer un ton d'une solennité exagérée.
" Aucun vent ne peut, nez magistral,
T'enrhumer tout entier, excepté le mistral ! " (E. Rostand)

EUPHEMISME : utilisation d'une expression atténuée à la place d'une autre qui pourrait choquer.

HYPERBOLE : exagération du propos, idée dite sous une version amplifiée pour la mettre en relief.

LITOTE : consiste à dire peu pour suggérer beaucoup.


" Va, je ne te hais point. " (Corneille)

RENDRE VIVANT
PERSONNIFICATION : procédé consistant à représenter un objet ou une idée comme un être humain.
" Un soir j'ai assis la Beauté sur mes genoux. Et je l'ai trouvée amère. Et je l'ai insultée. " (A. Rimbaud)

INTEROGATION ORATOIRE : dans la mesure où elle fait partie d'un dialogue, c'est une question qui
n'attend pas de réponse et qui a donc pour vocation d'interpeller le lecteur/interlocuteur.

PROSOPOPEE : rendre présent ce qui est absent ; faire agir et parler une personne absente ou un objet
personnifié.

ENONCIATIONANALEPSE : c'est le récit d'une action passée (flash-back).


APOSIOPESE : interruption dans le déroulement syntaxique du propos ; elle fait sens dans la situation de
celui qui l'annonce.

EPANORTHOSE : procédé d'autocorrection consistant à revenir sur ce qu'on a dit en y apportant une
nuance.
" Mais je voudrais bien savoir ce qu'est devenu mon gros polichinelle, je veux dire mon très respectable époux. "
(A. Jarry)

PROLEPSE : c'est anticiper une situation et en faire le récit.


" On me demandera si je suis prince ou législateur pour écrire sur la politique ? Je réponds que non et que c'est
pour cela que j'écris sur la politique. " (J.J. Rousseau)

DIALECTIQUE
CHLEUASME : forme d'autodérision dont l'auteur fait part dans l'espoir implicite d'une réfutation de son
interlocuteur.

IRONIE : procédé qui consiste à dire une chose tout en indiquant qu'on veut précisément dire le contraire.
PRETERITION : procédé consistant à dire qu'on ne va pas parler de ce dont on est en train de parler.
" J'aurais aimé commencer cette histoire à la façon des contes de fées. J'aurais aimé dire : Il était une fois un
petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui, et qui avait besoin d'un ami...Pour ceux qui
comprennent la vie, ça aurait eu l'air beaucoup plus vrai. " (A. de Saint-Exupéry)
SUBSTITUTION : provoque un effet de surprise fondé sur l'utilisation d'une formule attendue dont on
remplace certains mots par d'autres que l'on attendait pas.
" Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux. " (J. Brel)

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