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77]

1,4 MILLIARD D’EUROS MOBILISÉ L’INITIATIVE AUX MILLES

La Région Sud
monte au front pour soutenir
Un drive ultra-sécurisé
soignants et entreprises P.8 pour produits locaux P.13

No 8326 Marseille - Aix - Aubagne Mardi 31 mars 2020

DES EXPÉRIMENTATIONS POUR VENIR À BOUT DU CORONAVIRUS

Ces pistes que les

chercheurs explorent
Médicaments, anticorps de patients guéris, vaccin... des études scientifiques
sont lancées un peu partout dans le monde pour lutter contre le Covid-19 P.5

L’ÉDITO
Où est passée Prison et Covid-19
Comment éviter
l’Europe ?
Par Frédéric CHEUTIN
Jusqu’à l’Andorre ! Jusqu’à l’Andorre
qui a fait appel à des médecins cubains

la double peine
pour venir soutenir ses propres person-
nels hospitaliers épuisés, comme les
nôtres, par leur lutte quotidienne contre
le coronavirus. Comme l’Italie, cette prin-
cipauté de 77 000 habitants, dont l’un
des coprinces est notre président de la
République, a été obligée de demander
de l’aide à l’extérieur de notre conti-
nent ! Cette histoire peut paraître anec-
dotique. Elle reflète pourtant la tragique
absence de l’Union européenne dans la
gestion de cette crise mondiale qui, si
elle ne se réveille pas, pourrait détour-
ner d’elle jusqu’à ses peuples les plus eu-
rophiles. Certes, l’Union n’est pas compé-
tente en matière de santé. Mais l’Union a
un devoir de solidarité entre peuples et
est constituée de 27 États. Lequel d’entre
eux s’est précipité au secours de l’Italie
alors que l’on pouvait encore atténuer le
drame qui la frappe ? Qui la soutient au-
jourd’hui ? Humainement, financière-
ment ? Les intérêts nationaux sont de re-
tour avec parfois des actions détestables
75213
comme celles des Tchèques qui ont saisi,
lors de l’escale d’un avion chinois sur
leur sol, une cargaison de masques à des-
tination des Italiens. De tels actes sont
très difficiles à oublier… L’Europe se / PHOTO DAVID ROSSI Notre dossier en P.10 & 11
plaint aujourd’hui de voir des Russes ai-
der les Italiens et de la "diplomatie chi-
noise du masque". En clair, selon les Eu-
ropéens, Pékin profite de la crise chez LE CRI D’ALARME MÉDICAMENTS D’AUBAGNE À LA CIOTAT
nous pour pousser ses pions alors
qu’elle-même avait, à sa demande, aidé "On ne va pas s’en La pénurie de Plaquénil Ecoliers, lycéens,
la Chine "discrètement" lors de la pandé-
mie à Wuhan. À qui la faute si ce n’est à tirer avec un mois prive des patients étudiants... ils font
notre naïveté. Ou à nos égoïsmes.
de confinement" P.3 de leur traitement P.4 "l’école à la maison" P.15

-- 31257
DÉJÀ EN 2009 LOISIRS
Quand le Ces trésors
clasico romains qui
OM-PSG racontent
était grippé la Provence P.28
’:HIMKNA=[UVYU]:?a@d@n@l@a"

par le H1N1...
0 20306 - 331 - 1,40 E - 0

♦Deux pages de jeux

En pleine crise sanitaire, le ♦Des recettes gourmandes
match était reporté 7heures ♦On a vu la saison4 de
avant le coup d’envoi. P.24 "La casa de papel" P.26 à 31
/ PHOTO PATRICK NOSETTO / PHOTO ANGE ESPOSITO

2 LA CRISE DU CORONAVIRUS
ET AUSSI...
◗ PAS DE NOUVELLE
ÉVALUATION
AVANT LA FIN
DU CONFINEMENT
Le ministre de l’Économie
Bruno Le Maire a indiqué
hier qu’il ne ferait pas de
nouvelle prévision de crois-
sance avant la fin du confi-
nement, répétant que la ré-
cession induite par le coro-
navirus serait "beaucoup
plus" profonde que - 1 %.
"L’Insee dit trois points de
PIB (produit intérieur brut)
par mois de confinement,
ça me paraît une évalua-
tion raisonnable", a-t-il dit.
Avant la crise du coronavi-
rus, le gouvernement ta-
blait sur 1,3 % de crois-
sance en 2020. L’Insee a
estimé à 35 % la perte d’ac-
tivité économique durant le
confinement, avec de
fortes disparités entre les
secteurs.
◗ L’ORGANISATION
DU BAC CONNUE
EN FIN DE SEMAINE
Le ministre de l’Éducation
nationale a affirmé hier
qu’il donnera "à la fin de la
semaine" la formule rete-
nue pour le baccalauréat,
précisant qu’il y aura "for-
cément une dose de
contrôle continu", alors
que les écoles sont fermées
depuis deux semaines pour
lutter contre le coronavi-
rus. "Oui, il y aura un bacca-
lauréat. Mon premier objec-
tif est de garantir à tous les
élèves de Terminale qu’ils
ne soient pas lésés, qu’ils
ne perdent pas une année
et donc qu’ils puissent pas-
ser un baccalauréat", a-t-il
dit, interrogé sur Europe 1.
Le ministre a ajouté qu’il
souhaitait "en garantir le
niveau et qu’on puisse
avoir un vrai mois de juin
en matière de cours car sou-
vent le baccalauréat fait
que des élèves de Termi-
nale mais aussi de Pre-
mière et de Seconde ne tra-
vaillent pas autant que du-
rant les autres mois car les
locaux sont pris". Interrogé
sur la possibilité de passer
en "tout ou partie au
contrôle continu", Jean-Mi-
chel Blanquer a expliqué
que cela permettrait de "ga-
gner du temps, et donc des
semaines de classe, ce qui
ne sera pas négligeable
pour rattraper le temps
que nous perdons", a-t-il
précisé. "Il y aura forcé-
ment une dose de contrôle
continu, la question est de
75213
définir jusqu’à quel point,
où est-ce que nous mettons
le curseur, il faut que les
règles du jeu soient
connues le plus longtemps
possible à l’avance", a-t-il
conclu.
◗ DES CHAMBRES
D’HÔTEL POUR
ÉLOIGNER LES
CONJOINTS
VIOLENTS
Pour assurer la sécurité
des femmes victimes de vio-
lences conjugales pendant
le confinement, le départe-
ment de la Seine-Saint-De-
nis en lien avec le tribunal
de Bobigny, a décidé hier
de financer des chambres
d’hôtel dans lesquelles les
conjoints violents seront
contraints de rester sur dé-
cision de justice. Il existe
également au niveau natio-
nal une plateforme, arrê-
tonslesviolences.gouv.fr
sur laquelle 24h/24,
7 jours/7, des policiers et
des gendarmes formés
prennent des signalements
et peuvent déclencher des
interventions en cas de vio-
lences conjugales.
La France dépasse
les 3000 décès à l’hôpital
Au cours des 24 dernières heures, plus de 400 personnes sont décédées à cause du coronavirus.
En région parisienne, le pic de l’épidémie est attendu en fin de semaine
L
a France a dépassé hier la barre des 3 000 dé-
cès enregistrés dans les hôpitaux depuis le dé-
but de l’épidémie de coronavirus, avec un af-
flux sans précédent en réanimation, en particulier
en Ile-de-France. Cette "épidémie inédite, sévère,
meurtrière", selon le Directeur général de la Santé
Jérôme Salomon, a causé 3 024 décès au total dont
418 au cours des dernières 24 heures, la plus forte
hausse constatée jusqu’à présent. Ce "virus très
contagieux, avec une diffusion rapide" qui exerce
"un impact sans précédent" sur les 717 établisse-
ments de santé mobilisés, selon le Pr Salomon, a
obligé à hospitaliser plus de 21 000 patients : parmi
eux, plus de 5 100 sont en réanimation, soit 475 de
plus depuis dimanche. Là encore un afflux record
de personnes en détresse respiratoire ou souffrant
d’une autre défaillance. Parmi ces cas lourds, 34%
ont moins de 60 ans et 64 malades ont moins de
trente ans. "C’est assez choquant pour un soignant
de voir un patient encore capable de communiquer
et, deux heures après on les envoie en réa car ils
manquent d’oxygène et ils commencent à tomber
dans une sorte de coma, a témoigné un infirmier à
Bordeaux qui a requis l’anonymat. Pour les
"C’est assez choquant pour un
soignant de voir un patient encore
capable de communiquer et, deux
heures après on les envoie en réa."
équipes, c’est assez angoissant, ça veut dire qu’il ne
faut pas qu’on passe à côté du moindre signe de dé-
gradation."
Pour faire face à cette phase encore plus difficile
qui commence, des cargaisons de masques conti-
nuent d’arriver en France en provenance de
Chine. Un avion-cargo en a déposé une dizaine de
millions hier sur l’aéroport Paris-Vatry (Marne)
dans le cadre du pont aérien entre la Chine et la
France. Une centaine de gendarmes ont été dé-
ployés pour escorter ces précieux convois vers les
dépôts. Seize vols sont programmés sur cet aéro-
port. La France attend un milliard de masques sur
14 semaines, au rythme de deux livraisons par se-
maine, selon le ministère de la Santé. Le pays a be-
soin de 40 millions de masques par semaine et
n’en fabrique que 8 millions, selon le ministre, Oli-
vier Véran.
Les soignants sont en première ligne dans cette
épidémie qui vient de faucher un sixième méde-
cin, un praticien hospitalier à Metz (lire en page
suivante). "Plusieurs" autres sont en réanimation,
a indiqué la direction de l’hôpital sans autres dé-
tails. Mais les policiers et de nombreux salariés ré-
clament eux aussi des équipements de protection.
Le syndicat Alternative Police CFDT a lancé un ap-
EN EUROPE…
La "route de la soie de la santé" fait grincer
Certains responsables européens ne cachent plus leur
irritation face à une superpuissance chinoise accusée
d’avancer ses pions géopolitiques sous couvert de géné-
rosité et de diplomatie sanitaire dans la crise du Co-
vid-19, tout en cherchant à réécrire l’histoire de la pan-
démie sur son sol. Quelques jours après le chef de la di-
plomatie européenne Josep Borrell, la secrétaire d’État
française aux Affaires européennes Amélie de Moncha-
lin est montée au créneau dimanche pour reprocher à la
Chine, mais aussi à la Russie, "d’instrumentaliser" leur
aide internationale et de la "mettre en scène".
La Chine a dénoncé hier des propos "cyniques". "J’ai
entendu plusieurs fois des Occidentaux mentionner le
mot de ’propagande’ par rapport à la Chine. J’aimerais
leur demander : à quoi font-ils exactement référence ?", a
répliqué Hua Chunying, porte-parole du ministère chi-
nois des Affaires étrangères. "Que souhaitent-ils ? Que la
Chine reste les bras croisés face à cette grave épidémie ?",
s’est-elle interrogée.
Le 24 mars, Josep Borrell s’était agacé de la "bataille
mondiale des narratifs" et "des luttes d’influence" en
cours via la "distorsion" des faits et la "politique de géné-
rosité". Il rappelait que s’il y a aujourd’hui "des tentatives
pour discréditer" l’Europe, en janvier, la crise n’était que
chinoise, localisée dans le Hubei, "aggravée par la dissi-
mulation d’informations cruciales par les responsables
du parti (communiste) chinois", et que l’Europe était ve-
nue à son aide, comme la Chine le fait aujourd’hui en
retour. La Chine fait aussi "agressivement passer le mes-
sage qu’à la différence des États-Unis, elle est un parte-
naire responsable et fiable", observait-il.
La superpuissance asiatique, qui semble avoir jugulé
l’épidémie sur son territoire, est bel et bien soupçonnée
Exemplaire de Perez Henri-Pierre [Email:hpmars@hpmars.com - IP:212.95.67.77]
Malgré l’admirable labeur des soignants, les hôpitaux franciliens frôlent déjà la saturation.
pel aux dons pour doter les policiers et, selon
SUD-PTT, "au moins" 10 000 employés des Postes
ont exercé leur droit de retrait. En région pari-
sienne, où "le pic est prévu pour plutôt la fin de la
semaine", selon Stéphane Gaudry, professeur de
médecine intensive à l’hôpital Avicenne de Bobi-
gny, 954 décès étaient comptabilisés hier soir dans
les hôpitaux (+147), près de 7 700 personnes
étaient hospitalisées, dont 1 792 en réanimation
(+124).
À l’image des transferts de patients du Grand Est
ces derniers jours, des déplacements de patients
d’Ile-de-France vers des régions moins touchées,
en train notamment, sont en préparation pour les
prochains jours, selon des sources concordantes.
Le Grand Est qui a été la première région forte-
ment touchée, enregistrait 3 950 hospitalisations,
dont 844 en réanimation et 919 décès à l’hôpital.
Face à ce monstre tueur, "aucun médicament au
monde n’a fait la preuve de son efficacité" a rappelé
le Pr Salomon qui a également mis en garde contre
l’automédication. Les autorités sanitaires de Nou-
velle-Aquitaine ont de même alerté contre des
comportements "irrationnels" poussant des ma-
lades du Covid-19 à s’auto-administrer de l’hy-
droxychloroquine (lire en page suivante).
La solidarité et la fraternité affichées par les Chinois
envers l’Europe seraient "instrumentalisées". / AFP
d’exploiter la "diplomatie du masque" pour vanter son
modèle de puissance. Pékin, à l’inverse met en exergue
ses actions dans une "campagne de communication sans
précédent", souligne Antoine Bondaz de la Fondation
pour la recherche stratégique (FRS), dans une note
consacrée à "la Route de la soie de la santé". Avec à l’ap-
pui une série d’initiatives, "don de 20 millions de dollars
à l’OMS, envoi d’experts médicaux en Iran et en Italie,
construction d’un laboratoire en Irak, acheminement de
tests diagnostiques aux Philippines et d’équipements de
Mardi 31 Mars 2020
www.laprovence.com
/ PHOTO MAXPPP
DU SANG DE VER MARIN POUR SOIGNER
DES PATIENTS ATTEINTS DU COVID-19
Une solution issue du sang d’un ver marin aux pouvoirs d’oxy-
génation très importants pourrait être administrée à dix pa-
tients atteints du Covid-19 dans le cadre d’un essai clinique,
a-t-on appris hier auprès de la société Hemarina à l’origine
du produit. "On attend sous peu la décision du Comité de pro-
tection des patients (CPP) en sachant que l’ANSM a déjà vali-
dé l’essai", a indiqué le docteur en biologie marine Franck
Zal, à la tête de la société bretonne. La solution est produite
à partir de l’hémoglobine de l’arénicole. Mesurant entre 10
et 15 cm, on connaît surtout de ce ver les petits tortillons vi-
sibles sur les plages. Son hémoglobine est capable d’achemi-
ner 40 fois plus d’oxygène que l’hémoglobine humaine. "Le
but est d’utiliser cette molécule comme une sorte de respira-
teur moléculaire avant que les patients ne basculent dans un
processus lourd de réanimation", a fait valoir Franck Zal, rap-
pelant le manque actuel de respirateurs artificiels. Le pro-
duit de la société de biotechnologie, appelé HEMO2life, a dé-
jà été testé aux États-Unis sur des personnes atteintes d’hy-
poxie cérébrale. L’entreprise dispose de 5 000 doses immé-
diatement disponibles et pourrait en produire "assez rapide-
ment" 15 000 autres.
protection au Pakistan et en France", énumère le cher-
cheur.
L’ambassade de Chine en France se livre ainsi à une
campagne décomplexée de promotion du système poli-
tique chinois et de sa "réussite" dans la bataille contre le
coronavirus. "Certaines personnes, dans le fond, sont très
admiratives des succès de la gouvernance chinoise. Ils en-
vient l’efficacité de notre système politique et haïssent l’in-
capacité de leur propre pays à faire aussi bien !", écrit-elle
sur son site internet, communiquant aussi abondam-
ment via Twitter.
"Compétition entre systèmes"
Pour François Heisbourg, expert français en géopoli-
tique, tout cela est "inacceptable au plan diplomatique".
"C’est le crédit de la République populaire qui est enga-
gé", même si de tels messages ne sont pas relayés directe-
ment par Pékin, pointe-t-il. La bataille idéologique au-
tour du Covid-19 fait suite à celles pour le contrôle des
voies maritimes en mer de Chine ou pour l’accès à la
technologie 5G, nouvel enjeu stratégique des télécom-
munications. "Depuis sept ans, la Chine s’est engagée
dans une rude compétition entre systèmes politiques, et
saisit chaque occasion nationale ou internationale pour
afficher la ’supériorité’ présumée de son système", ex-
plique Alice Ekman, analyste responsable de l’Asie à
l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne
(EUISS).
Pékin veut aussi "se débarrasser, en interne comme
en externe, du péché originel", celui de l’émergence du
virus sur son territoire, estime, à son tour, François Heis-
bourg. Reste à savoir si leur récit de la crise va
convaincre.
 Exemplaire de Perez Henri-Pierre [Email:hpmars@hpmars.com - IP:212.95.67.77]

Mardi 31 Mars 2020

www.laprovence.com en France 3

"On ne va pas s’en tirer ET AUSSI...

◗ DÉCÈS
D’UN MÉDECIN

avec un mois de confinement"

HOSPITALIER
EN MOSELLE
Un médecin hospitalier est
mort du coronavirus alors
qu’il était en réanimation
dans un établissement en
Pour le Pr Renaud Piarroux, infectiologue désormais chef de service à l’hôpital de la Salpêtrière, Moselle, a annoncé hier la
directrice générale du CHR
nous ne sommes pas près de voir le bout de cette crise sanitaire majeure. Entretien de Metz, le 6e décès de prati-
cien rendu public depuis le

I l est l’un de nos plus grands infectio-

logues. Le Pr Renaud Piarroux est
connu notamment pour avoir pointé
la responsabilité de casques bleus can-
tonnés à Haïti dans l’épidémie de cholé-
ra qui a fait 10 000 morts depuis 2010. Il
a aussi été l’un des tout premiers en
France à alerter sur la gravité de l’épidé-
mie de coronavirus en Chine, que
nombre de ses confrères minimisaient
alors au rang de simple grippe. Profes-
seur de parasitologie et mycologie à
l’Université d’Aix-Marseille jus-
qu’en 2017, Renaud Piarroux enseigne
désormais à Sorbonne Université. De-
puis l’hôpital de la Salpêtrière, où il est
chef de service, il nous a livré hier,
entre deux réunions de crise, sa vision
de la crise sanitaire historique que tra-
versent le monde et le pays.
❚ Après le Grand Est, les hôpitaux
d’Ile-de-France arrivent à saturation.
Quelle est la situation aujourd’hui ?
"Nous sommes presque pleins. Ce ma-
tin (hier), il restait exactement huit
places de réanimation à la Salpêtrière.
Malgré l’extension des capacités de ré-
animation, nous avons été submergés
par la vague de malades graves. À
l’AP-HP, on est passé brutalement de
160 malades en réanimation le 16 mars,
à 747 aujourd’hui. Une multiplication
par cinq en 15 jours.
Ailleurs en Ile-de-France, il y a 950
autres patients en réanimation, grâce à
une extension considérable des capaci-
tés d’accueil. En France, on a déjà dépas-
sé le nombre de malades italiens ou es-
pagnols hospitalisés en réa. On peut en-
core arriver à une capacité de 1 800 lits
pour la région parisienne, mais il faudra
probablement faire plus.
❚ Dès le début février, vous avez été un
des premiers, et un des seuls, à alerter
sur la pandémie qui s’annonçait. Quels in-
dices vous ont convaincu qu’il ne s’agis-
sait pas d’une "grippette" ?
Les caractéristiques épidémiologiques
qu’on observait en Chine étaient là : la
grande capacité du virus à se propager
et une létalité plus importante que la
grippe alors même qu’on ne comptabili-
sait pas encore les décès retardés. J’ai
été étonné de voir la plupart de mes col-
lègues en sous-estimer la gravité, alors
même que les Chinois alertaient et que
des mesures strictes de confinement ont
commencé là-bas dès le 22 janvier.
L'ANALYSE DU PR JEAN GAUDART, SPÉCIALISTE DE SANTÉ PUBLIQUE ET DE BIOSTATISTIQUES
Le Pr Renaud Piarroux estime que la crise va encore durer "longtemps".
❚ Les données chinoises étaient-elles
fausses ?
Très incomplètes sans doute. Mais au-
jourd’hui en Europe on fait un peu pa-
reil car on ne peut pas comptabiliser im-
médiatement les cas et les décès hors hô-
pital. Lorsqu’une épidémie bat son
plein, il y a toujours beaucoup de morts
que l’on a du mal à compter. La donnée
la plus fiable, c’est l’activité des pompes
funèbres. C’est là qu’il faudrait regarder.
❚ Vous disiez en février que le Covid-19
semblait plus dangereux pour les
hommes. Cela se vérifie-t-il ?
Cela se confirme dans les services de ré-
animation. Les hommes présentent plus
souvent des formes graves que les
femmes. Je n’ai pas d’explication à ce
jour. Ce phénomène existe dans
d’autres maladies infectieuses. Mais
pour la mortalité, le facteur le plus déter-
minant reste l’âge. Dans les réanima-
tions de l’AP-HP, les patients de plus de
60 ans ont plus de risques de décéder
que les autres (30 à 40 % contre 10%
chez des patients entre 40 et 60 ans, 3%
chez des moins de 60 ans). Une étude
chinoise a observé que plus 60% des pa-
/ PHOTO DR
"Je suis très fâché contre
certains collègues qui ont
clamé que ce n’était pas plus
grave qu’une simple grippe."
tients ayant nécessité une ventilation ar-
tificielle étaient décédés. C’est énorme,
mais en France on espère que cela ne se
confirmera pas. L’organisation du sys-
tème de santé et des prises en charge
sont une variable importante.
❚ Quel regard portez-vous sur la ges-
tion de l’épidémie en France ?
J’ai d’abord été très surpris par la grande
capacité de réponse et d’adaptation de
l’AP-HP, qui a été capable de boulever-
ser son fonctionnement en quelques
jours. Je ne pensais pas que c’était pos-
sible et j’espère que les autres CHU font
de même. En revanche, ce qui ne
change pas, c’est la relation malsaine
qui existe parfois entre les décideurs et
les experts. Je suis très fâché contre cer-
tains collègues qui ont clamé partout
que ce n’était pas plus grave qu’une
simple grippe. Je n’aimerais pas être à
leur place aujourd’hui… Leur mauvais
discernement a eu de graves consé-
quences sanitaires. Plus encore que le
gouvernement, ce sont ces experts qui
sont responsables de certains retards,
sur les commandes de masques par
exemple. Je suis fâché aussi contre le
buzz qui a été fait sur l’hydroxychloro-
quine. Plutôt que de mettre en place
une étude solide, Didier Raoult y est allé
à la hussarde. Tant et si bien qu’aujour-
d’hui on ne sait toujours pas si ce traite-
ment marche ou pas. Il y a quelques
jours, une étude chinoise randomisée,
réalisée sur deux groupes de 15 patients
présentant des formes bénignes a pro-
duit des résultats absolument iden-
tiques, avec ou sans hydroxychloro-
quine. Donc, in fine, on ne sait pas, et
cela met la pagaille dans la prise en
charge, et ajoute une crise à la crise.
Tout ça appuyé par des politiques en Pa-
ca, Valérie Boyer, Christian Estrosi qui
donnent leur avis sur des stratégies thé-
rapeutiques ! Même Jean-Marie Bigard
s’en est mêlé. Le gouvernement a dû cé-
der à la vox populi, dans un contexte
complotiste, abondé parfois par des mé-
decins. Politiquement, c’était intenable.
❚ Comment voyez-vous la suite de cette
crise ?
Ça va durer. Longtemps. Même si le
nombre de malades en réanimation va
finir par baisser, les besoins vont rester
importants car nous aurons beaucoup
de patients qui ont été fragilisés. On va
payer le passif de la vague d’admissions.
En France, après 14 jours de confine-
ment, on devrait commencer à voir une
accalmie, même si on n’est pas sûr d’ob-
tenir le même effet qu’à Wuhan. Nous
risquons d’arriver non pas à un pic,
mais à un plateau. On ne va pas s’en ti-
rer avec un mois de confinement. Le Co-
vid-19 n’aura pas fait le plein, on l’aura
privé de beaucoup de malades et seule
une petite partie de la population sera
immunisée. Pour éviter une 2e vague, on
ne pourra pas se barricader comme le
fait la Chine. Ce qui est sûr, c’est qu’il va
y avoir une très longue période de transi-
tion, de distanciation sociale mainte-
nue. Le retour du tourisme de masse, à
mon avis, ce n’est pas pour demain…
Cette pandémie va avoir d’énormes
conséquences sur nos modes de vie."
Propos recueillis par Sophie MANELLI
début de l’épidémie. Plus de
quarante personnels hospi-
taliers ont été contaminés
par le Covid-19 au sein du
CHR dont plusieurs méde-
cins qui sont en réanima-
tion. Depuis le début de l’épi-
démie, les décès de cinq
autres médecins ont été ren-
dus publics : un urgentiste
de Compiègne (Oise) le
22 mars, puis le lendemain
un gynécologue-obstétricien
de 66 ans et un généraliste
de 70 ans exerçant tous les
deux dans le Haut-Rhin, un
des principaux foyers de
contamination du coronavi-
rus en France, ainsi que
deux généralistes de 60 ans
et 68 ans en Moselle et en
Haute-Saône.
◗ LE CHRONIQUEUR
RELIGIEUX HENRI
TINCQ EST DÉCÉDÉ
DU CORONAVIRUS
Le chroniqueur religieux
Henri Tincq, qui a travaillé
d’abord à La Croix puis au
Monde de 1985 à 2008, est
décédé des suites du corona-
virus à l’âge de 74 ans. Hen-
ri Tincq est décédé di-
manche à l’hôpital de Ville-
neuve-Saint-Georges
(Val-de-Marne). À la retraite
depuis 2008, il était encore
"contributeur religieux"
pour le site Slate et tra-
vaillait aussi pour Le Monde
des religions. Cet observa-
teur attentif du Vatican pen-
dant près d’un demi-siècle
prônait une ligne catholique
dite progressiste, à rebours
du traditionalisme, se disant
attaché au dialogue avec les
protestants.
◗ IL RESTE ENCORE
12 000 FRANÇAIS
À RAPATRIER
La France doit encore rame-
ner 12 000 ressortissants
bloqués à l’étranger à la
suite de la fermeture de
nombreuses frontières pour
tenter d’enrayer la propaga-
tion du Covid-19, a indiqué
hier le secrétaire d’État aux
Affaires étrangères
Jean-Baptiste Lemoyne.
"Depuis dix jours ce sont

"La région Paca devrait bénéficier de l’impact du confinement"

120 000 Français qui étaient
75213

touristes ou voyageurs d’af-

"De la méthode et du sang froid". C’est avec ce parti
pris que les épidémiologistes de l’AP-HM scrutent depuis
20 jours les courbes du coronavirus. Ces données, qui évo-
luent de jour en jour, "sont toujours entachées d’erreurs,
car on ne compte que les personnes malades, que l’on
voit et que l’on peut tester", précise le Pr Jean Gaudart
spécialiste de santé publique et de biostatistiques, dont
le travail consiste aussi à développer des méthodes de
correction pour obtenir une méthodologie la plus robuste
possible. Entre les pays ou régions pratiquant un testing
massif (Corée du Sud, Vénétie) et ceux qui s’abstiennent
(France, Lombardie), il est hasardeux de comparer le
nombre de cas. Même difficulté pour le nombre de décès :
sont-ils comptabilisés uniquement dans les hôpitaux, à
domicile, dans les maisons de retraite ? "Les chiffres inté-
ressants sont ceux de la surmortalité. Dans le Grand Est,
elle est aujourd’hui estimée autour de 20% par rapport à
la normal. C’est énorme. Cela reflète sans doute les décès
de malades du Covid-19, mais aussi les décès collatéraux,
survenus pour d’autres maladies qui n’ont pas pu être
prises en charge".
Sur les courbes de l’épidémie, Jean Gaudart lit toute-
fois "une caractéristique tout à fait remarquable : la
constance de la dynamique épidémique quels que soient
les pays, leur niveau de vie, leur contexte social, leur sys-
tème de soins. C’est en partie pour cela que beaucoup
d’experts ont été bluffés. On s’attendait à une différence
entre l’Europe et l’Asie, qui ont des systèmes très diffé-
rents. Puis, quand ça a flambé en Lombardie, on a incrimi-
né, à tort, les insuffisances du système de santé italien.
Mais aujourd’hui en Europe, la dynamique est la même
partout".
Seule différence : la réaction initiale des états. Selon
que le confinement a été précoce ou pas, plus ou moins
strict, selon l’engorgement des hôpitaux, les taux de léta-
faires qui sont revenus sur
ront être réalisés, pourra modifier les estimations". le sol français. Il en reste
L’Afrique où la pauvreté, la densité de population des 12 000 dans 46 pays", a-t-il
grandes villes, la mauvaise organisation des soins "va précisé. Le ministère des Af-
être catastrophique" prédit l’épidémiologiste. faires étrangères, qui gère
Quant à la France, elle semble être le décalque de l’Ita- ces retours avec son Centre
lie avec dix à 15 jours de retard. Dans la péninsule, "le de crise, le ministère des
nombre de cas est stabilisé maintenant depuis environ Transports et la compagnie
5 jours, ce qui marque à la fois la diminution probable en Air France, table sur leur re-
Lombardie et la progression dans les autres régions. On tour dans les deux prochains
espère que cette stabilisation persiste au niveau national jours.
sauf si les autres régions italiennes ayant démarré en re- ◗ LES SYNDICATS
tard voient leurs nombres de cas augmenter de façon
plus importante que la décroissance lombarde" . En DE PSA CONTRE
France, où l’épidémie a commencé par le Grand Est, "on UNE REPRISE DE
ne peut qu’espérer que les autres régions, dont Paca, bé- LA PRODUCTION
néficieront d’un plus grand impact du confinement, qui Les syndicats du construc-
est arrivé plus tôt par rapport à la propagation". Pour teur automobile PSA ont mis
Pr Jean Gaudart. / PHOTO DR l’heure toutefois, "les courbes ne montrent encore aucun en garde la direction contre
signe du confinement". Pas d’élément non plus d’un effet une reprise prématurée de
lité (nombre cumulé de décès sur nombre cumulé de cas) du maintien du premier tour des élections municipales, la production dans les
varient fortement : 1% en Corée du Sud où l’épidémie a "si ce n’est le grand nombre d’élus qui ont été dépistés usines françaises, malgré
été très bien gérée, 7 ou 8% en Lombardie mais "seule- positifs…", observe Jean Gaudart. des mesures de protection
ment" 3% à 4% en Vénétie où le confinement a été pré- La question majeure pour la suite est celle de la sortie renforcées face à l’épidémie
coce. En France, "il semble que la létalité s’établisse au- du confinement. "La Corée du Sud n’en a pas fini encore de Covid-19. La direction de
tour de 4% aujourd’hui. Soit beaucoup plus ce que qui avec cette épidémie. Mais ils gèrent les cas, permettant PSA n’a pas confirmé cette
était prédit : on parlait de moins de 1% il y a encore un d’éviter l’engorgement hospitalier". En Asie comme en Eu- information dans l’immé-
mois… Mais ces estimations peuvent encore changer en rope, l’hypothèse d’une 2e vague n’est pas à exclure, "sa- diat. Comme d’autres géants
fonction de l’évolution de l’épidémie." chant qu’on ignore encore combien de temps dure l’immu- de l’automobile - Renault,
nité acquise par les personnes qui ont contracté la mala- Volkswagen, Fiat et Toyota -,
Une deuxième vague? die". L’espoir est, qu’entre-temps, des traitements, des PSA avait suspendu à la
L’Allemagne, avec son confinement tardif pourrait ain- méthodes de dépistage et des stratégies plus efficaces au- mi-mars l’activité de ses
si voir ses décès exploser alors que l’épidémie s’installe. ront été élaborés. Jean Gaudart reste optimiste : "Malgré usines européennes à la
Idem en Grande Bretagne. Au niveau mondial, la létalité le prix élevé que l’on aura payé, on va forcément trouver suite des mesures de confi-
globale s’estime autour de 4 à 6%, "sachant que le démar- des solutions. Une épidémie, ça se termine toujours". nement contre le Covid-19.
rage de l’épidémie en Afrique, vu le peu de tests qui pour- S.Ma.
 Exemplaire de Perez Henri-Pierre [Email:hpmars@hpmars.com - IP:212.95.67.77]

4 LA CRISE DU CORONAVIRUS en France

ET AUSSI...
◗ DRÔME : TROIS
RELIGIEUX SONT
Plaquénil introuvable,
l’inquiétude des malades
MORTS DU COVID-19
Trois des neuf frères du
couvent des Capucins à
Crest (Drôme), que fréquen-
tait jadis celui qui allait de-
venir l’abbé Pierre, créa-
teur du mouvement Em-
maüs, sont morts du Co- Atteints de lupus ou de polyarthrite, les patients n’accèdent plus à leur traitement

vid-19, a-t-on appris de
sources concordantes. Il
s’agit de Frère Armand âgé
de 78 ans, du père Pierre,
85 ans, décédé avant lui
dans le week-end et de
frère Emmanuel, le pre-
mier à avoir succombé au
virus le 25 mars, selon le
quotidien régional Le Dau-
phiné Libéré. Ce dernier
avait 94 ans.
◗ FILIÈRE PÊCHE : LE
MINISTRE SOUHAITE
DES PROTECTIONS
Didier Guillaume, le mi-
nistre de l’Agriculture, sou-
haite fournir aux pêcheurs
français des masques et
des tests au départ des ba-
teaux pour garantir leur sé-
curité et leur permettre de
repartir en mer, a-t-il indi-
qué hier. M. Guillaume a
également évoqué la tenue
aujourd’hui d’une réunion
avec la direction des
pêches de son ministère et
l’ensemble de la filière
pêche. Car la sécurisation
des pêcheurs ne règle toute-
fois pas la question cru-
ciale des débouchés qui
font actuellement défaut,
notamment avec la ferme-
ture des restaurants.
L
a semaine dernière, j’ai dû faire une
piqûre de morphine à ma femme
pour la soulager", raconte Jean,
sexagénaire marseillais, encore choqué.
Souffrant de polyarthrite rhumatoïde,
une pathologie très douloureuse qui at-
taque les articulations, son épouse est
depuis des années traitée au Plaquénil.
Mais ces derniers jours, impossible d’en
trouver en pharmacie. La vidéo virale du
Pr Raoult, l’intense médiatisation qui a
fait de la chloroquine (ou plutôt, de l’hy-
droxychloroquine) l’un des mots les
plus recherchés sur Google, ont eu rai-
son des petits stocks des officines. "Juste
après la vidéo, témoigne, cette pharma-
cienne du centre-ville de Marseille, on a
vu fleurir des ordonnances de complai-
sance. Des gens sans aucune maladie
préalable venaient avec une prescription
de Plaquénil de leur généraliste." Chez
Sanofi France, on confirme avoir vu s’en-
voler la demande pour ce vieux médica-
ment commercialisé par la firme.
"C’était si substantiel qu’on a tout de
suite alerté les autorités de santé", af-
firme le laboratoire.
"J’ai déjà dû faire le choix de
ne prendre qu’un cachet par
jour au lieu de deux. Voilà
le calvaire que nous vivons."
À cause de l’élan médiatique entourant la chloroquine, il est de plus en plus difficile de mettre la main sur une boîte de Plaquénil. / AFP

◗ LE MONDIAL DE
L’AUTO DE PARIS EN
VERSION RESTREINTE
Le Mondial de l’auto, qui
devait se tenir début oc-
tobre à Paris, est annulé
" dans sa forme actuelle "
en raison de l’épidémie de
Covid-19, ont annoncé ses
organisateurs hier : " Au re-
gard de la gravité de la
crise sanitaire sans précé-
dent face à laquelle le sec-
teur automobile, frappé de
plein fouet par l’onde de
choc économique, joue au-
jourd’hui sa survie, (…)
nous ne serons pas en me-
sure de maintenir dans sa
forme actuelle le Mondial
de l’auto pour son édition
2020."
◗ DROIT DE RETRAIT
PEU SUIVI CHEZ
LES ROUTIERS
L’appel des syndicats du
transport routier à cesser
75213
le travail faute de garanties
sanitaires suffisantes face
à l’épidémie de Covid-19
n’était pas très suivi hier,
selon les organisations pa-
tronales, pour qui ces in-
quiétudes sont légitimes.
Les syndicats CFDT, FO et
CFTC du transport routier
ont appelé les chauffeurs à
exercer "individuellement"
leur droit de retrait à partir
de lundi (hier) en cas de
"manquements" aux me-
sures de protection sani-
taire contre l’épidémie.
"Nous n’avons pas plus de
En quelques semaines, la panique est
allée crescendo pour les centaines de
milliers de patients qui ont besoin de
Plaquénil pour soigner leurs troubles ar-
ticulaires ou leur lupus, une grave mala-
die auto-immune chronique. "Il m’a fal-
lu contacter une dizaine de pharmacies
pour trouver mon traitement", explique
ainsi Johanna, 29 ans, habitante du 13e
arrondissement de Marseille, à qui l’on
a diagnostiqué un lupus voici neuf mois.
"En mars, reprend Josiane, 60 ans, du
15e arrondissement, je n’ai pu obtenir
qu’une boîte de Plaquénil au lieu de
deux. Partout on me dit : nous n’en avons
pas. J’ai déjà dû faire le choix de ne
prendre qu’un cachet par jour au lieu de
deux. Voilà le calvaire que nous vivons."
À Salon-de-Provence, Michaële, 41 ans,
partage cette angoisse de se retrouver
impuissant face à la crise : "Cela fait
L’ANSM alerte sur les possibles "effets secondaires graves"
L’Agence du médicament (ANSM) a
averti hier soir que les traitements testés
contre le Covid-19 pouvaient entraîner
des effets indésirables graves et ne de-
vaient "en aucun cas" être utilisés en auto-
médication, alors que trois décès poten-
tiellement liés à ces traitements ont été si-
gnalés. "Une trentaine" d’effets indési-
rables graves, dont "trois décès" ont jus-
qu’à présent été signalés chez des pa-
tients atteints du coronavirus traités par
Plaquénil (hydroxychloroquine) mais
aussi d’autres médicaments tels que le
Kaletra (un antirétroviral associant lopi-
navir/ritonavir), a indiqué Dominique
Martin, le directeur général de l’ANSM.
À SUIVRE...
dix jours que je suis dans l’attente de
mon médicament et il me reste deux
jours de traitement, souffle ce malade du
lupus. Si je ne le prends pas les douleurs
vont revenir et à 40 ans je me déplacerais
comme si j’en avais le double."
Face à cette dramatique rupture de
traitement, le gouvernement a pris la se-
maine dernière deux arrêtés restrei-
gnant la prescription et la délivrance du
Plaquénil en officine aux seules indica-
tions de l’Agence nationale du médica-
ment : polyarthrite rhumatoïde, lupus.
Seules les ordonnances initiales éma-
nant de spécialistes et les renouvelle-
ments, effectués par tous médecins, se-
ront acceptés. Seule dérogation : les pa-
tients atteints de Covid-19 pris en
charge au sein des établissements hospi-
taliers. "Il y a eu un retour en arrière avec
le deuxième décret, constate la chef de
Ces effets indésirables ont été signalés
principalement à l’hôpital et les analyses
sont encore en cours pour vérifier si les
événements signalés sont imputables ou
pas aux traitements reçus par les pa-
tients, a-t-il souligné, espérant de pre-
mières conclusions "d’ici la fin de la se-
maine". L’ANSM a placé sous "sur-
veillance renforcée" depuis une quin-
zaine de jours tous les traitements expéri-
mentés dans la prise en charge du Co-
vid-19, "en particulier lorsqu’ils sont utili-
sés en dehors des essais cliniques". "Il est
bien normal qu’il faille essayer des traite-
ments, compte tenu des circonstances,
mais ça n’empêche pas qu’on doive exer-
"Chaque pharmacien peut
passer commande, depuis ce
lundi, auprès des grossistes.
Ils ont des stocks." SANOFI FRANCE
service de la pharmacie centrale de La
Conception, Sophie Perrin-Gensollen.
Depuis celui-ci, nous ne pouvons plus dé-
livrer le Plaquénil pour des positifs au Co-
vid-19 traités en ambulatoire."
Du côté de Sanofi France, qui a mis en
place un numéro vert (0 800 394 000),
on assure que "chaque pharmacien peut
passer commande, depuis ce lundi, au-
près des grossistes. Ils ont du Plaquénil
en stock." Un approvisionnement cepen-
dant encore au compte-gouttes, estime
cer une surveillance, une pharmacovigi-
lance sur ces produits", selon Dominique
Martin.
Le traitement du Pr Raoult
sous "attention particulière"
À cet égard, l’hydroxychloroquine cou-
plée avec l’antibiotique azithromycine,
sous le feu des projecteurs depuis que le
Pr Didier Raoult a publié deux études
controversées concluant selon lui à leur
"efficacité" contre le coronavirus, mérite
une "attention particulière", observe le di-
recteur général de l’ANSM. Leur associa-
tion "potentialise le risque" de trouble du
rythme cardiaque "qui peut conduire à
Stéphane Pichon, président de l’Ordre
régional des pharmaciens : "Ils nous
livrent une boîte par jour et par pharma-
cie." De quoi décourager la reprise d’un
"trafic" de médicaments. "Nous insis-
tons absolument sur ce point : le Plaqué-
nil peut avoir des effets secondaires dan-
gereux (notamment cardiaques, Ndlr), il
ne faut pas le prendre sans contrôle d’un
médecin", insiste le laboratoire. "On a
des malades qui sont arrivés sous chloro-
quine avec des effets secondaires extrême-
ment graves", a alerté, sur France Info, le
Pr Stéphane Gaudry, de l’hôpital Avi-
cenne de Bobigny.
Le Point a révélé, hier, des cas de "toxi-
cité cardiaque" mais aussi des décès rap-
portés par des centres régionaux de
pharmacovigilance.
Delphine TANGUY
dtanguy@laprovence.com
un accident cardiaque", dit-il. Et cela est
"encore plus vrai chez les patients qui
souffrent du Covid", en raison de troubles
métaboliques spécifiques à cette mala-
die. Plusieurs traitements contre le coro-
navirus font actuellement l’objet d’essais
cliniques pour évaluer leur efficacité et
un décret a élargi leur utilisation à
d’autres patients en état grave à l’hôpital.
Mais "en aucun cas ces médicaments ne
doivent être utilisés ni en automédication,
ni sur prescription d’un médecin de ville,
ni en auto-prescription d’un médecin
pour lui-même, pour le traitement du Co-
vid-19", avertit l’Agence nationale de sé-
curité du médicament.

Un labo sommé de garantir l’accès à son antiviral

remontées que ça sur des
débrayages ou des retraits
d’activité pour le moment",
a indiqué une porte-parole
de la Fédération nationale
du transport routier (FN-
TR), qui ne voit pas pour
l’instant de signe d’alerte
sur la chaîne logistique.
"C’est anecdotique", a ren-
chéri Alexis Degouy, le délé-
gué général de l’Union des
entreprises de transport et
logistique de France (Union
TLF). La branche du trans-
port-logistique emploie
quelque 750 000 per-
sonnes en France. Selon les
remontés de FO, elle
compte 1 500 contaminés
et a enregistré cinq décès.
Médecins sans frontières (MSF) et des
dizaines d’autres ONG ont appelé hier le
laboratoire américain Gilead Sciences à
garantir l’accès au plus grand nombre à
son antiviral remdesivir s’il se révélait ef-
ficace contre la maladie Covid-19. Dans
une lettre ouverte au P.-D.G. de la bio-
tech californienne Daniel O’Day, les
ONG ont exhorté Gilead à "garantir la
disponibilité rapide, à un prix abor-
dable, et l’accessibilité de son traitement
expérimental remdesivir pour traiter le
Covid-19". "Gilead possède des brevets
primaires pour le remdesivir dans plus
de 70 pays, lesquels pourraient bloquer
l’arrivée de génériques jusqu’en 2031
(…). Gilead a demandé à l’Agence améri-
caine du médicament la classification
du remdesivir comme médicament or-
phelin dans le but de renforcer ses droits
exclusifs", ont dénoncé les ONG, accu-
sant le groupe de n’avoir renoncé à ce
processus "que sous la pression de cri-
tiques publiques fin mars".
La poule aux œufs d’or
Dans une lettre ouverte publiée le
28 mars sur le site internet de l’entre-
prise, Daniel O’Day assurait que, s’il
était approuvé, Gilead "s’efforcerait d’as-
surer l’accès à un prix abordable du rem-
desivir aux patients qui en auraient le
plus besoin". Le remdesivir est déjà dans
la dernière phase des essais cliniques en
Asie et en Chine. Les médecins ont rap-
porté qu’il était efficace dans la lutte
contre la maladie.
Toutefois, seulement les essais cli-
niques aléatoires permettent aux scienti-
fiques de savoir avec certitude si le traite-
ment marche. "Il n’y a pour l’instant
qu’un seul médicament dont nous pen-
sons qu’il pourrait avoir une réelle effica-
cité. Et c’est le remdesivir", indiquait
mi-mars Bruce Aylward, un responsable
de l’Organisation mondiale de la santé
(OMS). Selon des analystes de la
Bank of America cités dans la presse
américaine, Gilead pourrait empocher Le laboratoire américain Gilead
jusqu’à 2,5 milliards de dollars grâce à Sciences posséderait un antiviral
son antiviral. efficace contre le Covid-19. / MAXPPP
 Exemplaire de Perez Henri-Pierre [Email:hpmars@hpmars.com - IP:212.95.67.77]

LA CRISE DU CORONAVIRUS en France 5

Des pistes tous azimuts ET AUSSI...

◗ 10 000 DROITS
DE RETRAIT EXERCÉS

pour la recherche mondiale

À LA POSTE ?
La fédération SUD PTT a an-
noncé hier "qu’au moins
10 000 droits de retrait "
ont été exercés à La Poste
face à la crise du coronavi-
Médicaments à l’essai, anticorps de patients guéris ou de synthèse. À plus long terme le vaccin rus et a accusé la direction
de "pressions " sur les sala-

D es études sont lancées
aux quatre coins du
monde pour lutter
contre le Covid-19. Tour d’hori-
zon des principales pistes à
plus ou moins longues
échéances.
◗ ESSAIS CLINIQUES
DE GRANDE AMPLEUR
L’essai clinique Discovery lan-
cé par le consortium européen
REACTing va concerner
3 200 patients en Europe dont
800 en France, sous la coordina-
tion de l’Inserm. Cinq proto-
coles sont testés auprès de pa-
tients atteints de Covid-19 : uni-
quement des soins standards ;
soins standards et remdesivir,
un antiviral expérimental déve-
loppé par le laboratoire Gilead ;
soins standards et un traite-
ment associant lopinavir et rito-
navir, des anti-VIH ; soins stan-
dards et une association lopina-
vir, ritonavir et interféron bêta
et enfin, soins standards et hy-
droxychloroquine. "L’attribu-
tion des modalités de traitement
se fera de façon randomisée,
c’est-à-dire aléatoire, mais pa-
tients et médecins sauront quel
traitement est utilisé. On parle
alors d’essai ouvert", explique
l’Inserm. Les premiers résultats
sont attendus à la fin de cette se-
maine. Les données de Discove-
ry viendront compléter celles
de l’essai Solidarity, lancé par
l’OMS dans une dizaine de pays
dans le monde.
◗ LA MÉTHODE RAOULT
À l’infectiopôle de la Timone,
le Pr Didier Raoult a décidé de
faire fi des essais randomisés.
Sur la base d’études in vitro sur
l’efficacité de la chloroquine et
d’essais cliniques chinois sur
une centaine de malades, ses
équipes proposent à chaque pa-
tient dépisté positif, un traite-
ment à base d’hydroxychloro-
quine (un cousin de la chloro-
quine mieux supporté) associé
à un antibiotique (azythromy-
cine). À ce jour, ils sont 1 291 à
en bénéficier. L’hypothèse : le
traitement, administré au plus
RECHERCHE
Parmi les pistes à l’étude, l’IHU Méditerranée Infection de La Timone est mobilisé
sur les recherches visant à lutter contre le coronavirus.
tôt, permettrait de faire baisser
la charge virale du patient, d’évi-
ter la violente réponse inflam-
matoire de l’organisme et donc
l’aggravation de l’état des pa-
tients. Ses détracteurs lui re-
prochent l’absence de groupe
témoin pour confirmer les pre-
miers résultats jugés encoura-
geants par l’IHU.
◗ TRANSFUSER
OU SYNTHÉTISER
DES ANTICORPS
Une fois qu’il a été en contact
avec le Covid-19, le corps hu-
main développe des anticorps
pour lutter contre le virus. Des
chercheurs de Shanghaï
tentent actuellement de guérir
certains malades en leur admi-
nistrant du plasma de patients
qui ont été guéris, riche en anti-
corps contre le germe.
On peut également créer ces
anticorps en laboratoire. L’Insti-
tut flamand de recherche en
biotechnologie (VIB) a annon-
cé mi-mars la découverte d’un
anticorps capable de neutrali-
ser le virus à l’origine du Co-
vid-19. Selon le laboratoire, il
pourrait également "être pro-
duit à grande échelle en utili-
sant des procédés de production
courants dans l’industrie bio-
pharmaceutique (…) Contraire-
ment aux vaccins, un anticorps
offre une protection immédiate,
bien que de plus courte durée.
L’avantage de cette approche est
que les patients n’ont pas besoin
de produire leurs propres anti-
corps. [...]Les travailleurs de la
santé ou les personnes présen-
tant un risque accru d’exposi-
tion au virus peuvent également
bénéficier d’une protection im-
médiate", écrit l’Institut dans
un communiqué. Des essais sur
les animaux sont en cours.
◗ LE MONDE ENTIER
CHERCHE UN VACCIN
Financée par des états et des
fondations, la Coalition for Epi-
demic Preparedness Innova-
tions (CEPI) est une alliance
mondiale qui finance et coor-
donne le développement de
vaccins contre les maladies in-
fectieuses émergentes. En fé-
vrier dernier, elle lançait un ap-
pel urgent de 2 milliards de dol-
/ PHOTO GEORGES ROBERT
lars pour soutenir le développe-
ment d’un vaccin contre le vi-
rus responsable du Covid-19.
À ce jour, 430 millions de dol-
lars ont été levés et huit projets
lancés : avec la start-up alle-
mande Curevac, les sociétés
américaines de biotechnolo-
gies Inovio Pharmaceuticals,
Moderna, Novavax ainsi que les
universités de Hong Kong, d’Ox-
ford, du Queensland et un
consortium dirigé par l’Institut
Pasteur.
L’objectif du CEPI ? "Avoir au
moins trois vaccins candidats,
qui pourraient être soumis aux
autorités réglementaires pour
autorisation pour une utilisa-
tion générale et une utilisation
dans les épidémies".
L’Institut Pasteur à Paris et
son réseau international de
32 Instituts mobilisent actuelle-
ment plus de 300 personnes sur
la recherche sur le Covid-19, via
16 projets. Les chercheurs tra-
vaillent à la modification du pa-
trimoine génétique du vaccin
contre la rougeole pour le
rendre efficace contre le Co-
vid-19 et espèrent démarrer des
essais cliniques sur l’homme au
début de l’été 2020, après
l’avoir testé sur la souris pen-
dant quatre ou cinq mois.
Si les Chinois ou les Améri-
cains de Moderna annoncent
lancer dès à présent des essais
cliniques sur les premiers volon-
taires, la mise au point d’un vac-
cin nécessite au minimum
18 mois. En cas de nouvelle épi-
démie, il est tout aussi possible
que le vaccin élaboré avec la
souche actuelle du virus ne
fonctionne plus à ce mo-
ment-là.
◗ LA PISTE DU BCG
Le vaccin contre la tubercu-
lose pourrait-il booster le sys-
tème immunitaire et protéger
du Covid-19 ? Plusieurs cher-
cheurs se sont lancés sur cette
piste, notamment en Australie.
"Bien qu’il ait été développé à
l’origine contre la tuberculose et
qu’il soit encore administré à
plus de 130 millions de bébés
par an à cette fin, le BCG ren-
force également l’immunité de
première ligne des humains, en
les entraînant à réagir avec plus
d’intensité aux pathogènes.
Nous espérons voir une réduc-
tion de la prévalence et de la gra-
vité des symptômes du Covid-19
chez les travailleurs de la santé
qui reçoivent le vaccin BCG", ex-
plique Kathryn North, direc-
trice de l’Institut Murdoch,
à l’AFP.
C’est cette hypothèse que
veut vérifier le Pr Camille Loch,
directeur de recherche Inserm
à l’Institut Pasteur de Lille. "Des
essais cliniques contre placebo
sont déjà en préparation aux
Pays-Bas, essentiellement au-
près du personnel soignant,
pour voir si cela permettait de
prévenir l’infection, ex-
plique-t-il au Point. En France,
on tente de lancer une étude un
peu semblable en concertation
avec d’autres pays, dont l’Es-
pagne. Résultats dans quelques
mois. En attendant, rien ne justi-
fie le fait de se faire vacciner
dans le contexte du Covid-19".
A.D.
riés ayant fait usage de
ce droit. La direction de
La Poste juge que ce chiffre
"n’a aucun fondement ".
Par ailleurs, "entre un tiers
et la moitié du corps social
de La Poste (250 000 sala-
riés, ndlr) n’est pas au tra-
vail ", en raison du Co-
vid-19, a ajouté la fédéra-
tion syndicale qui s’appuie
sur "les remontées dispo-
nibles " faute de "bilan sani-
taire " officiel. SUD PTT,
3e syndicat de La Poste,
parle de "milliers de cas
suspectés " de Covid-19 par-
mi les agents, de "167 cas
avérés" au "réseau " (bu-
reaux de poste) sur 35 200
personnes, et "d’un jeune
postier de 25 ans dans le
coma à Paris ". L’Unsa
parle de "300 cas avérés
chez les postiers ".
◗ 25 % DES MARCHÉS
ALIMENTAIRES
VONT ROUVRIR
Un quart des marchés ali-
mentaires de France, cou-
verts ou de plein air, vont
rouvrir cette semaine en
respectant des protocoles
sanitaires stricts face à
l’épidémie de Covid-19, ont
annoncé hier la Fédération
des marchés de France et le
ministère de l’Agriculture.
La grande majorité des mar-
chés rouverts comptent
moins de dix commerçants,
et se situent dans des
bourgs de taille moyenne
ou des petites localités,
mais aussi dans quelques
capitales régionales
comme Lille, Rennes, Cler-
mont-Ferrand ou Grenoble.
◗ UN SYNDICAT
DE POLICE LANCE
UN APPEL AUX DONS
Le syndicat Alternative Po-
lice CFDT a lancé un appel
aux dons pour doter les po-
liciers, mais aussi les soi-
gnants, de masques et de
protections lors de leurs
missions, a annoncé hier
son secrétaire général De-
nis Jacob dans un communi-
qué. "Les policiers sont dé-
pourvus de protection sani-

Pénurie de… souris de laboratoire

taire. Masques FFP2, gants,
gel hydroalcoolique font
cruellement défaut depuis
75213

maintenant 15 jours ", ex-

Les chercheurs du monde entier s’at-
tellent à trouver traitements ou vaccin
contre le nouveau coronavirus mais ils
cherchent aussi… des souris de labora-
toire. Mais pas n’importe lesquelles, il
leur faut des rongeurs transgéniques,
qui se font rares. "Les souris de labo habi-
tuelles ne peuvent pas être utilisées pour
étudier le Sars-Cov-2", explique Chris-
tophe D’Enfert, directeur scientifique
de l’Institut Pasteur.
Il leur manque un récepteur sensible
au coronavirus, celui qui lui permet
d’entrer dans les cellules : du coup, "on
n’est pas capable d’infecter ces souris effi-
cacement" avec le nouveau virus, pour-
suit M. D’Enfert. D’où la nécessité de
souris spéciales, répondant au
petit nom d’ACE2, géné-
tiquement modi-
fiées, dit-il en-
core, et four-
/ PHOTO SERGE GUEROULT
nies par des entreprises spécialisées, évi-
demment très sollicitées par les temps
qui courent.
Où sont les petits rongeurs ?
Ces précieux petits rongeurs avaient
été utilisés pour étudier le Sras, qui a sé-
vi en Asie en 2002/ 2003 mais "plus per-
sonne ne s’intéressait à ces souris" une
fois que l’épidémie avait faibli. Du coup,
les labos de recherche n’en avaient plus,
explique encore Christophe D’Enfert.
"On en a commandé, on va en avoir,
mais ça va prendre un peu de temps",
dit-il encore. "Il faut trois semaines de
gestation et trois mois pour une généra-
tion", c’est-à-dire des souris en mesure
de se reproduire, ex-
plique le cher -
cheur. Situé
aux
États-Unis, le Jackson Laboratory est un
gros fournisseur de K18-hACE2 (leur
nom complet), et accélère la cadence
pour honorer les commandes de ces su-
per-souris. "Nous avons des demandes
de souris de beaucoup de laboratoires et
organisations dans le monde entier" de-
puis plusieurs semaines, indique Cat
Lutz, leur responsable "souris" et phar-
macologie in vivo.
Génétiquement modifiées pour pou-
voir attraper le coronavirus, "elles repro-
duisent aussi les complications respira-
toires créées par l’infection, ce qui en fait
un bon modèle pour la maladie", pour-
suit la spécialiste. "Ce sont ces souris qui
vont être utilisées pour tester des théra-
pies et des vaccins", poursuit Mme Lutz,
qui assure être en mesure "très prochai-
nement" d’avoir des souris idoines à
fournir aux labos.
Fécondation in vitro
de rongeurs
Pour aller plus vite et produire beau-
coup de souris, le Jackson Laboratory a
recours à la fécondation in vitro plutôt
qu’à la reproduction traditionnelle : le
sperme d’un seul mâle permet de fécon-
der des centaines d’ovocytes et de trans-
férer ensuite les embryons sur des fe-
melles pour la gestation. L’entreprise es-
père ainsi de premières expéditions limi-
tées "début mai" avant de plus larges co-
hortes "quelques semaines après".
Bonne nouvelle, ces délais n’em-
pêchent pas les scientifiques de tra-
vailler sur le coronavirus actuel explique
Christophe D’Enfert. " Ça ralentit un
peu les choses pour la recherche mais ça
n’empêche pas d’avancer. On peut par
exemple tester un vaccin sur une souris
lambda et voir si elle produit des anti-
corps efficaces", rassure le chercheur.
Ses équipes tentent aussi, elles-mêmes,
de mettre au point rapidement des sou-
ris modifiées ou encore regardent si,
coup de chance, certaines souris dispo-
nibles à l’Institut recèleraient en leur
sein des gènes sensibles au Sars-Cov-2.
Quant à l’entreprise de biotech GenO-
way, à Lyon, elle se positionne déjà pour
tenter de mettre au point, d’autres mo-
dèles de souris transgéniques, "plus per-
tinents" que les ACE2. "On se situe dans
une deuxième vague, avec un modèle ’re-
levant’ (qui permet de bien prédire ce
qui peut se passer chez l’homme, ndlr)
et les nôtres ne sont pas encore dispo-
nibles", explique son responsable
Alexandre Fraichard, évoquant l’au-
tomne-hiver 2020 comme horizon.
Au-delà, " on essaye de préparer des ou-
tils les plus larges possible pour les pro-
chaines pandémies. Mais c’est un enjeu à
moyen terme, de plusieurs années. Des
modèles avec des souris, ça ne se produit
pas comme ça, comme un nouveau
smartphone. Il faut les concevoir, les fa-
briquer et les tester", dit-il encore.
plique M. Jacob. Cet appel
concerne des dons "sous
forme de matériel sanitaire
ou de participation finan-
cière", précise-t-il.
◗ FACEBOOK OFFRE
100 MILLIONS
POUR LES MÉDIAS
Facebook a indiqué hier
faire don de 100 millions
de dollars pour aider les
médias, déjà fragiles et du-
rement impactés par l’épi-
démie de Covid-19, à four-
nir une information fiable
au moment où elle est le
plus indispensable. "Le sec-
teur des médias travaille
dans des conditions extra-
ordinaires pour que les
gens continuent d’être in-
formés pendant la pandé-
mie de Covid-19 ", a indiqué
Campbell Brown, en charge
des collaborations du pre-
mier réseau social mondial
avec les médias. Ces nou-
veaux fonds comprennent
25 millions de dollars de
dons d’urgence pour le jour-
nalisme local ainsi que
75 millions de dollars sous
forme d’aide à la promo-
tion.
 Exemplaire de Perez Henri-Pierre [Email:hpmars@hpmars.com - IP:212.95.67.77]

6 LA CRISE DU CORONAVIRUS en France

ET AUSSI...
◗ PLUS DE 35 000
MORTS DANS
Édouard Philippe face aux
exigences de la démocratie
LE MONDE
La pandémie de nouveau
coronavirus a fait au moins
35 000 morts dans le
monde, dont près des trois
quarts en Europe, depuis
son apparition en dé-
cembre en Chine. Au total,
Recours, plaintes et commissions d’enquête obligent à s’expliquer sur la gestion de la crise

35 905 décès ont été recen-
sés, dont 26 076 en Europe,
continent le plus touché.
Avec 11 591 morts, l’Italie
est le pays comptant le plus
de décès au monde, suivi
de l’Espagne (7 340) et de
la Chine (3 304), foyer ini-
tial de la contagion. Plus de
740 000 cas d’infection ont
été officiellement diagnosti-
qués dans 183 pays et terri-
toires, dont au moins
408 203 en Europe, près de
150 000 aux États-Unis et
au Canada (2 635 décès à
eux deux) et 106 609 en
Asie (3 827 décès). Ce
nombre de cas diagnosti-
qués ne reflète toutefois
qu’une fraction du nombre
réel de contaminations, un
grand nombre de pays ne
testant désormais plus que
les cas les plus graves.
◗ PLUS DE TROIS
MILLIARDS
D’HABITANTS DE LA
PLANÈTE CONFINÉS
La perspective que l’épidé-
mie atteigne enfin son pic
dans les pays d’Europe les
plus meurtris par le corona-
virus suscitait de l’espoir
hier, même si la récession
est désormais un "fait ac-
quis" en raison des me-
sures de confinement qui
affectent désormais quatre
habitants de la planète sur
dix. Plus de 34 000 morts,
dont un bébé, le cap des
10 000 morts franchis en
Italie, 800 nouveaux décès
en 24 heures en Espagne :
le macabre bilan de l’épidé-
mie a continué à s’alourdir
hier.
◗ UN TABLEAU
DE VAN GOGH VOLÉ
DANS UN MUSÉE
FERMÉ À CAUSE
DU CORONAVIRUS
Un tableau de Van Gogh,
"Le jardin du presbytère de
À
nouveau, Édouard Phi-
lippe et Olivier Véran
vont devoir rendre des
comptes. Contraints par une dé-
mocratie française qui n’oublie
pas ses droits et ses humeurs. Le
Premier ministre et son lieute-
nant de la Santé sont comme
des hamsters dans une roue :
plus ils tentent de s’expliquer et
plus ils doivent s’expliquer.
Demain, ce sera en vi-
sio-conférence devant la mis-
sion d’information de l’Assem-
blée nationale. Créée le 17 mars
afin de " se saisir de manière plu-
raliste de l’ensemble des disposi-
tifs mis en œuvre " face au coro-
navirus, selon les mots de son
président Richard Ferrand
(LREM), cette commission
réunissant une quarantaine de
députés a matière à étudier.
" On est complètement à côté de
la plaque ", assène le député éco-
logiste de Gardanne Fran-
çois-Michel Lambert (LT). " Le
gouvernement fait les choses,
mais il a démarré trop en retard
et n’a pas anticipé, notamment
sur le confinement. On n’est pas
assez fermes ".
"C’est incroyable
cette impréparation"
Stocks, production et achemi-
nement des masques et des gels
hydroalcooliques, état sanitaire
dans les hôpitaux ou les Ehpad,
conditions du confinement, im-
pact économique sur les entre-
prises et leurs salariés… Les su-
jets et les critiques s’accu-
mulent. Et même si la leçon de
choses d’Édouard Philippe, di-
manche après-midi, a permis de
remettre certains compteurs à
fausses infos à zéro, beaucoup
de questions subsistent. " C’est
incroyable cette impréparation ",
soupire la députée LR de Mar-
seille Valérie Boyer.
" On manque de masques, de
tests, de liens entre hôpitaux pu-
blics et privés alors que beau-
coup d’établissements privés ont
été vidés. On est à contre-courant
du bon sens. Ce qui est impardon-
Demain, le Premier ministre, sera en visio-conférence devant la mission d’information
de l’Assemblée nationale.
nable, ce sont les erreurs sur la lo-
gistique. C’est un échec total ".
Elle a demandé à faire partie de
cette mission d’information en
forme de " garde-fou " où figure-
ra Damien Abad. Le président
de son groupe politique a, lui, ré-
clamé une enquête parlemen-
taire pour l’automne. L’exécutif
ne l’évitera pas. En attendant, il
répondra aujourd’hui aux tradi-
tionnelles " questions au gouver-
nement " à l’Assemblée natio-
nale.
Tout comme il va devoir ré-
pondre aux partis politiques.
" Le confinement ne doit pas être
celui de la démocratie et, malgré
la crise, l’opposition doit pouvoir
continuer à jouer son rôle ",
pointe ainsi Marine Le Pen, la
présidente du Rassemblement
national. Estimant dans l’Obs
que " 65 millions de Français se
sont mis en prison eux-mêmes et
se surveillent ", Jean-Luc Mélen-
chon remet, lui, en cause le voca-
bulaire guerrier d’Emmanuel
Macron qui signifie : "Silence
dans les rangs ".
Une plainte de militants
LR des quartiers Nord
Le Premier ministre a fait sa-
voir qu’il ferait jeudi un point
avec les leaders politiques. Il sait
qu’il va devoir aussi faire avec
les plaintes et recours déposés
par des associations, des soi-
gnants ou des citoyens devant la
Cour de justice de la Répu-
blique, seule apte à statuer.
/ PHOTO ÉRIC CAMOIN
Hier, l’avocat Nabil Boudi, pour
qui " l’état d’urgence sanitaire
ouvre des brèches dans l’État de
droit ", a déposé une plainte au
nom de militants LR des quar-
tiers Nord qui avaient été expo-
sés au virus en tenant des bu-
reaux de vote au premier tour
des municipales.
Ils reprochent au Premier mi-
nistre et à celui de l’Intérieur
Christophe Castaner une " en-
trave intentionnelle aux mesures
d’assistance ". L’enquête devrait,
selon l’avocat, " déterminer si le
maintien de cette élection
peut-être qualifié de faute pé-
nale". Ce qui fait sourire le dépu-
té LREM de ces mêmes quartiers
Saïd Ahamada. " Ce premier tour
a été maintenu après avis d’ex-
BEN BAISSE
La confiance des Français
dans le gouvernement pour
faire face à la crise du coro-
navirus continue de baisser
(-10 points en une semaine)
et devient nettement mino-
ritaire, selon un sondage
OpinionWay diffusé hier.
Seules 43 % des personnes
interrogées font désormais
confiance au gouverne-
ment " pour limiter les ef-
fets de l'épidémie ", contre
55 % (+ 9) d’un avis
contraire. Un quart d’entre
elles (25 %) ne lui font
même " pas du tout
confiance ", selon cette en-
quête avec Square pour Les
Echos. Le niveau de
confiance dans l’exécutif
pour gérer la crise est en
nette baisse dans l’en-
semble des dernières en-
quêtes. Selon OpinionWay,
seule une personne sur
trois (35 %) considère no-
tamment que " le gouverne-
ment est transparent"
vis-à-vis de la crise sani-
taire, contre 63 % d’un avis
contraire.
perts et sur un consensus poli-
tique. Personne n’aurait pris
d’autre décision. Les militants
LR devraient aussi demander des
explications à Gérard Larcher
qui a poussé cette élection. Il fau-
dra rendre des comptes avec du
recul, mais insinuer le doute poli-
tique en nourrissant des théories
du complot maintenant peut
être dangereux et conduire à l’ar-
rivée d’un régime autoritaire ".
On n’en est pas là. "Tout cela
traduit une judiciarisation de la
société où les plaignants agissent
en temps réel à la vitesse des ré-
seaux sociaux", analyse le profes-
seur de droit Didier Rebut au su-
jet de ces symptômes du boule-
versement révélé par le Co-
vid-19. François TONNEAU

Six anciens ministres de la Santé dédouanent le gouvernement

Nuenen au printemps", a
été volé dans un musée des
Pays-Bas fermé au public
en raison de la pandémie La pandémie de coronavirus était "im- (1988 -1991), estimant que " le gouverne- à accuser les autres ", appuie Marisol Tou- d’établir les responsabilités " sur la pénu-
de Covid-19. Dans la nuit de prévisible" et le gouvernement fait "du ment apporte une réponse adaptée et pro- raine (2012 - 2017). " Des donneurs de le- rie de masques et de tests ". De son côté,
dimanche à lundi, les cam- mieux possible ", n’en déplaise aux " don- portionnée ". " Ceux qui prétendent qu’il y çons ", dénonce Elisabeth Hubert (1995), M. Douste-Blazy recommande au gouver-
brioleurs ont forcé la porte neurs de leçons ", affirment six anciens mi- a une autre stratégie sont des gens qui n’as- qui juge "indigne de jeter la pierre à des nement de " dépister systématiquement,
d’entrée vitrée du musée nistres de la Santé dans une série d’entre- surent pas de responsabilités dignes de ce gens qui font ce qu’ils peuvent, du mieux et en priorité, toutes les personnes qui
75213

Singer Laren, à une tren-
taine de kilomètres d’Am-
sterdam, avant de s’empa-
rer de l’œuvre datant
de 1884. Le musée est fer-
mé depuis environ deux se-
maines et ce jusqu’au
1er juin au moins.
tiens accordée au Quotidien du médecin
à paraître aujourd’hui. " Comment vou-
lez-vous anticiper une situation imprévi-
sible ? ", résume Roselyne Bachelot, blâ-
mée en son temps (2007 - 2010) pour sa
gestion de la grippe H1-N1. "On découvre
au fur et à mesure de l’épidémie des situa-
tions qu’il était impossible d’anticiper ",
relève pour sa part Claude Evin
nom ", ajoute-t-il, alors que les errements
de l’exécutif alimentent les procès en in-
compétence. " Le gouvernement a pris les
bonnes mesures au bon moment ", af-
firme Jean-François Mattei (2002 - 2004),
lui-même fustigé lors de la canicule meur-
trière de l’été 2003. " La critique sera né-
cessaire le temps venu, mais il est regret-
table que dans la crise certains cherchent
possible ". " L’heure n’est pas à la polé-
mique. En période de guerre, il faut l’unité
nationale, aider le gouvernement et aller
de l’avant ", considère Philippe
Douste-Blazy, qui occupa le poste à deux
reprises (1993 -1995 et 2004 - 2005).
Derrière ce soutien unanime, plusieurs
anciens ministres souhaitent, comme M.
Mattei, " une commission d’enquête " afin
entrent dans les Ehpad " et de " laisser aux
médecins leur libre arbitre et leur capacité
de prescrire " la chloroquine aux malades
du coronavirus. Quant à Mme Bachelot,
elle " désapprouve " le choix "d’avoir
maintenu le premier tour des munici-
pales, sous la pression de certains élus " et
celui "d’autoriser les gens à faire du jog-
ging en pleine rue".

LIBRE OPINION

Démocratisons Lors d’une période de crise sanitaire,

mener une politique au nom de la science
est un réflexe qui s’explique. Le décideur,
d’Albert Einstein qui remisait aux archives
le travail d’une vie, devenu subitement
inutile !
problématiques scientifiques et éthiques
que posent la recherche d’un traitement
ou la mise en place d’une stratégie

la science souhaitant légitimement s’appuyer

Par Yanis ROUSSEL
Yanis Roussel prépare une
thèse sur l’histoire de la
/ PHOTO CORENTIN HLUPIC
sur un consensus scientifique,
se tourne vers un conseil de chercheurs.
Cette démarche repose sur un
malentendu : la science n’est pas faite
de consensus. La science est faite de
batailles. Comme le décrit Thomas Kuhn,
les grandes révolutions scientifiques
Il ne faut pas s’attendre à ce que la science
apporte des réponses manichéennes à
des questions qui ne relèvent pas de ses
compétences. La durée du confinement,
que chacun des Français s’efforce de
respecter, ne sera pas tranchée par un
article publié dans une revue à comité
de lecture. Pour comprendre la
nationale de dépistage. C’est une
chance pour notre démocratie.
Quand la twittosphère partage des
dizaines de milliers de fois un article
scientifique de 28 pages en anglais,
y réagit, débat à son propos, il ne faut
pas prendre peur. Quand les termes PCR,
hydroxychloroquine, groupe contrôle,

recherche médicale, sous
la direction du professeur
Didier Raoult. Il travaille
à la communication et aux
relations presse de l’IHU
Méditerranée Infection
passent par l’affaiblissement progressif
de grands paradigmes. Ces derniers
ne disparaissent pas sans douleur.
Les coups de grâce sont portés par
l’émergence brutale de nouvelles
théories. Il faut imaginer le déchirement
(voire l’affront) que représentât,
pour des chercheurs ayant consacré
leur carrière à l’étude de l’éther, la
publication en 1905 du célèbre article
circulation du virus, il faudra certes
s’appuyer sur des données, sur le travail
d’épidémiologistes, sur des résultats
qu’apportera un dépistage massif dans
la population. Mais, in fine, la décision
politique doit relever du politique.
Aujourd’hui, les Français parlent de
science. Nous ne sommes certes pas
60 millions d’experts en virologie.
Mais tous, nous réfléchissons sur les
incidence, rentrent dans les
conversations des foyers, il faut se réjouir.
S’engager dans un débat complexe,
le lire au travers de sa propre sensibilité,
se renseigner sur ses tenants et
aboutissants, c’est ce que nous faisons
chaque fois que nous nous rendons
aux urnes. Aujourd’hui, les citoyens
s’approprient le débat scientifique :
c’est cela, la démocratie.
 Exemplaire de Perez Henri-Pierre [Email:hpmars@hpmars.com - IP:212.95.67.77]

LA CRISE DU CORONAVIRUS en France 7

Des visières de protection ET AUSSI...

◗ 11 FÊTARDS
INTERPELLÉS

fabriquées en impression 3D
EN TURQUIE
La Turquie a arrêté hier plu-
sieurs personnes qui
avaient transformé une vil-
la en boîte de nuit en dépit
du risque de propagation
Le mouvement "visière solidaire" est né et uni les "makers", ces bricoleurs inventifs, du nouveau coronavirus,
avec des participants dégui-
pour apporter un soutien matériel à tous ceux qui sont en première ligne sés en docteurs. 11 per-
sonnes soupçonnées

S i l’on devait trouver un
seul élément positif dans
l’épidémie de Coronavi-
rus qui sidère la France et
plonge le monde dans l’incerti-
tude sanitaire, il faudrait le cher-
cher dans l’élan de solidarité
qui, au fil de la gravité de la
crise, se renforce autour des per-
sonnels soignants et de tous
ceux qui s’exposent au danger
d’une contamination. Dans ce
foisonnement de bonnes inten-
tions, les makers et leur "ar-
mée" d’imprimantes 3D ont éla-
boré une stratégie d’urgence
afin de répondre au manque de
matériel de protection qui
touche indifféremment méde-
cins, infirmiers, brancardiers,
caissières ou travailleurs so-
ciaux.
Surnommés makers pour leur
capacité à fabriquer avec leur
imprimante toutes sortes d’ob-
jets, ces bricoleurs, inventifs et
passionnés, ont imaginé, conçu
et produit une visière de protec-
tion à l’efficacité éprouvée. " Il
suffit d’une attache, d’un film
plastique et d’un élastique pour
obtenir un produit capable de
protéger efficacement contre
tout risque de contamination, ex-
plique. Bastien Ringès, jeune in-
génieur marseillais et désor-
mais référent régional du mou-
vement spontané " visière soli-
daire ". L’avantage de cet en-
semble est d’être réutilisable
après avoir été désinfecté avec
des produits classiques". Fabri-
quée à partir d’une simple im-
primante 3D de bureau, cette vi-
sière s’impose comme l’une des
solutions à la pénurie de lu-
nettes et masques. Les de-
mandes ont d’ailleurs explosé.
DU CÔTÉ DES CRÉATEURS…
La demande de visières explose face à la pénurie de lunettes de protection et masques. Personnels
hospitaliers, soignants, ou encore équipes du Samu 13 les utilisent.
" Et la liste ne fait que s’allonger,
constate Bastien Ringès. Voilà
pourquoi, nous avons uni nos
forces et nos moyens dans une
grande chaîne de solidarité. Au-
jourd’hui, nous sommes plus
d’une trentaine de "makers" or-
ganisés comme une petite entre-
prise. Il y a la prise de com-
mandes, la production et la ques-
tion de la livraison qui se fait
grâce aux bonnes volontés".
Jérémy Berland et Gilbert Bat-
tu, jeunes patrons de la société
" 3découverte ", installée dans le
quartier de la Valentine dans le
11e arrondissement de Marseille
"Problème de taille :
nous sommes
quasiment à court
de matière première."
ont eux aussi rejoint le mouve-
ment. " Dans cette période où la
vie semble s’être arrêtée, nous
voulions absolument faire avan-
cer les choses. Après avoir tra-
vaillé sur différents prototypes,
seuls de notre côté, nous avons
mis naturellement nos sept ma-
/ PHOTO DR
chines au service de cette opéra-
tion collective et mobilisé l’en-
semble de notre communauté,
détaille Jérémy Berland.
Désormais on peut compter
sur une cinquantaine d’impri-
mantes 3D pour arriver à pro-
duire un millier d’unités. Pro-
blème de taille : nous sommes
quasiment à court de matière
première ".
Pour assurer une production
à la hauteur des nécessités, tous
ont donc besoin de feuilles
translucides en PVC mais aussi
de PLA et de PETG, des fila-
ments de plastique indispen-
sables à la fabrication des diffé-
rentes pièces des visières de pro-
tection. " Il est de plus en plus
compliqué de se fournir, précise
Jérémy Berland. Et puis, il y a le
coût de cette matière première.
Nous sommes tous bénévoles et
évidemment on cherche des fi-
nancements ".
En dépit des difficultés logis-
tiques, le mouvement " visière
solidaire " continue à s’élargir, à
rassembler tous ceux qui es-
timent qu’au-delà du symbole
éminemment positif qui
consiste à applaudir depuis les
fenêtres tous les soirs à
20 heures, montrer son soutien
par des actes, est encore mieux.
" À l’heure actuelle, nous en
sommes à 1 600 commandes et
la situation ne cesse d’évoluer
Pour l’instant, nous avons pu li-
vrer 450 visières et c’est loin
d’être suffisant, précise Bastien
Ringès. Les appels à l’aide
viennent de partout. L’AP-HM
nous a par exemple demandé
plusieurs dizaines d’unités pour
le personnel des services de réani-
mation des hôpitaux de La Ti-
mone, de la Conception et Nord.
Pour nous aider à fournir ceux
qui sont en première ligne face à
l’épidémie, nous avons besoin
d’encore plus de moyens.
Aix-Marseille Université vient
de rejoindre notre initiative et
nous met à disposition 15 impri-
mantes 3D. On doit encore aller
plus loin ".
Éric PUECH
Tous ceux qui souhaitent aider le
mouvement peuvent prendre contact
avec Bastien Ringès 0 06 28 90 20 25
ou envoyer un message sur l’adresse
mail : visièresolidaire@gmail.com
d’avoir organisé ou pris
part à cette fête qui s’est
déroulée samedi soir à Is-
tanbul ont été placées en
garde à vue. Quatre d’entre
elles, dont le propriétaire
de la villa, ont été déférées
au parquet et les autres re-
lâchées. Selon les éléments
recueillis, quelque 80 per-
sonnes ont pris part à ce
rassemblement.
◗ ORBAN OBTIENT
DESPOUVOIRSQUASI
ILLIMITÉSENHONGRIE
Le parlement hongrois a
adopté hier un projet de loi
controversé permettant au
gouvernement de Viktor
Orban de légiférer par or-
donnances, dans un régime
d’état d’urgence sans du-
rée déterminée au motif de
lutter contre l’épidémie de
Covid-19. La loi, décriée par
l’opposition hongroise, a
été adoptée par 137 votes
pour, tandis que 53 dépu-
tés ont voté contre. Elle ins-
taure aussi jusqu’à cinq ans
de prison pour la diffusion
de " fausses nouvelles " sur
le virus ou les mesures du
gouvernement.
◗ DES CUBAINS
EN RENFORT
EN ANDORRE
Trente-neuf médecins et
infirmiers cubains sont arri-
vés hier en renfort en An-
dorre, à la demande de la
principauté, pour l’aider à
faire face à l’épidémie de
coronavirus, a indiqué le
ministère de la Santé. L’An-
dorre devient ainsi le
deuxième État d’Europe,
après l’Italie, à recevoir
l’aide directe de profession-
nels de la santé cubains.
L’île socialiste a mis en

Pain de Sucre et le masque-barrière sans couture place, de longue date, l’ex-

Un masque-barrière signé Pain de
Sucre, ça en jette non ? Même si l’heure
n’est pas à la frivolité, loin de là, la
chaîne de solidarité coordonnée par le
collectif de la filière textile "Fask" pour-
suit son incroyable aventure. La preuve.
Hier, c’est la maison Pain de Sucre,
membre de "Fask", qui annonçait s’être
75213
portation de services médi-
caux, qui constitue l’un des
moteurs de son économie.
Provençaux. " C’est juste de la découpe et marques célèbres comme HOM, Racer, ◗ LE PRINCE
il se plie en deux pour glisser un mou- Chewö, et des grands groupes comme
choir en papier à l’intérieur. Nous en AG2R ont répondu à l’appel lancé et CHARLES EST SORTI
avons parlé à un conseil de médecins qui œuvrent au côté du créateur Mimmo Ca- DE QUARANTAINE
l’a validé comme un masque-barrière. rabetta qui poursuit la fabrication des Le prince Charles, atteint
À ce jour, plus de 8 000 ont été distri- kits de masques-barrière. par le nouveau coronavi-
bués localement, à des hôpitaux, sa- Des milliers de masques en tissu, dont rus, est sorti de quaran-
peurs-pompiers, police municipale, CRS, une partie a reçu l’agrément de la DGA taine et se trouve en

lancée dans la création et la production
de masques en tissu anti-projections.
" On a vite réfléchi avec nos stylistes pour
créer un masque sans couture, ce qui
était primordial car la confection est à
l’arrêt ", expliquait ainsi Bernard Evans,
co-fondateur de la célèbre marque de
beach wear.
Plus de 8 000 pièces distribuées
" Nous avons la coupe automatique
dans nos ateliers ce qui nous permet d’al-
ler vite. Nous utilisons du lycra micro-
fibre ", une matière élastique qui permet
de glisser en un clin d’œil les boucles du
masque derrière les oreilles.
Un masque incroyablement ingé-
nieux, déjà validé par des centaines de
L’AVIS DES MÉDECINS
infirmières, ainsi qu’à des résidences de
patients polyhandicapés… Nous poursui-
vons la fabrication car nous avons énor-
mément de demandes ", poursuit Chris-
tian Keusseyan, également co-fonda-
teur de Pain de Sucre.
Campagne Ulule
et livraison
Un fabuleux élan solidaire de la part
de cette griffe exceptionnelle qui va
continuer sans relâche de produire ces
masques inédits. Et ne compte pas s’ar-
rêter en si bon chemin. " J’ai eu une
autre idée de masque ce matin, en papier
cette fois. Nous allons proposer un pa-
tron sur internet pour que tout le monde
puisse le faire à maison ", ajoutait Ber-
Cette création, en lycra microfibre,
sans couture permet d’aller plus vite
à la production. / PHOTO DR
nard Evans. L’élan collectif de "Fask"
prend ainsi de l’ampleur. 150 membres
sur son groupe Facebook, plus de
200 couturiers professionnels ou ama-
teurs inscrits sur la plateforme mise en
ligne sur fask.org. De Nice à Aix, des
LE CHIFFRE
(Direction Générale des Armées), sont "bonne santé", ont annon-
donc en production. " Nous avons aussi cé hier les services de l’héri-
récolté 25 % des fonds que nous souhai- tier de la couronne britan-
tions grâce à la campagne de finance- nique. "Clarence House
ment participatif sur la plateforme Ulule confirme que, après avoir
démarrée avant-hier ", se réjouit Jocelyn consulté ses médecins, le
Meire, à la tête du collectif Fask. " Désor- prince de Galles n’est plus à
mais, il faut que l’on trouve vite un parte- l’isolement", ont annoncé
naire qui prenne en charge la logistique les services de Charles,
de livraisons et récupération des kits ". Ce 71 ans.
pourrait être La Provence qui a décidé ◗ DES MÉDECINS
de prêter main-forte via la livraison du
journal au quotidien. POLONAIS EN ITALIE
Agathe WESTENDORP POUR AIDER ET
Vous voulez contribuer ? Infos S’INSTRUIRE
Quinze médecins
fask.org/couturiers-solidaires-du-sud
et sur FB Couturiers Solidaires du Sud. polonais ont quitté hier Var-
sovie pour aller aider leurs
collègues italiens, ont indi-
qué les organisateurs de
cette mission qui a égale-
ment pour objectif d’acqué-
rir de l’expérience, alors

Masques en tissu: "Mieux que rien" 480 000

Mieux vaut un masque fait maison que pas de
masque du tout : malgré le manque de certitude
scientifique, c’est ce que conseillent des médecins
au grand public, pas pour se protéger soi-même
du coronavirus, mais pour éviter de contaminer
les autres. " Ce n’est pas parfait, mais c’est beau-
coup mieux que rien ". Le Pr Cheng, spécialiste de
santé publique à l’université de Birmingham (An-
gleterre), juge cette protection collective d’autant
plus importante que dans le cas du coronavirus,
que le nombre des contami-
nations ne cesse d’augmen-
ter en Pologne. "Nous vou-
tout le monde peut être contagieux sans le savoir. lons regarder dans la
Pour autant, on n’a aucune certitude scientifique Le gouvernement espère atteindre, sous peu, le cap de 480 000 masques gueule de ce lion avant
en termes d’efficacité. " On ne sait pas bien si les non sanitaires produits chaque jour dans le pays, afin d’équiper les em- qu’il ne fasse apparition
masques faits maison réduiraient la transmission, ployés d’entreprises qui continuent à se rendre au travail. Une produc- dans notre pays. Nous se-
il y a eu très peu de recherche là-dessus", indique à tion qui s’appuie notamment sur l’industrie textile, a affirmé hier Agnès rons alors mieux préparés
l’AFP le Pr Benjamin Cowling, épidémiologiste à Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et à l’arrivée de l’épidémie", a
l’Université de Hong Kong. Toutefois les médecins des Finances. Hier, 85 prototypes de masques avaient été validés, propo- déclaré encore Pawel Szczu-
qui les recommandent insistent sur le fait que cela sés par 45 entreprises du textile à travers la France. Mme Pannier-Runa- cinski, psychiatre et pé-
ne doit pas faire oublier les gestes barrières, cher a assuré qu’il n’y aurait " pas d’encadrement des prix " pour ces diatre sur la page Facebook
comme le lavage des mains. produits, contrairement au gel hydroalcoolique. de la mission.
 Exemplaire de Perez Henri-Pierre [Email:hpmars@hpmars.com - IP:212.95.67.77]

6 LA CRISE DU CORONAVIRUS l’éco en Provence

La fermeture des marchés

ARTISANAT
Un plan régional d’urgence
inquiète les apiculteurs
pour faire face à l’épidémie
Renaud Muselier mobilise 1,4 milliard d’euros pour la solidarité et la relance

N e laisser personne sur le

À la crainte de ne pas pouvoir produire, faute de déplacement, a
succédé celle de ne pas pouvoir vendre, faute de marché. / PH C.H.
Ils ont très mal vécu les pre-
mières 48 h de confinement...
Jusqu’à ce que la Direction gé-
né ral e d e l’a limen tatio n
confirme leur liberté de dépla-
cement, au même titre que les
agriculteurs. Quoique rassu-
rés par cette annonce, les api-
culteurs, notamment en Pro-
bord de la route. Renaud
Muselier, président de
l’association Régions de France
et à la tête de Provence-
Alpes-Côte d’Azur, en a fait la
promesse. "Le temps n’est pas à
la polémique et aux petites
phrases. Nous sommes avec
l’État et au front pour lutter
contre le Covid-19 et soutenir
nos deux lignes : celle des person-
nels soignants et celle de nos en-
prix qui nous sont faites ne treprises avec leurs salariés".
sont pas celles qu’on pratique, Face au choc sans précédent
ça n’aide pas les petits produc- et imprévisible "qui en quatre
teurs.", poursuit Sylvain mois a mis 10 % des salariés en
Destre, apiculteur à Hyères. chômage technique quand la
Après avoir fait remonter les crise de 1929 avait mis qua-
inquiétudes de ses adhérents tre ans", les Régions ont donc ac-
et obtenu, aux côtés d’autres cepté d’abonder à hauteur de
organisations profession-

1,2 Md¤
vence-Alpes-Côte d’Azur, res- nelles, le sésame pour circuler,
tent préoccupés par la crise sa- l’Union nationale de l’apicul-
nitaire et son impact sur leur ture française (Unaf) s’est ain-
activité. "Heureusement, nous si positionnée hier pour la ré-
pouvons travailler, ce qui est ouverture des marchés alimen- C’est le montant
important car nous sommes en
pleine saison d’élevage et de
taires, "première source de reve-
nus pour une majorité d’apicul-
du volet relance. Renaud Muselier veut soutenir deux lignes de front : la santé et les entreprises. / PHOTO NICOLAS VALLAURI
transhumance des ruches. teurs", dans un courrier aux
Mais beaucoup d’apiculteurs pouvoirs publics et à l’associa- 250 millions d’euros (M¤) le fectés au plan Covid; 65 M¤, santé. 9,5 M¤ sont affectés à la lions. "Nous achèterons les cars
commercialisent leur miel sur tion des Maires de France. fonds de solidarité national de dont 47 M¤ d’aides directes de jeunesse et au sport, dont 2 M¤ et des trains innovants", martèle
les marchés, et leur interdic- Dans les Alpes-de-Haute-Pro- l’État doté de 1 milliard d’euros. la Région, aux entreprises. 5 M¤ pour le rapatriement des étu- Renaud Muselier, que la pandé-
tion les met dans une situation vence, sur dérogation préfecto- Dont 18 millions apportés par seront affectés à l’agriculture. diants à l’étranger. 35 M¤ sont mie ne fait pas renoncer au plan
délicate", explique Paul Bon- rale signée il y a quelques la Région Sud. Une mobilisa- Enfin, 42 M¤ issus des fonds eu- affectés à la culture avec le main- climat régional. "La Cop
naffé, apiculteur à Carpentras jours, 28 marchés vont pou- tion qui permettra aux très pe- ropéens ont été sécurisés afin tien des subventions votées et d’avance, elle reste notre fil
depuis trois décennies. "Les voir rouvrir. Les premiers tites entreprises contraintes de de faire face aux conséquences 21 M¤ iront au soutien des trans- conducteur". 88 M¤ iront aux
grandes surfaces nous ont appe- d’une longue série, espèrent baisser le rideau du fait des me- immédiates de l’épidémie. À ce ports. maires et aux intercommunali-
lés pour vendre nos produc- les apiculteurs. sures de confinement, de perce- paquet global s’ajoutent des re- tés, 50 M¤ auront pour objectif
tions, mais les propositions de M.DG. voir début avril une aide forfai- ports d’échéances, la suppres- Préparer la relance. C’est le gros l’éducation dans les lycées.
taire de 1 500 ¤. Elle pourra être sion des pénalités de retard et le morceau du plan global de 255 M¤ seront affectés "à la re-
À MARSEILLE, DES PANIERS SOLIDAIRES complétée d’une autre aide maintien des délais de paie- 1,4 milliard présenté hier. Car lance durable". 100 M¤ pour les
de 2 000 ¤ co-instruite par la Ré- ment sous 21 jours. L’objectif aux 227,5 M¤ de l’urgence, autoroutes du quotidien et
Du miel, mais aussi du café, du chocolat, des pâtisseries, des bo- gion et l’État dans le cadre en lien avec l’État, étant de tout s’ajoute 1,2 milliard d’investisse- 155,5 M¤ au titre de la transition
caux... C’est ce que l’on trouvera dans les paniers de "Mars", "d’une task force" appuyée sur faire pour sauvegarder la tréso- ments massifs. Un plan dont Re- énergétique. 100 M¤ iront égale-
pour Marseille artisans solidaires". Une plateforme qui sera des cellules de crise régionales. rerie des entreprises. naud Muselier explique "qu’il se- ment au système de santé et
mise en ligne demain, 1er avril (non, ce n’est pas une plaisante- ra débattu et qu’il y aura des ar- 20 M¤ au strict redémarrage éco-
rie), à l’initiative de deux entrepreneurs de la région, Julien Répondre à l’urgence. "La Ré- Être solidaire. "Pour ne laisser bitrages", avec sans doute un re- nomique. 17 M¤ issus d’un
Lions et Amélie Coulombe, pour faire vivre les artisans locaux gion prend sa part sans équi- personne sur le bord du che- cours accru à l’emprunt. fonds "post-Covid" devant ser-
malgré la crise. Y seront donc commercialisés des paniers gour- valent", insiste Renaud Muse- min", 103,5 M¤ sont mobilisés. Comment se répartira cette vir la relocalisation d’industries.
mands et solidaires multi-artisans, autour de différentes théma- lier dont le plan d’urgence tota- Les deux Creps d’Aix-en-Pro- enveloppe ? 900 millions iront Un plan qui, s’il demande à être
tiques : Pâques (45¤), puis Petit déj, Goûter, et Apéro (35¤ cha- lise 227,5 M ¤. Le gros de cette vence et de Boulouris offrent au service public avec au pre- affiné dans sa partie relance,
cun). La vente se fera en ligne, les paniers seront ensuite livrés enveloppe, 124 M ¤, va immédia- une capacité d’accueil pour mier chef, la modernisation des montre que le confinement
(à Marseille) les lundis et vendredis. ➔ Rendez-vous sur mars-solidaire.fr tement aller aux soignants et 190 SDF et 15 000 masques sont transports régionaux qui absor- n’enferme pas l’ambition.
aux entreprises. 12 M¤ sont af- à la disposition des réseaux de beront de l’ordre de 762 mil- Jean-Luc CROZEL

LA BOURSE lundi 30 mars 2020 GRANDE DISTRIBUTION

Les salariés de Carrefour inquiets
Légère accalmie Valeurs Regionales
L’annonce surprise d’un assouplissement Libellé Dern.€ var. veille var. 31/12
monétaire de la Banque populaire de Chine
n’a pas éclipsé les inquiétudes liées à la pan- Aquila - - - 13,04
démie. Les analystes de JP Morgan estiment Avenir Telecom 0,01 + 1,03 - 19,67
que le PIB mondial pourrait reculer de 10,5 %, Catering Intl Sces 6,7 - - 49,62
en rythme annuel, au premier semestre. CRCAM Alpes Prov.107,02 + 0,49 - 15,06 Le groupe Carrefour a annoncé la livrai-
Mais les marchés naviguent désormais à vue.
Ainsi, en baisse de 3,1 % en milieu de mati-
Custom Solutions 5 + 2,04 - 8,26 son des 2 millions de masques qu’il avait
Egide 0,64 + 4,92 - 23,99
née, le CAC 40 est parvenu à se raffermir. F.I.E.B.M. - - - 30,19 commandés, hier dans ses magasins.

c CAC 40
F.I.E.B.M. PF - - + 0,96 De quoi rassurer les salariés qui ne se
Global Ecopower 1,295 - 3,36 - 21,75
sentent pas toujours protégés. C’est le cas
75213

4378,51 pts à + 0,62 % High Co. 3,6 - 0,28 - 40,79

ID Logistic 146,6 - 2,91 - 18,74 notamment à l’hypermarché de Vitrolles,
Innate Pharma 5,5 + 15,11 - 7,72
Libellé
Accor
Dern.€
24,96
var. veille
- 4,95
var. 31/12
- 40,22 MG International 2,02 - 22,90 - 33,55
où une partie d’entre eux a souhaité faire va-
Air Liquide 112,6 + 5,33 - 10,78 Neocom Multimedia - - - 10,50 loir son droit de retrait, hier, après le
Airbus Grp 60,93 - 10,62 - 53,30 Smtpc 16,6 - 0,60 - 18,23
Arcelormittal 7,975 - 4,34 - 49,02 Spir Communic. 4,7 + 2,62 + 8,80
constat d’un cas de coronavirus avéré, au
Atos SE
Axa
60,02
15,346
- 2,72
- 0,93
- 19,24
- 38,88
Supersonics 1,5 + 0,67 + 3,16 rayon boucherie. "La direction ne commu-
BNP Paribas 28,25 - 5,44 - 46,53 TTI - - +173,20 nique pas suffisamment" estime Reda Lon-
Bouygues 27,53 - 2,76 - 27,32 Verimatrix 1,39 + 0,73 - 29,80
Cap Gemini 78 - - 28,37
gar de la CGT. Le groupe indique que le la-
Carrefour 14,21 - 0,25 - 4,95 SICAV ET FCP boratoire de boucherie a bien été nettoyé.
Credit Agricole 6,698 - 4,40 - 48,18
Danone 57,12 + 2,51 - 22,71
Libellé Valeur Liquidative date de VL
Mais les représentants du personnel es-
Dassault Systemes132,9 + 2,15 - 9,31 Caisse d'Epargne timent que plusieurs cas de coronavirus avé-
Engie 9,45 - 4,04 - 34,38 Ecureuil Act Europe 15,23 26/03/20
EssilorLuxottica 99,42 - 3,05 - 26,79 Ecureuil Invest. 53,28 26/03/20
rés ont été relevés dans le magasin, notam-
Hermes intl 639,8 - 0,81 - 3,96 ment un parmi les vigiles chargés de filtrer
Ecureuil Obli Euro T 284,81 26/03/20
Kering 481,5 + 0,42 - 17,72
L'Oreal 246,3 + 2,63 - 6,70 Ecureuil Obli Euro C 77,25 26/03/20 les entrées. "Il y a un climat anxiogène, les
Legrand 57,58 + 0,81 - 20,73 Ecureuil Profil 75 46,64 26/03/20
LVMH 350 + 2,44 - 15,50 Ecureuil Profil 90 38,74 26/03/20 salariés n’ont pas signé pour les commando
Michelin 76,48 + 0,69 - 29,90 LCL Marines" souligne Jean-Baptiste Pinelli res-
Orange 11,21 + 2,52 - 14,56 LCL Actions Euro 121,52 25/03/20
Pernod Ricard 130,75 + 0,62 - 17,97 LCL Actions France 203,58 25/03/20 ponsable syndical CFDT. Jeudi, les repré-
Peugeot 11,77 - 2,45 - 44,74 sentants du personnel ont d’ailleurs déclen-
Publicis Groupe
Renault
23,33
17,208
+ 2,06
- 4,01
- 42,20
- 59,20
Changes ché un droit d’alerte en CSE et en appellent
Libellé Dern.€ Préc.€ var. veille
Safran 84,9 - 2,41 - 38,32
Saint-Gobain 21,445 - 1,27 - 41,25 Etats-Unis USD 1,1015 1,1125 + 2,52 à la Direccte et aux préfets afin de préserver
Sanofi 80,51 + 4,56 - 10,17 Royaume-Uni GBP 0,8891 0,8939 - 4,36
Japon JPY 118,996 119,915 - 0,11
la sécurité des salariés, comme l’indique un
Schneider Electric 79,22 - 0,33 - 13,42
Societe Generale 15,436 - 5,06 - 50,23 Suisse CHF 1,058 1,0596 + 0,09 communiqué de presse de la CFDT service Hier matin, devant l’entrée du Carrefour de Vitrolles, des salariés font valoir leur droit de
Sodexo
STMicroelectr.
59,48
19,4
- 1,52
+ 4,95
- 43,70
- 19,07 Marché de l’or et commerce. retrait. / PHOTO DR
Thales 73 + 0,69 - 21,10 Libellé Dern.€ Préc.€ Si les représentants du personnel es-
Total 33,57 + 6,34 - 31,77 Lingot 50250 50880
Unibail-R/We 49,06 - 8,78 - 65,12 Napoléon 274,2 274,2
timent que le système mis en place au ni- le trop grand nombre de personnes dans le tion a fait des efforts, notamment en proté-
Veolia Environ. 19,725 + 4,23 - 16,81 Pièce 20 Dollars 1760 1775 veau des caisses permet de protéger les cais- magasin, tout comme à Carrefour Le Mer- geant les caisses avec des vitres en plexiglas
Vinci 73 + 1,90 - 26,26 Pièce 10 Dollars 885 885
Vivendi 18,18 - - 29,59 Pièce 50 Pesos 1949 1940 sières de tout contact avec le public, ils dé- lan à Marseille. ou en renforçant les équipes des agents de
Worldline 54,05 + 0,56 - 14,41 Souverain 375 370 noncent le manque de gel hydroalcoolique, Une vidéo, prise samedi, a circulé ce sécurité à l'extérieur, le syndicat estime
Retrouvez toutes les valeurs de la bourse sur notre site internet masques et gants ou encore l’absence de week-end sur les réseaux sociaux. Dans les qu'il faudrait aller plus loin. "On réclame au-
www.laprovence.com, rubrique « Économie-Bourse ». possibilité de travailler de nuit pour la mise allées du Carrefour Merlan, à Marseille, on jourd'hui des masques pour tout le person-
en rayon, afin d’éviter les contacts avec le voit des clients se croiser, leurs chariots rem- nel, martèle Yoann Nezri. On voudrait da-
OR I 969297 public. plis, sans respecter les consignes en vigueur vantage de gel hydroalcoolique et il faudrait
C.R.A.M.P NVE
STIS
S EME
Hier le magasin était ouvert, mais un cer- à propos des distances de sécurité. Ce qui aussi que les distances entre les gens soient
Depuis 1985 - Agréé Banque de France
NT tain nombre de salarié ont donc fait valoir provoque la colère de certains salariés. "On vraiment respectées à l'intérieur du maga-
Achat / Vente pièces or lingots leur droit de retrait. Carrefour, sollicité à accueille encore trop de monde en même sin. Sans parler des renforts de nettoyage, un
plusieurs reprises, n’a pas souhaité donner temps, il est difficile de faire respecter les secteur qui devrait pouvoir intervenir de ma-
www.cramp.fr sa position sur cet exercice du droit de re- règles de sécurité", déplore Yoann Nezri, élu nière permanente."
7, rue Nazareth - AIX-EN-PROVENCE - 04 42 38 28 28 trait. Leurs représentants dénoncent aussi CGT de l'hypermarché. Même si la direc- Philippe FANER et M.-C. BÉRENGER
 Exemplaire de Perez Henri-Pierre [Email:hpmars@hpmars.com - IP:212.95.67.77]

LA CRISE DU CORONAVIRUS l’éco en Provence 7

La filière de la cosmétique
984814

mobilisée pour produire du gel

Leurs lignes de production se sont adaptées, tout comme les producteurs d’alcool agricole
ET AUSSI
O n a fait quelques modifi-
cations et on s’est appro-
visionné en matières pre-
mières", résume Thibaud Per-
rin, le P.-D.G. du groupe de cos-
◗ BANCAIRE
La Caisse d’épargne
Cepac fait une dotation
métique Arthes basé à Grasse
de 200 000 ¤ à l’IHU
C’est Joël Chassard, pré-
pour expliquer comment, du
sident du directoire de la
jour au lendemain, son entre-
banque, qui vient de l’an-
prise familiale de fabrication de
noncer. La Caisse d’épargne
parfums a dédié deux lignes à la
Cepac a décidé de doter l’In-
production de gel hydroalcoo- titut hospitalo-universi-
lique. "La pharmacie de l’hôpi- taire (IHU) Méditerranée
tal de Grasse nous a épaulés et a Infection de Marseille à hau-
pris le lead pour distribuer aux teur de 200 000¤, dans une
hôpitaux, ajoute le dirigeant, démarche "d’aide à la re-
c’est un moyen de maintenir l’ac- cherche et aux soins" au bé-
tivité, 75 % de notre chiffre d’af- néfice "d’un acteur de notre
faires s’est effondré notamment territoire mondialement re-
avec la fermeture des magasins connu, à l’avant-garde de la
de parfums à l’étranger". recherche, du dépistage et
Selon la Febea, le syndicat des soins, en infectiologie".
des industriels de la cosmé- Une dotation qui intervient
tique, une quarantaine d’entre- dans un contexte particu-
prises du secteur en France se lier, puisque l’IHU et son mé-
sont ainsi tournées vers le be- diatique directeur, le pro-
soin en gel hydroalcoolique, ex- fesseur Didier Raoult, se
trouvent au cœur d’une po-
lémique qui divise la com-
"60 % de l’alcool munauté politique et scien-
tifique, au sujet de l’hy-
agricole est droxychloroquine, médica-
habituellement ment actuellement utilisé
pour traiter certains pa-
destiné au carburant." tients atteints du coronavi-
Dans la société familiale Arthes à Grasse, deux lignes dédiées à la production du gel hydroalcoolique ont été créées. / PHOTO DR rus.

ponentiel depuis le début de
l’épidémie ; la consommation
est passé de 48 000 litres par
jour, à 550 000 litres aujour-
d’hui ! Si les leader comme
LVMH ou L’Oréal ont rapide-
ment communiqué sur leur vo-
lonté de participer à l’effort na-
tional, tout comme L’Occitane
dans la région, ou encore Per-
nod Ricard qui a fait don d’al-
cool pour alimenter cette fi-
lière, une myriade d’acteurs
moins connus ont rapidement
mis à contribution leurs équipe-
ments. Comme la PME Pharma
and beauty, qui produit dans
son usine de Signes, condi-
tionne à Saint-Chamas et an-
nonce une capacité
de300 tonnes mensuelles, en as-
sociant aussi ses sites de Nevers
et Montélimar. Toutes dis-
posent d’un équipement Atex,
autrement dit d’une habilita-
tion à manipuler de l’alcool.
"Nous les accompagnons notam-
ment sur la réglementation, sur
les modèles d’étiquettes", sou-
ligne Anne Dux, responsable
des Affaires scientifiques et ré-
glementaires de la Febea, qui a
aussi mis en relation le tissu in-
dustriel avec les hôpitaux ou en-
core facilité l’accès aux ma-
tières premières, comme l’al-
cool.
Et là encore, c’est toute une fi-
lière qui s’est tournée vers le be-
soin créé par l’épidémie. Celle
des producteurs d’alcool agri-
cole, fabriqué à base de bette-
rave, maïs et blé, que l’on re-
trouve dans l’éthanol à la
pompe, mais aussi dans une
foule d’alcools aux usages di-
vers (à brûler, ménager, par-
fum, pastis...) dont le fameux
gel hydroalcoolique, constitué
à plus de 70 % d’alcool. "Avant
la crise le gel hydroalcoolique re-
présentait seulement 1 % de nos
débouchés, à présent on serait
plutôt sur 5 voire 10 %", ex-
plique Sylvain Demoures le se-
crétaire général du Syndicat na-
tional des producteurs d’alcool
agricoles. Pour autant ce spécia-
liste n’est pas inquiet.
Presque spontanément, les
stock ont été réorientés, et pas
seulement ceux de l’industrie
du parfum. "Habituellement
60 % de la production d’alcool
agricole est destinée au carbu-
rant mais actuellement les gens
n’utilisent plus leurs voitures
donc on estime qu’il reste au-
jourd’hui 40 % de la production
non utilisée", analyse le secré-
taire général. Avec une capacité
de production de 5 millions de
litres par jour, la filière expor-
tait en outre jusqu’à présent
30 % de la production. Et le be-
soin pour le gel hydroalcoo-
lique ne serait que de
500 000 litres par jour. La ma-
tière première est donc abon-
dante, il a juste fallu modifier
les modes de distribution, pour
livrer parfois des PME qui n’ont
pas de cuves prévues à cet effet
dans des fûts, et en plus petites
quantités que les clients hab-
tuels de ces usines de transfor-
mation des protéagineux en al-
cool. Reste la glycérine, elle aus-
si indispensable à l’élaboration
du gel hydroalcoolique. Là en-
core, la filière des protéoléa-
gnieux, qui alimentent les bio-
carburants (comme le colza),
est mise à contribution. "C’est
un co-produit du biodiesel",
souligne Sylvain Demoures.
Par le biais de la Febea, l’asso-
ciation France Chimie est aussi
sollicitée.
Une nouvelle chaîne s’est
mise en place, qui pourrait bien
durer au-delà de l’épidémie si
de nouvelles habitudes d’hy-
giène persistent, avec la sortie
du confinement. "Nos équipes
ont été galvanisées par le projet,
cela a redynamisé la société, on
en sortira plus fort", témoigne
d’ores et déjà Thibaud Perrin.
Marie-Cécile BÉRENGER
◗ INNOVATION
Deux Provençaux
dans le projet "Swac",
sur l’île de La Réunion
Climatiser le centre hospita-
lier universitaire Sud de
l’île de la Réunion grâce à
l’eau de mer, c’est "une pre-
mière mondiale". C’est aus-
si l’objectif du projet ambi-
tieux, baptisé "Swac" pour
"Sea water air conditio-
ning". Aux commandes de
ce dispositif innovant, qui
vise à réduire l’impact éner-
gétique du CHU, se trouve -
entre autres - Bardot
océan, filiale de Bardot SA,
PME innovante basée à La
Ciotat, spécialisée dans les
polymères utilisés dans
l’offshore pétrolier et la réa-
lisation de projets d’éner-

Geodis et l’industrie textile accélèrent la distribution de masques

gies thermiques marines
renouvelables. Et pour se
faire accompagner sur le
C’est une première aussi pour le trans- tion ses laboratoires pour conduire des plan juridique, c’est un cabi-
porteur Geodis, filiale de la SNCF, qui tests afin de retenir un certain nombre de net d’avocat de la région
avait déjà acheminé des masques vers les prototypes, sous l’égide de l’Agence natio- que Bardot a choisi, à sa-
pharmacies. Cette fois-ci le spécialiste de nale de sécurité du médicament et des
voir Racine Marseille.
logistique va les chercher en Chine, au produits de santé (ANSM). Une première ◗ HOMMAGE
75213

rythme de 2 400 m³ transportés par se-
maine, soit quatre vols assurés par deux
Antonov 124 qu’a affrétés la compagnie.
"Nous nous y sommes pris dix jours à
l’avance car la problématique était
d’avoir la disponibilité des avions, au mo-
ment où la production sortirait des usines
en Chine", explique Stéphane Cassagne,
le directeur général distribution et ex-
press de la la filiale de la SNCF, mission-
née dans le cadre d’une commande pu-
blique dont Geodis est titulaire pour les
"85 prototypes proposés
par 45 entreprises
dont une en région Sud,
la Marseillaise Fil rouge."
achats de l’État. "Pour l’instant cela
concerne quasi exclusivement des
masques FFP2 et chirurgicaux", ajoute le
responsable.
Le premier cargo s’est envolé depuis
l’aéroport de Shenzhen en Chine. Conte-
nant 8,5 millions de masques, il est arrivé
en France hier via l’aéroport de Paris-Va-
try. Un second vol est prévu cette se-
maine pour acheminer 13 autres millions
de masques.
Ce sont les collaborateurs de Geodis en
France et en Chine, qui ont chargé et dé-
chargé la cargaison. Le surcoût de la mis-
sion, lié à l’affrètement des avions, sera
Les collaborateurs de Geodis chargent et déchargent, en France et en Chine,
les cargaisons des deux Antonov 124 que le transporteur a affrétés.
facturé à l’État, précise encore le direc-
teur général. Les camions de Geodis ache-
minent les masques de l’aéroport vers les
entrepôts de l’Agence de santé publique,
charge à elle de faire appel à un transpor-
teur pour alimenter hôpitaux et pharma-
cies. Geodis pourrait également être char-
gée de cette mission puisqu’elle avait dé-
jà livré 27 millions de masques à 137 hôpi-
taux. La filiale de la SNCF dispose en
outre actuellement de 1 500 chauffeurs
sur les routes. "Il n’y a plus de contact phy-
sique avec les clients lors des livraisons et
nous les avons dotés de kit avec savon, eau
et gel hydroalcoolique", précise Stéphane
/ PHOTO DR
Cassagne dont les équipes peuvent aussi
être amenées à livrer du gel hydroalcoo-
lique produit par certains de leurs
clients, vers des hôpitaux. Outre la voie
de l’importation, Agnès Pannier-Runa-
cher, secrétaire d'État auprès du ministre
de l'Économie et des Finances, a annon-
cé hier le lancement de deux nouveaux
types de masques, à la suite d’un travail
de recherche et développement conduit
sous l’impulsion de son ministère, qui a
permis de mobiliser toute la filière du tex-
tile français. Un cahier des charges a ain-
si été élaboré par la Direction générale de
l’armement (DGA), qui a mis à disposi-
catégorie de masques, destinée aux per-
sonnes en contact avec le public, comme
les caissières de supermarché, filtre au
moins 90 % de particules de trois mi-
crons. Une deuxième catégorie s’adresse
aux salariés qui doivent travailler de ma-
nière rapprochée entre eux et filtre au
moins 70 % des particules de trois mi-
crons. "Oui ces masques protègent sinon
ils n’auraient pas été validés par l’ANSM",
a précisé hier la ministre lors d’une confé-
rence de presse.
Plus de 150 entreprises et groupe-
ments d’entreprises ont d’ores et déjà
proposé des solutions qui ont fait l’objet
de tests conduits par la DGA, conduisant
à la validation hier de 85 prototypes pro-
posés par 45 entreprises dont une en ré-
gion Sud, la Marseillaise Fil rouge qui fait
notamment partie de l’association régio-
nale de la filière, "Fask". "Cela représente
une capacité de production de
480 000 masques par jour" a précisé la se-
crétaire d’État, dont la moitié serait desti-
née aux services publics. Cette capacité
est en outre démultipliée par le fait que
certains sont réutilisables après lavage (à
60º avec séchage mécanique et repassage
à 130º), cinq fois au moins. Enfin la mi-
nistre a rappelé la présence de quatre en-
treprises productrices de masques FFP2
et chirurgicaux en France, qui seront ai-
dées à "monter en cadence", tandis que
l’importation sera facilitée, en s’ap-
puyant sur un réseau de 150 acheteurs
privés.
M.-C.B.
Le monde économique
pleure Jean-François
Cesarini
Confinement oblige, c’est
sur le réseau social Linke-
dIn que les grands acteurs
du monde économique font
affluer les hommages à
Jean-François Cesarini. Le
député vauclusien est décé-
dé ce week-end des suites
d’une longue maladie. Yves
Faure, président du pôle de
compétitivité avignonnais
Terralia-Pass a ainsi souli-
gné : "Nous garderons de lui
le souvenir et les images de
son sourire, de sa joie de
vivre, de son dynamisme,
de sa combativité, de sa cha-
leur humaine, de sa compas-
sion, de son altruisme et de
sa droiture morale." La
French tech Avignon Vau-
cluse et son accélérateur
The Bridge ont quant à eux
exprimé leur tristesse de
voir disparaître "un ami et
un ambassadeur" : "Sans
son énergie et sa volonté
farouche, notre écosystème
n'aurait pas reçu le label
French tech." L’agence Vau-
cluse Provence attractivité
a également présenté ses
condoléances.
 Exemplaire de Perez Henri-Pierre [Email:hpmars@hpmars.com - IP:212.95.67.77]

8 LA CRISE DU CORONAVIRUS Mardi 31 Mars 2020

www.laprovence.com

Comment limiter contagion

Limiter la contagion et
les poussées de fièvre:
tel est le double objectif
des ordonnances prises
en fin de semaine
dernière par la ministre
de la Justice dans le
cadre de la loi Covid-19.
Pour contrebalancer les
mesures de
confinement, dont la
redoutée suppression
des parloirs, la libération
anticipée de détenus
malades ou en fin de
peine a donc été actée.
Entre Luynes et les
Baumettes plus de 300
sont d’ores et déjà
concernés, alors que des
incidents avaient éclaté
ces derniers jours,
faisant redouter un
scénario "à l’italienne"
avec de sanglantes
mutineries. Dans le
même temps, on y entre
moins: 30 incarcérations
en moyenne par jour en / PHOTO SERGE MERCIER

France au lieu de 200 en

temps normal.

"À Luynes, la priorité des priorités

est l’encellulement individuel!"
Les juges d’application des peines ont entamé une course contre la montre pour faire chuter la surpopulation carcérale

B enoît Vandermaesen est pre- sion. Nous avons donc bricolé dans pulation carcérale. Mais cela n’a pas ❚ Tous les détenus bénéficient-ils de
75213

mier vice-président au tribunal
judiciaire d’Aix-en-Provence
chargé de l’application des peines et
délégué du Syndicat de la Magistra-
ture (SM).
❚ Depuis la suppression des parloirs,
quel est le climat au centre péniten-
tiaire de Luynes ?
"Il y a eu une petite crise isolée et vite
calmée sur le centre de semi-liberté. À
l’intérieur du centre de détention
(Luynes 1 et Luynes 2 NDLR), il y a des
tensions par moments mais gérées. La
direction est à l’écoute. De notre côté,
nous avons fait une note à l’attention
des détenus pour leur expliquer com-
ment nous allions procéder pour accé-
lérer les sorties. Il était important de
faire une annonce positive pour les ai-
der à prendre leur mal en patience.
❚ Quelle est la priorité à Luynes qui
comptait quelque 1 100 détenus
condamnés avant la crise ?
La priorité des priorités est l’encellule-
ment individuel ! Nous devons arriver
à descendre en dessous des 100% d’oc-
cupation. Nous étions à 130% avant
les mesures prises dans le cadre du
confinement il y a quinze jours. Nous
avions donc pris les devants en atten-
dant les ordonnances de la ministre.
❚ Comment ?
Nous avons été immédiatement
conscients qu’il fallait libérer la pres-
notre coin, en maintenant notam-
ment les commissions d’application
des peines (CAP), qui se réunissent
une fois par semaine, afin d’accorder
les réductions de peine de 3 mois en
cas de bon comportement.
Nous ne tenons plus compte de la par-
ticipation aux divers ateliers puisque
"Après les 50 de ces quinze
derniers jours, 115 détenus
en fin de peine sortiront
cette semaine."
BENOIT VANDERMAESEN
tout a été supprimé. Une cinquan-
taine de détenus en fin de peine ont
été remis dehors ces quinze derniers
jours, ainsi qu’une vingtaine sur la
soixantaine que compte le centre de se-
mi-liberté, avec une procédure simpli-
fiée, sans débat, qui nécessite seule-
ment l’accord du procureur.
❚ Les ordonnances prises en fin de se-
maine dernière par la ministre
vont-elles vous faciliter la tâche ?
L’association des juges d’application
des peines, dont je fais partie, avait ré-
clamé un décret de grâce collectif.
Nous voulions des mesures radicales
pour faire chuter au plus vite la surpo-
été fait… La ministre a pris ses respon-
sabilités mais à moitié. Ces ordon-
nances vont, certes, permettre d’accé-
lérer les choses, mais la juxtaposition
de mesures peut les rendre plus com-
pliquées.
❚ Quelles sont ces mesures ?
Il y en a quatre. La première soumet à
la seule autorisation du Parquet tous
les reliquats de peine de moins de
deux mois. La seconde est l’octroi de
réductions de peine supplémentaires
exceptionnelles jusqu’à deux mois,
liées à l’épidémie. La troisième est de
favoriser les libérations sous
contrainte, avec un examen automa-
tique aux deux tiers de la peine, et la
dernière est la conversion en travail
d’intérêt général (TIG) ou en
jours-amendes, les reliquats de peine
de six mois… tout en suspendant l’exé-
cution car le TIG, par exemple, en ce
moment, ce n’est pas possible.
❚ Comment allez-vous les articuler ?
L’urgence est de faire sortir les deux
mois de reliquat de peine. Nous allons
donc prioriser la première mesure,
plus simple et plus rapide. Dans la se-
maine, 115 détenus vont en bénéfi-
cier. Dans un second temps, dans le
cadre des CAP, nous allons étudier les
remises de peine supplémentaires, les
remises de peine supplémentaires ex-
ceptionnelles puis les libérations sous
contrainte dont on peut anticiper les
Pour Benoît Vandermaesen,
"l’urgence est de libérer la
pression". / PHOTO V.V.
sorties.
❚ Quitte à être confiné chez soi, pour-
quoi ne pas recourir plus largement au
bracelet électronique ?
On ne pose plus de bracelet. Matériel-
lement c’est impossible car les SPIP ne
veulent plus de contact.
Ceux qui doivent les enlever pendant
la période de confinement recevront
des instructions pour couper la sangle
eux-mêmes et renverront le matériel
après.
ces mesures ?
Non, sont exclus de ce dispositif les dé-
tenus condamnés pour terrorisme ou
violences conjugales. Les autres
doivent justifier d’un hébergement et
ne pas avoir d’interdiction de séjour.
Mais si le confinement est violé, ils se-
ront réintégrés. Enfin, on verra com-
ment… Par ailleurs, ces mesures
concernent surtout les "fin de peine"
mais les autres condamnés pourront
aussi bénéficier des réductions de
peine supplémentaires. Il n’y a pas de
raison qu’ils en soient privés, eux aussi
ont subi des conditions de détention
particulières.
❚ Votre service fonctionne-t-il au com-
plet pour endiguer toutes ces sorties ?
Normalement, nous sommes censés
être sept JAP mais il en manquait déjà
deux avant la crise. Et moi, je suis confi-
né d’office.
Je passe une fois par semaine, par un
chemin détourné pour ne croiser per-
sonne, afin de signer les décisions. Le
plus compliqué pour nous est l’articu-
lation entre les services et les res-
sources humaines disponibles. Mais
nous sommes soulagés de la prise de
conscience.
L’idée de l’urgence à libérer les déte-
nus en fin de peine a mis du temps à
être entendue par les chefs de juridic-
tion et les politiques mais c’est fait".
Recueillis par
Laetitia SARIROGLOU
 Exemplaire de Perez Henri-Pierre [Email:hpmars@hpmars.com - IP:212.95.67.77]

Mardi 31 Mars 2020

www.laprovence.com dans la région 9

et poussée de fièvre en prison

161 DÉTENUS DES BAUMETTES LIBÉRÉS CES DEUX DERNIÈRES SEMAINES
Des sorties qui font chuter la tension
Aux Baumettes aussi, les libéra-
tions de détenus ont commencé.
58 libérations la première se-
maine, 103 la semaine dernière,
soit au total 161 détenus concer-
nés à ce jour. Pour des délits mi-
neurs et des fins de peines évidem-
ment, les faits criminels, de terro-
risme ou de violences conjugales
étant exclus du "profil" des libé-
rables. "Aux Baumettes, cela a per-
mis de soulager le quartier des arri-
vants, qui est de 60 places, qui était
monté à 110 et qui est naturelle-
ment grossi tous les jours par le flot
des incarcérés issu du tribunal judi-
ciaire de Marseille", témoigne Ca-
therine Forzi, délégué FO des Bau-
mettes. Un nombre de libérations
qui pourrait encore augmenter
avec les bonnes conduites et les re-
mises de peines exceptionnelles.
Des "arrivants" moins
nombreux
Pour Khalid Belyamani, délégué
CGT des Baumettes, "le phéno-
mène qu’on observe surtout
jusque-là, c’est une forte baisse du
nombre d’arrivants." Moins d’au-
diences pénales, moins de défère-
ments, autant dire moins
d’écrous. Moins d’arrivants, donc
Moins d’arrivants, donc moins de tension aux Baumettes, ne cachent
pas les surveillants.
moins de tension aux Baumettes,
ne cachent pas les surveillants,
même si, pour l’heure, tout s’y est
plutôt bien passé, sans incident
majeur. Pour lui, c’est cette se-
maine seulement qu’on va com-
mencer à réellement prendre la
mesure des libérations: "Dans les
greffes, ils commencent à peine à re-
/ PHOTO VALÉRIE VREL
censer ceux qui font partie des libé-
rables". "Et puis, insiste Khalid Be-
lyamani, si on veut vraiment confi-
ner les cas suspects de coronavirus,
il faut vraiment faire de la place.
On ne pourra le faire que si on dis-
pose d’une aile vide ou d’un étage
disponible. Sans place, on ne pour-
ra pas faire d’isolement sanitaire."
Pour l’heure, les quatre cas positifs
des Baumettes ont été adressés à
l’UHSI (Unité hospitalière sécuri-
sée interrégionale), l’unité spéciali-
sée de l’hôpital Nord.
"Moins de tension
en détention"
"Pour nous, évidemment, les libé-
rations ont fait diminuer la tension
en détention. Du coup, c’est plutôt
mieux pour les personnels péniten-
tiaires", argumente Christophe
Buono, délégué Baumettes du syn-
dicat SPS. Il estime pour sa part à
une dizaine chaque jour le
nombre de détenus qui devraient
recouvrer la liberté, au gré des ré-
centes ordonnances ministé-
rielles. "Cela tombe plutôt bien,
parce que les surveillants commen-
çaient à fatiguer et avec le Co-
vid-19, ils travaillent dans le
stress", insiste Christophe Buono.
Les personnels ont aussi reçu en
fin de semaine des masques chirur-
gicaux, ce qui devrait, selon lui,
améliorer encore l’état des
troupes, "même si on a un masque
par jour et par personne et qu’il
n’est pas toujours facile de faire res-
pecter la distance barrière".
Denis TROSSERO

À LA MAISON CENTRALE D’ARLES À L’ÉTABLISSEMENT POUR MINEUR

Plus difficile à vivre
pour les longues peines
Parmi les prisons des
Bouches-du-Rhône, celle d’Arles
est un cas à part. Cet établisse-
ment ultra-sécurisé est une mai-
son centrale, et il n’en existe que
six dans le pays. Derrière les
hauts murs et les miradors sont
rier, secrétaire local de la CGT.
Pour l’instant, les détenus ne
posent pas de problème, ils sont
installés dans la durée ici, mais il
suffirait d’une étincelle pour que
ça s’embrase." Une étincelle,
craint le syndicaliste, qui pour-
Quelques mesures assouplies
et un suivi pédagogique
Au sein de l’Établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de La Valen-
tine qui a une capacité d’accueil de 59 jeunes détenus, âgés de 13 à 18 ans,
actuellement 34 mineurs sont hébergés. Si le personnel administratif est en
télétravail, "les agents en charge de la surveillance sont présents en rotation,
mais leur nombre est suffisant pour assurer leur mission", indique-t-on du
côté de la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Marseille.
Comme dans tous les centres de détention, les parloirs ont été supprimés
mais des mesures compensatoires pour le maintien du lien avec les familles

Les détenus n’ont

enfermés des détenus condam- rait être provoquée par le Co- ont été mises en place. Un crédit téléphonique a été octroyé à chacun des
nés à de très longues peines, ou vid-19. "On nous a fait travailler détenus pour appeler leurs proches depuis leur cellule. Proches qui
jugés sensibles. Ici, ce n’est pas le sans masques, que l’on a reçus eux-mêmes peuvent leur laisser des messages. Les éducateurs assurent égale-

pas droit au gel

danger de la surpopulation carcé- seulement samedi", déplore Bru- ment le lien avec les familles.
rale qui guette, et l’établissement no Ferrier. Ce que confirme la di- Pour l’accès à la télévision déjà gratuit à l’EPM, "les mesures ont été assou-
n’est pas franchement concerné rection interrégionale des ser- plies et il n’y a plus de mesures de restrictions horaires". Les jeunes détenus

hydroalcoolique
Plus de visite, plus d’activité, plus de travail, plus
de consultation psy… En détention, la crise du Co-
vid-19 c’est la double peine. Si la ministre de la Jus-
tice vise, par le biais des ordonnances prises en fin
75213
par les mesures de la garde des
Sceaux, qui ont pu conduire à des
libérations anticipées dans
d’autres prisons (lire par
ailleurs).
Non, ce que l’on craint du côté
des syndicats, c’est que la crise ac-
tuelle ne vienne perturber le pré-
caire équilibre qui règne au sein
vices pénitentiaires de Marseille,
qui précise que le port de masque
était autorisé seulement en cas
de contact avec des détenus po-
tentiellement infectés, avant que
la mesure ne soit généralisée.
"On travaille avec l’angoisse de
choper le virus, ajoute le syndica-
liste. Et si on a des cas avérés dans
ont le choix entre plusieurs possibilités pour se dégourdir les jambes : "Ils
peuvent soit bénéficier de deux promenades par jour - une le matin, une
l’après-midi - limitées à cinq personnes dans le respect des distances et des
gestes barrières ; soit une promenade et une activité sportive dans un lieu
non confiné comme le permettent les équipements sportifs du centre ; soit
encore une promenade et une activité jardinage dans le potager de l’établisse-
ment, selon les mêmes règles sanitaires".
Enfin, la directrice des
enseignements est en lien

de semaine dernière, la libération anticipée de
5 000 détenus en fin de peine ou malades, pour
Charline Becker, coordinatrice sud-Est de l’OIP, "ce-
la reste très insuffisant." "Comment faire respecter
les mesures de distanciation sociale lorsqu’ils sortent
tous ensemble en promenade, font du sport à l’exté-
rieur, ou sont encore à trois ou quatre dans des cel-
lules ?, alerte-t-elle. Sans compter l’accès aux soins,
déjà compliqué en temps normal, alors en période
de pandémie… " Si les masques et le gel hydroalcoo-
lique tardent à pénétrer les prisons, ils sont réservés
aux seuls surveillants. "Les détenus n’ont pas droit
au gel car l’alcool est interdit, déplore-t-elle. Par
crainte que certains l’avalent, peut-être… " Des par-
ties de bâtiment sont réservées au confinement en
cas de suspicion de contamination d’un détenu
mais très souvent il n’y a pas de test…
Si ces libérations anticipées ont pour objectif de
freiner la propagation dans ces milieux clos, elles
sont aussi destinées à étouffer l’embrasement qui
couve depuis la suspension des parloirs pas tou-
jours comprise. "On m’interdit de voir mon fils mais
les plateaux-repas sont tripotés par beaucoup de
monde avant d’être livrés. C’est un véritable nid à mi-
crobes", déplore une maman. "Ils ont donné un cré-
dit de 40¤ pour téléphoner à sa famille mais aux Bau-
mettes, une seule cabine fonctionne et le combiné
n’est pas désinfecté après chaque appel", relève un
détenu. "Les cas de Covid, c’est à cause des matons.
C’est eux qui le font rentrer en prison, assène un
autre. Et nous, on nous met tous ensemble pour faire
du sport ! C’est n’importe quoi. Pour éviter d’être
contaminé, certains préfèrent rester dans leur cellule
toute la journée. Quelques-uns vont finir par péter
les plombs. Ne plus voir sa famille, c’est une chose,
mais c’est surtout qu’il n’y a plus de shit. Et en pri-
son, le shit ça permet de passer le temps… " L.S.
de la centrale d’Arles, où chacun les prochaines semaines, cela veut quotidien avec l’EPM. "Elle
des détenus est placé en cellule dire qu’ils seraient rentrés par du se rend sur place tous les
individuelle, pour des raisons évi- personnel, et du coup le dialogue vendredis pour rencontrer
dentes de sécurité. Comme dans et la confiance instaurés avec les les mineurs individuelle-
tous les établissements, les pro- détenus disparaîtront." ment et leur remettre à cha-
menades ont été aménagées, "Il y a eu un manque d’anticipa- cun un dossier pédago-
avec un nombre restreint de déte- tion total de notre hiérarchie, une gique avec les envois indivi-
nus, et les visites ont été suppri- absence de moyens de protection, duels des enseignants qui
mées. Mais pour des longues abonde Thomas, secrétaire local leur seront renvoyés et cor-
peines, cela peut être plus diffi- de l’UFAP. Le risque, c’est que le vi- rigés. Ils ont été très sen-
cile à vivre qu’ailleurs. "Ce qui les rus apparaisse en prison, alors sibles à ce travail préparé à
fait tenir, ce sont les parloirs, les que le port de masques était de- leur attention. Elle leur a
unités de vie familiales qui per- mandé par les agents, mais aussi également conseillé de te-
mettent de garder le contact avec par les détenus !" nir un journal de bord." L’EPM de La Valentine accueille
leurs proches, souligne Bruno Fer- Christophe VIAL N.C. actuellement 34 mineurs. / PHOTO ARCHIVES LP
DÉTENTION PROVISOIRE
Une augmentation des demandes de mise en liberté
Si la ministre souhaite la libération anticipée de la cour d’appel d’Aix où ils décident de façon collé- est de 3 mois. On comprend, ils ont été submergés.
certains détenus condamnés, en revanche elle a af- giale, soit à trois, la plupart du temps en visio… si Mais il faut faire attention à rester dans des délais
firmé son opposition "à une mesure générale vi- le matériel fonctionne. "Déjà qu’on avait du mal à raisonnables", prévient l’avocat. Côté magistrat,
sant à libérer toutes les personnes en détention gérer l’ensemble de ces demandes en temps nor- soumis au plan de continuité d’activité (PCA) de-
provisoire" (pas encore jugées, NDLR). Soit, 30 % mal, là, cela devient vraiment compliqué d’autant puis le début de la crise, certains regrettent une
de la population carcérale. Du coup, c’est au cas qu’il y a un vrai enjeu, confie un juge. Si on ne sta- présence encore trop "massive" à la cour. "Beau-
par cas que les juges doivent trancher, en s’organi- tue pas dans les délais, le détenu est remis dehors coup sont confinés, en télétravail mais il est diffi-
sant au mieux car ce contentieux est inévitable- d’office." Entre le délai pour examiner l’appel --15 cile de se connecter, souligne un juge. Il y a des
ment en hausse du fait des strictes mesures de jours--, celui de validité du titre de détention bugs. Il aurait fallu geler ce contentieux afin de
confinement. D’abord, le juge des libertés et de la même s’il a été prolongé… et les effectifs dispo- supprimer ces audiences et casser ainsi la chaîne
détention. "Mais la façon de procéder n’est pas la nibles pour statuer, l’exercice relève de la haute de contamination." Un texte existe : il permet de
même en fonction des juridictions, observe un pé- voltige. "Si le détenu encourt une peine inférieure sortir des délais sans statuer en visant "les circons-
naliste aixois. À Marseille, les débats devant le JLD à 5 ans, sa détention provisoire est prolongée de 2 tances insurmontables et imprévisibles". Dans les
ont été annulés, à Aix, ils se font toujours mais en mois, sans débat, lequel est reporté ultérieure- maisons d’arrêt déjà sous pression, il n’aurait pas
visio." Puis, ceux de la chambre de l’instruction de ment. Si la peine est supérieure à 5 ans, ce délai forcément été apprécié… L.S.
 Exemplaire de Perez Henri-Pierre [Email:hpmars@hpmars.com - IP:212.95.67.77]

10 LA CRISE DU CORONAVIRUS à Marseille

À CARREFOUR LE MERLAN
Le personnel inquiet Pour Pâques, les chocolatiers
Au moment où les salariés de
Carrefour Vitrolles ont fait va-
loir leur droit de retrait suite à
deux cas avérés de coronavirus,
des inquiétudes pointent à Mar-
coup plus loin dans les direc-
tives. "On réclame des masques
pour tout le personnel, martèle
Yoann Nezri. On voudrait da-
vantage de gel hydroalcoolique
tentent de redresser la barre
seille du côté de Carrefour Le et il faudrait que les distances Si certains ferment leurs portes, d’autres développent les livraisons à domicile

Merlan (14e). Toujours à propos
du manque de sécurité du per-
sonnel en poste dans les hyper-
marchés, point sensible sur le-
quel les syndicats sont depuis
plusieurs jours en alerte.
Une vidéo tournée samedi a
circulé, pendant le week-end,
sur les réseaux sociaux. Dans
les allées du Carrefour Le Mer-
lan, on y voit des clients se croi-
ser, leurs chariots remplis, sans
respecter les consignes en vi-
gueur à propos des distances
de sécurité. Ce qui provoque la
colère de certains employés.
"On accueille encore trop de
monde en même temps, il est dif-
ficile de faire respecter les
règles", déplore Yoann Nezri,
élu CGT de l’hypermarché.
Même si la direction a fait des
efforts, notamment en proté-
geant les caisses avec des vitres
en plexiglas ou en renforçant
les équipes des agents de sécuri-
té à l’extérieur, le syndicat es-
time qu’il faudrait aller beau-
ZOOM SUR le marché aux poissons
entre les gens soient respectées à
l’intérieur du magasin. Sans par-
ler des renforts de nettoyage, un
secteur qui devrait pouvoir inter-
venir de manière permanente".
Dans un communiqué, le
groupe Carrefour fait savoir
qu’il "renforce sans cesse les me-
sures de protection de ses
équipes". Deux millions de
masques ont d’ailleurs été ré-
ceptionnés dimanche soir sur
le sol français. Ils sont actuelle-
ment en cours de répartition
dans l’ensemble des entrepôts
et magasins de l’enseigne. La se-
maine dernière, le PDG de Car-
refour, Alexandre Bompard,
avait fait savoir aux salariés en
magasins, entrepôts et drives,
qu’une prime de 1 000 euros
leur serait accordée. Le syndi-
cat CGT lui reproche aujour-
d’hui de tenir un double dis-
cours, "un pour les médias et un
autre pour les directeurs de ma-
gasins".
Ph.F.
C
’est l’une des fêtes les
plus gourmandes du ca-
lendrier. Une fête em-
preinte de légèreté, d’espoir sy-
nonyme de renaissance et de
renouveau… Mais cette année,
Pâques risque d’avoir un goût
un petit plus amer que sucré.
Quelques jours seulement
après avoir garni leurs vitrines
d’œufs, poules, lapins, cloches
ou autres poissons en tout
genre, l’annonce du confine-
ment tombait. "Et c’était catas-
trophique pour nous. Nous
avions déjà tous nos moulages
réalisés, et tous nos stocks
étaient livrés", confie Magalie,
responsable adjointe chez Dro-
mel Ainé (9e).
Si le magasin n’a pas fermé
"Il n’y a même plus
le petit marché qui
pouvait générer
quelques clients". Les vitrines des chocolateries sont bien garnies mais l’essentiel des ventes se fait en livraison
à domicile et ne laisse pas la place aux achats impulsifs. / PHOTO DR

ses portes, la fréquentation,
elle, est en chute libre. "C’est
pire qu’un mois de juillet ou
qu’un mois d’août. Depuis
quelques jours, il n’y a même
plus le petit marché qui pouvait
générer quelques clients. Et puis
les gens n’ont pas la tête à ça.
Pour leurs courses, ils vont à l’es-
sentiel. Ils vont en grande sur-
face. Et fatalement, ils en profi-
teront pour faire des achats de
Pâques et consommer des choco-
Sur le Vieux-Port, les pêcheurs vendent depuis leur lats industriels", reconnaît la
bateau. Pour pouvoir maintenir leur activité, tout en respectant les chocolatière qui s’attend à une
mesures de sécurité liées à l’épidémie de Covid-19 et, notamment, les baisse d’activité de 80% sur
règles de distanciation sociale, les pêcheurs du Vieux-Port vendent, cette période… et de nom-
désormais, directement leurs poissons depuis leur bateau. Fini les breuses pertes. Car "même si
étals pittoresques sur le quai de la Fraternité, l’heure est à la pru- on peut refondre le chocolat car
dence. / PHOTO GILLES BADER il reste bon, on aura perdu du
temps, de l’énergie et de l’argent
puisqu’on a fait appel à du per-
sonnel supplémentaire pour se
préparer à cette fête", sou-
ligne-t-elle.
Alors, pour tenter de minimi-
ser ces pertes inéluctables, une
grande partie des chocolatiers
ont développé un système de li-
vraison à domicile. Chez cer-
tains, comme Puyricard, c’est
par échange de mails que se
passe la commande. Pour
d’autres, il était indispensable
de maintenir un lien, au moins
téléphonique, avec la clientèle.
Entre deux leçons qu’elle dis-
pense à ses enfants, Cécile Cha-
vret, gérante de la boutique
Léonidas, située à Saint-Gi-
niez (8e), reçoit les com-
mandes. "J’ai mis en place un
renvoi d’appel pour pouvoir
être tout le temps joignable. Évi-
demment, cela ne va pas empê-
cher notre chiffre d’affaires de
baisser. Je suis certaine de
perdre au moins 50% des
ventes. Ça va faire mal, Pâques
et Noël sont les deux événe-
ments de l’année à ne surtout
pas manquer pour nous".
Livraison l’après-midi et ou-
verture le matin, c’est le même
mode de travail qu’a choisi Au-
drey Lucchinacci, gérante du
magasin Jeff de Bruges, à
Saint-Barnabé (12e), pour arri-
ver à écouler ses quelque
800 kg de chocolats de Pâques.
"Je dois maintenir mon activité.
J’ai pris cette boutique il n’y a
que six mois du coup, je ne suis
pas éligible à certaines aides de
l’État comme le report de crédit,
alors il faut limiter la casse". De
13 h à 20 h, Audrey sillonne les
rues marseillaises, dépose les
paquets sur le palier de ses
clients qui ont pu payer à dis-
tance puis repart. Pas de
contact, pas de discussion, pas
d’échange… "tout l’inverse du
métier de commerçant",
lâche-t-elle.
De son côté, L’espérantine
(2e) a conçu en quelques jours
une toute nouvelle gamme de
produits à base de chocolat et
de biscuits, solide et donc par-
faitement expédiable, pour per-
pétuer la traditionnelle chasse
aux œufs… de Pâques.
Laura CIALDELLA

INITIATIVES SOLIDARITÉ
Les camping-cars au service des soignants
Indigo: des parkings gratuits pour les soignants
Le groupe Indigo a décidé de faire un geste en direction des soi-
gnants. "Le stationnement leur est désormais offert dans l’intégrali-
té des parkings Indigo de l’Hexagone durant toute la durée du confi-
nement", indique-t-il dans un communiqué. Selon le groupe pri- "Il y a eu les taxis de la Marne
qui ont transporté des hommes
vé, "cette gratuité est valable pour l’ensemble du corps médical
d’une brigade pour les amener
(pharmaciens, sages-femmes, chirurgiens-dentistes et médecins)
au front en 1914. Aujourd’hui,
qu’ils exercent en tant que salariés ou en libéral, ainsi qu’au person-
il y a les camping-cars de
nel soignant, aides soignant(e) s et tous les agents techniques em-
France pour aider le personnel
ployés par les hôpitaux".
soignant dans cette guerre sani-
➔ Pour en bénéficier, il suffit de télécharger l’application OPnGO et d’adresser un justificatif
t ai r e " , r é s u m e G u y - A n g e
75213

(carte CPS, CPF, numéro RPPS, attestation employeur…) par mail, à contact@opngo.com.
Quang, ex-fonctionnaire de po-
lice fraîchement retraité. Son
JCDecaux annonce la gratuité de l’abonnement à idée ? Appeler les propriétaires
ses services de vélo pour les personnels soignants de camping-cars à mettre gra-
Pour faciliter les déplacements des personnels soignants, JCDe- cieusement leur véhicule à dis-
caux leur offre un abonnement d’un an à ses systèmes de vélo en position des professionnels de
libre-service partout en France, la fréquentation des stations la santé. "On pourrait les instal-
proches des hôpitaux restant soutenue, comme à proximité de ler sur le parking de l’hôpital ce
La Timone et de l’hôpital Saint-Joseph. Pour bénéficier de cet qui permettrait à ceux qui tra-
abonnement gratuit, il suffit d’adresser un justificatif, attestant de vaillent sans relâche de pouvoir
son activité de professionnel soignant, par mail à contact.cycloci- se reposer, faire une sieste,
ty@jcdecaux.com, en précisant la ville concernée. La personne re- prendre une douche, un café…
quelques heures dans la jour-
cevra en retour un code à usage unique, valable douze mois. Pour
les soignants ayant déjà un abonnement, le code leur permettra de
renouveler leur abonnement gratuitement pour un an.
"J’invite tous les
PORTAGE DE REPAS Marseillais intéressés
Le centre communal d’action sociale continue par notre démarche,
d’assurer le service à domicile à nous rejoindre." Ce sont de véritables chambres mobiles qui pourraient être prêtées au personnel hospitalier afin de
Même s’il a dû fermer ses lieux accueillant du public, le centre leur permettre un moment de répit. / PHOTO DR
communal d’action sociale (CCAS) reste au plus près des Mar-
seillais les plus fragiles et les plus âgés. Le CCAS continue de propo- née", explique-t-il. de Lyon et le centre hospitalier répondu", confie Marion Woi- personnel", explique-t-elle.
ser son service de portage de repas à domicile, Domi’resto. Ce ser- Diffusée sur les réseaux so- de Bayonne. Lundi dernier, ils rhaye, cofondatrice de Wiki- Quant à François Singer, fonda-
ciaux, l’initiative a été partagée nous ont demandé si on pou- campers basée au Pays Basque teur de la chaîne Youtube Cam-
vice permet de bénéficier d’un repas quotidien livré à domicile
par de nombreux internautes. vait leur prêter des véhicules. mais qui rassemble des cam- ping-cars.tv, il apporte lui aussi
pour les seniors les plus fragiles et isolés. Pour tout renseignement
"Les gens semblent très motivés Évidemment, nous avons accep- peurs de la France entière. son soutien à l’idée, tout en se
et demande de prise en charge, contacter le 04 86 94 47 00 ou le mais malheureusement, bien té puis nous avons voulu aller C’est pourquoi, "j’invite tous demandant "s’il n’était pas
04 84 52 52 20. Les personnes bénéficieront donc de repas équili- que sollicitées, les autorités encore plus loin dans cette dé- les Marseillais qui seraient inté- mieux de mettre à disposition
brés à domicile sans avoir besoin de sortir, respectant ainsi le confi- n’ont pas manifesté leur inté- marche. Alors nous avons ressés par cette opération à se les véhicules vides, installés sur
nement demandé. Au-delà du portage de repas, le CCAS de Mar- rêt", assure le retraité. contacté toutes les Agences régio- manifester et à nous rejoindre. les parkings des concession-
seille assure une veille sociale téléphonique renforcée auprès des De son côté, la plateforme de nales de santé pour leur faire Nous nous mettrons ensuite en naires actuellement fermés".
seniors qui le souhaitent afin de s’assurer qu’ils vont bien en cette location de camping-cars entre part de notre volonté et pour relation avec les hôpitaux du dé- Laura CIALDELLA
période. Pour bénéficier gratuitement de cette veille, contactez le particuliers Wikicampers a elle qu’elles nous fassent remonter partement pour savoir s’ils sont
CCAS par le site internet www.ccas-marseille.fr rubrique contac- aussi lancé l’appel. "Nous les besoins. Mais pour l’heure, intéressés par la mise à disposi- Contact Guy-Ange Quang 06 11 75 10 00
tez-nous. avons été contactés par le Samu aucune d’entre elles ne nous a tion de camping-cars pour leur et solidarité@wikicampers.fr
 Exemplaire de Perez Henri-Pierre [Email:hpmars@hpmars.com - IP:212.95.67.77]

LA CRISE DU CORONAVIRUS à Marseille 11

La cyberattaque subie par la Le cri de colère d’une SA VOITURE A ÉTÉ FRACTURÉE

Ville bloque les statistiques infirmière dévalisée D’un geste rageur qui
tranche avec sa pratique portée
La carte des décès quotidiens ne peut être mise à jour dans le département sur l’écoute et le don de soi, l’in-

C
firmière marseillaise a quitté
’est une tache blanche en Sur cette carte de l’Insee qui son masque, soupiré bruyam-
bas à droite, sur la carte indique le nombre de décès du ment, et trempé sa plume dans
de France. Une "tache 1er au 16 mars 2020, rapporté au l’aigre. S’avouant "épuisée" par
blanche qui rend fou", écrivait nombre de décès enregistrés du ses interminables tournées, pas
samedi sur son blog Sophie Ca- 1er au 16 mars 2019, moins de 32 patients à soulager
mard, la tête de liste du Prin- le département des au quotidien, dont plusieurs
temps marseillais dans le pre- Bouches-du-Rhône est le seul à sur la corde raide car souffrant
mier secteur de Marseille. Cette demeurer blanc. de cancers pulmonaires, So-
tache, c’est le département des