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sous la direction de
Vieri Tarchiani et Maurizio Tiepolo
Risque et adaptation climatique
dans la Région Tillabéri, Niger
africaines Série Géographie
Pour renforcer les capacités d’analyse et d’évaluation
Etudes africaines
Série Géographie
ISBN : 978-2-336-308493-0
28 €
SOUS LA DIRECTION DE
Vieri Tarchiani et Maurizio Tiepolo
© L'HARMATTAN, 2016
5-7, rue de l'École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-08493-0
EAN : 9782343084930
Chapitre 10
Analyse du risque d’inondation à Niamey, Niger27
1. Introduction
27
Ce chapitre est réalisé avec des informations tirées de l’Atlas des ressources
locales (Braccio et Tiepolo 2014), qui a été produit par le projet EuropeAid
127763/C/ACT/TPS, et intégrées par des données géomorphologiques,
météorologiques et hydrologiques collectées dans le cadre du projet
ANADIA-Niger (Direction Générale pour la Coopération au Développement-
Ministère Italien des Affaires Étrangères). Les auteurs remercient Katiellou
Gaptia Lawan et Moussa Moujaimini (Direction Nationale de la Météorologie
du Niger), Abdourhamane Daouda (Ministère de l’Hydraulique et de
l’Assainissement), Harouna Mato (Institut Géographique National du Niger)
pour les informations, Abdou Adam et Maiga Harouna (Ville de Niamey)
pour les informations et les visites des lieux, Alessandro Sotrios d’Acquisto et
Elena Ferro pour la photo-interprétation des champs et des habitations dans
les zones inondées.
28
Sarah Braccio, urbaniste PhD et chargé de recherche au DIST-Politecnico et
Université de Turin, est l’autrice des paragraphes 4 et 5,
sarah.braccio@polito.it
29
Maurizio Tiepolo, professeur d’Aménagement urbain et planification
territoriale au DIST-Politecnico et Université de Turin, est l’auteur des
paragraphes 1, 2, 3, 6, 7 et 8, maurizio.tiepolo@polito.it
233
2007), en estimant tantôt les classes principales de récepteurs
(Mbaye et al. 2004 ; Bello et al. 2014), tantôt la quantité de
population affectée (Mendelshon et al. 2010, Oriola et al. 2012,
Mutanga et al. 2013). Seulement un nombre limité de grandes
villes dispose d’une véritable cartographie du risque
d’inondation (Ponte 2014 ; CREDEL 2010 ; Diallo 2009), qui
d’habitude est limitée à un seul aléa sans estimer les dommages
potentiels. Parmi les principales raisons de ces lacunes il y a
sans doute un déficit d’information : bases de données (BD)
fragmentaires ou trop brèves pour caractériser le CC (Tiepolo
2014a), manque d’enregistrements de la profondeur des eaux,
de la durée de submersion, des dommages selon les récepteurs
exposés. Une autre raison est la tendance à utiliser des modèles
hydrologiques et hydrauliques dans la cartographie des
inondations : une approche qui demande des temps longs et qui
rarement engendre des produits dont peuvent s’approprier les
administrations locales au sud du Sahara.
Cependant, il est possible d’analyser le risque, même avec
un nombre limité d’informations, si elles sont convenablement
croisées, et déterminer les zones où ce risque est plus élevé sur
une cartographie préliminaire du risque pour permettre
l’évaluation des mesures de réduction du risque.
Le but de ce chapitre est celui d’effectuer une analyse du
risque inondation au moyen d’un nombre limité d’informations
et de méthodes simplifiées fonctionnelle à la prise de décisions.
Le cas choisi est Niamey (1 million d’habitants, 123 km2), parce
que depuis 2010 cette grande ville a été inondée 4 fois par le
fleuve Niger et elle a subi la destruction et l’endommagement
de milliers de maisons et la perte d’une large partie de la
production agricole urbaine et périurbaine. Ces évènements
coïncident avec une augmentation des précipitations extrêmes et
de leur apport au cumul pluviométrique annuel après 2000 par
rapport aux décennies précédentes (Panthou et al. 2014) dans le
nord-est du Burkina Faso, à la tête des bassins hydrographiques
des affluents de droite du fleuve Niger en amont de Niamey
(Gorouol, Dargol, Sirba). Après les inondations de Niamey,
Bechler-Carmaux et al. (2000) a réalisé une carte de la
vulnérabilité aux inondations fluviales qui estimait la
population et les grands équipements exposés à inondation.
234
Trois cartes d’inondation ont été produites plus récemment, qui
déterminent la zone submergée (SERTIT 2012a, 2012b ; OCHA
2012) et la profondeur des eaux (ABN/CRA 2007). Cependant,
aucun d’entre ces outils n’est fonctionnel à la prise de décisions
parce qu’ils n’analysent pas le risque.
Au contraire, ce chapitre propose une vraie analyse du
risque, dont le but est celui de produire un outil d’aide à la
décision sur les mesures de réduction du risque catastrophe
(RRC). Les données, gérées dans un SIG et visualisées dans des
cartes préliminaires, ne permettent pas exemple d’estimer les
dommages potentiels en termes monétaires par rapport auxquels
les mesures de réduction doivent être avantageuses.
Aux pages suivantes nous introduirons (ii) la méthodologie,
(iii) l’aléa, (iv) les zones inondables, (v) les dommages, (vi) le
risque, (vii) l’utilisation de la carte préliminaire du risque, (viii)
les conclusions.
2. Méthodologie
235
reconstruction ou le remplacement du bien, des pertes
d’exploitation pour les activités industrielles et commerciales,
des pertes indirectes comme le loyer, les frais de recasement,
les frais supplémentaires, etc.» (MEDD, ONRN 2012). Les
deux composantes sont liées dans l’équation R = A * D
(UNISDR 2011 ; UNDP 2010 ; Marzocchi et al. 2009).
La zone inondable par débordement du fleuve est déterminée
selon un scénario de haute et de moyenne probabilité. La haute
probabilité correspond à une crue de 580 cm à l’échelle
limnimétrique de Niamey (qui correspond à une cote de 175 m)
telle qu’elle s’est produite le 29 août 2012. Ce jour-là la crue a
été observée à l’aide d’une image satellite radar TerraSAR-X,
de laquelle le SERTIT a obtenu une carte des superficies
inondées (SERTIT 2012a, 2012b). Ce scénario suppose la tenue
des berges et l’endiguement de la crue. Au contraire, le scénario
de probabilité moyenne suppose que les berges cèdent comme il
s’est passé le 22 août 2012 lorsque la crue a atteint 617 cm à
l’échelle limnimétrique de Niamey. Étant donné que nous ne
disposons d’aucune image au moment des PHEC, nous avons
estimé le niveau de crue en projetant la cote PHEC sur un MNT
créé à partir des courbes de niveau des cartes IGN 1 : 20 000 et
1 : 50 000 (IGN 1978 et 1980) avec un intervalle de 2,5 m.
Cependant, nous avons considéré la pente du fleuve : 16 cm/km
en amont du pont Kennedy, 7 cm/km en aval (ABN, CRA 2007 :
2), c’est-à-dire à hauteur des limites actuelles de la zone bâtie le
long du fleuve (6 km en amont et 6 en aval du pont Kennedy)
cotes de 713 cm et 575 cm (par rapport à l’ échelle limnimétrique
de Niamey). Nous avons donc situé le plan d’eau à moitié entre
ces deux extrêmes, c’est-à-dire à 686 cm à l’échelle
liminimétrique de Niamey. Cela crée au pont Kennedy un plan
d’eau qui dépasse de 69 cm la cote PHEC et qui sera considéré
dans cette étude comme un scénario de moyenne probabilité
d’occurrence, car, selon le principe de précaution, il devrait
nous mettre à l’abri des fautes dues à l’écart entre MNT et
profil réel du sol (figure 1). Par conséquent, nous avons
considéré la cote 580 et la cote 686 cm. Les périmètres inondés
à ces deux côtes permettent de déterminer 2 zones de
profondeur des eaux : 0-1 m et supérieure à 1 m.
236
Figure 1 : Niamey. Cote des scénarios d’inondation fluviale
237
Figure 2 : Le fleuve Niger à Niamey le 16 décembre 2015 (photo Tiepolo)
238
construction d’un module de 4 x 6 m à un étage en briques de
ciment et d’un module en banco plus salle de bains et cuisine.
Dans les zones inondables l’habitation peut se composer d’un,
deux ou quatre modules que nous avons pris en compte. Les
coûts de construction sont déduits du bordereau réalisé par
Zaneidou (2013) pour le Fonds International pour le
Développement Agricole (FIDA) qui, à son tour, repose sur le
prix national de référence fixé par le gouvernement le 15
janvier 2012.
Pour les cultures (figure 2) le dommage est calculé à partir
des rendements moyens par hectare et des prix par kg (2008-
2012) du mil et du riz à Niamey (RN, MF, INS 2013a), en
supposant pour ces cultures le même comportement du blé, qui,
comme on le sait (Förster et al. 2008 : 314), ne résiste à aucune
submersion supérieure à un jour.
Nous n’avons pas estimé les dommages au contenu des
bâtiments, aux infrastructures urbaines, aux véhicules, à la perte
de ventes et à l’interruption de la production, les dommages
relatifs aux coûts de nettoyage, ni les dommages immatériels.
Les récepteurs et les coûts de construction évoluent
continûment. En deux années seulement dans la zone inondée
20% des maisons écroulées ont été reconstruites. Les prix des
matériaux de construction sont soumis à des hausses
considérables d’une année à l’autre. Pour ces raisons, l’analyse
du risque devrait être mise à jour périodiquement.
3. Aléa
239
Le 17 juin 2002 est un exemple d’inondation pluviale (68
mm) à haute probabilité d’occurrence (49%). Pour les
inondations fluviales la référence est le débit annuel maximal
(m3/s) du fleuve Niger tel qu’il a été enregistré à Niamey de
1945 à 2015. Le niveau de 580 cm (2 105 m3/s) qui a été atteint
le 29 août 2012 sera très probablement (10%) atteint à l’avenir.
Le niveau de 617 cm (2 477 m3/s) atteint par le fleuve Niger le
22 août 2012 est à moyenne probabilité d’occurrence (1,4%).
Les scénarios les plus probables ne menacent ni les bâtiments,
ni les cultures et ils ne produisent aucun dommage.
L’inverse de la période de retour (probabilité qu’une
inondation se répète dans l’année suivante) de la pluie ou du
débit annuel maximal (figure 3) exprime l’aléa dans l’équation
du risque. Pour l’inondation pluviale la valeur est 0,49, alors
que pour les inondations fluviales très probable et
moyennement probable les valeurs sont 0,1 et 0,01
respectivement. La ville de Niamey présente une plus grande
probabilité d’inondation pluviale que fluviale. Dans le premier
cas, la durée dépasse rarement un jour, tandis que dans le
deuxième cas elle peut atteindre les deux semaines.
Dans le cas d’inondation fluviale, la ville est exposée à deux
crues. Jusqu’à 2005 l’inondation fluviale plus importante s’est
toujours produite durant la saison sèche, suite à l’arrivée de la
crue de la Guinée (janvier-février). Une crue plus faible pendant
la saison humide est provoquée en cas de précipitations
importantes et elle est dénommée crue locale ou rouge, en
raison de la matière en suspension transportée par le
ruissellement sur des sols latéritiques de la zone. Au cours des
10 dernières années le débit de la crue locale a dépassé celui de
la crue guinéenne 5 fois sur 10 (ABN 2015).
Le changement a été éclatant en 2012, 2013 et 2015 avec des
crues en saison humide sensiblement supérieures à la crue
durant la saison sèche (figure 4).
240
Figure 3 : Niamey-aéroport, 1946-2015. Pluie maximale annuelle (haut)
et débit maximal annuel (bas) selon le temps de retour (DMN, MHA)
241
Figure 4 : Niamey, 2006-2015. Crue locale (gris) et crue guinéenne (noir)
242
Pour augmenter la signification de l’analyse on peut avoir
recours aux précipitations tri-horaires (EMMA 2012). Cette
analyse montre que l’inondation catastrophique de 2012 à
Niamey a été précédée par des précipitations intenses dans les
bassins de rive droite en amont de la capitale à la veille de
l’événement (figure 5). Le pic de crue du mois d’août coïncide
avec la maturation des cultures pluviales et avec le repiquage
des plants de riz (Sido 2011). L’inondation à ce moment
critique détruit les cultures.
À ce point, il reste à évaluer l’éventualité d’une coïncidence
d’inondation pluviale et fluviale. Si on considère les trois plus
grandes inondations du passé, on remarque qu’en 1970, 2012 et
2013, dans les 4 jours qui précèdent le pic de crue il n’y avait
pas eu de pluie importante à Niamey.
En 1970 le niveau de crue était atteint très lentement avec un
pic qui durait de 2 (1967) à 6 jours (1970). Au contraire, en
2012 et en 2013 le régime fluvial a changé et le pic est atteint
durant la saison des pluies, il dure un jour seulement, il est
atteint plus rapidement et il est accompagné de précipitations
locales modestes, inférieures à 18 mm (figure 6). Jusqu’à
présent, la coïncidence d’inondation ne s’est pas produite, mais
à l’avenir elle pourrait se produire si le régime du fleuve reste
celui des 5 dernières années. Il est donc utile de considérer tous
les deux aléas.
4. Zones inondables
243
cm
800
590 617 605
600
400
200 119
0
26-30/1/1970 18-22/8/2012 26-20/8/2013 Jours
244
Tableau 1 : Niamey, 2014. Inondation selon probabilité d’occurrence
*
+3 Ha en cas d’effondrement des berges.
245
Figure 7 : Niamey, 2014. Zones inondables par débordement du fleuve
avec profondeur d’eau (a) 0-1 m, (b) 1 m et plus (après Braccio)
5. Dommages
246
Figure 8 : Courbe de dommage pour bâtiments à un étage sans sous-
sol (haut) et à plusieurs étages sans sous-sol (bas) (sources : Davis et
al. 1992 ; NFIP 2013)
La partie bâtie inclut les lots qui n’ont pas encore été bâtis et
qui, en cas d’inondation pluviale, sont exposés à érosion et
endommagement du mur d’enceinte. La partie bâtie comprend
aussi plus de 8 000 habitations en matériaux durables et
habitations en semi-dur et en banco à un étage, des écoles qui,
en cas d’inondation, risquent de perdre leur fonction de premier
247
accueil des sinistrés ou restent simplement inhabitables si les
salles sont formées de paillottes.
Bien que cette zone ait été ravagée par l’inondation du 22
août 2012 et par celle du 30 août 2013, la reconstruction a été
rapide. Les maisons ont été reconstruites tantôt en banco, un
matériau peu coûteux mais résistant à l’eau, tantôt sur une dalle
en béton armé. L’obstination à rester dans le même site
inondable s’explique par le manque d’alternatives si proches du
centre-ville (à peine 4 - 6 kilomètres du Grand marché).
S’installer dans la banlieue, à la recherche d’un nouveau lot,
entraînerait une dépense importante et un éloignement de 10
kilomètres et plus du centre-ville.
Selon le scénario très probable, la superficie bâtie inondable
suite à débordement du fleuve est de 4 815 m2
Le dommage potentiel s’élève à 0,6 millions d’euros. Selon
le scénario moyennement probable la superficie bâtie inondable
est de 333 665 m2 et la valeur du dommage potentiel des
bâtiments est de 36,8 millions d’euros (tableau 4).
6. Risque
248
Tableau 4 : Niamey, 2015. Risque d’inondation fluviale selon deux
scénarios et profondeur d’eau (m) sur le récepteur bâti
249
Figure 9 : Niamey, 2014. Carte préliminaire du risque d’inondation
fluviale pour le bâti selon les deux profondeurs de l’eau (après Braccio)
250
les trois quarts concentrés dans le 5e arrondissement (27,5 M
euro).
Le coût du recasement des habitants s’articule sur plusieurs
postes : expropriation du terrain nécessaire à tracer 8 000 lots
dans une zone non périphérique, embryon de maison, eau
potable, égouts, réseau d’électricité et écoles. Le recasement
coûte au moins 113 millions d’euros, outre les infrastructures et
l’expropriation des terrains. Il s’agit d’un chiffre important pour
une ville qui, en 2012, n’avait qu’un budget d’investissement de
9 millions d’euros (RN, VN 2013). Une condition que le
gouvernement n’a pas à l’heure actuelle serait nécessaire : le
contrôle strict des constructions abusives, pour éviter qu’elles
occupent à nouveau les zones inondables après le recasement.
Au contraire, la réalisation de 15,5 km de berges pour
protéger les zones inondables, en laissant seulement les champs
exposés à l’inondation, vaut la peine si elle coûte moins des
dommages potentiels aux bâtiments existants (27,3 millions
d’euros), soit 1 761 euro/ml ou 1,16 M FCFA/ml).
Une quantité de mesures intermédiaires sont possibles, de
l’alerte précoce aux plans de contingence, à la préparation, aux
entrées relevées des habitations, aux latrines surélevées, etc.
(Tiepolo 2014b).
L’estimation qui est proposée ici est actuellement la
meilleure possible dans le cadre des outils rapides d’aide à la
décision : la zone inondable, les récepteurs et leur valeur
peuvent être estimés d’une manière plus adéquate en ayant
recours, par ordre d’importance, à un MNT plus précis, à une
courbe de dommage qui se réfère à Niamey, à l’évaluation de
l’impact ruissellement-dommage, à la mise à jour des
dommages d’après le système d’information sur les marchés
agricoles et l’indice des prix. Tout système d’information a
comme point de départ un embryon à développer par la suite, ce
qui était le but du présent chapitre.
8. Conclusions
251
au mois d’août et crue guinéenne (pic annuel) entre janvier et
février s’est invertie en 2006, 2010, 2012 (PHEC des 70
dernières années), 2013 et 2015, suite à des précipitations
particulièrement intenses sur les bassins hydrographiques à
partir des rivières Sirba, Gorouol, Dargol (90 540 km2) qui
confluent dans le fleuve Niger en amont de la capitale. La
plupart de ces bassins se trouve au Burkina Faso sud-oriental.
Au cours des 34 années qui précèdent le 22 août 2012 à Niamey
le fleuve avait été tranquille, sans jamais dépasser 1 940 m3/s de
débit (544 cm à l’échelle limnimétrique). Entre-temps, la zone
bâtie était passée de 43 à 123 km2, occupant aussi la plaine sur
la rive droite. Le débordement du fleuve en 2012 (617 cm à
l’échelle limnimétrique) a fait «liquéfier» 10 556 maisons en
banco et a inondé 5 861 maisons en matériaux durables, en
provoquant 84 259 sinistrés (RN, VN 2012 : 4).
Le nouveau régime du fleuve Niger à Niamey exerce
également un impact sur les cultures (mil) et sur les cultures
irriguées (riz, jardins). Autrefois, au mois d’août la plaine sur la
rive droite restait sèche, les cultures en sec étaient en maturation
et on effectuait le repiquage des plants de riz dans les
concessions de l’ONAHA qui étaient protégées par des berges.
Le pic du 22 août 2012 a inondé ces zones et l’eau y est restée
pendant un mois, en détruisant les cultures.
Les inondations pluviales sont responsables de dommages
moins importants : les zones où les eaux pluviales séjournent
sont peu nombreuses et, en large partie, non habitées.
Cependant, Niamey a atteint un seuil critique, car presque
tous les terrains plats, sans risques, sont bâtis ou lotis. Si la
surface bâtie de la capitale du Niger continue d’augmenter de
50% dans cette décennie également, ce qui dépend de la
dynamique géographique et du besoin de réinvestir les produits
de la rente pétrolière, elle concernera de plus en plus les zones
inondables. Les premiers signes sont déjà visibles sur les zones
inondées le 22 août 2012, où au moins 20% des habitations ont
été reconstruites.
Actuellement, il y a 333 665 m2 de bâtiments avec une
probabilité moyenne d’être inondés, pour un dommage potentiel
de 36,8 millions d’Euros.
252
La concentration maximale de récepteurs se trouve dans les
quartiers de Lamordé, Karadjie, Kirkissoye (5e arrondissement)
et Saga (4e arrondissement). 38% de la superficie exposée est
formée d’habitations en banco. Les zones sont circonscrites et
elles pourraient être protégées avec 15,5 km de berges. Elles
sont situées près du centre-ville, ce qui devrait rendre les
mesures de protection prioritaires par rapport aux mesures de
recasement, si on veut encore garantir la possibilité de vivre
près du centre-ville, en réduisant les déplacements et les
émissions de gaz à effet de serre. De plus, le coût de la
protection est un quart du coût du recasement.
L’analyse du risque utilise une carte préliminaire, qui est
l’expression graphique d’un SIG. Le travail mené jusqu’à
présent nécessite quatre améliorations :
• Une évaluation plus soignée. MNT à haute résolution
géométrique, inférieure ou égale à 1 m et courbe de
dommage vérifiée pour le contexte spécifique de Niamey.
• Enrichir le scénario d’inondation pluviale. La sélection et
l’analyse des images satellites en présence de pluie avec
moyenne probabilité d’occurrence permettraient une
délimitation plus précise des zones inondables.
• Etude des zones de ruissellement. Ces zones vastes sont déjà
loties et soumises à une activité rapide de construction. Il
s’agit de points chauds de la ville future qui devraient faire
l’objet de mesures de RRC de la part de la municipalité.
253
parcelles, des habitations et des latrines surélevées, recasement
ou digues.
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258
Table des matières
Préface ........................................................................................9
Remerciements .........................................................................11
Abréviations .............................................................................13
Introduction générale
Vieri Tarchiani et Maurizio Tiepolo .........................................17
Chapitre 1
Milieu physique, peuplement et exposition aux aléas
hydro-climatiques dans la région Tillabéri, Niger
Abdourhamane daouda, Vieri Tarchiani, Maurizio Tiepolo.....27
Chapitre 2
Caractérisation des systèmes
de production agricole de la région Tillabéri
Garba Boulamine Mounkaïla, Aliou Moumouni Tankari ........53
Chapitre 3
Le climat de la région Tillabéri
Maurizio Bacci, Katiellou Gatpia Lawan,
Mouhaimouni Moussa ..............................................................79
Chapitre 4
Variabilités et changements climatiques
et leurs impacts sur les cultures pluviales
dans la région Tillabéri, Niger
Maurizio Bacci, Katiellou Gatpia Lawan .................................99
Chapitre 5
Analyse du risque d’inondation à méso-échelle :
les communes de la région Tillabéri au Niger
Maurizio bacci, Sarah Braccio, Maurizio Tiepolo..................117
275
Chapitre 6
Analyse du risque de sécheresse agricole
dans la région Tillabéri au Niger
Admou Aïssatou Sitta, Maurizio Bacci ..................................143
Chapitre 7
Analyse des risques climatiques
dans la commune d’Imanan, Niger
Edoardo Fiorillo, Mamoudou Idrissa,
Katiellou Gaptia Lawan, Aliou Moumouni Tankari ................155
Chapitre 8
Plan villageois de réduction du risque d’inondation
et de sécheresse dans la commune d’Ouro Gueladjo au Niger
Vieri Tarchiani, Edoardo Fiorillo ...........................................177
Chapitre 9
Analyse-évaluation du risque d’inondation
et de sécheresse à micro-échelle :
Garbey kourou et Tallé au Niger
Sarah braccio, Maurizio Tiepolo ............................................205
Chapitre 10
Analyse du risque d’inondation à Niamey, Niger
Sarah Braccio, Maurizio Tiepolo............................................233
Conclusion générale
Vieri Tarchiani, Maurizio Tiepolo..........................................259
276