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En 2020, le monde est frappé par un virus épidémique nommé le Covid-19.

Le
contexte socio-économique français, et plus globalement mondial, est durement touché par les
conséquences de ce virus. Les courants économiques découlant de la prise de conscience
écologique peuvent-ils apporter une réponse durable dans ce contexte de crise sanitaire ? Dans
un premier temps, nous définirons les concepts d’économie de l’environnement et d’économie
écologique. Puis dans un second temps, nous allons voir parmi ces deux courants, lequel est le
mieux adapté pour donner des réponses durables face à la crise du COVID-19.

I – Présentation de deux courants d’économie

a) L’économie de l’environnement

L’économie de l’environnement est une branche de l’économie avec pour principal objectif
l’intégration des valeurs écologiques de l'environnement dans le cadre particulier de
l’économie néoclassique. Il s'agit de bâtir avec l'économie traditionnelle un édifice qui tienne
compte de la valeur écologique et des variables environnementales. Dans l’économie
classique, les prix permettent d’évaluer le gain ou la perte de bien-être potentiel que la
production ou la consommation d’un bien apporte à la collectivité. L’optimum de Pareto est
certainement l'un des outils les plus utilisés en économie. Une situation optimale au sens de
Pareto se base sur le précepte suivant : toute amélioration du bien-être d'un individu ne peut
être obtenue qu'au détriment d'un autre individu. Ce fondement théorique est valable qu'en
l'absence de toute défaillance de marché. Pourtant, l'équilibre marchand n'est pas
nécessairement optimal d'un point de vue social ou environnemental. C’est précisément le cas
lorsque l'on occulte la dimension particulière que constitue l'environnement, dont la pollution
et la détérioration sont envisagées comme de simples externalités négatives, que l’on peut
intégrer à la base du processus de production par des instruments de marché.

b) L’économie écologique

Les travaux de bioéconomie de Nicholas Georgescu-Roegen sont précurseurs de l'économie


écologique. Selon Malte Faber, ce courant se définit par son intérêt pour la nature, la justice,
et l'évolution au cours du temps. Contrairement à l’économie de l’environnement, l’économie
écologique ne se contente pas d'appliquer les analyses économiques classiques face aux
questions environnementales. Elle remet en cause ces analyses à partir de ces questions, en
intégrant les connaissances et méthodes issues de l’écologie. Cette conception de l’économie
à pour objectif, contrairement à l'approche néoclassique, de déboucher sur un état stationnaire.
Un état stationnaire désigne une économie dont les activités sont stables, ne favorisant ainsi ni
la croissance ni la décroissance. L'ambition ultime de l'économie écologique est la mise en
place d’un bien-être humain durable.

Nous venons de définir les concepts d’économie de l’environnement et d’économie


écologique. Nous allons voir maintenant lequel de ces deux courant est le mieux adapté pour
donner des réponses durables face à la crise du Covid-19.

II – Réponses aux défis posés par la crise du Covid-19

Pour résumer, l’économie de l’environnement appréhende la problématique écologique à


travers le cadre exclusif du marché. Il s’agit d’intégrer les variables environnementales dans
les calculs rationnels de prise de décision, en traduisant notamment les enjeux en termes de
coûts et d’avantages. Si elle peut revêtir une dimension pédagogique intéressante pour
sensibiliser les décideurs politiques et économiques, éloignés de la réalité environnementale,
cette analyse présente cependant de nombreuses limites. Soumettre l’écologie aux concepts de
l’économie classique suppose en effet d’occulter la complexité des écosystèmes et des
rapports qu’ils entretiennent avec les sociétés humaines. Le marché nous apparaît ici comme
un pharmakon, à la fois poison et remède, source du problème et unique lieu des solutions.

Face à cela, l’économie écologique nous semble être la plus à même de répondre durablement
à la crise du Covid-19. En particulier parce qu’elle élargit la focale bien au-delà des seules
représentations marchandes : elle appelle une approche pluridisciplinaire permettant une
observation plus globale des enjeux en présence, donc plus susceptible d’apporter des
solutions véritablement efficaces. En postulant que le système économique est une partie de la
biosphère, et non l’inverse, ce courant de pensée soulève des questionnements éthiques –
quant à l’anthropocentrisme notamment – politiques et techniques innovants. Plus qu’une
fatalité aux retombées économiques désastreuses qu’il faut compenser par la croissance, la
pandémie peut ainsi être perçue comme le point de départ de nouvelles inflexions.

Brièvement, elle a mis en lumière un certain nombre de défaillances, non pas du seul marché,
mais de l’ensemble du métabolisme de l’économie humaine. D’un point de vue social, les
inégalités ont été particulièrement prégnantes voire exacerbées par la situation. En outre,
pénurie et subsistance ont remis au goût du jour les questions de dépendances extérieures et
des flux incessants de marchandises. D’un point de vue éthique, la place du soin dans la
société a été amplement discutée. Enfin, d’un point de vue écologique, l’arrêt partiel du
capitalisme mondialisé a significativement fait diminuer le taux de CO² dans l’atmosphère.
Ceci révèle finalement le caractère intrinsèque des atteintes environnementales à l’économie
de marché. D’aucuns estiment d’ailleurs que la pandémie elle-même en est symptomatique,
résultant des déforestations, monocultures et pertes en biodiversité subséquentes.

En tout état de cause, le bouleversement des sociétés humaines par une forme de vie
microscopique montre bien l’intrication de ce système dans un autre plus vaste. L’économie
écologique a cet avantage de bousculer les cadres de représentation traditionnels, en les
confrontant aux réalités qui y sont délaissées. Si simplification il doit y avoir, elle passe
d’abord par la reconnaissance de la complexité des états de fait observés, en faisant appel aux
différentes disciplines concernées. Elle peut ainsi être un lieu de débats fructueux alliant
enjeux économiques, sociaux, politiques, écologiques et justice, où seront semées les graines
d’une économie mondiale durable et solidaire. Peut-être y trouverons-nous enfin la voie
alternative d’une « prospérité sans croissance » telle que défendue par l’économiste Tim
Jackson.

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