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Ayadi
CHAPITRE 6
Les méthodes d’hydrologie analytique sont basées sur l’étude fine du passage des
précipitations aux débits. Ce passage est très complexe puisqu’il dépend de plusieurs
paramètres : structure de la pluie, nature du bassin versant et degré d’humidification, état de la
végétation, capacité d’évaporation, etc.
Nous allons voir commet et avec quelles approximations, nous pouvons étudier le
passage d’une averse à la crue qu’elle génère.
Ayant étudié ce passage, on pourra soit étendre la série de crues à partir d’observations, soit,
le plus souvent, évaluer la crue de fréquence rare F à partir de la pluie de même fréquence F
que l’on présume être à son origine.
Supposons que l’on dispose de l’enregistrement simultané de la pluie et des débits sur
un petit bassin versant. On supposera que le bassin est suffisamment petit de façon à ce que :
- La pluie soit homogène sur l’ensemble du bassin ;
- la nature hydrogéologique soit homogène ;
- les conditions initiales également.
Sur le graphique ci-contre, nous avons porté en abscisses le temps et en ordonnées les
débits et les intensités de pluies par pas de temps dt.
Ce schéma est défiguré. En effet, d’une part toute la pluie n’a pas ruisselé, une partie
s’est infiltrée et une autre s’est évaporée. D’autre part, le débit ne provient pas seulement du
ruissellement mais aussi du débit de base, position du débit qui a transité par les nappes.
Ruissellement
Humidification
du sol
dP
Ecoulement
Accumulation souterrain
dans les dépressions
Végétation
Evaporation
0 Temps
Fig..1. le devenir des précipitations
En fonction du temps ou de la quantité de pluie déjà tombée, une hauteur de pluie dP se
répartit entre :
- une évaporation directe (souvent négligeable)
- une accumulation dans les dépressions (puis évaporation ou infiltration)
- une interception par les végétaux (puis évaporation)
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Cours d’Hydrologie Chapitre 6 Dr I.Ayadi
0.5
Manifestement, les courbes dépendent de la nature du sol et de son degré d’humidité vertical.
Dans ce schéma, le sol 1 est un sol perméable ; au bout d’un certain temps, il est saturé mais
est drainé par une nappe profonde. J tend alors vers la perméabilité du sol saturé. La limite de
J lorsque t tend vers l’infini est différente de 0 ; il s’infiltrera toujours de l’eau.
Au contraire, le sol 2 est un sol perméable, tout au moins lorsqu’il n’est pas saturé.
Mais, il n’y a pas de possibilité d’écoulement souterrain, donc, à partir d’un certain temps,
plus rien ne peut s’infiltrer : t J 0.
Sol 1 Sol 2
Perméabilité k Porosité n
h
t
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Cours d’Hydrologie Chapitre 6 Dr I.Ayadi
Comme nous l’avons déjà dit, le débit des cours d’eau a au moins deux origines :
- Le ruissellement ;
- la vidange des nappes.
Le débit de vidange des nappes, que nous appelons débit de base, suit une loi de variation en
fonction du temps, appelée courbe de tarissement. En l’absence d’alimentation par les pluies,
la courbe de tarissement ne dépend que de la géométrie de la nappe et de ses qualités
hydrodynamiques.
Une modélisation classique de la vidange d’une nappe est faite à partir du schéma de
Maillet. Une nappe est schématisée par un réservoir de surface S, de hauteur H, se vidangeant
par un bouchon poreux de longueur l, de section s et de perméabilité K. Le débit q de vidange
est calculable par la loi de Darcy :
H
q k .s
dH l
H s
dV q.dt
Mais aussi :
q.dt S .dH
dH
dq k .s
l
En combinant ces deux expressions, on obtient :
ln qqq t 0
t
0
q q 0e t
Pour le schéma de Maillet, on démontre que la loi de vidange serait une exponentielle
décroissante. Dans la réalité, on constate que les débits de base évoluent avec le temps et en
absence de pluie comme des fonctions plus ou moins hyperboliques, assimilables pour partie à
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Cours d’Hydrologie Chapitre 6 Dr I.Ayadi
Q
Log Q
10
t
t 1
Avant la montée du débit, nous étions en période de vidange des nappes, c.à.d. que les
débits suivaient approximativement une exponentielle décroissante (figurée en trait d’axe). De
même, longtemps après la crue, le débit est formé essentiellement par du débit de base ; il
évolue donc selon une exponentielle décroissante de même coefficient de tarissement
(deuxième droite en trait d’axe et parallèle à la première). Si ces deux droites ne sont pas
confondues, c’est qu’il y a eu une recharge de la nappe.
On trace alors approximativement (en tiré), l’évolution probable du débit de base
durant la crue. Pour ce tracé, on peut se faire comme « règle » que le maximum du débit de
base se produira après le maximum du débit total. Il reste encore une certaine plage de
manœuvre comme l’indique les trois tracés proposées.
Ayant adopté un tracé du débit de base, on peut, par soustraction, obtenir le débit de
ruissellement Qr :
Qr
t1 t2 temps
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Cours d’Hydrologie Chapitre 6 Dr I.Ayadi
Une application immédiate de la loi de tarissement est la détermination du volume utile d’eau
emmagasinée dans la nappe à un instant donné. En effet, si la loi de tarissement f(t) du bassin
versant est connue, il est alors possible d’évaluer sa capacité d’emmagasinement par son
int égration sur l’intervalle du temps [t, ∞]. Le volume d’eau disponible à un instant t est
alors donné par l’équation suivante :
V = ∫q.dt
Exemple 1 :
calculer le coefficient de tarissement sachant que la partie linéaire de la crue passe par les deux points
suivants :
Q = 0.61 m3/s à t = 12 h 10 min
Q = 0.12 m3/s à t = 21 h 32 min
Donner ensuite une évaluation du stock d’eau disponible dans les réserves souterraines.
Solution
Le coefficient d’emmagasinement α
α = (lnq0 –lnq)/(t-t0)
Le débit initial qo est de 0.61 m3/s (610l/s) à t0 = 12 h 10 min
à t = 21 h 32 min, c’àd à t = 9 h 22 min (562 min)depuis l’origine du temps t0, le débit est de
0.12 m3/s (120l/s)
Le coefficient de tarissement est alors
α = (ln 610 – ln120)/562 min = 0.0029/min = 48.10-6/s
La capacité d’emmagasinement est alors :
V= 610/48. 10-6 = 12708333 l = 12708 m3
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4. Quelques définitions
Vr = ∫t1Qr(t). dt
En divisant ce volume Vr par la surface du bassin A, on obtient une lame d’eau que
l’on appellera « pluie nette » Pn. C’est la lame d’eau qui a réellement ruisselée (Lr).
Lr = Vr /A
Kr = 100x Lr/Pt
La c.a.m. est donc l’intensité (en général en mm/h) telle que l’intégrale des intensités
supérieures à c.a.m. soit égale à la pluie nette. Sur le graphique (fig. ), cette intégrale est
indiquée en gris foncé.
On définit ensuite la « pluie efficace » Pe, pluie tombée avec une intensité supérieure à c.a.m.
En fait, on sait que la capacité d’infiltration du sol n’est pas constante mais qu’elle diminue
lorsque la quantité de pluie précédemment tombée augmente. On peut donc tracer une courbe
de la capacité d’infiltration probable (c.i.p.) telle qu’elle limite une intégrale égale à la pluie
nette. On appellera alors « pluie utile » la portion de la pluie tombée avec une intensité
supérieure à c.i.p. Cette pluie utile, figurée en gris et hachurée, est la portion de la pluie qui a
raisonnablement pu donner lieu à du ruissellement (parfois, dans un souci de simplification,
on admet que c.i.p. est constant et inférieur à c.a.m., ce seuil critique c.i.p. est alors fonction
uniquement de la nature du bassin versant).
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Cours d’Hydrologie Chapitre 6 Dr I.Ayadi
c.i.p.
C.a.m
Pluie nette Pn
tr Débit de pointe
tm
Courbe de concentration
Courbe de décrue
Ecoulement
Fig.8.4. Courbe « Evênement Averse-crue »
dirct
Courbe de tarissement
Ecoulement
retardé
Ecoulement de base
t1 t0 tc
tb
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5 - Fonctions de production
Le passage de la pluie totale (ou de la pluie utile ou de la pluie efficace) à la pluie nette
est certainement l’étape décisive. C’est pourtant là que réside le plus d’incetitudes et que les
erreurs les plus grossières peuvent être commises.
Le problème se pose de la façon suivante : à un instant t et durant un intervalle de
temps dt, la quantité de pluie tombé est I (t) dt = d P (t) ; durant ce même intervalle, la
quantité J (t) dt s’est infiltrée. On appellera coefficient de ruissellement k r (t), le rapport
entre la pluie ruisselée et la pluie totale :
I (t ) J (t ) J (t )
kr (t ) 1
I (t ) I (t )
Ce coefficient de ruissellement ne doit pas être confondu avec ce que l’on appelle coefficient
d’écoulement k e, rapport de la totalité de la pluie tombée à la totalité de l’eau ruisselée :
( I (t ) J (t )).dt
0
Ke
I (t ).dt
0
Manifestement, le coefficient de ruissellement variera avec le temps avec l’intensité de la
pluie, avec la nature du sol et son état d’humectation initial.
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5.2. Indice Ф
Lr = Σ (Pm - Ф. Δt)
Exemple 2
Sur un bassin versant de 375 km², la lame ruisselée correspondante est de 3.58 mm. La
hauteur totale de la pluie est de 11.90 mm. La distribution de cette pluie est comme suit :
Solution
Pour l’intervalle m=1, La valeur de la pluie qui contribue au ruissellement correspond à la
plus grande valeur qui est 3.68 mm .
Pour m=1 qui correspond à Δt = 1 heure
lr = 3.58 mm = P1 - Ф. Δt = 3.68 – Ф puisque Δt = 1 heure.
D’où :
Ф = 3.68 – 3.58 =0.1mm/h qui est nettement inférieure à la deuxième valeur 2.60 mm qui est
par conséquent contribue au ruissellement.
Pour m=2, P2 == 6.28 mm
3.58 = (3.68 +2.60 - 2 Ф) d’où
Ф = (6.28-3.58)/2 = 1.35 mm/h < 1.60mm/h à rejeter
Pour m=3
3.58 = (3.68 + 2.60 + 1.60) - 3 Ф d’où Ф = 1.43 mm/h <1.5 à rejeter
Pour m = 5
3.58 = (3.68 + 2.60 + 1.60 + 1.5+1.5) - 5 Ф
d’où Ф = 1.46 mm/h >1.02mm/h est acceptable
L’idée est de simuler ce qui se passe dans la nature par des successions de remplissage
et de vidange de différents réservoirs.
Le nombre de réservoirs, leurs lois de vidange et leurs interactions permettent des
combinaisons aussi variées que complexes. Citons par exemple la fonction de production
introduite dans certains modèles ORSTOM /
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Cours d’Hydrologie Chapitre 6 Dr I.Ayadi
Ce modèle à réservoir comporte une entrée : la pluie d’intensité I. Cinq sorties sont possibles :
- le débit de base Qb = hn
Ho - le ruissellement retardé : Rr = B (h - Ho) si h > H
Ruissellement h
retardé
Ho Stockage dans le sol
Ecoulement
hypodermique
- le ruissellement pur R = P - E - Rr - Rh - J
hn
Ecoulement
de base Stockage dans la nappe
Le transfert d’eau du sol vers la nappe se fait uniquement si h > Ho avec un transfert
constant d’intensité J.
Dans ce cas, les paramètres du modèle sont Ho, J, et B ; le problème est alors
d’évaluer ces quatre paramètres en fonction de la nature du bassin.
Cet exemple montre clairement les avantages et les inconvénients des modèles à
réservoirs :
- Ils permettent de rendre compte de phénomènes physiques avec toute la complexité que l’on
désire (modèle plus ou moins déterministe),
- ils nécessitent un calage d’autant plus compliqué que leur complexité est grande.
On admet que le ruissellement ne peut apparaître qu’après qu’il soit tombée une
certaine quantité So de pluie interceptée par les végétaux ou servant à remplir les dépressions
de la surface du sol. On appellera par la suite pluie utile, la quantité Pu (t) = P (t) - S0 (P (t) est
la quantité totale de pluie tombée entre les intervalles de temps 0 et t).
Enfin, l’hypothèse principale est que le rapport du ruissellement R (t) à la pluie utile
Pu (t) est égal au rapport de ce qui s’est déjà infiltré J(t).dt à ce qui peut s’infiltrer au
maximum S.
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Cours d’Hydrologie Chapitre 6 Dr I.Ayadi
hypothèse 2 :
t
Pu (t ) R(t ) J (t ).dt
0
hypothèse 3 :
t
J ( t ). dt
0 R (t )
S Pu ( t )
en éliminant l’intégrale :
P 2u (t )
R(t ) si Pu (t ) 0
S Pu (t )
Par ailleurs, Pu (t) = P (t) - So donc :
( P(t ) S 0 )²
R (t ) ( si P (t ) S 0 si non R (t ) 0)
P (t ) S0 S
Deux caractéristiques sont donc nécessaires : la capacité S totale d’infiltration (ou stockage à
saturation) et l’interception So. Les études menées initialement aux U.S.A. puis sur d’autres
continents montrent que So est assez étroitement lié à S par la relation : So = 0.2 S ce qui
donne pour fonction de production du S.C.S. :
( P(t ) 0.2S )²
R (t ) siP (t ) 0.2 S ; si non R(t ) 0
P (t ) 0.8S
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Les relations entre les valeurs de S dans ces trois conditions sont :
Tableau 8.3. Description des groupe des sols (d’après Sautier, 1982)
Groupe Description
A Potentiel de ruissellement le plus bas. Comprend les sables
profonds avec très peu de limons et d’argile, aussi les graviers
profonds et perméables.
B Potentiel de ruissellement modérément bas. La plupart des sols
sablonneux moins profonds que A, l’infiltration est supérieure à la
moyenne après mouillage complet.
C Potentiel de ruissellement modérément haut. Sols peu profonds et
sols comprenant une quantité d’argile, l’infiltration est inférieure à
la moyenne après saturation.
D Potentiel de ruissellement le plus haut. Comprend des argiles qui
ont un grand pourcentage de gonflement, inclus aussi les sols peu
profonds avec une surface imperméable sous-jacente.
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Cours d’Hydrologie Chapitre 6 Dr I.Ayadi
Pelouses pauvres 68 79 86 89
(gazon recouvre moins
de 50% de surface)
Bois 36 60 73 79
Exemple 3.
Supposons qu’on a construit dans un bassin des surfaces commerciales. L’imperméabilité de
sa surface est estimée à 55%. La pluviométrie enregistrée est de 150 mm.
Calculer le stockage maximum du sol, le ruissellement maximum et la perte initiale du sol ?
Solutions :
Le CN = 95 pour condition II
Le stockage maximum S = (25400/95) – 254 =13.4 mm
Le ruissellement est alors R = 150 –13.4 = 136.6mm
La perte initiale est de Ia = 0.2 x 13.4 = 2.68 mm.
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Cours d’Hydrologie Chapitre 6 Dr I.Ayadi
6. Exercices
Exercice 1
On considère un bassin versant de superficie égale à 36.2 km². Une station
hydropluviométrique est installée à son exutoire. Un évènement a été enregistré le 30/01/1996
dont les hauteurs pluviométriques et les débits instantanés, correspondants à un pas de temps
de 30 min, sont exprimés respectivement en mm et en m3/s.
Temps Pluie (mm) Débits (m3/s)
0 4.0
30 3.8 6.0
60 6.6 8.0
90 33.8 23.4
120 55.9 65.8
150 52.8 161.0
180 5.1 270.0
210 2.3 312.2
240 233.2
270 122.4
300 63.4
330 51.0
360 35.0
390 20.0
420 11.0
450 10.0
480 8.6
1. Considérons que les pertes initiales sont négligeables et l’écoulement de base est constant,
calculer :
a. le coefficient de ruissellement Cr,
b. l’indice
et déterminer l’hyétogramme de la pluie nette de cette averse en utilisant l’indice .
2. Compte tenu du temps de la pluie nette, déterminer le temps de réponse et le temps de
concentration du bassin.
Exercice 2.
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Cours d’Hydrologie Chapitre 6 Dr I.Ayadi
3) déterminer l’indice
4) calculer la pluie nette et en déduire graphiquement la pluie efficace ;
5) calculer la valeur de la capacité d’absorption.
6) La perte initiale Ia est estimée à 1.3 mm. Calculer la perte par infiltration et en
déduire la valeur du « Curve Number » CN.
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