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LA POLITIQUE DE SÉCURITÉ

AUTOUR DE LA MÉDITERRANÉE,
LAC DE PAIX
Collection « Défense »
• Le moment n'est hélas pas venu - peut-il d'ailleurs venir ? -
où la force militaire pourrait être reléguée dans le
« linceul de pourpre où dorment les Dieux morts», chers à
André MALRAUX.
Le monde est en effet constitué de longtemps sinon de
toujours « d'Etats-Nations » dont le nombre ne cesse de
progresser et progressera sans doute encore au XXIème
siècle s'il faut en croire la prophétie du Père Serge
BONNET : « Le XXIème siècle sera plus encore que k
XXême siècle k siècle des Nations».
• 5e pose à ces « Etats-Nations » le problème de leur
défense, c'est-à-dire la fonction vitale d'assurer leur
sécurité, leur paix, leur indépendance, l'obligation de
préserver et de pérenniser les signes forts d'une identité
nationale à travers les accidents de l'Histoire, à savoir : un
territoire et la communauté consciente des hommes qui
l'habitent. On peut convenir en effet d'appeler « politique
de Défense» l'ensemble des mesures et dispositions de
tous ordres prises par le Pouvoir pour assurer la sécurité
et l'intégrité du territoire national dont il a la charge et,
par ricochet, la paix du peuple qui y vit. Pour utiliser les
termes très voisins retenus par l'ordonnance du 7 janvier
1959, la Défense « a pour objet d'assurer en tout temps,
en toutes circonstances et contre toutes les formes
d'agression, la sécurité et l'intégrité du territoire ainsi
que la vie de la population».
• Cette collection entend accueillir les réflexions qui
touchent le domaine de la Défense ainsi défini, domaine
global, multiforme, en constante évolution, en privilégiant
bien sûr le cas de la France et de l'Europe dans un
contexte qui est désormais, ici aussi, de plus en plus
d'emblée « mondialisé ».
Pierre PASCALLON
Sous la direction de
Pierre PASCALLON

LA POLITIQUE DE SÉCURITÉ
AUTOUR DE LA MÉDITERRANÉE,
LAC DE PAIX

L'Harmattan
5-7, rue de P École-Polytechnique 75005 Paris
FRANCE

L'Harmattan Hongrie Espace L'Harmattan Kinshasa L'Harmattan Balla L'Harmattan Burkina Faso

Konyvesbolt Fac..des Sc. Sociales, Pol. et Via Degli Artisti, 15 1200 logements villa 96
Adm. ; BP243, KIN XI 10124 Torino 12B2260
Kossuth L. u. 14-16
Université de Kinshasa — RDC ITALIE Ouagadougou 12
1053 Budapest
www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr

© L'Harmattan, 2005
ISBN : 2-7475-9447-5
EAN : 9782747594479
PUBLICATIONS
Dans la collection « Défense »

Défense et renseignement, 1995


Quel avenir pour les drones ?, 1998
Les transmissions militaires, 2000
Quelles perspectives pour le deuxième porte-avions
français ?, 2000
Quelles perspectives pour le Transport Aérien Militaire
français ?, 2001
Quelle défense pour la France à l'aube du XX1'ne siècle ?,
2001
Quelles perspectives pour le renseignement spatial et aérien
français après le Kosovo ?, 2001
La guerre des missiles, 2001
Les Armées françaises à l'aube du 21 ème siècle, Tome I : La
Marine Nationale, 2002
Les Années françaises à l'aube du 21ème siècle, Tome II :
L'Armée de l'Air, 2003
Les Armées françaises à l'aube du 21 ème siècle, Tome III :
L'Armée de Terre, 2004
Le bouclier antimissiles américain après les attentats du 11
septembre 2001 ?, 2002
Quelle protection du territoire national contre le terrorisme
international ?, 2003
La politique de sécurité de la France en Afrique, 2004
Renforcer l'intégration de la Défense dans la Nation, 2004
Demain, les drones de combat ?, 2004
Satellites et Grands Drones dans le cadre de la politique
spatiale militaire française et européenne, 2005
Le 15 décembre 2004, à Paris, Pierre Pascallon, Président du
Club « Participation et Progrès », a organisé un colloque sur
ce thème de : « La politique de sécurité autour de la
Méditerranée, lac de Paix ». Cet ouvrage en rassemble les
actes.

Nous tenons à remercier toutes les personnalités qui ont bien


voulu participer à cette réflexion et collaborer à cet ouvrage
collectif en nous proposant des textes de grande qualité.
Nous leur disons notre gratitude.
Nous avons une pensée particulière pour le Professeur Rémy
LEVEAU, qui a collaboré à notre colloque et qui est décédé
subitement dans les premiers mois de 2005. Nous regrettons
de n'avoir pas eu son texte que nous aurions aimé publier en
hommage à sa gentillesse et à son travail.

Nous remercions aussi très chaleureusement nos deux


Présidents de séances, amis de longue date, qui ont bien
voulu non seulement s'acquitter de cette tâche ingrate, mais
aussi contribuer à notre publication. Nous nous permettons
de leur adresser un salut amical et très respectueux.

Merci enfin à l'équipe du Club « Participation et Progrès ».


SOMMAIRE

PREFACE page 11

PARTIE I :
LA MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE DE SECURITE
POUR LE BASSIN MEDITERRANEEN page 15

PARTIE II
L'AVENIR DE LA POLITIQUE DE SECURITE
POUR LE BASSIN MEDITERRANEEN page 189

GLOSSAIRE ET SIGLES page 427

BIBLIOGRAPHIE page 431

TABLE DES MATIERES page 437


PREFACE

par
Pierre PASCALLON
Professeur Agrégé de Faculté

La Méditerranée a été pendant des siècles — jusqu'au


16e1' siècle — au centre du monde, zone d'une densité
exceptionnelle de vie, de puissance et d'échanges.
Mais à la suite des grandes découvertes — sous Philippe II
(1527-1598) -, la Méditerranée va en quelque sorte se
rétrécir brutalement ; elle devient une petite mer fermée,
contournée, marginalisée par l'élargissement spectaculaire
des routes commerciales par l'Atlantique — qui devient la
« nouvelle » Méditerranée -, voire par l'Océan Indien, qui se
trouve attiré dans un système plus vaste reliant l'Europe à
l' Asie.
Il est vrai que cette « européanisation » du monde — qui va
se poursuivre jusqu'au 19ème siècle -, que le relais pris en
termes de domination par les Etats-Unis au 20' siècle, vont
accentuer ce déclin de l'espace méditerranéen. Déclin
séculaire ? Déclin irréversible de la Méditerranée ?
A l'heure de la mondialisation libérale qui est l'heure de
l'« hyperpuissance » américaine (1990 à nos jours), à l'heure
où se dessine déjà (nos années 2005-2010) une
recomposition et un basculement de l'espace mondial vers
l'Asie-Océanie, autour du pacifique, on sait les efforts de la
vieille Europe pour s'organiser, pour constituer un « pôle »,
autour d'une grande région : Eurafrique, comprenant
l'Europe de l'Ouest et de l'Est, l'Afrique et le Moyen-
Orient, dont les pays sont tous situés dans la mouvance
économique européenne, la Méditerranée se trouvant au
coeur de cet ensemble.
Et si les Etats-Unis — leader mondial — sont bien sûr
forcément présents sur la scène méditerranéenne — comme
dans les autres régions du monde -, on comprend que, dans
la perspective de construction du pôle européen auquel je
faisais écho plus haut, tous les riverains de cette mer
affichent désormais la volonté d'un fort partenariat, un
partenariat « euro-méditerranéen », initié par 35 pays à la
Conférence de Barcelone en 1995, confirmé au Sommet de
Marseille en novembre 2000.

Il nous faut préciser que cette journée, organisée par le


Club « Participation et Progrès », à Paris, le 15 décembre
2004, sur ces problèmes euro-méditerranéens, s'inscrivait en
fait dans le prolongement du colloque que nous avions tenu à
l'Assemblée Nationale, le 7 juillet 2003, sur le thème : « La
politique de sécurité en Afrique »1 .
Nous avions en effet, à plusieurs reprises à l'occasion de
ce colloque, effleuré les problèmes de l'Afrique du Nord et
de la sécurité en Méditerranée. D'où notre volonté de
reprendre à plein ces thèmes sous le titre du colloque du 15
décembre 2004: « La politique de sécurité autour de la
Méditerranée, lac de Paix », en soulignant l'intérêt et
l'actualité de conduire — en décembre 2004 — une réflexion
sur ce sujet.
Nous étions, en effet, à la veille du le' anniversaire du
Processus de Barcelone (1995-2005) ; nous, Français,
tentons de déboucher, en 2005, sur un traité d'Amitié avec
l'Algérie — et, d'ailleurs, des responsables militaires français
sollicités pour cette journée ont dû décliner notre invitation
car ils étaient à Alger, à cette époque, avec l'objectif que
l'on vient d'indiquer -. Le 11 décembre 2004, venait de se
tenir, à Rabat, le « Forum de l'avenir », sur le projet
américain de réforme politique, économique et sociale en

1 Cf. P. PASCALLON (sous la direction de) : La politique de sécurité en


Afrique, L'Harmattan, 2004.

-12-
Afrique du Nord et dans le Grand Moyen-Orient.
Projet de « Grand Moyen-Orient
(« Great Middle Earl ») 2

La région concernée correspond aux 22 pays de la Ligue


Arabe, plus Israël, l'Iran, la Turquie, le Pakistan et
l'Afghanistan. Ce plan vise à :
- promouvoir la démocratie à travers la lutte contre
l'analphabétisme, la promotion de la femme et le soutien à
l'initiative économique privée ;
-favoriser les reformes économiques pour faire face aux
défis démographiques : micro entreprises, création des
équivalents régionaux de la Société Financière
Internationale ou de la Banque Européenne pour la
Reconstruction et le Développement, et d'une zone de libre-
échange régionale.

Ajoutons encore qu'était annoncée à Paris pour le 21


décembre 2004 — en parallèle au dialogue « 5+5 » instauré
entre les Ministres des Affaires Etrangères de 5 pays de
l'Union Européenne (France, Italie, Espagne, Portugal et
Malte) et 5 pays du Sud de la Méditerranée (Algérie, Maroc,
Tunisie, Maurétanie, Libye) 3 — une réunion Europe-Maghreb
des Ministres de la Défense 4 dont l'objectif est de consolider

2 H-H. LEACH : « Aider le Moyen-Orient à s'émanciper », Le Figaro, 13


décembre 2004.
J-P TURQUO1 : « Le "Forum de l'avenir" du monde arabe a été marqué
par la méfiance envers les Etats-Unis », Le Monde, 14 décembre 2004.
Les Echos : «Le monde arabe prudent sur l'initiative américaine de
Grand Moyen-Orient », 13 décembre 2004.
B. KHADER : « Grand Moyen Orient : télé-évangélisme ou fenêtre
d'opportunité ? », Diplomatie Magazine, n°14, mai-juin 2005.
3 Cf. la rencontre de ce « Forum Méditerranéen » les 9 et 10 avril 2003 à
Sainte-Maxime (France).
4 Cf. L. ZUCCHINI : « Des pays de l'UE et du Maghreb s'unissent pour
renforcer la sécurité en Méditerranée », Le Monde, 23 décembre 2004.

-13-
le partenariat entre les Etats des deux rives de la
Méditerranée Occidentale qui « expriment une perception
commune des enjeux de sécurité et de protection des
populations » dans la région.
**

« La politique de sécurité autour de la Méditerranée,


lac de Paix » ?
On s'est souvenu — à l'ouverture de ce colloque — que si la
mer est l'éternel creuset de la mondialisation et la matrice de
tous les métissages, si la mer est source et lieu de conflits —
et la Méditerranée d'après E. MORIN « redevient un milieu de
tempêtes » -, on veut retenir aussi — on doit retenir aussi — le
caractère pacificateur de la mer dans toutes les civilisations.
Et de convoquer donc imagination et ambition pour cette
journée avec, pour toile de fond, cette exhortation de
Dominique DE VILLEPIN, alors Ministre des Affaires
Etrangères, le 18 juillet 2003 — je cite - : «A nous de
construire un véritable espace de croissance et de paix
autour de la Méditerranée. Creuset de nouvelles relations
entre le Nord et le Sud, entre pays développés et pays en voie
de développement, entre cultures et religions, l'ensemble
euro-méditerranéen peut apporter, demain, la preuve que le
monde n'est pas condamné à la fracture et à
l 'affrontement » .

-14-
PARTIE I
LA MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE DE SECURITE
POUR LE BASSIN MEDITERRANEEN
Introduction

par
Pierre LACOSTE
Amiral
Ancien Commandant de l'Escadre de la Méditerranée
Ancien Directeur Général de la DGSE

Après avoir été pendant des siècles un lieu de brassages,


d'échanges et de conflits entre les hommes, les religions, les
cultures et les Etats, la Méditerranée demeure la mer
intérieure qui joue le rôle de double trait d'union entre le
Nord et le Sud et entre l'Est et l'Ouest, au milieu des peuples
d'Europe, d'Afrique et de l'Orient. En s'adressant à un
officier de Marine pour présider la première demi-journée de
ce colloque, Pierre PASCALLON a sans doute voulu rappeler
que les marins français, qui par vocation portent un constant
intérêt aux considérations stratégiques, sont tout
particulièrement impliqués dans ce théâtre qui jouxte la
seconde façade maritime du territoire métropolitain.
Directement concernée par les profonds bouleversements
techniques, politiques, économiques et sociaux de notre
époque, la Marine Nationale en a naturellement étudié les
conséquences pour s'y adapter au mieux. Comme la plupart
de ses missions s'exercent au large, au-delà des frontières
des Etats, elle a une longue pratique des coopérations
opérationnelles dans les espaces internationaux en soutien de
la politique de défense et de la politique étrangère de notre
pays.
Je suis d'autant plus intéressé par le programme de ce
colloque que j'ai eu plusieurs occasions dans ma carrière de
-17-
servir dans ce théâtre, notamment la dernière fois, de 1980 à
1982, comme Commandant de l'Escadre de la Méditerranée.
Nous vivions alors les dernières années de la Guerre froide et
les « mesures de confiance » commençaient à produire leurs
effets et à détendre les rapports entre l'Est et l'Ouest.
Cependant, du point de vue militaire, les forces de l'Union
Soviétique constituaient encore la menace principale contre
la sécurité de l'Europe et de l'Alliance Atlantique. Les
Russes maintenaient en permanence plusieurs unités de leur
« Escadra » en Méditerranée et il n'était pas rare que leurs
navires d'écoute électronique et leurs sous-marins nucléaires
d'attaque se manifestent à proximité de nos côtes pour mieux
surveiller nos exercices, étudier nos tactiques et évaluer les
performances de nos groupes aéronavals. Je m'étais efforcé,
à l'époque, de mettre l'accent sur les capacités de l'Escadre à
pratiquer diverses formes d'interopérabilité avec nos armées
de Terre et de l'Air, ainsi qu'avec nos voisins et alliés, de
façon à être en mesure d'offrir aux autorités politiques et
militaires une panoplie aussi large que possible d'options
opérationnelles, à la mesure des menaces et des enjeux de la
situation internationale. Notre Marine n'avait d'ailleurs
jamais cessé d'entretenir des relations efficaces avec la 6 ème
FlotedsEa-Uniqu,p1946étaleusin
atout de la force militaire américaine au flanc sud de
l'Europe. Quelques années plus tard, en charge de la DGSE,
j'ai eu l'occasion de mieux appréhender les aspects
clandestins, les manoeuvres secrètes et les manipulations
cachées des acteurs étatiques et non étatiques en présence sur
le pourtour méditerranéen. C'était notamment le cas au
Liban qui subissait alors les conséquences d'un des conflits
les plus dramatiques de l'époque et qui, d'ailleurs, n'a pas
encore recouvré sa pleine souveraineté en 2004.

En vingt cinq ans, le contexte politique et stratégique a


profondément évolué, en Méditerranée comme dans le reste

-18-
du monde. L'effondrement de l'Union Soviétique qui a mis
fin à la Guerre Froide et à l'équilibre bipolaire entre l'Est et
l'Ouest, a conféré aux Etats-Unis le monopole d'unique
superpuissance. La Guerre du Golfe leur a donné l'occasion
de faire la démonstration de leur incontestable supériorité
militaire ; aucune autre armée au monde ne serait
aujourd'hui en mesure de s'affronter victorieusement à leurs
forces armées. Les huit années suivantes, sous la présidence
de W. CLINTON, les Etats-Unis ont connu une extraordinaire
expansion économique consacrant la supériorité de
l'économie de marché. Le dynamisme de leurs
entrepreneurs, puissamment aidés par les Pouvoirs Publics,
leur a permis de tirer pleinement profit des opportunités
offertes par la mondialisation, la globalisation des échanges
et les nouvelles technologies de l'information et de la
communication.
Sur le plan diplomatique et de la politique de sécurité,
l'Amérique a également démontré sa primauté, en particulier
sur l'Europe. Quand, en 1991, les Européens ont été
confrontés à la crise yougoslave, ils n'ont pas réussi à
s'entendre ni à réunir les moyens militaires propres à la
prévenir et à la contrôler. Après avoir été initialement
réticents, les Américains se sont décidés à agir pour imposer
leur arbitrage en Bosnie et, quelques années plus tard, pour
nous amener à opérer sous leur autorité, dans le cadre de
l'OTAN, dans l'intervention contre les Serbes au Kosovo.
Pendant ce temps, la diplomatie américaine parvenait à
rénover l'organisation militaire de l'Alliance Atlantique et à
étendre le « partenariat pour la paix » aux anciennes
républiques populaires, un tour de force quand on pense que
cette alliance défensive avait perdu sa principale raison
d'être depuis qu'elle était privée de son ancien ennemi. De
tels succès, politiques et stratégiques, ont consacré la
prééminence de la puissance américaine en Europe, en
contraste avec la lenteur des progrès de la construction de

-19-
l'Union Européenne et de la mise en place d'une politique
autonome de sécurité et de défense.
A la même époque, le centre de gravité des intérêts des
Etats-Unis se déplaçait du bassin méditerranéen vers le
Proche et le Moyen Orient. L'échec des tentatives de
l'administration CLINTON pour le règlement du conflit entre
Israël et les Palestiniens est un des éléments du succès des
Républicains aux élections présidentielles de novembre
2000. Les « néo-conservateurs » de l'entourage de G.W.
BUSH, partisans de la manière forte, ont radicalisé la
politique étrangère. Intimement persuadés des vertus de la
puissance militaire, ils ont entrepris un nouvel effort
d'armement et de modernisation de leurs forces armées pour
être en mesure de mener une politique unilatérale, sans avoir
à se plier aux exigences paralysantes des procédures des
Nations-Unies. L'attentat du 11 Septembre 2001 leur a
fourni le prétexte imprévu, apte à mobiliser l'opinion
publique et à promouvoir une croisade politique et militaire
contre cet ennemi évanescent qu'est « le » terrorisme. Deux
ans plus tard, ils se lançaient dans l'aventure de la « guerre
préemptive » contre l'Irak de Saddam HUSSEIN.

La Méditerranée n'est plus qu'un enjeu secondaire dans la


stratégie actuelle des Etats-Unis, mais elle demeure
indispensable pour garantir leurs accès au Proche Orient et
pour soutenir l'allié privilégié qu'est devenu l'Etat d'Israël.
En revanche, c'est plus que jamais un espace vital pour les
Européens. Dans les premières années d'après la guerre
froide, on s'interrogeait sur un basculement stratégique
probable de la confrontation Est-Ouest vers une nouvelle
confrontation Nord-Sud. L'histoire récente a montré qu'un
tel schéma était par trop simpliste et que l'opposition entre
les « riches du Nord » et les « pauvres du Sud » n'a pas pris
la forme d'une nouvelle guerre froide opposant des Etats et
leurs forces armées. Elle s'est traduite dans les faits par une

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