THÉMATIQUE
HORMONALE
À TAPER
RÉSUMÉ
SUMMARY
L défi
La définition
iti d de l’h
l’hyperparathyroïdie
th ïdi primaire
i i (HPT1) estt une hhypersécrétion
é éti
de PTH inadaptée à la calcémie et son diagnostic est biologique reposant Contribution of PTH in diagnosis and therapy
sur un dosage plasmatique concomittant de PTH et de calcium. L’apport strategy of primary hyperparathyroidism.
de la biologie dans l’HPT1 est primordial au niveau diagnostic, en bilan Primary hyperparathyroidism (PHP) is due to one
de base ou en test dynamique sous charge calcique pour les cas limites or more hyperfunctionning gland and the diagnosis
à PTH et/ou calcium plasmatiques subnormaux, pour un diagnostic dif- is biological with a high level of PTH in conjunction
férentiel avec les autres causes d’élévation de PTH. Le dosage des for- with hypercalcaemia. Contribution of PTH in dia-
mes bioactive et inactive de la PTH permettrait d’évaluer leur équilibre en gnosis is essential by a basal blood analysis, but
réponse à une régulation fine au niveau des organes cibles en fonction des in borderline cases with sub-normal plasma PTH
besoins physiologiques. La PTH apporte des informations complémentai- and calcium, an oral calcium load test could allow
res aux données morphologiques de l’imagerie parathyroïdienne : par la a differential diagnosis from other causes of high
détermination du contenu hormonal sur la ponction d’un nodule repéré à PTH. Determination of both bioactive and inactive
l’échographie confirmant la nature tissulaire en accord avec la cytologie, forms of PTH provides further informations about
et par le cathétérisme veineux étagé réalisé en radiologie vasculaire avec their balance in response to physiological require-
dosage immédiat de PTH permettant de dresser une cartographie de PTH ment at the target organs. Contribution of PTH is
à la recherche d’une zone de sécrétion maximale qui peut être associée complementary to morphological data from pa-
à un foyer repéré par échographie et scintigraphie préalables, ou scan- rathyroids imaging: with the hormonal response
ner ou IRM, et fournissant ainsi une « imagerie biologique ». L’association in samples from ultra-sound guided fine needle
imagerie-biologie constitue une méthode efficace pour localiser le secteur aspiration of nodules help to discriminate between
de présence de l’adénome parathyroïdien et surtout pour prouver l’im- parathyroid or thyroid tissue, and with the selective
portance de l’hypersécrétion. L’apport de la PTH à la chirurgie est essen- venous sampling in localizing a parathyroid nodule
tiel pour prouver l’efficacité du geste opératoire et décider rapidement by a PTH cartography in difficult cases showed by
des suites en cas d’échec grâce au dosage per-opératoire. Le contrôle imaging results with ultrasonography, scintigraphy,
postopératoire du couple PTH-Ca juge de la pertinence de l’ajustement TDM and MRI, giving thus a “biological imaging”
thérapeutique éventuel et doit être assuré à longue échéance. study. Association of imaging and biology could be
an efficient procedure allowing to localize an area
Parathyroïde – technique d’exploration – biologie – imagerie fonctionnelle – with a secreting abnormal parathyroid gland and
phlébographie – ponction – cinétique per-opératoire. specifically to demonstrate the level of PTH secre-
tion. Contribution of quick PTH assay can be a good
index of successfull or failed surgery of parathyroid
a Laboratoire de biophysique adenoma, and a guide for surgeon in immediate
b Service d’endocrinologie following strategy. The post-operative control of
c Laboratoire d’anatomo-pathologie PTH must be assumed in permanent follow-up of
d Service de chirurgie operated patients for their correct vitamino-calcium-
e Service de radiologie PTH balance with adjuvant therapy.
f Laboratoire de biochimie Parathyroid – investigation procedure – biology
Groupe hospitalier Cochin – Saint-Vincent-de-Paul – functional imaging – phlebography – punction –
Université Paris-Descartes intra-operative PTH follow-up.
27, rue du Fg Saint-Jacques
75679 Paris cedex14
1. Introduction
* Correspondance
yvonne.fulla@cch.aphp.fr Les parathyroïdes habituellement au nombre de 4 glan-
des d’environ 50 mg chacune sont situées normalement
article reçu le 13 février, accepté le 27 février 2009. derrière la thyroïde : les 2 glandes inférieures dites P III
© 2009 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés. sont localisées en arrière du pôle inférieur de la glande
2. Régulation
Figure 1 – Stratégie diagnostique et thérapeutique de l’HPT1,
une approche multidisciplinaire et équilibre PTH-calcium
associant clinique, imagerie, chirurgie et biologie.
Les glandes parathyroïdes sont régulées par les paramètres
contribuant à l’équilibre phospho-calcique de l’organisme.
Les deux principaux régulateurs de la sécrétion de PTH
sont le calcium ionisé et la 1,25(OH)2 vitamine D plasma-
tiques. Une baisse de la calcémie entraîne une élévation
de la PTH qui va agir sur trois organes cibles : l’os, le
rein et l’intestin, pour maintenir la calcémie stable dans
un intervalle de normalité très étroit (2,2 à 2,6 mmol/L).
Au niveau de l’os, la PTH agit sur la mobilisation de la
réserve calcique osseuse par augmentation de la résorp-
tion osseuse. Elle agit au niveau du rein en augmentant la
réabsorption tubulaire du calcium et en stimulant l’alpha-
hydroxylase rénale qui est responsable de la production
de 1,25(OH)2 vitamine D active. Au niveau de l’intestin,
la 1,25(OH)2 vitamine D favorise l’absorption intestinale
du calcium. Ces mécanismes contribuent à relever le
Pathologies Ca(sang) P(sang) Créat(sang) PTH 25(OH) D 1,25(OH)2 D PTHrp Mg Calciurie Phosphaturie
HPT1 N variable N N
HPT3 variable N
Pseudo-hypoparathyroïdie N variable N
vérifier
Hypoparathyroïdie N variable N
Mg
HyperCa Hypocalciurie N N N variable N
NH : normal-haut - N : normal
4. Bilan biologique
complémentaire
Les progrès technologiques de la biologie autorise une
détection de plus en plus précoce des signes biologiques
évoquant une HPT1 frustre ou débutante, à calcémie
et/ou PTH normale(s), dont le profil clinique est de plus
en plus asymptomatique.
Dans ces cas limites où la biologie est normale ou sub-
normale pour la PTH et/ou le Ca, des tests dynamiques
de stimulation par l’EDTA ou de freination par une charge
calcique orale permettent de différencier l’HPT1 frus- Le test de charge sur un sujet normal ou non HPT1 (figure 4)
tre [8] de l’hypercalciurie idiopathique [9] dont le trai- montre une montée de calcium d’environ 0,3 mmol/L dans
tement ne relève pas de la chirurgie. Le bilan calcique le sang au cours du temps après charge de 1g de Ca per-
est équilibré par les flux d’entrée et de sortie du calcium mettant de vérifier la validité du test et l’absence de fuite
d’une part [10], et par la mobilisation du calcium osseux calcique du pool sanguin. La mesure de la chute de PTH
d’autre part. Le test de charge calcique par voie orale en pourcentage de la concentration basale du t0 sous la
(test de Pak) est le plus fréquemment utilisé et permet barre de 70 % est classiquement considérée comme un
de révéler une altération dans l’équilibre PTH-Ca. Le freinage efficace de la PTH par la charge calcique et le
test évalue le degré d’autonomisation de l’HPT1 quand test freinable est considéré comme négatif dans les cas
elle existe, et permet en outre d’évaluer l’importance de de sujets à régulation PTH-Ca normale. Si la chute reste
l’absorption intestinale nette. au-dessus de la barre de 70 %, le test non freinable est
Le protocole classique étudie la variation de la PTH après dit positif dans les cas d’HPT1 autonomisée (les HPT1 ne
une charge par voie orale de 1 gramme de calcium élément sont pas toutes non freinables). La variation de la calciurie
sous forme de gluconate ou de glucono-lactate de calcium après soustraction du rapport de base à jeun (CaU/CréatU
rapidement biodisponible (le carbonate étant d’action plus ou Nordin) représentant la composante résorptive permet
lente allongerait la durée du test). Ce test est pratiqué d’évaluer l’absorption intestinale nette du Ca (normale
dans le cadre d’une hospitalisation de jour et réalisé sur entre 0,2 et 0,6 mmol/μmol).
prescription et sous surveillance médicale. Un exemple d’HPT1 non freinable (figure 5 gauche) par
la charge de Ca montre un profil de PTH plat avec une
chute de PTH au-dessus de 70 % d’inhibition et une
hyperabsorption calcique due à une production élevée
Test de charge de 1,25(OH)2 vitamine D sous l’action de la PTH élevée.
Après un traitement chirurgical efficace par ablation de
r j-3 : régime normocalcémique, normoprotidique
l’adénome parathyroïdien caractérisé à l’histologie, le
r j-1 : début recueil des urines de 24 h
patient présente une PTH élevée mais une calcémie plutôt
r j0 : fin recueil des urines de 24 h et jour du test
basse caractéristique d’une HPT2 à une carence calcique
- t0 : sang + urine à jeun (noter l’heure)
et vitaminique D. Le test postopératoire réalisé devant une
- 1g de Ca élément et une collation
ré-élévation de PTH fait la différence entre une récidive
- t1h : sang + urine (noter l’heure)
suspectée et une HPT2 à une carence d’apport calcique et
- t2h : sang + urine (noter l’heure)
vitaminique D mise en évidence par une hypocalciurie des
- t3h : sang + urine (noter l’heure)
24 h et un taux faible de 25(OH) vitamine D responsable
r Dosages
de l’hypocalcémie observée. Le test postopératoire mon-
- Sang : Ca, P, créatinine, protéines, PTH, 25(OH)
tre une freination efficace de PTH sous charge calcique,
et 1,25(OH)2 vitamine D, paramètres du remodelage
malgré une absence de montée calcique probablement
osseux (ostéocalcine, phosphatase alcaline osseuse,
crosslaps, …) due à une fuite vers l’os ou syndrome de faim osseuse
- Urine : Ca, P créatinine, TmPi, Nordin, paramètres parfois rencontré en postopératoire surtout si les signes
osseux (pyrridinolines urinaires) de résorption osseuse étaient importants en préopéra-
toire. Par ailleurs, l’absorption intestinale du Ca s’est aussi
normalisée (figure 5 droite).
5. Les dosages de PTH harmonisée pour les différents dosages disponibles, ce qui
complique la comparaison inter-techniques. Les dosages
de PTH ont beaucoup évolué depuis les premiers dosages
Le dosage de la PTH a longtemps posé des problèmes
radio-immunologiques par compétition dits de 1re géné-
à cause de la diversité des fragments circulants plus ou
ration qui ne sont plus commercialisés aujourd’hui pour
moins reconnus par les réactifs spécifiques de chaque la pratique clinique. Les dosages de 2e génération de
technique d’immuno-dosage, ce qui entraînait une impor- type immunométrique à double anticorps reconnaissent
tante variabilité inter-techniques et surtout une difficulté le fragment 1-84 à 100 % et le fragment 7-84 entre 50
d’interprétation. De plus, la standardisation n’est pas et 100 %. Les récents dosages de 3e génération de type
immunométrique aussi utilisent des anticorps spécifiques
des premiers acides aminés et sont capables de reconnaitre
Figure 6 – PTH totale (ex : Intact Nichols). à 100 % la PTH 1-84 réellement intacte sans le fragment
7-84, mais ces dosages reconnaissent parfois une autre
molécule encore insuffisamment identifiée, appelée amino-
PTH ou des formes de PTH phosphorylées.
La disponibilité récente de ces nouveaux dosages per-
met d’évaluer séparément la PTH 1-84 strictement entière
(PTH bio-active) et la PTH tronquée 7-84 grand fragment
C-terminal (PTH inactive), et de calculer un rapport PTH active/
PTH inactive révélateur d’un équilibre adapté aux conditions
physio-pathologiques. Cet équilibre entre l’actif et l’antagoniste
pourrait apporter un éclairage nouveau sur la régulation fine
de la PTH au niveau de ses récepteurs [11-14].
La PTH 1-84 circule en présence de nombreux fragments
obtenus par métabolisme intra-cellule parathyroïdienne ou
métabolisme hépatique et l’élimination est différente pour
chaque forme. Les dosages de 2e génération (comme le
Dosage de 2e génération reconnaissant la PTH entière 1-84 et le fragment PTH 7-84
(PIN ou PTH inhibant l’adénylate cyclase). Les 2 étalons 1-84 (courbe bleue) et 7-84 dosage Intact PTH de Nichols disparu du marché aujourd’hui)
(courbe rouge) sont reconnus à 100 % de façon équimolaire et les 2 courbes reconnaissent également la PTH 1-84 et le fragment 7-84
d’étalonnage sont superposées.
de façon équimolaire (figure 6) fournissant des résultats
La PTH est indétectable et la Tg est très importante dans La présence très importante de PTH signe la nature La présence très importante de PTH signe la nature
le liquide de ponction révélant la nature thyroïdienne du parathyroïdienne et la présence très importante de Tg parathyroïdienne et la présence moindre de Tg dénote
nodule. dénote la traversée du tissu thyroïdien pour atteindre l’efficacité du mandrin pour diminuer la prise du tissu
la parathyroïde. thyroïdien.
6.2. Apport de la PTH pas toujours en mesure de distinguer entre nodule thyroï-
à l’imagerie localisatrice dien et adénome parathyroïdien, surtout si celui-ci se trouve
Globalement, les marqueurs biologiques constituent un en situation intra-thyroïdienne, et de plus si le diagnostic
complément fonctionnel indissociable des données mor- d’HPT1 n’est pas évident, en présence d’une symptoma-
phologiques de l’imagerie. La complémentarité imagerie tologie frustre et sans réunir les critères retenus par les
et biologie présente des avantages indéniables pour le dernières conférence de consensus [18-19]. La recherche
patient en terme d’efficacité diagnostique et de contrôle de l’adénome se trouve compliquée si la thyroïde présente
thérapeutique. de nombreux nodules et le repérage échographique peut
L’HPT1 est due à la présence d’une ou plusieurs glandes s’avérer difficile. Une ponction écho-guidée par le médecin
pathologiques en situation orthotopique (région cervicale) échographiste de nodules cervicaux hypoéchogènes d’al-
dans la majorité des cas, mais parfois en situation ecto- lure parathyroïdienne permet de déterminer la nature thy-
pique cervicale ou médiastinale. La présence de glandes roïdienne (figure 8a) ou parathyroïdienne avec une aiguille
surnuméraires peut représenter un risque d’échec opéra- non mandrinée (figure 8b) ou avec une aiguille mandrinée
toire par omission, surtout si elles sont en plus en situa- (figure 8c), grâce à un dosage de thyroglobuline (Tg) et
tion ectopique. L’imagerie localisatrice en préopératoire de PTH sur le liquide de lavage de l’aiguille de ponction,
est une aide précieuse au geste chirurgical ciblé, dans la parallèlement à l’étude cytologique du matériel de ponction
mesure où elle peut orienter le chirurgien vers la position étalé sur lame. Les résultats des dosages sont parfaitement
de la lésion et lui indiquer le nombre. Dans la recherche de corrélés aux données de la cytologie, sauf en cas d’une
l’adénome parathyroïdien, l’échographie révèle une forma- insuffisance ou d’une absence de matériel tissulaire déposé
tion hypoéchogène, la scintigraphie un foyer hyperfixant, sur lame rendant la cytologie ininterprétable. Le dosage est
le scanner une image hyperdense et l’IRM une image en toujours contributif, sous réserve de ponction adéquate par
hypo ou en hypersignal. Le dosage de PTH peut rattacher l’échographiste, même en cas de ponction trop pauvre en
à ces images une dimension fonctionnelle en révélant une cellules. En calibrant le dosage par rapport à la quantité de
capacité de sécrétion dont l’importance peut être évaluée matériel tissulaire prélevé, il est possible d’évaluer l’impor-
et confrontée avec l’image repérée. tance du contenu sécrétoire du nodule.
À gauche : cinétique d’échec après ablation d’un nodule caractérisé comme thyroïdien à l’histologie et repéré comme un adénome par l’imagerie.
À droite : cinétique d’échec après une 1re ablation sous AL d’une parathyroïde caractérisée comme normale à l’histologie et cinétique avec chute de PTH
caractéristique de succès après une 2e chirurgie programmée d’après le 1er profil d’échec et ablation d’un adénome à cellules principales.
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