INTRODUCTION
1. Définition
C’est une atteinte inflammatoire interstitielle du myocarde généralement secondaire à une affection virale.
2. Intérêt :
Fréquence : pathologie fréquente au cours de la 1 ère enfance.
Début brutal avec une symptomatologie d’emblée inquiétante.
Evolution : rapidement mortelle en absence de traitement : intérêt de diagnostic précoce.
Pronostic : amélioré par un traitement précoce, intense et prolongé.
2. Histologiquement :
Infiltration de lymphocytes et à moindre degré plasmocytes et histiocytes entre les fibres myocardiques.
Œdème interstitiel d’importance variable.
Les fibres myocardiques sont souvent normales, parfois nécrose diffuse ou en foyer.
Stade tardif : hypertrophie de la paroi du ventricule gauche, fibrose myocardique.
DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE :
Le terme « primitive » élimine : les myocardites rhumatismales, diphtériques et typhiques (seconde
enfance, atteinte fréquente du tissu de conduction).
Le terme « aigue » : élimine les myocardites subaigües ou chroniques telles la fibroélastose et certaines
myocardiopathies non obstructives primitives.
Age : nourrisson de 03mois-2ans, peut toucher le nouveau né et l’enfant.
Les causes :
Virus : +++, les plus fréquents : coxsackie groupe B, mais aussi : écho virus, adénovirus, virus
Influenzae, virus de la rubéole, MNI, rougeole, CMV, herpes virus…
Microorganismes : Mycoplasma pneumoniae, agent de psittacose rickettsies.
Agents fongiques : aspergillose, actinomycose, blastomycose, cryptococcose, candidose.
Protozoaires : Trypanosoma Cruzi de la maladie de Chagas.
TABLEAU CLINIQUE :
1. Début : 3 modes de début :
Complications inaugurales : rares :
Hémiplégie (embole cérébral).
Troubles du rythme.
Mort subite inexpliquée.
Début progressif : assez fréquent :
Signes de début parfois trompeurs : fièvre avec RP ou GE avec vomissements et diarrhées.
Parfois, toux et dyspnée.
Ces signes attirent rarement l’attention vers une myocardite.
2. L’insuffisance cardiaque :
Défaillance ventriculaire droite :
HPM.
RHJ.
Œdèmes périphériques plus rares (visage, face externes des jambes, ou seulement prise de poids par
rétention hydrosodée).
Défaillance ventriculaire gauche :
Tachycardie.
Polypnée.
OAP avec toux et râles.
Signes de lutte.
Examen du cœur :
Tachycardie constante.
Assourdissement des bruits du cœur.
Bruit de Galop gauche fréquent.
SS apexien, doux d’IM par DVG : inconstant et peu durable.
Signe de Harzer : constant par dilatation cardiaque.
Collapsus périphérique : précoce.
Teint pale, grisâtre ou gris cendré.
Pouls affaiblis ou abolis.
Allongement du TRC.
Extrémité froides et marbrées.
EXAMENS COMPLEMENTAIRES :
1. Radio thorax :
Cardiomégalie constante de degré variable, parfois mineure, globale ou à prédominance VG avec
abaissement de la pointe et AIG dilaté.
Poumons : de transparence normale mais le plus souvent : signes de stase veineuse pulmonaire et œdème
pulmonaire péri hilaire ou diffus.
2. ECG : 3 signes :
Microvoltage :
Signe le moins constant et le moins durable.
Souvent présent à la phase initiale.
Plus net sur les dérivations périphériques que précordiales.
Anomalies du segment ST :
Allongement du QT.
Sous décalage, rarement sus décalage du ST surtout en D1, AVL et V5, V6.
Ces anomalies disparaissent progressivement mais peuvent durer plusieurs semaines.
Modification de l’onde T : aplatissement ou inversion de l’onde T sur toutes les dérivations, plus nette en
précordiales.
Rarement, troubles de la conduction AV, ES supra ventriculaire ou ventriculaire isolées ou en salve.
Rarement, signes d’HVG à la phase initiale.
3. Echocardiographie :
Hypokinésie de la paroi VG et du septum IV + effondrement de la FR (fraction de raccourcissement).
Epaississement pariétal modéré ou nul à ce stade.
Elimine :
Un épanchement péricardique.
Une malformation cardiaque avec obstacle à l’éjection du VG.
Une myocardiopathie avec hypertrophie du septum.
Peut trouver : thrombi pariétaux dans l’OG ou surtout VG (traitement anticoagulant).
Permet de suivre l’évolution (surtout FR).
4. Examens biologiques :
Hyper GB à PNN.
VS.
enzymes musculaires : TGO, TGP, LDH, CPK-MB processus inflammatoire : valeur diagnostic et pronostic
minime.
EVOLUTION :
Dépend de l’état initial et la conduite du traitement.
Mort précoce (48heures) due à : IC, collapsus ou troubles du rythme graves.
Elle est surtout due au diagnostic tardif.
Lorsque le cap des 1ères 48heures est passé ; évolution favorable.
Accidents thromboemboliques rares.
Troubles du rythme exceptionnels.
Rechutes : 20-25% des cas, formes mal ou insuffisamment traitées.
FORMES CLINIQUES :
1. Forme du nouveau né :
Rare.
Caractérisée par une nécrose myocardique en plage.
Diagnostic différentiel avec l’ischémie myocardique fonctionnelle du nouveau né.
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL :
1. Cardiomyopathie de la mucoviscidose :
Tableau de myocardite aigue.
Début brutal.
Tableau sévère, touche surtout le nourrisson, souvent diagnostic n’est pas posé.
Diagnostic : test de la sueur, signes d’insuffisance pancréatique.
TRAITEMENT :
1. Mesures d’urgence :
Hospitalisation en USI.
Mise en condition.
Corriger l’acidose métabolique.
Si OAP avec DR importante : ventilation artificielle au besoin en pression positive (sans dépasser 48h).
Si IC à bas débit + anurie rebelle au diurétique il faut assurer une vasodilatation rénale et une diurèse :
Dopamine à faible dose : 2-4µg/kg/mn en IV continue SE.
Dobutamine : 10µg/kg/mn en IV continue à la SE.
Eviter :
Isoprénaline (tachycardie, troubles du rythme).
Dopamine forte dose (résistances vasculaires périphériques)
Ce traitement est arrêté progressivement après les 48 1 ères heures.
2. Diurétiques :
Associés à une restriction hydrosodée.
Voie parentérale au début.
Furosémide : 2mg/kg/prise en IV : 2-3prises/j puis relais par voie orale : 2mg/kg/j (surveillance de
l’ionogramme sanguin).
spironolactone orale : 3mg/kg/j.
3. Digitalisation :
Digoxine : bien absorbée par voie orale, rapidement éliminée.
Dose d’attaque : ½ de la dose habituelle.
4. Corticothérapie :
Discutée ; de plus en plus rejetée même en phase initiale.
De même que les AINS.
5. Traitement anticoagulant :
Légitime au début de la maladie.
Impératif si thrombus intra cardiaque à l’écho cœur.
Héparine puis relais dans quelques jours par l’aspirine à petites doses (AAP).
Si thrombose vasculaire cérébrale urokinase (thrombolytique).
6. Vasodilatateurs :
Trinitrine : vasodilatateur veineux (diminue la précharge).
Surtout en cas d’OAP.
Augmente l’apport sanguin dans les zones ischémiées sous endocardiques (effort direct sur la circulation
coronaire).
Au début : IV à la SE puis S/C.