La langue française est apparue du latin qui avait deux formes: latin populaire et classique.
Du latin classique en français sont restes des mots d’origine savante (termes abstraits) et du latin
populaire – mots concrets, directement formes:
La chanson de gestes – geste signifie du latin “gesta” - action héroïque. Ces chansons
chantent l’héroïsme, la foi ardente, le patriotisme. Elles étaient chantées par des jongleurs. Héros
principaux: chevaliers (braves, courageux) dévoués au roi, à la patrie.
La poésie lyrique: remplace le poème épique, apparaît d’abord dans le Midi de la France, qui
constitue de véritables chansons, chantées par les troubadours et les trouvères.
Le théâtre médiéval
2. Sans doute à coté de ces mystères, existe un théâtre comique, moins sévère, mais ce
théâtre fait preuve d’une égale amertume dans son fond.
C’est vers le milieu du XIIIe siècle que le théâtre comique s’affirme comme genre
indépendant. Il évolue sous l’influence des souvenirs de la comédie antique et surtout en rapport
avec les monologues lyriques des jongleurs.
Entre la farce, genre consacré en principe à la plaisanterie pure et simple et la satire politique
des soties, beaucoup plus âpre et actuelle, la frontière n’est pas nette.
La sotie est l’aboutissement d’une tradition ancienne, celle de la fête des sots; certains jours
où toutes les extravagances étaient permises, on s’autorisait à se moquer de tous les puissants
dans des parodies grotesques où les pires audaces de langage étaient tolérées. Au XV siècle, la
sotie devient le fait de confréries de sots, souvent constituées d’étudiants qui n’hésitaient pas de
dire leurs vérités au roi. La thèse de leur sotie c’est de montrer la folie de la politique.
La farce est une petite pièce pour 3-5 personnages. Sans autre intention que de faire rire les
spectateurs en décrivant les mœurs de la bourgeoisie et du peuple, elle atteint encore son but en
nous renseignant en même temps de façon réaliste et familière, sur la vie, les habitudes, les
mœurs de cette époque-là.
De la farce proprement dite, le meilleur exemple est la célèbre « Farce de maître Pathelin ».
Ecrite vers 1464, elle raconte comment l’avocat Pathelin dupe un drapier auquel il achète sans
payer une pièce de drap, puis comment il se laisse lui-même duper par un berger qui fait le sot.
Farce énorme, mais spirituelle, œuvre réaliste, psychologie vivante, observation amusée et gaie
des mœurs humaines. Comme dans toute farce, le comique de mots abonde, ainsi que le comique
de répétition ; la langue est familière, populaire avec beaucoup de proverbes et jurons. La satire
de professions nous fournit un comique de mœurs, comique de caractère et enfin le comique de
situation qui anime les scènes principales. Tous ces éléments, ensemble avec une action vivante
et nourrie, font de la pièce plus qu’une simple farce, c’est une véritable comédie, la première de
la littérature française.
Outre la « Farce de Pathelin » il faut connaître au moins la « Farce du Cuvier » si drôle et si
célèbre : c’est la protestation du bon sens populaire et de la tradition contre la tendance de
certaines femmes à tout régenter dans leur ménage. Dans un couple la femme écrit un « rollet »
où sont fixées les innombrables besognes que son mari Jacquinot doit accomplir, sinon sa femme
le battrait. Mais un beau jour celle-ci, en faisant la lessive, tombe dans le cuvier et appelle
Jacquinot à l’aide. Mais lui, après avoir parcouru la liste de ses obligations conjugales ou le cas
présent n’est évidemment pas prévu, lui répond que cela n’est point à son rollet. Finalement il
n’aidera pas sa femme à se tirer de là avant qu’elle ait reconnu les droits du mari dans le ménage
et on déchirera donc le fameux rollet.
La Renaissance
1. Caractéristiques de l’époque.
2. Reforme et humanisme.
3. La Pléiade. Pierre de Ronsard – prince des poètes.
Caractéristiques de l’époque.
La fécondité du Moyen Age semblait tout à fait épuisée à la fin du XVème siècle : le dogme
limitait l’essor des esprits et fermait de tous cotes l’horizon.
C’est la période des Guerres d’Italie qui ont duré plus d’un demi-siècle, du massacre de la
nuit de Saint- Barthélemy et enfin l’Edit de Nantes.
Le XVI siècle français est le siècle de la Renaissance de la Reforme et des guerres de
religion, période d’activité intense dans tous les domaines de la pensée et de l’action, qui conduit
l’art, la littérature et la langue du Moyen Age au classicisme.
Mais le passage du Moyen Age a la Renaissance ne s’est pas fait brusquement. On peut
reconnaître tout au long du Moyen Age des renaissances successives qui annoncent et préparent
la Renaissance proprement dite.
Le XV siècle apparaît a bien des égards comme une époque de transition. D’ailleurs les
façons de penser, les goûts, les tendances du Moyen Age n’ont pas disparu en un jour, et pourtant
dès le début du XVI siècle apparaît tout un courent d’aspirations nouvelles, en réaction contre le
mystique, les idées et les mœurs du Moyen Age. Tout cela grâce aux découvertes – les voyages
de Colomb, de Vasco de Gama, de Magellan, offrent à la réflexion et à l’imagination des
horizons nouveaux. Les découvertes scientifiques ou techniques entraînent peu a peu une
révolution dans les idees : l’imprimerie permet une plus large diffusion des œuvres littéraires,
anatomie et chirurgie se développent, le système de Copernic ouvre une ère nouvelle de la pensée
humaine.
A science nouvelle, littérature et esprit nouveaux. La Renaissance est apparue d’abord en
Italie, ensuite en France, Angleterre, Espagne. Aux esprits éclairés qui veulent rompre avec les
vieilles traditions, l’Italie offre un modèle aussi proche que séduisant. Les contacts entre la
France et l’Italie sont nombreux. En Italie les seigneurs français apprennent a goûter la douceur
de vivre. De retour en France, ils s’efforcent de reconstituer autour d’eux un cadre luxueux et
raffine. L’Italie est aussi chère aux lettrés qui voient en elle la patrie du savoir et des Muses.
En 1515 a la tête du pays vient un prince qui a pu coordonner tous les élans enthousiastes et
faciliter leur réalisation – François I, qui a joué pour la Renaissance le rôle que jouera Louis XIV
pour le classicisme. Ce roi, dont l’instruction était si négligée qu’il ne connaissait même pas le
latin, était le protecteur des savants, des écrivains et des artistes, méritant le titre de Père des
Lettres, aidé par sa sœur Marguerite de Navarre, elle-même auteur de l’ « Heptaméron » (recueil
de 72 nouvelles a la manière du « Décaméron » de Boccace.
La littérature française du XVI siècle, considérée dans son ensemble, laisse avant tout
l’impression d’un prodigieux foisonnement d’une richesse et d’une variété étonnantes. Car cette
littérature est d’abord un hymne a la vie, qui donne au mot de Renaissance sa signification la plus
belle et la plus profonde.
Reforme et humanisme
Humanisme et Réforme ont une origine commune : retour aux textes et réflexion critique.
Ainsi se forme l’esprit de libre examen contre lequel réagit la Sorbonne au nom de la méthode
d’autorité.
En France l’esprit de la Réforme se manifeste d’abord par le mouvement « évangélique ».
L’Evangélisme c’est le retour a l’évangile et plus généralement a l’écriture Sainte considérée
comme seule source authentique des croyances chrétiennes, alors que selon l’orthodoxie
catholique, l’Ecriture doit être complétée par la Tradition (commentaires des Pères de l’Eglise).
La plupart des humanistes, en conflit avec la Sorbonne, sont de tendance évangélique. Pour
rendre la Bible accessible à tous les fidèles, on la traduit en français. François I, qui protège les
humanistes, assure d’abord la liberté de croyance, mais en 1534 il change d’attitude et la Réforme
entre alors dans une nouvelle phase : les humanistes doivent choisir nettement entre l’orthodoxie
et la foi nouvelle. Le conflit religieux amène aux guerres civiles. On emploie la force contre la
religion reformée.
La Reforme, puis les guerres de religion ont profondément marque la littérature française.
Désormais on traite en français (décrétée langue d’Etat en 1539) les questions théologiques. Des
genres nouveaux apparaissent : pamphlet et discours.
Cette période est caractérisée par le besoin d’idées nouvelles, l’appétit de savoir. On
encombre la mémoire des jeunes gens par une philosophie scolastique, une logique formelle, sans
développer vraiment leur intelligence ni surtout leur sens critique.
Des maîtres veulent réagir contre ces abus. Le mot « humanitas » désigne en latin culture,
ils appellent leur enseignement « lettres d’humanité » et bientôt on les appellera eux-mêmes
humanistes. Mais ce beau terme évoque aussi une élégance morale, une politesse, une courtoisie,
inséparables de la culture, bref tout ce qui fait un homme vraiment homme.
Aux hommes du XVI siècle rien n’est impossible. Dans leur vie comme dans leurs œuvres,
ils ont su concilier ce qui nous paraît contradictoire, en particulier leur naturalisme païen et leur
foi chrétienne. C’est une littérature tournée vers l’homme. Les humanistes ont pour objet et pour
préoccupation la dignité humaine, la force créatrice de l’homme, son appétit de savoir, de tout
faire, de tout créer pour atteindre la perfection dans tous les domaines : poésie, musique, peinture,
architecture, mathématiques, etc.
La tendance générale est de rejeter les dogmes et donner plus de liberté aux hommes,
apparaît le rêve d’une société idéale.
Comme théorie littéraire l’humanisme propose des genres nouveaux : Rabelais introduit ce
qui deviendra le roman moderne, la Pléiade inaugure des formes poétiques nouvelles, surtout le
sonnet, Montaigne crée un genre unique – essai.
Toute la vie littéraire de cette période est dominée par la Pléiade. Selon la mythologie, les
Pléiades sont les 7 filles d’Atlas. Le chef de ce groupe, qui portait d’abord le nom de brigade,
était un des grands poètes français Pierre de Ronsard. Avec ses amis ils représentaient un groupe
de 7 poètes, animés de la même inspiration, visant le même but. La Pléiade était comme une
école, un mouvement, elle s’est formée en 1553. La Pléiade comprenait : Ronsard, Baïf, Belleau,
Tyard, Jodelle, des Autels, du Bellay. Ainsi se sont réunies toutes les forces de la jeune poésie
française.
On connaît bien le fait que jusqu’au milieu du XVI siècle la langue officielle était le latin, En
1539 le français devient langue d’Etat. En 1548 apparaît l’ “Art Poétique” de Thomas Sibilet. Cet
écrivain développe quelques idées chères à la Pléiade : noblesse de la poésie, supériorité des
genres antiques sur ceux du Moyen Age, mais il propose comme modèle les modernes. La
nouvelle école décide de répliquer et rédige un manifeste, une œuvre batailleuse, qui contient les
idées essentielles de la Pléiade. C’est « Défense et Illustration de la Langue Française », rédigée
en 1549 par J. du Bellay.
En étudiant ce programme on voit que ses représentants étaient vraiment des hommes qui
connaissaient ce qu’îl fallait a la langue française de cette époque -là. Comme l’indique le titre,
ils voulaient :
- défendre la langue française contre les détracteurs
- illustrer la langue française, c’est-à-dire, lui donner une grande littérature, par l’imitation
des Anciens, comme l’avaient fait chez eux les Italiens.
Le français était encore très pauvre, la Pléiade invite les artistes et les savants composer leurs
œuvres pas en latin, mais en français et enrichir le vocabulaire par des emprunts aux langues
anciennes, aux dialectes, aux langues techniques, par dérivation, suffixation, composition, etc.
Dans son programme, la Pléiade est contre les genres hérités du Moyen Age, ils disent qu’il faut
les oublier. La poésie doit comprendre l’épigramme, le sonnet, l’élégie, la satire. La versification
devrait avoir plus de régularité et un style ferme. Quant au théâtre, c’est la tragédie grecque et la
comédie qui devraient être en honneur. Les poètes de la Pléiade ont indique et pratique divers
moyens d’orner le style poétique.
Sous le rapport de la fécondité et de la nouveauté on ne peut comparer à la Pléiade que les
poètes romantiques. En quelques années, elle apporte à la littérature française le premier recueil
de vers lyriques profanes et le premier recueil de sonnets originaux (1549, du Bellay), le premier
recueil d’odes (1550, Ronsard), la première tragédie et comédie jouées publiquement (1553,
Jodelle), le premier d’hymnes (1555, Ronsard)
Il va de soi qu’on ne peut pas parler de la Pléiade, sans dire quelques mots de celui qui est
connu sous le nom de « Prince des Poètes ». C’est Pierre de Ronsard. Issu d’une vieille famille
noble, a 12 ans, il est attaché comme page au fils du roi François I. A 15 ans, plein d’intelligence
et de séduction, il rêvait de la carrière d’un diplomate, mais une grave maladie l’a laissé demi-
sourd et il a du renoncer à ses grandes ambitions. C’est alors qu’il se retire et apprend à goûter
Horace et Virgile. Isolé du monde par sa surdité, il décide de se consacrer à la littérature et de
s’illustrer dans sa langue maternelle. Il est surtout attire par les poètes grecs. D’abord accueilli
avec froideur, il a conquis peu à peu une autorité grâce à laquelle il reçoit le titre de « Prince des
poètes ». Ses recueils sont réédités avec succès, on les imitait, on lui dédiait des poèmes. En
1560, il publie une édition collective de ses œuvres, classant toutes ses poésies en 4 volumes:
« Amours », « Odes », « Poèmes », « Hymnes ». En 1575, riche et malade, Ronsard se retire de la
cour et au crépuscule de sa gloire, ajoute encore à son bouquet poétique ces mélancoliques roses
d’automne : les « Sonnets sur la Mort de Marie » et les « Sonnets pour Hélène » (1578). Il est
mort en 1585, ses funérailles ont eu lieu à Paris : jamais la mémoire d’un poète français n’avait
été aussi solennellement honorée.
1. Vie et oeuvre.
2. “Essais” – journal d’un home a la recherche de la sagesse.
2. Les «Essais» sont tout Montaigne et ne sont guère que Montaigne avec ses idées, ses
sentiments, ses vertus, ses faiblesses. Il est donc indispensable de connaître leur auteur, qui
demeure par lui-même un personnage réellement original.
Les «Essais» nous peignent un être dans toute sa complexité : aussi sommes-nous frappes par
divers contrastes. Montaigne, dont la vie était si active, était plutôt indolent (mou, apathique) de
nature. A une lourdeur physique il joignait une finesse d’esprit peu commune. Il alliait à un bon
sens paysan une pensée extrêmement hardie. Il a supporte courageusement la douleur dont il avait
pourtant une horreur physique intense. Sa personnalité, riche et diverse, est difficile à définir d’un
mot. Quoiqu’il ne soit ni passionne, ni mystique, Montaigne apparaît comme un beau type
d’homme complet.
Le titre de l’œuvre appelle une explication : Montaigne lui-même nous la donne : son livre est
l’essai des facultés naturelles qui sont en lui. Montaigne ne prétend pas nous imposer une leçon,
il nous convie (inviter) à vivre avec lui ses tentatives, ses observations, ses réflexions. Les
« Essais » sont « le journal d’un homme à la recherche de la sagesse. » Le titre nous rappelle
aussi que Montaigne n’a jamais voulu s’immobiliser dans une certitude définitive, jusqu’à son
dernier jour, il a complété, nuancé son oeuvre.
L’expérience, la vie même de Montaigne s’inscrivent dans les « Essais » à mesure qu’il les
compose. Il commence par noter des réflexions inspirées par ses lectures ; puis peu à peu, les
idées personnelles prennent la première place et l’opinion des anciens n’intervient plus qu’a titre
d‘exemple ou de confirmation. A mesure que sa pensée évolue, l’auteur complète les chapitres
déjà rédigés.
Montaigne va donc parler de lui, de son tempérament, de ses idées, des événements de sa vie. Et
pourtant son livre ne ressemble nullement aux «Confessions» de J.-J. Rousseau. Montaigne
s’analyse avec une parfaite lucidité, sans indulgence comme sans sévérité excessive. Il ne se
donne pas pour un être exceptionnel, solitaire ; il se considère objectivement. Son but n’est pas
l’exaltation du moi, mais la conquête de la sagesse.
Les «Essais » sont composes sans aucun plan, en chapitres de longueur très variable. La partie
la plus intéressante traite de l’ « Institution des enfants. » Le titre est un peu trop général, d’abord
dans les enfants l’auteur ne vise pas les filles. Il n’a en vue que l’éducation d’un garçon et de
famille aisée, qui n’aura pas besoin d’utiliser son savoir pour gagner sa vie. Montaigne critique
l’éducation inapte de son temps qui fait «des ânes chargés de livres», il condamne les pratiques
brutales des maîtres. Ce qu’il faut cultiver, c’est le jugement, il faut surtout apprendre à raisonner
juste. Savoir par cœur n’est pas savoir, ce qui importe ce ne sont pas les mots, mais «le sens et la
substance».
L’œuvre de Montaigne admirée à l’étranger pas Bacon et Shakespeare, est l‘école où tous les
grands hommes français ont passé – Descartes en est pénétré, Pascal n’aurait pas écrit ses
« Pensées » sans Montaigne.
Avec eux nous arrivons vraiment a des temps nouveaux. Montaigne clôt la Renaissance et
ouvre la période Classique.
1. La transformation de la société
2. La reforme de la langue. F. De Malherbe.
3. Le classicisme. N. Boileau et l’ «Art poétique» - manifeste du classicisme.
1. De toutes les périodes de l’histoire française, le XVII-e siècle est la période que la légende a
défigurée le plus. On fait du «siècle de Louis XIV», «le siècle de l’Ordre». On montre le Roi-
Soleil apportant à la France autorité, stabilité, prospérité, gloire militaire, gloire littéraire. Mais la
réalité est bien différente.
Certes, le XVII-e siècle est grand, mais sa grandeur ne tient pas dans la personnalité d’un roi
d’intelligence moyenne, de moralité médiocre ; elle ne tient non plus dans ce qu’on appelle le
triomphe de l’ordre, car l’ordre établi par le despotisme est tout en surface et couvre des conflits
profonds. Si le XVII-e siècle est grand, c’est qu’il est siècle de vie ardente et de lutte
passionnée...
En 1624 le cardinal Richelieu devient principal ministre. Il veut faire triompher l’autorité de
l’Etat, avec énergie et souvent en utilisant la force. La France devient la première puissance
européenne.
Quand Louis XIV devient roi de France ; il considère que son bon plaisir est la loi unique et
suprême ; il impose une monarchie proche du despotisme total. Le roi règne non seulement sur
les corps, mais sur la pensée du peuple, il intervient brutalement dans le domaine spirituel. On est
devant l’abolition de toute liberté politique, abolition de toute liberté de conscience, défense de
rien publier sana l’autorisation du Roi.
La science est en plein élan. La physique et les mathématiques se développent et font un bond
avec les travaux de Descartes et Pascal, les progrès techniques s’annoncent. Enfin l’esprit
profond de l’humanisme prend conscience de lui-même.
Son vrai nom – François-Marie Arouet. Il est connu comme philosophes, historien,
dramaturge, romancier, poète. Ses oeuvres : “Zaïre”, „Mérope”, “Oedipe”, “Brutus”, “Candide”,
“Zadig”. Par la longueur de sa vie et l’ampleur de son œuvre, Voltaire embrasse tout le XVIIIe
siècle. Il cultive tous les genres et traite tous les sujets. Tous les problèmes l’intéresse : du
fanatisme religieux et des affaires politiques jusqu’au théâtre et l’ode galante.
Toute son oeuvre touche aux questions religieuses; с’est la morale qui importe, base de toute
société, elle est le trait d’union entre les hommes. « La religion n’est instituée que pour maintenir
les hommes dans l’ordre et leur faire mériter les bontés de dieu par la vertu. »
Son idéal politique – les hommes sont naturellement libres et égaux. Il souhaite que le roi
choisisse ses ministres parmi les hommes éclairés et leur demande de rendre le peuple heureux
par une sage politique, celle qui conduit à la civilisation. Il combat pour un idéal de civilisation,
dont la grande ennemie est la guerre, qui ruine les Etats et détruit le vainqueur comme le vaincu.
Aux héros, Voltaire préfère les grands hommes, savants, artistes. La forme de gouvernement
préférée de Voltaire – la démocratie. Il revendique la liberté:
- des personnes, par l’abolition de l’esclavage,
- de parler et d’écrire ,
- de conscience,
- de disposer de ses biens et de son travail
Voltaire historien: avant Voltaire, l’histoire est représentée par des mémoralistes, des
compilateurs sans méthodes et critique. A lui revient le mérite d’avoir promu une orientation
historique nouvelle ; a savoir une histoire critique et philosophique. Ainsi “Charles XII” est
histoire d’un roi, “Louis XIV” – histoire d’une nation, “Essai sur les mœurs” – histoire du monde.
L’historien doit être un artiste en même temps qu’un savant ; son récit ne doit jamais ennuyer. Il
compare l’histoire a la tragédie.
Quatre grandes théories découlent de la conception voltairienne de l’histoire :
- le rôle du hasard qui lui semble plus fort que le « déterminisme » ou la « logique ». Pour
Voltaire, ce n’est pas la Providence, mais le hasard qui domine l’histoire ; les hommes
interviennent surtout par leurs passions mesquines, leurs ambitions ;
- le rôle des héros, de grands hommes. Le hasard favorise parfois l’action des grands
hommes qui contribuent au progrès et si le roi les protège, alors on voit éclore un siècle où
l’humanité tend vers la civilisation idéale.
- l’évidence que le christianisme n’est qu’une des formes de civilisation et que d’autres,
excellentes ou meilleures se sont développes utilement.
- le rôle de l’économie, par lequel s’expliquent les grandes mutations et qui permet
d’espérer en un progrès continu. Le seul moteur de l’histoire : la liberté humaine qui permet le
progrès de la raison.
L’évolution de l’esprit humain a été, selon Voltaire, influencée de tout temps, par 3
facteurs qui sont : le climat, la forme du gouvernement, la religion. Et les malheurs de la société
sont dus au despotisme politique et ecclésiastique.
Voltaire – dramaturge: accorde une grande place aux effets scéniques, au pathétique
extérieur et au jeu des acteurs. Il ouvrait la voie au drame romantique. Les tragédies: “Oedipe”,
“Brutus”- tragédie républicaine, “Zaïre”- tragédie psychologique, “Mahomet”- tragédie
philosophique, “Mérope”- tragédie de l’affection maternelle.
С’est un théâtre d’idées. La tragédie est devenue la tribune qui propage la philosophie des
Lumières: idées antireligieuses - il combat les miracles; et au fanatisme religieux, Voltaire
oppose les principes d’une religion naturelle. Les idées politiques y occupent également une
large place. Il critique le gouvernement féodal, ses abus et privilèges.
Il écrit beaucoup, mais publique peu, la plupart de ses ouvrages seront publies après sa mort.
Il écrit dans les genres les plus divers: théâtre – Diderot veut doter la scène d’un genre nouveau –
le drame ou la comédie sérieuse. Critique d’art – Diderot s’intéresse à l’esthétique abstraite: on
peut trouver dans les autres oeuvres beaucoup d’idées souvent contradictoires, mais toujours
vivantes, sur la beauté littéraire et artistique. Romans, contes – lisant Richardson, Diderot ne suit
point les traces de son idole. Chez lui ce sont tantôt de brefs récits ou dialogues: “Entretien d’un
père avec ses enfants”, “Ceci n’est pas un conte”, tantôt des oeuvres plus longues “La religieuse”,
“Le Neveu de Rameau”, “Jacques le fataliste”. Mais Diderot n’a jamais oublié qu’il était, avant
tout, philosophe. Continuant l’orientation matérialiste de la pensée de Descartes, mais se
nourrissant surtout de la philosophie empiriste de J. Locke, Diderot aboutit à une véritable
synthèse, très évoluée pour son temps, qui proclame une philosophie matérialiste et athée. Son
irréligion revêt une double fonction militante : la réfutation des dogmes de religion, la critique
anti-cléricales. Sa plume se sert de tous les tons pour dénoncer l’absurdité des dogmes, l’inutilité
et la malfaisance de la religion.
Comme Diderot a été matérialiste en philosophie, il a été réaliste en art et en littérature. Ces
deux conceptions sont liées. Il juge d’une œuvre d’art surtout du point de vue de son accord avec
la réalité, du point de vue de la réalité. L’art n’a pas pour fonction de peindre ou de conter
seulement le banal et le quotidien; l’œuvre d’art résulte de rapports entre la nature et l’artiste.
Selon Diderot il faut d’abord observer la nature, former en soi un modèle idéal d’après la nature,
puis travailler d’après ce modèle. Jusqu'à la fin de sa vie, il n’a jamais varié sur un point : c’est
toujours la réalité qui est source unique d’inspiration.
Parlant de Diderot romancier, il faudra dire que rien n’est plus contrastant que ses romans et
ses drames. Il a réussi à créer une formule qui lui est bien propre et qui marque une merveilleuse
étape dans l’histoire du roman français. Reprenant le conte et la nouvelle, Diderot les change en
profondeur. Son conte n’est plus une simple anecdote, une histoire gaie, un bon mot; il y introduit
la vie, le réel, le dialogue, les caractères, les conditions sociales. Au XIX siècle on salue en
Diderot le créateur du roman réaliste. Renonçant à la stylisation et à l’idéalisation classiques, il
s’intéresse vivement à la réalité matérielle, au corps et au comportement des personnages, aux
détails vrais. Mais ce réalisme est très personnel : amoureux de caractères tranchés, d’individus
originaux, Diderot ne confond jamais vérité et banalités.
On sent trop la présence de l’écrivain dans ses contes. Il dialogue avec lui-même, jouant tous
les rôles à la fois. Ses récits ont une intention philosophique trop apparente : ils sont destinés à
éprouver une thèse, à mettre en valeur une idée. Ainsi Diderot crée la technique réaliste sans être
un romancier au sens où on l’a entendu jusqu'à l’aube du XX siècle.
Son roman « La Religieuse » est composé en 1760 et publié après la Révolution, en 1796.
La genèse du roman est le fruit d’une mystification mise en scène par Diderot.
C’est l’histoire accablante d’une fille toute jeune, détestée par son père (parce qu’étant le
fruit d’un amour coupable) et répudiée par sa mère, et qui est mise de force au couvent. Diderot
nous introduit dans l’atmosphère pesante des cloîtres et nous révèle la psychologie maladive de
cette humanité qui vie repliée sur elle-même. Sœur Suzanne Simonin passe par trois couvents
avant de s’évader. Elle n’y rencontre que terreur et peines dans les premiers deux. Dans le
troisième, le couvent d’Arpajon, c’est encore pis : la débauche et la corruption des mœurs y
règnent. La mère supérieure, femme ardente et passionnée, s’y donne aux pires dérèglements
avec les sœurs. Suzanne réussit à résister et à se dérober à la poursuite de la mère supérieure. Peu
de temps après elle s’évade et après bien des déceptions, elle est recueillie par une lingère comme
bonne à tout faire. Malade, Suzanne meurt bientôt.
Il est reste dans l’histoire le grand précurseur des tempêtes, l’initiateur des temps nouveaux.
Méditant sur le sort humain, il résume ses pensées dans le “Contrat social” – la nature a fait
l’homme libre, mais partout il est dans les fers; a l’injuste contrat ou le fort subjugue le faible, il
faut substituer un nouveau qui assure à chaque citoyen la protection de la communauté et lui
rende les avantages de la liberté et de l’égalité. A la monarchie abolie il oppose la souveraineté du
people, il veut fixer des principes du droit politique:
1. aucune autorité d’un homme sur les autres n’est naturelle. La seule loi acceptable est celle
qui résulte d’un pacte social.
2. la souveraineté (autorité politique) ne peut donc découler que de la volonté générale,
с’est-à-dire du peuple consulte. С’est la volonté générale qui dirige les force de l’Etat.
3. le gouvernement (l’exécutif) est un pouvoir subordonne au souverain - le peuple. Si le
gouvernement impose sa propre volonté, le pacte social est rompu et les citoyens doivent refuser
d’obéir.
Rousseau avait longuement pense faire un livre d’éducation. Ce sera “Emile” apparu en
1762, un traite d’éducation naturelle, en parfaite concordance avec les vues politiques,
philosophiques et morales de l’auteur.
Le livre se fonde sur une éducation loin de la civilisation, a l’abri des livres, de la société, de
la famille. Il faut protéger l’enfant contre l’influence néfaste de la civilisation. Jusqu’a 5 ans, rien
dans l’éducation de l’enfant ne doit contrarier à la croissance physique. Ainsi dans le premier
livre, Emile est élevé à la campagne, il se développe naturellement, pas de maillot, pas de leçons,
excepte quelques mots nécessaires à ses besoins naturels.
De 5 à 12 ans, Emile doit former son corps et ses sens; comme il n’est pas capable
d’apprendre beaucoup de choses, il sera forme lentement, par l’expérience, l’observation directe:
il ne faut lui enseigner ni langue, ni littérature, ni géographie; le seul souci est de faire de lui un
etre sain, heureux de vivre (livre II). De 12 à 15 ans a lieu la formation technique et
intellectuelle. Emile assimile les notions de géographie, de physique par la méthode
expérimentale (livre III). A partir des connaissances acquises, il apprend à juger et à raisonner.
De 15 à 20 ans a lieu la formation religieuse et morale. Emile a l’esprit sain, le jugement bon et le
cœur droit – il peut entrer dans le monde (livre IV).
Une jeune fille a été élevée selon les mêmes principes. Emile rencontre Sophie, qui est
charmante; ils s’aiment et ils s’épousent après un voyage ou Emile sera initie à la chose politique.
Ils auront un enfant (livre V).
Le roman, reprenant le meilleur de la tradition réaliste du XVII siècle, s’engage dans la voie
de la littérature des Lumières. Se tournant vers le dehors, vers le social, le roman aboutit au
réalisme bourgeois, il propose au lecteur une sorte d’école de vie, une image des conditions
sociales.
Alain-René Lesage (1668 – 1747) Son oeuvre la plus connue – “Histoire de Gil Blas de
Santillane”, qui raconte l’histoire d’un jeune homme, d’abord naïf et abuse, qui connaîtra la
réussite. C’est la vie d’un simple écolier qui, après de nombreux épisodes, devient le courtisan et
le conseiller des ducs et des ministres, pour finir tranquillement sa vie dans son château auprès de
sa femme et de leurs enfants.
Les épisodes sont nombreux et variés, les vies humaines se rencontrent, s’éloignent sans se
pénétrer, ni réagir l’une sur l’autre. Les scènes, les situations, les répliques, les idées, les procédés
se répètent; il n’y a pas de schéma cohérent, mais c’est une satire sociale, l’auteur fait défiler
devant nos yeux une véritable fresque des vices et des travers d’une époque.
L’Abbé Prévost (1692 - 1745) est l’auteur d’un tout petit livre, qui l’a rendu célèbre –
“Manon Lescaut” –roman sentimental, qui nous restitue un milieu social, immoral et corrompu,
caractéristique de l’époque, ou une seule raison de vivre persiste: le plaisir; et comme il coûte
cher, on se procure de l’argent par tous les moyens. C’est l’histoire d’un jeune chevalier – des
Grieux, qui après ses études de philosophie, voulant devenir prêtre, rencontre une jeune fille du
people, Manon, dont il tombe amoureux. Cette passion le transforme, bouleverse toute sa vie,
mais la fille est indigne de cet amour. Elle est charmante et l’aime aussi à sa façon, mais elle est
frivole, dépensière, aime trop l’abondance et les plaisirs. Elle trahit le chevalier, mais il lui
revient toujours et se laisse entraîner peu a peu aux pires bassesses. Finalement Manon est
déporte en Amérique avec les autres filles de mauvaises mœurs. Des Grieux la suit, mais après un
duel, il doit s’enfuir avec Manon dans le désert. La femme, peu faite pour une rude vie et des
émotions violentes meurt soudain d’épuisement. Des Grieux lui survive pour traîner une
existence sans aucun but, il pleure à la fois la mort de sa maîtresse et ses fautes.
Bernardin de Saint-Pierre (1734 – 1814) a écrit un roman idyllique que la postérité a retenu
“Paul et Virginie”. Dans un lieu retire de l’Ile de France, dans l’océan Indien, les enfants de 2
familles unies, Paul et Virginie, ont grandi au sein de la nature et ont fini tout naturellement par
s’aimer. Le départ de Virginie en France pour hériter d’une vieille tante, déclenché la fin tragique
de cette histoire sentimentale: le navire qui ramène la jeune fille fait naufrage, celle-ci périt dans
les flots, tandis que Paul, après avoir vainement tente de la sauver, meurt de douleur.
Le roman reprend la thèse de Rousseau: la bonté foncière de l’homme, les bienfaits de la
nature sauvage, la haine contre la civilisation corruptrice. Ainsi Virginie est punie pour avoir
préféré la richesse au bien-être paradisiaque de la nature. Avec cette idylle, la littérature française
s’enrichit d’une nouvelle dimension – la nature exotique.
Le marquis de Sade (1740 –1814). Dans la seconde moitié du XVIII siècle on subit
l’influence du roman “noir” anglais. Avec Donatien Alphonse François de Sade la littérature de la
cruauté atteint une violence stupéfiante, livrant au lecteur une galerie de personnages infâmes et
des scènes -chocs exaltant diverses perversions. La vie de Sade est elle-même un immense
dérèglement: compromis dans divers débauches, esprit déréglé, il passé l’essentiel de sa vie en
prison. Son oeuvre était régulièrement censurée et partiellement détruite. Maniaque, pornographe,
bon pour l’asile (ou il mourra finalement), Sade n’a jamais été compris de ses contemporains.
Le fondateur du “sadisme” n’intéresse la littérature que comme témoignage sur son temps.
Son écriture parait plate et répétitive. Il montre un monde en pleine corruption, livre à la brutalité.
Ses héros reflètent une époque ou tous les idéaux s’écroulent, ou l’individu croit qu’il peut tout se
permettre. Ses romans suivent tous le même schéma: de grands seigneurs vicieux abusent de
jeunes filles innocentes. Le récit se présente comme une suite d’expériences érotiques,
contrecoupés de longues dissertations sur la théorie du plaisir qui doit tout guider. A la fin on
assiste a la punition des héros, c’est le plus souvent l’autodestruction, un suicide.
Les oeuvres : “Les infortunes de la vertu”, “La philosophie dans le boudoir”,
“Justine ou le malheur de la vertu”, “Les crimes de l’amour”.
Chaderlos de Laclos (1741- 1803) est l’homme d’un livre unique – “Les liaisons
dangereuses” qui est le dernier des grands romans du XVIII siècle. Le roman a fait scandale.
C’est la peinture cruelle de la débauche et de la corruption de l’aristocratie. Les personnages
principaux – le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil - sont les représentants typiques
de cette classe. Valmont est l’incarnation du parfait séducteur cynique et corrompu, il est perfide,
ruse, infâme. Ile s’échangent des lettres d’ou nous apprenons les machinations du séducteur: ses
victimes sont, d’abord, la présidente de Tourvel , femme vertueuse et dévote, puis l’innocente
Cécile de Volanges. Elles finissent l’une par mourir de chagrin, l’autre par devenir religieuse
Valmont lui-même finit par être tué en duel. La marquise, défigurée par une maladie, déshonorée
publiquement pour son immoralité, quitte la France.
La lettre permet de décrire la stratégie du libertin, d’analyser les méthodes cyniques
auxquelles il recourt pour tromper ses victimes. Le lecteur voit les calculs hypocrites, les
manœuvres, les bilans victorieux des opérations. Laclos juge le comportement scandaleux d’une
noblesse pourrie.
Sous le règne de Louis XVI, dans les années qui ont précédé la Révolution, la crise de
l’Ancien régime n’avait fait que s’aggraver. Rien ne pouvait sauver l’ordre l’ordre féodal au bord
de l’abîme : la révolution était devenue une nécessité historique.
On a souvent essaye de mettre en lumière les causes de la révolution ; ainsi on l’a expliquée
par le mouvement des idées, dont on a vu l’épanouissement prodigieux tout le long du siècle.
Certes les Lumières ont joue un grand rôle dans la préparation de la Révolution et même dans son
déroulement. La Révolution n’a pas été une expérience de laboratoire, issue abstraitement du
Contrat Social ou de l’Encyclopédie. Comme on le verra plus loin, ce n’était point une
révolution de palais ; c’était un phénomène national et global qui, malgré le rôle directeur de
Paris, a embrasse tout le royaume et a réussi, en quelques années seulement, à jeter les assises de
la nouvelle société bourgeoise sur les ruines de l’Ancien Régime. La cause profonde de la
Révolution se trouve dans le conflit toujours plus aigu entre les nouveaux producteurs (la
bourgeoisie et les masses populaires) et les classes privilégiées (la noblesse et le clergé). La
bourgeoisie ne pouvait plus supporter l’organisation de l’Etat monarchique. Le combat, mettant
aux prises l’aristocratie et la bourgeoisie, était ainsi arrivé à son apogée. C’était une révolution
bourgeoise ayant pour objectif final l’instauration du pouvoir de la nouvelle classe. En quelques
mois seulement on a atteint ses objectifs. En 1790, une bonne récolte et un sentiment de
contentement général semblent marquer une amélioration sensible de la situation.
Outre Beaumarchais, plusieurs écrivains, moralistes, nous ont laisse un précieux témoignage
sur l’esprit et les mœurs de la société française à la veille de la Révolution. Les maximes de
Chamfort, les pièces de Rivarol traduisent assez bien les désillusions de siècle : on ne croit plus
au bonheur, mais l’ironie reste une suprême consolation. Quant au roman, il illustre la profonde
dépravation des mœurs, tout en affirmant des intentions vertueuses dues en parties à l’influence
de Rousseau.
Chamfort (1741 – 1794) – couronne par l’Académie française pour son éloge de Molière
(1769) et par l’Académie de Marseille pour son « Eloge de La Fontaine » (1774), lui-même
académicien, Chamfort est amer et misanthrope en dépit de sa brillante réussite littéraire. Ses
pensées, maximes et anecdotes (parues en 1803) révèlent une lucidité pessimiste 0 l’égard de la
nature humaine, mais cette ironie caustique est souvent la réaction de défense d’une sensibilité
délicate et ombrageuse. Sous la Révolution, Chamfort devient suspect : menacé d’être
emprisonné pour la seconde foi, il tente de se tuer et survit peu de temps a ses blessures.
Rivarol (1753 – 1801) – Fils d’un aubergiste, Antoine Rivaroli, se fait appeler comte de
Rivarol. Paresseux mais plein d’esprit et de hardiesse, il raille les écrivains a la mode et brille
dans les salons ; on répète ses traits satiriques, on admire son « Discours su l’universalité de la
langues français » (1784). Hostile a la Révolution, il donne des articles aux Actes des Apôtres,
puis émigre et meurt à Berlin
Restif de la Bretonne (1734 – 1806) Libertin et pourtant disciple de Rousseau, Restif
compose une foule de romans, diffus, licencieux, mais vigoureusement réalistes, et qui offrent un
véritable panorama des mœurs du temps : Le Paysan perverti, La Vie de mon père.