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Colloque National Maintenance - Qualité CNMQ-16 ; IMSI : 16-17 mars

2016
Transport Routier de Matière Dangereuses

Benomar Fatima, Lounis Zoubida, Brachemi Badra Nadia

Laboratoire d’ingénierie de la sécurité industrielle et du développement durable « LISIDD »


Institut de maintenance et sécurité industrielle; Université D’Oran 2

fbenomar@yahoo.fr

Résumé : Le transport routier de matières dangereuses (TRMD) est un risque mobile et diffus, en
fonction de la nature de la matière transportée il est susceptible d’exposer aux risques de pollution,
d’incendie ou d’explosion en raison des vulnérabilités de la population et des installations et/ou de
l’environnement.

Oran, en se développant au fil des ans, a rejoint sa zone industrielle qui s’est urbanisée sans tenir
compte des contraintes des risques associés à cette activité. Ainsi son centre de stockage et de
distribution (CSD) de carburants et ses différentes stations services se sont retrouvés en pleine ville.
Cette extension un peu aléatoire, a donné pour conséquences des itinéraires TRMD « pénétrant »
l’agglomération. Notre but est d’analyser le risque TRMD en l’agglomération Oranaise en utilisant la
méthodologie MADS-MOSAR.

Mots clés : Matières dangereuses, Transport routier de matières dangereuses, pollution, incendie,
explosion, agglomération, accident de la circulation, risques majeurs. MADS-MOSAR

Abstract : The transport of dangerous goods by road (TDGR) is a diffuse and mobile risk. By the
characteristics of dangerous goods, it is susceptible to expose the population, environment and
installations to the risk of pollution, fire and explosion.

Oran while being developed during all years has joined its industrial zone which has been urbanized.
Thus, its center of storage and distribution of fuel and its various service stations are found inside the
town full. So this extension has caused the existence of the routes of TDGR to the urban areas.

Our objective is analysing the risk of TDGR in the Oran built-up areas by using methodology
MADS-MOSAR.

Key words: Dangerous goods, Transport of dangerous goods, pollution, fire, accident of circulation,
major risk. MADS-MOSAR.

1. Introduction :

L’alimentation en carburant dans une ville est une activité socioéconomique qui expose aux risques
d’origines diverses et aggravés par la nature dangereuse de la matière transportée. Le fait que les
véhicules de transport de matières dangereuses (VTMD) partagent la route avec les autres usagers et
subissent les mêmes aléas de la circulation, ceci peut conduire à un risque majeur.

En effet, le transport routier de matières dangereuses (TRMD) est classé par la directive SEVESO II
parmi les risques technologiques majeurs, au même titre que : le risque industriel, le risque nucléaire,
le risque chimique, le risque biologique, le risque de rupture de barrage. Ces risques ont jeté le

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discrédit sur notre technologie moderne et la méfiance des populations par leur ampleur et leur gravité.
Ce sont des événements hors limite, aussi bien dans le temps que dans l’espace et qui par leur nature,
leur impact, sont susceptibles de se soustraire à la maîtrise humaine comme se fut le cas de Seveso
(1976), Bhopal (1984), Tchernobyl (1986)… [1]

L’application de la méthodologie MADS-MOSAR, nous permettra d’analyser ces nuisances, ces


risques liés au transport routier de matières dangereuses. C’est-à-dire les sorties négatives et leurs
impacts sur le système et son environnement.

2. Problématique

Le transport de matières dangereuses (TMD) est un risque technologique majeur, car il est caractérisé
par sa mobilité et sa diffusion à travers tout le territoire. Quel que soit le mode de transport
(canalisation, Aérien, Fluvial, Ferroviaire, Routier), le risque est présent en raison de la matière
transportée, de la voie empruntée et de l’environnement.

Dans le transport par route, en plus des aléas naturels (séisme, foudre, inondation, vent violent, chute
d’arbres…), il y’a l’aléa de la circulation qui est aggravé par la marchandise transportée. La matière
dangereuse transportée présente des risques (incendie, explosion, pollution, BLEVE, UVCE) liés à ses
propriétés physiques (inflammabilité, explosivité, gaz sous pression liquéfier…) ou propriétés
chimiques (réactivité, toxicité …). Le risque potentiel que présente le transport routier, par rapport aux
autres modes de transport, se distingue des autres risques par un environnement immédiat des
personnes (personnes de services, consommateurs, population, ERP, écosystème).

A la différence de tout accident industriel, l’accident de TRMD peut survenir n’importe où et à tout
moment au niveau d’une commune, en plein centre ville, en rase campagne sur les axes routiers.

Dans le monde, depuis le début du XX éme siècle, sur 58 accidents industriels recensés ayant
provoqué chacun plus de 50 morts, 23 concernent le transport de matières dangereuses [2]. Parmi les
plus meurtriers nous citons l’accident de Los Alfaques (Espagne juillet 1978) où une citerne de
propylène (gaz sous pression très inflammable) a explosée en bordure d’un camping et fit 216 morts.

En Algérie, le TRMD est la cause de plusieurs accidents dont quelques-uns ont été graves. Dans notre
étude nous traitons le risque de transport de matières dangereuses en l’agglomération oranaise. Cette
agglomération est caractérisée par ses routes étroites, un important trafic, une forte densité de
population et la présence du centre de stockage et de distribution de carburant et des stations services
installés en pleine ville.

Le centre construit en 1930 dans l’ancienne zone industrielle d’Oran, à Hai dhaia (ancien quartier
petit lac), pour alimenter la ville en carburant. Cette dernière se limitait au premier boulevard
périphérique où se trouvaient toutes les stations services. Ainsi le transport de matières dangereuses se
faisait en rase campagne et les risques étaient réduis.

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Fig. 1 : la ville d’Oran, son développement spatiale depuis sa création jusqu’à 1972. [3]

Légende :

Oran en 1840

1840 à 1935

1935 à 1972

Mais Oran, s’est développé au fil des ans, et elle a rejoint ces stations services et son centre de
stockage et de distribution de carburant. Or Cette extension un peu aléatoire, sans revoir
l’aménagement de la ville a crée des risques technologiques majeurs et des itinéraires « pénétrants »
l’agglomération.

3. La méthodologie MADS-MOSAR.

La Méthode MADS- MOSAR est un ensemble ordonné de manière logique, de principes, de règles,
d’étapes, permettant de parvenir à une analyse des risques d’un système. MADS nous permet de
modéliser et d’identifier les dangers.

MOSAR est la généralisation de la méthode générique qui permet d’analyser les risques techniques
d’une installation et d’identifier les moyens de prévention nécessaires pour les neutraliser.

3.1. MADS, concepts

Le modèle MADS (Méthodologie d’analyse de dysfonctionnement des systèmes). Appelé aussi


Univers de danger permet de construire et de comprendre la problématique de l’analyse des risques.

L’univers de danger est formé de deux systèmes appelés système source de danger et système cible,
en interaction et immergés dans un environnement dit actif appeler champ de danger [4].

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Les interactions entre les systèmes source et cible se font sous forme de processus c’est-à-dire
d’échange de flux de matière, énergie, et information entre les deux systèmes, dans le temps, l’espace
et la forme.

On fait donc apparaître :

- le flux de danger que l’on appelle aussi l’événement principal ou aussi parfois appelé l’événement
redouté.

- Le champ de danger est tapissé de processus qui peuvent agir sur le système source par des
événements initiateurs, ainsi que le système cible par des événements renforçateurs, et le flux de
danger par des événements amplificateurs. [5]

Fig. 2 Processus de danger (P.Périlhon) [4]

Ce schéma permet de réfléchir pour la mise en place des barrières, à différents niveaux (système
source flux de danger et flux de danger cible), respectivement de prévention pour éviter et de
protection pour retarder un enchaînement irréversible.
Comme le danger implique le risque potentiel on peut agir soit sur la source de danger (par
exemple en substituant un produit dangereux par un autre moins dangereux ou en modifiant le
processus de fabrication par exemple), soit sur le flux, en installant des barrières qui permettent de
protéger les cibles (personnes et /ou environnement) et de diminuer les effets de l’ENS.
Ce modèle de phénomène de danger sert à identifier et classifier les nombreuses techniques de
danger disponibles pour la maîtrise de ces phénomènes, suivant le métier et le point de vue des acteurs
intervenants en cas de danger.

3.2. MOSAR, Principes


MOSAR (Méthode organisée systémique d’analyse des risques). Cette méthode a pour finalité de
mettre en évidence les scénarios d’accidents et définir les barrières de prévention et de protection à
mettre en place pour neutraliser les événements générateurs de ces scénarios.
Après avoir décomposé le système en sous système suivant les trois critères :
- décomposition hiérarchique en fonction des relations des éléments du système entre eux ;
- décomposition topographique en fonction de la position des éléments du système dans l’espace ;
- décomposition fonctionnelle de par la situation des éléments du système dans la chaîne de
fonctionnement de cette dernière.
Ces sous systèmes doivent répondre à trois conditions :

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- les sous systèmes répondent aux cinq critères d’un système (structure, fonction, finalité, évolution et
environnement) ;
- chacun doit être homogène ;
- leur nombre doit être le plus limité possible, en tout cas inférieur ou égal à 12.
On recherche systématiquement les dangers présentés par chacun d’entre eux. Et enfin ils sont remis
en relation pour faire apparaître des scénarios de risques majeurs.

La méthode s’articule autour de deux visions, d’où les deux modules qui la composent :
- une vision macroscopique conduisant à un module A qui consiste à faire une analyse des risques
principaux.
- une vision microscopique conduisant à un module B qui consiste à faire une analyse détaillée et
complémentaire des dysfonctionnements techniques et opératoires identifiés dans le module A. [6] [7].

4. Application et résultats
1er étape du module A : identification des sources de danger

Pour cela, on utilise le modèle MADS (Méthodologie de Dysfonctionnement des Systèmes)


qui modélise le processus de danger de la manière suivante :

Evénement initial - Energie humains, environnement,

Source de danger - Matière écosystème

- Information (bruit)

Fig. 4. Processus de danger pour les TRMD

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Le champ :

 Physique : le champ de la pesanteur qui entraîne la formation d’une nappe de liquide qui se
répandra suivant la surface qui lui est offerte.
 La température : permettra la transformation du liquide en gaz et transporté selon la direction du
vent.
 Règlement : les TMD sont soumis à une double réglementation, celle des TMD et le code de la
route.
 Economique : la politique de maintenance joue sur l’état des camions et des citernes.

Environnement.

Tapissé de processus dus aux activités :

- anthropiques : circulation des voitures, des autres camions TMD, chaussée, zones industrielles,
population, ERP…

- naturelles : séisme, inondations, foudre, conditions atmosphériques, direction du vent…

Flux :

-De la matière : effets missiles en cas d’explosion

-De l’énergie  : en cas d’incendie

-Du bruit : en cas d’explosion

Pour identifier toutes les sources de danger, on remplit un tableau A qui prend 4 pages, pour cette
raison, nous donnerons seulement un scénario court et un long.

Exemple d’un scénario court et d’auto destruction

Fig.5. scénario court et d’auto destruction

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Fig.6. scénarios long fuite de matière.

Les étapes d’identification et le tracé des scénarios sont suivis par l’étape d’évaluation des risques.
Dans cette étape, nous cotons les scénarios des risques en probabilité et gravité.
Nous avons trouvé la courbe suivante.

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Fig.7. courbe des risques majeurs

Nous remarquons qu’il y’a trois courbes :

- pour la courbe dans le domaine acceptable l’étude est terminée.

- Pour les courbes se trouvant dans le domaine intermédiaire et le domaine inacceptable, des mesures
de sécurité vont être prise.

Ces mesures de sécurités sont des barrières à placer au niveau de la source qu’on appelle des
barrières préventives et au niveau de la cible qu’on appelle des barrières de protection.

5eme étape du module A : la définition et la qualification des moyens de prévention.

Cette partie de l’analyse consiste à identifier les moyens de prévention et de protection


nécessaires pour éviter les scénarios d’accidents majeurs. On appelle ces moyens des barrières. Elles
peuvent être de deux types :

- des barrières technologiques (BT) : ce sont des éléments faisant partie de l’installation empêchant
l’apparition d’événements non souhaités (ENS) et indépendants de l’activité humaine.

- des barrières opératoires ou d’utilisation (BU) : ce sont des actions nécessitant l’intervention
humaine.

Cette étape nous a permis de tracer les barrières de sécurité et de qualifier ces barrières. Après les
calculs, nous obtenons la courbe suivante.

Fig.8. La courbe cumulative des risques majeurs

5. Conclusion

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L’Analyse du risque TRMD, nous permet d’identifier les sources de danger qui sont multiples
et variées, les causes peuvent être techniques : une mauvaise maintenance, une inspection mal faite, ou
tout simplement un camion de mauvais état. Elles peuvent être humaines : le conducteur est mal
formé, ne respecte pas le code de la route... Elles peuvent être organisationnelles  : achat de mauvais
véhicules, mauvais emplacement des stations services et du centre de stockage et distribution.

Les causes peuvent être dû à l’environnent où évoluent les camons citernes, qui traversent des
zones très urbanisées. Ils partagent des routes étroites et d’un trafic important avec d’autres usagers
dont l’interaction peut conduire à un accident. En outre, les conditions climatiques agissent
directement ou indirectement sur le risque TRMD. Elles peuvent l’amplifier : un vent violent peut
dévier le camion, en cas d’incendie, il peut transporter le feu à des distances considérables par rapport
à son foyer. Une forte chaleur peut aider à l’évaporation de la matière s’il y’a fuite du produit

Bibliographie

1-- Jaques SALAMITOU, Management environnemental, DUNOD, 2004.

-Nichan Margossian, Risque et Accidents Industriels Majeurs, DUNOD, 2006.

-CHAM’S, Enseigner les risques naturels pour une géographie physique revisitée, Diffusion :
Economica 1994.

2- www.nord.pref.gouv.fr/image/actions_etat /ddrm_risque.pdf

3-Mémoire de magister de Mme Boulekras Nawal (2003), Extension de la ville d’Oran : Etude
cartographique

4- P. PERILHON « Analyse des risques, éléments méthodiques », Phoebus n°12,

1er trimestre 2000, pages 31-49.

5-technique de l’ingénieur SE 4 060, (2009)

-technique de l’ingénieur SE 4 061, (2009)

6-André LAURENT, Sécurité des procédés chimiques, Connaissance de base et méthodes d’analyse
de risques. LAVOISIER ,2003.

7-Bernard Martel, Guide du risque chimique, identification, évaluation, maîtrise. DUNOD, 2002.

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