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MÉTAMORPHISME
ET GÉODYNAMIQUE
Cours et exercices corrigés
Christian Nicollet
Professeur à l’université Blaise-Pascal
de Clermont-Ferrand
PRÉFACE
Pour qui a le goût de la pétrographie, toutes les roches sont intéressantes. Mais les
roches métamorphiques et les processus qui sont à leur origine – le métamorphisme –
présentent des attraits tout particuliers.
Les séries sédimentaires offrent incontestablement de grandes joies aux géologues :
leurs structures stratifiées, tabulaires, fracturées ou plissées, sont souvent impres-
sionnantes ; les fins détails des microfaciès et des laminites, agréables à l’œil, sont
révélateurs des milieux de sédimentation ; les figures sédimentaires, spécialement
développées dans les turbidites, sont des éléments de premier choix pour définir des
critères de polarité tandis que la découverte de fossiles conduit généralement à une
excitation proche de la jubilation. Toutefois, sauf cas particuliers (des cristaux de
gypses par exemple, vus au microscope polarisant dans des dolomites évaporitiques !),
la composition minéralogique des roches sédimentaires, généralement pauvre et
monotone, peut être à l’origine de graves frustrations.
De ce point de vue, les roches ignées apportent en revanche beaucoup de satisfac-
tion ! Les très gros grains des roches plutoniques, en particulier dans les pegmatites,
et la diversité des espèces minérales, comblent les aspirations des amateurs de miné-
ralogie. Les textures graphiques, le moirage des perthites et des antiperthites, les
phénocristaux zonés et maclés tout comme les mésostases finement enchevêtrées
des roches volcaniques sont autant d’éléments qui enchantent l’œil et dont l’étude
détaillée aux différentes échelles d’observation conduit à une foule d’informations
utiles à la compréhension des mécanismes éruptifs. Toutefois, sur le terrain, faute de
lignes directrices sur lesquelles l’observateur puisse s’appuyer avec confiance, la
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
V
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Préface
Jacques KORNPROBST
Ancien président de la Société géologique de France
Ancien président de la Société française
de minéralogie et cristallographie
Directeur honoraire de l’observatoire
de physique du globe de Clermont-Ferrand
VI
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Préface V
Avant-propos XIII
PARTIE I
MÉTAMORPHISME ET PROCESSUS MÉTAMORPHIQUES
VII
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VIII
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IX
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9.2 Quels sont les facteurs qui contrôlent une réaction ? 125
9.2.1 La vitesse de diffusion 125
9.2.2 L’influence de la phase vapeur 125
9.2.3 L’influence de la déformation 126
9.3 Métastabilité des paragenèses : l’exemple des silicates d’alumine 127
9.4 Cinétique de réaction et préservation des roches métamorphiques 130
PARTIE II
MÉTAMORPHISME ET GÉODYNAMIQUE
X
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XI
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Annexe 265
1. Diagrammes ACF-A’KF 265
2. Abréviations des minéraux d’après Kretz (1983) et Fettes et Desmons (2007) 268
3. Formules structurales des principaux minéraux 269
4. Quelques assemblages minéralogiques caractéristiques
des principaux faciès métamorphiques 271
Index 285
XII
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AVANT-PROPOS
La dynamique de la Terre est conditionnée, depuis sa genèse, par son évolution
thermique. C’est la dissipation de l’énergie thermique qui fait fonctionner la machine
Terre. Volcanisme et flux de chaleur sont des exemples manifestes de l’énergie ther-
mique interne du globe : ils résultent des transferts de la chaleur, des profondeurs du
globe vers la surface, associés au lent refroidissement de notre planète. De même, la
tectonique des plaques est liée à de vastes mouvements de convection dans le
manteau dont le moteur est l’énergie thermique.
Pour nous renseigner sur la situation thermique à l’intérieur de la lithosphère, à
différents moments de son histoire, il nous faut trouver des « fossiles », des traceurs
qui ont enregistré cette situation thermique et les perturbations éventuelles. Les
roches métamorphiques représentent de tels témoins. Elles ont subi des transforma-
tions minéralogiques, à l’état solide, lorsque la température et la pression, c’est-à-dire
la profondeur changeaient. Ainsi, les roches métamorphiques nous informent sur les
variations de la T en fonction de la profondeur.
L’objectif de cet ouvrage est de faire le lien entre les processus métamorphiques
et l’évolution géodynamique de la Terre. Dans ce but, ce précis est divisé en deux
parties. La première concerne la définition du métamorphisme, les causes qui en
sont responsables et les processus pétrogénétiques qui en permettent la réalisation.
Nous tenterons de répondre à des questions telles que : Quelles variables interviennent,
en dehors des seules P et T ? Pourquoi et comment les roches recristallisent-elles ?
Comment interpréter un assemblage de minéraux en fonction de ces variables ? En
terme de trajet P-T-temps ? Quelles relations existent entre ce trajet P-T-temps et le
contexte géodynamique ? Comment fabrique-t-on les outils de mesure des roches méta-
morphiques : diagrammes de phases, grilles pétrogénétiques, géothermobaromètres ?
Cette première partie comprend dix chapitres de difficultés variables. Certains
chapitres sont incontournables. Les chapitres 1 à 4 introduisent les définitions et
nomenclatures des roches métamorphiques ; ils mettent en place le vocabulaire du
pétrologue du métamorphisme. Le chapitre 2 est important, car il présente, avant de
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
les détailler dans les chapitres suivants, les processus métamorphiques et la métho-
dologie qui nous permet de faire le lien entre métamorphisme et géodynamique
interne. Le chapitre 9 donne une approche qualitative de la cinétique des processus
métamorphiques : celle-ci permet de comprendre dans quelles mesures une roche
qui est portée dans de nouvelles conditions P et T enregistre minéralogiquement ou
non (ou partiellement) ces nouvelles conditions. Selon le niveau d’approfondissement
souhaité, le lecteur peut reporter à plus tard la lecture de certains chapitres. Il en est
ainsi pour le chapitre 7 traitant de l’élaboration des grilles pétrogénétiques ou bien
du chapitre 8 présentant la thermobarométrie. Dans la deuxième partie, en appliquant
les outils présentés dans la première partie, nous discutons, à l’aide d’exemples
régionaux, principalement français, des interprétations géodynamiques – c’est-à-
XIII
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Avant-propos
dire les processus évolutifs à l’intérieur de la Terre et l’analyse des forces dont ils
résultent – qui peuvent être faites à partir de l’étude des roches métamorphiques. Le
plan de cette deuxième partie s’organise autour des trois gradients métamorphiques
principaux : HP-BT, MP-HT et BP-HT. La majorité des formations métamorphiques
a évolué selon ces trois gradients métamorphiques dont aucun ne coïncide avec le
géotherme d’une lithosphère stable. Ainsi, les roches métamorphiques enregistrent
les perturbations qu’a subies la lithosphère dans différents contextes géodynamiques.
Pour conclure, nous présentons un modèle simplifié de l’évolution du métamor-
phisme au cours d’un cycle orogénique et discutons de l’évolution du métamorphisme
au cours du temps, depuis le début de l’histoire de notre globe.
Le lecteur aura tout intérêt à compléter la lecture de cet ouvrage en visitant le site :
http://christian.nicollet.free.fr/ dédié à la pétrologie. Les deux sont complémentaires :
le livre privilégie le discours ; le site web privilégie l’image. La page http://christian
.nicollet.free.fr/page/LivreMetam/MetamGeodyn.html fait le lien entre cet ouvrage
et ce site. Elle a pour but de diriger le lecteur vers les photos nombreuses sur ce site
susceptibles d’illustrer le texte du livre. Des animations et illustrations en 3D sont
également disponibles. Certains processus non métamorphiques ne sont pas toujours
développés dans l’ouvrage, mais nécessitent parfois des explications qui peuvent être
disponibles sur le site.
Dans le texte qui suit, les nombreux minéraux sont souvent cités par leurs abrévia-
tions. Ces abréviations, proposées par Kretz (1983), sont listées dans l’annexe à la fin
de cet ouvrage.
REMERCIEMENTS
Il y a dix ans, je commençais un site Web dédié au métamorphisme. Il s’agissait
alors de rendre accessibles à mes étudiants les illustrations de mon cours. L’idée de
doubler ce travail d’un manuel sur le métamorphisme était assez logique. Jacques
Kornprobst m’en a donné l’opportunité en me proposant aimablement de prendre le
relais de son ouvrage classique Métamorphisme et roches métamorphiques. Jacques
m’a donné carte blanche pour utiliser son texte et ses figures. Au fil des pages, on
retrouvera une vingtaine de figures et quelques pages que je lui ai empruntées.
Jacques est indéniablement l’instigateur de ce manuel et je l’en remercie !
Mes remerciements iront également à tous ceux avec qui j’ai eu l’occasion d’étudier
le métamorphisme, à tous ceux qui ont bien voulu lire complètement ou en partie cet
ouvrage : R.-P. Ménot, F. Cariou, L. France, S. Guillot, S. Schwartz, M. Fagot-Barraly,
P. Goncalves, C. Laverne, V. Bosse, S. Duchêne, J.-M. Lardeaux, J.-E. Martelat,
F. Faure, A. Leyreloup, D. Vielzeuf, J. Bouloton, T. Hammouda, Y. Rolland,
J.-M. Montel, J.-C. Gehan, J. Barbosa, G. Gosso, I. Spalla, S. Harley, E. Grew,
R. Rakotondrazafy, R. Rambeloson, les étudiants de Toliary, d’Antanarivo, de
Clermont-Ferrand, de Lyon et tous les autres…
La Société suisse de minéralogie et pétrographie, les revues Géologie de la
France, Journal of metamorphic geology et Tectonophysics, la CCGM et S. Schwartz
sont remerciés pour avoir permis l’utilisation de quelques figures et des portions des
cartes des Alpes (planches 4 et 5).
XIV
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Partie I
Métamorphisme
et processus
métamorphiques
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LE MÉTAMORPHISME :
DÉFINITION, LIMITES
1
ET VARIABLES
Une autre définition du métamorphisme met l’accent sur le rôle important des
fluides : le métamorphisme est un processus de dévolatilisation ou volatilisation,
c’est-à-dire un processus qui entraîne la perte ou le gain des éléments volatils par
libération ou mobilisation d’une phase vapeur. Lorsque l’étude se limite à la croûte
dans laquelle la phase vapeur est principalement la vapeur d’eau, on parle de processus
de déshydratation/hydratation.
3
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A
B C
. T
C
A+
A+B
B
A+C
P0T0 P1T1
A C B
c1 c2
R1 R2
P
4
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des minéraux A et B aux conditions de P0-T0 en une roche constituée des minéraux
A et C lorsqu’elle est portée dans de nouvelles conditions P1-T1. Le diagramme
pression-température matérialise le « déplacement » de la roche dans l’espace pression-
température. À P0-T0, les minéraux A + B sont à l’équilibre chimique et minéralogique.
Dans les nouvelles conditions P1-T1, A et B ne sont plus stables ensemble et ne
peuvent plus coexister. Il en résulte une réaction interminérale (et chimique) entre A
et B pour donner une nouvelle phase C :
A+B=C
Dans un stade transitoire, il existe un assemblage temporaire dans lequel les trois
minéraux ne sont pas à l’équilibre entre eux. Le nouvel état d’équilibre est atteint
lorsqu’un minéral réactant a disparu.
On appelle paragenèse, l’assemblage de minéraux à l’équilibre thermodynamique
dans la roche. À l’observation pétrographique (macroscopique ou microscopique),
cet état d’équilibre est démontré lorsque toutes les espèces minérales présentes dans
une roche sont en contact entre elles, sans réaction. C’est le cas des deux assemblages
A + B et A + C de la figure 1.1 (figure 2, planche I). Au contraire, l’assemblage minéra-
logique A + B + C sur cette même figure n’est pas une paragenèse : les deux minéraux
A et B sont séparés systématiquement pas le minéral C et ne sont plus stables
ensemble. Le minéral C en couronne autour du minéral B permet de définir ce que
l’on appelle une texture coronitique (dessin du milieu sur la figure 1.1, figures 3 et 4,
planche 1). Dans le diagramme PT, le champ (ou domaine) de stabilité d’un minéral
ou d’un assemblage minéralogique (paragenèse) est l’intervalle DP – DT dans lequel
ce minéral ou cette paragenèse est stable, c’est-à-dire peut exister (champs gris sur
la figure 1.1).
tions de minéraux, ces phases (minéraux) qui sont hors de leur domaine de stabilité,
sont métastables.
Cette métastabilité n’est pas une situation exceptionnelle dans la nature, bien au
contraire ; il s’agit de la situation la plus commune. Pour l’illustrer, on peut choisir
un exemple spectaculaire comme celui du diamant dont la présence à la surface du
globe est « anormale » d’un point de vue thermodynamique. En effet, cette forme
minérale du carbone cristallise et est stable à haute pression (P > 3GPa), c’est-à-dire
à grandes profondeurs (> 90 km), tandis que la forme stable en surface est le
graphite. Pourtant, ces deux minéraux coexistent à la surface pour la plus grande joie
des bijoutiers et des dessinateurs. Le diamant est métastable.
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Points clefs
6
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géotherme stable d’un bassin sédimentaire : les conditions PT sont toujours faibles. Ce
métamorphisme est à distinguer du métamorphisme régional associé à des perturbations
thermiques et tectoniques.
Un critère de distinction basé sur la cristallinité de l’illite a été souvent utilisé
pour délimiter les champs respectifs du métamorphisme et de la diagenèse. Ce critère
mesure l’évolution cristallographique progressive des phyllites, depuis les phases
argileuses (typiques du domaine de la diagenèse) jusqu’aux phases micacées (typiques
du métamorphisme).
7
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flux de chaleur est le HFU (Heat Flow Unit), avec 1 HFU = 42 mW/m2. La figure 1.2a
montre que ce flux n’est pas réparti équitablement sur le globe.
Dans la croûte océanique, le flux de chaleur est élevé à la ride, avec des valeurs
atteignant plus de 150 mW/m2. Cette valeur diminue et se stabilise à 60 mW/m2 à
l’intérieur de la plaque océanique stable. Elle est de 40 W/m2 dans les zones de
subduction. Cette diminution progressive entre les limites des plaques océaniques,
témoigne de la convection rapide du manteau sous-océanique, mécanisme efficace
d’évacuation de la chaleur, c’est-à-dire de refroidissement du globe. Ainsi, 70 à 80 %
de la perte de chaleur du globe se fait par la lithosphère océanique.
Dans la croûte continentale, le flux de chaleur est élevé, car les roches qui la consti-
tuent sont riches en éléments radioactifs, qui, par leur désintégration, produisent une
quantité de chaleur considérable. Le flux de chaleur dans la croûte continentale est
variable en fonction de la nature et de l’âge des roches, qui sont plus ou moins riches
en éléments radioactifs. Les cratons précambriens, appauvris en éléments radioactifs
qui se sont désintégrés au cours du temps, ont les plus faibles valeurs dans la croûte
(jusqu’à 40 mW/m2). Dans ces croûtes continentales stables, le transfert de la chaleur
se fait essentiellement par conduction.
Ainsi, la variabilité du flux de chaleur résulte de la diversité des sources de chaleur
d’une part et des deux modes de transferts de la chaleur, convection et conduction,
d’autre part.
F
Flux de chaleur à la surface Fv
40 du globe (mW/m2)
Fh surface du globe
50-70 ; 40
e
isotherm
60
-1 T4
lig
50
ne
de
M
an
flu
T3
te
x
au
N
T2
oy
au
a
b T1
8
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b) Isothermes et géothermes
Si le flux de chaleur est inégalement réparti sur le globe, celui-ci ne peut être stricte-
ment perpendiculaire à la surface : une composante horizontale du flux de chaleur
(Fh) va des points chauds vers les points froids (figure 1.2 b). Les lignes de flux, le
long desquelles la température augmente vers le bas, s’incurvent. Perpendiculaires à
ces lignes, on peut tracer des lignes d’égales températures, les isothermes. Les courbes
isothermes sont resserrées dans les régions de flux élevé telle que la dorsale océanique
où l’asthénosphère chaude monte. À l’intérieur de la plaque océanique, la lithosphère
se refroidit et les isothermes s’espacent. Dans la zone de subduction où s’enfoncent
des roches froides, les isothermes s’étirent dans le manteau (figure 1.3).
9
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vertical des roches : le transfert vertical de chaleur se fait par conduction. Au niveau
de la zone de subduction, la lithosphère océanique froide s’enfonce dans le manteau
chaud. Cependant, elle ne se réchauffe que lentement, car les roches ont une mauvaise
conductivité thermique. La majorité des roches ont des conductivités thermiques
inférieures à 5 W.m–1.K–1. À titre de comparaison, notons que les valeurs sont nettement
plus élevées pour les métaux les plus mauvais conducteurs (entre 20 et 40 pour Ti et
Pb) et atteignent plusieurs milliers de W.m–1.K–1 pour les métaux les plus conducteurs
(390 pour le Cu ; 4 000 pour Ag). En conséquence, les isothermes s’enfoncent dans
le manteau et le géotherme se rapproche de l’axe des pressions.
c) Équation du géotherme
La loi de Fourier permet décrire l’équation de la chaleur dans la lithosphère en fonction
de la profondeur. Elle indique les variations de la température en un point, en fonction
du temps :
∂T / ∂t = A / r . Cp + k —2T – u —T (1)
k est la diffusivité thermique, A la production de chaleur et u la vitesse de déplace-
ment. —2 est l’opérateur Laplacien : il indique la dérivée seconde de T dans l’espace
à trois dimensions. — est le gradient (de T). r est la masse volumique, Cp la capacité
thermique qui mesure la chaleur nécessaire pour faire augmenter d’un degré la
température d’un volume unitaire de roche. Dans le globe, les transferts de chaleur
se font dans les trois dimensions.
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radioactifs, la production de chaleur A est bien plus faible que dans la lithosphère
continentale. Ainsi, le géotherme varie d’une région à l’autre et peut s’écarter signi-
ficative d’une courbe que l’on appelle le géotherme moyen ou géotherme dans la
lithosphère stable (GO et GC de la figure 1.4 et GLs, figures 2.1, 2.4, etc.). Dans cet
ouvrage, nous nous référons souvent à ce GLs, mais il ne faudra pas oublier les
écarts possibles par rapport à ce géotherme moyen !
En dessous de la lithosphère, où les transferts de chaleur sont convectifs, la
température augmente peu avec la profondeur. L’augmentation de température n’est
plus que 0,3 °C/km (valeur qui contraste avec la valeur de 30 °C/km observée à la
surface de la croûte continentale). Le géotherme est qualifié d’adiabatique parce que
les roches qui se déplacent n’échangent pas de chaleur avec leur environnement.
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a) La pression lithostatique
La pression lithostatique (PL) ou contrainte lithostatique est la force exercée, sur une
unité de surface, par la masse des roches (poids des roches) qui se trouvent au-
dessus du point considéré. Elle est fonction de la profondeur, de la masse volumique
(ou densité) et de g, l’accélération de la pesanteur. L’unité officielle, le Pascal, est
bien petite pour la géologie. En effet, le bar vaut 105 pascals. On utilise souvent le
kilobar (kb) ou le mégapascal (1 MPa = 10 bars) ou encore le Gigapascal (1 GPa
= 10 kb). La valeur de la masse volumique r dépend de la nature des matériaux.
Dans la croûte continentale, r est proche de 2 600 kg.m– 3 et PL = 260 MPa vers
10 km de profondeur. La pression est de l’ordre de 1 GPa (10 kbar) au niveau du
Moho. Dans le manteau supérieur ultrabasique, r est de l’ordre de 3 300 kg.m–3 ;
des pressions de l’ordre de 3 GPa sont atteintes vers 100 km de profondeur, à la base
de la lithosphère, au voisinage de la zone à moindre vitesse (ZMV). Une estimation
grossière de la pression lithostatique (en kb) est obtenue en multipliant la profondeur
en kilomètres par 0,27-0,3.
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• Fluides libres
La phase fluide est dite « libre », ou « mobile », lorsqu’elle est identifiée en tant que
telle, à l’état de vapeur supercritique dans les conditions du métamorphisme, dans les
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• « Fluides liés »
Les molécules de H2O et CO2 font partie de la structure cristalline des minéraux
hydroxylés ou carbonatés, sous forme de groupements (OH)– ou (CO3)2–. Il est donc
impropre de les appeler « fluides » dans ce cas. Ces molécules sont libérées sous la
forme d’une phase fluide par des réactions de déshydratation ou de décarbonatation
ou, plus généralement, de dévolatilisation, de la forme :
H (ou C) = A + V
où H est un minéral (ou un ensemble de minéraux) hydraté(s), C, un carbonate (ou
un ensemble de carbonates), A est un minéral (ou un ensemble de minéraux) anhydre(s)
et V, la phase vapeur d’eau ou de dioxyde de carbone. En voici deux exemples :
CaCO3 + SiO2 = CaSiO3 + CO2
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espèce déterminée, ou pression partielle de fluide (Ppf), peut être exprimée approxi-
mativement en fonction de la pression totale Ps et de la fraction molaire de l’espèce
considérée dans la phase fluide. Par exemple :
H2 O
P H2 O = P S ⎛ ---------------------------------------------------------⎞ = P ⋅X
⎝ H 2 O + CO 2 + CH 4 + …⎠ S H2 O
La pression des fluides est égale à la somme des pressions partielles des différentes
espèces de fluides présents dans la roche ; elle est égale à la pression solide ou litho-
logique :
PS = Ptotale = ∑ Ppf = P H2 O + P CO2 + P CH4 …
Points clefs
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ROCHES
MÉTAMORPHIQUES :
LES 2
DES MARQUEURS
DES PERTURBATIONS
THERMIQUES ET
MÉCANIQUES DANS
LA LITHOSPHÈRE
affectées par le métamorphisme. Lorsque cette situation stable est modifiée dans une
zone d’instabilité tectonique, la P et/ou la T exercées sur des roches changent en
fonction de l’enfoncement ou de l’exhumation de la roche et de la perturbation du
géotherme. La roche « suit », au cours du temps (t) une évolution en P et T que l’on
appelle le chemin ou le trajet ou encore la trajectoire P-T-t (figure 2.1 b).
Nous devons comprendre quelle est la relation entre ce trajet PTt et l’évolution du
géotherme au cours du temps. Au cours de ce trajet PTt, les roches sont susceptibles
de recristalliser et d’enregistrer ainsi des portions de ce trajet. Mais qu’est ce qui va
être effectivement enregistré de cette évolution thermique et comment ? Pour répondre
à cette question, il nous faut comprendre pourquoi les roches recristallisent lorsque
P et T changent.
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...
R3 R2 R1 T
.. . .
Tr.
rétro
gra b
d e
.
Tra
TM1 TM2
jet
.. .
TM3
A+V
pro
H
gra
e
d
R1
PM R3
R2
a t1
...
GLs t2 t3
t0
P
18
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Lorsque P varie
Pour comprendre pourquoi les roches recristallisent lorsque la pression varie, nous
allons nous intéresser à une quartzite de Dora Maira (Alpes Italiennes) dans laquelle
C. Chopin a découvert, en 1984, un minéral exceptionnel : la coésite (figure 2.2).
L’association minéralogique de cette roche est : quartz en abondance, disthène,
phengite (un mica blanc), talc et grenat très magnésien ; la coésite est présente sous
forme de minuscules inclusions dans le grenat ou le disthène. La présence dans cette
roche de petits cristaux de coésite, forme cristalline de très hautes pressions de la
silice, prouve que cette roche sédimentaire (donc formée en surface) a été enfouie
jusqu’à, au moins, 90 km de profondeur avant d’être exhumée.
Quartz et coésite sont deux minéraux qui ont la même composition chimique,
SiO2, mais qui cristallisent dans des systèmes cristallographiques différents, ce qui
leur confére des propriétés physiques différentes, tel que le volume molaire. De tels
minéraux sont appelés des polymorphes (voir paragraphe 6.2.1). Le quartz a un
volume molaire de 2,27 cm3 et est stable à la surface du globe jusqu’à environ 90 km.
La coésite, avec un volume molaire de seulement 2,06 cm3, est stable à des profon-
deurs supérieures à 90 km. Au-delà de cette profondeur, le quartz se transforme en
coésite, par le biais de la réaction quartz Æ coésite. La transformation est réversible
et peut se réaliser dans l’autre sens au cours de la remontée. C’est précisément ce
que l’on observe sur la figure 2.2. En remontant des grandes profondeurs, la coésite,
20
9782100522682-Nicollet.fm Page 21 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
Lorsque T varie
Le même raisonnement que précédemment peut être tenu pour comprendre le rôle
de la température sur la recristallisation métamorphique. Lorsqu’une roche de
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
21
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de combinaisons possibles dans un minéral n’est pas infini. En fait, l’entropie des
minéraux varie peu. Ainsi, lorsqu’une roche équilibrée à basse température est portée
à haute température, son entropie augmente. Puisque l’entropie des minéraux qui la
constituent varie peu, les minéraux de basses températures sont remplacés par des
minéraux de hautes températures à l’entropie plus élevée.
Ces transformations se font au cours de réactions interminérales telles que : A + B
= C + D avec SC + SD > SA + SB. La variation d’entropie de la réaction est positive
lorsque l’assemblage de minéraux C-D remplace l’assemblage A-B et s’accompagne
d’une augmentation de la T (diagramme du milieu sur la figure 2.3).
T
A C
B
A+B
+
D
+ +
A
C+D
+
B D
C
P
22
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23
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desquelles circulent les fluides. Or, les nouveaux minéraux hydratés ont des volumes
plus importants que les minéraux précédents et les fissures sont rapidement colmatées,
ce qui limite la circulation des fluides. De ce fait, la rétromorphose reste localisée.
En conséquence, sauf cas exceptionnel, c’est la paragenèse acquise au pic en T qui
est généralement préservée lorsque les roches métamorphiques atteignent la surface.
C’est ce que le géologue observe principalement sur le terrain : à l’aide d’une simple
loupe, il identifie des minéraux index. Ceux-ci, lorsqu’ils apparaissent dans une
roche, indiquent une augmentation du degré du métamorphisme : ils servent à carto-
graphier des surfaces d’égale intensité métamorphique appelées isogrades (voir chapitre
suivant). Depuis la roche R1 jusqu’à la roche R3, les minéraux index observés
témoignent d’un accroissement de l’intensité du métamorphisme qui caractérise le
gradient métamorphique. Les Anglo-Saxons parlent plus précisément de gradient
métamorphique de terrain (metamorphic field gradient) pour insister sur le fait qu’il
s’agit d’observations faites à l’échelle du terrain, cartographique, à l’inverse du
trajet PTt qui peut être obtenu à partir d’un seul échantillon ou bien de quelques
échantillons d’un même affleurement.
Sur la figure 2.1, ce gradient métamorphique est indiqué par la courbe en tirets
qui relient les pics thermiques atteints par les roches. Ce pic est à l’intersection du
trajet de la roche et du géotherme à tn. De ce fait, on note que les pics en T des diffé-
rentes roches n’ont pas été atteints au même moment. Lorsque R2 atteint son pic en
température à t2 (point noir TM2), la roche R1 a déjà dépassé le sien et suit une
évolution rétrograde en T et P, tandis que R3 n’a pas encore atteint le sien. Ceci est
indiqué sur la figure 2.1b par les 2 points gris à l’intersection du géotherme t2 et les
2 trajets des roches R1 et R3. Ainsi le gradient métamorphique (défini à partir de ces
pics en T), n’a pas une existence à un temps donné. En conséquence, le gradient
métamorphique ne peut, en aucun cas, être assimilé à un paléo-géotherme, même
anormal !
24
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T
5
1 2
6
Solidus
Gabbro
3
P
GLs
5
4 1
2 6 4
en T (portion en trait plein sur la figure) est le plus susceptible d’être préservé. Les
roches 1 et 2 sont dans une situation similaire à celle des roches de la figure 2.1. Il
s’agit de roches de la partie superficielle de la croûte chevauchée dans une conver-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
gence continent-continent. Leur trajet dessine une boucle. Mais après un trajet
prograde en P identique, les deux roches atteignent des températures maximales
différentes durant l’exhumation. Plusieurs solutions permettent d’expliquer ces trajets
rétrogrades différents. Une vitesse d’exhumation variable est une des solutions
possibles. La roche 1 remonte rapidement et a peu de temps pour s’équilibrer
thermiquement avec son environnement : son trajet rétrograde se fait sans variation
significative de la température. La roche 2 remonte lentement et, comme sur la
figure 2.1, elle se réchauffe au début de son exhumation. La roche 3 se situe à la base
de la même croûte chevauchée que les échantillons 1 et 2. Son trajet PTt est à peu
près semblable aux deux précédents avec la différence qu’il débute en profondeur et
25
9782100522682-Nicollet.fm Page 26 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
qu’il atteint des conditions de ultra haute température (chapitre 14.4). Le trajet 4 est
celui d’une roche magmatique mise en place à la base de la croûte continentale par
sous placage magmatique ou dans la partie inférieure d’un plateau océanique ou
encore dans le manteau supérieur (paragraphes 14.3 et 16.2). En refroidissant à une
profondeur fixée, la roche magmatique recristallise et peut acquérir une paragenèse
métamorphique. Un gabbro de la croûte océanique mis en place au niveau d’une ride
océanique suit un trajet isobare parallèle à celui de la roche 4, à basses pressions
(trajet 5 ; paragraphe 15.2). En effet, dans une croûte océanique de moins de huit
kilomètres d’épaisseur, la pression ne dépasse pas deux kilobars. Dans une zone de
convergence océan-continent, la croûte continentale s’épaissit tectoniquement et par
sous placage magmatique. Le sous-placage magmatique fournit un apport thermique
conséquent. La roche 6 est réchauffée par cet apport magmatique qui est associé à
un épaississement responsable d’une augmentation de la pression. Cet exemple, un
peu théorique, montre un cas particulier ou le sens de la boucle du trajet PTt est
l’inverse de la boucle classique des roches 1, 2 et 3.
On note qu’à la fin du trajet, certaines roches (3, 4 et 6) sont inaccessibles à
l’observation : un nouvel événement orogénique (et métamorphique) est nécessaire pour
ramener ces roches à la surface ; plus rarement, ces roches peuvent être ramenées à
la surface en enclaves dans les volcans.
26
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ROCHES
MÉTAMORPHIQUES :
LES 3
LOCALISATION,
TEXTURES, STRUCTURES
ET CLASSIFICATION
27
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La cause des variations des paramètres P et/ou T est explicite dans le cas des
métamorphismes locaux. Le métamorphisme de contact se développe à proximité
immédiate d’une intrusion magmatique : la cause majeure de la recristallisation
métamorphique est la chaleur fournie par l’intrusion qui diffuse dans les roches
encaissantes. Ce métamorphisme est aussi qualifié de métamorphisme thermique.
Nous l’étudierons au chapitre 11. Le métamorphisme dynamique se localise dans
des zones étroites de failles et de base de nappes de charriages où la déformation est
très intense ainsi que les sites d’impact de météorites. On parle, dans ce dernier cas,
de métamorphisme de choc ou d’impact. L’impact de grosses météorites à la surface
du globe provoque une augmentation considérable de P et T pendant un temps très
bref. S’il est, fort heureusement, rare à l’heure actuelle, le métamorphisme de choc a
joué un rôle important sur l’origine de la croûte terrestre primitive à l’Hadéen,
pendant la période de l’intense bombardement météorique qui a conclu l’accrétion
du système solaire (3,9 milliards d’années). Nous n’étudierons pas le métamorphisme
dynamique dans le cadre de cet ouvrage. Signalons toutefois, en France, le site
d’impact de Rochechouart, en Haute-Vienne : la chute d’une météorite de 2 km de
diamètre, il y a 200 Ma, est responsable d’un cratère d’environ 20 km de diamètre.
Dans le cas du métamorphisme régional, les variations de la T et P sont dues aux
sources de chaleur interne du globe. Toutes les régions du globe montrant des
perturbations du géotherme sont favorables à la recristallisation métamorphique : les
zones orogéniques, la lithosphère océanique, mais aussi le manteau convectif. L’étude
du métamorphisme régional permet de déchiffrer ces perturbations thermiques dans
le globe, ce qui constitue un préalable indispensable pour faire l’interprétation
géodynamique d’une région. Comme l’indique le titre de cet ouvrage, nous nous
intéressons à la signification géodynamique du métamorphisme : c’est pourquoi nous
traiterons principalement des métamorphismes régionaux affectant la lithosphère.
Toutefois, le métamorphisme d’enfouissement, qui est également un métamorphisme
d’extension régionale, n’est pas traité dans cet ouvrage.
28
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que sont les chaînes de montagnes. Une répartition équivalente peut être observée,
sur une surface variable et des âges différents, ailleurs à la surface du globe.
Il n’empêche que le métamorphisme se réalise également dans de nombreux autres
contextes géodynamiques comme nous l’avons vu sur la figure 2.4.
29
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Croûte superficielle
Croûte supérieure
(R. métamorphiques et
granitoïdes)
z = 16 km Discon. de Conrad
Croûte inférieure
(R. ultra métamorphiques
et magmatiques)
z = 30 km Discon. de Moho
Manteau supérieur
(R. ultrabasiques)
30
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31
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utilisées dans la cartographie des isogrades) dans l’espace P-T est très dépendante de
la pression partielle des fluides (voir 6.7). Enfin, la position des courbes de réaction
est également fonction de la composition des roches.
La cartographie précise des isogrades (et, a fortiori, celle des limites d’apparition
de minéraux) est une évaluation qualitative, imprécise des conditions de P et T, mais
cependant bien utile. Facile à mettre en œuvre sur le terrain, elle nécessite l’étude
pétrographique d’un très grand nombre d’échantillons.
32
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e
n. A née rn. sanidinite
ès
b-E nne Pr
en
xs
prehnite
0,2 p .H
ag
bl
di zéolite
-pumpe
0,4
sch
A
20
amphibolit
K S HT - B
is te
0,6 P
lleyite
sv
dom
er t
0,8 MP
aine
s
HT
e
non
1,0 40 granulite
réal
1,4
r Te
HP
GL
rre
1,6 60
s
-
éclogite
P(GPa) Z(Km)
BT
Les noms des faciès proviennent des noms des roches de composition basique
(basaltiques et gabbroïques), métamorphisées dans les intervalles PT définis pour
ces faciès. Cette nomenclature peut prêter à confusion si l’on n’a pas une utilisation
rigoureuse du vocabulaire : le terme Schiste bleu ne doit pas être utilisé comme une
abréviation pour « une roche du faciès Schistes bleus » ou « une roche dans les
conditions du faciès Schistes bleus », mais seulement pour le cas bien spécifique d’une
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33
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dans le faciès Amphibolite, ces mêmes roches sont à hornblende + plagioclase + grenat
+ quartz. L’isograde d’apparition du grenat, dans les métabasites, marque la limite
des faciès Schistes verts et Amphibolite ; cette limite coïncide également avec un
changement relativement rapide de composition de l’amphibole (actinote – hornblende)
et de celle du plagioclase. Dans ces mêmes intervalles P-T, des métasédiments
présentent d’importantes modifications minéralogiques.
La figure 3.4 montre un choix de réactions isogrades délimitant les différents faciès
métamorphiques. Notons que les limites des faciès sont approximatives, car la posi-
tion des réactions dépend de la composition des roches et de celle de la phase fluide,
comme nous le verrons dans les chapitres suivants. Ce diagramme est établi avec
PH2O = PL (pression lithostatique) jusqu’aux conditions de la courbe d’anatexie ;
au-delà de l’anatexie, la condition PH2O < PL est nécessaire pour que les roches ne
fondent pas, mais soient métamorphisées dans le faciès Granulite.
n. A n. P sanidinite
ès
p .H
V
0,2 bl
ag
t+q+
pum + chl
pum + chl + q
di
zéolite
+ac
act + ep + V
schistes
prh
prh-pum
20 m
opx + cpx + pl + V
0,6 lau tz
+ q lw
lws
hbl
s
dom
(+ ol +
hbl + an + V
) ac opx pl
+c
aine
0,8 t+ px
ch + spl
gl
l+
n+
non
ab
1,0
ep
ep (+
schistes bleus
40 granulite
réal
+
qt
z
)
isé
hbl
+
lws
1,2 + pl
V
sur
cpx
(+)
+gr
t+q+
+V
Terr
V
1,4 p tz
+e g +q op
x+
gln
e
p
r t+ cpx pl
+g
gln (+)
p +g
1,6 60 om rt +
éclogite qtz
P(GPa) Z(Km)
34
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35
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Notons que la succession musc (–)-anatexie est inversée pour les gradients MP-HT
et HT-BP. Enfin, l’orthopyroxène se forme à des températures supérieures à celles
du début de l’anatexie.
a) Le gradient de HP-BT
Il est aussi appelé gradient franciscain, défini dans la région de San Francisco en
Californie, dans les séries métamorphiques cénozoïques. Dans le diagramme P-T, il
traverse les faciès Schistes bleus et Éclogites (figure 3.3). Il est typique des chaînes
récentes et des convergences océan – continent actuelles ; rare avant 1 Ga, il est vrai-
semblablement absent à l’Archéen. Les formations métamorphiques correspondantes
sont largement présentes sur tout le rivage de l’océan Pacifique, ainsi que dans les
zones internes de la chaîne alpine. C’est le cas, en particulier, dans les zones liguro-
piémontaises des Alpes occidentales (chapitre 12 et planche 4). Les métabasites
(schistes à glaucophane et lawsonite et éclogites), serpentinites et péridotites sont
abondantes dans les séries affectées par le gradient de HP et représentent des
portions de la lithosphère océanique. Ce gradient est caractéristique du contexte
géodynamique de subduction et du début de la collision.
b) Le gradient de MP-HT
Il a été décrit, par Barrow, dans les séries éo-calédoniennes d’Écosse : il est également
appelé gradient dalradien ou barrovien. Dans l’espace P-T, il traverse les faciès
Schistes verts et Amphibolite et atteint le domaine de l’anatexie (figure 3.3). Il est
relativement rare dans les chaînes récentes cénozoïques, mais constitue de vastes
domaines dans les chaînes paléozoïques, (par exemple, la chaîne hercynienne :
figure 3.1) et plus anciennes. Il affecte des séries essentiellement continentales, mais
contient parfois des éclogites de hautes températures. Il est caractéristique de la
collision dans les chaînes de montagnes (chapitre 13).
c) Le gradient de BP-HT
Il est proche des gradients thermiques du métamorphisme de contact. Défini au Japon,
dans les chaînes d’Abukuma et de Ryocke, il porte le nom de gradient Abukuma. Il
est caractérisé par les conditions des faciès Schistes verts et Amphibolite, l’anatexie
généralisée et souvent le faciès Granulite. Ces localités types correspondent à des
chaînes récentes (Crétacé supérieur) ; mais les gradients de basse pression sont
également bien représentés dans la chaîne hercynienne, spécialement au cours des
derniers stades de cette orogenèse (vers 300 Ma) : en France, le massif du Pilat, la
Montagne Noire dans le Massif central, les massifs nord-pyrénéens (dont celui de
l’Agly) et la zone axiale des Pyrénées sont caractérisés par ce type de gradient
(figure 3.1 et chapitre 14). Le métamorphisme de la zone nord-pyrénéenne, d’âge
Crétacé supérieur (98-81 Ma) correspond également à ces conditions de basse pression
(paragraphe 15.1). Ce gradient est généralisé à l’Archéen.
Le gradient BP-HT est associé à différents contextes géodynamiques : il est associé au
début de la convergence, dans les ceintures doubles métamorphiques (paragraphe 14.1),
36
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d’une diminution de la taille moyenne des cristaux (figure 3.5a). La déformation affecte,
en effet, les réseaux cristallographiques des grains (cristaux) qui accumulent ainsi
une énergie de déformation élastique par la multiplication de défauts (dislocations)
au sein des cristaux. La minimisation de cette énergie de déformation passe par
l’élimination des dislocations, qui se fait par migration et regroupement de celles-ci
le long de plans pour former des sous-grains, puis de néoblastes (nouveaux cristaux
à faible énergie élastique), aux dépens des cristaux déformés. Néanmoins, ces derniers
subsistent souvent partiellement ; ils constituent des clastes, ou porphyroclastes
lorsqu’ils conservent des dimensions importantes par rapport à celles des néoblastes
(figure 3.5a).
37
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38
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observées : anciens filons ou anciennes enclaves, ancien litage magmatique dans les
gabbros. Mais les structures les plus fréquentes et les plus caractéristiques sont les
structures planaires et linéaires, schistosité, foliation et linéations, acquises au cours
des déformations et des recristallisations qui accompagnent le métamorphisme
régional.
a) La linéation d’intersection
La linéation d’intersection (Li sur la figure 3.6) correspond à la trace de l’intersection
du plan de schistosité avec une surface antérieure à ce plan qui peut être une stratifi-
cation ou une schistosité plus ancienne. Elle est visible indifféremment sur l’un ou
l’autre plan.
39
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cristaux ou des éléments de la roche (galets dans un conglomérat par exemple). Elle
permet d’identifier la direction d’allongement X (ou l1) de l’ellipsoïde de la défor-
mation finie.
c) La linéation minérale
La linéation minérale (Lm sur la figure 3.6) correspond à la croissance orientée des
cristaux dans la direction d’allongement, sur le plan de schistosité/foliation, au
cours du développement de cette surface (figure 5, planche 3). Comme la linéation
d’allongement, elle permet de matérialiser la direction d’allongement X (ou l1) de
l’ellipsoïde de la déformation finie. Mais elle apporte une information supplémentaire
qui est la contemporanéité de la cristallisation du ou des minéraux métamorphiques
et de la déformation : si la paragenèse de la roche est un bon indicateur de la pression
et de la température, il est ainsi possible de quantifier les conditions de la déformation,
comme nous l’avons noté pour la foliation.
La cartographie combinée de la schistosité/foliation et de la linéation minérale ou
d’étirement (comme la figure 4.3a) permet d’établir une carte régionale de la défor-
mation sur laquelle sont caractérisées les directions des axes de l’ellipsoïde de la
Lm
Le S0
S1 Li S1
S0 L i xe
a
plan
Li
S0
Lb
40
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déformation finie. Notons qu’il n’y a généralement pas de liaison spatiale simple
entre ellipsoïde des contraintes et ellipsoïde de la déformation finie dans le cas de la
déformation ductile.
41
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Qtz
Ol
Opx+Pl
Grt
Hbl
Grt 7 8
42
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néoformés et des minéraux réactifs, elles permettent de reconnaître sans mal les
réactions impliquées.
a) Nature du protolithe
Si la roche initiale (protolithe) est encore clairement reconnaissable, il est commode
de lui associer le préfixe méta. Métabasalte, métabasite, métagranite, métapélite ou
métachert sont quelques exemples d’appellations largement employées. Dans le cas
où le protolithe n’est pas très bien identifié, mais, par contre, si son origine – ignée
ou sédimentaire – est bien reconnue, les préfixes ortho- ou para- sont alors utilisés.
Ainsi un orthogneiss est un granitoïde déformé et métamorphisé tandis qu’un para-
gneiss est une métapélite ou une métagrauwacke. D’autre part, on regroupe les
protolithes en fonction de leurs compositions chimiques en quatre séquences méta-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
43
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44
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CHRONOLOGIQUES
RELATIONS 4
ENTRE DÉFORMATION
ET RECRISTALLISATION
MÉTAMORPHIQUE
45
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P3
P2
P1
Grt+Bt+V
Chl+Ms+Qtz
P
qui s’accompagnent de surfaces S2, S3, Sn (figure 4.1 ; figure 1, planche 2). Les
dernières structures, comme celles liées à la phase tectonique P3 de la figure 4.1 sont
généralement localisées et caractérisées par un microplissement appelé crénulation,
accompagnées ou non d’une schistosité frustre et localisée.
La figure 4.1 représente une lame mince d’une micaschiste dont la paragenèse est
à trois micas, grenat et quartz comme on en trouve couramment dans la chaîne
hercynienne ; cette roche s’est formée dans les conditions faiblement métamorphiques
du faciès Schistes verts. L’échantillon montre la succession de trois épisodes de
déformation ductile (P) matérialisés par deux plans de schistosités S1 et S2 et un
46
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47
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48
9782100522682-Nicollet.fm Page 49 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
quartz) qui dessinent des structures hélicitiques (figure 4.2b) qui résultent, en général,
d’une rotation des cristaux au cours de leur développement.
49
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1
2
3
1 cm b
a
Figure 4.3 – Deux échelles d’observation : carte de la trace de la foliation
autour du massif d’anorthosite de Saririaky (Sud de Madagascar)
et porphyroclaste de feldspath.
a) La foliation entoure le massif et montre que la mise en place de celui-ci est anté-
cinématique. Comparer avec les figures 4.2a et 2, planche 2. 1 : massif d’anorthosite :
la trace de la schistosité (segment blanc) montre que celui-ci est localement déformé ;
2 : direction et pendage de la foliation ; 3 : direction de la linéation minérale sub-
horizontale. Carte réalisée à partir d’une image SPOT (Martelat et al., 1997).
b) La photo de cet affleurement est prise sur la bordure NO déformée du massif.
Autour du cristal rond centimétrique de feldspath, la schistosité montre la même
disposition que sur la carte a.
50
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ces bordures NO et SE. La photo 4.3b est prise dans la partie NO : la géométrie de la
schistosité autour d’un cristal rond de feldspath est très similaire à celle observée sur
la carte a, en particulier au sud du massif.
51
9782100522682-Nicollet.fm Page 52 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
3m
3
S2
1
4
S1
And et Crd
C
Ms
Sil
C
and
S1 S2 C sil
t 2
crd bt
chl m
s
V
P (kbar)
1 S1
S2
2
and
3
crd and
ky
chl ms
4
sial qtz
bt V
4
ms
Kfs
V
52
9782100522682-Nicollet.fm Page 53 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
ces cisaillements dextres. Cet isograde, indiquant les conditions optimales du méta-
morphisme, est antérieur aux cisaillements.
Le métamorphisme est prograde au cours des deux premières phases de déformation,
tandis que les cisaillements accompagnent la rétromorphose. À l’échelle de l’affleu-
rement (figure 4.5), des tâches de cordiérite et andalousite (figure 2, planche 3)
contiennent une schistosité interne parallèle à la S1. Ceci suggère que ces minéraux
sont contemporains de cette schistosité. Par contre, ces minéraux sont enveloppés par
la surface S2 qui porte de la fibrolite, sillimanite fibreuse. On observe la transition poly-
morphique andalousite-sillimanite dans le plan de schistosité S2 (figure 3, planche 3),
témoignant ainsi de l’influence de la déformation sur la recristallisation métamorphique.
Le pic du métamorphisme coïncide avec la deuxième phase de déformation (diagramme
PT de la figure 4.5).
Durant l’épisode rétrograde, la cordiérite est partiellement transformée en fins
agrégats de chlorite et muscovite au cours de la réaction Crd + Bt + V = Chl + Ms.
La muscovite se développe de manière statique sur la schistosité S2 au détriment de la
fibrolite. Ceci est bien démontré par la taille de ces nouveaux cristaux (plus gros que
ceux développés au cours de la déformation et contenus dans les plans de schistosité
S1 et S2) et l’orientation quelconque des plans de clivages qui sont parfois perpendicu-
laires à la schistosité. Cependant, cette muscovite est déformée dans les cisaillements ;
elle est post-cinématique de S1-2, mais anté-cinématique de la déformation qui a
produit les cisaillements C.
La figure 4.5 résume les relations entre la cristallisation des différents minéraux et
les différentes phases de déformation. Ces relations chronologiques sont exprimées
schématiquement sur le diagramme température-temps (T-t). Le schéma de l’affleu-
rement montre la relation entre les sites de la déformation (qui est hétérogène) et les
minéraux des roches.
Ainsi, la déformation favorise la recristallisation de nouvelles phases et la dispa-
rition de phases précoces. Ce sont dans les zones les moins déformées (1 et 2) tardi-
vement que la paragenèse la plus précoce est la mieux préservée : la transformation
polymorphique And = Sill se réalise dans le plan de schistosité ; dans les cisaillements
tardifs (3 et 4), les minéraux plus ou moins précoces (andalousite, sillimanite et
muscovite) disparaissent. C’est en observant les paragenèses dans les différents sites
de la déformation hétérogène que l’on peut tracer le trajet PTt.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
➤ sur le diagramme P-T. Une deuxième portion de trajet à plus hautes températures
est amorcée ; celui-ci correspond aux conditions d’un secteur du Cap Creus où la
sillimanite est déjà stable dans la S1. Ces deux trajets se situent en deçà de la réaction
isograde Ms + Qtz ; les réactions contenant la cordiérite et l’andalousite sont peut-
être intervenues au cours de l’évolution prograde. Durant l’évolution rétrograde, elles
sont responsables de la déstabilisation de la cordiérite en muscovite + chlorite. La
flèche vide matérialise le gradient métamorphique régional de basses pressions-
hautes températures. sial : silicates d’alumine ; sil : sillimanite ; and : andalousite ;
ms : muscovite ; bt : biotite ; crd : cordiérite ; qtz : quartz ; kfs : feldspath potassique ;
V : vapeur d’eau.
53
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conditions de surface. Ainsi, le trajet en boucle de cette figure est une hypothèse
raisonnable ; la détermination de points intermédiaires la validerait.
Un trajet PTt est tracé en interpolant les différents points dont on a évalué les
conditions PTt. Pour que ce trajet soit le plus précis possible, il est nécessaire d’avoir
le plus de points intermédiaires possibles et des valeurs de temps absolu.
a b
T T
Fi Ch1
Fermeture isotopique
Fi Ch2
Age Age
tRf tPic te2 te1
Figure 4.7 – Principe de la géochronologie
a) Diagramme T-temps de deux roches métamorphiques ayant atteint leurs pics en
T au même temps (tPic), mais à des températures différentes. Les deux roches sont
datées en utilisant un même système isotopique sur un même minéral présent
dans les 2 roches. Si le système isotopique considéré est clos lorsque le minéral
cristallise (échantillon à basse température), on obtient alors l’âge de cristallisation
du minéral et l’âge du pic du métamorphisme. Si le système isotopique considéré
est ouvert lorsque le minéral cristallise (échantillon à haute température), et ne se
ferme qu’au cours du refroidissement de la roche, l’âge obtenu est alors un âge de
refroidissement (tRf).
b) L’utilisation de deux systèmes isotopiques aux fermetures différentes (Fi Ch)
permet, en théorie, de dater les différentes étapes de refroidissement d’une roche
et, ainsi, d’évaluer la vitesse de refroidissement qui n’est pas constante. Malheu-
reusement, la fermeture isotopique d’un système dépend de nombreux facteurs :
déformation, circulation de fluides, température.
La radiochronologie est basée sur des réactions nucléaires naturelles qui produisent
des isotopes « fils » par désintégration d’isotopes « père » radioactifs au cours du
temps. Les isotopes radioactifs, comme les isotopes non radioactifs, sont incorporés
dans la structure des minéraux au moment de leur cristallisation. Les isotopes fils
radiogéniques produits par la désintégration radioactive s’accumulent au cours du
temps dans la structure cristalline du minéral. Lorsqu’il n’y a aucun échange
élémentaire avec l’extérieur (système clos : pas de gain ni de perte des isotopes père
et fils), l’analyse de la quantité de père et de fils présents dans le minéral permet de
calculer le temps t écoulé depuis que le minéral analysé se comporte en système clos.
Dans certains cas, le minéral se comporte en système clos, pour un système isotopique
donné, dès sa cristallisation. Dans ce cas, le temps t mesuré par le radiochronomètre
correspond bien alors à l’âge de cristallisation du minéral (figure 4.7a). Cependant,
la déformation, la circulation de fluides, les processus de dissolution-recristallisation
56
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ou une température élevée peuvent favoriser les échanges chimiques avec l’extérieur
après la cristallisation (Villa, 1998). Dans ces conditions, les éléments chimiques
peuvent être mobiles à l’état solide à l’échelle du minéral ou de la roche et le
système est alors maintenu ouvert. L’âge calculé dans ce cas correspond au temps t
écoulé depuis la fin de l’événement perturbateur, c’est-à-dire depuis le moment où il
n’y a plus d’échange isotopique avec l’extérieur, moment de la fermeture isotopique
du système. Ce n’est donc pas l’âge de cristallisation du minéral, mais le temps passé
depuis que celui-ci n’échange plus avec l’extérieur (figure 4.7a). Si la déformation
et la circulation de fluides n’interviennent pas, le paramètre contrôlant la fermeture
isotopique est la température. L’application du géochronomètre permet donc d’obtenir
dans ce cas un âge de refroidissement en deçà de la température de fermeture du
système isotopique. On comprend l’intérêt d’une analyse ponctuelle du minéral
chronomètre en position pétrographique afin de définir précisément l’événement
géologique qui contrôle la fermeture isotopique.
La fermeture du système isotopique dépend du système isotopique choisi et du
minéral considéré (figure 4.7b). En utilisant plusieurs géochronomètres dans une même
roche ou plusieurs roches d’une même formation dont on suppose qu’elles ont eu le
même trajet PTt, il est ainsi possible, théoriquement, de dater précisément les événe-
ments métamorphiques successifs de la roche ou de la formation (figure 4.8a). Si le
lien entre T et P est connu, c’est également la vitesse d’exhumation que l’on peut
mesurer (figure 4.8b). On remarque que l’on ne date que le trajet rétrograde.
600 a 60 b
profondeur (km)
Lu-Hf Grenat
T˚C Rb/Sr Mica blanc
400 Ar/Ar Mica blanc 40
Rb/Sr Biotite
TF Zircon
200 20
TF Apatite
Age (Ma) Age (Ma)
10 30 50 70 10 30 50 70
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5 LE RÔLE DE LA
COMPOSITION CHIMIQUE
SUR LA MINÉRALOGIE
DES ROCHES
MÉTAMORPHIQUES
58
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demment (paragraphe 3.3.1) que c’est pour cette raison que les paragenèses des
métabasites ont été utilisées pour définir les limites des faciès métamorphiques.
La séquence carbonatée regroupe les roches sédimentaires carbonatées pures
(calcaire, dolomie) et impures (marnes), c’est-à-dire avec une composante détritique,
argileuse ou plus grossière. La minéralogie est variée, avec calcite, dolomie, amphibole,
clinopyroxène, grenat (riche en composant grossulaire), mica blanc, vésuvianite,
épidote, plagioclase (riche en pôle anorthite), forstérite et humite, etc. Cette liste (qui
n’est pas exhaustive) montre que les modifications minéralogiques sont importantes
au cours du métamorphisme des roches carbonatées. Mais dans ce cas, les paramètres
physiques sont la pression lithostatique (PL) et la température, mais également la
59
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pression partielle des fluides (PF), en particulier H2O et CO2 qui sont libérés par les
roches carbonatées lors des réactions de déshydratation et décarbonatation.
Ainsi, la minéralogie des roches métamorphiques est clairement contrôlée par de
faibles variations de la composition chimique du protolithe. Il est nécessaire de
distinguer ces modifications minéralogiques de celles liées à la variation des para-
mètres intensifs du métamorphisme (P, T, fluides). La règle des phases nous indique
qu’il existe une relation entre le nombre de minéraux d’une roche et le nombre de
constituants chimiques de cette roche.
60
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.
And
F=2 1
, F=
Ky nd
+An A
d, l+
F=
1 Si
Sil
Ky+And+Sil F=2
F=0
Ky
+S
il,
Ky
F=
F=2
1
P C = 1 (Al2SiO5)
dans un intervalle DP-DT (champs gris sur la figure 5.1). On dit que cette paragenèse
est divariante.
Pour F = 1, les assemblages minéralogiques contiennent deux des trois minéraux :
Ky-And ou Ky-Sil ou Sil-And. Mais chacune de ces trois assemblages minéralogiques
n’a qu’un degré de liberté dans l’espace P-T, c’est-à-dire que P ne peut varier qu’en
fonction de T (P = f(T)) pour que la paragenèse reste stable. P = f(T) est une courbe
dans l’espace P-T. L’assemblage minéralogique est uni (ou mono) variant.
Si F= 0, l’assemblage minéralogique contient les trois minéraux (Ky-Sil-And), mais
n’a plus aucun degré de liberté : il ne peut exister qu’en un seul point, le point invariant.
C’est le point triple des silicates d’alumine.
médiaire de l’assemblage univariant à trois phases A-B-C. La règle des phases nous
indique que ce système contient deux constituants chimiques indépendants (c1 et
c2). Ce nombre de constituants chimiques indépendants est donc une contrainte
majeure qui contrôle la minéralogie d’une roche métamorphique. Aussi, des repré-
sentations graphiques des paragenèses minéralogiques sont élaborées en fonction de
ces nombres de constituants.
61
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compositions des minéraux et des roches les contenant peuvent être visualisées sur
un segment matérialisant les variations respectives de deux constituants c1 et c2
(figure 1.1). Cette représentation binaire respecte la règle des phases. Ces segments,
reportés dans les deux champs divariants, permettent de prédire les paragenèses
possibles. Dans le champ divariant à basse température, une seule paragenèse est
possible quelle que soit la composition de la roche R. Dans le champ divariant à
haute température, deux paragenèses sont possibles pour le même intervalle de P/T :
A + C et B + C. Les roches R1 et R2 ont une même paragenèse à P0T0 (avec des
proportions A/B différentes), mais deux paragenèses différentes à P1T1. Remarquons
que le nombre de minéraux de la paragenèse égal à 2 (M = C) est un maximum. En
effet, si la composition de la roche R coïncide avec celle d’un des trois minéraux, la
paragenèse de cette roche contient ce seul minéral.
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T
qtz SiO2 qtz SiO2
P
Sil
tz
+Q
x+
Op
Spr
opx sil opx sil
spr
spr
sont SiO2, Al2O3, FeO, MgO, CaO (voir R1 et R2, exercice 1.1 de ce chapitre). Pour
simplifier, nous négligeons les autres éléments. En effet, soit ces éléments chimiques
sont en quantité insuffisante pour contrôler la stabilité d’une phase, soit ils contrô-
lent la stabilité de minéraux accessoires que nous ne prenons pas en compte. À titre
d’exemple, la concentration de titane, élément mineur, contrôle la présence de rutile
ou d’ilménite, négligé dans notre approche.
Il est cependant difficile de représenter graphiquement les variations de cinq
constituants. Il est donc nécessaire de diminuer ce chiffre. La première solution est
de considérer FeO et MgO comme un seul constituant (Fe + Mg)O. En effet, l’ajout
du constituant FeO (ou MgO) à un système purement magnésien (ou ferrifère)
63
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z Qt
Gr t +
Pl
Sil Sil
Pl
Opx +
Pl
Cpx +
Cpx . . ..... .......... .... .. .. Grt Cpx . . ..... .......... .... .. .. Grt
Opx Crn Opx Crn
CaO Al2O3 CaO Al2O3
Spl . .. . . . Spl
. .......... ... .................................. .......................
................. . ........... . ....... ..
. ........................ ........
. .... ...... .... .....
............ ....
...
(Fe-Mg)O (Fe-Mg)O
64
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comme pôle de projection. Dans le cas du triangle ACF utilisé pour représenter les
roches basiques, le quartz est le pôle de projection (figure 5.4). C’est pourquoi, ce
minéral doit faire partie de la paragenèse des roches représentées dans ce diagramme.
Il faut rappeler cette condition en écrivant toujours Qtz à côté du diagramme ; SiO 2
est un constituant en excès.
A A
tz
Gr t + Q
Pl
+ Qtz + Qtz
Pl Opx + Pl
Cpx +
Grt Grt
C F C F
Cpx Opx Cpx Opx
anhydre ou hydraté. À la base du tétraèdre, le système est anhydre, avec les quatre
premiers constituants. Ainsi que nous l’avons discuté au paragraphe précédent, une
paragenèse est représentée dans le triangle ACF par quatre phases : trois dans le triangle
auxquelles s’ajoute le quartz (figure 5.5 b et figure 5.4 de gauche). Si le système est
hydraté, deux situations sont possibles : H2O est en excès (comme la silice) et une
phase vapeur d’eau est présente (V). Le système comprend cinq constituants chimiques et
une paragenèse est représentée dans le tétraèdre ACFH par 5 phases : 4 dans le tétraèdre,
dont la phase vapeur, auxquelles s’ajoute le quartz. Il s’agit, dans le tétraèdre :
Hbl-Cpx-Pl-Qtz-V ; Hbl-Pl-Grt-Qtz-V ; Hbl-Cpx-Opx-Qtz-V ; Hbl-Opx-Grt-Qtz-V.
La projection depuis la phase V donne le triangle ACF de la figure 5.5 c. Il existe
65
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deux autres paragenèses, dans un système hydraté non saturé en H2O, qui ne contien-
nent pas de phase vapeur : Hbl-Opx-Grt-Qtz-Pl et Hbl-Cpx-Opx-Qtz-Pl délimitées
par les lignes de liaisons dans la partie inférieure du tétraèdre. Dans ce cas, le système a
cinq constituants chimiques (CFASH) et la paragenèse contient cinq phases minérales,
mais pas de phase V : quatre sont présentes dans le tétraèdre et le quartz.
H2O
V
+ Qtz
Al2O3
Pl
a Grt Hbl
Opx
CaO Cpx (Fe-Mg)O
A A
b c
+ Qtz + Qtz
+V
Pl Pl
Grt Grt
Hbl
C F C F
Cpx Opx Cpx Opx
Ainsi, dans le système hydraté, conformément à la règle des phases, les paragenèses
sont à cinq phases. L’une de ces phases a un « statut » un peu particulier : pour le thermo-
dynamicien, la phase V est une « phase physiquement distincte » au même titre
66
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qu’une phase solide, minérale. Pour le pétrologue, cette phase V n’est généralement
pas visible en lame mince. Ceci peut créer une certaine confusion, puisque, pour un
même système chimique CFASH, le système non saturé en eau a 5 phases solides,
tandis que le système saturé en H2O n’a que 4 phases solides ! Ainsi, là où dans les
deux cas, le thermodynamicien voit cinq « phases », le pétrologue en voit quatre ou
cinq selon le cas.
Les figures 5.5 b et c montrent que la hornblende se situe dans le triangle Opx-
Cpx-Pl. Ceci indique que l’amphibole se déstabilise à hautes températures, en passant
du faciès Amphibolite au faciès Granulite, par la réaction Hbl = Opx + Cpx + Pl + V.
Au-delà de cette réaction « isograde », les paragenèses du faciès Granulite (figure 5.4
et 5.5b) peuvent coexister avec une phase V.
Les différentes simplifications que nous avons adoptées pour représenter ces
paragenèses sur un diagramme suffisamment lisible sont restrictives ! Ne sont prises
en considération que les seules roches sursaturées en silice dont les paragenèses sont
à quartz. Ainsi, cette projection planaire du triangle ACF (figure 5.4) n’autorise pas
la représentation de l’important volume inférieur du tétraèdre SiO2-Al2O3-« F »-CaO
de la figure 5.3, sous les plans Opx-Cpx-Pl et Opx-Grt-Pl, c’est-à-dire celui des
roches basiques sous-saturées en silice et roches ultrabasiques et incluant les roches
à olivine, spinelle, corindon. Pour de telles roches, il est toujours possible de changer
les paramètres de la projection. On choisit, par exemple, comme plan de projection,
le plan SCF et comme pôle de projection le corindon ou le spinelle, sous réserve que
ces minéraux soient présents dans les roches étudiées.
Une autre limitation du triangle ACF est l’impossibilité de représenter les phases
sodiques ; c’est un inconvénient majeur pour l’étude des métabasites du métamor-
phisme de hautes pressions et basses températures, dont les paragenèses incluent des
minéraux sodiques critiques tels que l’albite (plagioclase sodique), le glaucophane
(amphibole sodique) et la jadéite (pyroxène sodique).
L’outil informatique, grâce à la visualisation 3D, permet de gagner une variance
supplémentaire en permettant de visualiser un système tétraédrique en 3D. On trou-
vera des exemples, réalisés à l’aide du programme MetaRep, conçu par L. France
(France et Nicollet, 2010), sur la page http://christian.nicollet.free.fr/page/Figures/
3D/ACFS3D.html. On trouvera en annexe 1, le mode de calcul des diagrammes ACF
et A’KF.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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K2O
Pôles de
projection + SiO2
Kfs
Ms + Qtz
(+V)
Al2O3
SiAl MgO
Plan de
FeO projection AFM
A
SiAl
+ Qtz A'
SiAl
+ Ms
(+ V) + Qtz
+ Kfs
(+ V)
F M
F M
Dans le diagramme AFM (figure 5.6), fer et magnésium sont considérés au contraire
comme deux constituants indépendants. Le quartz est un minéral omniprésent et
abondant dans les métapélites, la silice est en excès et on fait abstraction de cet
élément dans le calcul, sous réserve de ne représenter que des roches contenant du
quartz. Les quatre éléments restant : Al2O3-FeO-MgO-K2O sont représentés dans un
tétraèdre pour lequel il faut définir une surface et un pôle de projection qui doit
coïncider avec un minéral (afin d’éviter le croisement des lignes de liaison). La base
du tétraèdre AFM sert de plan de projection ; il n’y a pas de minéral commun des
métapélites au pôle opposé : K2O (en fait, K2SiO3, puisque la silice est en excès). La
muscovite, sur la ligne A-K est, par contre, un minéral commun dans ces lithologies :
le diagramme AFM est la projection du tétraèdre Al2O3-FeO-MgO-K2O (-SiO2) à
68
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70
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Exercice
Exercice
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SiO2 Al2O3 TiO2 CaO Na2O K2O MnO MgO FeO P2O5 Fe2O3 Total
R1 51,00 15,16 1,19 10,54 4,10 0,11 0,14 8,33 5,89 0,00 0,00 96,46
R2 50,66 17,12 0,25 9,74 3,66 0,59 0,09 8,01 4,52 0,00 0,00 94,64
Cpx 52,09 3,58 0,55 22,65 0,52 0,01 0,14 15,79 3,83 0,00 0,00 99,16
Pl 58,10 26,44 0,00 7,84 6,48 1,10 0,00 0,03 0,15 0 0,00 100,14
Hbl 49,99 7,13 1,01 12,09 1,54 0,18 0,12 18,42 7,08 0,00 0,00 97,56
R3 63,18 19,29 0,98 0,46 1,04 3,81 0,10 1,86 6,55 0,11 0,27 97,65
R4 60,50 16,80 0,94 4,68 2,45 3,35 0,42 4,02 6,43 0,40 0,00 99,99
R5 70,65 14,60 0,27 1,80 3,71 4,22 0,12 0,78 2,73 0,25 0,00 99,13
Grt 36,70 21,40 0,75 9,02 0,00 0,00 1,10 0,90 29,90 0 0,00 99,77
Crd 47,69 32,52 0,00 0,54 0,00 0,00 0,04 10,10 5,20 0 0,00 96,09
Bt 38,32 15,21 2,90 0,74 0,20 8,00 0,14 9,20 20,10 0,00 0,00 94,81
72
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Solutions
T
crd s-qt
ch
-bt z
l-m
ie
tex
-si
d
an l
al
ana
si
and crd
ky st- -sial-
qtz V
sil crd
st-qtz-V
cd-sial
ky grt-sil-qtz
P A
kfs s-qtz
+ qtz ky
gr t-sia
-sia
m
+ ms st
st-qtz
cld
l-V
+V crd
grt
l-V
chl
F M
bt
Solutions
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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A C F
A M
R3 0,33 0,34
R4 0,23 0,53
R5 0,13 0,34
Grt 0,32 0,05
Crd 0,50 0,78
Bt – 0,26 0,45
En utilisant la formule :
( Al 2 O 3 – 3 K 2 O ) MgO
- et M = ----------------------------- .
A = --------------------------------------------------------------------------------------
( Al 2 O 3 – 3 K 2 O ) + ( MgO ) + ( FeO ) MgO + FeO
A A
sil
+ qtz
+ qtz + ms
+V +V
3 crd
an grt x 4
x
x5
2
F M
x
1x
cpx hbl bt
C F
Figure 5.10 – Représentations graphiques des roches et de leurs minéraux.
Remarquez que R2 se trouve sur la ligne hbl-an. R3 et R4 sont dans le même triangle,
mais leur position respective montre que la proportion sil/bt est plus élevée dans R3.
Le plagioclase de R5 n’est pas représenté dans le diagramme AFM. Voir la visualisation
3D de ces exercices à la page http://christian.nicollet.free.fr/page/LivreMetam/3D.html
74
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Solutions
1.2 Les roches à plusieurs micas, minéraux alumineux (cld, st, grt, si, and, ky) sont
des métapélites. Il s’agit de 2, 3, 5, 6, 7, 10, 14, 16 à 20. Amphiboles (hbl, act, tr),
pyroxènes, plagioclase sont des minéraux typiques des métabasites. Les roches 1, 8,
9, 11, 13 et 15 appartiennent à la séquence basique. Les roches 4 et 12, avec de la
calcite, sont des roches de la séquence carbonatée (marbres). Elles contiennent des
silicates calciques : amphibole, clinopyroxène ; le plagioclase et le grenat doivent
être riches en pôle calcique, pôles anorthite et grossulaire respectivement.
Les combinaisons de ces différents minéraux en associations minéralogiques aident
pour confirmer l’appartenance à une séquence ou l’autre (voir annexe 4).
Cette même annexe, ainsi que ce chapitre, permettent de définir les faciès méta-
morphiques dont témoignent ces roches. Schistes verts pour les paragenèses 1 à 3 ;
5 est à la transition avec le faciès Amphibolite. Les roches 6 à 14 se trouvent dans les
conditions de ce faciès. 16, 18 et 19 également. 15 est équilibrée dans le faciès
Granulite (absence de l’amphibole, présence des deux pyroxènes). Les métapélites 17
et 20 se situent au-delà de la réaction ms + qtz = kfs + sil + V : faciès Amphibolite
profond-début du faciès Granulite.
Dans les métapélites de 1 à 16, cld, ky, grt, st indiquent une évolution régulière du
métamorphisme de gradient de MP-HT. Sur l’affleurement des roches 16 à 20, nous
avons des associations de MP et d’autres de BP (à crd, and) : l’évolution de ces
roches, en relation avec la déformation, matérialise un trajet PTt que l’on interprète
comme étant associé à une exhumation (évolution MP Æ BP : voir diagramme PT).
Les métapélites sont représentées dans un diagramme AFM (ou A’FM) ; les méta-
basites et marbres, dans un triangle ACF (figure 5.11). La roche 20 est représentée
dans un triangle identique à la roche 17, mais la sillimanite remplace l’andalousite
au pôle A. Il est raisonnable de penser que le grenat du marbre 12 est un grenat riche
en pôle grossulaire. La métabasite 11 n’est pas représentable dans le triangle ACF,
car elle ne contient pas de quartz. Elle est stable dans les mêmes conditions que les
roches 9 et 13 (voir le cas similaire de la figure 5.4). La roche 15 est représentée
dans le champ gris foncé du triangle de gauche de la figure 5.4.
Toutes les associations minéralogiques qui sont représentées dans un triangle sont
des paragenèses. Remarquez que les paragenèses dans les métapélites ont (au maxi-
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
mum) 5 phases (diagramme AFM), tandis que les métabasites et marbres ont 4 phases
(diagramme ACF). Seule la roche 18, métapélite avec 7 phases, n’est pas une para-
genèse : coexistence ky-sil ; réactants et produits de la réaction St + Qtz = Crd + Sil + V.
Quelques réactions peuvent être proposées. Chl + Ms + Grt = St + Bt + Qtz +V entre
le second et troisième triangle AFM ; réaction Chl + Ms + St + Qtz = Bt + Ky + V
entre le troisième et quatrième triangle ; réaction Ms + Qtz = Kfs + SiAl + V ; Ky
= And ; Sil = And ; St + Qtz = Crd + Sil + V (R18) ; Hbl + Qtz = Opx + Cpx + Pl + V
entre les métabasites 13 et 15.
La muscovite est absente dans les roches 17 et 20, car celles-ci se trouvent à plus
hautes températures que la réaction Ms + Qtz = Kfs + SiAl + V. L’absence de
75
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+ qtz
A
ky
+ ms st
+ V cld 2
grt 6
chl 710
3 5
F M
bt
ky A'
and + qtz and
+ kfs
+V crd
19 crd 17
16
bt
A
+ qtz
+V
an
chl
1 grs 8 grt
4 9
12 13
C F
cal tr/act cpx hbl
76
9782100522682-Nicollet.fm Page 77 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
Solutions
T
17
19 20
18
2
6
7
10
14
(16)
P
77
9782100522682-Nicollet.fm Page 78 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
6 LESRÉACTIONS
MÉTAMORPHIQUES
La règle des phases nous permet de prédire les paragenèses des domaines divariants
de l’espace P-T pour un système chimique donné et pour une gamme de minéraux
fixés. Elle nous guide dans la construction des grilles pétrogénétiques constituées de
réactions minéralogiques qui limitent les domaines de stabilité de ces différents
assemblages minéralogiques. Avant de s’intéresser à l’élaboration de telles grilles
pétrogénétiques au chapitre 7, précisons ce que sont les réactions minéralogiques.
Les réactions minéralogiques sont de différents types : elles font intervenir des
phases solides anhydres et/ou des phases solides hydratées ou carbonatées et, dans
ce dernier cas, une phase Vapeur.
Une réaction peut s’accompagner d’un changement de structure d’un minéral,
sans changement de composition chimique. Il s’agit de réaction de transformation
polymorphique. Le plus souvent, une réaction fait intervenir plusieurs phases miné-
rales. Dans le cas d’une réaction d’exsolution une phase est remplacée par deux
phases, souvent de la même famille minérale. La réaction peut résulter de l’instabilité
d’un assemblage minéralogique conduisant à une réaction interminérale entre ces
phases. Dans ce cas, on distingue les réactions interminérales solide-solide entre
minéraux anhydres et les réactions entre solide-solide hydraté ou carbonates ou
réactions de dévolatilisation qui libère des fluides. Les réactions métasomatiques
nécessitent un changement de la composition du système par un apport ou un départ
ou un échange de cations en solutions (Na+ Æ K+ par exemple). La métasomatose qui
implique ces réactions, suppose que le système chimique est ouvert, à la différence
des réactions précédentes qui se réalisent dans un système chimique fermé.
78
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car GC est inférieure à GA+B dans ces conditions. Le passage du domaine de l’asso-
ciation A + B au domaine de C, par le biais de la réaction A + B = C, se fait lorsque
GC = GA+B, c’est-à-dire lorsque la variation d’énergie de la réaction DrG = GC – GA+B
= 0 (si le système est fermé, c’est-à-dire qu’il n’échange pas d’énergie avec l’extérieur).
On peut donc écrire, lorsque la réaction A + B = C se réalise :
DrG° = DH° – TDS° = 0
dans les conditions standard, sans variation de la pression. Une variation de pression
DP s’accompagne d’une variation de volume DrV de la réaction. D’où, il vient :
DrG = DrH° – T . DrS° + DrV (DP) = 0.
79
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DP est égal à P – P° ; P° = 1 bar est négligeable devant P (plusieurs kb). Aussi peut-on
simplifier, en prenant DP = P. Réécrivons l’expression précédente :
DrG = DrH° – T . DrS° + DrV . P = 0 ou encore P = (DrS°/DrV)T – DrH°/DrV.
Ceci est l’équation d’une droite (du type y = ax + b) dans l’espace P-T. En réalité,
les choses sont un peu plus compliquées, car H, S et V ne sont pas des constantes :
V varie en fonction de P et H et S en fonction de P et T. En conséquence, la réaction
n’est pas une droite, mais une courbe dans l’espace PT. On peut, si l’on connaît les
valeurs de H, S et V des différents minéraux, dessiner quantitativement la réaction A
+ B = C dans un diagramme PT. L’exemple des silicates d’alumine est donné dans le
paragraphe suivant (figure 6.2).
C)
G(
B)
A+
G(
T
B
A+
P
C
80
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81
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T/P
Mss
m1 m2
Figure 6.3 – Diagramme de phases binaire d’un minéral Mss
Mss présente une solution solide continue entre deux pôles purs m1 et m2 à hautes
températures (ou pressions ?) et un solvus à basses températures (ou pressions ?).
Lorsque le cristal Mss se refroidit (ou est décompressé), celui-ci se démixte en
deux phases m1 et m2 lorsqu’il croise le solvus à T1/P1. La proportion de m1/m2
dans le cristal (3 dessins en bas du diagramme) et la T/P de démixtion est fonction
de la composition de la solution solide dans Mss.
82
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est souvent perthitique, avec des lamelles d’albite dans l’orthose, tandis que le feldspath
alcalin des laves acides (refroidies rapidement) reste de l’anorthose, feldspath alcalin
intermédiaire entre feldspath potassique et albite. Dans ce dernier cas, la vitesse
(cinétique) de réaction était plus faible que la vitesse de refroidissement et les lamelles
d’exsolution n’ont pas eu le temps de se former.
Un diagramme tel que celui de la figure 6.3 peut être utilisé à des fins géothermo-
métriques en analysant les deux minéraux en présence : m1ss et m2ss.
T
an
or
gr
th
al
os
bi
ite
te
su
+
+
wo qua
ja
air
né e
ja
al
dé
dé
e+
lla
ph
bi
it
ite
te
sto tz
él
in
+
nit
e
qu
e
ar
tz
gr
oss
ul
ai
re
+ a
qu nor
ar thi
tz te
+
di
st
hèn
P e
83
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est limité vers les hautes pressions (basses T) par la réaction albite = jadéite + quartz.
Si l’albite est en présence de la néphéline, le champ de stabilité des deux minéraux
ensemble est réduit (vers les BP, HT) par rapport à celui de l’albite. La réaction limite
est albite + néphéline = jadéite. Le champ de stabilité de la jadéite seule, délimité
par cette réaction, est plus vaste que lorsque ce minéral est en présence de quartz
(réaction précédente).
On comprend pourquoi les pétrologues raisonnent préférentiellement sur la stabilité
des assemblages minéralogiques plutôt que sur la stabilité d’un minéral seul. Dans
une roche, l’assemblage grossulaire + quartz + disthène donne une information plus
précise quant aux conditions P-T de formation que l’assemblage grossulaire + quartz
et, a fortiori, la seule présence de grossulaire (dont le champ de stabilité n’est pas
représenté sur la figure 6.4).
Les réactions interminérales discutées dans ce paragraphe font intervenir des phases
dont la composition est fixe : on les appelle des pôles purs. Ces réactions ont une
position fixe dans l’espace P-T que nous pouvons calculer en utilisant les données
thermodynamiques (paragraphe 6.1 ci-dessus). Cependant, de nombreux minéraux
sont des solutions solides plus ou moins complexes, c’est-à-dire des mélanges de pôles
purs qui ont une composition chimique variable. Nous reviendrons sur les consé-
quences importantes de cette variation de la composition chimique des minéraux au
chapitre 8.
84
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T
A
H +
V
P
Si la pente de la réaction est positive, cela signifie que l’ensemble des phases
produites (A+ V H2 O ) a un plus gros volume que l’ensemble de phases réactantes H.
On écrit V(A+ V H2 O ) > V(H). Ainsi, lorsque la profondeur (= P) augmente, le volume
des produits de la réaction augmente : ceci est contradictoire, puisque l’augmentation
de la profondeur doit s’accompagner d’une augmentation de la densité (diminution
de volume). La contradiction est levée si cette vapeur libérée par la roche, de faible
densité (gros volume), remonte vers la surface. Dans ce cas, V(A) < V(H).
Ce type de réaction a des conséquences importantes pour la préservation des para-
genèses du métamorphisme. En effet, au cours de l’évolution rétrograde, la roche
préserve sa paragenèse de HT, car la réaction A + V H2 O = H ne peut pas se réaliser,
puisque la phase V H2 O a quitté la roche. Seul, un apport d’eau permettrait la rétro-
morphose. Mais même dans ce cas, cette rétromorphose a toutes les chances d’être
limitée. En effet, l’infiltration des fluides se fait à la faveur de fractures (fissures).
Cependant, nous avons noté que le volume des phases hydratées (de BT) est plus
élevé que celui des phases anhydres (de HT) : V(H) > V(A). En conséquence, lorsque
la réaction se réalise par infiltration d’eau, la fissure est rapidement colmatée par les
nouveaux minéraux « H ».
Nous avons remarqué (paragraphe 1.3.3) que l’eau n’est pas le seul constituant de la
phase vapeur dans les roches ; plusieurs espèces chimiques de fluides peuvent être
présentes : H2O, CO2, CH4, N2, etc. Les deux premières sont les plus importantes en
volume. On définit une pression des fluides (PFl) qui est, en règle générale, égale à la
pression lithostatique (PL). Elle est égale à la somme des pressions partielles des
différents fluides telle que PFl = P H2 O + P CO2 + P CH4 + P N2 + … = PL.
Pour estimer l’influence des fluides sur la stabilité des réactions, nous simplifions
en considérant une phase fluide constituée du mélange H2O et CO2. On peut exprimer
la proportion respective de ces deux constituants dans la phase vapeur par le rapport
XH2O (fraction molaire) qui égale H2O/(H2O + CO2). Dans le diagramme T versus
85
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XH2O de la figure 6.6 (pour une pression lithostatique fixée), des réactions font
intervenir différents types de phases minéralogiques : H est un minéral hydraté (ou
un ensemble de minéraux hydratés), c’est-à-dire contenant des radicaux OH – dans sa
structure ; C est un carbonate (ou un ensemble de carbonates), c’est-à-dire contenant
des radicaux CO3=. A et B sont des phases (ou un ensemble de phases) anhydres.
La réaction A = B (tel que la transformation Ky = Sil) ne fait pas intervenir de
phase vapeur : la température de cette réaction n’est pas influencée par la composition
de celle-ci.
La réaction H = A + V H2 O est une réaction de déshydratation ; le champ de stabilité
de la phase hydratée H est fonction de la composition chimique de la phase vapeur :
T P = cte
B
A
H O)
A + V( 2
H
A
+
V(
C CO
2)
A + V (H2O) + V (CO2)
H+C
V (H 2O)
C+B+
V (CO 2)
H+A+
0 XH2O 1
86
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lorsque la fraction molaire XH2O diminue, la réaction se réalise à plus basses tempé-
ratures ; en conséquence, la stabilité de H est réduite vers les basses températures.
La réaction C = A + V CO2 est une réaction de décarbonatation ; le champ de stabilité
du carbonate C est réduit vers les basses températures lorsque la fraction molaire
XH2O augmente.
Pour la réaction H + A + V CO2 = C + B + V H2 O, le champ de stabilité du carbo-
nate C est réduit vers les hautes températures tandis que celui du minéral hydraté
augmente lorsque la fraction molaire XH2O augmente.
La réaction H + C = A+ V CO2 + V H2 O est constituée à la fois de minéraux hydratés
et de carbonates. C’est une réaction à la fois de déshydratation et de décarbonatation ;
elle est qualifiée, d’une manière plus générale, de réaction de dévolatilisation. Le
champ de stabilité de l’assemblage H + C est maximum pour une valeur intermédiaire
de XH2O. Il diminue pour n’importe quelle autre valeur. Cette valeur de XH 2O est
fonction du coefficient stœchiométrique des deux fluides CO2 et H2O dans la réaction ;
sur la figure, ces coefficients sont de 1 pour les deux fluides et le sommet de la
courbe correspond à la valeur XH2O = 1/2.
Revenons sur un classique diagramme P-T (figure 6.7) pour bien visualiser
l’influence de la nature de la phase fluide (V) sur les conditions de stabilité des
réactions. La réaction de déshydratation Ms + Qtz = SiAl + Kfs + VH 2O est du type
H = A + V ; XH2O est la fraction molaire d’un mélange H2O + CO2. La réaction est
déplacée significativement (200°) vers les basses températures lorsque la fraction
0,2
0,4 And
SiA
Ms
l+
Kfs
Sil
+Q
0,6
+V
tz
Ky
H 2O
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
0,8 1,0
0,25
P GPa
XH2O = 0,01 0,05
87
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88
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102
kb
6
101
kb
4 kb 2
100 1 kb
0,3 kb
10–1
T ˚C
10–2
50 100 200 400 600 1000
En conséquence, la solubilité des éléments diminue lorsque cette eau remonte vers
la surface. Sur la figure 6.8, la flèche montre l’évolution de la teneur en silice dans
l’eau libérée par une roche à 6 kb-600 °C et qui remonte à 1 kb-100 °C. La concen-
tration varie de 15 g/kg-solution à 0,1 g/kg-solution : au cours de ce refroidissement-
exhumation, l’eau, qui devient sursaturée en silice, précipite du quartz. Ainsi,
l’abondance des lentilles de quartz dans les schistes des Cévennes témoigne de
transferts significatifs de matière et de circulation importante de l’eau (sur plusieurs
kilomètres ?).
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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H + 2K +
P = 0,3 GPa
V+
z+
Qt
2
+5
+
s
Sil
Kf
+
K
2
V +2
+3
tz
+
+ 3Q + 2 H
3 Sil s
2M
Sil
Température
And
Ms +
3 Kfs
6 Qtz
+2H
+2K
+
+
+ +
Log a(K /H )
90
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Exercice
Exercice
quartzite
wo
2
wo
marbre
5m
micaschiste
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
Figure 6.10 – Affleurement.
Trois lithologies sont représentées : les micaschistes forment des fines intercalations
dans une grosse masse de marbres dolomitiques au niveau de l’affleurement 2 ; des
niveaux de (méta)quartzite sont en contact avec le marbre. De rares niveaux de marbres
s’intercalent dans les micaschistes abondants qui ont fourni l’échantillon 1. À proxi-
mité de cet échantillon, le contact marbre-quartzite est jalonné de wollastonite (wo),
silicate de calcium de formule CaSiO 3. Comment expliquez-vous la diversité
minéralogique de ces différentes lithologies ? Il peut être utile de tracer un diagramme
T-XH2O à partir de la figure 6.11.
91
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4 R
Solution
1.1 La question peut être précisée : pourquoi les deux micaschistes n’ont-ils pas la
même paragenèse puisque, recueillis à quelques mètres d’intervalle, on peut supposer
qu’ils se sont formés dans les mêmes P et T ? Pour les mêmes raisons, pourquoi le
contact marbre-quartzite est jalonné ou non de wollastonite ?
Les paragenèses 1 et 2 se trouvent respectivement à plus basse / plus haute température
que la réaction de déshydratation Ms + Qtz = Kfs + SiAl + VH2O ; la présence de
wollastonite et son absence montrent que les mêmes sites 1 et 2 sont à plus haute/
plus basse température que la réaction de décarbonatation Cal + Qtz = Wo + VCO 2.
La réponse est à chercher dans le paragraphe 6.3.2. Les variations minéralogiques font
intervenir deux réactions libérant une phase fluide différente. En fonction de la compo-
sition de la phase fluide, ces 2 réactions se réalisent à des températures (– pressions)
variables en sens inverse. Le tracé d’un diagramme T-XH2O (figure 6.12, dont le
principe est expliqué à la figure 6.6) à partir du diagramme PT de la figure 6.11 est
explicite.
Sur le diagramme PT (figure 6.11), les conditions d’équilibre de l’affleurement étudié
peuvent être celle du point « R ». Le diagramme T-XH2O (figure 6.12) suggère que
XH2O est élevée en « 1 » et faible en « 2 ».
En « 2 », les réactions de décarbonatation dans les marbres libèrent une phase
carbonique volumineuse qui se dilue avec une phase fluide aqueuse : XH2O est faible.
La réaction Ms + Qtz = Kfs + SiAl + VH2O se réalise à température inférieure à celle
à laquelle elle se réaliserait si PH2O était égal à la pression lithostatique. En « 1 », le
CO2 libéré par les rares niveaux de marbres influe peu sur la fraction molaire de la
phase fluide essentiellement aqueuse dans les micaschistes : XH 2O est élevée. La
réaction de décarbonatation Cal + Qtz = Wo + VCO2 est franchie à relative basse
température.
92
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Solution
T P = Cte
Wo
+ VC
Cal O2
+Q
tz
2
O 1
2
VH
s+
f tz
l +K +Q
i A s
S M
0 XH2O 1
93
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7 ANALYSE GÉOMÉTRIQUE
DES RÉACTIONS
MÉTAMORPHIQUES
ET ÉLABORATION
D’UNE GRILLE
PÉTROGÉNÉTIQUE
94
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T T
. .
(Ky)
(Sil) (Sil) d
An An An il
d d S
Ky Ky
Si
Si
l
l
Ky
Ky
(And) (And)
P a P b
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
95
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96
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intervenir que deux des quatre constituants qui rendent compte de la chimie des
minéraux. Il est possible de calculer les réactions complètes (et les coefficients
stœchiométriques) grâce aux compositions chimiques des minéraux et, ainsi, de
prendre en compte le quartz et la vapeur d’eau (phases en excès) dans ces réactions.
Notons que la phase L est la phase la plus hydratée. Ainsi, ces réactions s’écrivent :
(L) : Ms + Qtz = Kfs + Sil + V
(Sil) : Ms + Kfs + Qtz + V = L
(Ms) : Sil + Kfs + Qtz + V = L
(Kfs) : Ms + Qtz +V = L + Sil
Le nombre de minéraux des deux listes de réactions respecte toujours la règle des
phases avec M = C + 1 minéraux pour un équilibre univariant.
T
(L) V
Kf Q tz + (Ms)
s+
M Si fs +
s+
Qt l + V +K
Sil
z L
Sil
L"
V
Qtz +
Ms + Q
L+S
Kfs +
L'
Kfs
il
tz + V
L
Ms +
(Kfs)
(Sil)
P Sil Ms L Kfs
97
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98
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sio2
q
crd
(q) opx sil
spr
crd
spl [sp] 2
(spr) opx crd sil
opx + sil +q spr
q
opx + sil
3
spl
(q)
spr + q
opx sil
spr q
4
d
+ cr
spr
cr + q
sp
spl
d
opx sil
r
spr
spl
spr
[crd] spl [opx-sil] q
7
(q) spr
opx + sil + spl opx crd
q q spl + q sil
opx + sil
6
spl + q
5
opx sil opx sil
spl
spl+
crd
spl spl
q
(spr) (spr)
Figure 7.3 – Assemblages divariants dans le système
à 3 constituants indépendants : Al2O3-SiO2-MgO.
Les différents triangles indiquent les paragenèses possibles dans les différents
espaces divariants ; ceux-ci sont séparés par les assemblages univariants en tirets.
Attention : cette figure n’est pas une grille P-T, car les angles entre les réactions
sont tracés arbitrairement sans respecter la règle des demi-plans de la figure 7.1
lignes de liaison reliant les minéraux ne doivent pas se croiser. Sept triangles regroupent
toutes les paragenèses (figure 7.3). Chacun de ces triangles regroupe toutes les
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
paragenèses d’un espace divariant. Ils sont séparés les uns des autres par une ligne
univariante. Comme nous l’avons vu au chapitre 5 (figure 5.2), cet assemblage
univariant entre deux triangles est constitué des quatre minéraux (M = C + 1) des deux
lignes de liaison qui se remplacent mutuellement dans les deux triangles.
Les deux lignes de liaison qui se remplacent mutuellement : Opx-Sil/Q-Spr entre
les triangles 3 et 4 indiquent que l’équilibre univariant séparant ces deux triangles
est Opx + Sil = Spr + Qtz (Spl,Crd). La réaction est appelée « spinelle-cordiérite
absents », car ces deux minéraux n’interviennent pas ; la réaction se trouve entre les
points invariants [Spl] et [Crd]. Entre les triangles 1 et 3, la cordiérite disparaît et est
remplacée par l’équilibre Opx + Sil + Qtz (Spr, Spl). Les réactions Spr + Qtz = Crd
99
9782100522682-Nicollet.fm Page 100 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
(Opx, Sil, Spl), Spl + Qtz = Crd (Opx, Sil, Spr), Spr = Spl + Crd (Opx, Sil,Qtz) et
Spl + Qtz = Spr (Opx, Sil, Crd) font intervenir seulement 3 phases au lieu de 4. On
remarque que les trois phases sont co-linéaires pour chaque réaction. On appelle de
telles réactions des réactions dégénérées.
La figure 7.3 n’est pas une grille pétrogénétique, car elle ne respecte pas la règle
des demi-plans définie sur la figure 7.1. Nous devons appliquer cette règle pour relier
correctement les différents points invariants. Nous remarquons que chaque point
invariant possède une réaction en commun avec un autre point invariant : ainsi, la
réaction (Spl) autour du point invariant [Crd] est identique à la réaction (Crd) autour
du point invariant [Spl] : cette réaction permet de relier les 2 points invariants [Crd]
et [Spl] sur le diagramme P-T. Toutes les réactions (Crd) autour des différents points
invariants se rejoignent pour dessiner le point invariant [Crd] (figure 7.4). Nous
avons remarqué précédemment que les réactions (Opx) et (Sil) sont identiques et
nous les avons qualifiées de réactions dégénérées (Opx, Sil)). En conséquence, les
points invariants [Opx] et [Sil] sont identiques et se superpose en un point unique
[Opx, Sil], lui-même dégénéré. Parfois, ce sont les prolongements métastables des
réactions qui se rejoignent en un point invariant que l’on qualifie de point invariant
métastable. C’est le cas des points ]Q[ et ]Spr[ (remarquez les crochets à l’envers).
q T
(q)
opx crd sil
(spr) spr
op px s
q
x s il q
o
spl
il = =
spr
rc
rd
spl
q
opx sil
spr [spl] q
sp
]spr[ opx
sil
opx s
spr
spr q
(q) spl
ill
q sil
sp l spr rd q
c
opx sil spr spl
[crd] q spl q opx crd sil
spl
[opx-sill]
opx sil crd
ill
lq spl spl
xs
P sp ]Q[ q
op
spl (spr)
(spr) (spr)
100
9782100522682-Nicollet.fm Page 101 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
Exercice
En conséquence, les réactions qui rayonnent autour de ces points métastables (par
ex. la réaction]Spr[(Crd)), ne sont stables qu’au-delà d’un point invariant stable (par
ex. [Crd]). Par contre, la réaction ]Spr[(Qtz) n’est jamais stable, car elle relie les
deux points métastables. Les prolongements métastables des réactions (en tiret) ne
limitent pas les champs divariants.
Sur la figure 7.4, les points [Spl], [Crd] et [Opx-Sil] sont stables tandis que les
points ]Spr[ et ]Qtz[ sont métastables. Une deuxième solution est possible dans
laquelle le point [Spr] est stable (et, par voie de conséquence, le point [Qtz]), tandis
que les points ]Opx,Sil[, ]Spl[, ]Crd[ sont métastables. La grille qui en résulte est
bien différente de celle-ci. Les données thermodynamiques des phases permettent de
choisir la « bonne » grille, mais parfois les deux sont applicables dans des conditions
physiques différentes. En dernier ressort, la confrontation avec les paragenèses des
roches reste le facteur discriminant ! (voir exercice ci-après).
Exercice
101
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Solutions
1.1 Dans un premier temps, il faut calculer les coefficients stœchiométriques de
chaque réaction. Pour la réaction (crd) :
a En + b Sil = c Spr + d Qtz
ou a Mg2Si2O6 + b Al2SiO5 – c Mg4Al8Si2O20 – d SiO2 = 0
On peut écrire les équations suivantes :
MgO (2 a – 4 c) = 0
SiO2 (2 a + b – 2 c – d) = 0
Al2O3 (b – 4 c) = 0
Il vient a = b/2 ; c = b/4 ; d = 1,5 b ; on fixe b = 1.
102
9782100522682-Nicollet.fm Page 103 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
Solutions
Nous avons vu, au paragraphe 6.1 que P = (DS/ DV)T – DH/ DV. DS/ DV donne la pente
de la réaction : c’est l’équation de Clapeyron. – DH/ DV, ordonnée à l’origine, permet
de calculer la pression à T = 0 K et ainsi de positionner la réaction dans l’espace P-T.
Le point invariant se situe à P = 0,95 GPa et T = 1021 °C (attention ! dans les calculs,
l’unité de température est le K).
1.2 a) Il faut placer les paragenèses dans le (ou les) diagramme(s) approprié(s). En
application de la règle des phases, on se souvient que les paragenèses correspondent
à des assemblages divariants. Le système chimique considéré est Al2O3-SiO2-(Mg,Fe)O
du paragraphe 7.3. Les différentes paragenèses se placent dans les triangles des figu-
res 7.3 et 7.4. Paragenèses 1 et 2 : triangle 4 ; par. 3 : triangle 3 ; par. 4 : triangle 1 ;
par. 5 : triangle 2 ; par. 6 : dans tous ces 4 triangles. Ces six roches proviennent donc
de quatre zones métamorphiques, c’est-à-dire domaines divariants de la figure 7.3,
qui se situent autour du point invariant [Spl]. On remarque que la paragenèse 6 est
atypique et qu’elle est stable dans n’importe lequel des quatre triangles.
Les équilibres univariants séparant les différentes zones métamorphiques sont direc-
tement lisibles sur la figure 7.3.
b) Bien que réalisée avec les mêmes points invariants, cette deuxième grille est bien
différente de la première, simplement en inversant les points invariants stables et
métastables. Cette inversion amène à inverser également les 2 points désormais stables
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
[Spr] et [Qtz] par rapport avec l’axe des pressions : le point [Qtz] est à plus basse
pression que le point [Spr] dans cette nouvelle configuration.
Cette grille inverse ne permet pas de représenter l’ensemble des six paragenèses de
la question a. Les paragenèses 1 et 2, avec l’association spr + qtz typique du méta-
morphisme d’ultra-haute température (UHT ; voir paragraphe 14.4) n’existent pas.
La première grille est donc plus appropriée à nos observations pétrographiques.
Cependant, les assemblages à spr + qtz sont absents de certaines formations d’UHT
où l’assemblage spl + qtz domine, tandis que la saphirine est cantonnée dans les
assemblages de basses pressions. Dans ce cas, la grille inverse est plus appropriée
pour ces assemblages qui se formeraient dans des conditions fluides (oxydantes)
différentes des assemblages à saphirine.
103
9782100522682-Nicollet.fm Page 104 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
T
q (spl) q
sp x si
rc l
spl op
rd
spl
(crd) (opx,sil)
opx spr
q sil spr
sp crd
l spl
opx crd sil q
(spl)
[Qtz]
opx crd sil
spl sp
op
c l
x s px s
rd
]opx-sil[
il
spl
]crd[
o
q
il q
=c
rd
opx sil
spl [spr]
il
xs
lq
op
q
sp cr
opx sil
spl d
(crd) q (opx,sil)
P spl
]spl[
104
9782100522682-Nicollet.fm Page 105 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
LES
RÉACTIONS
MÉTAMORPHIQUES
8
MULTIVARIANTES :
THERMOMÉTRIE
ET BAROMÉTRIE
GÉOLOGIQUES
105
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106
9782100522682-Nicollet.fm Page 107 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
a T
St + Ky +
+ qtz
+ ms chl + ms = st + bt + qtz + V chl + ms + qtz = bt + ky + V
chl + ms + st + qtz
chl + ms + grt
st + bt + qtz + V
+V A ky
st
bt + ky + V
grt chl
* *
F M
bt bt bt
T1 T2
T
st + bt + qtz + V
b
iotite
us B
Solv R3
V
tz +
T2 + q
bt rite R2
t+ hlo
s +s C
+m lvus
T1 chl So
R1
chl + ms
R1
*: R2 R3
XMgO 1
107
9782100522682-Nicollet.fm Page 108 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
SiO2 et H2O sont en excès). La réaction isograde Std+ est une réaction univariante qui
contient 7 minéraux conformément à la règle des phases. Elle sépare deux triangles
dans lesquels la ligne de liaison grenat + chlorite (triangle de gauche) est remplacée
par la ligne staurotide + biotite (triangle à droite de la réaction). Cette réaction fait
apparaître brusquement de la staurotide dans les roches à biotite. Notons, toutefois,
que ce minéral existait avant cet isograde dans les roches très alumineuses.
Dans la zone métamorphique située entre les deux réactions isogrades St+ et Ky+,
la configuration des triangles ne changent pas. Cependant, ceux-ci « glissent » vers
la droite, car la composition des minéraux qui sont à leur sommet varie lorsque T
augmente. Attardons-nous, par exemple, sur le triangle « st-chl-bt » : celui-ci se
déplace vers la droite, car la composition de la biotite et de la chlorite devient plus
magnésienne (la composition de la staurotide varie peu) lorsque la T augmente. Le
point représentatif de la composition chimique d’une roche est matérialisé par un
astérisque (*) dans les deux triangles du milieu de la figure. La position de ce point
est fixe dans le triangle AFM, puisque la composition de la roche ne change pas si
l’on considère que le métamorphisme est isochimique. La proportion des 3 minéraux
dans la roche n’est pas la même dans le triangle « st-chl-bt » à T1 et à T2, puisque ce
triangle est différent à chacune de ces T (la proportion des 3 minéraux dans la roche
dépend de la position du point représentatif de la roche par rapport aux sommets du
triangle). Entre T1 et T2, la chlorite s’éloigne de l’astérisque, tandis que la ligne de
liaison staurotide-biotite s’en rapproche. De T1 à T2, la roche s’appauvrit en chlorite
et s’enrichit en staurotide + biotite au cours de la réaction chl + ms = st + bt + qtz + V.
Cette modification se fait progressivement : on dit que la réaction est « continue »,
« glissante ». Entre T1 et T2, elle ne fait pas apparaître de nouvelles phases, mais
modifie la proportion des phases déjà existantes. Elle contient autant de phases que
le nombre de constituants chimiques du système : cette réaction est qualifiée de
divariante. Elle se distingue des réactions isogrades univariantes délimitant la zone
métamorphique. Ces dernières sont appelées « réaction discontinue », car elles se
réalisent à une température fixe et font apparaître brutalement de nouvelle(s) phase(s).
Examinons le déroulement de la réaction continue Chl + Ms = St + Bt + Qtz + V
dans la roche R2 (*) dans le diagramme T-XMgO de la figure 8.1 b. Sur ce diagramme,
une loupe sépare le domaine à chlorite + muscovite d’un domaine à staurotide + biotite
(+ quartz et vapeur) : cette loupe est le domaine divariant de la réaction dans un
intervalle DT. Elle est limitée par les solvus de la chlorite et de la biotite qui donnent
la composition de ces 2 phases à différentes températures. A une température donnée
dans l’intervalle DT, la roche contient un couple Chl-Biot aux rapports XMgO
(XMgO = MgO / MgO + FeO) contrastés. Lorsque T augmente, le rapport XMgO
augmente dans les deux minéraux.
La roche R2 contient initialement de la chlorite, muscovite, quartz, éventuellement,
un peu de biotite. La T augmente jusqu’à toucher la loupe de la réaction divariante :
de la staurotide et de la biotite commencent à cristalliser. La composition de cette
biotite est celle du « solvus Biotite » à cette température. Lorsque T augmente, les
compositions des biotite et chlorite en équilibre se déplacent le long des solvus
respectifs des deux minéraux (portions épaissies sur le solvus). La quantité de
108
9782100522682-Nicollet.fm Page 109 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
0,8
0,6
0,2
0,6
0,1
0,4
0,2
+v
rd
+c
fs
+k
t
gr
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
qtz=
si l+
bt+
109
9782100522682-Nicollet.fm Page 110 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
pôle pur magnésien à près de 900 °C. Le domaine entre les 2 réactions pôles purs est
le domaine divariant de la réaction dans le système Fe-Mg. Les compositions
respectives (XMg) de la biotite et du grenat dans ce champ divariant sont indiquées.
On peut apprécier l’intérêt thermométrique d’une telle réaction qui s’étale sur presque
250° et dont la pente forte montre qu’elle est peu influencée par la pression. Le
diagramme T-XMg de la figure 8.3, à une pression fixée de 6 kb, indique les compo-
sitions chimiques des couples biotite-grenat en début et fin de la réaction pour une
composition chimique donnée. En reportant ces valeurs dans le diagramme PT de la
figure 8.2, on déduit les températures de début et de fin de la réaction continue pour
la composition de la roche (*) : celles-ci sont de 700° et 760° environ respectivement.
De même, la température d’équilibre d’une roche contenant l’assemblage de cette
réaction peut être calculée en analysant le couple biotite-grenat de la roche.
Pourtant, ce géothermomètre potentiel présente une restriction de taille : il est
dépendant de la composition de la phase vapeur. En effet, nous avons vu, au paragra-
phe 3.3.1, que dans les conditions du faciès Granulite, la pression partielle d’eau est
inférieure à la pression totale, sinon la roche fond partiellement (nous reviendrons
sur ce point au paragraphe 10.4.1). Dans ce cas, l’eau est mélangé à un (ou plus) autre
fluide qui est, le plus souvent, le CO2. La réaction a une variance supplémentaire : le
système est à C = 7 (Al2O3-FeO-MgO-SiO2-K2O-H2O-CO2) tandis que la réaction
continue, avec six phases, est trivariante. (D’une manière générale, lorsqu’une réaction
continue a une variance élevée, on dit qu’elle est multivariante). Nous avons vu
l’influence importante de la composition de la phase fluide sur la stabilité des assem-
blages minéralogiques au paragraphe 6.3. La grille de la figure 8.2 est dessinée pour
une XH20 = 0,4 (XH2O = H2O/H2O + CO2). Celle-ci est déplacée à des températures
très variables selon cette valeur de XH2O.
P = 6 kb T
grt + kfs + V
nat
gre
lv us
So +V tite
+ kfs Bio
gr t lvu
s
+ So
qtz
il +
bt +s
bt + sil + qtz
* XMg 1
110
9782100522682-Nicollet.fm Page 111 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
Que l’on peut réécrire sous la forme suivante, afin d’avoir l’équation de cette
réaction dans l’espace P-T :
P = (DrS°/ DrV)T – DrH°/ DrV.
Lorsqu’une réaction fait intervenir des phases solutions solides et qu’elle est
multivariante (continue), elle se déplace dans l’espace P-T-G et son énergie libre varie
d’une composante que l’on appelle l’énergie de mélange GM. En conséquence, le DGSS
d’une réaction impliquant des « minéraux solutions solides » est :
DrGSS = DrG + DrGM
L’énergie libre de mélange est DGM = RT ln K. R est la constante des gaz parfaits,
ln, le logarithme népérien et K, la « constante d’équilibre » qui est fonction de la
composition chimique des minéraux.
DrGSS = DrH° – T . Dr S° + DrV . P + RT ln K = 0 (1)
Cette expression est la base de la géothermobarométrie. En réécrivant cette
expression de la manière suivante :
D rH° + P D rV
T = ---------------------------------
D rS° – R lnK
nous avons un thermomètre. Il est nécessaire de choisir une réaction pour laquelle la
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
variation d’entropie est forte et la variation de volume faible : ainsi, la T calculée est
peu sensible aux variations de la pression. En réécrivant l’équation de cette manière :
– D rH° + T D rS° – RT lnK
P = ----------------------------------------------------------------
D rV
111
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a ia est l’activité du pôle pur « i » dans la phase solution solide « a » ; a ia est égal
à (Xi . gi)a.
X est la concentration de l’élément i dans la phase a ; g, le cœfficient d’activité,
mesure la « non-idéalité » de la solution solide.
La constante d’équilibre K devient :
X Fe bt
⋅ X Mg grt
g Fe bt
⋅ g Mg grt
K = ------------------------
- ⋅ - = KD ⋅ Kg
------------------------
bt ⋅ X grt g bt ⋅ g grt
X Mg Fe Mg Fe
Dans ce cas, l’expression (1) s’écrit : DrGSS = DrH° – TDrS° + PDrV + 3RT ln K
= 0 ou bien :
ln K = (– DrH° + PDrV)/3RT + DrS°/3R.
112
9782100522682-Nicollet.fm Page 113 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
8.3 • Un thermomètre basé sur la réaction d’échange Fe-Mg entre biotite et grenat
113
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de la ligne est (– DH° + DV°)/3 R = – 2 109 ; l’ordonnée à l’origine est DS°/3 R = 0,782.
L’équation de cette droite est donc :
2 109
ln KD(Bt-Grt) = – ------------- + 0,782
T
L’expérimentation a été réalisée à pression constante. Connaissant le DrV de la
réaction (2), il faut recalculer l’expression précédente pour tenir compte de la faible
influence de la pression ; pour finir, elle est réécrite d’une manière plus utilisable
comme thermomètre :
2 089 + 9,56 P (kb)
T (°C) = ---------------------------------------------- – 273 avec KD = (Mg/Fe)grenat /(Mg/Fe)biotite
0,782 – ln K D
Dans cette dernière expression, le degré Celsius remplace le Kelvin qui est préfé-
rentiellement utilisé en thermodynamique.
De nombreuses calibrations concernant le couple Biot-Gt sont disponibles, utilisant,
en particulier, différents modèles de solution solide dans les deux minéraux. De même,
de nombreux thermomètres utilisant d’autres couples ont été calibrés. La qualité de ces
différents thermomètres est variable. La figure 8.4 b donne l’exemple du thermomètre
cordiérite-grenat dont les résultats sont médiocres. D’autres méthodes sont utilisées.
Citons les géothermomètres basés sur les réactions d’exsolution (figure 6.3) : ce sont,
par exemple, les couples Opx-Cpx, feldspath alcalin-plagioclase, calcite-dolomie.
114
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115
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7
grt-pl-sil-qtz
P(kb)
6
3
crd-grt
2
bt-grt
1
500 600 700 800 T ˚C
116
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10 000
9 000
2 1
8 000
7 000
Pression (bar)
6 000
5 000
4 000
qtz
+
3 000 an prp+
+e di
n
2 000
1 000
117
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Une intersection médiocre indique que l’assemblage minéralogique n’est pas à l’équi-
libre thermodynamique. Mais elle peut s’expliquer aussi par les incertitudes sur les
paramètres thermodynamiques et modèles de solution solide utilisés. TWEEQU
(Thermobarometry With Estimation of Equilibration State) et THERMOCALC sont
les plus utilisés parmi ces logiciels. Compte tenu de leur efficacité et de leur rapidité
de calculs, ces méthodes tendent à remplacer les géothermo-baromètres conventionnels.
La figure 8.7 donne un exemple d’application sur une métabasite de la formation
d’ultra haute température d’Andriamena, à Madagascar (voir chapitre 14.4). La roche
est équilibrée dans le faciès Granulite.
Une autre famille d’outils thermodynamiques est représentée par les pseudosections
(réalisées avec les logiciels PERPLEX et THERMOCALC par exemple). Une pseudo-
section est un diagramme de phases qui montre, dans l’espace P-T, les champs de la
P (GPa)
Cpx A
mph G
1,7 19
r t Op
m
R t Il Rt Ilm
hG
x Qtz
Qtz
px
r t R 23
tO
Gr
Rt
t Ilm
1,4 x
Cp
M1
26
1,1
20
Cpx Grt Opx Qtz Ilm
Ilm
Qtz
rt Opx
Cpx Amph Pl G
0,8 Grt Ilm Cpx 2
1
Cpx Pl Grt Opx Ilm
22
0,5
600 700 800 900 1000 T (˚C)
Figure 8.8 – Pseudosection P–T dans le système Na2O-CaO-FeO-MgO-Al2O3-
SiO2-H2O-TiO2 pour la composition d’une métabasite granulitique du Canada.
La pseudosection est dessinée avec le logiciel PERPLEX. La paragenèse de la roche
est grenat-clinopyroxène-ilménite-quartz ± plagioclase. Le système est saturé en
eau, ce qui signifie qu’une phase vapeur d’eau est présente. Les trois nuances de gris
indiquent les champs des paragenèses au degré de liberté différent : conformément
à la règle des phases, la variance d’une paragenèse est fonction du nombre de
constituants chimiques (C = 8) et du nombre de minéraux de la paragenèsese (M),
sans oublier la phase vapeur, non représentée sur la figure. Les champs gris, du
plus clair au plus sombre, indiquent respectivement une variance de 3, 4 et 5.
L’ellipse M1 (tirets noirs) indique les conditions PT estimée pour cette roche avec
le logiciel THERMOCALC. Une information complémentaire est apportée par les
isoplèthes des teneurs en pôle pur grossulaire du grenat, exprimées en %. (Mahan
et al., 2008). Le trajet en tirets blancs est utilisé dans l’exercice à la fin de ce chapitre.
118
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clinopyroxène) de l’omphacite. Celui-ci est basé sur la réaction albite = jadéite + quartz
et la constante d’équilibre K est calculée à partir des activités de la jadéite dans le
clinopyroxène, de la silice dans le quartz et de l’albite dans le plagioclase. Les condi-
tions d’application de ce baromètre sont donc la présence de quartz, ce qui n’est pas
toujours le cas, et de plagioclase, ce qui est rarement le cas ! Par définition, l’éclogite
est une roche sans plagioclase : la pression obtenue en appliquant ce baromètre sur
une éclogite (sans plagioclase) est une pression minimale.
Afin de minimiser les erreurs, une approche multi-méthodes est souhaitable. La
solution qui se dessine est, sans doute, l’utilisation de la thermobarométrie conven-
tionnelle combinée aux pseudosections, en utilisant une base de données thermo-
dynamiques (paramètres thermodynamiques des différents minéraux, mais aussi des
119
9782100522682-Nicollet.fm Page 120 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
modèles d’activité cohérents) identique. Pour finir, ces résultats doivent être compa-
tibles avec les grilles pétrogénétiques semi-quantitatives. Une étude comparative
régionale sur des roches appartenant à la même séquence chimique, aux paragenèses
voisines, en utilisant les mêmes méthodes thermobarométriques est sans doute plus
significative que les valeurs absolues elles-mêmes.
A la fin d’une étude soigneuse, la dernière question qui se pose est : quelle est la
signification des résultats ? Correspondent-ils aux conditions de cristallisation de la
paragenèse étudiée ou bien s’agit-il de valeurs rééquilibrées à un quelconque moment
du trajet PTt, et, plus particulièrement, pendant l’évolution rétrograde ?
Les thermomètres basés sur ces réactions d’échange sont très sensibles à un
rééquilibrage, par diffusion, de la répartition Fe/Mg au cours de l’évolution rétrograde :
la paragenèse du pic métamorphique est conservée, mais l’échange fer-magnésium
indique des températures inférieures. Puisque la diffusion est une fonction de la tempéra-
ture, ces thermomètres sont applicables aux conditions de températures modérées des
faciès Schistes verts, Amphibolite, Schistes bleus, Éclogite (de BT), mais sont à utiliser
avec précaution dans les conditions du faciès Granulite. Il est, par exemple, difficile
d’obtenir des températures cohérentes pour les paragenèses de ultra hautes tempéra-
tures (T > 900 °C) avec ces géothermomètres. Le thermomètre basé sur le couple
Biot-Grt est particulièrement sensible à cette diffusion au cours du refroidissement.
Un exemple significatif concerne l’interprétation de calculs réalisés sur des couples
Grt-Biot entre grenat et cristaux de mica dans la matrice ou cristaux de mica inclus
dans le grenat. Les biotites en inclusion ont un rapport XMg nettement plus élevé que
les cristaux dans la matrice. Les températures calculées avec ces cristaux au cœur
des grenats sont significativement plus faibles que celles obtenues avec les biotites
de la matrice. L’interprétation élégante qui n’a pas manquée d’être faite, est que les
biotites incluses dans le grenat ont enregistré une étape prograde du trajet PTt de la
roche, tandis que les biotites de la matrice conservent les conditions du pic du méta-
morphisme. Notons que ces cristaux de la matrice sont choisis à une distance respec-
table du grenat (> 1 mm). Une étude un peu plus approfondie montre que les biotites
de la matrice au contact direct du grenat ont les mêmes compositions que les cristaux
en inclusion et indiquent les mêmes basses températures que ces derniers : la diffusion
est fonction de la distance entre les minéraux et le rééquilibrage rétrograde est plus
rapide et plus efficace entre cristaux en contact que cristaux distants. Les basses
températures enregistrées par les grenats et les micas inclus et ceux à la périphérie
du grenat sont des températures acquises au cours de l’évolution rétrograde de la
roche, après le pic thermique et non pas des températures du stade prograde.
120
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d’un mélange de phases liquides, gazeuses et parfois solides (figure 8.9). Différentes
générations sont parfois présentes dans une même roche. Les contenus de ces diffé-
rentes populations d’inclusions sont considérés comme représentatifs de la phase
fluide interstitielle qui était présente dans le système, aux différentes étapes des
recristallisations métamorphiques, et qui aurait été piégée par les cristaux au cours
de leur croissance. Cette hypothèse n’est acceptable que si le piégeage s’est accompli
dans un réservoir (cavité d’un minéral) tout à la fois étanche et inerte, n’ayant donc
pas réagi secondairement avec la phase fluide emprisonnée. Les spécialistes admettent
que les cristaux de quartz possèdent ces qualités et que leurs inclusions permettent
effectivement de déterminer la composition du fluide interstitiel présent lors des
recristallisations.
121
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122
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Exercice
est réhomogénéisée et ne comporte plus qu’une seule phase fluide qui a la densité
(ou le volume spécifique) et la composition de la phase fluide interstitielle présente
au moment du métamorphisme. À partir de Th et du diagramme de phases corres-
pondant, il est possible de calculer la densité de la phase fluide et, par conséquent, la
position dans l’espace P-T de la courbe univariante de l’isochore correspondant. Il
est alors possible de connaître T ou P en connaissant l’un des deux paramètres.
Exercice
Solution
1.1 La succession des paragenèses est indiquée par la minéralogie portée dans
chaque champ traversé, en rajoutant systématiquement la phase vapeur (V). Il s’agit
de Cpx Amph Grt Ilm V - Cpx Amph Grt Rt Ilm V - Cpx Amph Grt Opx Qtz Rt V -
Cpx Grt Opx Qtz Rt Ilm V - Cpx Grt Qtz Rt Ilm V - Cpx Grt Qtz Ilm V - Cpx Grt
Opx Qtz Ilm V - Cpx Pl Grt Opx Qtz Ilm V - Cpx Pl Grt Opx Ilm V.
Le grenat est présent dans toutes les paragenèses, le long de ce trajet. Sa composition
évolue. Les isoplèthes du pôle pur calcique (pôle grossulaire) du grenat porté sur la
figure montrent que la teneur de celui-ci diminue de 10 % durant l’évolution prograde
de la température, mais ne change pas pendant l’exhumation de la roche (décom-
pression isotherme). Le grenat peut être zoné, avec un cœur plus riche en pôle
grossulaire.
123
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9 CINÉTIQUE
DES RÉACTIONS
ET PRÉSERVATION
DES ROCHES
MÉTAMORPHIQUES
Nous avons noté le rôle majeur de la cinétique de réactions sur la réalisation des
processus métamorphiques. Sans entrer dans le détail d’une telle étude qui ferait
l’objet, à elle seule, d’un ouvrage, nous allons essayer d’en expliquer le principe.
124
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125
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les conditions des faciès Schistes verts et Amphibolite, on note la rareté de textures
réactionnelles dans les micaschistes, roches hydratées et perméables, dans lesquelles
les réactions se réalisent complètement et rapidement. Le métamorphisme de contact
permet d’apprécier la vitesse des réactions. Ce métamorphisme se réalise dans un délai
relativement bref, inférieur au million d’années, estimé dans quelques cas à quelques
centaines de milliers d’années. Dans ce délai bref, les réactions métamorphiques
atteignent généralement l’équilibre.
L’infiltration d’eau a un contrôle important sur la vitesse de réaction, en particulier
à basses températures. Rubie (1990) écrivait que le moment où une réaction se réalise
n’est pas le moment où cette réaction est croisée dans l’espace P-T, mais lorsque les
fluides sont disponibles sur le site de la réaction. Il peut se passer des dizaines de
millions d’années entre les deux événements ; la réaction peut être franchie durant
un premier cycle géologique et se réaliser au cours d’un deuxième.
Parmi les différents fluides qui interviennent dans la nature, l’eau est celui qui
contribue le plus à une augmentation significative de la vitesse de réaction. Sa dilution
par du CO2 provoquerait une diminution significative de la solubilité des minéraux
et de la concentration des éléments en solution, ce qui réduit d’autant la capacité du
fluide à transporter ces éléments.
126
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127
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G G
G = – ST + H
nucléii de C nucléii de C
C C
A+B
B
+
A DT
< > T < ∆T >
T
TE TE
128
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Cette barrière d’énergie peut correspondre à la différence d’énergie entre les gros
cristaux des minéraux produits et les nucléii de ces minéraux. Les nucléii ont en
effet une énergie de surface plus grande que les gros cristaux. La ligne en tirets est la
ligne d’énergie des nucléii des phases produites. Elle coupe la ligne d’énergie des
phases réactantes à TE + DT. Ce DT est le dépassement de température nécessaire,
par rapport à la température d’équilibre TE, pour que la réaction se réalise après
franchissement de la barrière d’énergie. La valeur de DT est fonction de l’angle entre
les deux lignes d’énergie : plus cet angle est fort, plus le dépassement est faible ;
plus cet angle est faible, plus le dépassement sera élevé. D’autre part, l’équation des
lignes d’énergie dans l’espace G-T est G = – ST + H et la pente de ces lignes est – S.
En conséquence, l’angle entre les deux lignes est égal à la variation d’entropie de la
réaction : DS. Ainsi, le dépassement en T d’une réaction est inversement proportion-
nelle à la variation d’entropie de la réaction. Les réactions avec un DS faible, comme
les réactions de transition polymorphique, ont des dépassements en température élevés
tandis que les réactions au DS élevé, comme les réactions de déshydratation, ont des
dépassements en température faibles.
Sur le diagramme P-T de la figure 9.3, les courbes d’équilibre des transitions des
trois silicates d’alumine et de la réaction de déshydratation Ms + Qtz = SiAl + Kfs
+ VH2O sont tracées en pointillés. Les lignes pleines indiquent les températures
auxquelles se réaliseraient ces réactions au cours d’une augmentation de température,
en fixant une barrière d’énergie à 1 KJ. On note les valeurs très importantes des DΤ
P GPa ky sil
0,6
0,4
ky and and sil
129
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des transitions des silicates d’alumine, en particulier, la transition And = Sil qui a
une très faible DS. Au contraire, le dépassement de T de la réaction de déshydratation
est très faible (quelques degrés).
Dans ce diagramme, suivons l’évolution d’une roche dont la paragenèse est Ms
+ Qtz + And à 550 °C et qui est portée à 750, puis 900 °C. La pression de 0,4 GPa
reste constante. On considère que le quartz est en quantité supérieure au mica blanc.
À 750° C, la roche a franchi la réaction de déshydratation et le silicate d’alumine
produit au cours de cette réaction est la sillimanite, puisque la réaction est franchie
dans le champ de stabilité de ce minéral. Par contre l’andalousite persiste, car la
barrière d’énergie de la transition polymorphique n’a pas été dépassée. La minéralogie
de la roche est Qtz + Kfs + And + Sil. Les 2 silicates d’alumine coexistent dans la
roche. Par contre, à 900°, l’andalousite se transforme en sillimanite.
Nous avons noté précédemment que nombreux facteurs interviennent pour augmenter
la vitesse de réaction. Nous avons remarqué que la transition andalousite – sillimanite
est localisée dans les plans de foliation au Cap Creus (paragraphe 4.2) : elle est faci-
litée par la déformation. Revenons aux micaschistes dans lesquels coexistent disthène
et sillimanite. Parfois, le disthène est corrodé et inclus dans la muscovite (figure 4,
planche 3), suggérant une transformation du silicate d’alumine en muscovite par la
réaction ionique (ou de lessivage) proposée pour expliquer la rétromorphose de la
sillimanite au Cap Creus (paragraphe 6.4.2) :
3 Ky + 3 Qtz + 2 K+ + 3 H2O = 2 Ms + 2 H+
Cette réaction suppose la présence d’un fluide et un transfert d’ions H + et K+.
Ceux-ci pourraient provenir de la réaction inverse qui produirait de la sillimanite :
2 Ms + 2 H+ = 3 Sil + 3 Qtz + 2 K+ + 3 H2O.
Le bilan total de ces deux réactions est :
3 Ky = 3 Sil
Ainsi, la transition polymorphique, qui a une cinétique de réaction faible, se réalise
par le biais de réactions ioniques. La réaction se réalise à partir de la migration d’ions
H+ et K+ dans une phase aqueuse qui sert de solvant et avec l’aide d’un catalyseur :
la muscovite.
130
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régime de compression, est importante ; l’eau est abondante, libérée par les réactions
de déshydratation et la pression partielle d’eau égale à la pression lithostatique est sans
doute la règle générale. Peut-être qu’elle la dépasse même régulièrement, engendrant
une fracturation hydraulique favorisant l’infiltration du fluide. Il est vraisemblable
que les réactions progrades dans les métapélites (et autres métasédiments hydratés)
se réalisent au cours de séries de réactions ioniques comme celles discutées ci-dessus.
Dans ce cas, le dépassement en température est faible (quelques degrés) et les roches
recristallisent à la même vitesse que l’évolution des paramètres P-T. Les reliques de
cette évolution prograde sont exceptionnelles. De telles reliques existent dans les
roches peu hydratées et peu perméables, comme les métabasites, et qui ont échappé,
sous la forme de boudin, à la déformation et à l’infiltration de fluides.
Au cours du trajet rétrograde en température, la déformation est peu importante et
l’eau n’est plus disponible. Sur la figure 9.3, le dépassement en T se fait vers les
basses températures, à partir de la courbe d’équilibre. Celui-ci implique que les
réactions avec un DT important (c’est-à-dire celles faisant intervenir essentiellement
des phases anhydres) ne pourraient se réaliser qu’à très basses températures. Mais
nous avons indiqué le rôle important de la T sur la cinétique : ainsi, ces réactions ne
se réalisent pas dans le sens rétrograde. Par contre, les réactions faisant intervenir
l’eau ont des dépassements en T très faibles, mais dans ce cas, c’est l’eau qui n’est
généralement plus disponible !
Pendant l’évolution rétrograde, les vitesses de réaction sont faibles et seules des
zones limitées recristallisent et enregistrent cette évolution rétrograde. Nous avons
décrit précédemment l’exemple du Cap Creus (paragraphes 4.2 et 6.4.2) où la recris-
tallisation rétrograde est contrôlée par la déformation localisée aux zones de cisail-
lement et par l’infiltration de fluides localisée au voisinage des pegmatites.
131
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10 MIGMATISATION
ET ANATEXIE
Les zones de plus haut degré d’une série métamorphique sont souvent constituées de
gneiss présentant un litage formé de l’alternance de niveaux clairs et sombres. Ces
roches sont des migmatites ou gneiss migmatitiques. Elles sont aussi associées à des
granites d’anatexie.
132
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sont produits par fusion partielle des métapélites et métabasites. Notons que, du fait
de la pente très accentuée du gradient, les séries de HP-BT ne sont généralement pas
affectées par la fusion partielle (figure 3.3), sauf dans quelques cas particuliers.
Cependant, si le lien entre migmatites et fusion partielle est bien établi et commu-
nément accepté, d’autres origines sont envisagées.
133
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être injecté de filons granitiques. Les leucosomes ont parfois une texture grenue, peu
orientée rappelant celle des roches magmatiques, tandis que le mésosome montre au
contraire une texture très orientée caractéristique des roches métamorphiques. Le
mésosome est parfois appelé « paléosome » tandis que leucosome et mélanosome
sont appelés « néosome » (figures 10.1 et 10.2). Ces définitions sous-entendent que
le paléosome représente la roche métamorphique initiale tandis que le néosome
représente la partie nouvellement formée dans la roche par fusion partielle. D’une
manière plus réaliste, le paléosome/mésosome est partiellement fondu, mais les
liquides et résidu ne sont pas séparés. Dans le néosome, il y a ségrégation plus ou
moins complète du liquide et du résidu entre le leucosome et le mélanosome. Le
leucosome, que l’on appelle aussi le mobilisat, ne représente pas strictement la
composition du liquide ségrégé, mais plutôt un mélange, en proportions variées, de
magma et des phases en excès non consommées par la fusion. Il s’y ajoute parfois de
nouvelles phases solides lorsque la fusion est incongruente. Le résidu de la fusion
est appelé le restite, qu’il ne faut pas confondre avec le résister, qui est une roche ou
portion de roche réfractaire qui n’a pas fondu.
P-T
mélanosome = néosome
croissants leucosome
anatexie
mésosome = paléosome
134
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135
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faciès granulite dans les séries métamorphiques telles que, par exemple, les séries de
gradient de moyennes pressions. Les séries de faciès granulite contiennent parfois
des granites à orthopyroxène nommés « charnockites ».
(M) (H)
A T
+
V
H V G
+
M
A
Am
An
H H A
+
+ M M
V
PH2O (A) (V)
V M H A
H2O c1
Cette figure visualise les types de réactions qui limitent le domaine du métamor-
phisme de celui de l’anatexie. Les phases A, H et M sont respectivement les phases
anhydres, hydratées et magmas ; notons que ces phases ne sont pas nécessairement iden-
tiques dans les différentes réactions. Nous reconnaissons une réaction métamorphique
136
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T
T
V
M
A
An
V
G
+
H
+
A+
V
M M+
H A
G
M
V
Am H+
A
An Am
+V
H
PF P = cte
a
b
(V)
XCO2
137
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138
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plus loin (paragraphe 14.3.2) sur les conséquences de cette discussion sur la différen-
ciation de la croûte continentale.
T
O
px
V
G
tz +
+
+Q
Bt Kf
+ s
Kfs
Q + M
tz V
x+
Op
Am
Bt
+
An
Kfs M Opx
+ Bt
+ +
Qtz Qtz Kfs
+
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
+ M
V
139
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les deux autres gradients, à plus basses pressions, correspondent à des gradients de
basses pressions-hautes températures et, pour celui de plus BP, du métamorphisme
de contact.
Un ensemble de roches de composition appropriée est métamorphisé dans les
conditions d’un gradient de MP ; à hautes températures, ces roches atteignent les
conditions du faciès Amphibolite, puis celles de l’anatexie : elles fondent partiellement
(réaction biotite + quartz + feldspath potassique + vapeur = magma) et donnent des
migmatites ou gneiss migmatitiques ou anatectiques. En général, les conditions de la
réaction biotite + quartz = magma + orthopyroxène + feldspath potassique ne sont pas
atteintes.
À l’opposé, dans les conditions de très basses pressions (ligne pointillée la plus haute
sur la figure), les roches franchissent la réaction biotite + quartz = orthopyroxène
+ feldspath potassique + vapeur et deviennent des gneiss charnockitiques du faciès
granulite. Ces roches, déshydratées, ne peuvent pas fondre, car l’eau n’est pas dispo-
nible pour la réaction orthopyroxène + feldspath potassique + quartz + vapeur = magma.
Considérons le cas intermédiaire. La réaction biotite + quartz + feldspath potassique
+ vapeur = magma est franchie. La fusion commence, mais la vapeur disponible
dans la roche est rapidement épuisée ; si la température augmente encore, la réaction
biotite + quartz + feldspath potassique = magma + orthopyroxène (qui ne nécessite
pas d’eau) est alors franchie (à plus basses T qu’à MP) et la fusion produit un magma
charnockitique.
Deux origines sont possibles pour les charnockites : métamorphisme dans les condi-
tions du faciès Granulite et anatexie à hautes T. Le champ des gneiss charnockitiques
métamorphiques est élargi si l’eau est diluée par un autre fluide : les réactions glissent
le long de la réaction biotite + quartz = magma + orthopyroxène + feldspath potassique
(qui est une réaction « vapeur absente ») comme sur la figure 10.5.
Exercices
140
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Solution
Solution
1.1 La coupe T-composition à P1 représentée par le diagramme binaire à P1 de la
figure 10.7 franchit la réaction métamorphique (L), puis la réaction de fusion eutectique
(Ms) du diagramme 10.8. La coupe T-composition à P2 (diagramme binaire à P2)
franchit la réaction de fusion eutectique (Sil), puis la réaction de fusion incongruente
(Kfs).
P1 T
(+ qtz + V)
P2 T
L (+ qtz + V)
sil + L kfs + L L
sil + L
kfs + L
sill + kfs ms + L
Comme discuté dans ce chapitre, ces diagrammes de phases montrent que la transition
processus métamorphiques-magmatiques s’étale sur une large gamme de température.
Roches métamorphiques et « magmatiques » (c’est-à-dire migmatitiques) peuvent
coexister : ainsi la paragenèse « réfractaire » qtz + ms + sil + kfs coexiste avec les
migmatites dans les deux triangles entre les réactions (Sil) et (V). Ces diagrammes
témoignent également du rôle important de l’eau. La fusion hydratée, consommant
beaucoup d’eau, reste limitée, car la vapeur disponible dans la roche est rapidement
épuisée. Ce n’est que lorsque les conditions de la réaction de fusion fluide absent
(V) sont atteintes que la fusion peut être importante : elle est alors susceptible de
générer des magmas granitiques en abondance.
141
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T
(L)
Kf z +V
s + Qt (Ms)
M +S Kfs
P1 s + il + +
Qt V Sil
z L
L'
Kfs
Sil
L"
V
Qtz +
P2 Ms + Q
L+s
Kfs +
V
il
L+ +Q
+qtz
L
tz + V
Kf
Ms
Ms +
s+
ms kfs
sil
Sil
tz
(Sil) (V)
P (Kfs)
142
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Partie II
Métamorphisme
et géodynamique
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LE MÉTAMORPHISME
DE CONTACT
11
11.1 L’auréole de contact de l’intrusion de Ballachulish
PLAN
145
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2' 5
B
2'
'
L
L a b
146
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Le massif de Ballachulish, sur la côte ouest de l’Ecosse, est une intrusion complexe
de roches granitoïdes variées mise en place il y a 425 Ma, à une profondeur corres-
pondant à une pression de 3 kb : diorite, monzodiorite, granodiorite et granite. Dans
un encaissant essentiellement pélitique, cinq isogrades sont tracés dans l’auréole. Ils
correspondent à des réactions métamorphiques qui sont représentées sur la grille
pétrogénétique de la figure 11.1 b. La carte de la figure 11.1 a fait apparaître que
le métamorphisme atteint les conditions de l’anatexie, à proximité immédiate de
l’intrusion (réaction 5). En modifiant la rhéologie des roches encaissantes, l’anatexie
favorise l’ascension du magma. La température maximale est estimée à 750-800 °C
dans des panneaux en enclaves dans l’intrusion.
On remarque le tracé discontinu des isogrades qui s’interrompent de part et d’autre
du massif où les quartzites sont largement représentées. Nous avons insisté (paragra-
phe 5.1) sur le fait que cette lithologie appartenant à la séquence quartzo-felsdpathique,
n’est pas un bon marqueur de l’évolution minéralogique au cours du métamorphisme.
Deux réactions (2 et 2’) qui se réalisent dans des conditions de température simi-
laire, sont impliquées l’une ou l’autre en différents lieux de l’auréole. Sur la grille
pétrogénétique de la figure 11.1b, la réaction 2 se place à des pressions supérieures à
celles de la réaction 2’. Il est possible d’envisager de faibles différences de pression
dans une auréole de contact. Cela peut être le cas, si la région a été basculée après la
mise en place de l’intrusion et du métamorphisme de contact. Un tel exemple est
décrit autour du batholithe de Nelson en Colombie Britannique. Dans le cas présent,
l’alternance des deux isogrades à l’est du massif de Ballachulish exclut cette hypo-
thèse. Cette différence minéralogique peut être liée à l’influence de la composition
2
1
4
A' K
and ms kfs
chl crd
bt
F
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
+ Qtz
V
Cr Qtz
s+
Kf
2'
+
Bt
d+
3
+
c hy
Hy
147
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chimique sur les réactions métamorphiques : la réaction 2 est surtout présente dans
les ardoises graphiteuses de Ballachulish. Le champ divariant Fe-Mg de la réaction 2
dessiné sur la grille de la figure 11.1b montre que les roches les plus ferrifères fran-
chissent cette réaction tandis que les roches les plus magnésiennes franchissent la
réaction 2’. Cette deuxième solution n’est pas retenue par les auteurs qui suggèrent
que ce serait la présence de graphite dans les ardoises de Ballachulish qui abaisserait
l’activité de l’eau et stabiliserait la réaction 2 par rapport à la réaction 2’. L’interaction
du graphite avec la phase vapeur d’eau fait intervenir des phases fluides carbonées
telles que CO2, CO, CH4 qui sont diluées dans la phase vapeur. Cette variation des
pressions partielles des différents fluides modifie la stabilité des assemblages minéra-
logiques (cf. figure 6.6), dont les assemblages des réactions 2 et 2’.
Les principales paragenèses sont représentées dans les diagrammes A’KF de la
figure 11.1c. Ces représentations ne font pas apparaître les réactions divariantes Fe-Mg,
puisque le constituant F est FeO + MgO. Afin de mettre l’accent sur cette limitation,
nous avons représenté les réactions divariantes par des segments épais gris pour
montrer que celles-ci représentent, sur le terrain, des zones métamorphiques plutôt
que des limites brutales. Dans les bas degrés de l’auréole métamorphique, la chlorite
disparaît rapidement au cours de la réaction continue 1. Apparaissent ensuite les
« schistes tachetés » à nodules de cordiérite, faciès caractéristiques du métamorphisme
de contact. Leur paragenèse est muscovite-biotite-cordiérite-quartz, remplacée par
l’assemblage feldspath potassique-biotite-cordiérite-quartz après le franchissement
de la réaction isograde 2’.
Dans les ardoises graphiteuses de Ballachulish, les schistes tachetés à cordiérite
sont relayés par des micaschistes à andalousite-biotite-cordiérite-quartz-muscovite
dans le domaine divariant de la réaction 2. À proximité de l’intrusion, à hautes tempé-
ratures, la sillimanite remplace parfois l’andalousite ; des structures migmatitiques
témoignent d’anatexie locale qui laisse des restites alumineux sous saturés en silice,
à corindon-spinelle-feldspath potassique-cordiérite-andalousite/sillimanite.
Des roches à hyperstène, spinelle, cordiérite, en enclaves dans l’intrusion, repré-
sentent le stade ultime du métamorphisme de contact des lithologies pélitiques.
148
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0 ka
800
10
15
600
25
Température (˚C)
15 ka
50
60
100
100
200 ka
200
1 2 Distance (km) 3
0
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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est supposé se faire uniquement par conduction, alors que l’infiltration de fluides
(aqueux) peut permettre un transfert rapide de la chaleur par circulation convective.
L’enthalpie de cristallisation du magma est prise en compte, tandis que celles des
réactions métamorphiques sont négligées. Dans le cas présent, le modèle est à une
seule dimension dans l’espace : l’intrusion a une forme géométrique simple ; sur la
figure 11.2, elle consiste en une lame rectangulaire d’épaisseur donnée et de dimension
infinie dans les autres directions. Le flux de chaleur est dirigé perpendiculairement à
la lame et il n’y a pas de transfert de chaleur parallèlement à la lame. Malgré ces
simplifications importantes, la modélisation permet de se faire une idée de l’évolution
thermique du métamorphisme de contact.
La figure 11.2 montre l’évolution des courbes géothermes au cours du temps à
l’intérieur de l’intrusion magmatique et son encaissant. Cette figure amène quelques
remarques intéressantes. On note le refroidissement rapide en périphérie de la roche
magmatique qui est matérialisé par les « bordures figées » à grain fin qui s’observe
souvent en périphérie des filons et massifs magmatiques. Dans l’encaissant, l’augmen-
tation de température est, tout d’abord, localisée au contact, puis se déplace vers
l’extérieur, conformément à l’équation x = Kt . En conséquence, la température au
contact diminue lorsque le cœur de l’intrusion se refroidit, tandis que les températures
augmentent dans l’encaissant situé au loin du contact. Ainsi, les pics thermiques ne
sont pas atteints au même moment à l’intérieur de l’auréole. On peut tracer une courbe
Tmax en fonction de la distance qui enveloppe les courbes géothermes (courbe grise
sur la figure 11.2). Nous savons que, lorsque les roches recristallisent, c’est cette Tmax
qu’elles enregistrent grâce à leur paragenèse : l’enveloppe des courbes géothermes
indique les conditions thermiques dans l’auréole de contact. En s’éloignant de
l’intrusion, le long de cette courbe « enveloppe », la température diminue tandis que
le temps auquel cette température est atteinte augmente. Cette courbe ne représente
donc pas une situation thermique (géotherme) à un moment quelconque de l’évolution
thermique dans l’auréole de contact. Il s’agit d’un gradient métamorphique tel qu’il
a été défini dans le cas du métamorphisme régional sur la figure 2.1.
Les deux champs gris entre les deux premiers géothermes matérialisent la quantité
de chaleur échangée par refroidissement/réchauffement respectif dans l’intrusion/
encaissant. On remarque que le champ dans les roches encaissantes est plus grand
que celui dans l’intrusion. La différence reflète la chaleur libérée par la cristallisation
du magma. En effet, ces surfaces grises sont fonction de l’échange de chaleur produite
par variation de la température. L’aire dans l’intrusion ne fait pas apparaître la
chaleur latente de cristallisation du magma. Par contre cette chaleur, libérée dans
l’encaissant, est transformée en augmentation de la température de celui-ci et explique
la différence entre les 2 surfaces. Rappelons que nous négligeons la chaleur
consommée par l’enthalpie de recristallisation des réactions métamorphiques.
Aussi séduisant soit ce modèle, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit d’une
approximation. Les températures maximales atteintes dans ce modèle restent relati-
vement faibles et n’atteignent pas les conditions des faciès Cornéennes à pyroxènes
et celles de l’anatexie observées sur le terrain et décrites au paragraphe précédent.
Pendant la progression vers la surface, la mise en place dynamique, au cours de
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12 LES MÉTAMORPHISMES
DE HAUTE PRESSION ET
ULTRA-HAUTE PRESSION-
BASSE TEMPÉRATURE :
L’EXEMPLE ALPIN
152
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élevée, plus le gradient de température est faible, traduisant ainsi l’inertie thermique
de la plaque subduite. Aussi, en passant de la subduction océanique, puis continentale
et à la collision qui provoque une diminution significative de la vitesse de la conver-
gence, le gradient thermique augmente et le gradient métamorphique de HP-BT
disparaît progressivement.
Le métamorphisme de HP se rencontre sur tout le pourtour pacifique (Japon,
Nouvelle-Calédonie, côtes ouest-américaines, etc.) et, en particulier, en Californie
où les unités franciscaines ont servi à définir le « gradient franciscain », une autre
façon de qualifier ce gradient métamorphique. Il est présent aux Caraïbes, en mer
Égée. Il est bien représenté dans les chaînes de collision récentes (Alpes, Himalaya)
où il est interprété comme le témoin d’anciennes zones de subduction et du début de
la collision. Les formations affectées sont principalement des roches de la lithosphère
océanique et de la marge continentale.
Le gradient de HP est abondant dans les formations récentes : les roches du faciès
Schistes bleus de Papouasie ont 2 Ma ; les éclogites de cette même région sont datées
à 4,3 Ma. Commun également dans les orogenèses récentes, il est rare dans les chaînes
paléozoïques et est absent avant le Néoprotérozoïque. Des schistes bleus sont datés
à 940 Ma en Chine.
Pour illustrer ce gradient métamorphique, nous prendrons l’exemple des Alpes
dans lesquelles ce type de métamorphisme, particulièrement bien exprimé, a été très
bien étudié. Nous nous limiterons aux Alpes occidentales et centrales. Nous élargirons
notre étude à d’autres régions dans le monde lorsque nous traiterons du métamorphisme
d’ultra haute pression (UHP).
153
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alpin sont hautement métamorphisées dans les conditions des faciès Schistes bleus
et Éclogite d’un gradient de HP-BT dans le domaine piémontais et dans les conditions
d’ultra-haute pression (UHP) dans les massifs cristallins internes. L’exhumation, qui
a ramené ces roches à la surface, n’a pas perturbé la disposition du prisme d’accrétion :
les unités les plus profondes et les plus chaudes sont les plus orientales.
Entre le bassin liguro-provençal et la mer Thyrénienne, la Corse a une histoire
alpine assez brève. L’île montre une coupe extrêmement réduite à travers les domaines
externes et internes de la « Corse alpine ». On passe, en l’espace de quelques kilo-
mètres, de la « Corse hercynienne », non (ou peu) métamorphisée à l’alpin, aux nappes
ophiolitiques éclogitiques de la Castagniccia et du cap Corse (voir planche 4). Ceci
s’explique, en partie, par l’absence d’un domaine briançonnais et par une transition
brutale entre la lithosphère océanique et la lithosphère continentale sur la marge
passive de l’océan alpin. D’autre part, la subduction de la croûte océanique n’est pas
suivie en Corse de la collision continentale : la convergence s’est déplacée à l’est,
dans les Apennins, avec l’ouverture d’un bassin d’arrière arc, le bassin Tyrrhénien.
En conséquence, les zones internes n’ont pas été portées en altitude et ne constituent
pas des reliefs importants. Les méta-ophiolites se trouvent à basses altitudes, parfois
au niveau de la mer : elles ont plus de chance d’être préservées, en échappant à
l’érosion, que leurs équivalents sur le continent qui se trouvent à plus de 2000 m
d’altitude. Une situation qui présente quelques similitudes avec l’île de Groix, en
Bretagne, l’unique affleurement de taille conséquente de métamorphisme de HP-BT
dans la chaîne hercynienne en France.
• La cartographie du métamorphisme
Pour des raisons évidentes de clarté, les auteurs de la carte métamorphique des
Alpes ont choisi de ne prendre en considération que l’histoire méso-cénozoïque de
la chaîne, c’est-à-dire, l’orogenèse alpine stricto sensu. L’histoire polymétamorphique
(précambrienne, calédonienne, hercynienne), extrêmement riche, n’est pas représentée.
La carte (planche 4) indique le type de métamorphisme et le degré, caractéristiques
qui rendent compte des processus géodynamiques. Les conditions sont celles du pic
en pression, quand celui-ci coïncide avec le pic en température ou bien celles du pic en
température, lorsque celui-ci est atteint au cours de la décompression associée à une
augmentation significative de température. Quinze subdivisions sont faites dans les
différents faciès métamorphiques, représentés sur un diagramme PT ; elles sont basées
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
sur les principales associations minéralogiques des roches des séquences basique et
pélitique. Les couleurs sont choisies pour permettre de visualiser rapidement les
trois contextes géodynamiques principaux : jaune-bleu-violet pour la subduction ;
jaune-vert-rouge pour la collision ; orangé pour les hautes températures liées à
l’exhumation.
Dans les Alpes occidentales, la succession des couleurs jaune-vert-bleu-violet,
indique un métamorphisme croissant depuis les domaines externes, à l’ouest, vers
les domaines internes, à l’est. Il est caractérisé par un gradient de HP-BT, depuis les
faibles degrés du faciès Schistes verts jusqu’aux conditions d’ultra-hautes pressions
(UHP). On peut observer, parfois, une diminution du degré métamorphique. C’est le
155
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cas dans l’unité Schistes bleus de Pinerolo, à l’est de l’unité d’UHP de Dora Maira
(planche 5 et coupe de la planche 6). Ce métamorphisme indique une subduction
vers l’est. La limite entre les principales unités métamorphiques correspond à des
contacts tectoniques. Il en résulte, parfois, des sautes dans le degré du métamorphisme
et la mise en contact d’unités métamorphiques d’âges différents. Le trajet rétro-
grade, associé à l’exhumation des roches, se fait toujours à des températures égales
ou inférieures à la température du pic en pression. Ainsi, les conditions optimales en
pression et température du métamorphisme coïncident et sont préservées.
Le métamorphisme est daté à 65 Ma dans l’unité austro-alpine de Sésia-Lanzo,
entre 40 à 50 Ma dans le domaine piémontais, datant la subduction océanique et 45
à 35 Ma dans les massifs cristallins internes, contemporain de la subduction conti-
nentale, au début de la collision. Ces événements sont diachrones : lorsque certaines
unités sont encore en train d’être enfouies, d’autres sont déjà en cours d’exhumation.
Dans les Alpes centrales, des étoiles, en surcharche sur les couleurs rouge-orangé
dans le domaine interne (planche 4), sont des reliques éclogitiques dans un environ-
nement de moyennes pressions-hautes températures. Ceci indique un contexte de
subduction, auquel a succédé une collision conduisant à un réchauffement au cours
de la décompression. Nous reviendrons sur ce métamorphisme de moyennes pressions
au paragraphe 12.7.
• Les métasédiments
Dans les conditions d’un gradient de HP, les métapélites se distinguent nettement
des « micaschistes à deux micas », muscovite et biotite, des gradients de MP et BP.
En effet, à hautes pressions, la biotite est rare et le mica blanc est la phengite. L’aspect
satiné des micaschistes de hautes pressions, sans mica noir, leur ont valu le nom de
« Schistes lustrés » dans les Alpes. La phengite ne se distingue pas de la muscovite
à l’observation microscopique. La différence est chimique : le rapport Si/Al est
supérieur dans la phengite. Quartz et chlorite accompagnent le mica blanc. Dans les
métapélites sodiques, glaucophane et jadéite sont présents. Ces dernières décennies,
la découverte de minéraux diagnostiques des faibles degrés métamorphiques des
conditions de HP dans les métapélites a permis de faire une zonéographie précise
dans les zones externes. C’est, par exemple, la carpholite, un inosilicate alumino-
ferromagnésien hydraté, dans les lithologies faiblement sodiques. Ce minéral est
abondant dans les séries paléozoïques et mésozoïques du domaine briançonnais peu
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kln +
PP 2,76 2,83
prl
SV 2,99 AMPHIBOLITE
qtz
2,94
gln 2,84
cld
1 EA 3,01 jd10 20
cp + 2,84
+ qtz qtz
cp 2 3,0
lws+ab
1
3,04
do 3,09 SB jd20
m 40
ai
ne
no
n
pg
ré ab jd50
al
+ z lws
cld + qtz
isé 3,08 jd +
ky
cp
qtz
o + + jd
da
+z ws
3,27 60
qt
ns
o+
z
la
l
qtz
2 na
tu
re gln
,s ÉCLOGITE
ur
P (GPa)
Te
rre 3,08 80
3,56
quartz
gra
phi coésite
dia te
ma
nt UHP
3 1 Tr + Chl + Ab = Gln + Lws 100
2 Tr + Chl + Ab = Gln + Zo + Qtz + V P = 5 GPa 3,1-3,63
km
2003). On note que la croûte océanique devient aussi dense que le manteau lithosphérique
(3,3) à moins de 2 GPa : au-delà de cette profondeur, celle-ci sera difficilement exhumée. La
croûte continentale supérieure est encore moins dense que le manteau bien au-delà de 5 GPa.
C’est seulement à partir de 10 GPa que la croûte continentale supérieure (qui constitue la
majorité des unités d’UHP) devient plus dense que le manteau environnant et ne peut plus être
exhumée.
Ce diagramme est semi-quantitatif, puisque la majorité des réactions, à l’exception des réac-
tions polymorphiques (quartz/coésite, graphite/diamant) sont multivariantes, en fonction,
principalement, du rapport fer/magnésium et de la pression partielle de l’eau. Les lignes en tirets
Jd10, Jd20, Jd50 indiquent les conditions de stabilité des clinopyroxènes sodiques (omphacite)
des éclogites contenant 10, 20, 50 % du pôle pur jadéite.
Les lignes grises délimitent les champs de stabilité des faciès métamorphiques des Éclogites,
des Amphibolites, des Amphibolites à épidote (EA), des Schistes bleus (SB), des Schistes verts
(SV) et Prehnite-Pumpellyite (PP).
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métamorphique. Il est aussi présent dans les métapélites du faciès des Schistes bleus
dans les domaines océaniques Valaisan et Ligure. Lorsque la température augmente,
la carpholite est remplacée par le chloritoïde vers 400 °C (figure 12.1, figure 5 et 6
de la planche 7).
La lawsonite, un sorosilicate alumino-calcique hydraté, est également abondante
dans les métapélites et calcschistes de l’unité des Schistes lustrés. Elle est souvent
associée à la carpholite, mais son champ de stabilité est un peu plus large vers les
hautes températures (figure 12.1). La cookéite, une chlorite lithinifère, est un autre
minéral index dans les conditions de bas degré (entre 300 et 450 °C), dans les
domaines dauphinois et briançonnais.
Dans les conditions du faciès Éclogite, la paragenèse typique des « micaschistes
éclogitiques », décrite pour la première fois dans la zone de Sésia-Lanzo, est à
quartz, phengite, jadéite, chloritoïde, grenat, glaucophane.
La matière organique carbonée des métasédiments est très utile pour caractériser
l’évolution métamorphique. Elle est abondante dans les Alpes de l’Ouest dans les
charbons du domaine briançonnais ; elle est omniprésente dans la série de Schistes
lustrés. Les structures désorientées de la matière organique à basse température
évoluent vers la structure très organisée du graphite. Cette évolution de la structure
est dépendante de l’évolution de la température et semble indépendante de la pres-
sion. Analysée par micro-spectroscopie Raman, la structure du graphite est un bon
géothermomètre, avec une marge d’erreur inférieure à 50 °C (Beyssac et al., 2002).
Ces auteurs montrent qu’il existe une relation linéaire entre la température et le
rapport de différents pics des bandes spectrales qui caractérisent le graphite. Par
ailleurs, la structure du graphite ne serait pas affectée par la rétromorphose et le
minéral enregistrerait et préserverait la température du pic du métamorphisme. Des
mesures systématiques effectuées à travers les Alpes occidentales montrent une
augmentation progressive de la température à travers les unités métamorphisées
dans les conditions des faciès Schistes verts, Schistes bleus et Éclogite, depuis
300 °C jusqu’à 550 °C. Le diamant, polymorphe de ultra-haute pression du carbone,
n’a pas été trouvé sur cette transversale.
• Les méta-ophiolites
Les séries ophiolitiques formées dans le bassin Liguro-Piémontais jurassique compren-
nent des basaltes, des gabbros, des péridotites, des serpentinites et rares roches
acides métamorphisés (voir chap. 15). On distingue les méta-ophiolites des quelques
roches basiques provenant de la croûte continentale métamorphisée, comme les
amphibolites et granulites hercyniennes de la zone de Sésia-Lanzo.
Ces roches magmatiques du bassin océanique alpin montrent un large spectre de
composition chimique lié à la différenciation tholéiitique, s’échelonnant depuis des
gabbros (à olivine) riche en Mg et Cr à des gabbros (et basaltes) riches en fer et
titane. Ces différentes lithologies ont été affectées par le métamorphisme océanique
et l’hydrothermalisme qui influencent la minéralogie des métabasites alpines. L’hydro-
thermalisme est responsable du développement d’altérations rodingitiques. Une fois
métamorphisées à l’alpin, ces métarodingites sont à diopside, vésuvianite (encore
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La déformation que présentent les métagabbros est souvent acquise lors de la mise
en place du protolithe dans l’océan ligure : les métagabbros déformés sont recoupés
par des filons de métabasaltes ou métatrondhjémites qui ne sont pas déformés. Une
couronne de glaucophane se développe autour du clinopyroxène et au contact de
l’ancien plagioclase en remplacement de la hornblende et/ou actinote du métamor-
phisme océanique (figure 3, planche 8). L’hydratation de ces roches est acquise durant
le métamorphisme océanique (voir chapitre 15) et c’est elle qui contrôle l’évolution
métamorphique de HP. Le plagioclase est transformé, selon son degré d’altération
hydrothermale en lawsonite ou jadéite et zoïsite. Parfois le feldspath est préservé. Le
massif ultrabasique de Lanzo est un vaste affleurement de manteau de plus de 20 km
sur 10 km dans les Alpes occidentales, métamorphisé dans les conditions de HP-BT
avec des pressions de 2,0 GPa à 550 °C. La partie centrale du massif est peu déformée
et constituée de lherzolite à spinelle-plagioclase (figure 1, planche 8). Le feldspath
est transformé en petites aiguilles de zoïsite, jadéite et quartz ; mais, il est également
souvent préservé.
Les métaserpentinites sont abondantes dans le domaine piémontais. Bien que la
serpentinisation puisse avoir lieu parfois au cours de l’événement alpin, les serpenti-
nites sont principalement héritées du stade océanique, comme en témoigne l’existence
de (méta)ophicalcites (ou ophicarbonates), ces brèches à éléments de serpentinite dans
une matrice carbonatée, témoins d’interaction entre l’hydrosphère et le manteau
constituant le plancher océanique. Les recristallisations métamorphiques des serpen-
tinites sont discrètes. Les conditions de HP-BT ne permettent d’atteindre que rarement
les conditions de la « déserpentinisation » qui se réalisent pour des températures de
l’ordre de 600-650 °C. La modification principale est représentée par la transformation
des serpentines de basses pressions (lizardite, chrystobalite) en antigorite.
Des filons ou petites intrusions de plagiogranites et albitites dans les ophiolites
montrent la minéralogie suivante : jadéite, quartz, phengite, grenat, épidote, rutile.
• Les méta-granitoïdes
Les métagranites éclogitisés de la zone de Sésia, au sein des micaschistes éclogitiques,
et de Dora Maira sont les premiers témoins reconnus de la subduction de la croûte
continentale (Dal Piaz et al., 1972). Ces granites tardi-hercyniens sont intrusifs dans
des séries métamorphisées dans les conditions du faciès Amphibolite au cours de
l’orogène hercynienne et ils sont repris à l’alpin, dans les conditions du faciès Éclogite.
La paragenèse magmatique du granite est remplacée par une association métamorphique
composée de : jadéite, phengite, grenat, zoïsite, rutile, quartz, feldspath potassique.
Au Monte Mucrone, dans la zone de Sésia, la texture magmatique du granite est
préservée ; la biotite magmatique est entourée de grenat coronitique ; le plagioclase
est pseudomorphosé en jadéite, zoïsite et quartz. Les conditions de pression et
température sont estimées à 1,7 GPa à 550 °C. Dans l’unité de Brossasco-Isasca, le
quartz du métagranite est constitué par un agrégat granoblastique polygonal qui
remplace la coésite, polymorphe de très haute pression de la silice.
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Température (˚C)
200 400 600 800
PP
SV
2
Gln AMPHIBOLITE
20
SB
z Q + ozC + g P
EA
b A + sw L
Jd10
2
1
Queyras
Profondeur (km)
40
Pression (GPa)
Jd50 60
1a Ab
Jd
2 +Q
tz
Gln
qua
Lago
r tz ÉCLOGITE
Superiore
coe
site 1a 80
unité du Queyras
6˚C/km
unité du Monviso 4˚C/km
3 100
UHP
unité Dora-Maira UHP 1
162
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Le massif cristallin interne de Dora Maira est une portion de la marge conti-
nentale européenne. Cette formation est globalement métamorphisée à l’alpin dans
des conditions de faible degré du faciès Schistes verts, mais elle contient des assem-
blages reliques de très haute pression. Il s’agit de métapélites appelées « schistes
blancs », caractérisées par l’association talc + disthène qui indique des pressions
supérieures à 1 GPa. La paragenèse de ces roches est à quartz + talc + disthène
+ phengite + rutile + grenat proche du pôle pur magnésien, le pyrope. Les cristaux de
grenat, pouvant atteindre 20 cm de diamètre, contiennent en inclusions des reliques
de coésite, partiellement transformées en quartz (Chopin, 1984 ; figure 2.2). La coésite
est un polymorphe de très haute pression de la silice : le minéral est stable à des pressions
supérieures à 2,7 GPa, c’est-à-dire à plus de 90 km de profondeur (figures 12.1 et
12.2). Il peut être considéré comme le minéral isograde d’un faciès métamorphique
d’ultra-haute pression. Comme nous l’avons discuté au chapitre 2, la transformation de
la coésite en quartz nécessite une augmentation de volume qui explique les fractures
radiales dans le cristal hôte de grenat autour de l’inclusion. Le grenat hôte a résisté
mécaniquement à l’augmentation de volume et la transformation n’a été que partielle.
Dans la matrice de la roche, la coésite, non blindée dans un minéral résistant, s’est
complètement transformée en quartz. De nouveaux minéraux indicateurs des ultra-
hautes pressions ont été, par la suite, découverts : il s’agit de l’ellenbergerite, le
magnésiochloritoïde, la magnésiodumortiérite. L’ellenbergerite est, comme la coésite,
en inclusion dans le grenat ; elle est stable à des pressions supérieures à 2,7 GPa et à
des températures inférieures à 725 °C. Ce silicate alumino-magnésien et titanifère
contient jusqu’à 8 % d’eau. Ces minéraux, qui sont souvent en minuscules inclusions
dans les cristaux de paragenèses de bas degré métamorphique, fournissent des infor-
mations majeures sur l’histoire de la roche et sur l’histoire de la région qui contient
cette roche !
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même massif, la présence de précipités de coésite dans la titanite (ou sphène) d’un
marbre suggère l’existence précoce d’une titanite super-siliceuse, stable à plus de 6 GPa.
On remarquera que, dans cet exemple, la coésite représente une phase de « basse
pression », formé au cours de l’exhumation de la roche !
Les unités d’UHP contiennent parfois des péridotites à grenat, témoins du manteau.
La présence d’une ou l’autre des trois phases alumineuses dans les péridotites : plagio-
clase, spinelle ou grenat, est un indicateur barométrique. Le plagioclase indique un
manteau équilibré à moins de 1 GPa, le grenat, un manteau équilibré à plus de 1,5 GPa.
Le spinelle indique des pressions intermédiaires. On peut voir ces différents domaines
de stabilité des péridotites du manteau sur la figure 16.1. La découverte d’exsolutions
d’orthopyroxène dans les grenats d’une péridotite de Norvège montre que ce minéral
s’est formé à partir d’un grenat super-siliceux, c’est-à-dire qui incorporait du compo-
sant majorite (MgSiO3) dans sa formule, ce grenat stable à très hautes pressions. La
« reconstruction » de la composition du minéral précurseur, en ré-incorporant la
composition des exsolutions dans le grenat hôte, permet de calculer la proportion du
pôle majorite et ainsi d’estimer les conditions P-T de formation du minéral. Ces
conditions sont supérieures à 6-8 GPa, c’est-à-dire 200-250 km de profondeur. En
Chine, ce sont des lamelles de grenat et rutile dans le clinopyroxène qui représente-
raient les produits de déstabilisation d’un grenat majoritique. Le massif du Erzgebirge
montre des roches équivalentes. Ces péridotites à grenat majoritique, d’origine mantel-
lique, n’ont pas nécessairement une histoire identique à celle des roches d’UHP,
d’origine crustale, auxquelles elles sont maintenant associées. Les conditions extrêmes
enregistrées par ces roches mantelliques pourraient avoir été acquises lors de mouve-
ments convectifs dans le manteau, avant d’être incorporées dans des unités d’UHP
avec lesquelles elles sont exhumées.
Les âges des formations d’UHP (figure 12.3) se répartissent depuis le néoprotéro-
zoïque jusqu’à 4 Ma en Papouasie-Nouvelle Guinée (Baldwin et al., 2004). Les
formations les plus anciennes connues à l’heure actuelle ont 620 et 630 Ma et provien-
nent de la chaîne panafricaine au Mali et au Brésil. Ces formations sont rencontrées
dans la majorité des chaînes dans cet intervalle de temps : dans la chaîne calédonienne,
au nord de l’Europe ; dans la chaîne hercynienne et, en particulier, dans les monts du
Lyonnais, dans le Massif central français (Lardeaux et al., 2001) et dans les chaînes
méso-cénozoïques (Alpes-Himalaya). Il est vraisemblable que des témoins plus anciens
seront trouvés dans les années à venir, au moins jusqu’à 2 Ga, âge des éclogites
paléoprotérozoïques de Tanzanie (Möller et al., 1995 ; voir figure 17.2) qui témoignent
que le mécanisme de la subduction existait déjà à cette époque. On note que les roches
de UHP sont absentes le long de la ceinture péri-pacifique.
La dimension des unités d’UHP La caractérisation des conditions métamorphiques
d’UHP à l’aide de microcristaux, dans des roches souvent rétromorphosées dans un
environnement beaucoup moins métamorphique, posent la question de l’extension
spatiale de ces conditions. L’unité de Dora Maira indique globalement des conditions
métamorphiques du faciès Schistes verts. Les roches encaissantes et les témoins
d’UHP ont-ils subi les mêmes conditions extrêmes ou bien ces témoins de l’ultra-
métamorphisme, de petite taille, ont-ils été introduits tectoniquement et tardivement
164
9782100522682-Nicollet.fm Page 165 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
Sapi
Mali Shergol
620 Nlle Guinée
Brésil 630 4
méso/céno. HP prisme
paléoz. HP chenal serp.
panafricain UHP croûte cont.
précambrien
dans les unités de bas degré ? Des études méticuleuses de ces roches encaissantes
ont montré que celles-ci ont conservé de nombreuses reliques microscopiques de
conditions extrêmes, témoignant que les unités d’UHP sont d’extension géographique.
À Dora Maira, l’extension de l’unité d’UHP est estimée à 15 ¥ 5 ¥ 1 km. La forma-
tion de Dabie-Su-Lu, en Chine, atteint quelques centaines de kilomètres de long sur
quelques dizaines de kilomètres de large et quelques kilomètres d’épaisseur (Chopin,
2003). Ce sont donc des formations continentales de taille conséquente qui sont
enfouies dans la subduction.
165
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lithosphère océanique subduite, ce qui nécessite qu’elle soit bien solidaire de celle-ci.
Diamant et pseudomorphes de grenat majoritique indiquent la présence en surface de
roches crustales et mantelliques formées jusqu’au moins 8 GPa (environ 250 km).
Comment ces roches enfouies si profondément peuvent-elles remonter à la surface ?
W E
Schistes Viso 4000 m
lustrés
Pas. V. Mozzo 3000
Gall.
Dora Maira
2000
1 2 3 4 1 km
166
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X L1
Y
Z
(1)
(2)
(3)
1-2 m
(4)
167
9782100522682-Nicollet.fm Page 168 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
1 80
1 pic en pression
Pression (GPa)
Profondeur en km
2 Est
60
1 Ouest 40
1
20
10 20 30 40 50 60 70
Âge Ma
Figure 12.6 – Diagramme pression-temps montrant l’exhumation rapide des
trois principales unités de la transversale Schistes lustrés-Viso-Dora Maira.
Ce diagramme est réalisé par thermochronologie (voir paragraphe 4.3) et suppose
que l’on connaît la relation entre les paramètres P et T. Les pressions indiquées sur
cette figure pour l’unité des Schistes lustrés sont supérieures à celles dans le Queyras
(figure 12.2) : elles sont estimées sur une transversale au nord du massif du
Chenaillet (Agard et al., 2001). Le trajet P-t de chaque unité est obtenu en utilisant
plusieurs thermochronomètres aux températures de fermeture différentes. (On fait,
pour cela, l’hypothèse qu’aucun autre paramètre que la température n’intervient
dans les fermetures isotopiques des chronomètres considérés ; voir figure 4.8). Le
champ gris met en évidence le diachronisme des pics métamorphiques des trois
unités (d’après Ford et al., 2006).
168
9782100522682-Nicollet.fm Page 169 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
continentale de Dora Maira est en train d’être subduite. Par ailleurs, il y a 30 Ma,
l’exhumation rapide est terminée : l’unité de Dora Maira est exhumée, depuis 90-
100 km de profondeur, en moins de 5 Ma, et l’ensemble des Alpes occidentales est
équilibré dans les conditions du faciès Schistes verts.
envisagée. Toutefois, un mécanisme passif ne paraît pas suffisant pour remonter, dans
un contexte de convergence, des roches enfouies dans le manteau.
La gravité a, sans aucun doute, un rôle majeur dans cette exhumation. Les forces
qui contrôlent l’exhumation sont les forces de flottabilité et les forces aux limites de
la subduction. Les forces de flottabilité sont induites par les différences de densité
entre les roches subduites et les roches environnantes ; elles sont particulièrement
efficaces pour les unités de croûte continentale supérieure qui constituent la majorité
des unités d’UHP. L’exhumation suppose que la croûte continentale se détache de la
lithosphère océanique qui la tractait et qu’elle se dissocie de son manteau litho-
sphérique (slab break off en anglais) ; lithosphère océanique et manteau lithosphérique
169
9782100522682-Nicollet.fm Page 170 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
170
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Europe ch Apulie
se en
rp al
30 3 en manteau apulien
manteau européen tin
3 - Dora Maira e ux
(subduction continentale)
2 - Monviso
km (éclogites détachées de 2 mantle
a la lithosphère océanique)
60
171
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de n
n al ctio
e u b
ch ubd
m
s
.s
er
sédiment
c.
p.
o. basalte
co
gabbro
in
5
m
100% serpentinite
km
an
te
0%
lliq
lith
eu
os
an
ph
hy
èr
dre
e
oc
éa
ni
qu
e
su
bd
ui
te
km
5
est plus lente que la vitesse de la subduction. La remontée est, par contre, très rapide
pour les unités de UHP et s’effectue en moins de 10 Ma. L’unité d’UHP de Papouasie,
âgée de 4 Ma à peine, en est la preuve. Cette remontée se fait le long du coin mantel-
lique. Les vitesses, supérieures à celles de la subduction, peuvent atteindre 8 cm/an.
Ainsi, la subduction de la croûte continentale, jusqu’à des profondeurs de 200 km,
voire 300 km, est sans doute un mécanisme commun de la tectonique des plaques,
au stade précoce de la collision depuis au moins le néoprotérozoïque, peut-être depuis
le paléoprotérozoïque. Seules quelques unités de plusieurs centaines de kilomètres
(ou plus ?) enfouies à très grande profondeur, sont exhumées, par des mécanismes
qui restent à caractériser précisément. Elles sont souvent largement ou complètement
rétromorphosées. D’autre part, l’importante quantité d’eau que contiennent certains
minéraux rencontrés dans ces unités, comme l’éllenbergerite, suggère que les zones
de subduction sont les sites privilégiés de recyclage de l’eau dans le manteau.
En conclusion, les Alpes occidentales préservent la mémoire des processus de la
subduction d’un prisme d’accrétion fossile, à composante largement sédimentaire,
172
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HP se font rares.
Le domaine lépontin est facilement repérable sur la carte métamorphique des Alpes
(planche 4), avec sa couleur rouge qui indique les conditions du faciès Amphibolite
qui sont largement répandues dans cette région. Le pic de ce métamorphisme est
postérieur à la mise en place des nappes, puisque les isogrades recoupent les limites
majeures des nappes. Les conditions maximales en T sont de 675 °C au sud, à proxi-
mité de la ligne insubrienne, près de la ville de Bellinzona. Le maximum en pression
de 7 kb, se situe dans une zone en position plus centrale que le maximum en tempéra-
ture, 20 km au nord de la ligne insubrienne, et ne coïncide donc pas géographiquement
avec le maximum en température. La pression et la température décroissent vers le
173
174
9782100522682-Nicollet.fm Page 174 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
l.in
Sil
Ligne Insubrienne
Ces isogrades et limites sont tracés dans les lithologies pélitiques, à l’exception de l’isograde « diopside-calcite » observé dans les marbres
dolomitiques siliceux. « Minéral-in » indique l’isograde ou limite d’apparition d’un minéral ; « minéral-out » marque la disparition de ce minéral.
Les zones internes comprennent à la fois des unités de la croûte continentale (domaine briançonnais) et de la croûte océanique (domaine valaisan).
Gran. Bergell : massif granodioritique-tonalitique de Bergell ; les triangles indiquent la présence d’andalousite autour du massif. Le CAT, abrévia-
tion de chenal d’accrétion tectonique, constitue un empilement de lames imbriquées à la lithologie très variée. Il contient des reliques d’éclogites
et péridotites à grenat, indiquant des hautes à très hautes pressions. Celles-ci sont représentées par des étoiles sur la carte de la planche 4.
Notons, dans le CAT, à l’ouest du massif de Bergell, la présence de l’unique témoin phanérozoïque de métamorphisme d’ultra-haute température,
avec des paragenèses à saphirine, dans le complexe du Gruf (étoile ; figure 6 de la planche 3) (d’après Frey et Mählmann, 1999 et Engi et al., 2004).
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nord et vers le sud. La carte des isogrades et des limites d’apparition des minéraux
montre une zonéographie caractéristique d’un gradient métamorphique de moyenne
pression-haute température (figure 12.8). Au nord, les conditions sont anchiméta-
morphiques. Au sud, elles atteignent les conditions de stabilité de l’association silli-
manite + feldspath potassique, c’est-à-dire au-delà des conditions de stabilité de
l’assemblage muscovite + quartz. Les migmatites sont abondantes. Encore plus au sud,
la ligne insubrienne tronque brutalement le dôme Lépontin. Au sud de cette ligne, le
domaine sud-alpin est peu métamorphique.
La carte de la figure 12.8 montre les isogrades ou limites d’apparition de quelques
minéraux alumineux caractéristiques : stilpnomélane, chloritoïde, staurotide, disthène, et
sillimanite-fibrolite. La distinction est faite entre isograde et limite d’apparition d’un
minéral. La limite d’apparition d’un minéral ne correspond pas à une réaction spéci-
fique, à l’inverse de l’isograde. Ainsi, l’apparition de la staurotide peut se faire à partir
de réactions de déstabilisation de la paragonite ; dans ce cas, la réaction indique un
trajet en décompression. La staurotide se forme parfois en remplacement du chloritoïde,
ce qui indique une augmentation de la température.
Les données géochronologiques montrent que le métamorphisme de moyenne
pression est diachrone à travers le dôme Lépontin, avec un intervalle de temps qui
peut atteindre 7 Ma. L’âge est de 28 Ma dans la partie sud, où le pic de température est
le plus élevé. Plus au nord, dans les parties centrales du dôme, le pic en température
est atteint dans un intervalle de temps qui varie de 26 à 21 Ma.
Les roches éclogitiques alpines (étoiles sur la carte de la planche 4) sont restreintes
aux unités de mélanges tectoniques du « chenal d’accrétion tectonique » (CAT), appelé
dans la littérature anglophone le TAC : « tectonique accretion channel ». Le CAT
s’est developpé le long de la limite de la plaque convergente, durant la subduction, la
collision et l’exhumation. Il est constitué de lames imbriquées dans lesquelles les
roches sont très variées et très déformées. Ces témoins éclogitiques ont été différem-
ment rétromorphosées dans les conditions du faciès Amphibolite, en fonction de la
disponibilité des fluides et de la déformation. Cette rétromorphose est très similaire
à celle que nous décrirons dans la chaîne hercynienne, au chapitre suivant et illustrée
par la figure 13.6. Différentes roches préservent des conditions variées, en fonction
de leur état de rétromorphose ; certaines ont perdu totalement la mémoire de leur
épisode de HP. Dans la nappe d’Adula, un gradient métamorphique discontinu de HP
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
peut être tracé grâce aux reliques éclogitiques : il montre une augmentation des
conditions depuis le nord, avec P = 1-1,5 GPa à 500 °C, vers le sud avec P = 3,3 GPa
– 800-900 °C. Ces conditions maximales sont indiquées par des éclogites et des
lherzolites à grenat. À Alpe d’Arami, la pression maximale enregistrée par les
lherzolites à grenat dépasserait 5 GPa et pourrait atteindre 8 GPa à une température
de 1200 °C ; ces valeurs extrêmes ne sont pas enregistrées dans les éclogites voisines.
Ces péridotites pourraient avoir enregistré un cycle métamorphique à l’intérieur du
manteau, avant leur incorporation dans le CAT (cf. flèche dans le manteau apulien
de la figure 12.7). Ainsi, ces conditions d’UHP seraient sans rapport avec l’évolution
géodynamique, en subduction, du CAT.
175
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176
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LE
MÉTAMORPHISME
DE MOYENNE PRESSION-
13
HAUTE TEMPÉRATURE
en France.
177
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Pt de
Salars Vézins de
Lévezou
Salles-Curan
St Beauzély
Ayssènes
0 10 km
1 2 3 4 5 6 7
178
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Ms + Qtz = Kfs + Sil +V n’ont pas été atteintes, sauf, localement, au nord (figure 13.2).
La succession des minéraux index dans les micaschistes est typique du gradient
de moyenne pression avec : chlorite-muscovite-biotite-grenat-staurotide-disthène-
sillimanite-anatexie avant la disparition de l’assemblage muscovite + qtz qui est tout
juste atteinte au nord. Le chloritoïde, minéral possible de cette série, n’est pas trouvé
dans le dôme du Lévezou, à cause de sa composition très alumineuse (voir exercice 1.1
à la fin de ce chapitre).
Les métapélites ont une large répartition dans la région et sont de bons marqueurs
du métamorphisme. La répartition des roches de la séquence basique est plus localisée
et leur minéralogie plus restreinte. Dans la série gréso-pélitique, de rares niveaux
179
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Z. and + st 1
N 2
3
Z.si ± fk
Z.st
Z.si
Z.bi Z.st
4
Z.gt
5
6
7
Z.gt
8
Z.si 9
Z.bi 10
Z.di 11
Z.ch
10 km
180
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181
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182
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8
7
6
5
4
3
2
1
a) Les métabasites
La majorité des métabasites des séries de MP présentent des assemblages typiques
du faciès Amphibolite, à hornblende + plagioclase ± quartz ± clinopyroxène ou ±
grenat en équilibre avec les paragenèses des métapélites associées. Dans un grand
nombre de localités cependant, les métabasites contiennent encore des assemblages
précoces appartenant au faciès des Granulites de haute pression :
clinopyroxène + grenat + plagioclase + quartz
ou au faciès des Éclogites :
omphacite + grenat ± disthène ± zoïsite ± quartz
183
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Rutile, mica blanc, amphibole, apatite, pyrite sont des minéraux accessoires possibles.
Ces paragenèses de haute pression indiquent généralement des pressions entre 1,5 et
2 GPa pour des températures entre 600 et 800 °C. Ces températures varient d’une
région à l’autre. L’extrême rareté des roches du faciès Schistes bleus est remarquable.
Dans le Massif armoricain, l’île de Groix et son prolongement au bois de Cené, en
Vendée sont un cas exceptionnel d’affleurement d’une surface conséquente de quel-
ques centaines de kilomètres carrés de roches dans les conditions du faciès Schistes
bleus. Dans le Rouergue, une éclogite à rares reliques de glaucophane est signalée à
Najac. Dans les monts du Lyonnais, la présence rare de coésite en inclusions dans le
grenat d’une éclogite indique des pressions minimales de 2,8 GPa (Lardeaux et al.,
2001). Ces roches sont préservées au sein de blocs dispersés par boudinage dans leur
encaissant métapélitique (figure 13.6). Elles montrent tous les stades de recristallisation
jusqu’aux conditions du faciès des Amphibolites. Dans certains cas, dans les régions
où la température du stade HP est la plus élevée (700-800 °C), comme dans l’ouest
du Massif central, cette rétromorphose passe par le domaine du faciès des Granulites.
La figure 13.6 illustre cette évolution minéralogique qui est interprétée, en terme
d’évolution pression-température, sur la figure 13.7.
Figure 13.5 – Symplectite
de déstabilisation de l’omphacite
dans une éclogite.
Au début de la décompression, l’ompha-
cite, clinopyroxène sodique des éclogites,
s’entoure d’une symplectite constituée
de bourgeons de clinopyroxène et de
plagioclase albitique. Microphotographie
en lumière polarisée non analysée ; le
segment blanc mesure 0,5 mm.
184
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leur pente dans l’espace P-T (figure 3.4 ; exercice 1.2 de ce chapitre), la réalisation
de ces deux réactions suppose une décompression, ce qui signifie une exhumation de
ces roches. La première réaction témoigne que la trajectoire rétrograde se fait dans
les conditions du faciès Granulite ; la deuxième réaction témoigne que la trajectoire
rétrograde se fait directement dans les conditions du faciès Amphibolite. Dans le
premier cas, l’exhumation se fait à une température plus élevée et/ou une pression
partielle d’eau dans la phase fluide plus faible que dans le deuxième cas. Cependant,
en fin d’évolution, l’amphibole de type hornblende remplace les pyroxènes et la
roche devient une amphibolite (figure 13.6).
b) Les métapéridotites
Les CLA contiennent des affleurements de serpentinites, portions de manteau impli-
quées dans le chevauchement de l’unité supérieure : ils témoignent de l’amplitude
lithosphérique de celui-ci. Des méta-péridotites sont rarement préservées au sein des
serpentinites. Il s’agit de lherzolites ou harzburgites à spinelle et, plus rarement, à
grenat. Un très bel affleurement est décrit au Bois des Feuilles, dans les monts du
Lyonnais (Gardien et al., 1990). Le grenat n’est plus en équilibre avec la paragenèse
de la roche et est entouré d’une couronne symplectitique à spinelle et pyroxène qui
indique la réalisation de la réaction olivine + grenat = orthopyroxène + clino-
pyroxène + spinelle qui sépare le domaine des lherzolites à grenat de celui des
lherzolites à spinelle (figure 3.7-7). La pente faible de cette réaction et sa position dans
l’espace P-T (figure 16.1) montrent que cette transformation indique une décom-
pression (exhumation) depuis des pressions supérieures à 1,5 GPa. Cette évolution
PT est semblable à celles dont témoignent les éclogites rétromorphosées et les méta-
pélites granulitiques décrites ci-après. Dans les conditions du faciès Amphibolite, ces
assemblages réactionnels sont totalement effacés ; amphibole et serpentine envahissent
la roche, tandis que l’ancien grenat est remplacé par des agrégats centimétriques riches
en chlorite.
185
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1m
3 2
5
1
4
1 mm
1 cm
2M 2m
Hb
Hb + Pl Hb + Pl
Hb
Hb
3 1 mm
186
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187
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188
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L’« Unité inférieure des Gneiss » représente la marge continentale qui n’est pas
subduite et qui est impliquée dans la collision. Au stade de l’épaississement crustal,
cette unité a subi un métamorphisme de moyenne pression lorsqu’elle est chevauchée
par l’« Unité supérieure des Gneiss » en cours d’exhumation, vers 360-350 Ma.
Dans les zones externes de la chaîne hercynienne, le métamorphisme de moyenne
pression-basse température, associé aux chevauchements des unités para-autochtones,
est plus récent (350-330 Ma), ce qui traduit la migration du front orogénique vers
l’extérieur de la chaîne.
189
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C’est une situation équivalente en Corse alpine où, après l’obduction de la litho-
sphère océanique métamorphisée à HP sur la marge corse, la convergence alpine s’est
déplacée plus à l’est, dans les Apennins. Les métabasites de HP-BT exhumées se
trouvent à faible altitude et n’ont pas été incorporées dans les hauteurs de la chaîne
de montagnes, où elles auraient été rapidement détruites par l’érosion.
Faible
degré Amphibolite
Schistes
verts
Schistes
bleus
,
Gradient
Éclogite
PRÉSERVATION
DES SCHISTES BLEUS
190
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l’UI est réchauffée par conduction. C’est la transition entre la portion de géotherme
chaud et celle de géotherme froid qui correspondrait au gradient métamorphique
inverse. Ceci laisse supposer que le gradient métamorphique coïncide avec le
géotherme, une situation tout à fait irréaliste. En effet, le géotherme en « Z » (g1)
dessiné sur la figure 13.9 c est une situation transitoire pendant le chevauchement,
mais qui se rééquilibre thermiquement rapidement par conduction à la fin du
chevauchement : l’inversion disparaîtrait en quelques centaines de milliers d’années
(g2 sur la figure 13.9 c) et a peu de chance d’être enregistrée par la recristallisation
des roches. Cependant, dans la réalité, la mise en place progressive du chevauche-
ment, transportant l’unité « chaude » pendant plusieurs millions d’années, rend
discutable la conclusion précédente.
191
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1
2 4
3 5 b
g1 g2
192
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Exercices
Exercices
magnésiennes lorsque T augmente. Ces variations sont très inégales : elles sont
très importantes pour les deux micas biotite et chlorite et beaucoup plus modestes
pour les grenats, chloritoïde et staurotide. Dans le cadre de cet exercice, vous
considérerez que les compositions de ces 3 minéraux ne changent pas ; la compo-
sition de la chlorite s’étend dans toute la gamme Fe-Mg à basses températures et
se réduit vers le pôle Mg lorsque T augmente (figure 13.11).
• les champs T1 et T2 sur le diagramme PT de la figure 13.10 sont séparés par les
réactions (3) FeCld + Ann = Alm + Ms + V et (2) Cld + Ky = St + Chl.
• de même, les champs T2 et T3 sont séparés par les réactions (4) Cld + Bi + V
= Grt + Chl.
193
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500 700
T ˚C
And 1 : FeChl Ms = FeCld Ann Qtz
And Sil 2 : Cld Ky = St Chl
3 : FeCld Ann = Alm
Ky 4 : Cld Bt = Grt Chl Ms Qtz
5 : Cld = Grt Chl St
5 1 6 : Ms Chl Grt = St Bt Qtz
T1
T2
T3
Prl Ky
Ms St Chl Qtz
Sil
Qtz
z
Ky
Sil t Qt
Bt Ky
Bt
2
S
Gt
Ms
3 4,5,6
10
P Kb
A
ky
st + qtz
cld + ms
grt +V
chl
F M
bt
194
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Solutions
700˚
(Grt) T ˚C
P GPa Grt
Hbl
C F
Cpx Opx
dans tous les assemblages). Quelle précaution doit-on prendre en termes d’échelle
d’observation en ce qui concerne l’assemblage 2m ?
Solutions
1.1 Diagramme dans le champ T1 : A basses T, un champ divariant à 3 minéraux
ky-cld-chl (les trois phases en excès : ms-qtz-V ne sont pas rappelées dans ce
corrigé) peut être dessiné du côté du pôle A. Pour les compositions de roches moins
alumineuses, la paragenèse est constituée des 2 micas ferromagnésiens avec des
compositions variables.
195
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st +
grt2+
grt1+
T1 ky T2 ky T3 ky
st st
cld cld
cld
chl grt grt
chl chl
bt bt bt
La lecture des diagrammes AFM de la figure 13.12 montre clairement que l’absence
du chloritoïde dans le Lévezou dépend de la composition chimique des roches,
196
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Solutions
197
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Les différentes paragenèses définies dans cette grille sont obtenues en dessinant les
triangles ACF dans chaque domaine divariant (figure 13.14).
A A
réaction (Hbl) + Qtz réaction (Pl)
+ Qtz
+V
+V
Pl
Grt Grt
Hbl
C F C F
Cpx Opx Cpx Opx
700˚
(Cpx)
(Grt)) T ˚C
Opx Gr t+Q
Opx+Cpx+
Hbl
+Pl
+
+V
Faciès Granulite
Hbl
tz
Pl+V
Faciès Amphibolite
Opx
Qtz
Cpx +Pl
1,0 +Pl V +
Hbl Q+ Gr t+
+V+
Qtz (Hbl)
r t+
(Opx) px+G
Gr t
C
px+
l
Hb
+O
P GPa
Cpx
(Pl)
Faciès Éclogite
Figure 13.14 – Diagrammes ACF pour tracer les réactions (Hbl) et (Pl) ;
point invariant et trajets PTt.
Les phases « en excès » (Qtz et V) ne sont pas placées grâce à l’analyse géométrique,
mais en équilibrant chimiquement les réactions avec les formules structurales.
Les textures décrites sur la figure 13.6 correspondent au franchissement des réactions
(Opx) et (Hbl) respectivement dans le sens d’une décompression et font passer les
éclogites dans les faciès Amphibolite ou Granulite. Sur ce diagramme, les deux évolu-
tions rétrogrades en pression se font à des températures différentes. Elles indiquent
une exhumation des roches.
La solution proposée sur cette figure n’est pas la seule possible. Celle-ci ne tient pas
compte de la nature des fluides, alors qu’intervient une phase hydratée, la hornblende.
Si la pression partielle d’eau diminue dans la phase fluide, le point invariant (et les
198
9782100522682-Nicollet.fm Page 199 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
Solutions
réactions qu’ils portent) se déplace dans l’espace P-T en glissant le long de la seule
réaction qui ne fait pas intervenir la phase hydratée (réaction (Hbl)). Le point invariant
se déplace vers les basses températures. Ainsi, deux roches aux pressions partielles
d’eau différentes suivent deux trajets rétrogrades PTt à température identique, mais
chacun, de part et d’autre des réactions (Grt), (Cpx) et (Pl).
b) Les assemblages (1), (3) et (4) de la figure 13.6 se placent sans ambigüité au
début et à la fin du trajet PTt : dans le champ divariant entre les réactions (Pl) et
(Opx) pour (1) et dans celui entre les réactions (Opx) et (Cpx) pour (3) et (4). On
peut être tenté de placer (2) sur la réaction (Opx). Il n’en est rien ! Lorsque l’assem-
blage éclogitique (1) se trouve sur la réaction (Opx), l’assemblage Cpx + Grt est
toujours stable. Ce n’est qu’à plus BP, en s’écartant de la réaction que celle-ci se
réalise en donnant les textures coronitiques observées. (2) se situe donc dans le même
champ divariant que (3) et (4).
Il n’y a pas de difficultés pour représenter les assemblages (1), (3) et (4) dans les
diagrammes ACF correspondants ; on remarque seulement que les roches sont bi-
minérales (Cpx + Grt et Hbl + Pl). Par contre, la représentation de (2) dépend de
l’échelle d’observation. À l’échelle de l’ensemble des dessins 2M et 2m, l’assem-
blage n’est pas à l’équilibre, donc non représentable sur le diagramme ACF. Mais si
l’on raisonne à l’échelle des 2 petits carrés tracés sur la figure 2m, on obtient deux
paragenèses du faciès Amphibolite : Hbl-Pl-Cpx(-Qtz) et Hbl-Pl-Grt(-Qtz). Celles-ci
sont représentables dans 2 triangles partiels du diagramme ACF du champ divariant
entre les réactions (Cpx) et (Opx). Les carrés délimitent des « équilibres partiels ».
199
9782100522682-Nicollet.fm Page 200 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
14 LE MÉTAMORPHISME
DE BASSE PRESSION-
HAUTE TEMPÉRATURE
DANS LES ZONES
DE CONVERGENCE
Le gradient de basse pression a été défini par Miyashiro (1961) dans les chaînes de
l’Abukuma et du Ryoke, au Japon (figure 14.1). Il montre la succession des faciès
Schistes verts, Amphibolite, puis atteint les conditions de l’anatexie hydratée et/ou
le faciès Granulite ; dans les roches pélitiques, les silicates d’alumine sont andalousite
et sillimanite (figure 3.3). Le gradient de basse pression est bien représenté dans la
chaîne hercynienne, spécialement au cours des derniers stades de cette orogenèse
(vers 300 Ma). En France, la Montagne Noire, le massif du Pilat, les massifs nord-
pyrénéens (dont le massif de l’Agly), la zone axiale des Pyrénées sont caractérisés
par ce type de gradient (figure 3.1). Le métamorphisme de la zone nord-pyrénéenne,
d’âge Crétacé supérieur, correspond également à ces conditions de basse pression.
Le gradient de basse pression est très bien représenté au Précambrien et, en particulier,
à l’Archéen.
Il correspond à des domaines géologiques dans lesquels le flux thermique est élevé :
1. régions d’arcs et d’arrière arcs magmatiques, sièges de transferts magmatiques
importants en provenance du manteau supérieur ;
2. chaînes au stade de l’effondrement consécutif à l’hypercollision ;
3. zones en extension : dorsales océaniques et rifts.
200
9782100522682-Nicollet.fm Page 201 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
14.1 ARRIÈRE-SUBDUCTION
ET CEINTURES MÉTAMORPHIQUES DOUBLES
Au Japon, l’association structurale entre une ceinture métamorphique de basse pression-
haute température (Ryoke-Abukuma) et une ceinture de haute pression-basse tempé-
rature (Sanbagawa) située plus au sud, vers la marge active Pacifique, a conduit
Miyashiro (1961) au concept de ceintures doubles (« paired belts » ; figure 14.1).
Celles-ci sont plus ou moins contemporaines et liées aux régimes thermiques contrastés
de la subduction d’une part et de la zone d’arc et d’arrière arc, d’autre part. Ces chaînes
sont orientées NE-SO, parallèlement à la zone de subduction. Dans la chaîne de Ryoke,
trois zones principales de métamorphisme ont été définies à partir des assemblages
des métapélites :
• zone à chlorite + biotite + muscovite ;
• zone à biotite + andalousite ; l’association muscovite + quartz est remplacée par
l’assemblage de haute température à feldspath potassique + andalousite.
• zone à sillimanite.
Ces différentes zones métamorphiques correspondent à des températures croissantes
et des pressions de cristallisation très faibles (P < 3 kb). Il n’a pas été décrit de
migmatites dans ces métapélites ; cependant, la chaîne est recoupée par d’importantes
masses de granitoïdes qui résultent de la fusion de domaines plus profonds de la
croûte continentale.
Dans la ceinture de Sanbagawa, des éléments de la croûte océanique du Pacifique
et du prisme d’accrétion, accolés au microcontinent japonais, sont métamorphisés
dans les conditions d’un gradient de HP-BT (assemblages à prehnite + pumpellyite,
à glaucophane et à jadéite + lawsonite). Les matériaux hydratés, entraînés dans la
subduction, libérent d’importantes quantités d’eau en recristallisant en profondeur.
La percolation par cette phase riche en eau des péridotites du « coin » de manteau
supérieur situé au-dessus du plan de subduction, en provoque la fusion partielle
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
hydratée (figure 14.2). Des magmas basaltiques sont produits et migrent vers la surface ;
de ce transfert magmatique résultent un transfert convectif de chaleur et un resserrement
des isothermes en arrière de la zone de subduction à l’origine d’un métamorphisme
de HT-BP qui atteint les conditions des faciès Amphibolite et Granulite. Le transfert
de chaleur vers la surface s’effectue par relais successifs ; en effet, le stockage à la
base de la croûte continentale de magmas basaltiques issus du manteau supérieur
(« underplating », ou stockage infracrustal ») provoque la fusion partielle des méta-
pélites, métagrauwackes et métagranitoïdes, à l’origine des liquides granitoïdes qui
migrent vers des niveaux plus ou moins superficiels (andésites et batholithes grano-
dioritiques) de la croûte chevauchante.
201
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300 km
ceinture HT-BP
ceinture HP-BT
Abukuma
Mer du Japon
LTM
Océan Pacifique
202
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203
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Certaines de ces unités de HT-BP sont centrées sur un dôme migmatitique. C’est le
cas des massifs hercyniens de l’Agly, à l’est des Pyrénées (figure 14.3), celui du Pilat-
Velay, à l’est du Massif central (figure 14.5 et 14.6) et celui de la Montagne Noire au
sud du Massif central (figure 14.7).
204
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205
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C A
+ Qtz
opx
206
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aurait une saute des conditions du métamorphisme. Andrieux (1982) décrit une
évolution rétrograde discrète dans la charnockite : déstabilisation de l’orthopyroxène
en symplectite à Bt + Qtz, dans les gneiss encaissants : déstabilisation des assemblages
Grt +Kfs en Crd + Bt ; Gt + Sil + Qtz en Crd et apparition de Sil 2 ou d’andalousite
en association avec la biotite suggérant un fonctionnement inverse de la réaction 6 dans
les champs de stabilité de la sillimanite, puis de l’andalousite. Cette rétromorphose
en P et T pourrait correspondre au rééquilibrage vers les conditions du gradient de
BP de l’extérieur du dôme.
Le gradient thermique très élevé dans le massif de l’Agly, à la transition des faciès
Amphibolites et Granulite/anatexie, suggère un amincissement de la croûte continen-
tale dans sa portion médiane. L’hypothèse d’une saute des conditions de pressions
entre le dôme gneissique et son enveloppe pourrait s’expliquer par le fonctionnement
d’une (ou des) zone(s) de cisaillement soustractif, qui est reconnu sur le terrain. Toute-
fois, leur importance est discutée. Pour certains, ces zones de cisaillement seraient
des failles normales ductiles synmétamorphes responsables de l’amincissement
crustal dans un régime en extension (Bouhallier et al., 1991) : cet amincissement est
responsable d’une décompression qui pourrait favoriser la rétromorphose des granu-
lites. En accord avec cette hypothèse, Althoff et al. (1994) observe de petites failles
normales synmagmatiques dans la charnockite d’Ansigan et propose que la mise en
place de celle-ci soit contemporaine de cette tectonique en extension. À l’opposé, il
est envisagé que cet amincissement crustal soit d’âge crétacé. Olivier et al. (2001)
contestent l’existence de failles de détachement et proposent que le dôme gneissique
se forme dans un régime tectonique en transpression. Selon eux, le gradient thermique
élevé serait lié à la mise en place de plusieurs intrusions : basiques, charnockitique
et granitique, combiné à un amincissement crustal localisé.
On voit donc que l’interprétation structurale du massif de l’Agly reste discutée.
Toutefois, ce gradient métamorphique de HT-BP correspond très vraisemblablement
à un transfert de la croûte inférieure vers la croûte supérieure à la fin de l’histoire de
la chaîne hercynienne. Cette exhumation est associée à un transfert de chaleur
advectif lié à la mise en place d’intrusions magmatiques mantelliques et crustales.
L’injection de roches mafiques à partir du manteau supérieur est sans doute à l’origine
des charnockites d’Ansignan, par fusion partielle des gneiss de Caramany. Quant à
l’hypothèse crétacée, ne peut-on imaginer un nouvel événement d’extension lié au
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
207
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5 km
SE
208
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345 301
Les micaschistes du Pilat présentent une surface planaire de type C-S : les deux
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
209
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210
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211
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les roches chaudes exhumées rapidement n’ont pas le temps de se refroidir (à cause
de leur mauvaise conductivité thermique) et arrivent chaudes à proximité de la
surface.
Cette évolution thermique de l’exhumation à vitesses variables peut être modélisée
numériquement. Les trajets PTt rétrogrades de roches enfouies à des différentes
profondeurs et exhumées à vitesses variables sont représentés sur la figure 14.8. Les
pics en pression, c’est-à-dire le début de la trajectoire rétrograde en pression, coïncident
avec ceux d’une série de roches enfouies à un intervalle de 5 km. Les conditions de
la roche la plus profonde correspondent à une valeur moyenne des éclogites de
hautes températures des complexes leptyno-amphibolitiques précédemment décrites.
Les trajets en trait plein sont établis avec une vitesse d’exhumation de 0,3 mm/an
dans un contexte de rééquilibrage gravitaire assisté par l’érosion. On constate que les
pics en températures, qui ont de fortes chances d’être enregistrés par les paragenèses
des roches, coïncident avec le gradient de MP-HT. À partir des pics en températures
des trois échantillons les plus profonds, nous avons calculé un nouveau trajet (en
tirets) avec une vitesse de 5 mm/an. On remarque que les pics en températures sont
alors déplacés vers le gradient métamorphique de BP-HT.
BP-HT
20
30
MP-
HT
HP
v = 0,3 mm/an
40
-BT
Pkm
212
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213
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214
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(Kornprobst, 2001).
215
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216
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rétrograde lentes malgré les très hautes T, s’explique par le caractère anhydre de ces
roches. Les conditions PT de formation de ces roches sont difficiles à évaluer. Et
ceci, pour différentes raisons. Notons tout d’abord, que la géothermo-barométrie
conventionnelle ne permet pas de faire des estimations correctes de ces températures
extrêmes. Nous avons discuté au chapitre 8 des limitations à hautes T des thermo-
mètres. De nouvelles méthodes, spécifiques à ces conditions sont formulées : teneur
d’alumine dans les orthopyroxènes de hautes températures, éléments en trace sur le
couple zircon-rutile, etc. D’autre part, les conditions P-T de stabilité des assemblages
typomorphes restent imprécises (figure 14.11), car les paramètres thermodynamiques
des phases impliquées sont encore mal connus. Dans la semelle métamorphique de
l’ophiolite d’Oman, l’association saphirine + quartz est trouvée dans des paragenèses
dont les conditions d’équilibre ne dépasseraient pas 800-850 °C et 6,5-9 kb (Gnos et
Kurz, 1994). Des travaux expérimentaux tendraient à confirmer que les très hautes
températures sont peut-être surestimées (Podlesskii et al., 2008). Bien qu’en faible
quantité, les éléments volatils ont une influence importante, qu’il est difficile
d’évaluer, sur les champs de stabilité : effet de l’état d’oxydation sur la stabilité de la
saphirine par rapport au spinelle, effet de H2O versus CO2 sur la stabilité de la
cordiérite, etc.
L’existence de ces granulites d’UHT soulève quelques interrogations quant à leur
interprétation géodynamique.
Nous avons noté, au paragraphe précédent (14.3.2), que la température dans la
croûte continentale (inférieure) serait « tamponnée » autour de 800 °C par la fusion
« fluide absent ». Dans ce cas, comment dépasser cette température pour atteindre
plus de 900 °C ? Cela n’est possible que si ces formations sont réfractaires à la
fusion, c’est-à-dire si elles ont déjà subi un épisode de fusion partielle. L’une des
hypothèses envisagées pour expliquer la composition particulière des granulites
magnésio-alumineuses est que, précisément, celles-ci seraient les produits réfractaires
(restites) d’un épisode de fusion partielle.
Comment atteindre, à des profondeurs modérées (20 à 40 km), de si hautes
températures dans la croûte continentale, températures largement supérieures aux
températures du géotherme de la lithosphère stable ? Les granulites d’UHT constituent
généralement des affleurements de petite taille, en boudins tectoniques dans des
formations moins métamorphiques et plus récentes : ces formations anciennes sont
localisées dans des régions à l’histoire géodynamique (métamorphique et tectonique)
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
217
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ou d’un bassin d’arrière arc. Un apport thermique (magma du manteau) est parfois
envisagé pour expliquer les très hautes températures.
218
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(1) (5)
(2) (6)
(3) (7)
14˚
(4)
Aloat.
16˚ Antongil
Andr.
Maev.
18˚
Anta N
20˚
22˚
24˚
26˚
cette raison d’« isobaric cooling », ou en abrégé IBC. Le passage du domaine Opx + Sil
+ Qtz au domaine Grt + Cord est témoigné par les réactions (3) à (7) qui permettent
de tracer une portion très précise du trajet. Nous avons noté ci-dessus que certaines de
ces réactions sont des réactions glissantes le long de la réaction univariante (Spl-Qtz).
En conséquence, le trajet PTt passe entre les deux points invariants [Spl] et [Qtz] de
la figure 14.11 ; cette deuxième portion, qualifiée d’« isothermal decompression »
219
9782100522682-Nicollet.fm Page 220 Mardi, 29. décembre 2009 4:34 16
ou en abrégé ITD, correspond à une décompression à peu près isotherme. Pour finir, la
cordiérite produite par la déstabilisation de l’orthopyroxène et du grenat est remplacée
par un fin agrégat d’orthopyroxène-sillimanite avec ou sans quartz, produit par le
fonctionnement inverse des réactions (6) et (7). Cette dernière portion du trajet
correspond encore à un refroidissement à pression (à peu près) constante. Ce type de
trajet est classiquement décrit dans les formations d’UHT. Il débute aux environs de
P = 1,0-1,1 GPa ; 1000-1100 °C et se termine à 0,7-0,8 GPa-800 °C.
La préservation partielle de ces assemblages dans des granulites à orthoamphibole
indique que ces dernières proviennent de la rétromorphose hydratée des granulites
d’UHT. La paragenèse la plus commune de ces granulites hydratées est à gédrite (une
900 1000 T ˚C
0,5 Sp+Qtz
crd r t sil
opx sp qtz
g
grt crd
sp
Grt+Crd
qtz
0,7
[qtz] rd
sp sil c
opx sil spl tz
r q
gr t s p spr
g [opx] [sil]
0,9 op r t c
x s rd [spl]
il q op
tz x
gr sp
sp
t s qtz
l s sil
pr
gr
pr
t
qt
gr t sp
1,1
opx s
r qtz
opx sil crd
il
spr qtz
Opx+Sil+Qtz Spr+Qtz
P GPa
220
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~750 Ma
gé
1,1
sta
2,5 Ga
ble
P (GPa)
221
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pétrographique est réalisée à la microsonde sur la lame mince (Montel et al., 1994).
Les cristaux sont ensuite extraits par microforage et analysés par méthode isotopique.
Les âges obtenus, grâce aux cristaux inclus dans les minéraux primaires, indiquent que
le métamorphisme d’UHT date de 2,5 Ga environ et marque le début du trajet. Les
cristaux des minéraux chronomètres dans les assemblages secondaires coronitiques
indiquent que l’étape de décompression isotherme et celle de refroidissement isobare
datent de 750-800 Ma. Nous avons ici la superposition de deux événements tectono-
métamorphiques bien séparés dans le temps.
Le trajet en trait continu, tel qu’il est dessiné sur la figure 14.12, suppose la persis-
tance de conditions d’UHT entre ces deux événements, pendant près de 1,7 Ga : ceci
est géodynamiquement irréaliste. La formation s’est équilibrée thermiquement,
entre les deux événements orogéniques, dans les conditions du géotherme d’une
lithosphère stable, tandis que les paragenèses d’UHT sont préservées, métastables.
Ainsi, le trajet en tirets serrés sur la figure 14.12 parait plus réaliste que la portion
ITD. En conséquence, cette portion de décompression isotherme du trajet proposé
n’existe pas. Pourtant cette portion du trajet est bien contrainte par une succession
de réactions observées dans les roches !
Différents facteurs rendent difficiles l’interprétation géodynamique des granulites
d’UHT d’Andriamena lors de leur formation, il y a 2,5 Ga. Ce sont les incertitudes
sur la quantification discutées précédemment. D’un point de vue structural, la rareté
et la petite taille des gisements de ces roches, en boudins métriques, ne permettent
pas de connaître les structures géométriques tectoniques à grande échelle. Nous
n’avons aucun indice du trajet PTt de ces roches à 2,5 Ga, et en particulier, de sa
portion prograde. Le trajet que nous avons tracé est uniquement rétrograde et daté à
750 Ma. Celui-ci suggère donc que ces roches ont séjourné en profondeur à 2,5 Ga,
et n’ont été exhumées (ou rapprochées de la surface) qu’à 750 Ma. Cette exhuma-
tion pourrait se faire à la faveur de chevauchements, lors de la convergence de l’arc
magmatique, associés à la fermeture de l’océan mozambicain. Si ces roches,
formées au cours d’un orogène à 2,5 Ga, sont restées en profondeur à la fin de cet
orogène, c’est peut-être parce qu’elles constituaient les parties profondes de cette chaîne.
Lors de l’amincissement de la chaîne, les roches auraient acquis les paragenèses
d’UHT pendant leur exhumation jusqu’à la profondeur de la croûte inférieure (trajet 3
de la figure 2.4 du chapitre 2) où elles auraient séjourné jusqu’à leur exhumation
proche de la surface, il y a 750 Ma.
222
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MÉTAMORPHISME
DE BASSE PRESSION-
15
HAUTE TEMPÉRATURE
DANS LES ZONES
D’EXTENSION
223
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224
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calcaro-pélitiques.
La scapolite est présente sporadiquement dans ces roches, avec des concentrations
en Na proportionnelles aux concentrations en Cl, suggérant une origine évaporitique
des protolithes ou une circulation d’eau de mer au cours du métamorphisme. La
détermination objective des conditions de cristallisation de ces assemblages est déli-
cate : une zonéographie sommaire, tenant compte des pressions partielles de CO 2, a
cependant été élaborée (figure 15.2b).
Sur la base de l’ensemble de ces données, il n’apparaît pas de gradient méta-
morphique net sur le terrain, ni de relation entre températures calculées d’une part,
et extension ou profondeur des bassins d’autre part (figure 15.2b).
225
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228
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230
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veine hydr.BT
Gabbros
500˚C
microfract. HT-THT
750˚C
FP
une foliation magmatique. Une fois cristallisés, les gabbros lités de la croûte infé-
rieure se refroidissent lentement en s’éloignant de la ride et sont maintenus à haute
température : leur texture peut devenir granoblastique. L’eau est abondante dans
la croûte supérieure, mais pénètre jusqu’au manteau, à la faveur de microfractures
(lignes tirets serrés). Lorsqu’elle atteint les roches à très hautes températures en
bordure de chambre magmatique, elle peut provoquer la fusion de celles-ci par
abaissement de la température du solidus, produisant des filons et veines de
plagiogranite océanique, diorite et amphibolites. Veine hydr. BT : veine hydrothermale
de basse température (400-500 °C) ; microfract. HT-THT : microfractures hydro-
thermales de haute et très haute température (entre 700 et 1 000 °C) ; FP : fusion
partielle, anatexie dans les microfractures de THT à proximité de la bouillie cristal-
line et au contact de la lentille magmatique (d’après Bosch et al., 2004) La largeur
approximative de la figure est de 10 km ; elle dépend, entre autres, de la vitesse
d’expansion.
231
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a) L’ophiolite d’Oman
L’ophiolite d’Oman s’étend sur 500 km de long et 50 km de large en moyenne ; elle
représente une portion de lithosphère océanique d’épaisseur atteignant 15 km qui
repose sur la croûte continentale. Cette lithosphère océanique a été créée il y a
100 Ma d’années, au Crétacé supérieur, au niveau d’une dorsale à croissance rapide,
dans l’océan Téthys. À tous les niveaux, la croûte présente des recristallisations
métamorphiques plus ou moins importantes. Ce métamorphisme est favorisé par une
circulation hydrothermale, à la faveur de (micro)fractures, qui atteint la limite
croûte-manteau.
Les basaltes et dolérites de la partie supérieure de la croûte sont découpés par un
réseau dense de veines hydrothermales, orientés parallèlement à la dorsale. Trois
générations de veines hydrothermales se succèdent dans le temps, au fur et à mesure
que la croûte refroidit et s’éloigne de la ride (Nehling, 1993). Une première génération
de veines à épidote, quartz et sulfures est attribuée à la convection hydrothermale
active à la ride ; des veines à amphibole se développent dans les fractures qui se
forment par contraction thermique des gabbros en cours de refroidissement. Une
troisième génération de veines de basse température, à zéolite, prehnite, calcite est
liée à la circulation hydrothermale passive « hors axe ».
En s’enfonçant dans la croûte, les conditions de faible degré métamorphique
(faciès Zéolite) évoluent vers des conditions des faciès Schistes verts, puis Amphibo-
lite en relation avec le refroidissement de plus en plus lent des roches magmatiques.
La base du complexe filonien s’enracine dans les gabbros isotropes sous-jacents.
Des enclaves des filons sont emballées dans ces gabbros. La texture doléritique des
filons et des enclaves est remplacée partiellement ou complètement par une texture
granoblastique à grain fin constituée de clinopyroxène secondaire et parfois d’ortho-
pyroxene et/ou d’amphibole brune titanifère. Ces roches sont comparables aux
cornéennes, formées dans les auréoles de métamorphisme de contact. Les tempéra-
tures de ces assemblages sont estimées entre 700 et 1000 °C et sont celles des faciès
Cornéennes à hornblende et à pyroxènes. Ces cornéennes se formeraient lors d’une
migration vers le haut de la lentille magmatique ou d’un gonflement de celle-ci ou
bien encore lors d’une variation de l’intensité du système hydrothermal, ce qui
provoquerait un réchauffement de la racine du complexe filonien et l’assimilation
d’enclaves de filons. Les roches, préalablement métamorphisées selon un trajet
rétrograde en température lors de leur refroidissement dans les conditions du faciès
Amphibolite et/ou du faciès Schistes verts, supportent ensuite un métamorphisme
croissant dans les conditions des faciès Cornéennes à hornblende/pyroxènes pouvant
même atteindre l’anatexie hydratée (Gillis, 2008 ; France, 2009).
En s’écartant de la ride, la lentille magmatique cristallise sous la forme de gabbros
isotropes qui présentent une texture ophitique. Cette portion de la croûte océanique
232
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233
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observations faites dans des portions de croûte océanique fossile avec ce qui est
observé dans la croûte océanique actuelle échantillonnée in situ.
234
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filonien, recoupée par des gabbros, est atteinte à environ 1500 m sous le plancher
océanique. L’ensemble des échantillons est affecté par une « altération hydrothermale »
dans des conditions de température croissante vers le bas, qui se fait dans les conditions
du faciès Schistes verts (actinote/hornblende brun-verte, albite, chlorite, ± épidote,
laumonite). La base des filons, juste au-dessus des gabbros, est constituée d’une roche
à texture granoblastique dont les paragenèses caractéristiques sont : clinopyroxène
+ plagioclase + ilménite + magnétite auquel s’ajoute selon le cas orthopyroxène ou
amphibole. Ces paragenèses témoignent de la recristallisation métamorphique dans les
conditions des faciès Cornéennes à deux pyroxènes et à amphibole. Le géothermo-
mètre, basé sur les deux pyroxènes, indique des températures entre 900 et 1050 °C ;
les géothermométres utilisant l’amphibole (couple amphibole-plagioclase et teneur du
titane dans l’amphibole) donnent des températures échelonnées entre 750 et 1000 °C
(Gillis, 2008). Dans ces conditions, la fusion partielle des filons est possible : de
minces filonnets de plagiogranite pourraient en être le résultat. La recristallisation
est attribuée à un métamorphisme de contact causé par une source de chaleur sous le
complexe filonien qui maintient celui-ci à haute température. Comme nous l’avons
décrit précédemment en Oman, les variations de la profondeur du sommet de la chambre
magmatique permanente à la ride et localisée à la base du complexe filonien,
seraient à l’origine de ce métamorphisme de contact.
235
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236
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v v v
v v vv v v v
v v
Punta Rascia
v
v
v v v
v v v v v
v
v v v vv
Sommet de v v
la Loubatière v
2404
v Cima le
Collet Vert Vert
v v
v Grand Charvia
v
v 2650 1 km
v
vv
le Chenaillet
N
vv chevauchement alpin
v v faille normale
Cab. de v
douaniers faille de détachement - gouge
v
v
v sédiments
vv basaltes en coussin
dolérites
v v v gabbros
vv albitites - Cab. des douaniers
v
péridotites serpentinisées
SW Collet Vert NE
Cima le Vert 2500m
Chenaillet
vv v
v vv v v v
vv
vv
v
vv
vv
vv 2000
v
1 km
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
237
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act-chl-ep
hbv
g
sym
hbb
cpx mag
ab-ep
1 mm
238
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239
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5 cm
240
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Sp + Ol +
500 1000
Chl Ol +
Pl T (˚C)
Opx + V + V
Opx +
"Pl"
Chl+T
Ol
Opx
Pl
r
Tr + Hbb Cpx
Chl
Cpx
Hb
Px + Pl + V
Act
Lherzolite à Plagioclase
Op Ol
x+ +P
l
Cp
1 x+
Sp
Solidus
Lherzolite à Spinelle
Lherzo
lite
P (GPa)
241
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242
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FS
des fractures dans les conditions du faciès Schistes verts. Les métagabbros sont
parfois recoupés par des gabbros non déformés, leucocrates et plus différenciés que
les roches qu’ils recoupent. Ceci indique que les différents processus magmatiques,
tectoniques et métamorphiques sont sub-contemporains et se réalisent à proximité
de la dorsale. Les microstructures des roches métamorphisées, depuis les conditions
du faciès Granulite jusqu’à celle du faciès Schistes verts, à proximité immédiate de
la faille en détachement suggèrent que la déformation est initiée à haute température,
en régime ductile et se poursuit à basse température, en régime cassant tandis que les
roches sont exhumées (Dick et al., 2000).
243
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15.2.4 En conclusion
Le métamorphisme dans la lithosphère océanique a un caractère régional, puisqu’il
est réparti, quoique de façon irrégulière, dans l’ensemble de celle-ci. Cependant, les
processus pétrologiques qui en sont responsables se réalisent localement, à proximité
de la ride. À quelques kilomètres de la ride et en moins de 100 000 ans (en fonction
de la profondeur), les gabbros isotropes seraient refroidis dans les conditions du faciès
Schistes verts (Manning et al., 1996). Le métamorphisme affecte uniquement les roches
magmatiques de la lithosphère océanique et les trajets PTt sont (presque) exclusivement
rétrogrades (figure 15.11).
244
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Solid
us Ga
6
r.
prh-pum
hyd
2 zéolite schistes
amphibolite granulite
bbro
verts
sol.
P km
245
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bouillie crist.
T gabbr
o lités
b temps
Figure 15.11 – Synthèse des trajets PTt et Tt possibles
dans les trois principales unités de la croûte océanique
produite au niveau d’une ride à expansion rapide. (suite)
b) Modèles théoriques de trajets Tt (correspondant aux trajets PTt de la figure a)
mettant en évidence les importantes variations de la vitesse de refroidissement
dans les différents niveaux de la croûte et en fonction du temps. La vitesse de
refroidissement est matérialisée par la pente des trajets : plus la pente est forte,
plus la vitesse de refroidissement est grande. À la base du complexe filonien (CF)
et dans les gabbros isotropes (gb. iso), la température marque un palier tant que
ces formations ne se sont pas éloignées de la lentille magmatique. Ce palier n’est
pas régulier et peut être perturbé par des variations de température. Remarquez la
vitesse de refroidissement très faible dans la partie inférieure du complexe
gabbroïque : les gabbros lités atteindront les conditions du faciès Schistes verts
bien après les roches de la partie supérieure de la croûte. Comme sur la figure a,
les lignes continues matérialisent les portions des trajets pour lesquelles les roches
ont de fortes chances de recristalliser.
246
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Exercice
Exercice
parfois entouré d’amphibole. Le gabbro contient trois morceaux d’une roche foliée
(A). Dans celle-ci, la foliation est marquée par une amphibole noire qui a une forme
en amande lorsqu’elle remplace un pyroxène magmatique. Le minéral blanc est du
plagioclase. La roche foliée est une amphibolite, produit de la déformation et du
métamorphisme de ride d’un gabbro. Un filon basaltique (Bas.) est visible sur la
partie gauche de la figure.
Décomposez l’histoire de cet affleurement et tirez en des conclusions sur la chrono-
logie des événements de cette portion de lithosphère océanique liguro-piémontiaise
obduite sur le domaine alpin briançonnais. En vous inspirant de la figure 15.11,
proposez des trajets PTt pour les différentes roches de cet affleurement.
247
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A
Bas.
Gb
10 cm
Solution
1.1 L’amphibolite, en enclaves dans le gabbro, est la première roche à se former. Il
s’agit d’un métagabbro qui a été métamorphisé et déformé avant d’être arraché par
le magma à l’origine du gabbro hôte. L’amphibolite était fracturée et a été disloquée
en trois morceaux. L’amphibole autour de certains cristaux de pyroxènes du gabbro
hôte montre que celui-ci est lui-même métamorphisé à son tour au cours de son
refroidissement comme nous l’avons discuté au paragraphe 15.2.2 a de ce chapitre.
L’intrusion du filon basaltique qui recoupe à la fois le gabbro et l’amphibolite est le
dernier événement.
L’intérêt de cette roche dépasse le simple exercice de chronologie relative et montre
la complexité de détail de la chronologie des événements dans cette ophiolite du
Chenaillet. En effet, cette roche témoigne de la mise en place d’une première lentille
gabbroïque qui est déformée et métamorphisée lors de son refroidissement. Un
morceau de cette lentille, plus ou moins refroidie, est incorporé dans une autre poche
magmatique qui se refroidit et est métamorphisée à son tour. Le filon basaltique scelle
cette histoire et confirme que les deux événements métamorphiques (et déformation)
sont bien contemporains de la formation de la lithosphère océanique.
Dans les rides lentes, la production magmatique est faible et épisodique. La croûte
océanique est discontinue : les masses de gabbros se mettent en place par étape dans
le manteau. Par voie de conséquence, l’apport thermique, directement lié à la mise en
place épisodique des gabbros, est discontinu et localisé. Le métamorphisme océanique
qui en résulte n’est pas un processus continu et général, mais il est le résultat de la
juxtaposition d’événements localisés.
Le trajet PTt de l’amphibolite (A) pourrait être semblable au trajet à profondeur
intermédiaire de la figure 15.11 ; l’étape de réchauffement de ce trajet correspond à
l’incorporation de l’amphibolite dans le gabbro hôte. Le trajet du gabbro (Gb) est
identique, en excluant le « réchauffement » intermédiaire ; le trajet du filon (Bas.)
est identique au trajet à basse pression de la figure 15.11. Cet exercice résume les
principaux trajets PTt des roches de la croûte océanique produite au niveau d’une
ride à expansion lente.
248
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GRANULITES
ET ÉCLOGITES DANS LE
LES 16
MANTEAU : MAGMATISME
INTRA-MANTELLIQUE
ET RECYCLAGE DE LA
LITHOSPHÈRE OCÉANIQUE
et métamorphisme intra-mantellique
16.3 Les éclogites du manteau supérieur : cristallisation à haute pression d’un
magma basaltique ou témoins des océans engloutis dans le manteau ?
249
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centimètres cubes à quelques mètres cubes) des roches constituant le conduit, exhumant
ainsi des échantillons du manteau supérieur, de la croûte profonde et superficielle.
Ce mode de gisement présente des avantages et des inconvénients. L’inconvénient
majeur des xénolithes est l’absence de relations géométriques et structurales entre
les différents échantillons. Leur principal intérêt est, bien entendu, de rendre acces-
sibles des roches qui sont difficilement exhumées par la tectonique. D’autre part, les
xénolithes ne sont pas affectés par la rétromorphose liée à la baisse de pression et de
température que provoque l’exhumation, car la vitesse de cette exhumation est très
grande (quelques km/h) devant la vitesse de réaction. C’est ce qui permet au diamant,
polymorphe de très haute pression du carbone d’exister, à l’état métastable, à la surface
du globe : celui-ci est ramené à la surface dans la lave kimberlitique. Cependant, les
xénolithes peuvent être affectés par le thermo-métamorphisme qui peut provoquer
une fusion partielle ou complète des roches, produisant des büchites. L’intensité de
ce thermo-métamorphisme dépend de la taille de l’enclave, de la vitesse d’exhumation
et du mécanisme éruptif : l’empreinte du thermo-métamorphisme est forte si l’enclave
est transportée dans du magma et séjourne à la surface dans une coulée volcanique.
L’interaction avec le magma est faible dans le cas d’un mécanisme éruptif explosif
et le thermo-métamorphisme faible ou absent.
250
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Hbl
0,5
Ol + Pl
Moho
Solid
(Spr)
Opx + Cpx + Spl
us G
(Cpx)
1
abbro
Opx
+Pl+S
pl
Grt +Spr
Spr +Cpx (Grt)
1,5
Ol + Grt
P (GPa)
251
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254
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GUISE
DE CONCLUSION :
EN 17
ÉVOLUTION
DU MÉTAMORPHISME
DANS LE TEMPS
Ils deviennent encore plus rares à l’époque précambrienne (> 590 Ma) et sont totale-
ment absents à l’Archéen (> 2 600 Ma). Dans les chaînes récentes, le métamor-
phisme de MP succède parfois au métamorphisme de HP. Ce métamorphisme est la
règle générale dans les chaînes primaires ; il se fait rare à l’Archéen. Le gradient de
HT-BP, rare dans les chaînes récentes, succède parfois aux conditions de MP dans les
chaînes paléozoïques et devient la règle générale à l’Archéen.
Cette évolution des gradients métamorphiques au cours du temps peut être mise
en relation avec le refroidissement du globe depuis l’Archéen. Mais il nous faut
également tenir compte de la chronologie des événements thermiques au cours de
l’évolution des zones de convergence et du degré d’érosion des chaînes.
255
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dant, de densité plus faible que la croûte océanique, la croûte continentale ne peut
s’enfoncer indéfiniment dans le manteau. Le déplacement horizontal de la convergence
n’est plus absorbé par le simple coulissage au niveau d’un grand cisaillement le long
de la zone de subduction, mais par un épaississement vertical (et éventuellement une
expulsion latérale). La déformation se répartit sur un volume considérable, ce qui
freine le déplacement relatif des plaques. Il s’ensuit un ralentissement de la vitesse de
plongement, et, de ce fait, un réchauffement du géotherme. D’autre part, ce réchauf-
fement est renforcé par le doublement de la croûte continentale qui concentre les
éléments radioactifs, source de chaleur considérable. On assiste à une augmentation
significative du géotherme (diagramme P-T t4-t7) qui dépasse le géotherme « moyen »
de la lithosphère stable. Les conditions de l’anatexie peuvent être localement atteintes.
Pour bien comprendre l’évolution thermique de la chaîne à ce stade, il est nécessaire
de suivre les trajectoires de (au moins !) deux roches situées dans des unités structurales
différentes. La première (étoile grise : figure 17.1 t4 à t6) se localise dans la portion
de croûte océanique qui, après avoir été entraînée dans la subduction, se trouve pincée
dans le chevauchement intra-continental qui matérialise la suture. La deuxième (rond)
se trouve sur la partie superficielle de la croûte continentale chevauchée. La première
roche appartenant à la croûte océanique, subduite avant le début de la collision, a été
transformée en éclogite de HP-BT à t4. Au début de la collision (à t5), lorsque la croûte
continentale est sous-charriée sous la croûte océanique, cette dernière est ramenée
vers la surface tandis que le géotherme évolue vers de plus hautes T. La pression
exercée sur l’éclogite diminue tandis que celle-ci se réchauffe, (diagramme P-T : de
t5 à t6). Dans le même temps, l’échantillon de la croûte continentale chevauchée
(sous-charriée) s’enfonce et se réchauffe dans les conditions du gradient métamor-
phique de MP (rond noir sur le diagramme P-T à t5). Par le jeu des déplacements
relatifs de part et d’autre du chevauchement, les deux échantillons peuvent être mis
en contact (diagramme P-T à t6) : ils ont alors une histoire thermique commune.
Ainsi, la collision n’arrête pas la convergence : en Himalaya, 40 Ma après la
fermeture de l’océan, l’Inde continue de se rapprocher du bloc asiatique, avec une
vitesse réduite de moitié. La déformation se propage vers les parties externes de la
chaîne où métamorphisme et déformation sont de plus en plus récents (figure 17.1- t6).
Lorsque le mouvement de convergence s’interrompt, la croûte continentale épais-
sie est en déséquilibre gravitaire. Elle s’amincit par la combinaison de processus
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
257
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t1 t1 500 1000
T ˚C
Solidus Gabb
0,5
t2 1,0
ro
P
GPa
Solidus Gab
1,0
bro
Ophiol. Arc
t4 t3
2,0 Subduction
P
GPa
t4-t7 500 1000
t5
T ˚C
1,0 t6
t4 t5
t6 A
2,0
P t4
GPa
érosion t8 500 1000
t7 T ˚C
Solidus Ga
1,0
bbro
t8 A
P
GPa
258
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d’un gradient métamorphique de HT-BP (diagramme P-T à t8). Par ailleurs, la chaleur
fournie est suffisante pour provoquer une anatexie volumineuse, nécessaire pour
produire une quantité de magma granitique susceptible de migrer vers les parties
superficielles de la croûte, laissant dans la partie profonde un résidu réfractaire ultra-
métamorphique. C’est le processus de la différenciation intracrustale. Si l’extension
post-orogénique se poursuit, la lithosphère peut évoluer à nouveau vers l’océanisation
(figure 17.1- t1).
259
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exister à cette époque. À plus hautes températures et pressions (> 1GPa), les conditions
de l’anatexie hydratée seraient atteintes : si la croûte océanique archéenne subduite
est hydratée, celle-ci fond partiellement, produisant des magmas adakitiques, qui
seraient à l’origine de la croûte continentale (Martin, 1986). Les portions anhydres
atteindraient les conditions du faciès Éclogite (de HT). Dans ces conditions, les roches
d’UHP ne devaient pas exister à cette époque : en effet, le long de ce géotherme archéen,
les conditions de formation des roches d’UHP sont atteintes à très hautes températures,
supérieures à 1 100 °C, température maximum supposée pour les roches crustales
(figure 17.2). Toutefois, la réalité du géotherme « GArchéen » de la figure 17.2 n’est
pas démontrée et il reste pour l’instant une hypothèse.
261
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La rareté des éclogites dans les ceintures vertes archéennes est également
compatible avec l’hypothèse d’un géotherme de subduction archéen chaud : la croûte
océanique en subduction fondrait avant sa déshydratation et ne serait donc pas ou
peu éclogitisée. Cependant, cette rareté ne permet pas d’exclure que ces roches n’aient
pas existé. En effet, les chances, pour ces éclogites, d’échapper à une rétromorphose
dans les conditions du faciès Granulite ou Amphibolite dans une lithosphère chaude
ou à l’érosion sont minimes.
Les témoins d’éclogitisation les plus anciens connus actuellement sont les filons
d’éclogites de la ceinture mobile de Belomorian dans le bouclier baltique (sur la
côte de la Mer Blanche) qui ont 2,7 Ga (Volodichev et al., 2004). Leur composition
chimique serait proche de celles des basaltes de la ride océanique. La paragenèse
éclogitique est à omphacite-grenat et montre les indices classiques de la rétromorphose
par décompression : symplectite à hornblende - plagioclase autour du grenat et
clinopyroxène - plagioclase qui remplace l’omphacite. Des inclusions d’amphibole,
chlorite, pumpellyite dans le grenat seraient des reliques anté-éclogitiques. Les
conditions de formation de la paragenèse éclogitique sont estimées à 14,0-17,5 kb et
740-865 °C pour l’éclogite du village de Gridino et 14-15 kb et ~ 700 °C pour
l’éclogite de Salma. Ces conditions se situent à proximité immédiate du géotherme
« GArchéen ». Il faut toutefois être certain que ces évaluations correspondent bien
aux conditions maximales du métamorphisme et de l’enfouissement.
De même, la ceinture paléoprotérozoïque de l’Usagaran dans le centre de la Tanzanie
contient une unité de 35 km de long d’éclogites plus ou moins amphibolitisées,
intercalées dans des métapélites. Les éclogites, datées à 2 Ga, sont à omphacite, grenat,
rare disthène et hornblende. Orthopyroxène, clinopyroxène et plagioclase constituent
les minéraux rétrogrades coronitiques. Les conditions optimales du métamorphisme
sont estimées à 18 kb et 750–800 °C, suivi d’un trajet rétrograde de décompression
isotherme (figure 17.2 ; Möller et al., 1995). Au Cameroun, des éclogites ont des
compositions de MORB et enregistrent une pression minimale de 16 kbar à 750-800 °C.
Elles témoignent d’une suture, il y a 2,09 Ga, entre le craton de São Francisco et celui du
Congo Craton (Loose et Schenk, com. pers.)
En Afrique de l’Ouest, la collision entre le craton ouest africain et le bloc central
du continent Gondwana est à l’origine d’éclogites néoprotérozoïques dont les conditions
de cristallisation sont en moyenne de 16-20 kbar, 700-800 °C. (Agbossoumonde
et al., 2001)
Dans la chaîne hercynienne, d’âge paléozoïque, la majorité des éclogites témoignent
de conditions semblables à celles décrites ci-dessus, alors que, seul, un nombre limité
indique des pressions beaucoup plus élevées. Le trajet rétrograde de ces éclogites
paléozoïques débute avec des valeurs moyennes de pression et température aux
alentours de 20 kb-750 °C, se poursuit par une décompression à peu près isotherme
jusqu’à 10-12 kb et se termine par une diminution concomitante de P et T jusqu’aux
environs de 6 kb-600 °C.
En fin de compte, toutes les évaluations thermobarométriques des conditions de
formation des éclogites archéennes, paléoprotérozoïques, néoprotérozoïques, paléo-
zoïques ne sont pas significativement différentes les unes des autres ! Elles ne permettent
262
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Soli
Granulite
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Éclogite
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120
P GPa 50 10 5
pas de mettre en évidence une variation du géotherme des zones de subduction au cours
du temps. L’évolution du contexte géodynamique de la subduction dans lequel se
forment les éclogites : subduction océanique, stade précoce de la collision, vitesse de
convergence variable, etc., a pour conséquence une évolution du géotherme durant
la convergence. Cette évolution du géotherme est à l’origine de trajets PTt variés
dont les différences masquent les variations séculaires possibles du géotherme.
Les xénolithes d’éclogites et pyroxénites à grenat archéennes remontées dans les
cheminées kimberlitiques montrent les mêmes caractéristiques que les xénolites
phanérozoïques (paragraphe 16.3). Il s’agirait soit de portions de la croûte océanique
subduite, soit de cumulats de haute pression à partir de magmas basaltiques hydratées à
263
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la base d’arcs continentaux, ce qui démontrerait le couplage, dès l’Archéen, entre arc
magmatique et zone de subduction. La caractéristique de la tectonique des plaques
moderne est le couplage d’événements métamorphiques contrastés HP-BT / HT-BP
dans le contexte de la convergence. À l’Archéen, le couplage pourrait associer un événe-
ment métamorphique de HP-HT (éclogite-granulite de haute pression) à un événement
d’ultra-haute température (UHT) (Brown, 2006). Des événements, là encore, précoces
dans l’histoire des chaînes anciennes, dont il va être difficile de trouver des témoins !
264
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ANNEXE
1. Diagrammes ACF-A’KF
Le système ACF est un système chimique simplifié à quatre ou cinq constituants qui
est adapté pour représenter les paragenèses des roches magmatiques basiques méta-
morphisées : SiO2-Al2O3-(FeO-MgO)-CaO avec ou sans H2O, selon que l’on considère
un système anhydre ou hydraté. Pour des facilités de représentations graphiques,
lorsque nous retenons les cinq constituants, c'est-à-dire dans le cas d’un système
hydraté, nous choisissons de considérer les deux constituants en excès : SiO 2 et H2O.
Pour respecter la règle des phases (M = C), les phases Qtz et V doivent être présentes
dans tous les assemblages considérés.
Représentation d’une roche. Le système chimique est simplifié ; en conséquence,
la gamme de minéraux utilisés l’est aussi. Albite, feldspath potassique, apatite,
muscovite, biotite ne sont pas représentables dans un diagramme ACF. Lorsque l’on
représente une roche dans ce diagramme, il faut corriger la composition chimique de
la roche des quantités de SiO2, Al2O3, FeO, MgO, CaO qui sont présents dans les
minéraux qui ne peuvent pas être représentés dans le diagramme.
Ainsi, les feldspaths alcalins ne sont pas représentés dans ACF ; seul le pôle calcique
du plagioclase l’est. Il faut donc corriger Al2O3 de la composition chimique de la
roche des quantités de cet élément utilisé dans les deux pôles purs alcalins du feldspath.
La formule de ces minéraux, KAlSi3O8 et NaAlSi3O8, montrent que chacun utilisent
1 K2O/1 Na2O pour 1 Al2O3. A, la quantité d’Al2O3 de la roche, est corrigée ainsi :
(A) = Al2O3 – (Na2O + K2O). Une autre correction commune est celle considérant la
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
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Annexe
(K) = K2O
Les feldspaths ne sont pas représentés dans A’KF. La quantité d’alumine (A’) est
corrigée en conséquence.
Ceci donne A = 1 ; C = 0 ; F = 3.
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1 • Diagrammes ACF-A’KF
A = (1/4) . 100 = 25
C=0
F = (3/4) . 100 = 75
Le grenat pyrope et la solution solide Fe-Mg sont représentés au même point sur
la ligne AF ; le pôle grossulaire se trouve en position similaire sur la ligne A-C
(figure 5.7).
Les compositions chimiques des roches et des minéraux sont généralement données
en pourcentages en poids d’oxydes ; la représentation dans les diagrammes utilise
préférentiellement le nombre de moles. Calculons le nombre de moles des composants
utilisés, en divisant les pourcentages en poids d’oxydes par les masses moléculaires.
Les exemples de calcul pour les roches R1 et R2 et le Cpx de l’exercice 1.1 du
chapitre 5 sont donnés au tableau A1.
% A C F
R1 14 34 52
R2 19 32 49
Cpx 4 45 51
Des feuilles de calcul des diagrammes triangulaires sont proposées à la page http://
christian.nicollet.free.fr/page/LivreMetam/MetamGeodyn.html
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Annexe
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RÉFÉRENCES
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ET OUVRAGES CITÉS
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LÉGENDES COMPLÈTES
DES PLANCHES COULEURS
Sur les microphotographies, les abréviations LPNA et LPA signifient « lumière polarisée
non analysée » et « lumière polarisée et analysée » ; les segments noirs et blancs
mesurent 1 mm. Sur les macrophotographies, les segments rouges mesurent 1 cm.
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Planche 2
1. Relation cristallisation-déformation. Dans ce micaschiste à trois micas (conditions
du faciès Schistes verts), la surface S1 est replissée par une deuxième phase de
déformation responsable d’une S2. Muscovite et chlorite (blanc-gris) sont parallèles
aux deux surfaces de foliation : ces deux minéraux leur sont donc contemporains, ce
qui signifie que ces épisodes de déformation se sont réalisés dans les conditions
thermiques de stabilité de ces minéraux. La biotite en gros cristaux est orientée
obliquement aux deux surfaces. La grosse taille de ces cristaux montre qu’ils se
sont formés dans un régime statique, en dehors de tout épisode de déformation.
Le cristal au milieu de la photo montre que la biotite se forme sur la S1 et est
donc postérieure à celle-ci, mais est « repris » par la S2. La biotite a cristallisé
entre les deux phases de déformation. Le cristal en bas à gauche est partiellement
rétromorphosé en chlorite, probablement durant S2. Parmi les 3 micas, la biotite
est le minéral de plus hautes températures. En conséquence, la cristallisation de
ce minéral entre les deux phases de déformation indique que le pic de T atteint
par cette roche l’a été entre ces deux phases. Ce pic en T correspond à la mise en
place d’un granite après S1 et déformé par S2 (orthogneiss du Pinet dans le dôme
du Lévezou dans le Massif central) ; gradient de MP-HT, faciès Schistes verts.
Microphotographies en LPNA à gauche et LPA à droite. Comparez avec la figure 4.1.
Massif du Lévezou, Massif central.
2. Ces gneiss quartzo-feldspatiques montrent une foliation peu visible (flèches sur
la photo de gauche et stylo sur la photo de droite), car il n’y a pas de minéraux en
feuillets pour bien la visualiser. Le porphyroclaste de grenat au centre des photos
est entouré de cordiérite (bleu marine) formée au cours de la réaction grenat
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Planche 3
1. Nodule de sillimanite fibreuse, la fibrolite (+ biotite) dans un gneiss pélitique ;
faciès Amphibolite. Microphotographie LPNA. Haut-Allier, Massif central.
2. Prismes d’andalousite dans un micaschiste, gradient de BP-HT, faciès Amphi-
bolite. Cap Creus, Pyrénées espagnoles.
3. Réaction polymorphique andalousite = sillimanite. Remarquez que la transfor-
mation se fait dans un plan de schistosité, montrant le rôle de la déformation pour
favoriser cette réaction. Gradient de BP-HT, faciès Amphibolite. Microphotographie
LPNA. Cap Creus, Pyrénées espagnoles.
4. Déstabilisation du disthène en muscovite dans un micaschiste. À proximité
immédiate, la sillimanite (non visible sur la photo) est associée aux micas et ne se
forme pas directement par transformation du disthène. Nous avons remarqué, au
paragraphe 9.3, que cette transformation polymorphique pouvait faire intervenir
des « réactions de lessivage ». Gradient de MP-HT, faciès Amphibolite. Micro-
photographie LPNA. Massif du Lévezou, Massif central.
5. L’orientation régulière des aiguilles bleues très sombres (presque noires) de glauco-
phane sur le plan de schistosité, marque la linéation minérale. Gradient de HP-BT,
faciès Schistes bleus. Métaquartzite. Massif du Queyras.
6. Paragenèse d’UHT à saphirine, grenat, cordiérite, orthopyroxène. À gauche de la
photo, le grenat est entouré d’une symplectite à Opx + Crd formée au cours de la
réaction Grt + Qtz = Opx + Crd. Microphotographie LPNA. Complexe du Gruf,
Alpes centrales.
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et du faciès Schistes bleus. Les deux sommets formés de métabasites, sont séparés,
dans la dépression, par des serpentinites et rares Schistes lustrés. Voir figure 12.4.
Ce panorama mesure environ 2 km de large.
3. Boudin d’éclogite en amande enveloppé par la foliation équilibrée dans les
conditions du faciès Schistes verts. La pointe du marteau (à gauche) donne l’échelle.
Passo Gallarino au pied du mont Viso, Alpes italiennes.
4. Microphotographie de la paragenèse diagnostique de l’éclogite, métabasite dans
le faciès Éclogite : omphacite (clinopyroxène vert, sodique) et grenat ; les petits
cristaux noirs sont du rutile (TiO2). Gradient de HP-BT, faciès Éclogite. LPNA.
Monte Mucrone, zone de Sésia, Alpes italiennes.
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INDEX
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Index
énergie libre 79, 111, 124 isograde 31, 145, 175, 180, 190, 197
de Gibbs 79 isotherme 9, 60, 123, 188, 231
enthalpie 79, 150 Ivrée 55, 213, 233, 249
entropie 21, 79, 111, 125
eutectique 98, 134, 137, 141 J
exhumation 19, 57, 165, 168, 169, 185, 189, jadéite 83, 157
211, 241
L
F
Lépontin (dôme) 173, 174
faciès métamorphique 32, 59, 71, 271 leucosome 132, 134, 138
fermeture isotopique 56 ligne de liaison 62, 99, 108, 196, 197
fluide 13, 56, 84, 87, 130, 140, 214, 233, 242 linéation 39, 50
flux de chaleur 7, 150, 152 d’allongement 39
foliation 39, 50, 240
d’étirement 39
fugacité 16
d’intersection 39
fusion partielle 32, 133, 204, 215, 217
minérale 40
G logiciel de calcul thermodynamique 116
LOT (Lherzolite Ophiolite Types) 229, 236
géotherme 9, 18, 32, 144, 192, 257
de subduction 152, 261 M
à l’Archéen 263
géothermobarométrie 111, 119 Madagascar 50, 116, 218
gneiss 44, 132, 177, 181, 238 majoritique (grenat) 164, 171
Gorringe (banc de) 241 manteau
gradient métamorphique 18, 33, 35, 153, lithosphérique 228
181, 211 supérieur 224
granoblastique 213 marbre 44, 58, 91, 174, 225
granofels 43 massif
Granulite 135, 136, 139, 183, 224, 246, 251, de l’Agly 36, 204, 213
262, 271 du Pilat 36, 207
graphite 148, 157, 158, 161 du Pilat-Velay 213
grille pétrogénétique 78, 94, 100, 147, 194 du Velay 207
Massif central 177, 181, 182, 187, 209
H mélanosome 132, 134
Hess Deep 235 mésosome 132, 134
Himalaya 153, 192, 257 métabasite 33, 63, 71, 117, 123, 161, 180,
HOT (Harzburgite Ophiolite Types) 229, 233 183, 213, 246
métagabbro 43, 159, 238, 242
I MetaMod 190, 212
île de Groix 184 métamorphisme
incongruente (fusion) 98, 134, 138, 141 de contact 27, 145, 148, 235, 245, 271
invariant (point) 61, 95, 97, 100, 136, 142 dynamique 27
IODP 234 inverse 190, 244
isobare (refroidissement) 213, 222, 229, 251, régional 27
256 métapélite 51, 67, 71, 100, 134, 156, 179,
isochimique 88, 108 201, 216, 271
isochore 122 métapéridodite à grenat 207
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Index
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Index
Sésia-Lanzo 55, 57, 156 PTt 18, 22, 24, 25, 46, 54, 162, 187, 190,
silicate d’alumine 61, 81, 127, 130, 177 198, 212, 221, 241, 245, 259
solution solide 64, 112, 118, 194, 267 rétrograde 19, 57, 90, 156, 169
solvus 82, 107, 115 Tt 245
structure 37 transtension 228
subduction 8, 36, 55, 152, 153, 169, 188, T-t 53
201, 247, 254, 256, 260, 263
continentale 168 U
océanique 168 UHP (ultra-hautes pressions) 157, 162, 163,
symplectite 82, 184, 239 165, 256
symplectitique 55 UHT (ultra-haute température) 26, 103, 174,
syncinématique 40, 225 216, 220, 264
univariant 61, 88, 94, 108, 218
T
texture 37, 41, 218, 250 V
coronitique 42 vapeur (phase) 13, 23, 66, 84, 110, 125, 136,
granoblastique 42, 232, 233 230
maillée 236 variance 60, 110, 119
symplectitique 41 Viso 161
THERMOCALC 118 vitesse d’expansion 228, 234, 260
thermochronologie 168 volume molaire 20, 115
thermodynamique 5, 54, 79, 101
trajet X
prograde 19 xénolithe 216, 250, 263
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