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COURS DE
DROIT PATRIMONIAL
DE LA FAMILLE
ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
1. ABOMO (M. L.), Le divorce au Cameroun: pour une réforme, Thèse,
Toulouse I, 1998.
2. ALLIOT (M.), Le droit des successions dans les Etats africains
francophones, RJPIC, 1972, p. 45
3. ANOUKAHA (F.) ELOMO-NTONGA (L.) rédigé
Conçu, et OMBIONO
et dispensé par (S.),
Moïse TIMTCHUENG
Tendances Jurisprudentielles et doctrinales du droit des personnes et de la
AgrégéPolycopie
famille dans l’Ex-Cameroun oriental, Yaoundé, de droit privé1989.
et sciences criminelles
Email : m.timtchueng@univ-dschang.org
4. ANOUKAHA (F.) et POUGOUE (P. G.), Régimes matrimoniaux,
Successions, Droit des conflits, Editions du Jurisclasseur, 1996, Législation
comparée, Fascicule n° 3.
5. ANOUKAHA (F.), La détermination du régime matrimonial légal au
Cameroun, RJA, 1990, pp.
6. ANOUKAHA (F.). la filiation naturelle au Cameroun après
l’ordonnance n° 81/02 du 29 Juin 1981. Penant 1987, p. 7 s.
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I. OBJECTIFS DU COURS
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Deuxième partie : Les successions et libéralités
IV : REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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14. MBEM AKOA (Y. L.), « La mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de
toutes formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) », Miroir du droit,
n° 002, juillet-août-septembre 2009, p. 49 s
15. MEKE MEZE (C.), La problématique des biens de la femme mariée en droit positif
camerounais, Thèse de 3e cycle, Yaoundé, 1981.
16. MELONE (S.), « Régimes matrimoniaux et droits fonciers en Afrique », Penant
1971, pp. 141 et s.
17. MELONE (S.), « Le code civil contre la coutume : la fin d’une suprématie, à
propos des effets patrimoniaux du mariage », RCD, n° 1, pp. 12 et s.
18. MELONE (S.), « Le droit successoral camerounais : étude de quelques points en
jurisprudence », RCD n° 17-18, 1986, p. 55 s
19. MOMO SOFFACK (G. B.), Le partage des successions en droit positif camerounais,
Mémoire Maîtrise, Dschang, 1999.
20. NDOKO (N. C.), « L’idée d’égalité dans le droit successoral camerounais,
dernières tendances de la jurisprudence en matière de successions ab intestat »,
Yaoundé, 1988, inédit.
21. NGONGANG OUANDJI (A.), « La dévolution successorale au Cameroun »,
Penant, 1973, p. 303 s
22. NGUEBOU TOUKAM (J.), « Notion et originalité du partage-rémunération dans
la construction du droit camerounais des régimes matrimoniaux », Juridis
Périodique, n° 30, pP. 57 et s.
23. NICOLE (D.), Réussir les successions et les donations, Guide pratique, Paris, Editions
DE VICCHI, 1993
24. NKOUENDJIN YOTNDA (M.), La Cameroun à la recherche de son droit de la
famille, Paris, L.G.D.J, 1975.
25. NZENANG NGONGANG (B.), Le principe d’égalité en matière successorale, étude de
la jurisprudence des tribunaux de la Menoua et de la Mifi, Mémoire, Maîtrise, 1997
26. POUGOUE (P. G.) et ANOUKAHA (F.), « Mariage- Filiation », Ed. du
Jurisclasseur 1996, Fascicule 2.
27. SERIAUX (A.), Manuel de droit des successions et des libéralités, 1e éd., Paris, PUF,
2003
28. TERRE (F.) et SIMLER (Ph.), Droit civil, les régimes matrimoniaux, Paris, Dalloz,
1989.
29. TERRE (F.) et LEQUETTE (Y.), Successions et libéralités, Paris, Précis Dalloz,
1988.
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obsèques et de l’inhumation opposant des membres de la famille du défunt, RRJ-
Droit prospectif, Université d’Aix-Marseille, n° 01/2015.
31. TIMTCHUENG (M.), « Le droit camerounais des successions dépouillé des
considérations civilistes », Revue générale de droit, Université d’Ottawa, vol. 41 n° 2,
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32. TIMTCHUENG (M.), Le droit camerounais de la famille entre son passé et son avenir,
Thèse Yaoundé, 2000.
33. TIMTCHUENG (M.), Note sous CA Ouest, Arrêt n° 19/cout du 26 janvier 1995,
JP n° 40, p. 51 s
34. YOUEGO (C.), Sources et évolution du droit des successions au Cameroun, Thèse Paris
II, 1994
35. YOUEGO (C.), « La situation juridique du conjoint survivant au Cameroun »,
RJA, n° 2, 1990, p. 37 s.
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INTRODUCTION GENERALE
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C’est pour cette raison que le droit civil a consacré une bonne part de son œuvre à la
réglementation, à l’organisation de cette base naturelle de la société. On devra aussi
relever que c’est d’une famille que toute personne humaine tire son existence.
Pour les étudiants en économie en particulier, outre qu’il est issu d’une famille dont il
doit s’intéresser à la transmission des biens, il est un potentiel candidat au mariage dont
les effets affectent parfois le crédit que les créanciers peuvent lui accorder ou à son
conjoint.
Depuis la colonisation, le droit de la famille est devenu dualiste quant à ses sources, avec
d’une part un droit coutumier de la famille et d’autre part un droit d’inspiration
occidentale porté essentiellement par le code civil. Normalement, chacune de ces deux
sources ont des domaines d’application propres, la première étant du ressort des
juridictions traditionnelles, et la seconde l’apanage des tribunaux modernes. Peu à peu,
ce dualisme s’est estompé, avec une forte emprise des considérations occidentales sur les
conceptions traditionnelles. Utilisant divers subterfuges, la Cour suprême a réussi à
neutraliser le droit coutumier pour consacrer l’application quasi-exclusive des
dispositions du code civil.
Les sources du droit de la famille au Cameroun restent néanmoins les lois et règlements
notamment le code civil de 1804 rendu applicable au Cameroun par l’arrêté du 22 mai
1924, l’arrêté du 16 mars 1935 et l’ordonnance n° 81/02 du 29/06/1981. A côté de ces
sources dites écrites, on a la jurisprudence, la doctrine et la coutume dans les maigres
domaines où elle est encore prise en considération.
De l’exploitation de ces différentes sources, le cours sera organisé suivant les deux aspects
qu’il comporte à savoir d’une part, les régimes matrimoniaux et d’autre part, les
successions et libéralités.
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PREMIERE PARTIE : LES REGIMES MATRIMONIAUX
Les régimes matrimoniaux sont l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports
pécuniaires des époux entre eux d’une part et avec les tiers d’autre part. Le caractère
institutionnel du mariage a conduit le législateur à aménager des règles minimales
applicables à tous les couples, indépendamment de l’option matrimoniale (monogamie
ou polygamie) et du régime matrimonial secondaire applicable. On distinguera alors le
régime matrimonial primaire du régime matrimonial secondaire.
Quel que soit le foyer considéré, les époux sont tenus de deux devoirs
patrimoniaux l’un envers l’autre. Il s’agit du devoir de secours et celui de contribution
aux charges du mariage. C’est un minimum de devoirs pécuniaires auxquels sont
soumises toutes les personnes mariées, quel que soit le régime matrimonial choisi. C’est
pourquoi ils constituent ce qu’on appelle le régime matrimonial primaire. Il comprend
non seulement des devoirs, mais aussi des pouvoirs.
L’exécution des devoirs pécuniaires dont les époux sont tenus varient selon que le foyer
est en harmonie ou en crise.
I. EN TEMPS D’HARMONIE
A. Le devoir de secours
Il est prévu par l’article 212 du code civil. Il consiste dans l’obligation qu’a un
époux, de fournir à son conjoint, selon ses ressources, de quoi vivre. A la différence donc
du devoir d’assistance qui est moral, le devoir de secours est matériel. Pour qu’il soit dû,
il faut d’une part que l’époux créancier soit dans le besoin et d’autre part, que l’autre
époux débiteur dispose des ressources.
Le devoir de secours n’existe qu’entre les époux, c’est-à-dire entre l’homme et la
femme. Aussi dans un foyer polygamique, l’homme ne saurait utiliser les revenus d’une
de ses épouses pour subvenir aux besoins de l’autre. En temps normal, le devoir de
secours s’exécute en même temps que celui de contribution aux charges ménagères.
Elle est prévue non seulement par l’article 214 du code civil, mais encore par
l’article 75 de l’ordonnance de 1981. Ce devoir implique que les époux doivent,
proportionnellement à leurs ressources, pourvoir à l’entretien du ménage et à l’éducation
des enfants. Les charges du ménage dont il est question concernent les charges de
nourriture, de logement (habitation, eau, électricité), de vêtements des enfants et des
époux, les frais de justice, et toutes dépenses faites dans l’intérêt du ménage comme les
frais de funérailles, de vacances etc…
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L’exécution de la contribution n’est pas, comme le devoir de secours,
subordonnée à l’état de besoin d’un époux. Mais au moins chacun doit avoir des
ressources.
1. La mesure de la contribution
Elle est réglée par l’article 214 du code civil. L’alinéa 1er dispose que: « si le contrat
de mariage ne règle pas la contribution des époux aux charges du mariage, ils contribuent à celles-ci
en proportion de leurs facultés respectives ». Les époux peuvent donc, à l’intérieur du contrat
de mariage, s’il y en a eu, s’entendre au sujet de la répartition des ressources respectives
et préciser comment chacun participera aux charges de ménage. Ils peuvent convenir par
exemple, qu’une fraction déterminée des charges incombera à chacun des époux, ou bien
que chacun versera telle somme fixe.
Il convient de noter que l’obligation d’assurer les charges du mariage pèse avant
tout sur le mari que le Code civil fait le chef du ménage. C’est donc lui qui cherchera à
obtenir la contribution de sa femme et se chargera du reste.
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plus d’être accordée. Mais elle se justifie plus par des considérations morales que
juridiques.
Quel que soit l’époux qui a la garde des enfants, il peut obtenir de l’autre une
pension alimentaire pour ces derniers. C’est encore la contribution aux charges
ménagères.
Une procédure expéditive de recouvrement de la pension alimentaire est organisée
par les articles 462 du code de procédure civile et commerciale (C.P.C.C), 213 et suivants
de l’acte Uniforme OHADA n° 6 et 76 de l’ordonnance de 1981. La procédure est
dispensée de tout frais, et la décision à intervenir doit être assortie de l’exécution
provisoire, nonobstant opposition ou appel. L’époux condamné qui reste plus de 2 mois
sans verser la totalité de la pension peut être poursuivi pour abandon de famille,
infraction prévue et réprimée par l’article 180 du code pénal, d’un emprisonnement de 1
mois à 1 an et d’une amende de 20.000 à 400.000 Francs.
I. LA DOMINATION DU MARI
Elle est tirée de l’article 213 alinéa 1 du code civil qui dispose que « le mari est le
chef de famille. Il exerce cette fonction dans l’intérêt commun du ménage et des enfants ». La
permanence de la qualité de chef revenant au mari est encore corroborée par les multiples
autres dispositions du code civil qui parlent tantôt d’autorité paternelle ou de puissance
paternelle. L’ordonnance de 1981 ne fait pas exception à cette règle lorsqu’à l’article 47
elle désigne l’autorité parentale par l’expression « puissance paternelle ». La puissance du
mari ou mieux du père, se révèle plus clairement lorsqu’on l’analyse aussi bien dans la
gestion des biens que dans la gestion des personnes.
Le mari exerce son pouvoir aussi bien sur les biens des époux que sur ceux des
enfants.
Le statut des biens est en principe défini par le régime matrimonial secondaire que
les époux auront choisi. Cependant, lorsque les époux n’ont pas établi de contrat de
mariage (et c’est fréquent dans notre contexte) ils sont soumis en principe au régime légal
de la communauté des meubles et acquêts des articles 1400 et suivants du code civil.
Dans un tel régime l’homme est le gérant de la masse commune. L’article 1421 du code
civil dispose justement que « le mari administre seul les biens de la communauté. Il peut les
vendre, aliéner et hypothéquer sans le concours de la femme ». La jurisprudence a néanmoins
jugé cette disposition discriminatoire et dangereuse et exige désormais, pour la validité
des actes de disposition sur un bien commun, le consentement de la femme, sous peine
de nullité de l’acte.
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La qualité de chef de famille reconnu au mari lui permet encore d’être
l’ordonnateur principal du mariage, la femme n’étant que son délégué, conformément à
214 alinéa 3 du code civil.
C’est encore au droit du mari en tant que chef de famille qu’il faut rattacher le
droit qui lui revient de choisir la résidence familiale. C’est ce qui ressort de l’article 215
du code civil qui précise que « le choix de la résidence de la famille appartient au mari. la femme
est obligée d’habiter avec lui et il est tenu de la recevoir ». La femme ne peut s’opposer au choix
du mari que si elle prouve que la résidence ainsi choisie présente de graves dangers
d’ordre physique ou moral pour la famille. Elle devra alors saisir le juge qui pourrait
l’autoriser à résider séparément. Noter que le texte ne dit pas que le mari peut être enjoint
de changer de résidence, mais prévoit seulement la séparation du couple. A notre sens, si
l’évidence des dangers est établie, le juge devrait astreindre le mari à abandonner son
choix initial.
Même séparée dans un tel contexte (qui n’est pas une séparation de corps à
proprement parlé), la femme est considérée en droit comme ayant toujours son domicile
chez son mari (article 108 c. cv.). L’autorité de l’homme est ainsi très grande sur les biens
des époux. Il en est de même sur les biens des enfants.
Comme le veut l’article 389 du code civil, « le père est, du vivant des époux,
administrateur légal des biens de leurs enfants mineurs non émancipés… ». L’article 384 al. 1 du
c.civ. ajoute que « le père durant le mariage, et après la dissolution, le survivant des père et mère,
auront la jouissance des biens de leurs enfants jusqu’à l’âge de 18 ans accomplis… ». C’est dire
que le mari a de plein droit le pouvoir de la gestion des biens des enfants, et pourrait
d’ailleurs au titre du droit de jouissance légale, utiliser les revenus des biens de ces enfants
pour la satisfaction de ses besoins personnels jusqu’à l’âge de 18 ans. Le pouvoir
d’administration légale lui donne aussi des pouvoirs sur la personne des enfants mineurs.
1. La gestion de la femme
Avant l’abrogation de l’ancien article 213 du code civil par la loi du 18 février
1938, cet article donnait au mari le pouvoir de surveiller la conduite personnelle de sa
femme. Il pouvait ainsi contrôler ses relations avec les tiers, ses correspondances, ses
voyages, etc. La femme ne pouvait entreprendre aucune profession sans le consentement
de son mari. L’homme exerçait ce qu’on a appelé la puissance maritale.
La loi de 1938 a supprimé la puissance maritale en donnant plus de liberté à la
femme pour l’exercice d’une profession. Mais celle-ci reste soumise à son mari. L’article
74 de l’ordonnance de 1981 ainsi que l’article 223 du code civil permettent aujourd’hui à
la femme de travailler sans le consentement préalable de son mari. Mais ces textes ont
conservé le pouvoir du mari de s’opposer à l’exercice d’une telle profession. Si la femme
estime que son opposition est abusive, elle devra solliciter l’arbitrage du juge.
En ce qui concerne la liberté de sortie du territoire national, la loi n° 74/21 du 5
décembre 1974 exigeait de toute femme mariée, outre la présentation d’un passeport et
d’un visa en cours de validité, l’autorisation écrite du mari. Cette dernière exigence a été
supprimée par la loi n° 90/043 du 19 décembre 1990 relative aux conditions d’entrée, de
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séjour et de sortie du territoire camerounais. Mais il demeure que si le mari a de justes
motifs de s’opposer au voyage de sa femme, il pourrait toujours les faire valoir aux
autorités compétentes.
A. En période de paix
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naturellement le mari. Pour que ce dernier en soit dispensé, il lui incombe d’apporter la
preuve que ces dépenses ont été excessives.
Comme déjà signalé, la femme mariée peut de nos jours, en vertu des articles 74
de l’ordonnance de 1981 et 223 du code civil, exercer une profession séparée de celle de
son mari. Certes, le mari peut s’y opposer, mais si l’opposition ne se justifie pas par
l’intérêt du ménage, le juge (TPD ou TGI) peut autoriser la femme à passer outre.
Lorsqu’elle exerce donc une profession salariée, la femme dispose d’une pleine
autonomie de gestion des biens acquis par le fruit de son travail. Ces biens sont dits
réservés. L’article 224 du code civil dit à ce propos que lorsqu’une femme exerce une
profession séparée de celle de son mari, les biens acquis par l’exercice de son activité
professionnelle sont, sur tous les régimes, réservés à son administration et à sa jouissance
pendant la durée du ménage. Afin de lui faciliter la gestion, l’article 222 du code civil et
l’article75 de l’ordonnance de 1981 permettent à la femme d’ouvrir un compte en son
propre nom pour y déposer ou en retirer les fonds dont elle a la libre disposition.
Etant investie d’une autonomie de gestion, la femme peut évidemment engager ses
biens. L’article 225 du code civil, donne la possibilité à ses créanciers personnels de saisir
les biens réservés de la femme, même si l’obligation n’a pas été contractée dans l’exercice
de sa profession. En revanche, les créanciers du mari ou de la communauté ne peuvent
exercer leurs poursuites sur les fonds ou les biens réservés de la femme que s’ils
établissent que l’obligation a été contractée dans l’intérêt du ménage (article 75 al 2
ordonnance 1981).
En laissant de côté les hypothèses des articles 217 et 219 du code civil où le juge
peut autoriser chacun des époux (y compris la femme) à agir seul alors que le concours de
l’autre était nécessaire, on citera surtout le cas où la femme peut devenir chef de famille
en lieu et place de son mari. Elle accomplit ainsi toutes les attributions lorsque, comme le
veut l’article 213 al 3 du c.civ, le mari est hors d’état de manifester sa volonté en raison
de son incapacité, de son absence, de son éloignement ou de toute autre cause.
C’est ainsi que la femme devient de plein droit administratrice des biens des
enfants lorsque le mari est frappé de déchéance. Elle est alors investie des prérogatives
attachées à la puissance paternelle tant sur les biens que les personnes des enfants (article
389 al 2 civil).
245- Le régime matrimonial doit normalement être déterminé par un acte de volonté
non équivoque des époux appelé contrat de mariage. Mais dans le droit applicable au
Cameroun anglophone, la manifestation d’une volonté expresse perd tout son intérêt,
puisqu’il n’est reconnu qu’un seul type de régime matrimonial, à savoir le régime
séparatiste. La réglementation d’un choix ne se fait donc jusqu’ici sentir que dans la zone
francophone, où les dispositions du code civil imposent un contrat de mariage, dans
lequel on peut désigner un des multiples régimes offerts.
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SECTION I : REGLES DU CHOIX DU REGIME MATRIMONIAL
I. LA FORME DU CHOIX.
Si les époux veulent déroger au régime légal, ils doivent nécessairement passer par un
notaire. C’est en ce sens que se prononce la jurisprudence camerounaise, laquelle refuse
de faire produire quelque effet à tout choix opéré expressément par les époux, en une
forme autre que notariée. Elle a eu à le rappeler à plusieurs occasions. D’abord dans
l’arrêt Asso’o Benoît1, la Cour Suprême déclare que : « mais attendu que l’article 1394 du
code civil exige que le contrat de mariage soit fait par acte notarié ; que la prétendue stipulation
concernant la mise à la disposition de la solde de l’épouse à la mère de celle-ci ne saurait dès lors
consacrer l’existence d’un régime séparatiste en l’espèce ». La rigueur en l’espèce se comprend
aisément, du fait que les époux n’avaient pas expressément dit se soumettre au régime de
la séparation.
Dans l’affaire TCHANA KWEZE François2, où les époux, sans avoir établi un
contrat de mariage en la forme notariée, avaient néanmoins pris le soin de faire
mentionner dans leur acte de mariage, qu’ils entendaient être régis par le régime de
communauté. Il y avait là une véritable déclaration qu’on se marie sous le régime de la
communauté telle que le prévoit l’article 1400 du code civil. Ce cas était donc distinct des
autres, où les époux réclamaient la communauté sans avoir manifesté une volonté claire,
et où la jurisprudence a pu développer la fameuse théorie de la communauté sous
condition de participation. Le fait d’avoir expressément choisi la communauté aurait
conforté le juge dans le recours à l’article 1400 du code civil, surtout lorsqu’il agit en tant
que juge de droit écrit. Paradoxalement, le juge déniera tout droit sur la communauté à la
dame TCHANA née MALIZEU, se référant implicitement aux solutions antérieurement
dégagées lorsque les époux étaient restés muets, c’est-à-dire à une communauté sous
condition de participation.
En pratique, on se rend compte que malgré la rigueur du juge, les époux résistent à
se rendre chez le notaire, préférant exprimer leur choix plutôt dans leur acte de mariage.
C’est une modalité de choix plus pratique que celle qui vise à aller chez le notaire.
Il s’agit d’abord d’un mode non coûteux, car le service de l’officier est gratuit,
contrairement au recours chez un notaire, dont on sait que tous les actes donnent lieu au
paiement de divers frais 3 . L’atout majeur accordé à la présence d’un notaire est la
complexité des questions en cause, qui mérite dès lors d’être abordée par un spécialiste
.Mais on est bien obligé de relativiser cet atout, dans un contexte camerounais où les
époux se bornent généralement à choisir entre le régime séparatiste et le régime
communautaire, sans autres détails.
On attribue aussi à l’acte notarié, l’avantage d’assurer la conservation d’un acte
important. Or, on ne voit pas comment le choix exprimé dans l’acte de mariage ne serait
1
C.S. arrêt N° 120/cc du 16 Septembre 1982. Tendances P. 90.
2
T.G.I. Wouri. Jugement N° 52 du 03 Novembre 1995. J. P. N° 27. P. 03.
3
Décret n° 95/038 du 28 Février 1995 fixant les tarifs des actes notariés . J.I. n°22, P.30 s.
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pas aussi bien tenu. Les règles d’établissement et de conservation des actes d’état civil
permettent aussi une très grande sécurité des pièces établies par l’officier de l’état civil.
Donc sur le plan de la conservation, il n’y a pas plus de garantie chez le notaire que chez
l’officier d’état civil.
Le choix exprimé devant l’officier d’état civil présente encore un avantage très
considérable par rapport à celui reçu par le notaire : c’est celui de sa facilité. En effet, les
centres d’état civil sont créés un au moins par commune et par mission diplomatique ou
consulaire du Cameroun à l’étranger, avec même l’existence de centres secondaires dans
une commune lorsque l’étendue de celle-ci, la densité de sa population ou les difficultés
de sa communication justifient leur création4. En d’autres termes, les officiers d’état civil
sont rapprochés des populations.
Les notaires par contre sont encore très distants. Ils sont pour l’essentiel
concentrés dans les grandes métropoles de Douala et Yaoundé. L’unique notaire de
Dschang couvre jusqu’ici en situation de monopole, les départements de la Menoua et
des Bamboutos. Ce qui fait que pour accéder à ses services, les usagers de Mbouda sont
obligés de supporter des frais supplémentaires de déplacement. Cette circonstance ne peut
qu’accentuer l’absence des contrats de mariage, puisque l’acte de mariage même n’est pas
régulièrement sollicité malgré sa garantie et sa proximité.
En raison de tous ces paramètres, il est convenable de diversifier les formes du choix du
régime matrimonial. Le recours chez le notaire ne devrait pas être supprimé. Les
avantages reconnus aux actes notariés devraient justifier le maintien de cette forme
comme le principe. Mais à côté, on doit pouvoir reconnaître la valeur du choix opéré
devant l’officier d’état civil. Le contrat fait devant le notaire pourrait être détaillé, alors
que la volonté exprimée au moment du mariage se bornerait à indiquer qu’on opte soit
pour la séparation des biens, soit pour la communauté ; ce qui obligera alors à retourner
aux dispositions légales pour les détails.
La solution que nous préconisons a déjà été retenue par d’autres pays5 et accueillie
favorablement. L’élan de simplification devrait aussi se poursuivre par un
assouplissement du moment de l’adoption d’un régime matrimonial conventionnel
définitif.
A. Le moment du choix
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l’immutabilité des conventions matrimoniales, rappelé par la jurisprudence 6 . On le
justifie par trois raisons. La première est le respect de volontés qui ont concouru à la
conclusion du contrat, puisqu’on avance que le contrat de mariage est un pacte de famille
auquel sont intervenants, outre les futurs époux, leurs parents et d’éventuels donateurs.
La seconde raison est l’intérêt des époux eux-mêmes, car on veut éviter qu’une fois tenus
par les liens du mariage, l’un ne doive céder à l’influence de l’autre pour lui concéder des
avantages injustes. Enfin, on songe à l’intérêt des tiers intéressés à connaître le contrat de
mariage, qui risqueraient d’être trompés par les époux si les modifications pouvaient
facilement être opérées.
On est aujourd’hui obligé de constater que la plupart des raisons ci-dessus
avancées pour justifier la nécessité de faire le contrat avant le mariage une fois pour
toutes ne tiennent pas. D’abord, le contrat de mariage ne voit la participation des
personnes autres que les époux que dans des cas très exceptionnels notamment lorsque
l’un ou les deux époux sont mineurs ou lorsqu’il y a constitution de la dot. Or, dans le
contexte camerounais, déjà on ne songe pas souvent au contrat de mariage, et lorsqu’on y
pense, c’est souvent entre personnes majeures. Et puis, l’idée occidentale de la dot est
presque inconnue chez nous. La dot ici n’a rien à voir avec une masse de biens qui serait
attribuée à l’épouse par ses parents, mais correspond à une prestation que doit fournir
l’époux pour obtenir de ses beaux-parents la libération de sa femme.
Toutes ces réalités font donc que la première justification du moment et de
l’immutabilité du contrat de mariage devienne très fragile.
S’agissant ensuite de l’intérêt des époux, il est difficile d’admettre que celui-ci soit
mieux protégé avant le mariage. On a relevé ce que représente pour la camerounaise, le
mariage. La fille n’a de considération sociale que lorsqu’elle est mariée. Ce qui fait
qu’elle est prête à tout concéder, dans le seul espoir que le mariage ait lieu. Donc pendant
les fiançailles, elle fait tout pour plaire à son fiancé, évitant surtout de lui parler des biens
de leur futur ménage. Elle est alors tellement obnubilée par l’espoir du mariage, que les
questionnements sur la vie au foyer lui paraissent secondaires. C’est même à l’actif de ce
paramètre qu’on pourrait attribuer la rareté des contrats de mariage. Si donc le fiancé
désire dans ces conditions établir un contrat de mariage, il est évident qu’il pourra se voir
concéder tous les avantages souhaités. Ce n’est qu’après le mariage que l’épouse,
désormais sécurisée, parce que se trouvant dans un foyer et contrariée par les réalités du
ménage, peut vraiment se prononcer sur le sens de ses intérêts pécuniaires. L’expérience
du ménage va alors lui montrer les lacunes et les vices du contrat, et lui donner plus de
liberté, plus de courage et plus de sagesse pour négocier à nouveau si l’occasion lui était
offerte.
6
C.S. cor. Arrêt n° 86 du 25 Mai 1971. Affaire BOLLO. Tendances. P. 87.
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éventuelles d’appartenir à la catégorie des créanciers chirographaires. De plus, on peut
très bien conjurer le risque de fraude par des mesures assez strictes de publicité, afin de
s’assurer que les tiers ont été informés des modifications intervenues.
En fin de compte, le contexte camerounais, plus que celui de l’occident, autorise
la mutabilité du contrat de mariage. Comme en France, on doit admettre une mutabilité
contrôlée.. La latitude devrait être laissée aux époux, de décider du moment où ils feront
leur contrat de mariage.
Ils pourraient donc bien se marier sans en avoir fait un. Cela n’impliquerait pas
immédiatement qu’ils n’ont pas un régime conventionnel. Il est vrai que si le mariage
venait à prendre fin entre temps, on leur appliquerait le régime légal. Si les époux ne se
sentent pas prêts à avoir un contrat avant le mariage, on devrait leur permettre de
toujours choisir un dans les dix années du mariage. Et puis, qu’ils aient établi un avant le
mariage ou pendant les dix années, on devrait permettre la modification du contrat initial
lorsque le justifie l’intérêt de la famille. La modification interviendrait en cas d’unanimité
entre les conjoints, par acte notarié, avec la participation de deux témoins. A défaut,
d’accord entre l’homme et sa femme, la modification devrait être demandée au juge, qui
apprécierait la réalité de l’intérêt de la famille allégué, et se prononcerait sur la demande
introduite par l’époux diligent. Evidemment quelques précautions devront être prises
pour les intérêts des tiers. Quelle soit consensuelle ou judiciaire, la modification devrait
être portée en marge de l’ancien contrat et des actes de mariage de chacun des époux. Si
l’un des époux est commerçant, mention doit aussi être faite dans le registre de commerce
et de crédit mobilier du lieu d’immatriculation. En outre, la modification devrait être
publiée dans un journal d’annonces légales. Elle ne produirait d’effets à l’égard des tiers
que trois mois après la publication. Dans tous les cas, les créanciers antérieurs à la
modification pourraient toujours se prévaloir des dispositions nouvelles du contrat si elles
leur semblent plus favorables.
Dans le choix de leur régime matrimonial, les époux bénéficient d’une marge de
liberté très étendue. Aussi, ils ont la possibilité de déterminer librement les clauses de leur
contrat en imaginant même des régimes non prévus par les lois, sauf la réserve de ne pas
porter atteinte aux règles d’ordre public.
Dans l’imagerie populaire, on pense pourtant que les époux n’ont de choix
qu’entre la séparation et la communauté des biens. Pourtant, ces deux catégories
renferme une telle variété qu’en l’état actuel du droit camerounais, on dénombre au
moins onze régimes matrimoniaux proposés par la loi, groupés en régimes séparatistes et
en régimes communautaires.
Les régimes séparatistes sont de trois types à savoir le régime sans communauté 7 , le
régime dotal8 et le régime de séparation9 pure et simple. Les deux premiers régimes sont
aujourd’hui dépassés 10 et même si les époux pourraient toujours les adopter en les
7
Les articles 1530 à 1535 du code civil.
8
Les articles 1540 à 1581 du code civil
9
articles 1536 à 1539
10
Les contrats établis au Cameroun jusqu’en 2001 portaient uniquement sur le régime de séparation pure et
simple.
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décrivant dans les détails de leur contrat, ces régimes ne méritent plus d’être spécialement
proposés par le législateur.
Le régime sans communauté plus perpétue l’incapacité de la femme, alors que tant la
constitution que la jurisprudence consacrent aujourd’hui légalité entre l’homme et la
femme. Dans ce régime, si la femme conserve le droit de disposer de ses biens, elle ne
peut en réalité les vendre que si elle est autorisée, préalablement par son mari, et sur son
refus, celle de la justice, faute de quoi la vente est nulle.
L’appellation du régime donne pourtant à penser que la femme ne serait pas si rabaissée.
Si donc la femme n’est pas très avisée, elle pourrait facilement accepter ce régime en
pensant qu’elle opte pour une séparation tant des biens que des pouvoirs de gestion, de
jouissance et de disposition. A un moment où l’émancipation de la femme, manifestée
par son degré d’instruction et son aptitude à s’occuper d’autant de responsabilités que
l’homme est réelle, le législateur devrait se garder de proposer un tel régime, qui
s’apparente en la négation de la personnalité de la femme.
Le régime dotal est un régime dans lequel chacun a la propriété de ses biens, mais où
ceux de la femme sont divisés en deux catégories, avec d’une part ce qu’on appelle les
biens dotaux et d’autre part, ce qu’on appelle les biens paraphernaux. Les biens dotaux
sont ceux que la femme laisse à l’administration et à la jouissance du mari dans le contrat
de mariage. Leur liste n’est pas spécifiée par la loi. Il appartient donc au constituant de
faire d’un bien un bien dotal, par une clause expresse du contrat. Par contre, les biens
dits paraphernaux comprennent normalement des biens de moindre importance sur
lesquels la femme garde un relatif pouvoir d’autonomie.
Il faut dire que le régime dotal a été abandonné par plusieurs législations11 sur la
base des arguments qui sont pleinement valables au Cameroun. On reproche à ce régime
d’être inadapté à l’évolution des mœurs 12 , eu égard surtout à son caractère
antiéconomique. En effet les biens dotaux sont en principe frappés d’inaliénabilité. Il
existe certes des hypothèses où les meubles peuvent être vendus par le mari13. Mais les
immeubles sont caractérisés par une inaliénabilité quasi absolue. L’article 1554 du code
civil prévoit en substance que « les immeubles constitués en dot ne peuvent être aliénés ou
hypothéqués pendant le mariage, ni par le mari, ni par la femme, ni par les deux conjointement,
sauf les exceptions qui suivent ». Cette inaliénabilité est contraire tant à une saine gestion des
biens qu’aux principes gouvernant la propriété et le contrat. L’impossibilité d’aliéner les
biens ne permet pas aux époux d’adapter leur régime aux réalités de leurs vies, dans la
mesure où face à une difficulté, ils ne peuvent même de commun accord, pendant le
mariage, vendre un bien pour la surmonter. De plus, la durée et la généralité de
l’inaliénabilité heurtent une solution de droit commun suivant laquelle une inaliénabilité
doit être temporaire et limitée dans son objet, compte tenu de l’intérêt légitime qui doit la
justifier.
Ajouté à tous ces griefs, le fait que le régime dotal ne frappe d’inaliénabilité que les biens
de la femme, ce qui est inégalitaire, on comprend aisément pourquoi ce régime mérite
d’être purement et simplement supprimé.
11
Depuis la réforme des régimes matrimoniaux en France par la loi du 13 Juillet 1965 ce régime a disparu. La
Côte d’Ivoire, le Togo, le Mali, le Gabon l’ont aussi abandonné. Seul le Sénégal l’a reconduit. Voir
GUINCHARD (S). Le droit de la famille au Sénégal, Paris. LGDJ. 1980 ; Réflexions critiques sur les grandes
orientations du code sénégalais de la famille. Penant 1978. P. 345.
12
MELONE (S). Les effets du mariage dans l’ordre des rapports patrimoniaux. E.J.A. tome 6. P. 272.
13
Lorsque l’homme en est devenu propriétaire, ou lorsque l’entretien de ces biens est onéreuse pour la dot.
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Finalement, il ne resterait des régimes séparatistes que le régime de séparation
pure et simple, caractérisé par une séparation de principe des actifs et des passifs, sauf
obligation pour chacun des conjoints de contribuer aux charges du ménage. C’est le
régime séparatiste auquel l’on se réfère habituellement et qu’une partie de la doctrine
suggère comme devant être le régime supplétif notamment dans les foyers polygamiques.
A. La communauté universelle
La communauté universelle exprime une communion parfaite entre les époux qui sont
alors solidaires copropriétaires de tous les biens à l’exception de ceux attachés à la
personne (habits notamment, linge à l’usage personnel de l’époux, de l’action et de
l’indemnité en réparation d’un dommage moral et corporel, bref de tous les biens et
droits ayant un caractère personnel) et ceux nécessaires au travail de l’époux, mais aussi
solidaires de toutes les dettes contractées par l’autre. Il est néanmoins reconnu la
possibilité pour un donateur de stipuler qu’un bien reste la propriété exclusive de l’un des
époux. Cela suppose que la libéralité ait été faite suivant les formes légales, et
particulièrement suivant la forme notariée, afin que toute ambiguïté soit levée. Les biens
propres sont librement gérés par chacun des époux.
L’avantage de ce régime est d’éviter les difficultés de preuve de la propriété des
biens, dont on sait que malgré les dispositions rigoureuses de la loi 14 , elle n’est pas
toujours facile.
Le Code civil propose deux communautés comportant des acquêts. Il s’agit ainsi de la
communauté réduite aux acquêts et de la communauté légale des meubles et acquêts. Le
terme acquêts signifie normalement dans les régimes de communauté, les biens que les
époux acquièrent pendant le mariage et à titre onéreux. Il y a donc deux éléments qui
caractérisent les acquêts, à savoir d’une part, le mode d’acquisition qui est à titre onéreux,
et d’autre part, le moment de l’acquisition qui se situe pendant le mariage.
Etymologiquement synonyme d’acquisition, le terme acquêt a dans le langage juridique
un sens plus précis et plus restreint. A contrario, les biens qui seraient recueillis en dehors
du mariage ou acquis pendant le mariage par succession, testament ou donation, bref à
titre gratuit, forment la catégorie des « biens à venir », constitutifs dans le régime de
communauté des meubles et acquêts, des propres.
14
En matière immobilière notamment, l’article 8 de l’ordonnance n° 74/1 du 06 Juillet 1974 fixant le régime
foncier veut que les actes constitutifs, translatifs ou extinctifs de droits réels immobiliers soient à peine de nullité
établis en forme notarié. Malgré ce texte, les transactions immobilières se font souvent sans écrit, même sous
seing privé.
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La notion d’acquêt ainsi définie n’est pas cependant mise en œuvre de manière
rigide et systématique. La masse commune peut comprendre des biens qui ne satisfont
pas aux critères ci-dessus ou être amputée des biens qui remplissent pourtant ces
conditions. C’est ainsi que l’article 1498 du code civil donne de l’acquêt un tout autre
sens en disposant que « lorsque les époux stipulent qu’il n’y aura entre eux qu’une communauté
d’acquêts, ils sont censés exclure de la communauté et les dettes de chacun d’eux actuelles et futures,
et leur mobilier respectif présent et futur ». D’après cette disposition donc, l’acquêt serait une
catégorie encore plus restreinte, ne comprenant que les immeubles acquis à titre onéreux
pendant le mariage. Ce n’est que par extension que les meubles échus depuis le mariage
sont réputés acquêts s’il n’y a pas de preuve contraire. Ainsi entendue, la notion d’acquêt
ne dispense pas d’un inventaire approfondi de la composition active des masses propres
et communes.
Le Code civil avait offert un régime supplétif encore dit légal, adapté au contexte
européen monogamique, qui présente des limites et des difficultés d’application sérieuse
au Cameroun où la polygamie est pratiquée. Après avoir rappelé le régime légal, il
convient d’épiloguer sur le meilleur régime supplétif applicable au Cameroun.
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Malgré la clarté des textes, la jurisprudence ne les a pas toujours appliqués. Il se
dégage des décisions rendues que la Cour suprême semble par contre préférer un type
original de communauté sous condition de participation.
L’avant-projet du code civil retient pour sa part à l’article 180 alinéa 1 que : « le
régime matrimonial légal est :
- Pour le mariage monogamique, la communauté des biens réduite aux acquêts et la séparation des
biens.
- Pour le mariage polygamique, la séparation des biens ».
Malheureusement, le texte même de l’avant projet remet par la suite en cause cette
disposition en précisant à l’article 181 qu’« il ne peut être fait application du régime
matrimonial légal aux époux qui ne l’ont pas expressément choisi » et qu’« en l’absence de
convention spéciale, le juge statue sur la demande de partage de biens selon les principes d’équité et
de justice naturelle ».
A notre sens, il est inapproprié de prévoir un régime supplétif unique. Plusieurs
hypothèses doivent être envisagées, qui tiennent compte de deux paramètres, à savoir la
forme du mariage et l’état de la cohabitation du couple.
L’article 1400 du code civil a institué un régime unique, applicable quelle que soit
la forme du mariage. Mais à la vérité, ce régime n’était conçu que pour s’appliquer à la
monogamie puisque la France d’où nous est venu ce texte ignore la polygamie 15 . Et
pourtant, c’est pour cette forme de mariage que la Cour Suprême a consacré le régime
supplétif de la communauté des meubles et acquêts. Dans les affaires NGOUANDJIO16
et CHIMI 17, le mari s’était lié à deux épouses, et le divorce fut prononcé d’avec l’une
d’elles. Saisis pour procéder à la liquidation et au partage du régime matrimonial ayant
existé entre les époux, les juges du fond, plus soucieux de l’équité, ordonnèrent le partage
des biens, dans la proportion de 1/3 pour l’épouse et 2/3 pour le mari, ayant surtout tenu
compte des dates d’entrée de chaque épouse dans le foyer, pour la première affaire, et des
revenus respectifs des époux pour la seconde affaire, et mus certainement par l’idée que
l’épouse restée en mariage récupérerait le second tiers de la part dévolue au mari lorsque
son union viendrait aussi à son terme.
Saisis par les pourvois des maris, la Cour Suprême ne remettra pas en cause le fait que les
Cours d’Appel aient visé l’article 1400 du code civil. Ce qui a le plus motivé les
cassations des deux arrêts, est que l’application des articles 1400 et suivants du code civil
impliquent nécessairement le partage entre les deux conjoints en parts égales, des biens
communs acquis durant l’union dissoute par divorce.
On doit reprocher à ces arrêts de la Cour Suprême de ne pas du tout se soucier d’un
minimum de justice. Le partage systématique par moitié conduit à une injustice,
puisqu’on imagine surtout l’hypothèse où c’est la dernière épouse qui prend l’initiative de
s’en aller la première. Elle se retirera avec la moitié d’un patrimoine constitué
15
CARBONNIER (J) : Droit civil. Tome 2. La famille 17e éd. Thémis P.U.F. 1995. P.82.
16
C.S. arrêt n° 66/L du 18 Juillet 1985. inédit
17
C.S. arrêt n° 68/L du 18 Juillet 1985. Inédit.
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essentiellement par l’effort des précédentes épouses, celles-ci n’ayant de prétention à
élever que sur la part du mari18. Nous pensons que si l’article 1400 devrait s’appliquer, la
donne polygamique nécessitait une adaptation telle que les Cours d’Appel l’ont faite, en
tenant compte soit des dates d’entrée dans le foyer, soit de l’état réel de fortune des divers
époux. C’est pourquoi nous nous rallions à la thèse qui pense que le mariage
polygamique, compte tenu de la complexité des réseaux de relations interpersonnelles et
des rapports patrimoniaux qu’il engendre, est inconciliable avec la communauté19. La
polygamie est un système matrimonial purement coutumier, et ne peut facilement aller
qu’avec la séparation des biens.
Certains législateurs l’ont si bien compris qu’ils ont imposés le régime séparatiste à tous
les couples polygames c’est le cas des législateurs Sénégalais, Ivoirien, Malien et
Togolais20. Un auteur pense qu’il faut rechercher dans tous les cas la volonté expresse ou
implicite des parties. Cette volonté, lorsqu’elle n’est pas clairement exprimée, découlerait
soit des correspondances ou de tout autre document que pourraient s’échanger les époux
tout au long de leur mariage, soit des modalités de célébration du mariage. Ainsi, lorsque
le mariage a été célébré par un officier d’état civil alors que les époux pouvaient le faire
célébrer coutumièrement, le régime applicable serait le régime de droit écrit à savoir la
communauté des meubles et acquêts, alors que si le mariage a été célébré
coutumièrement, on devrait retenir la communauté sous condition de participation
démontrée par la femme21.
Or il se pourrait que les couples polygames choisissent de solliciter l’officier d’état civil.
Les mêmes difficultés relevées pour l’application de la communauté resurgiraient. En
outre, si l’application de ces critères renvoie au partage-rénumération, l’obligation
imposée sur le conjoint d’établir sa participation ne facilite toujours rien, notamment en
polygamie.
Pour notre part, nous pensons que le critère premier devrait rester le choix entre la
forme polygamique et la forme monogamique. La polygamie serait régie en l’absence de
contrat par le régime de séparation pur et simple. La monogamie pourrait alors être
soumise à la communauté réduite aux acquêts, mais à condition que le second paramètre
ne l’interdise à savoir l’état de la cohabitation.
B. L’état de la cohabitation
18
C.A. Douala. 30 Avril 1971. R.C.D. n° 3. P.95. Arrêt WAMBO.
19
POUGOUE (P.G) : Thèse op cit P.46
20
NKOLLO (P) : L’option matrimoniale au Cameroun. R.C.D. n° 37/32 P. 85
21
ANOUKAHA (F) . Une nouvelle étape de l’évolution de la jurisprudence camerounaise en matière de régime
matrimonial supplétif (à propos des affaires KEMADJOU et KOUM). Tendances P. 127 s.
22
NKOUENDJIN YOTNDA (M) : Le Cameroun à la recherche de son droit de la famille. Op Cit. P. 234.
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Mais un minimum de précaution mérite d’être pris. Si l’absence de cohabitation a
commencé seulement dans les deux ans précédant la demande en divorce, on devra
retenir que la communauté a existé jusqu'à la date de la séparation. Mais s’il est établi
que la séparation dure depuis plus de 2 ans, le fait de ne pas porter la crise devant le juge,
soit pour demander le divorce, soit pour solliciter la séparation de corps entraînant
interversion de la communauté, permettra de comprendre que le couple se plaît dans son
état qui devrait s’interpréter comme une volonté implicite de demeurer séparé en chair et
en biens.
Dans tous les cas, comme dans le système anglophone, la séparation des biens ne serait
pas absolue. Il peut toujours arriver que le couple se mette ensemble pour acquérir un
bien. Bien que les titres de propriété soient au nom d’un conjoint, si l’autre justifie qu’il a
contribué à son acquisition, le partage devrait se faire suivant la théorie de la société de
fait23. La participation pourrait être soit financière, soit matérielle, soit même physique.
De plus, on devrait déduire de l’opposition du mari à ce que son épouse exerce une
profession séparée, qu’il accepte de faire partager les acquêts avec sa femme, dans la
proportion de la contribution de cette dernière, déterminée d’après la qualification
professionnelle et les salaires en cours dont elle aurait bénéficié si elle travaillait.
23
Article 17 de la Married Women’s Property Act 1882. Et pour application Hine c/ Hine (1962) All E.R. 345
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DEUXIEME PARTIE : LES SUCCESSIONS ET LIBERALITES
Avec l’arrivée des Occidentaux, l’idée de la propriété individuelle va être introduite dans
notre environnement juridique. Le colonisateur Allemand avait tenté d’introduire la
propriété privée individuelle en organisant un système d’appropriation proche de celui du
livre foncier que connaît le droit germanique. Les Français viendront avec le code civil
qui reconnaît la propriété comme « le droit de disposer des choses de la manière la plus
absolue... »24. Dès lors est reconnue la possibilité de vendre en dehors de la famille. La
conception même des successions qu’introduit le code civil est toute différente. Il est
d’abord question de transmettre les biens laissés par un individu à ceux qui lui survivent
et qui vont acquérir sur lesdits biens un droit de propriété tout aussi absolu. L’aspect
extra-patrimonial des successions qui porte à organiser la substitution du défunt dans ses
tâches extra - patrimoniales est ignoré.
24
Article 544 du code civil.
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I. LES CAUSES D’OUVERTURE DE LA SUCCESSION
A. LA MORT
B. L’ABSENCE ET LA DISPARITION
L’absence se définit comme l’état d’une personne qui est restée si longtemps sans
donner de ses nouvelles, que l’on commence à douter de son existence. Le doute provient
simplement du prolongement du mutisme. Donc aucun événement ne permet de pencher
plus pour la mort que pour la survie. C’est pourquoi le droit préserve les intérêts de
l’absent pendant les 30 années qui suivent les dernières nouvelles ou pendant les cent ans
depuis sa naissance.
Pendant ce temps, les biens font simplement l’objet d’un envoi en possession
provisoire (Art 120 C.civ) dont les bénéficiaires sont tenus des obligations des
dépositaires. C’est 30 ans après les dernières nouvelles ou 100 ans après la naissance de
l’absent que l’envoi en possession devient définitif.
La disparition correspond à l’état d’une personne qui a cessé de donner de ses
nouvelles à la suite d’un événement où sa vie était exposée à un danger, mais dont le
corps n’a pas été trouvé (Article 88 C.civ).
Ici, la probabilité du décès est grande, en raison de l’existence d’une cause
mortelle. C'est pourquoi le droit n’hésite pas à ouvrir la succession du disparu après une
année d’enquête infructueuse ayant abouti à un jugement déclaratif de décès dont les
effets sont identiques à ceux de la mort.
En cas de répartition des biens pour cause d’absence ou de disparition, les droits
des successibles sont précaires, puisqu’en cas de retour de la personne, elle récupère ses
biens dans l’état où ils se trouvent.
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opérations juridiques de règlement de la succession pourraient mettre un temps assez
élastique pour commencer ou pour s’achever, mais ne sauraient jamais servir de point de
départ de la succession.
Pour pouvoir succéder, il faut remplir certaines conditions : venir en rang utile et
être digne pour prétendre recevoir quelque droit.
En droit traditionnel, un seul héritier coutumier avait vocation à être désigné pour
prendre la place et les prérogatives du de cujus. Dans le droit actuel, on préfère parler de
l’héritier principal. Au regard des fonctions qu’est appelé à accomplir l’héritier
coutumier, sa sélection tient surtout compte des critères qui le prédisposent à réussir sa
mission. La volonté du défunt bénéficie en cette matière d’une considération quasi
absolue. Mais en son absence, on recourait en droit traditionnel aux principes de la
primogéniture et du privilège de masculinité. Ces principes coutumiers sont sans valeur
en cas de succession aux biens, puisque pour être éligible, il suffit d’avoir la personnalité
juridique au jour de la succession et d’être digne.
A. LA PERSONALITE JURIDIQUE
L’article 725 du Code civil veut que pour succéder, il faut nécessairement exister à
l’instant de l’ouverture de la succession, et précise en passant que l’enfant qui n’est pas
encore conçu ou qui ne naît pas vivant et viable est inapte à succéder. Les termes de
l’article 725 équivalent en réalité en l’exigence qu’il faut avoir la personnalité juridique au
moment où intervient le décès. On sait que la personnalité juridique apparaît
normalement avec la naissance lorsque l’enfant est né vivant et viable. Mais l’article 725
consacre aussi la règle ‘‘infans conceptus…’’ laquelle permet d’étendre le bénéfice de la
personnalité à tout enfant simplement conçu au moment où survient le décès.
B. LA DIGNITE
Pour succéder au de cujus, il faut être digne. La dignité se présume, ce qui fait que
l’intérêt de l’étude est d’analyser les cas d’indignité. Cette dernière est définie comme
une déchéance qui frappe un héritier coupable d’une faute grave envers le défunt. Elle
entraîne l’exclusion totale du successible de la succession de celui envers qui il s’est
montré indigne.
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1. Les cas d’indignité
Le code civil a limitativement énuméré les circonstances pouvant entraîner une
indignité. Mais la coutume les a complétées en créant des causes additives.
Jugées trop restreintes par le juge coutumier camerounais, les causes légales
d’indignité ont connu des extensions. C’est ainsi qu’ont été érigées au rang de faits
privant du droit de succéder, à côté des causes ci-dessus :
- Le fait d’avoir eu des relations sexuelles avec une épouse du de cujus de son
vivant ;
- Les altercations avec le de cujus non suivies de réconciliation ;
- Le fait de se marier en violation des exigences du de cujus.
La constatation de l’indignité peut être soulevée devant le juge par toutes les
personnes intéressées et particulièrement les cohéritiers de l’indigne ou les héritiers de
rang subséquent. Lorsqu’elle est constatée, elle produit des effets énergiques, mais limités.
L’indigne est exclu totalement de la succession ab intestat, mais continue de jouir
des donations et legs qui auraient été faits à son profit et qui s’imputent plutôt sur la
quotité disponible. Il ne peut aussi perdre le bénéfice des libéralités que si une action en
révocation est intentée.
La relativité de l’indignité peut se révéler à plusieurs titres. L’indignité n’existe
qu’à l’égard d’une succession, celle de la personne envers laquelle l’indigne a causé du
tort. Cela entraîne comme effet que l’indigne pourrait être appelé à une succession en
représentation de celui auquel il ne pouvait succéder. Ensuite, l’indignité n’entraîne
qu’une déchéance personnelle à l’indigne. Ainsi, les enfants de l’indigne peuvent
succéder à leur grand-père de leur propre chef et les droits qu’ils recueillent sont soustraits
à la jouissance légale. Mais les enfants de l’indigne ne peuvent le représenter,
puisque ce dernier n’a aucun droit.
Les multiples prétendants aux biens laissés par le de cujus ne peuvent pas tous lui
succéder. Il existe des principes de dévolution.
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A. LES PRINCIPES DE L’ORDRE ET DU DEGRE
Il convient avant tout de signaler que la vocation successorale dépend des liens de
famille. Sont donc déjà mis à l’écart, les personnes avec qui le de cujus n’a que des
relations d’amitié ou même d’alliance. A l’intérieur même de la famille, on tiendra
ensuite compte de l’ordre et du degré. Les successibles sont ainsi classés par catégories
appelées ordre. L’ordre prioritaire exclut les ordres secondaires. Puis à l’intérieur de
chaque ordre, on tient compte du degré, entendu comme la proximité au de cujus. Le
degré le plus proche exclut les degrés les plus éloignés, et à égalité de degré, les héritiers
viennent en concours. L’ordre normal des successibles comprend cinq groupes
d’héritiers.
1. Les descendants
Ce sont tous les descendants en ligne directe, qu’ils soient légitime ou naturels (à
condition d’être légalement reconnu par le de cujus), du premier, du second ou même du
troisième degré, ceux du degré le plus proche, excluant ceux des degrés subséquents. Les
descendants constituent le 1er ordre. Leur position privilégiée leur permet d’exclure tout
autre, à l’exception du conjoint survivant.
Il s’agit des grands-parents et des oncles et cousins. Ils peuvent être appelés à
succéder en l’absence des autres ordres.
4. Le conjoint survivant
Bien que venant en 4e rang, le conjoint survivant n’est pas exclu par les ordres ci-
dessus. Son rang s’explique seulement par le fait selon lequel il recueille toute la
succession s’il n’existe pas d’héritier dans les autres ordres. Face aux privilégiés, le
conjoint survivant a un droit d’usufruit et non de pleine propriété. Mais sa vocation
successorale est subordonnée à 2 conditions, à savoir l’existence d’un mariage valable et
la subsistance du mariage au moment du décès.
5. L’Etat
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succession, il faut qu’il n’y ait ni successeur, ni légataire universel. On dit alors que la
succession est en déshérence.
L’Etat exerce sa vocation successorale par l’entremise du service des domaines.
L’ordre ci-dessus décrit peut être remis en cause soit par la fente, soit par la
représentation.
1. La fente
La fente est une modalité d’affectation de biens lorsque les personnes appelées à la
succession sont des ascendants ou des collatéraux. Elle permet de diviser la succession
entre les deux lignes paternelle et maternelle. L’ascendant qui se trouve au degré le plus
proche recueille la moitié affectée à sa ligne, et à l’exclusion de tous autres. Les
principales applications de la fente sont indiquées aux articles 733 et 752 du Code civil.
L’article 733 du Code civil dispose que : « Toute succession échue à des ascendants ou à
des collatéraux, se divise en deux parts égales : l’une pour les parents de la ligne paternelle, l’autre
pour les parents de la ligne maternelle. Les parents utérins ou consanguins ne sont pas exclus par les
germains ; mais ils ne prennent part que dans leur ligne, sauf ce qui sera dit à l’article 752. Les
germains prennent part dans les deux lignes. Il ne se fait aucune dévolution d’une ligne à l’autre,
que lorsqu’il ne se trouve aucun ascendant ni collatéral de l’une des deux lignes ».
L’article 752 du Code civil quant à lui énonce ce qui suit : « Le partage de la moitié
ou des trois quarts dévolus aux frères ou sœurs, aux termes de l’article précédent, s’opère entre eux
par égales portions, s’ils sont tous du même lit ; s’ils sont de lits différents, la division se fait par
moitié entre les deux lignes paternelle et maternelle du défunt ; les germains prennent part dans les
deux lignes, et les utérins ou consanguins chacun dans leur ligne seulement ; s’il n’y a de frères ou
sœurs que d’un côté, ils succèdent à la totalité, à l’exclusion de tous autres parents de l’autre ligne ».
La fente déroge au principe que la succession est tout entière attribuée au parent
du degré le plus proche dans l’ordre le plus proche, dans la mesure où elle fait intervenir
dans la succession un parent éloigné appelé à concourir avec un plus proche. Le même
effet peut se produire par le mécanisme de la représentation.
2. La représentation
La représentation est une fiction de la loi, dont l’effet est de faire entrer les
représentants dans la place, dans le degré et dans les droits du représenté. C’est une
dérogation au principe de la dévolution successorale par l’ordre et le degré. Elle permet
aux fils d’une personne prédécédée, de recueillir dans la succession à laquelle leur auteur
aurait été appelé, la part de celui-ci lorsqu’il est en concours avec d’autres successibles du
même degré. Par le jeu de la représentation, une personne plus éloignée est appelée à
exercer les droits d’un héritier plus proche, mort avant le de cujus.
La représentation ne joue que pour les enfants et les frères et sœurs du de cujus.
On ne représente donc pas les ascendants et les collatéraux ordinaires. En outre,
Ne peuvent être représentés que ceux qui auraient eu droit à la succession s’ils avaient
survécu. La représentation n’est donc pas possible pour l’indigne ou l’héritier renonçant.
S’agissant du représentant, il doit être un descendant du représenté. Mais il n’est
pas nécessaire que le représentant soit l’héritier du représenté. C’est ainsi que celui qui a
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renoncé à la succession du représenté, peut représenter celui-ci, de même que celui qui a
été écarté pour indignité.
Ainsi se présente la classification des divers prétendants à la même succession. Les
qualités ayant été clarifiées, il reste maintenant à voir, ce à quoi chacun pourrait
prétendre.
Jusqu’ici, le Code civil distinguait selon que le de cujus n’avait laissé que des
descendants légitimes ou s’il y a aussi des naturels. Si le de cujus n’avait laissé que des
enfants légitimes, ils recueillaient toute la succession, et les parts étaient réparties
également entre eux. S’il avait laissé des descendants légitimes et naturels, les deux
catégories venaient en concours, mais comme le voulait l’article 758 du Code civil,
l’enfant naturel ne pouvait prétendre qu’à la moitié de ce qu’il aurait eu s’il eût été
légitime.
La prise en compte des textes internationaux et de la jurisprudence internationale
oblige désormais à voir les choses autrement. Dans un jugement rendu par le tribunal de
premier degré de Dschang 25 on a assisté une invocation directe de ces textes pour
admettre l’égalité en droits des enfants naturels et légitimes. En substance, pour dénier à
la défenderesse l’éviction de la coutume bamiléké qu’elle jugeait contraire à la loi (le
Code civil) et à l’ordre public, le juge a posé que « la coutume bamiléké qui prône
implicitement l’égalité de tous les enfants se fonde sur ce que l’enfant reste et demeure un
don du ciel ; qu’il n’a pas demandé à naître ; qu’il ne doit pas être sanctionné en raison
d’une faute qu’il n’a pas commise » ; … « que ces règles coutumières qui prônent l’égalité
du traitement entre les enfants sont plutôt en phase avec les conventions internationales
relatives aux droits des enfants » ; … « que notamment, la Convention internationale
relative aux droits de l’enfant adoptée par l’AG ONU le 20 novembre 1989 énonce en
son article 2 que [les Etats parties s’engagent à respecter les droits qui sont énoncés dans
la présente convention et à les garantir à tout enfant relevant de leur juridiction, sans
distinction aucune] » ; … « qu’il s’ensuit que les enfants ne doivent pas être victimes d’un
traitement inégal dont ils ne sont en rien responsables » ; … « attendu que la susdite
convention a été relayée en toutes ses dispositions par la Charte africaine des droits et du
bien-être de l’enfant adoptée à Addis-Abeba en 1990 ; que la ratification s’est faite par le
Cameroun le 05 septembre 1997 ; que la valeur supralégislative des traités et accords
internationaux régulièrement approuvés ou ratifiés par le Cameroun est affirmée par
l’article 45 de la loi n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 02
juin 1972 » ; … « qu’on ne peut, sans exposer à la précarité, les enfants à l’égard desquels
les mesures discriminatoires sont demandées par la défenderesse, réduire leur part
successorale aux aliments ou à la moitié de celle des enfants légitimes qui n’ont pas plus
de mérite » ; … « qu’il y a lieu … d’ordonner le partage par parts égales des biens de feu
Nangmo François entre tous ses enfants ».
25
Jugement n° 122/DL du 11 mai 2006, inédit
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B. DROITS HEREDITAIRES DES ASCENDANTS ET COLLATERAUX
PRIVILEGIES
Les droits héréditaires du conjoint survivant doivent être distingués des droits qu’il
tire du régime matrimonial. En effet, la mort entraîne la dissolution conséquente du
régime matrimonial qu’il faut normalement liquider et partager avant la succession (voir
TIMTCHUENG M. Le droit camerounais de la famille entre son passé et son avenir,
thèse Ydé, 2000 n° 283s). Cela permet d’isoler les droits ayant appartenu en propre au
défunt qui seuls, feront l’objet de la transmission successorale.
Selon les cas, le conjoint survivant succède soit en usufruit, soit en pleine
propriété.
Aux termes de l’article 767 al 4 du C.civ, lorsque le conjoint survivant est face aux
descendants du de cujus, il a droit à ¼ des biens successoraux en usufruit. Mais si les
descendants sont d’un autre lit, l’usufruit équivaut à la part d’un enfant, sans qu’elle
puisse excéder un quart. En présence des ascendants et collatéraux privilégiés du de
cujus, l’usufruit passe à la moitié des biens. Le conjoint survivant recueille la totalité de la
succession en usufruit face aux autres successibles (ascendants et collatéraux ordinaires).
Les proportions ci-dessus doivent être partagées à égalité en cas de pluralité de
conjoints survivants, donc en contexte de polygamie.
L’usufruit accordé au conjoint survivant cesse toutes les fois que des ressources
suffisantes sont déjà à la disposition du bénéficiaire. Le Code civil cite notamment le
remariage du conjoint survivant s’il existe des descendants du défunt, et le fait que le
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conjoint survivant ait reçu du de cujus, des libéralités dont le montant atteint celui de
l’usufruit.
L’héritier est tenu de toutes les dettes du de cujus. S’ils sont plusieurs, elles se
divisent entre eux. Leur obligation ultra vires peut-être poursuivie sur leurs biens
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personnels en cas d’insuffisance des biens recueillis dans la succession. Les dettes dont les
héritiers sont ainsi tenus concernent toutes les dettes, même si elles sont nées d’un fait ou
d’un engagement personnel du défunt. Cependant, certains contrats conclus intuitu
personae cessent de produire effet avec la mort du débiteur. C’est le cas du mandat ou de
certains cas de société. De même l’obligation alimentaire n’est pas transmise.
L’obligation aux legs est l’obligation qu’ont les héritiers d’exécuter les dispositions
testamentaires laissées par le de cujus en délivrant aux légataires ce auquel ils ont droit.
L’obligation aux legs vient s’ajouter à l’obligation aux dettes. Un adage ancien « nemo
liberalis nisi liberatus » (on ne saurait faire de libéralité avant d’avoir payé ses dettes) veut
que les créanciers de la succession soient préférés aux légataires. L’héritier doit donc
acquitter les dettes avant d’exécuter les legs. Mais une fois le passif liquidé, il peut ne plus
rester grand-chose pour exécuter les legs, notamment les legs de somme d’argent qui sont
aussi assimilées aux dettes. Les héritiers doivent donc pouvoir les acquitter sur leurs
propres biens.
Les charges de la succession sont des dettes qui incombent à l’héritier alors
qu’elles n’existaient pas encore du vivant du de cujus. Les charges s’apparentent aux
dettes et non aux legs, car elles ne proviennent pas du testament. Il en résulte qu’elles
doivent être acquittées avant les legs en vertu de l’adage ‘‘nemo liberalis nisi liberatus’’. Elles
comprennent notamment les frais funéraires, les frais de gestion des biens de la
succession et de liquidation de celle-ci, ainsi que les frais de scellés et d’inventaire, etc. En
règle générale les héritiers en sont encore tenus ultra vires heriditatis.
Aucune condition de forme n’est exigée. Il résulte de l’art 778cc qu’elle peut être
expresse ou tacite. Elle est expresse quand on prend le titre ou la qualité d’héritier dans
un acte authentique ou privé . Il s’agit donc d’un écrit quelconque. L’essentiel est que
l’écrit exprime formellement et sans réserve la volonté de prendre la qualité d’héritier.
L’acceptation est tacite, dit l’art 778cc encore ‘‘quand l’héritier fait un acte qui
suppose nécessairement son intention d’accepter, et qu’il n’aurait droit de faire qu’en sa qualité
d’héritier’’
Comme actes impliquant une acceptation tacite, on cite l’appropriation d’un bien
en l’affectant à son usage exclusif, l’exercice d’une action en partage, les actes de
disposition sur les biens successoraux, etc.
Il est des cas où l’héritier peut être forcé d’accepter la succession. C’est notamment
lorsqu’il s’est montré coupable d’un acte de recel successoral. L’art 792cc dispose en ce
sens que « les héritiers qui auraient diverti ou recelé des effets d’une succession sont déchus de la
faculté d’y renoncer : ils demeurent héritiers purs et simples, nonobstant leur renonciation, sans
pouvoir prétendre aucune part dans les objets divertis ou recelés ». L’article 801cc ajoute :
« l’héritier qui s’est rendu coupable de recel, ou qui a omis sciemment et de mauvaise foi, de
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comprendre dans l’inventaire des effets de la succession est déchu du bénéfice d’inventaire ». On
remarque que dans tous ces cas, l’héritier sera forcé de succéder purement et simplement.
L’héritier est non seulement contraint à l’acceptation, mais il ne peut prétendre à aucun
droit sur les objets recelés ou divertis.
Comme tout acte juridique, l’acceptation est susceptible de connaître des vices de
consentement. L’article 783cciv reconnaît même la lésion de ½ à trois conditions : la
découverte d’un testament inconnu de l’héritier au moment où il a accepté la succession,
l’absorption de plus de ½ de la succession par les legs contenus dans ce testament, et la
lésion résultant de ce testament.
B. La renonciation
Elle est plus grave que l’acceptation, et est par conséquent soumise à un régime
plus complexe.
Tout héritier a en principe la faculté de renoncer, sauf s’il a préalablement accepté
ou si le délai d’option est expiré ou enfin si avant ce délai, il a été condamné.
Sur la forme, à la différence de l’acceptation, la renonciation est un acte solennel.
Aux termes de l’article 784 du Code civil, elle doit être expresse et elle ne peut se faire
qu’au greffe du TPI, dans un registre spécial tenu à cet effet.
Au fond, la renonciation est soumise aux conditions des actes unilatéraux.
Quant aux effets, la renonciation accroît la part des autres cohéritiers et en
l’absence de cohéritiers de même rang, profite aux héritiers subséquents.
La renonciation est révocable. L’article 790 du code civil permet à l’héritier qui a
renoncé, de se raviser et d’accepter encore, à la double condition que le droit d’option ne
soit pas éteint par la prescription ou que les autres héritiers n’aient déjà accepté la
succession.
La rétractation de la renonciation fait de l’héritier un acceptant pur et simple.
C. L’acceptation bénéficiaire
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CHAPITRE II : LES LIBERALITES
Les libéralités sont des transmissions d’une valeur patrimoniale à titre gratuit.
Elles peuvent se faire sous deux formes :
- Elles peuvent d’abord se faire entre vifs : dans ce cas, le disposant se dépouille
immédiatement et irrévocablement de la chose donnée en faveur du donataire qui
l’accepte. La libéralité en question est une donation.
- Elles peuvent aussi se faire à cause de mort et se réalisent sous la forme de
testament, défini comme l’acte par lequel le cédant dispose, pour le temps où il
n’existera plus, de tout ou partie de ses biens, et qu’il peut révoquer.
Les donations et les testaments ont en principe des régimes juridiques distincts,
mais un minimum de règles communes leur est applicable.
Les libéralités sont des actes juridiques : la donation est un contrat, et le testament
est un acte unilatéral. Ace titre, les libéralités sont toutes soumises aux conditions
générales de validité des actes juridiques posées par l’article 1108 du code civil.
Mais la méfiance entretenue par le droit à l’égard des libéralités fait qu’elles sont
soumises à une restriction importante à savoir le respect de la quotité disponible.
L’article 1108 du Code civil veut que tout acte juridique ne soit valable que si les
parties ont la capacité, si elles y consentent et s’il y a un objet et une cause licite. Mais
s’agissant des libéralités, elles sont des actes solennels et donc soumis à des conditions de
forme rigoureuses qui seront étudiées dans les règles particulières à chaque type de
libéralités.
Il reste donc les conditions de fond. Mais à ce niveau aussi, les libéralités
connaissent des limites très importantes s’agissant de leur objet. L’importance de ces
limitations justifie que l’objet soit traité à part. En fin de compte, il reste à envisager ici la
capacité, la volonté et la cause.
I. LA CAPACITE
Comme tous les actes juridiques, les libéralités sont soumises à des conditions de
capacité. Le disposant doit avoir la capacité ou du moins être émancipé au moment de
l’acte. Ces principes connaissent quelques atténuations. C’est ainsi que l’article 1095 C.
civ permet au mineur de faire des donations à son partenaire dans le contrat de mariage,
à condition d’avoir le consentement de ses représentants légaux. De plus, dès l’âge de 16
ans, chacun peut valablement tester sans intervention de quelque représentant ou
curateur.
II. LA VOLONTE
Les libéralités étant des actes juridiques, elles ne sauraient être valables que si la
volonté de leurs auteurs a été librement exprimée et sans quelque vice. Il n’y a donc de
volonté si l’auteur au moment de l’acte n’était pas sain d’esprit. Le consentement peut
aussi être vicié par l’erreur, le dol ou la violence dans les conditions du droit commun. Le
défaut de volonté ou une volonté viciée entraîne la nullité de la libéralité.
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III. LA CAUSE
Les articles 1131 et 1133 du c.civ sont des textes de portée générale et s’appliquent
de la sorte tant aux actes onéreux qu’aux libéralités. Il en résulte que l’obligation
engendrée par ces actes ne peut avoir aucun effet si elle est sans cause ou sur une fausse
cause ou sur une cause illicite.
Si le de cujus peut de son vivant disposer de ses biens à titre gratuit, la liberté dont
il jouit n’est pas absolue. Il y a une partie de son patrimoine dont il peut librement
disposer par les libéralités. Il s’agit de ce qu’on appelle la quotité disponible. L’autre
partie doit demeurer sauve. Il s’agit de la réserve légale ou réserve héréditaire, destinée
à assurer la protection de la famille du de cujus. La réserve s’impose lorsqu’on laisse soit
des descendants, soit des ascendants.
Les deux types de libéralité que sont les donations et les testaments présentent au-
delà des conditions générales de validité sus étudiées, de grandes différences, tirées de
leur nature même. La donation est un contrat et le testament un acte unilatéral. Cela
suffit à comprendre que les deux notions ne puissent pas toujours être soumises aux
mêmes règles.
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I. LES DONATIONS
Elle résulte expressément de l’article 931 du c. civ qui dispose que : « tous actes
portant donation entre vifs seront passés devant notaires, dans la forme ordinaire des contrats ; et il
en restera minute sous peine de nullité ». L’inobservation de la forme notariée entraîne la
nullité absolue de l’acte et l’article 1339 du Code civil interdit au donateur de réparer le
vice par un acte confirmatif, d’une donation nulle en la forme. Il exige que la donation
soit refaite en la forme légale.
L’acceptation elle-même doit être faite suivant la forme authentique. Outre
l’exigence de l’authenticité, la donation doit aussi donner lieu à d’autres actes qui doivent
accompagner la minute de la donation.
Ils diffèrent selon que la donation porte sur un meuble ou sur un immeuble.
L’article 948 du Code civil exige pour la validité des donations d’effets mobiliers,
un état estimatif annexé à la minute de la donation. Il s’agit d’un acte contenant la
description et l’estimation des meubles donnés. Cet acte sert également de titre pour le
donataire et ses héritiers lorsqu’il y a lieu à rapport ou à réduction de la donation. Le
défaut d’état estimatif est sanctionné par la nullité.
En principe, les libéralités sont définitives, en ce sens que le disposant perd tout
pouvoir de revenir sur son offre une fois que celle-ci a été acceptée par le bénéficiaire.
Toutefois, les donations peuvent faire l’objet de révocation pour diverses raisons.
Aux termes de l’article 953 du c.civ, la donation pourra être révoquée pour cause
d’inexécution des conditions sous lesquelles elle aura été faite… C’est le cas des
donations qui ont mis des charges sur le donataire et que ce dernier n’a pas exécuté : par
exemple, l’obligation de payer une rente.
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b. La révocation pour cause d’ingratitude
L’article 955 du Code civil cite trois causes d’ingratitude, entraînant la révocation
de la donation. Il s’agit de :
• L’attentat à la vie du donateur, mais à la différence de la cause d’indignité, celle-
ci peut s’appliquer même si le donataire n’a été ni poursuivi, ni condamné pénalement.
• Les sévices, délits ou injures graves dont le donataire se serait rendu coupable
envers le donateur.
• Le refus d’aliments au donateur.
Le testament est défini par l’art 895 du c.civ comme un acte par lequel le
testateur dispose pour le temps où il n’existera plus, de tout ou partie de ses biens et qu’il
peut révoquer.
1. Le testament olographe
Si l’on s’en tient à l’art 970 du Code civil, le testament olographe est un acte
solennel et sous seing privé qui doit être écrit, daté et signé de la main du testateur. En
dehors de ces trois exigences, aucune autre forme n’est nécessaire.
a. L’écrit
L’article 970cciv veut que le testament soit écrit en entier de la main du testateur,
d’où le qualificatif ‘‘olographe’’. Ainsi, est nul en principe le testament rédigé par un tiers
sous la dictée du testateur même si c’est ce dernier qui l’a signé et daté. Ne peuvent opter
pour cette forme que des personnes instruites.
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La loi interdit les testaments préfabriqués où le testateur se borne à compléter les
imprimés. Les mentions portées par un tiers n’invalident pas le testament, mais sont
réputées non écrites.
Le moyen et le support de l’écriture n’importent pas. On peut donc se servir de
l’encre, du sang, du charbon, la sténo, du braille, etc. l’essentiel étant qu’on reconnaisse
la main du testateur. Le support peut être le bois, le papier, le cuir, le mur, la vitre, etc.
l’essentiel étant qu’on y décèle une volonté de tester.
La jurisprudence écarte l’usage de la dactylographie. La jurisprudence a admis la
possibilité de faire préparer le testament par un tiers. Exemple : Ce dernier écrit et le
testateur recopie, ou un tiers écrit au crayon et le testateur repasse à l’encre. Mais si
ultérieurement il s’avère que le testateur ne savait ni lire ou écrire, le testament doit être
annulé, puisque ce n’est plus la volonté de ce dernier qui ne comprenait pas ce qu’il
écrivait.
b. La date
c. La signature
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2. Le testament authentique
Il est régi par l’article 971 civ. On l’appelle encore testament par acte public. Il
s’agit du testament dicté par le testateur lui-même à 2 ou 1 notaire, en présence de deux
témoins. Ce testament a cet avantage que la présence de notaire met le testateur à l’abri
de pressions extérieures et qu’il peut avoir d’eux des conseils ou des précisions sur
certaines formules. De plus, l’acte qui le constate est authentique et ne peut par
conséquent être attaqué que par l’inscription en faux.
Cependant, ses inconvénients viennent surtout de l’absence de secret du fait de la
présence des témoins et de l’obligation d’enregistrement.
Le testament doit être dicté par le testateur, ce qui exclut cette forme aux muets. Il
doit s’agir d’une dictée et non de réponses à des questions, sinon le testament est nul.
Ensuite le testament doit être lu au testateur, de manière à ce que les témoins l’entendent
aussi. Ces derniers doivent être des Camerounais majeurs et doivent savoir signer. En
principe le testament doit être signé du testateur, des témoins et des notaires. Si le
testateur ne peut ou ne sait signer, mention de cette circonstance doit être portée dans
l’acte.
Ne peuvent être témoins : le légataire, les parents et alliés jusqu’au 4e degré. Les
époux ne peuvent être témoins dans le même acte.
Les inconvénients (la publicité) du testament notarié poussent les testateurs à
rechercher une autre forme offrant les mêmes garanties de conservation tout en restant
secrète. C’est le testament mystique.
3. Le testament mystique
Ce sont les testaments faits par des personnes qui se trouvent dans des conditions
exceptionnelles ne leur permettant pas de recourir à un notaire. Ces testaments, pour être
valables, doivent au moins être signés par le testateur, celui qui le reçoit et les témoins
(art 997 civ).
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Ils cessent d’être valables six mois depuis le moment où cessent les circonstances
particulières qui ont permis d’y recourir (art 984.civ 987 et 994 Code civil). Les
hypothèses pouvant donner lieu à ce type de testaments sont : l’existence d’une maladie
contagieuse à caractère endémique, l’impossibilité de communication avec l’extérieur
(cas des marins et voyageurs), l’occupation armée.
Le testament est reçu par un officier d’armée, un médecin, un magistrat, un
officier d’état civil. Dès que la communication sera possible, le testament sera expédié
chez un notaire.
Le testament peut contenir des dispositions diverses. Mais le plus important est la
désignation des légataires. En principe ceux-ci doivent être désignés avec précision. Au-
delà de la désignation du légataire, le testament peut contenir trois sortes de legs :
• le legs universel concerne la disposition testamentaire par laquelle le testateur
donne à une ou plusieurs personnes, la totalité (l’universalité)des biens qu’il laissera à son
décès.
• Le legs à titre universel concerne la transmission d’une quote-part de biens, non
nommément définis.
• Le legs à titre particulier concerne chaque bien particulier. Chacun de ces legs
ayant un régime propre, il convient de leur consacrer quelques développements séparés.
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