PAYS :France RUBRIQUE :L'essentiel acteurs

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SURFACE :149 % JOURNALISTE :Nessim Ben Gharbia
PERIODICITE :Mensuel
1 octobre 2020 - N°261

L’ESSENTIEL / /ACTEURS
VENTE À DISTANCE

Nouveau tour de vis

de l’exécutif
Alors que les dérives en matière de vente à distance sont dénoncées par les associations
de consommateurs, les pouvoirs publics sortent l’arsenal réglementaire et légifèrent à tour de bras
pour encadrer les abus.

Par NessimBen Gharbia personne physique et 375 000 € contrat que le courtage s’inter- l’Assemblée nationale, Valéria
pour une personne morale au roge depuis l’adoption de la loi. Faure-Muntian, seveut quant
oulimie réglemen- lieu de3 000 € et 15 000 €précé- Un client disposant d’un contrat à elle plus précise : « Onrevient
taire sur la vente à demment. Aussi, et alors qu’une multirisque habitation peut-il à la notion de vente addition-

B distance ! Quelques
semaines à peine
après l’entrée en vigueur de
l’avis du Comité consultatif du
secteur financier (CCSF), qui
prescrit « la vente en un temps »
des produits d’assurance, la loi
Naegelena été adoptéele 15 juil-
let dernier par les parlemen-
taires. Les professionnels qui
recourent à cette technique de
commercialisation sont désor-
mais exposésen casde non-res-
pect du dispositif Bloctel à une
amende de 75 000 € pour une
relation contractuelle préexis-
tante autorisait le profession-
nel à joindre son client, bien
qu’inscrit sur Bloctel, pour lui
proposer d’autres produits, les
assurésconcernés ne pourront
désormais être appelésque pour
des produits ou des services af-
férents ou complémentaires à
l’objet du contrat en cours ou
de nature à améliorer sesper-
formances ou saqualité.
Et c’est justement autour de la
notion de produits complémen-
taires ou afférents à l’objet du
être démarché par téléphone
et se voir proposer un contrat
de complémentaire santé ?
Les professionnels ne sont pas
tous du même avis, comme le
souligne Mirelys Reyes, direc-
trice générale de SPB Family :
« Cesindications peuvent prê-
ter à confusion : qu’est-cequ’un
avenant du contrat existant ?
une option complémentaire ?
est-ceque ça va vraiment com-
pléter le contrat existant ? » La
députée LREM et présidente du
groupe d’études assurances de
nelle dans le cadre du devoir de
conseil en assurance. Le profes-
sionnel définit les besoins avec
sesclients, et peut lesdémarcher
ensuitesur cepérimètre. »Aussi,
les professionnels s’interrogent
sur l’épineuse équation entre le
devoir de conseil qu’ils doivent à
leurs clients, même ceux inscrits
sur Bloctel, et le respect de la loi
Naegelen. «C’estnotre quotidien
en tant que courtiers d’appeler
nos clients. Si nous ne le faisons
pas, on ne remplit pas nos obli-
gations », souligne à cet égard

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1 octobre 2020 - N°261

Christophe Hautbourg, direc- différentes pour s’y conformer. 3 QUESTIONSÀ

teur général de Planète CSCA. Ainsi, SPB a tout simplement
DR
Pour éviter les interprétations choisi de renoncer à appeler CHRISTOPHE HAUTBOURG,
hasardeuses,les professionnels ses clients inscrits sur Bloctel. directeurgénéral
appellent lesautorités à clarifi er Un choix radical, assumé par dePlanèteCSCA
la récente loi, soit par le biais Mirelys Reyes : «Même si c’est
d’un décret d’application, soit notre client, lefait qu’il soit ins-
par une position de l’ACPR ou crit sur Bloctel nous a suffi t à ne « Il faut maintenant
encore un avis du CCSF. pasl’appeler.Nouspréféronsévi- stabiliser la
ter les mauvaisessurprises liées réglementation
LAFIND’UNPARADOXE ? à l’interprétation de l’appel, à et laisser les
«L’augmentationdessanctionsfi- savoir si c’esten lien ou pas avec professionnels
nancièresconstitue uneexcellente l’objet del’ancien contrat, et c’est s’y adapter »
nouvelle. Auparavant, l’abonne- unefaçonde prouvernotre bonne
ment à Bloctel coûtait beaucoup foi et notre respect des choix du
plus cher que les amendes pro- consommateur. »
noncéescontrelescontrevenants. Pour sapart, Praeconis a choisi QuellessontvosréactionsparrapportàlaloiNaegelen ?
Jen’ai jamais compris comment d’adapter sesprocessusde vente NousavonspucraindrequelaloiNaegelen vienneremettreencausele
on pouvait avoir des courtiers à l’avis du CSSFet à la loi Nae- consensus trouvéautourdel’avisduCCSF.Aufinal,laloinecontreditpas
sanctionnés de 12 000 € pour gelen, comme l’explique Sidney l’avismaislecomplèteet durcitlaréglementation
applicable.Nousavons
non-respectdela réglementation Mbassi : « Nous avons intégré maintenant unarsenaldemoyensaprioriefficacepourfairecesserles
liée à Bloctel, alors quel’abonne- un systèmede double signature pratiquesnéfastes,toutenpermettantdecontractualiser desproduits
ment en illimité à Bloctel coûte électronique dans notre outil de d’assurance. C’estdésormaisauxautoritésdecontrôle(ACPR et DGCCRF)
50 000 €TTCpar an. Nousavions souscription sur deux supports desanctionner lescontrevenants.
un décalageentre le risque et le différents : le support web et un Cen’estpasfacilepourlescourtiersdes’adapter àcettenouvelle
coût de la mise en conformité, support téléphonique, soit le réglementation, maisc’estfondamentaldelefaire.Silesprofessionnels
cequi encourageait certains à même modèle que les banques, nejouentpaslejeu,onrisquel’interdiction totaledudémarchage
contourner la législation »,sou- avecun lien sur Internet,et un lien téléphonique, voiredelaventeà distance. Cerisquequiexistaitaudébut
ligne Denis Bizien, fondateur et derenvoi deSMSdeconfirmation. duprocessus législatifseraitfortementdommageable pourlaprofession.
président du courtier Filiassur. Aussi, nous avons renforcénotre Lesdérogations audispositifBloctelposent-ellesunproblème
Un diagnostic partagé par le service de contrôle qualité des d’interprétation?
courtier Praeconis par le biais appels, et nous envoyons systé- Avantlaloi Naegelen, vouspouviezrappelerunepersonneinscritesur
de son directeur général adjoint matiquement sur des supports Blocteldansl’hypothèseoùvousaviezavecelleunerelationcontractuelle
Sidney Mbassi : «L’abonnement durables (papier et mail) toutes préexistante.
en illimité à Bloctel estcoûteux les informations relatives aux Aveccetexte,onrestreintcechamp,maisonatterritsuruneformulation
pour les petits courtiers. Il n’est contrats avant souscription. » alambiquée, quipeutdonnerlieuà diversesinterprétations. Àtraversles
surtout pas proportionnel à la échanges quenousavonseusaveclelégislateur, savolontéestclaire:
taille de la société de courtage, UNMARCHÉ ENMUTATION permettreauxcourtiersderemplirleurdevoirdeconseilet decontacter
cequi crée une inégalité entre Si la législation sur la vente àdis- ainsileursclients.Entantquecourtiers,c’estnotrequotidiend’appeler les
structures. » tance des produits d’assurance clients.Sivousnelefaitespas,vousneremplissez pasvotreobligation.
Reste un « anachronisme » seconcentre pour l’instant sur le Lemodèleéconomique delaventeàdistanceest-ilmenacé
pointé par les courtiers relatif démarchage téléphonique, c’est parcedurcissement législatif?
à l’obligation qui leur est faite quecedernier s’adressed’abord Lamiseenconformité suiteàcetteréglementation auncoûtpourles
d’interroger au moins une fois àune clientèle souvent âgéepar- courtiers.Jesouhaitequetouslesacteursjouentlejeuetnousessayons
par mois les fi chiers Bloctel, fois en situation de fragilité. En delesaccompagner surcettevoieavecpourobjectiffinallaprotection
alors que l’activité habituelle parallèle, la VAD sedéveloppe duconsommateur.
de VAD nécessite selon Sidney sur le terrain numérique, avec Pourautant,quandvouspassezdelaventeenuntempsàlaventeen
Mbassi des sollicitations per- des campagnes ciblées sur les deuxtemps,larentabilitén’estpastoutà faitlamême.Ilyaunnouvel
manentes des fi chiers : « Les réseaux sociaux. équilibreàtrouverpourprendreencomptecesnouvelles contraintes
tout
courtiers qui opèrent en VAD Pour l’heure, les parlemen- enconservant unmodèleéconomique viable.Pourcela,il fautmaintenant
achètent tous lesjours desleads taires affi rment ne pas avoir stabiliser
laréglementation etlaisserunpeudetempsauxprofessionnels
qui s’intègrent à leurs fi chiers. été saisispar les associations de pourintégrercesévolutions.
Un courtier moyen va acheter consommateurs sur ce démar-
entre 1 000 et 2 000 leads par chage numérique. Pour Denis
mois, cequi vaavoir pour consé- Bizien, cen’est donc pas tant la
quencela nécessitéde consulter diversifi cation des canaux de offre une transparencetotale sur commercialisation terrain pour
quotidiennement Bloctel. » Face distribution qui poseproblème, la nature des échangesavec les lesquelsla qualité du conseilréel-
à ce durcissement législatif, les mais bien la qualité du conseil consommateurs,bien au-delà de lement fourni estplus diffi cile à
acteurs adoptent des politiques prodigué à l’assuré : « La VAD cequepeuventoffrir desmodesde appréhender. »

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