SOMMAIRE
1. La pragmatique
a) Définition
b) Explication historique
2. La théorie de l’énonciation
a) Définition
b) Représentants
c) La deixis
3. Énonciation/ énoncé
a. La situation de l’énonciation
b. L’énonciation dans la langue
c. Énonciation et interlocution
d. Énonciation directe, énonciation différée,
e. Énonciation rapportée
4. Histoire (récit)/ discours
a. Les temps du discours
b. Les temps du récit
5. Les déictiques
a. Les pronoms personnels
b. La relation d’interlocution
c. Les temps de l’énonciation
d. Les déictiques spatiaux
6. Les discours : direct, indirect, indirect libre
7. Temps verbaux et personnes
8. Les modalités
9. La théorie des actes de langage
a. La classification des actes de langage
b. Les actes de langage indirects
c. La théorie de la conversation
d. Maximes conversationnelles
1. La pragmatique :
Définition : Le terme de pragmatique a pour racine le nom grec « pragma » qui signifie action. De ce nom a été
dérivé l’adjectif « pragmatikos ». En français pragmatique a été tout d’abord employé dans le domaine juridique dès
le Moyen Age dans l’expression « pragmatique-sanction- pragmatica sanctio- en latin médiéval qui désignait un écrit
visant à régler une affaire importante en proposant des solutions concrètes et définitives. Ensuite, à partir du XVIIeme
siècle, dans le domaine scientifique « pragmatique » a désigné toute recherche ou découverte susceptible d’avoir des
applications pratiques.
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Plus récemment, le terme est passé dans le langage courant et il s’emploie dans des expressions telles que « c’est un
esprit pragmatique » ou « c’est un pragmatique » pour désigner quelqu’un qui est enclin à trouver des solutions
concrètes réalistes.
En philosophie, on a qualifié de « pragmatique » toute démarche qui considère que la représentation ou l’idée que
nous avons d’un phénomène n’est constituée que de l’ensemble des aspects pratiques de ce phénomène ; ses
conséquences sur le monde réel et/ou les actions qu’il est possible de lui appliquer. Ceci a conduit, dans les années 30
Charles William Morris à établir un lien entre cette conception philosophique que l’on qualifie du nom de
pragmatisme (anglais : pragmatism, allemand : pragmatismus) et l’analyse des signes, en particulier des signes
linguistiques.
Certains éléments d’une langue peuvent se définir par les relations qu’ils entretiennent avec le monde réel, dans le
cadre du discours c’est-à-dire lorsqu’ils sont employés dans telle ou telle situation, par telle ou telle personne.
2. LA THÉORIE DE L’ÉNONCIATION
Depuis quelques années on conçoit que le terme pragmatique s’impose progressivement et intègre les préoccupations
de la théorie de l’énonciation. Certains auteurs utilisent plutôt la théorie de l’énonciation plutôt que la pragmatique,
dans la mesure où les actes de langage n’ont qu’une place très marginale dans certains livres. Il s’agit des livres
suivants : D. Maingueneau,
(L’énonciation ; Pragmatique pour le discours littéraire, Bordas ,1990) ; E. Benveniste Problèmes de linguistique
générale, Gallimard, 1974, F.Recanati, Les énoncés performatifs. Contribution à la pragmatique, Les Éditions de
Minuit1986, J.Austin »Quand dire, c’est faire », Seuil, 1970).
Certains verbes dits performatifs (Cf. M.Arrivé, M.Galmiche, F.Gadet, La grammaire d’aujourd’hui)
DÉFINITION
Selon E.Benveniste, l’énonciation est l’acte individuel de l’utilisation de la langue, la production de l’énoncé, un acte
réel, produit par je et tu dans une situation réelle, ici, dans un temps réel, maintenant, dans une situation de
communication. On appelle l’énonciation l’acte de parler, l’acte de production d’un énoncé.
Donc, les paramètres linguistiques qui sont censés d’ancrer l’énoncé dans l’énonciation sont : les pronoms personnels,
les adverbes spatio-temporels (les embrayeurs ou les déictiques)
La théorie de l’énonciation se propose de rendre compte des éléments suivants :
1) l’attitude du sujet énonciateur à l’égard de son énoncé. Le sujet peut présenter l’énoncé comme évoquant un fait
certain, probable, possible. Il peut aussi présenter l’évaluation des objets, des personnes, des phénomènes qui
constituent l’objet du discours, donc la présence du sujet d’énonciation dans l’énoncé.
2) le discours est structuré différemment suivant la présence, ou non du sujet d’énonciation
3) la théorie de l’énonciation suppose les relations interpersonnelles entre les protagonistes de l’acte de
communication E->e
Au commencement la théorie de l’énonciation était une théorie du sujet, du moi. Actuellement, elle s’est enrichie
avec les paramètres du destinataire de l’intention discursive (force illocutionnaire).
4) l’espace-temps de la communication. Toute communication se passe dans un espace- temps déterminé qui peut
être contraignant (s’il exerce une influence déterminé sur la langue utilisée) ou non contraignant (si le choix des
moyens linguistiques n’est pas conditionné par les paramètres spatio-temporels.
L’énonciation se manifeste par la présence de certains signes (conditionnés par les instances du discours : les indices
de personne, les démonstratifs, les formes verbales temporelles.
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Donc, les références aux paramètres de la situation, réalisés par ces signes indiciels = constitue la deixis :
l’organisation du domaine spatial, temporel, notionnel par rapport aux interlocuteurs. Il y a ainsi le passage de la
compétence grammaticale, à la compétence de communication.
Ces paramètres de la situation de communication sont nécessaires à construire un modèle de la compétence de
communication de la langue, capable de rendre compte non seulement de la structure grammaticale et sémantique des
phrases mais aussi des éléments constitutifs de l’énonciation.
D’ailleurs, toutes les théories linguistiques à partir des Chomsky sont préoccupées à rendre compte de la langue en
tant que système de communication.
La tâche des linguistes d’étudier les conditions de production des messages et des règles de mise en discours en vue de
la communication
L’étude de la langue ne saurait être limité à celle des phrases hors contexte situationnel. En rejetant l’affirmation que
la langue est un mécanisme qui se suffit à lui-même, les pragmaticiens exigent que l’on introduise dans le processus
didactique les notions d’émetteur-récepteur ainsi que les techniques spéciales de communication.
L’énoncé est différent de la phrase dans le sens que l’énoncé est dit ou écrit pour communiquer, alors que la phrase est
un exemple de la grammaire, parfaitement abstrait et hors situation. Une phrase doit être bien formée d’un groupe
nominal et d’un groupe verbal, alors qu’un énoncé peut être une phrase incomplète. (Ah, partir…Ciel ! Ma femme…)
Passer de la langue au discours c’est faire un acte d’énonciation
3. ÉNONCIATION /ÉNONCÉ
a. La situation de l’énonciation
b. L’énonciation dans la langue
c. Énonciation et interlocution
d. Énonciation directe, énonciation différée,
e. Énonciation rapportée
Dans une première approche on définit l’énonciation comme l’acte individuel pour l’opposer à l’énoncé, objet
linguistique résultant de cette utilisation.
Tout acte d’énonciation est bien un événement unique, supporté par un énonciateur et un destinataire dans le cadre
d’une situation particulière.
On appelle énonciation l’acte de parler, l’acte de production d’un certain énoncé. L’énoncé est différent de la phrase
car il est dit ou écrit pour communiquer tandis que la phrase n’est qu’un exemple de grammaire, parfaitement abstrait
et hors situation. Une phrase est formée d’un groupe nominal et d’un groupe verbal, alors qu’un énoncé peut être une
phrase incomplète. (Ah, rester… Ciel ! mon enfant…)
1. La situation de l’énonciation
L’acte de l’énonciation peut être décrit comme un événement. Il peut se concevoir comme une petite scène inscrite
dans un lieu, dans un temps, exécutée par des acteurs appelés des actants. Temps, lieux et actants sont les éléments
de ce que l’on appelle la situation de l’énonciation. (Sit.ε) et ces éléments sont évidents pour tous ceux qui
produisent et qui assistent à l’acte d’énonciation, surtout par les actants de l’énonciation.
A la référence virtuelle s’oppose la référence actuelle, celle du mot actualisé pendant l’acte d’énonciation.
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3. Énonciation et interlocution
L’interlocution est l’échange entre le locuteur et l’allocutaire. Celui qui parle s’appelle le locuteur. Le destinataire de
l’énoncé est appelé allocutaire (l’interlocuteur). La notion d’interlocution est importante pour rendre compte du
statut de ceux qui participent à l’échange entre locuteur et allocutaire. Mais il y a des énonciations qui ne sont pas
interlocutions : le monologue, le journal intime peuvent être considérés comme des énonciateurs sans interlocution. De
la même façon, les expressions de colère, d’enthousiasme, de douleur sont des énonciations sans allocutaire et ne sont
pas des interlocutions.
L’énonciation différée
Dans cette énonciation la caractéristique principale est que le temps de l’énonciation n’est plus commun au locuteur
et à l’allocutaire. Les exemples les plus significatifs d’énonciation différée sont la correspondance, le texte écrit,
journalistique, didactique ou littéraire, dans lequel l’allocutaire n’a pas le droit de réponse. Dans ces cas ni le temps de
l’énonciation ni le lieu de l’énonciation ne sont communs au locuteur et à l’allocutaire, Ce dernier, ne voyant pas le
locuteur n’est pas en mesure de l’identifier.
5. Énonciation rapportée
Cette énonciation est censée rapporter les conversations qu’il a entendues, souvent avec les termes mêmes dans
lesquelles elles ont été prononcées. Il s’agit d’énonciations rapportées (discours rapportés) avec deux locuteurs : celui
qui raconte et celui qui a tenu les propos racontés, et deux situations d’énonciation différentes. Le discours rapporté
sera étudié dans un autre cours.
On peut considérer comme énonciation rapportée : les pièces de théâtre, films et des sketches d’imitation improvisés.
L’énonciation ou le discours rapporté comporte deux locuteurs : celui dont on entend la voix, ou celui dont on lit
l’écrit n’est pas le véritable responsable des propos rapportés. Le deuxième locuteur est celui qui rapporte les paroles
du premier locuteur.
Cette distinction appartient à E. Benveniste. Elle est connue aussi sous la forme discours/ histoire. La réflexion
actuelle sur l’emploi des temps remonte à un article d’E. Benveniste : « Les relations de temps dans le verbe
français. », repris dans les « Problèmes de linguistique générale » Dans les grammaires traditionnelles, les temps de
l’indicatif alignent dans un unique tableau la liste de leurs conjugaisons sans la moindre solution de continuité. Une
telle présentation donne l’impression que ces « temps » constituent un système homogène (comme si pour produire
un énoncé le locuteur le locuteur se contentait de choisir parmi les formes verbales celle qui possède les valeurs
temporelles et aspectuelles qu’il entend exprimer).
Or, les travaux de Benveniste ont montré que l’indicatif s’analyse en réalité en deux systèmes de temps types
correspondant à deux types d’énonciation complémentaire, l’un appelé discours, l’autre récit ou histoire.
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Ce qui distingue le discours du récit c’est que le premier est rapporté à l’instance d’énonciation alors que le second en
est totalement coupé.
Le passé simple est le temps de base du récit.
Le passé composé est un temps du discours.
Discours et récit
Appartiennent au discours – les énoncés oraux ou écrits référés à l’instance d’énonciation
(c’est-à-dire comportant des embrayeurs : pronoms personnels, possessifs, démonstratifs, adverbes de lieu, de temps.)
Appartiennent au récit des énoncés, presque toujours écrits qui ne contiennent aucune référence à l’instance de
l’énonciation. Ils ne sont compatibles qu’avec la non- personne.
Alors que dans le discours le sujet parlant en même temps qu’il se définit comme « je » assume ses propos, dans le
récit l’énonciateur se pose comme indéterminé, sujet quelconque qui se contente de constater au lieu d’asserter
réellement.
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Les dimensions du passé et du futur n’ont de sens que par opposition au présent, c’est -à –dire seulement à l’intérieur
du discours. C’est pour cette raison que Benveniste préfère parler d’aoriste, terme emprunté à la grammaire grecque,
plutôt que de passé simple.
Il ne faut pas conclure que le récit ne se rencontre qu’à l’écrit. Il peut exister des cas particuliers de récits oraux. Très
souvent, on constate qu’un même texte fait alterner ces deux
types d’énonciation (la présence de citations au discours direct relevant du récit marque un passage au discours.
5. LES DÉICTIQUES
a. Les pronoms personnels
La théorie d’Émile Benveniste
La réflexion actuelle sur les pronoms dits personnels se fonde sur un article d’Emile Benveniste, repris dans
« Problèmes de linguistique générale ». dans cet article, E.B. observe, à partir de l’examen de nombreuses langues
indo –européennes que la flexion verbale à trois personnes, héritée de l’indo-européen n’est pas le type dominant des
langues du monde. C’est que cette catégorisation en trois personnes doit être remise en question.
Seuls « je » et « tu » sont des personnes selon E. Benveniste, tandis que « il » est « la non personne », ce dont on
parle mais qui n’a pas droit à la parole.
-ce sont les seules personnes. Est personne ce qui parle, c’est –à- dire les humains et les assimilés. (tout objet
personnifié, ainsi que Dieu, les anges, les fantômes, les démons, etc.). Par conséquent, la personne n’est propre qu’aux
positions « Je « et « tu ». La troisième personne est, en vertu de sa structure même, la forme non personnelle de la
flexion verbale.
Je et tu sont uniques : le je qui énonce, le tu auquel je s’adresse sont chaque fois uniques.
Mais il peut être une infinité de sujets, ou « aucun ».
Je et tu sont inversibles : Dans l’interlocution, les personnes sont je et tu à tour de rôle. Jetu. Aucune relation
pareille n’est possible entre ces deux personnes tu-je et il, puisque il en soi ne désigne rien ni personne.
Il existe entre je et tu ce que Benveniste appelle une corrélation de subjectivité : je est intérieur à l’énoncé et extérieur
à tu.
Soit : je + locuteur/ tu –locuteur
La troisième personne
Ce que nous appelons à tort la 3 e personne est une non - personne apte à référer à des objets, des abstraits, des neutres,
voire à rien : il pleut (il = non personne). En discours, cette personne sert à désigner l’allocutaire :
- par déférence : Madame est servie ou dans des formules de politesse.
- par mépris : Mais c’est qu’il me cherche, celui-là !
- par condescendance : Mais il a encore grandi, ce bout de chou !
Nous et vous
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Les personnes nous et vous dites du pluriel ne sont pas de vrais pluriels car il n’y a qu’un seul je et tu par énonciation.
(et non plusieurs). Ce sont des formes inclusives ou exclusives de l’allocutaire pour nous, qui correspondent non à des
pluriels, mais à des personnes amplifiées et diffuses. Ainsi dans nous, qui peut être inclusif ou exclusif de vous, on
constate une forte prédominance de je que nous peut dans certains cas, remplacer la première personne : nous de
majesté, nous de l’auteur. C’est aussi le cas de vous de politesse du français.
L’ordre direct/indirect n’est pas le même pour les personnes de discours et la non-personne :
Je le lui donne (dir. et indir.) / je me le donne (indir. + dir.)
. Les personnes de discours ne peuvent apparaître en fonction de complément indirect dans la séquence de deux
compléments antéposés :
Au lieu de * Je me lui donne (incorrect) Je me donne à lui
Mais : Je le lui donne.
b. La relation d’interlocution
On désigne la première personne par le terme de locuteur, la deuxième par celui d’interlocuteur ou d’allocutaire.
La notion d’interlocution est importante pour la communication (elle est la relation entre le locuteur et l’interlocuteur
ou l’allocutaire). En français moderne, il est d’usage d’utiliser, quand on parle d’inconnus, les termes d’adresse
(Madame, Monsieur, Mademoiselle) quand on associe : Madame me disait que.., Monsieur est avant moi..
La notion d’interlocution est importante parce qu’on peut y avoir association à l’interlocution ou rejet : Vous, on ne
vous parle pas ! ( rejet) ; Ce monsieur semble désirer quelque chose.(associe)
La troisième personne, ce dont on parle, ou la non –personne, est parfois désigné par le terme de délocuté.
Mode et référence
Je et tu fonctionnent toujours par référence situationnelle. Le référent ne peut être connu que si l’on connaît la
situation de l’énonciation. Qui parle à qui ?
(Au téléphone, par exemple, le locuteur, ajoutera son nom : C’est moi, Anne !)
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Je et tu sont aussi des déictiques (ou embrayeurs). Je et tu peuvent être a-référentiels (sans référent précis, à valeur
d’indéfini s’appliquant `a tout individu susceptible de dire je et tu. Ce sont les je, tu des expressions figées : Aide-toi,
le ciel t’aidera !
Le je du raisonnement logique est aussi a-référentiel : 4+4=8, je pose 2 je retiens 1.
Le je et tu de la chanson peuvent être aussi classés dans cette catégorie. Ils ne désignent pas un locuteur et un
allocutaire précis, mais sont destinés à représenter tous ceux qui s’identifieront dans la chanson.
Nous et vous
Sont aussi des déictiques fonctionnant en référence situationnelle (en situation de communication) surtout quand je et
tu ne réfèrent qu’au locuteur et à l’allocutaire.
Leur mode de référence est souvent mi-situationnel, mi-discursif comme dans l’exemple :
Avec ma sœur, nous ne nous entendons pas très bien !
Nous et vous peuvent aussi être a-référentiels :
« Une odeur qui vous prend à la gorge !
Je vous demande un peu de patience !
Il / elle
Le pronom il ou elle fonctionne le plus souvent en référence discursive, C’est un représentant, un anaphorique. Il
anaphorise (reprend son antécédent) :
Le pronom on
Le pronom indéfini on présente deux particularités : il ne peut désigner que des humains ou assimilés et il n’a pas de
forme autre que sujet (vous ou soi le remplacent dans les autres fonctions). Dans la plupart de ses emplois, son
fonctionnement est proche de celui de l’article indéfini, c’est-à-dire il a un référent non identifié (extrait aléatoirement
d’un ensemble) :
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« On a souvent besoin d’un plus petit que soi. »
On peut avoir un référent spécifique, mais non identifié :
On frappe à la porte. On m’a dit que… (C’est quelqu’un de bien précis qui frappe à la porte ou qui m’a parlé,
mais je juge inutile de préciser qui.
Du fait qu’il réfère toujours à des humains, on est aussi apte `a représenter de façon indéfinie toutes les personnes du
discours :
-on= je : «On ne vous hait pas ».
-on = nous : « On est tous frères ».
- on=tu : « Alors, on est toujours fâchée ? »
- on=vous : « On se calme ! »
Que (on inclusif), on dit que : les gens disent que (on
Dans le récit journalistique, on peut être inclusif ou exclusif du locuteur primaire (le journaliste : on sait que signifie
le plus souvent nous savons que (on inclusif), on dit que : les gens disent que (on exclusif).
Le présent de l’énonciation
Certains verbes dits performatifs (Cf. M.Arrivé, M.Galmiche, F.Gadet, La grammaire d’aujourd’hui) ont la particularité,
à la première personne de l’indicatif, de servir à accomplir l’acte qu’ils énoncent comme : remercier, jurer, saluer,
maudire, interdire, promettre, interdire, baptiser. Le temps présent réfère au moment où sont prononcés les mots au
présent : à quel moment je te salue ? au moment précis où je dis Je te salue.
Remarque : Dans l’exemple : Tu me remercies et je ne sais pas pourquoi, « remercier » à la deuxième personne n’est
plus performatif et l’occurrence : tu me remercies n’est plus contemporaine de l’acte auquel elle réfère.(présent différé).
En général, le temps auquel réfère le présent est plus étendu que l’acte de l’énonciation : Je t’aime. Je parle au téléphone,
etc. L’acte d’énonciation est inclus dans ce temps (présent dilaté). Cette dilatation du temps peut être très distendue ainsi
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que l’acte d’énonciation n’a p[lus grande importance pour déterminer le temps auquel le présent réfère comme dans
l’exemple : La terre tourne.
Il y a aussi un autre présent, celui de vérité générale, de définition :
Une rose est une rose
T2 T1 To
La semaine dernière aujourd’hui
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To T+1
Michel jurait il partirait je te rappelle
On l’attend
To T+1
--------------------------------------------------------------------
Michel jure : je partirai
Ainsi, on peut dire que le passé simple, temps narratif de l’histoire, est repéré par rapport au temps de l’énoncé (le
présent) et le passé composé, temps narratif du discours, par rapport au temps de l’énonciation.
Le passé simple est le temps du récit qui avance sur l’axe temporel à mesure que le récit lui-même avance : il est un
repère par rapport auquel se définissent des antériorités et postériorités du récit :
Michel partit à peine son discours terminé, avant d’avoir pu prendre un verre avec ses amis mais il avance en même
temps que la narration progresse : Michel partit, prit son train au vol et arriva chez Zoé au moment où elle appelait un
taxi.
Le passé composé
Le passé simple a comme concurrents, dans le récit des événements passés, l’imparfait de perspective et le passé
composé. La concurrence du passé composé peut être considérée comme une concurrence victorieuse, puisqu’en français
contemporain, dans le langage parlé, le passé simple n’apparaît pratiquement plus.
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Par son auxiliaire au « présent », est apte à situer l’évocation d’un événement dans l’époque présente. Son deuxième
élément, le participe passé, décrit l’évènement entièrement révolu, (passé).
Si l’on me demande : Veux-tu manger avec nous ? et que je réponde J’ai mangé, je fais savoir que, dans le présent de
l’acte de langage, l’évènement manger est pour moi du révolu, du dépassé, donc qu’en principe je n’ai pas faim.
Le point de repère, des déictiques spatiaux c’est la position occupée par le corps de l’énonciation lors de son acte
dénonciation. On distingue plusieurs types de déictiques spatiaux :
- Les démonstratifs
Il y a deux classes de démonstratifs :
- celle des déterminants : ce livre-ci/là
-celle des pronoms (ce, ceci, cela, celui-ci/là
Ces morphèmes sont ambigus hors contexte. Ils peuvent fonctionner comme déictique anaphorique et aussi comme
déictiques situationnels
Ex : Ça, est un élément déictique situationnel dans : Regarde ça ! et un élément anaphorique dans : Paul a été gentil.
Ça m’étonne de lui.
De même ce est déictique situationnel dans : Je prends ce livre et anaphorique (de reprise). J’ai lu Candide, ce roman
me plaît.
Dans leur fonction déictique situationnelle ces morphèmes accompagnent souvent un geste de l’énonciateur indiquant
à l’allocutaire un objet perceptible dans la situation de communication.
On peut distinguer de pures déictiques (ça, ceci, cela) de ceux qui se combinent avec un nom (ce bateau) dont le
signifié restreint déjà considérablement la classe des référents possibles du GN.
On distingue des emplois anaphoriques des emplois situationnels parce que l’environnement spatio-temporel qui
identifie le référent de ces déictiques est de deux types :
- l’environnement discursif, c’est-à-dire les unités linguistiques qui précèdent ces déictiques ou les suivent
immédiatement (on parle de cotexte)
- l’environnement extralinguistique dit aussi contexte.
L’environnement discursif ne permet pas d’identifier le référent du démonstratif de manière aussi immédiate que
l’environnement extra-linguistique.
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La notion de situation de communication dans un sens large fait intervenir ces coordonnées spatio-temporelles. Elle
inclut également tout un environnement socioculturel, l’ensemble des circonstances déterminant un acte
d’énonciation.
On voit également le locuteur employer ce+ nom pour référer à des objets qui ne sont ni visibles ni présents dans un
fragment antérieur du dialogue mais qui appartient à l’univers de discours, commun aux interlocuteurs. (Un Français
qui, pendant la seconde mondiale aurait commencé une conversation par « Cette guerre, quelle horreur ! » n’aurait
eu aucun mot ce à quoi il référait.
- Les présentatifs : voici/voilà sert à signaler l’attitude de l’allocutaire, l’apparition de référents nouveaux : Voilà, les
invités qui arrivent !
Ces éléments voici, voilà peuvent également jouer le rôle d’éléments anaphoriques : Laisse-moi ! Voilà tout ce qu’il a
pu me dire !
- Les éléments adverbiaux et les locutions adverbiales répartis en divers micro-systèmes sémantiques : ici/là, là-bas,
près, ici, loin, en haut/en bas.
Ce micro-système d’oppositions correspondent à divers découpages de la
catégorie de spatialité. Si l’on ignore la position du corps de l’énonciateur qui
les a émis, ces termes restent parfois opaques. Si ce corps change de place,
leur intérprétation change corrélativement . Il en va aussi dans un dialogue si
les deux protagonistes ne se trouvent pas au même endroit ; ce qui était ici et à
gauche pour l’un peut bien être situé pour l’autre là et à droite sans que les
objets désignés aient changé de position.
Ici peut avoir deux valeurs distinctes : il envoie à un lieu qui englobe
l’énonciateur : il est ici depuis hier où ici=Lyon, ou à un endroit qu’il
détermine à l’extérieur de lui-même : Regarde ici !
Proximité/ éloignement
En principe le couple ici/là est fondé sur l’opposition de l’axe sémantique proximité/ de l’énonciateur/ éloignement de
l’énonciateur :
Ex : Ce N-ci/ceci, voici, voici, ici, celui-ci, / ce N-là, cela, voilà, là, celui-là, etc.
Le plus souvent là neutralise l’opposition et marque une localisation indépendamment de la prise en compte du degré de
proximité. : cet objet-là, voilà, réfèrent aussi bien à un objet proche qu’à un objet éloigné. Cette déficience du système a
obligé la langue à utiliser là –bas (auparavant antonyme de là-haut) pour signifier l’éloignement ou à recourir à des
formes parlées redondantes : celui-là, là. La notion de distance peut également fonctionner dans le domaine des
jugements de valeur. Mettre à distance un objet peut aussi bien s’entendre comme marque de respect que comme
dépréciation, selon l’ambivalence de « vous » de politesse. Dans certains contextes l’énonciation utilisera des formes en
là pour signifier le caractère + ou – du jugement qu’il porte. C’est ainsi que la forme marquée : ce garçon-là peut figurer
dans ce garçon-là ne m’inspire pas confiance. (rejet)
Les trois principaux types de discours rapportés sont le discours (ou style) direct (abréviation : DD ou SD), le discours
(ou style) indirect (abréviation : DI ou SI) et le discours (ou style) indirect libre (DIL ou SIL)
a) LE DISCOURS DIRECT est marqué dans la langue écrite, par des
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guillemets, par des tirets à la ligne, par une mise en italique. Le discours direct a pour caractéristique essentielle de
présenter deux situations d’énonciation (deux je, deux tu, etc) :
Marie : Il y a cinq ans que Michel m’a dit : « je prends ma petite valise et je viens m’installer chez toi aujourd’hui »
et aujourd’hui, je l’attends toujours.
Le temps de l’énonciation de Marie (aujourd’hui, je l’attends toujours) suit de cinq ans le temps de l’énonciation de
Michel (aujourd’hui je prends ma petite valise). dans le discours de Marie, je réfère à Marie, dans celui de Michel, je
réfère à Michel
Le discours direct est introduit par un verbe de parole dont le sujet indique qui est le locuteur secondaire, dans une
proposition antéposée (Michel dit, s’écria, s’exclama.). La proposition peut aussi être postposée (répondit, s’écria, dit
Michel, donc avec inversion du sujet. Le discours direct apparaît aussi dans une proposition incise (entre virgules) et
surtout dans un dialogue.
Dans les séquences de dialogue, le verbe introducteur peut ne pas apparaître. C’est pourquoi, le discours direct peut
contenir toutes sortes d’énoncés : ordres et questions, actes de langages, exclamations, interjections, phrases
incomplètes, incorrectes, en langues étrangères :
Il s’écria : Oh, mon Dieu.. Ciel, mon enfant… ! Que faire maintenant ? Où aller ? Alors , wait and see !
b. LE DISCOURS INDIRECT
Ce discours est aussi appelé discours indirect conjonctionnel pour être distingué du discours indirect libre. Ce type de
discours intègre l’énoncé rapporté, dans l’énoncé rapportant, dans la narration. Il n’y a dans ce discours qu’un je, ici,
maintenant (on l’appelle aussi je d’origine, celui du locuteur primaire et d’un seul repère temporel).
Le discours indirect est toujours introduit par un verbe de parole de type dire, (dire affirmer, demander, ne pas savoir,
vouloir dire, promettre de, etc.)suivi de la conjonction que ou des interrogatifs indirects : si, quand, où, qui, lequel,
etc. : Michel dit que Marie arrive…
. Michel demande si Marie arrive..
Ce discours peut aussi être introduit par une infinitive (après de) :
Michel promet à Marie d’arriver dans une heure.
Rapporter un discours au DD est une opération de citation, rapporter un discours au DI est une opération de
paraphrase.
Dans le discours indirect, le locuteur secondaire n’existe plus : il ne donne plus ses marques au discours qu’il a assumé
et tous les repérages se font par rapport au locuteur primaire :
Michel m’a dit il y a cinq ans en préparant sa petite valise qu’il serait là- bas le lendemain et je l’attends toujours.
Passé en style indirect, l’embrayeur de lieu se traduira par une indication de lieu (là-bas) ou par un nom propre (à
PARIS, à LYON, rue des Héros, etc.)
l’embrayeur (le déictique de lieu) se traduira par les adverbes et par les noms à valeur adverbiale. : le lendemain, la
veille, le jour même, ce jour-là, la semaine suivante, etc.
L’embrayeur de personne sera rendu par il ou elle, sauf dans le dialogue, où je et tu échangent leurs positions :
DD : Tu m’as dit : « j’irai chez toi »
DI : Tu m’as dit que tu irais chez moi.
L’embrayage temporel : en ce qui concerne les temps, si le verbe introducteur est au passé, le DI est à l’imparfait pour
rendre le présent du DD, passé composé ou futur.
Si le verbe introducteur est au passé, le DI est à l’imparfait pour rendre le présent du DD, plus que parfait pour les
passés, conditionnel pour les futurs :
Michel m’a dit qu’il venait/était venu/ viendrait.
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La concordance des temps ne peut pas se faire pour le présent de vérité générale et le maintien ou non de la
concordance peut introduire certaines nuances : Copernic a enseigné que la terre tourne autour du soleil. (On préfère
parfois l’imparfait pour faire assumer à Copernic toute la responsabilité de sa doctrine).
Le DIL n’est pas introduit par un verbe de parole de type dire, mais il y a toujours un indice de parole ou de pensée
rapportée qui permet de comprendre que l’énoncé qui suit n’appartient pas à l’énoncé primaire.
Aussitôt interpellé, P.nie toujours être l’assassin. Le jour du crime, il travaillait chez une voisine de Mme D..
Le Figaro, mardi, 1er août 1995
Dans cet exemple, le texte ajoute que « personne ne semble pouvoir confirmer l’alibi, ce qui est un indice que
l’énoncé n’est asserté que par le criminel présumé.
Dans la plupart des cas il y a l’impossibilité que l’énonciateur primaire puisse asserter l’énoncé qui permet de
comprendre qu’il s’agit de DIL.
Comme Le DD, le DIL peut être attribué par une incise, même si les indices de personne ne sont pas ceux du DD.
C’était, disait-on la parfaite chrétienne […]
M.Proust, Le côté des Guermantes
Certains chercheurs classent dans le DIL les discours rapportés introduits par « selon »
Selon les responsables de la communication de H.P., cet incendie ne remettra pas en cause l’ouverture de
l’établissement, prévue pour le 15 mai…
Le Monde, le 15 avril 1997
En effet, ce qui caractérise le DIL c’est l’ambiguïté, le doute maintenu par le véritable énonciateur de l’énoncé en
question.\
La transposition des temps et des personnes est la même que dans le style indirect :
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- je et tu deviennent il
- les temps s’alignent sur les temps du récit : 1) présent avec récit au présent, 2) imparfait et plus-que-parfait avec
récit au passé :
1) Ex : Mais il refuse : c’est bien de lui avoir pris la moitié de son pain.
2) Mais il refusa : c’était bien de lui avoir pris la moitié de son pain.
Dans le DD : c’est bien de vous avoir pris la moitié de votre pain.
Dans le discours journalistique moderne, on voit apparaître un conditionnel modalisateur de DIL : La famille D. porte
alors plainte contre X pour homicide involontaire… Peu à peu, rejetant toutes les autres hypothèses, elle s’est forgé
une conviction : le naufrage serait dû à un sous-marin inconnu…..
serait dû peut être compris comme une conviction : le naufrage est sans doute dû…
Les embrayeurs de lieu et de temps peuvent rester ceux du style direct, repérés par rapport au locuteur secondaire
(celui dont les propos sont transmis) :
Jean découvrit une petite maison en ruine. Maintenant, il serait à l’abri. Ici, il pourrait retrouver Cécile.
Aujourd’hui, il avait enfin eu de la chance.
Dans cet exemple, ce sont ces embrayeurs subjectifs qui permettent de comprendre qu’il s’agit de DIL
Le rédacteur acheva son rapport : l’ennemi, disait-il, serait là (ici) dans deux heures.
Présence d’éléments subjectifs
Dans le style indirect libre on peut trouver toutes les marques subjectives du DD :
- termes d’adresse :
Elle la prit sur ses genoux : « Mademoiselle n’était pas sage, quoi qu’elle eût sept ans bientôt »
Dans le DD cette phrase devient : mademoiselle, vous n’êtes pas sage…
On note la possibilité de mettre le DIL entre guillemets comme le DD.
- exclamations, interrogations :
Il haussait la voix [..] Est-ce que ce n’était pas stupide de croire qu’on pouvait d’un seul coup changer le monde…
Alors, qu’on lui fichât la paix, avec les miracles !
ZOLA, GERMINAL
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- L’Impératif ne peut pas être maintenu, puisque « TU »du DD passe à « IL » au DIL et devient un subjonctif
(imparfait).
DD : Fichez-moi la paix, avec les miracles !
DIL : Qu’on lui fichât la paix, avec les miracles !
DD : Tu m’énerves, espèce de plouc ! Va-t’en !
DIL : Cécile ne supportait plus Jean. Il l’énervait, cette espèce de plouc !
Le style indirect libre est caractérisé par son ambiguïté, très difficile à repérer, et il peut permettre des effets littéraires
très subtils.
CERTAINS VERBES DÉCRIVENT LES PROCESSUS MENTAUX NON EXTÉRIORISÉS DES PERSONNAGES.
IL S’AGIT DE L’IMPARFAIT HYPOCORISTIQUE (IMP. DE DISCOURS IND. LIBRE), EMPLOYÉ POUR
PARLER AUX ENFANTS.
L’IMPARFAIT MODAL EST L’IMP. QUI APPARAÎT DANS LA PROPOSITION EN SI DES SYSTÈMES
HYPOTHÉTIQUES :
SI MARIE MONTAIT SUR UNE CHAISE, ELLE S’APPELLERAIT JEAN. !
L’IMPARFAIT A POUR FONCTION DE CRÉER LE DÉCOR D’UN MONDE POSSIBLE, DONT LE
CONDITIONNEL DONNERA LES IMPLICATIONS. DANS CERTAINS CAS IL S’AGIT D’UN IMPARFAIT
CONTREFACTUEL QUI EXPRIME UN MONDE DIT « CONTREFACTUEL », C’EST-À DIRE CELUI D’UN
MONDE IRRÉEL, INVERSE À CE QUI EST
AVEC CES VALEURS MODALES, L’IMP. N’A PLUS AUCUN RAPPORT AVEC LE PASSÉ : LES MONDES
DONT IL CRÉE LE DÉCOR SONT FUTURS DANS LE CAS DU POTENTIEL ET PRÉSENTS DANS LE CAS
DE L’IRRÉEL.
8. LES MODALITÉS
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EXPRIMENT UNE OPTION DU SUJET ÉNONCIATEUR, UNE ATTITUDE SUBJECTIVE. DE CE POINT DE
VUE, TOUTE PHRASE EST MODALISÉE, MAIS IL FAUT DISTINGUER ENTRE :
// PH\\
/ \
MODUS DICTUM
( ÉNONCÉ MODALISANT) ( ÉNONCÉ MODALISÉ)
/ \ / \
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D’AUTRES VERBES PEUVENT FIGURER EN POSITION D’OP’ERATEUR DE PHRASE RÉGISSANT UNE
PROPOSITION À VERBE FINI OU UN INFINITIF.
CES AUXILIANTS EXPRIMENT :
- L’OBLIGATION : FALLOIR, AVOIR À : IL FAUT ÊTRE DE CEUX QUI PARTENT
- LA VOLONTÉ : CHERCHER À, ESSAYER DE, S’EFORCER DE,
S’EMPLOYER À, TRAVAILLER À, SE TUER À, ETC.
- LA CERTITUDE : VOIR, ENTENDRE, AFFIRMER, ASSURER DE.
JE VOUS ASSURE QU’IL VIENDRA.
- LE DOUTE : SUPPOSER, PARAÎTRE, SEMBLER, ETC.
IL ME SEMBLE QUE VOUS FAITES…ETC.
- LA PERMISSION : PERMETTRE, AUTORISER DE, EMPÊCHER DE, DÉFENDRE DE
J’AI PERMIS AUX ENFANTS DE RENTRER TROP TARD..
- LE SOUHAIT : DÉSIRER, SOUHAITER, ESPÉRER, ETC.
L’existence de certaines unités adverbiales qui déterminent la proposition en son ensemble est reconnue par toutes les
grammaires. Ce sont les adverbes d’opinion ou de modalité mais alors que des adverbes de manière de la grammaire
traditionnelle se rapportent au verbe, les adverbes de modalité se rapportent à toute la proposition. Ces adverbes
propositionnels expriment l’attitude du locuteur à l’égard de ce qu’il dit, donc le rapport entre le locuteur et l’énoncé.
1.Les adverbes de modalisation s’organisent autour de l’axe de la certitude et traduisent des nuances variées de nature
modale. :
- certitude : sûrement, certainement, vraiment, sans doute, évidemment, certes, justement, décidément,
véritablement, apparemment, assurément, bien entendu, clairement, en vérité, heureusement, incontestablement,
malheureusement, positivement.
Ex : Vous avez sûrement faim. Cette affaire est incontestablement réussie.
- la non certitude est exprimée à l’aide des adverbes : probablement, peut-être, pourtant, quand même, toutefois.
Combiné avec la négation, le sens de l’adverbe modal peut varier selon la position qu’il occupe :
- l’opposition simplement pas/ pas simplement exprime
l’opposition sémantique : restriction négative/extension positive :
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Je ne comprends simplement pas comment tu peux te permettre de me parler comme ça.
Et cependant les effets affectifs du rouge et du bleu ne se trouveraient pas simplement inversés.
- l’opposition pas même/ même pas traduit l’opposition limite supérieure non atteinte/ limite inférieure non
atteinte.
Nulle puissance terrestre et pas même la vaine science humaine ne peut faire que vous la connaissiez.
Elle n’essayait même pas de garder une apparence honnête.
L’adverbe modalisateur peut exprimer aussi une attitude affective du sujet : volontiers, heureusement, malheureusement,
par bonheur, etc.
Malheureusement, elle n’est pas arrivée à temps .Elle n’est malheureusement pas arrivée à temps. (changement de
place).
Un adverbe de modalisation peut être un opérateur de phrase (il peut commander une proposition) :
- elle a de l’argent ?
- bien sur qu’elle en a.
- peut-être parlait-elle comme ça quand elle était seule.
La forme modale est l’un des moyens les plus importants dont dispose le français pour exprimer les modalités
d’énoncé. Elle se trouve en général sous la dépendance du contexte.
a) verbe régissant :
le mode indicatif est caractéristique des phrases assertives :
Elle ne s’occupait guère de ses parents.
Le contexte interrogatif, hypothétique, inversif, etc. ainsi que, dans certains cas, le thème lexical du verbe peut faire
dévier la forme modale de l’indicatif vers d’autres valeurs, non assertives :
Vous n’allez pas partir comme ça ! (injonction)
Pleuvait-il, le village était complètement isolé. (condition)
Elle aurait voulu partir plus tôt. ( virtualité annulée).
Les verbes en r expriment une valeur modale virtuelle.
Le subjonctif mode de la subjectivité et de la virtualité est porteur de
diverses nuances modales :
-l’injonction :
Que cela soit bien compris !
- le souhait :
Puisse-t-il venir à temps !
- la non adhésion
Je ne sache pas que vous ayez quelque chose à vous reprocher.
- l’impératif , mode du discours, exprime les diverses nuances de l’injonction :
Venez. Soyez raisonnable, ce médicament est mauvais pour vous.
Le verbe Régi : En position de verbe régi, la forme verbale apparaît comme une variante conditionnée par l’énoncé
modalisant ou comme une variante
optionnelle investie d’une valeur modale spécifique : Elle veut bien que je
m’installe chez elle.
La logique a constitué le premier champ de réflexion sur les modalités.
Comme sur beaucoup de catégories intellectuelles modernes, l’héritage
aristotélicien pèse lourdement sur l’interprétation des modalités. La notion même de modalité remonte à Aristote. La
logique d’Aristote qui est basée essentiellement sur la démonstration syllogistique fonde même, par ailleurs, la logique
modale.
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Aristote a été le premier à avoir distingué les propositions assertives des propositions modales.
On appelle proposition modale une proposition dans laquelle le verbe qui porte l’assertion – affirmative ou négative - est
modifié par un adverbe modal ou par une locution modale. Il y a trois modalités aristotéliciennes : aléthiques,
épistémiques, déontiques.
du NÉCESSAIRE on aura :
nécessaire impossible
possible contingent
CERTAIN :
certain exclu(improbable)
probable incertain
est L’OBLIGATOIRE :
obligatoire interdit
permis facultatif
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Lui a-t-il interdit de descendre dans le village ?(interdit)
Il n’est pas absolument indispensable que vous fassiez cette démarche.(facultatif)
Les modalités virtualisantes caractérisent un énoncé descriptif qui évoque un fait virtuel (non réalisé mais réalisable).
Selon la nature de la relation modale qui s’instaure entre le sujet modal et son énoncé ou entre le sujet modal et d’autres
actants on distingue :
- les modalités déonthiques (obligatoires)
- les modalités volitives caractérisées par le trait d’intentionnalité :
C’est intentionnellement que je n’ai pas arrêté à la station service.
- des modalités désidératives :
Qui souhaite changer tout l’univers ?
- modalités évaluatives : ces modalités traduisent la prise de position du sujet modalisant par rapport à un
événement qu’il considère comme BON ou MAUVAIS :
Je trouve préférable de l’avertir de notre arrivée.
- modalités affectives :
Les modalités affectives expriment un sentiment ou une émotion du sujet modalisant à l’égard du fait évoqué par
l’énoncé descriptif qui est la source de ce sentiment ou de cette émotion:
Je m’étonne qu’il e soit pas venu à temps.
Je n’aimerais pas qu’on soit vus dans cette posture.
a. Les performatifs
b. Locutoire, illocutoire et perlocutoire
c. Actes indirects et métaphores
d. Conditions de réussite
a. Les performatifs
«On est davantage lié par une parole que par tous
les câbles d’ancre du monde »
Proverbe provençal
J.L.AUSTIN dégage une notion nouvelle en partant d’une réflexion sur les affirmations et leur rapport à la réalité et à la
vérité. Cette notion s’appelle «performatif» ou «énonciation performative». Il développe un point de vue sur la langue qui
s’intéresse à l’énonciation du message, et ne se limite pas à son contenu. Il tente aussi de vérifier si les critères de fausseté
ou de vérité traditionnellement appliqués aux énoncés sont valides. Les exemples suivants sont significatifs :
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a) «oui, je le veux» peut être interprété (je prends cette femme comme épouse légitime, ce «oui» étant prononcé au cours
de la cérémonie du mariage)
b) «Je donne et lègue ma montre à mon frère», comme on peut lire dans un testament.
Ces énonciations performatives sont interprétées comme des actes de faire quelque chose par le simple fait de les
énoncer, sous réserve de certaines conditions de réussite. Elles ne décrivent pas l’action, elles sont une action. Dans les
exemples donnés il s’agit de se marier, de léguer quelque chose à quelqu’un donc de faire quelque chose.
C’est la raison pour laquelle Austin les nomme performatifs (du verbe anglais « to perform », « effectuer » C’est selon lui
par le fait même de dire « oui » qu’on se marie ou de dire je promets qu’on entreprend de faire un acte de promettre.
Searle va encore plus loin et développe l’idée que l’élément fondamental de la communication humaine n’est pas un
segment interne à la langue, comme le « mot », mais l’acte d’énonciation, de performance, d’un énoncé.
« parler une langue, c’est adopter une forme de comportement régie par
des règles[…]..Parler une langue, c’est réaliser des actes de langage».
(p.52-53)
La théorie des actes de langage traite l’analyse de la langue et de la signification dans la prise de parole du locuteur
conçue comme une action, un acte de faire quelque chose. Cette théorie s’oppose, d’une part à une vision ancienne de
la langue conçue comme un véritable outil de description de la réalité et d’autre part à la linguistique saussurienne et
structurale, pour laquelle seules comptent les règles internes de la langue, distinctes de la parole. Selon Searle, orienter
l’analyse vers la parole n’est pas une simple étude de la parole saussurienne, mais bel et bien une étude de la langue dans
sa totalité, parole comprise.
Philippe Blanchet dans son livre « La pragmatique d’Austin à Goffman », (1995, 32) affirme qu’à partir de la notion de
performatif, Austin affine le concept selon lequel dire, c’est faire ». Il distingue trois espèces d’actes de langage :
locutoire, illocutoire et perlocutoire.
1. l’acte locutoire est le fait de produire des signes vocaux selon le code
interne d’une langue.
2. l’acte illocutoire, «l’illocution» consiste à accomplir par le fait de dire un
acte autre que le simple fait d’énoncer un contenu et en disant le plus souvent explicitement comment « la locution » doit
être interprétée dans le contexte de son l‘énonciation.
3. l’acte perlocutoire, «la perlocution» consiste à produire des effets ou des conséquences su les interlocuteurs
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L’acte d’illocution ne découle pas directement de l’acte de locution. C’est selon Austin une valeur et une force que l’acte
locutoire acquiert en plus du fait de la volonté du locuteur. Le même énoncé peut avoir des intentions différentes. Il peut
ainsi être proféré pou rassure ou pour effrayer, pour ordonner ou pour promettre, etc. Du fait de sa force illocutoire, tout
énoncé produit des effets et c’est là son aspect « perlocutoire »
La perlocution concerne surtout la réception et elle est donc difficilement contrôlable par l’émetteur. Elle se situe dans
l’interprétation effectuée par le récepteur et concerne principalement les effets émotifs ou indirectset non intentionnels de
la part de l’émetteur.
L’illocution est l’aspect principal selon Austin. Il sera aussi développé par J.Searle (« Les actes de langage. Essai de
philosophie du langage », 1972, Hermann, Paris) surtout en ce qui concerne le concept de performatif.
J.L.Austin dans : How to Do Things with Words, Harvard University Press, Cambridge,1975) propose cinq catégories
d’actes illocutionnaires :
1. Les verdictifs qui consistent à juger comme dans les exemples :
acquitter, condamner, comprendre, décréter, calculer, estimer, évaluer,
classer diagnostiquer, analyser, etc.
2. Les exercitifs qui consistent à décider des actions à suivre
comme : renvoyer, excommunier, nommer, commander, accorder, léguer,
pardonner, démissionner, supplier, proclamer, promulguer, dédier, etc.
Les exercitifs sont des actes d’exécution des verdicts, et non les verdicts eux-
mêmes.
3. Les promissifs qui obligent le locuteur à agir d’une certaine manière
comme : promettre, convenir, contracter, avoir décidé,avoir l’intention,
jurer de ,consentir, favoriser,etc.
4. Les comportatifs qui consistent à réagir aux actes d’autrui, comme
s’excuser, remercier, féliciter, critiquer, applaudir, souhaiter la
bienvenue, maudire, provoquer, etc.
5. Les expositifs qui consistent à exposer, comme : affirmer,nier, corriger,
décrire, dire, argumenter, interpréter, témoigner, expliquer, illustrer,
signifier, se référer, etc.
Searle va développer cette analyse et va établir 12 critères en fonction desquels il élabore cinq catégories d’actes
illocutoires :
1) les assertifs ont pour but d’engager le locuteur
2) les directifs ont pour but d’obtenir que l’interlocuteur fasse quelque chose
3) les promissifs ont pour but d’engager le locuteur à l’accomplissement d’une
action
4) les expressifs ont pour but d’exprimer l’état psychologique à condition qu’il y ait intention sincère et où le contenu
attribue une propriété soit au locuteur soit à l’interlocuteur.
5) les déclaratifs ont le but d’instaurer une réalité, où la correspondance entre les mots et le monde est directe : Je vous
déclare l’amour.
Nous reprenons le schéma des actes illocutoires de François Récanati philosophe et pragmaticien français dans Les
énoncés performatifs (Minuit, 1981, p.106-107)
La distinction fondamentale est faite entre les actes essentiellement représentatifs et les actes non essentiellement
représentatifs.
ACTES ILLOCUTOIRES
/ \
23
Représentatifs Non représentatifs
/ \
Performatifs Constatifs
I
Déclaratifs
Promissif
Prescriptifs
Maximes conversationnelles
Parmi les conditions de réussite et les modalités générales de fonctionnement
des actes de langage, la théorie pragmatique met en évidence l’importance des données contextuelles, c’est -à dire sur le
rôle joué par les interlocuteurs qui interagissent les uns sur les autres par le langage.
H.P.Grice, philosophe du langage travaillant à Oxford sur le sous-entendu a proposé le concept de « maximes
conversationnelles dans un article resté célèbre (« Logique et conversation », traduit dans Communications 30, Seuil,
1979). L’idée mise en évidence est que, par le fait même de dialoguer, les interlocuteurs acceptent et suivent un certain
nombre de règles implicites indispensables au fonctionnement de la communication.
Le principe fondamental est le principe de coopération. De ce principe découlent des règles dont le nombre et la
spécificité ont été beaucoup discutés et regroupés par Grice en quatre groupes (ou quatre principes) :
1) quantité : on en dit autant que nécessaire, mais pas plus que nécessaire.
2) qualité : on dit ce qu’il faut comme il faut, surtout avec sincérité et sur la
base d’informations suffisantes.
3) relation ou pertinence (on dit des choses pertinentes pour l’interaction, des choses ayant rapport à la conversation
4) le principe de modalité (on parle intelligemment, sur le ton qui convient)
Si les interlocuteurs comprennent le respect mutuel, le récepteur peut construire une signification.
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