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LA PRAGMATIQUE

SOMMAIRE

1. La pragmatique
a) Définition
b) Explication historique
2. La théorie de l’énonciation
a) Définition
b) Représentants
c) La deixis
3. Énonciation/ énoncé
a. La situation de l’énonciation
b. L’énonciation dans la langue
c. Énonciation et interlocution
d. Énonciation directe, énonciation différée,
e. Énonciation rapportée
4. Histoire (récit)/ discours
a. Les temps du discours
b. Les temps du récit
5. Les déictiques
a. Les pronoms personnels
b. La relation d’interlocution
c. Les temps de l’énonciation
d. Les déictiques spatiaux
6. Les discours : direct, indirect, indirect libre
7. Temps verbaux et personnes
8. Les modalités
9. La théorie des actes de langage
a. La classification des actes de langage
b. Les actes de langage indirects
c. La théorie de la conversation
d. Maximes conversationnelles

1. La pragmatique :
Définition : Le terme de pragmatique a pour racine le nom grec «  pragma » qui signifie action. De ce nom a été
dérivé l’adjectif « pragmatikos ». En français pragmatique a été tout d’abord employé dans le domaine juridique dès
le Moyen Age dans l’expression « pragmatique-sanction- pragmatica sanctio- en latin médiéval qui désignait un écrit
visant à régler une affaire importante en proposant des solutions concrètes et définitives. Ensuite, à partir du XVIIeme
siècle, dans le domaine scientifique «  pragmatique » a désigné toute recherche ou découverte susceptible d’avoir des
applications pratiques.

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Plus récemment, le terme est passé dans le langage courant et il s’emploie dans des expressions telles que «  c’est un
esprit pragmatique » ou « c’est un pragmatique » pour désigner quelqu’un qui est enclin à trouver des solutions
concrètes réalistes.

En philosophie, on a qualifié de « pragmatique » toute démarche qui considère que la représentation ou l’idée que
nous avons d’un phénomène n’est constituée que de l’ensemble des aspects pratiques de ce phénomène ; ses
conséquences sur le monde réel et/ou les actions qu’il est possible de lui appliquer. Ceci a conduit, dans les années 30
Charles William Morris à établir un lien entre cette conception philosophique que l’on qualifie du nom de
pragmatisme (anglais : pragmatism, allemand : pragmatismus) et l’analyse des signes, en particulier des signes
linguistiques.
Certains éléments d’une langue peuvent se définir par les relations qu’ils entretiennent avec le monde réel, dans le
cadre du discours c’est-à-dire lorsqu’ils sont employés dans telle ou telle situation, par telle ou telle personne.

2. LA THÉORIE DE L’ÉNONCIATION

Depuis quelques années on conçoit que le terme pragmatique s’impose progressivement et intègre les préoccupations
de la théorie de l’énonciation. Certains auteurs utilisent plutôt la théorie de l’énonciation plutôt que la pragmatique,
dans la mesure où les actes de langage n’ont qu’une place très marginale dans certains livres. Il s’agit des livres
suivants : D. Maingueneau,
(L’énonciation ; Pragmatique pour le discours littéraire, Bordas ,1990) ; E. Benveniste Problèmes de linguistique
générale, Gallimard, 1974, F.Recanati, Les énoncés performatifs. Contribution à la pragmatique, Les Éditions de
Minuit1986, J.Austin »Quand dire, c’est faire », Seuil, 1970).
Certains verbes dits performatifs (Cf. M.Arrivé, M.Galmiche, F.Gadet, La grammaire d’aujourd’hui)
DÉFINITION
Selon E.Benveniste, l’énonciation est l’acte individuel de l’utilisation de la langue, la production de l’énoncé, un acte
réel, produit par je et tu dans une situation réelle, ici, dans un temps réel, maintenant, dans une situation de
communication. On appelle l’énonciation l’acte de parler, l’acte de production d’un énoncé.
Donc, les paramètres linguistiques qui sont censés d’ancrer l’énoncé dans l’énonciation sont : les pronoms personnels,
les adverbes spatio-temporels (les embrayeurs ou les déictiques)
La théorie de l’énonciation se propose de rendre compte des éléments suivants :

1) l’attitude du sujet énonciateur à l’égard de son énoncé. Le sujet peut présenter l’énoncé comme évoquant un fait
certain, probable, possible. Il peut aussi présenter l’évaluation des objets, des personnes, des phénomènes qui
constituent l’objet du discours, donc la présence du sujet d’énonciation dans l’énoncé.
2) le discours est structuré différemment suivant la présence, ou non du sujet d’énonciation
3) la théorie de l’énonciation suppose les relations interpersonnelles entre les protagonistes de l’acte de
communication E->e
Au commencement la théorie de l’énonciation était une théorie du sujet, du moi. Actuellement, elle s’est enrichie
avec les paramètres du destinataire de l’intention discursive (force illocutionnaire).
4) l’espace-temps de la communication. Toute communication se passe dans un espace- temps déterminé qui peut
être contraignant (s’il exerce une influence déterminé sur la langue utilisée) ou non contraignant (si le choix des
moyens linguistiques n’est pas conditionné par les paramètres spatio-temporels.
L’énonciation se manifeste par la présence de certains signes (conditionnés par les instances du discours  : les indices
de personne, les démonstratifs, les formes verbales temporelles.

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Donc, les références aux paramètres de la situation, réalisés par ces signes indiciels = constitue la deixis :
l’organisation du domaine spatial, temporel, notionnel par rapport aux interlocuteurs. Il y a ainsi le passage de la
compétence grammaticale, à la compétence de communication.
Ces paramètres de la situation de communication sont nécessaires à construire un modèle de la compétence de
communication de la langue, capable de rendre compte non seulement de la structure grammaticale et sémantique des
phrases mais aussi des éléments constitutifs de l’énonciation.
D’ailleurs, toutes les théories linguistiques à partir des Chomsky sont préoccupées à rendre compte de la langue en
tant que système de communication.
La tâche des linguistes d’étudier les conditions de production des messages et des règles de mise en discours en vue de
la communication
L’étude de la langue ne saurait être limité à celle des phrases hors contexte situationnel. En rejetant l’affirmation que
la langue est un mécanisme qui se suffit à lui-même, les pragmaticiens exigent que l’on introduise dans le processus
didactique les notions d’émetteur-récepteur ainsi que les techniques spéciales de communication.
L’énoncé est différent de la phrase dans le sens que l’énoncé est dit ou écrit pour communiquer, alors que la phrase est
un exemple de la grammaire, parfaitement abstrait et hors situation. Une phrase doit être bien formée d’un groupe
nominal et d’un groupe verbal, alors qu’un énoncé peut être une phrase incomplète. (Ah, partir…Ciel ! Ma femme…)
Passer de la langue au discours c’est faire un acte d’énonciation
3. ÉNONCIATION /ÉNONCÉ

a. La situation de l’énonciation
b. L’énonciation dans la langue
c. Énonciation et interlocution
d. Énonciation directe, énonciation différée,
e. Énonciation rapportée
Dans une première approche on définit l’énonciation comme l’acte individuel pour l’opposer à l’énoncé, objet
linguistique résultant de cette utilisation.
Tout acte d’énonciation est bien un événement unique, supporté par un énonciateur et un destinataire dans le cadre
d’une situation particulière.
On appelle énonciation l’acte de parler, l’acte de production d’un certain énoncé. L’énoncé est différent de la phrase
car il est dit ou écrit pour communiquer tandis que la phrase n’est qu’un exemple de grammaire, parfaitement abstrait
et hors situation. Une phrase est formée d’un groupe nominal et d’un groupe verbal, alors qu’un énoncé peut être une
phrase incomplète. (Ah, rester… Ciel ! mon enfant…)

1. La situation de l’énonciation
L’acte de l’énonciation peut être décrit comme un événement. Il peut se concevoir comme une petite scène inscrite
dans un lieu, dans un temps, exécutée par des acteurs appelés des actants. Temps, lieux et actants sont les éléments
de ce que l’on appelle la situation de l’énonciation. (Sit.ε) et ces éléments sont évidents pour tous ceux qui
produisent et qui assistent à l’acte d’énonciation, surtout par les actants de l’énonciation.
A la référence virtuelle s’oppose la référence actuelle, celle du mot actualisé pendant l’acte d’énonciation.

2. L’énonciation dans la langue


Les éléments principaux de la situation de l’énonciation sont évidents pour ceux qui y participent, celui qui parle
dispose de moyens économiques pour évoquer ces éléments.
«J’irai te voir aujourd’hui, mais je reviendrai ensuite ici ». (ici est le lieu de l’énonciation et aujourd’hui le jour de
l’énonciation.

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3. Énonciation et interlocution
L’interlocution est l’échange entre le locuteur et l’allocutaire. Celui qui parle s’appelle le locuteur. Le destinataire de
l’énoncé est appelé allocutaire (l’interlocuteur). La notion d’interlocution est importante pour rendre compte du
statut de ceux qui participent à l’échange entre locuteur et allocutaire. Mais il y a des énonciations qui ne sont pas
interlocutions : le monologue, le journal intime peuvent être considérés comme des énonciateurs sans interlocution. De
la même façon, les expressions de colère, d’enthousiasme, de douleur sont des énonciations sans allocutaire et ne sont
pas des interlocutions.

4. Énonciation directe, énonciation différée


L’énonciation directe.
Quand le locuteur et l’allocutaire sont en présence l’un de l’autre et quand l’allocutaire prend à son tour la parole pour
devenir locuteur. Ce changement de rôle intervient pendant toute la durée de l’échange. La caractéristique immuable
de l’énonciation directe est que le temps de l’émission du message coïncide avec celui de sa réception et l’allocutaire a
toujours connaissance du temps de l’énonciation.

L’énonciation différée
Dans cette énonciation la caractéristique principale est que le temps de l’énonciation n’est plus commun au locuteur
et à l’allocutaire. Les exemples les plus significatifs d’énonciation différée sont la correspondance, le texte écrit,
journalistique, didactique ou littéraire, dans lequel l’allocutaire n’a pas le droit de réponse. Dans ces cas ni le temps de
l’énonciation ni le lieu de l’énonciation ne sont communs au locuteur et à l’allocutaire, Ce dernier, ne voyant pas le
locuteur n’est pas en mesure de l’identifier.

5. Énonciation rapportée
Cette énonciation est censée rapporter les conversations qu’il a entendues, souvent avec les termes mêmes dans
lesquelles elles ont été prononcées. Il s’agit d’énonciations rapportées (discours rapportés) avec deux locuteurs  : celui
qui raconte et celui qui a tenu les propos racontés, et deux situations d’énonciation différentes. Le discours rapporté
sera étudié dans un autre cours.
On peut considérer comme énonciation rapportée : les pièces de théâtre, films et des sketches d’imitation improvisés.
L’énonciation ou le discours rapporté comporte deux locuteurs : celui dont on entend la voix, ou celui dont on lit
l’écrit n’est pas le véritable responsable des propos rapportés. Le deuxième locuteur est celui qui rapporte les paroles
du premier locuteur.

4. HISTOIRE (RÉCIT) / DISCOURS

Cette distinction appartient à E. Benveniste. Elle est connue aussi sous la forme discours/ histoire. La réflexion
actuelle sur l’emploi des temps remonte à un article d’E. Benveniste : « Les relations de temps dans le verbe
français. », repris dans les « Problèmes de linguistique générale » Dans les grammaires traditionnelles, les temps de
l’indicatif alignent dans un unique tableau la liste de leurs conjugaisons sans la moindre solution de continuité. Une
telle présentation donne l’impression que ces «  temps » constituent un système homogène (comme si pour produire
un énoncé le locuteur le locuteur se contentait de choisir parmi les formes verbales celle qui possède les valeurs
temporelles et aspectuelles qu’il entend exprimer).
Or, les travaux de Benveniste ont montré que l’indicatif s’analyse en réalité en deux systèmes de temps types
correspondant à deux types d’énonciation complémentaire, l’un appelé discours, l’autre récit ou histoire.

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Ce qui distingue le discours du récit c’est que le premier est rapporté à l’instance d’énonciation alors que le second en
est totalement coupé.
Le passé simple est le temps de base du récit.
Le passé composé est un temps du discours.
Discours et récit
Appartiennent au discours – les énoncés oraux ou écrits référés à l’instance d’énonciation
(c’est-à-dire comportant des embrayeurs : pronoms personnels, possessifs, démonstratifs, adverbes de lieu, de temps.)
Appartiennent au récit des énoncés, presque toujours écrits qui ne contiennent aucune référence à l’instance de
l’énonciation. Ils ne sont compatibles qu’avec la non- personne.
Alors que dans le discours le sujet parlant en même temps qu’il se définit comme « je » assume ses propos, dans le
récit l’énonciateur se pose comme indéterminé, sujet quelconque qui se contente de constater au lieu d’asserter
réellement.

Les temps du discours : présent, futur, passé composé


Pour le discours le temps de base est le présent de l’énonciation. Les faits antérieurs à ce présent sont rapportés au
passé composé ou à l’imparfait. Ces deux temps sont aspectuellement complémentaires.
Le futur simple et périphrastique (tu partiras/ tu vas partir) relèvent uniquement du discours. Ils sont le résultat de
visées de l’énonciateur vers l’avenir à partir de son présent.
Les temps du récit : passé simple, imparfait, conditionnel, plus -que –parfait, prospectif. (futur)
Le récit a pour temps de base le passé simple. Il utilise également l’imparfait, comme complémentaire du P.S.
(passé simple) comme il l’est du P.C. (passé composé). Le futur est totalement exclu du récit. En effet, le récit qui
rapporte qui rapporte un enchaînement de faits purs supportés par un narrateur omniscient et invisible, est
incompatible avec la tension d’un énonciateur vers des faits non réalisés.
Il arrive cependant que le récit doive anticiper sur la suite des événements. Dans ce cas il ne s’agit pas d’un véritable
futur, mais d’un pseudo futur qui exprime une nécessité. Il s’agit d’un prospectif, d’un pseudo futur qui est réalisé par
aller/ devoir à l’imparfait+ verbe à l’infinitif.
L’ étudiant allait / devait en subir les conséquences.
Benveniste appelle « prospectif » ce pseudo- futur. En règle générale, le narrateur anticipe peu sur la suite de la
narration alors qu’il opère de nombreux retours en arrière.
L’ordre des énoncés est censé simuler l’ordre chronologique des événements.
Le fait que l’imparfait est commun au discours et au récit contribue à donner l’impression qu’il y aurait une continuité
entre ces deux systèmes de temps.
Erreurs à éviter
On peut être tenté de poser les équivalences suivantes :
Présence de je- tu  discours
Absence de je –tu récit.
En réalité c’est la combinaison non personne + P.S. qui fonde le récit et non la seule présence de la non personne.
L’énoncé : Jean a pris le train hier. Le verbe au passé composé lie l’énoncé (il) à l’actualité de son énonciateur.
La non – personne dans le récit n’a donc pas le même statut que dans le discours.
Dans le récit, elle (la non – personne) est moins une non personne qu’une absence de personne, alors que dans le
discours elle s’oppose effectivement aux deux personnes. Le choix du P.S. et du récit n’est pas intrinsèquement lié à la
narration des faits passés, même si c’est à cela que sert le récit le plus souvent. Seront donc au passé simple les
narrations historiques, les œuvres de fiction, celles de science fiction qui sont censés se dérouler dans un avenir
lointain.

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Les dimensions du passé et du futur n’ont de sens que par opposition au présent, c’est -à –dire seulement à l’intérieur
du discours. C’est pour cette raison que Benveniste préfère parler d’aoriste, terme emprunté à la grammaire grecque,
plutôt que de passé simple.
Il ne faut pas conclure que le récit ne se rencontre qu’à l’écrit. Il peut exister des cas particuliers de récits oraux. Très
souvent, on constate qu’un même texte fait alterner ces deux
types d’énonciation (la présence de citations au discours direct relevant du récit marque un passage au discours.

5. LES DÉICTIQUES
a. Les pronoms personnels
La théorie d’Émile Benveniste

La réflexion actuelle sur les pronoms dits personnels se fonde sur un article d’Emile Benveniste, repris dans
« Problèmes de linguistique générale ». dans cet article, E.B. observe, à partir de l’examen de nombreuses langues
indo –européennes que la flexion verbale à trois personnes, héritée de l’indo-européen n’est pas le type dominant des
langues du monde. C’est que cette catégorisation en trois personnes doit être remise en question.
Seuls « je » et « tu » sont des personnes selon E. Benveniste, tandis que « il » est « la non personne », ce dont on
parle mais qui n’a pas droit à la parole.

Je/tu + personneil –personne

Propriétés des personnes je et tu


Je et Tu ont en commun trois propriétés :

-ce sont les seules personnes. Est personne ce qui parle, c’est –à- dire les humains et les assimilés. (tout objet
personnifié, ainsi que Dieu, les anges, les fantômes, les démons, etc.). Par conséquent, la personne n’est propre qu’aux
positions « Je « et « tu ». La troisième personne est, en vertu de sa structure même, la forme non personnelle de la
flexion verbale.
Je et tu sont uniques : le je qui énonce, le tu auquel je s’adresse sont chaque fois uniques.
Mais il peut être une infinité de sujets, ou « aucun ».

Je et tu sont inversibles : Dans l’interlocution, les personnes sont je et tu à tour de rôle. Jetu. Aucune relation
pareille n’est possible entre ces deux personnes tu-je et il, puisque il en soi ne désigne rien ni personne.
Il existe entre je et tu ce que Benveniste appelle une corrélation de subjectivité : je est intérieur à l’énoncé et extérieur
à tu.
Soit : je + locuteur/  tu –locuteur

La troisième personne

Ce que nous appelons à tort la 3 e personne est une non - personne apte à référer à des objets, des abstraits, des neutres,
voire à rien : il pleut (il = non personne). En discours, cette personne sert à désigner l’allocutaire :
- par déférence : Madame est servie ou dans des formules de politesse.
- par mépris : Mais c’est qu’il me cherche, celui-là !
- par condescendance : Mais il a encore grandi, ce bout de chou !

Nous et vous

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Les personnes nous et vous dites du pluriel ne sont pas de vrais pluriels car il n’y a qu’un seul je et tu par énonciation.
(et non plusieurs). Ce sont des formes inclusives ou exclusives de l’allocutaire pour nous, qui correspondent non à des
pluriels, mais à des personnes amplifiées et diffuses. Ainsi dans nous, qui peut être inclusif ou exclusif de vous, on
constate une forte prédominance de je que nous peut dans certains cas, remplacer la première personne : nous de
majesté, nous de l’auteur. C’est aussi le cas de vous de politesse du français.

Ces différences sémantiques correspondent en français à des différences morpho - syntaxiques :


La troisième personne est la seule à avoir une flexion complète, un féminin et un vrai pluriel :
- sujet : il, ils, elle, elles.
- objet direct : le, la, les
- complément indirect : lui, leur, lui, leur
- forme accentuée : lui, eux, elle, elles.

Les fonctions syntaxiques de la 1ère et de la 2ème personne du singulier :


- sujet : je, tu
- compl. dir. et indir. : me, te
- forme accentuée : moi, toi

Les fonctions syntaxiques de la première et de la deuxième personne du pluriel : nous, vous :


- sujet : nous, vous
- compl. dir. et indir. : nous, vous
- forme accentuée : nous, vous

L’ordre direct/indirect n’est pas le même pour les personnes de discours et la non-personne :
Je le lui donne (dir. et indir.) / je me le donne (indir. + dir.)
. Les personnes de discours ne peuvent apparaître en fonction de complément indirect dans la séquence de deux
compléments antéposés :
Au lieu de * Je me lui donne (incorrect) Je me donne à lui
Mais : Je le lui donne.

b. La relation d’interlocution
On désigne la première personne par le terme de locuteur, la deuxième par celui d’interlocuteur ou d’allocutaire.
La notion d’interlocution est importante pour la communication (elle est la relation entre le locuteur et l’interlocuteur
ou l’allocutaire). En français moderne, il est d’usage d’utiliser, quand on parle d’inconnus, les termes d’adresse
(Madame, Monsieur, Mademoiselle) quand on associe : Madame me disait que.., Monsieur est avant moi..
La notion d’interlocution est importante parce qu’on peut y avoir association à l’interlocution ou rejet  : Vous, on ne
vous parle pas ! ( rejet) ; Ce monsieur semble désirer quelque chose.(associe)
La troisième personne, ce dont on parle, ou la non –personne, est parfois désigné par le terme de délocuté.

Mode et référence
Je et tu fonctionnent toujours par référence situationnelle. Le référent ne peut être connu que si l’on connaît la
situation de l’énonciation. Qui parle à qui ?
(Au téléphone, par exemple, le locuteur, ajoutera son nom : C’est moi, Anne !)

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Je et tu sont aussi des déictiques (ou embrayeurs). Je et tu peuvent être a-référentiels (sans référent précis, à valeur
d’indéfini s’appliquant `a tout individu susceptible de dire je et tu. Ce sont les je, tu des expressions figées  : Aide-toi,
le ciel t’aidera !
Le je du raisonnement logique est aussi a-référentiel : 4+4=8, je pose 2 je retiens 1.
Le je et tu de la chanson peuvent être aussi classés dans cette catégorie. Ils ne désignent pas un locuteur et un
allocutaire précis, mais sont destinés à représenter tous ceux qui s’identifieront dans la chanson.

Nous et vous
Sont aussi des déictiques fonctionnant en référence situationnelle (en situation de communication) surtout quand je et
tu ne réfèrent qu’au locuteur et à l’allocutaire.
Leur mode de référence est souvent mi-situationnel, mi-discursif comme dans l’exemple :
Avec ma sœur, nous ne nous entendons pas très bien !
Nous et vous peuvent aussi être a-référentiels :
« Une odeur qui vous prend à la gorge !
Je vous demande un peu de patience !

Il / elle
Le pronom il ou elle fonctionne le plus souvent en référence discursive, C’est un représentant, un anaphorique. Il
anaphorise (reprend son antécédent) :

Ma mère est partie, qu’est-ce qu’elle t’a dit ?


On rencontre parfois il, elle (rarement) en référence situationnelle : des gens reviennent d’un rendez-vous important,
leurs proches les accueillent en demandant :
Alors qu’est-ce qu’il a dit ? (référence in absentia, ou mémorielle) ; des gens dans le public n’entendent pas
l’orateur : Qu’est-ce qu’il a dit ?( référence in praesentia)

Les personnes de discours dans le récit écrit


Dans le récit écrit de fiction, il est parfois possible qu’il y a deux je :
- celui du narrateur inscrit, qui est en fait un personnage fictif (le Marcel de Proust, le Meursault de L’Etranger
de Camus.
- Un je extérieur au déroulement de la fiction, qui représente dans le texte la voix de l’écrivant, le je qui manipule
les personnages (de Jacques et de son maître).
Cette double voix narratrice s’exprime dans les romans à la première personne et dans les romans où le narrateur
homodiégétique est un personnage de fiction, extérieur à l’histoire et qui raconte : Les Mille et une nuit ; Manon
Lescaut.
Selon la terminologie de Gérard Genette ce genre de narrateur s’appelle hétérodiégétique.
Les pronoms tu et vous représentent ce que l’on appelle le lecteur inscrit qui diffère souvent du public réel de l’œuvre.
On peut aussi distinguer le lecteur inscrit et le destinataire de l’œuvre lorsque celle-ci est dédiée à quelque grand
personnage ou commanditaire.

Le pronom on
Le pronom indéfini on présente deux particularités : il ne peut désigner que des humains ou assimilés et il n’a pas de
forme autre que sujet (vous ou soi le remplacent dans les autres fonctions). Dans la plupart de ses emplois, son
fonctionnement est proche de celui de l’article indéfini, c’est-à-dire il a un référent non identifié (extrait aléatoirement
d’un ensemble) :

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« On a souvent besoin d’un plus petit que soi. »
On peut avoir un référent spécifique, mais non identifié :
On frappe à la porte. On m’a dit que… (C’est quelqu’un de bien précis qui frappe à la porte ou qui m’a parlé,
mais je juge inutile de préciser qui.
Du fait qu’il réfère toujours à des humains, on est aussi apte `a représenter de façon indéfinie toutes les personnes du
discours :
-on= je : «On ne vous hait pas ».
-on = nous : « On est tous frères ».
- on=tu : « Alors, on est toujours fâchée ? »
- on=vous : « On se calme ! »
Que (on inclusif), on dit que : les gens disent que (on
Dans le récit journalistique, on peut être inclusif ou exclusif du locuteur primaire (le journaliste : on sait que signifie
le plus souvent nous savons que (on inclusif), on dit que : les gens disent que (on exclusif).

Les personnes du discours

En personnes du discours, il y a je-tu, nous-vous avec des variantes :


-toi : forme nominale du pronom, suppose un locuteur je et donc un discours rapporté de il.
Mais c’est aussi, un terme d’adresse intégré au récit :
- je ne dirai pas signifie le je d’un narrateur auteur, c’est–à -dire d’un narrateur qui se présente dans son action
d’écriture. Il pose un je différent de il c’est leur affaire. Cette intervention s’appelle cf. à Gérard Genette « fonction
métaleptique » : la fonction du narrateur qui manipule ses personnages comme un dieu omniscient.
- Nous supposerons. Dans cet exemple, il s’agit d’un nous inclusif de vous : je, narrateur-auteur + vous (ou tu),
lecteur inscrit ;
- Je vous demande un peu : je, vous, a-référentiels. Il y a une ambiguïté sur la possibilité d’une confusion d’identité
entre le personnage, le narrateur et l’auteur. Par le jeu des personnes on obtient des effets d’ambiguïté.

c. Les temps de l’énonciation


Dans l’étude des déictiques, une place importante revient à la question du temps de l’énonciation. Comme nous l’avons
fait dans le cours consacré à la personne, nous orienterons notre étude vers une problématique particulière, celle de la
valeur et des emplois de trois formes verbales : le présent, le passé composé et le passé simple.
On appelle temps de l’énonciation (souvent symbolisé par To) le temps mis en rapport avec le présent du locuteur. Le
temps zéro (To) de l’énonciation est donc le présent du locuteur et les autres temps sont repérés par rapport à ce présent :
les temps du passé, y compris du passé simple, réfèrent à des temps antérieurs au présent de l’énonciation (To), et le futur
et le futur antérieur réfèrent `a des temps postérieurs à To.

Le présent de l’énonciation
Certains verbes dits performatifs (Cf. M.Arrivé, M.Galmiche, F.Gadet, La grammaire d’aujourd’hui) ont la particularité,
à la première personne de l’indicatif, de servir à accomplir l’acte qu’ils énoncent comme  : remercier, jurer, saluer,
maudire, interdire, promettre, interdire, baptiser. Le temps présent réfère au moment où sont prononcés les mots au
présent : à quel moment je te salue ? au moment précis où je dis Je te salue.
Remarque : Dans l’exemple : Tu me remercies et je ne sais pas pourquoi, « remercier » à la deuxième personne n’est
plus performatif et l’occurrence : tu me remercies n’est plus contemporaine de l’acte auquel elle réfère.(présent différé).
En général, le temps auquel réfère le présent est plus étendu que l’acte de l’énonciation  : Je t’aime. Je parle au téléphone,
etc. L’acte d’énonciation est inclus dans ce temps (présent dilaté). Cette dilatation du temps peut être très distendue ainsi

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que l’acte d’énonciation n’a p[lus grande importance pour déterminer le temps auquel le présent réfère comme dans
l’exemple : La terre tourne.
Il y a aussi un autre présent, celui de vérité générale, de définition :
Une rose est une rose

Les présents du récit fictionnel


Le présent de l’énonciation signale les interventions du narrateur
« Je suis obligé de faire remonter mon lecteur au temps de ma vie où je rencontrai pour la première fois le chevalier
des Grieux.
(A. Prévost, Manon Lescaut)
Le présent historique (ou présent de narration) n’y est pas rare dans les textes littéraires, surtout dans l’écriture
contemporaine où se manifeste la tendance à remplacer la narration au passé par une narration au présent pour donner
l’impression d’un reportage sur le vif :
Les soldats entrent dans la première ligne, ouvrent le feu, …
A noter que ce type de narration au présent efface toute opposition entre le passé simple et l’imparfait.
Dans le récit, il y a aussi le plus –que –parfait et le passé antérieur accompagnés ou non par des adverbes  : pendant ce
temps, alors, quelques jours plus tard, peu après, auparavant, la veille, le lendemain, etc.
Dans ses valeurs temporelles, les formes conditionnelles en raient sont des futurs par rapport au temps de l’énoncé, des
passés par rapport au temps de l’énonciation.
Je te rappelle que la semaine dernière, Michel jurait qu’il partirait le soir même, on l’attend toujours. -> peut se
représenter ainsi :

T2 T1 To
La semaine dernière aujourd’hui
---------------------------------------------------------------------
To T+1
Michel jurait il partirait je te rappelle
On l’attend

To T+1
--------------------------------------------------------------------
Michel jure : je partirai

Ainsi, on peut dire que le passé simple, temps narratif de l’histoire, est repéré par rapport au temps de l’énoncé (le
présent) et le passé composé, temps narratif du discours, par rapport au temps de l’énonciation.

Le passé simple est le temps du récit qui avance sur l’axe temporel à mesure que le récit lui-même avance  : il est un
repère par rapport auquel se définissent des antériorités et postériorités du récit :
Michel partit à peine son discours terminé, avant d’avoir pu prendre un verre avec ses amis mais il avance en même
temps que la narration progresse : Michel partit, prit son train au vol et arriva chez Zoé au moment où elle appelait un
taxi.

Le passé composé
Le passé simple a comme concurrents, dans le récit des événements passés, l’imparfait de perspective et le passé
composé. La concurrence du passé composé peut être considérée comme une concurrence victorieuse, puisqu’en français
contemporain, dans le langage parlé, le passé simple n’apparaît pratiquement plus.

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Par son auxiliaire au « présent », est apte à situer l’évocation d’un événement dans l’époque présente. Son deuxième
élément, le participe passé, décrit l’évènement entièrement révolu, (passé).
Si l’on me demande : Veux-tu manger avec nous ? et que je réponde J’ai mangé, je fais savoir que, dans le présent de
l’acte de langage, l’évènement manger est pour moi du révolu, du dépassé, donc qu’en principe je n’ai pas faim.

d) Les déictiques spatiaux


A côté des personnes et des temps verbaux il existe d’autres embrayeurs, les déictiques dont la fonction est d’inscrire les
énoncés dans l’espace et le temps par rapport au point de repère que constitue l’énonciation.
Même si la personne joue un rôle déterminant, la triade je, tu, ici, maintenant est la clé de voûte de toute activité
discursive.
On distingue alors entre les déictiques spatiaux et temporels. On notera l’ambiguïté du terme présent qui réfère à la fois
au temps et à l’espace comme le double rôle des déterminants démonstratifs et de l’opposition entre ci et là.
Ici là
Ce livre-ci Ce livre-là
ceci cela
Maintenant Ce matin-là
Ce samedi-là
À cette heure-là

Le point de repère, des déictiques spatiaux c’est la position occupée par le corps de l’énonciation lors de son acte
dénonciation. On distingue plusieurs types de déictiques spatiaux :
- Les démonstratifs
Il y a deux classes de démonstratifs :
- celle des déterminants : ce livre-ci/là
-celle des pronoms (ce, ceci, cela, celui-ci/là
Ces morphèmes sont ambigus hors contexte. Ils peuvent fonctionner comme déictique anaphorique et aussi comme
déictiques situationnels
Ex : Ça, est un élément déictique situationnel dans : Regarde ça ! et un élément anaphorique dans : Paul a été gentil.
Ça m’étonne de lui.
De même ce est déictique situationnel dans : Je prends ce livre et anaphorique (de reprise). J’ai lu Candide, ce roman
me plaît.
Dans leur fonction déictique situationnelle ces morphèmes accompagnent souvent un geste de l’énonciateur indiquant
à l’allocutaire un objet perceptible dans la situation de communication.
On peut distinguer de pures déictiques (ça, ceci, cela) de ceux qui se combinent avec un nom (ce bateau) dont le
signifié restreint déjà considérablement la classe des référents possibles du GN.
On distingue des emplois anaphoriques des emplois situationnels parce que l’environnement spatio-temporel qui
identifie le référent de ces déictiques est de deux types :
- l’environnement discursif, c’est-à-dire les unités linguistiques qui précèdent ces déictiques ou les suivent
immédiatement (on parle de cotexte)
- l’environnement extralinguistique dit aussi contexte.
L’environnement discursif ne permet pas d’identifier le référent du démonstratif de manière aussi immédiate que
l’environnement extra-linguistique.

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La notion de situation de communication dans un sens large fait intervenir ces coordonnées spatio-temporelles. Elle
inclut également tout un environnement socioculturel, l’ensemble des circonstances déterminant un acte
d’énonciation.
On voit également le locuteur employer ce+ nom pour référer à des objets qui ne sont ni visibles ni présents dans un
fragment antérieur du dialogue mais qui appartient à l’univers de discours, commun aux interlocuteurs. (Un Français
qui, pendant la seconde mondiale aurait commencé une conversation  par « Cette guerre, quelle horreur ! » n’aurait
eu aucun mot ce à quoi il référait.

- Les présentatifs : voici/voilà sert à signaler l’attitude de l’allocutaire, l’apparition de référents nouveaux : Voilà, les
invités qui arrivent !
Ces éléments voici, voilà peuvent également jouer le rôle d’éléments anaphoriques : Laisse-moi ! Voilà tout ce qu’il a
pu me dire !

- Les éléments adverbiaux et les locutions adverbiales répartis en divers micro-systèmes sémantiques : ici/là, là-bas,
près, ici, loin, en haut/en bas.
Ce micro-système d’oppositions correspondent à divers découpages de la
catégorie de spatialité. Si l’on ignore la position du corps de l’énonciateur qui
les a émis, ces termes restent parfois opaques. Si ce corps change de place,
leur intérprétation change corrélativement . Il en va aussi dans un dialogue si
les deux protagonistes ne se trouvent pas au même endroit ; ce qui était ici et à
gauche pour l’un peut bien être situé pour l’autre là et à droite sans que les
objets désignés aient changé de position.
Ici peut avoir deux valeurs distinctes : il envoie à un lieu qui englobe
l’énonciateur : il est ici depuis hier où ici=Lyon, ou à un endroit qu’il
détermine à l’extérieur de lui-même : Regarde ici !

Proximité/ éloignement
En principe le couple ici/là est fondé sur l’opposition de l’axe sémantique proximité/ de l’énonciateur/ éloignement de
l’énonciateur :
Ex : Ce N-ci/ceci, voici, voici, ici, celui-ci, / ce N-là, cela, voilà, là, celui-là, etc.
Le plus souvent là neutralise l’opposition et marque une localisation indépendamment de la prise en compte du degré de
proximité. : cet objet-là, voilà, réfèrent aussi bien à un objet proche qu’à un objet éloigné. Cette déficience du système a
obligé la langue à utiliser là –bas (auparavant antonyme de là-haut) pour signifier l’éloignement ou à recourir à des
formes parlées redondantes : celui-là, là. La notion de distance peut également fonctionner dans le domaine des
jugements de valeur. Mettre à distance un objet peut aussi bien s’entendre comme marque de respect que comme
dépréciation, selon l’ambivalence de « vous » de politesse. Dans certains contextes l’énonciation utilisera des formes en
là pour signifier le caractère + ou – du jugement qu’il porte. C’est ainsi que la forme marquée : ce garçon-là peut figurer
dans ce garçon-là ne m’inspire pas confiance. (rejet)

6. LE DISCOURS : DIRECT, INDIRECT, INDIRECT LIBRE

Les trois principaux types de discours rapportés sont le discours (ou style) direct (abréviation : DD ou SD), le discours
(ou style) indirect (abréviation : DI ou SI) et le discours (ou style) indirect libre (DIL ou SIL)
a) LE DISCOURS DIRECT est marqué dans la langue écrite, par des

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guillemets, par des tirets à la ligne, par une mise en italique. Le discours direct a pour caractéristique essentielle de
présenter deux situations d’énonciation (deux je, deux tu, etc) :
Marie : Il y a cinq ans que Michel m’a dit : « je prends ma petite valise et je viens m’installer chez toi aujourd’hui »
et aujourd’hui, je l’attends toujours.
Le temps de l’énonciation de Marie (aujourd’hui, je l’attends toujours) suit de cinq ans le temps de l’énonciation de
Michel (aujourd’hui je prends ma petite valise). dans le discours de Marie, je réfère à Marie, dans celui de Michel, je
réfère à Michel
Le discours direct est introduit par un verbe de parole dont le sujet indique qui est le locuteur secondaire, dans une
proposition antéposée (Michel dit, s’écria, s’exclama.). La proposition peut aussi être postposée (répondit, s’écria, dit
Michel, donc avec inversion du sujet. Le discours direct apparaît aussi dans une proposition incise (entre virgules) et
surtout dans un dialogue.
Dans les séquences de dialogue, le verbe introducteur peut ne pas apparaître. C’est pourquoi, le discours direct peut
contenir toutes sortes d’énoncés : ordres et questions, actes de langages, exclamations, interjections, phrases
incomplètes, incorrectes, en langues étrangères :
Il s’écria : Oh, mon Dieu.. Ciel, mon enfant… ! Que faire maintenant ? Où aller ? Alors , wait and see !

b. LE DISCOURS INDIRECT
Ce discours est aussi appelé discours indirect conjonctionnel pour être distingué du discours indirect libre. Ce type de
discours intègre l’énoncé rapporté, dans l’énoncé rapportant, dans la narration. Il n’y a dans ce discours qu’un je, ici,
maintenant (on l’appelle aussi je d’origine, celui du locuteur primaire et d’un seul repère temporel).
Le discours indirect est toujours introduit par un verbe de parole de type dire, (dire affirmer, demander, ne pas savoir,
vouloir dire, promettre de, etc.)suivi de la conjonction que ou des interrogatifs indirects : si, quand, où, qui, lequel,
etc. : Michel dit que Marie arrive…
. Michel demande si Marie arrive..
Ce discours peut aussi être introduit par une infinitive (après de) :
Michel promet à Marie d’arriver dans une heure.
Rapporter un discours au DD est une opération de citation, rapporter un discours au DI est une opération de
paraphrase.
Dans le discours indirect, le locuteur secondaire n’existe plus : il ne donne plus ses marques au discours qu’il a assumé
et tous les repérages se font par rapport au locuteur primaire :
Michel m’a dit il y a cinq ans en préparant sa petite valise qu’il serait là- bas le lendemain et je l’attends toujours.
Passé en style indirect, l’embrayeur de lieu se traduira par une indication de lieu (là-bas) ou par un nom propre (à
PARIS, à LYON, rue des Héros, etc.)
l’embrayeur (le déictique de lieu) se traduira par les adverbes et par les noms à valeur adverbiale. : le lendemain, la
veille, le jour même, ce jour-là, la semaine suivante, etc.
L’embrayeur de personne sera rendu par il ou elle, sauf dans le dialogue, où je et tu échangent leurs positions :
DD : Tu m’as dit : « j’irai chez toi »
DI : Tu m’as dit que tu irais chez moi.
L’embrayage temporel : en ce qui concerne les temps, si le verbe introducteur est au passé, le DI est à l’imparfait pour
rendre le présent du DD, passé composé ou futur.
Si le verbe introducteur est au passé, le DI est à l’imparfait pour rendre le présent du DD, plus que parfait pour les
passés, conditionnel pour les futurs :
Michel m’a dit qu’il venait/était venu/ viendrait.

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La concordance des temps ne peut pas se faire pour le présent de vérité générale et le maintien ou non de la
concordance peut introduire certaines nuances : Copernic a enseigné que la terre tourne autour du soleil. (On préfère
parfois l’imparfait pour faire assumer à Copernic toute la responsabilité de sa doctrine).

c. LE DISCOURS INDIRECT LIBRE

Le DIL comme le DI «conjonctionnel» transpose :


1. les déictiques (embrayeurs) de personne je et tu pour les repérer selon le locuteur primaire.
2. les temps selon le temps du discours rapportant

Comme le DD Le DIL se caractérise par :


1. le manque des verbes introducteurs suivis de que, si et autres conjonctions
2. la possibilité de contenir des termes d’adresse, des exclamations, des termes marqués par la subjectivité du
locuteur, des interrogatives directes
Les ordres à l’impératif sont pourtant transposés en subjonctifs d’ordre (formes qui remplacent l’impératif à la
troisième personne.
Le DIL peut utiliser les déictiques (embrayeurs) du DD ou du DI.

1. ABSENCE DU VERBE INTRODUCTEUR

Le DIL n’est pas introduit par un verbe de parole de type dire, mais il y a toujours un indice de parole ou de pensée
rapportée qui permet de comprendre que l’énoncé qui suit n’appartient pas à l’énoncé primaire.

Aussitôt interpellé, P.nie toujours être l’assassin. Le jour du crime, il travaillait chez une voisine de Mme D..
Le Figaro, mardi, 1er août 1995
Dans cet exemple, le texte ajoute que «  personne ne semble pouvoir confirmer l’alibi, ce qui est un indice que
l’énoncé n’est asserté que par le criminel présumé.
Dans la plupart des cas il y a l’impossibilité que l’énonciateur primaire puisse asserter l’énoncé qui permet de
comprendre qu’il s’agit de DIL.
Comme Le DD, le DIL peut être attribué par une incise, même si les indices de personne ne sont pas ceux du DD.
C’était, disait-on la parfaite chrétienne […]
M.Proust, Le côté des Guermantes
Certains chercheurs classent dans le DIL les discours rapportés introduits par « selon »
Selon les responsables de la communication de H.P., cet incendie ne remettra pas en cause l’ouverture de
l’établissement, prévue pour le 15 mai…
Le Monde, le 15 avril 1997

En effet, ce qui caractérise le DIL c’est l’ambiguïté, le doute maintenu par le véritable énonciateur de l’énoncé en
question.\

7. TEMPS VERBAUX ET PERSONNES

Repérage par rapport au locuteur du récit

La transposition des temps et des personnes est la même que dans le style indirect :

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- je et tu deviennent il
- les temps s’alignent sur les temps du récit : 1) présent avec récit au présent, 2) imparfait et plus-que-parfait avec
récit au passé :
1) Ex : Mais il refuse : c’est bien de lui avoir pris la moitié de son pain.
2) Mais il refusa : c’était bien de lui avoir pris la moitié de son pain.
Dans le DD : c’est bien de vous avoir pris la moitié de votre pain.

Dans certains cas, le conditionnel transpose un futur du DD :

DD : Je partirai demain


DIL : Jean accepta : il partirait le lendemain.

Dans le discours journalistique moderne, on voit apparaître un conditionnel modalisateur de DIL : La famille D. porte
alors plainte contre X pour homicide involontaire… Peu à peu, rejetant toutes les autres hypothèses, elle s’est forgé
une conviction : le naufrage serait dû à un sous-marin inconnu…..
serait dû peut être compris comme une conviction : le naufrage est sans doute dû…

Embrayeurs de temps et de lieu

Les embrayeurs de lieu et de temps peuvent rester ceux du style direct, repérés par rapport au locuteur secondaire
(celui dont les propos sont transmis) :

Jean découvrit une petite maison en ruine. Maintenant, il serait à l’abri. Ici, il pourrait retrouver Cécile.
Aujourd’hui, il avait enfin eu de la chance.

Dans cet exemple, ce sont ces embrayeurs subjectifs qui permettent de comprendre qu’il s’agit de DIL

Mais cet emploi n’est pas obligatoire, on peut trouver :

Le rédacteur acheva son rapport : l’ennemi, disait-il, serait là (ici) dans deux heures.
Présence d’éléments subjectifs

Dans le style indirect libre on peut trouver toutes les marques subjectives du DD :

- termes d’adresse :
Elle la prit sur ses genoux : «  Mademoiselle n’était pas sage, quoi qu’elle eût sept ans bientôt »
Dans le DD cette phrase devient : mademoiselle, vous n’êtes pas sage…
On note la possibilité de mettre le DIL entre guillemets comme le DD.

- exclamations, interrogations :

Il haussait la voix [..] Est-ce que ce n’était pas stupide de croire qu’on pouvait d’un seul coup changer le monde…
Alors, qu’on lui fichât la paix, avec les miracles !
ZOLA, GERMINAL

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- L’Impératif ne peut pas être maintenu, puisque « TU »du DD passe à « IL » au DIL et devient un subjonctif
(imparfait).
DD : Fichez-moi la paix, avec les miracles !
DIL : Qu’on lui fichât la paix, avec les miracles !
DD : Tu m’énerves, espèce de plouc ! Va-t’en !
DIL : Cécile ne supportait plus Jean. Il l’énervait, cette espèce de plouc !

Le style indirect libre est caractérisé par son ambiguïté, très difficile à repérer, et il peut permettre des effets littéraires
très subtils.

Discours indirect libre et récit fictionnel.


Pour certains auteurs tout récit fictionnel à la troisième personne participerait du discours indirect libre, dans lequel se
confondent deux voix : celle de ce qu’elle appelle la fonction narrative, moins personnalisée que le narrateur à la
première personne et à qui elle refuse le statut personnel et celle du véritable –je -origine du récit fictionnel à la
troisième personne : le personnage.

« ON SE RASSEMBLAIT, ET L’HUMEUR DE CHACUN ÉTAIT CONTRARIÉE PAR LA FÊTE D’HIER. »

CERTAINS VERBES DÉCRIVENT LES PROCESSUS MENTAUX NON EXTÉRIORISÉS DES PERSONNAGES.
IL S’AGIT DE L’IMPARFAIT HYPOCORISTIQUE (IMP. DE DISCOURS IND. LIBRE), EMPLOYÉ POUR
PARLER AUX ENFANTS.

«  QU’ELLE ÉTAIT MIGNONNE, LA PETITE MONIQUE !

L’IMPARFAIT MODAL EST L’IMP. QUI APPARAÎT DANS LA PROPOSITION EN SI DES SYSTÈMES
HYPOTHÉTIQUES :
SI MARIE MONTAIT SUR UNE CHAISE, ELLE S’APPELLERAIT JEAN. !
L’IMPARFAIT A POUR FONCTION DE CRÉER LE DÉCOR D’UN MONDE POSSIBLE, DONT LE
CONDITIONNEL DONNERA LES IMPLICATIONS. DANS CERTAINS CAS IL S’AGIT D’UN IMPARFAIT
CONTREFACTUEL QUI EXPRIME UN MONDE DIT « CONTREFACTUEL », C’EST-À DIRE CELUI D’UN
MONDE IRRÉEL, INVERSE À CE QUI EST

POUR CRÉER LE MONDE CONTREFACTUEL DU JEU ON EMPLOIE L’IMPARFAIT SANS SI :


« ON ÉTAIT DES GRANDES PERSONNES ET ON ETAIT DES MARCHANDES ».

AVEC CES VALEURS MODALES, L’IMP. N’A PLUS AUCUN RAPPORT AVEC LE PASSÉ : LES MONDES
DONT IL CRÉE LE DÉCOR SONT FUTURS DANS LE CAS DU POTENTIEL ET PRÉSENTS DANS LE CAS
DE L’IRRÉEL.

8. LES MODALITÉS

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EXPRIMENT UNE OPTION DU SUJET ÉNONCIATEUR, UNE ATTITUDE SUBJECTIVE. DE CE POINT DE
VUE, TOUTE PHRASE EST MODALISÉE, MAIS IL FAUT DISTINGUER ENTRE :

1)UNE MODALITÉ EXPLICITE (QUI CONTIENT UN MARQUEUR SPÉCIFIQUE DE LA MODALITÉ)


JE PEUX N’EPROUVER AUCUNE AVERSION POUR UN
HOMME SI MÉCHANT MODALITÉ ÉNONCIATIVE
EXPLICITE
2)UNE MODALITÉ IMPLICITE (SANS MARQUEUR SPÉCIFIQUE) :
À CE MOMENT LA PORTE S’OUVRE
ON VA ANALYSER PLUSIEURS MODALITÉS :
- D’ÉNONCÉ,
- D’ÉNONCIATION,
-DE MESSAGE, ETC.

LES MODALITÉS D’ÉNONCÉ

CES MODALITÉS N’AFFECTENT PAS LE TYPPE DE PHRASE QUI EST ASSERTIF.


LA PRINCIPALE FONCTION DE LA MODALITÉ D’ÉNONCÉ EST DE SITUER L’ÉNONCÉ SUR L’UN DES
AXES MODAUX :

- DE LA NÉCESSITÉ : ON DOIT NÉCESSAIREMENT L’OPÉRER


- DE LA CERTITUDE : TU ES CERTAIN DE LA RÉUSSITE, TU N’AS AUCUN DOUTE

- DE L’OBLIGATION : IL FAUT QUE L’HOMME APPRENNE À SE DÉFENDRE

LA STRUCTURE CANONIQUE DE LA PHRASE MODALISÉE

// PH\\

/ \

MODUS DICTUM
( ÉNONCÉ MODALISANT) ( ÉNONCÉ MODALISÉ)
/ \ / \

SUJET MODAL PRÉD.MODAL SJ. DICTAL PRÉD. DICTAL


JE SAIS QUE VOUS TRAVAILLEZ DU
MATIN AU SOIR

LES MARQUEURS DE LA MODALITÉ D’ÉNONCÉ

1. LES AUXILIANTS MODAUX : SAVOIR, CROIRE, POUVOIR, DEVOIR, VOULOIR.

EX : JE NE SAIS PAS REFUSER DUREMENT


JE CROIS QU’ILS ARRIVENT DE PROVINCE

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D’AUTRES VERBES PEUVENT FIGURER EN POSITION D’OP’ERATEUR DE PHRASE RÉGISSANT UNE
PROPOSITION À VERBE FINI OU UN INFINITIF.
CES AUXILIANTS EXPRIMENT :
- L’OBLIGATION : FALLOIR, AVOIR À : IL FAUT ÊTRE DE CEUX QUI PARTENT
- LA VOLONTÉ : CHERCHER À, ESSAYER DE, S’EFORCER DE,
S’EMPLOYER À, TRAVAILLER À, SE TUER À, ETC.
- LA CERTITUDE : VOIR, ENTENDRE, AFFIRMER, ASSURER DE.
JE VOUS ASSURE QU’IL VIENDRA.
- LE DOUTE : SUPPOSER, PARAÎTRE, SEMBLER, ETC.
IL ME SEMBLE QUE VOUS FAITES…ETC.
- LA PERMISSION : PERMETTRE, AUTORISER DE, EMPÊCHER DE, DÉFENDRE DE
J’AI PERMIS AUX ENFANTS DE RENTRER TROP TARD..
- LE SOUHAIT : DÉSIRER, SOUHAITER, ESPÉRER, ETC.

REMARQUE : LES AUXILIANTS MODAUX SONT POLYVALENTS.


ILS PEUVENT EXPRIMER PLUSIEURS VALEURS MODALES, SUIVANT LE CONTEXTE (EX : LE VERBE
POUVOIRLA PERMISSION
JE NE PEUX M’EMPÊCHER DE HAUSSER LA VOIX
VOUS POUVEZ ALLER FAIRE UNE PROMENADE
LE VERBE DEVOIR EXPRIME L’OBLIGATION : JE NE DOIS PAS LAISSER MON ENFANT SEUL OU LA
SUPPOSITION : IL DOIT ETRE POSSIBLE DE TROUVER UNE AUTRE SOLUTION.

LES ADJECTIFS MODALISANTS

PEUVENT FIGURER DANS DES STRUCTURES PERSONNELLES OU IMPERSONNELLES :


JE SUIS SÛR QU’IL N’A PAS ÉTÉ AU COURANT DES ÉVÉNEMENTS.
ILEST PROBABLE QUE QUELQU’UN A PRIS LA PAROLE.

LES ADVERBES MODALISANTS :

L’existence de certaines unités adverbiales qui déterminent la proposition en son ensemble est reconnue par toutes les
grammaires. Ce sont les adverbes d’opinion ou de modalité mais alors que des adverbes de manière de la grammaire
traditionnelle se rapportent au verbe, les adverbes de modalité se rapportent à toute la proposition. Ces adverbes
propositionnels expriment l’attitude du locuteur à l’égard de ce qu’il dit, donc le rapport entre le locuteur et l’énoncé.
1.Les adverbes de modalisation s’organisent autour de l’axe de la certitude et traduisent des nuances variées de nature
modale. :
- certitude : sûrement, certainement, vraiment, sans doute, évidemment, certes, justement, décidément,
véritablement, apparemment, assurément, bien entendu, clairement, en vérité, heureusement, incontestablement,
malheureusement, positivement.
Ex : Vous avez sûrement faim. Cette affaire est incontestablement réussie.
- la non certitude est exprimée à l’aide des adverbes : probablement, peut-être, pourtant, quand même, toutefois.
Combiné avec la négation, le sens de l’adverbe modal peut varier selon la position qu’il occupe :
- l’opposition simplement pas/ pas simplement exprime
l’opposition sémantique : restriction négative/extension positive :

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Je ne comprends simplement pas comment tu peux te permettre de me parler comme ça.
Et cependant les effets affectifs du rouge et du bleu ne se trouveraient pas simplement inversés.
- l’opposition pas même/ même pas traduit l’opposition limite supérieure non atteinte/ limite inférieure non
atteinte.
Nulle puissance terrestre et pas même la vaine science humaine ne peut faire que vous la connaissiez.
Elle n’essayait même pas de garder une apparence honnête.
L’adverbe modalisateur peut exprimer aussi une attitude affective du sujet : volontiers, heureusement, malheureusement,
par bonheur, etc.
Malheureusement, elle n’est pas arrivée à temps .Elle n’est malheureusement pas arrivée à temps. (changement de
place).

Un adverbe de modalisation peut être un opérateur de phrase (il peut commander une proposition) :
- elle a de l’argent ?
- bien sur qu’elle en a.
- peut-être parlait-elle comme ça quand elle était seule.
La forme modale  est l’un des moyens les plus importants dont dispose le français pour exprimer les modalités
d’énoncé. Elle se trouve en général sous la dépendance du contexte.
a) verbe régissant :
le mode indicatif est caractéristique des phrases assertives :
Elle ne s’occupait guère de ses parents.
Le contexte interrogatif, hypothétique, inversif, etc. ainsi que, dans certains cas, le thème lexical du verbe peut faire
dévier la forme modale de l’indicatif vers d’autres valeurs, non assertives :
Vous n’allez pas partir comme ça ! (injonction)
Pleuvait-il, le village était complètement isolé. (condition)
Elle aurait voulu partir plus tôt. ( virtualité annulée).
Les verbes en r expriment une valeur modale virtuelle.
Le subjonctif mode de la subjectivité et de la virtualité est porteur de
diverses nuances modales :
-l’injonction :
Que cela soit bien compris !
- le souhait :
Puisse-t-il venir à temps !
- la non adhésion
Je ne sache pas que vous ayez quelque chose à vous reprocher.
- l’impératif , mode du discours, exprime les diverses nuances de l’injonction  :
Venez. Soyez raisonnable, ce médicament est mauvais pour vous.
Le verbe Régi : En position de verbe régi, la forme verbale apparaît comme une variante conditionnée par l’énoncé
modalisant ou comme une variante
optionnelle investie d’une valeur modale spécifique : Elle veut bien que je
m’installe chez elle.
La logique a constitué le premier champ de réflexion sur les modalités.
Comme sur beaucoup de catégories intellectuelles modernes, l’héritage
aristotélicien pèse lourdement sur l’interprétation des modalités. La notion même de modalité remonte à Aristote. La
logique d’Aristote qui est basée essentiellement sur la démonstration syllogistique fonde même, par ailleurs, la logique
modale.

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Aristote a été le premier à avoir distingué les propositions assertives des propositions modales.
On appelle proposition modale une proposition dans laquelle le verbe qui porte l’assertion – affirmative ou négative - est
modifié par un adverbe modal ou par une locution modale. Il y a trois modalités aristotéliciennes : aléthiques,
épistémiques, déontiques.

1) Les modalités aléthiques s’organisent selon un carré logique à partir

du NÉCESSAIRE on aura :

nécessaire impossible

possible contingent

ex : Cela devait nécessairement arriver.( nécessaire)


Il est toujours possible de modeler un enfant (possible).
Il n’est plus possible que nous nous rencontrions (impossible).
Si je venais à le rencontrer est-ce que je ne me sentirais pas coupable ? (contingent).

1. Les modalités épistémiques s’organisent autour du

CERTAIN :

certain exclu(improbable)

probable incertain

Certes, j’ai aimé, moi aussi, le début de ce siècle.(certain)


Il réussira à coup sûr.(probable)
Il ne viendra probablement pas.
Il est inconcevable que vous ayez agi de la sorte (improbable).
Il n’est pas sûr que nous partions si vite.(incertain)

3) les modalités déontiques dont le point de départ

est L’OBLIGATOIRE :

obligatoire interdit

permis facultatif

Il faut travailler pour réussir. (obligation)


Son père lui permet d’utiliser sa voiture. (permis).

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Lui a-t-il interdit de descendre dans le village ?(interdit)
Il n’est pas absolument indispensable que vous fassiez cette démarche.(facultatif)

Les modalités virtualisantes caractérisent un énoncé descriptif qui évoque un fait virtuel (non réalisé mais réalisable).
Selon la nature de la relation modale qui s’instaure entre le sujet modal et son énoncé ou entre le sujet modal et d’autres
actants on distingue :
- les modalités déonthiques (obligatoires)
- les modalités volitives caractérisées par le trait d’intentionnalité :
C’est intentionnellement que je n’ai pas arrêté à la station service.
- des modalités désidératives :
Qui souhaite changer tout l’univers ?
- modalités évaluatives : ces modalités traduisent la prise de position du sujet modalisant par rapport à un
événement qu’il considère comme BON ou MAUVAIS :
Je trouve préférable de l’avertir de notre arrivée.
- modalités affectives :
Les modalités affectives expriment un sentiment ou une émotion du sujet modalisant à l’égard du fait évoqué par
l’énoncé descriptif qui est la source de ce sentiment ou de cette émotion:
Je m’étonne qu’il e soit pas venu à temps.
Je n’aimerais pas qu’on soit vus dans cette posture.

II. LES MODALITÉS D’ÉNONCIATION sont :


-l’interrogation
-l’injonction
- l’exclamation

LES MODALITÉS DE MESSAGE : L’EMPHASE


Conclusion : Les modalités expriment les relations du sujet modalisant avec son énoncé, ou les rapports qui
s’instaurent entre l’énonciateur et l’énonciataire. Les marqueurs de modalité se situent à des niveaux de structuration
linguistique qui diffèrent suivant le type de modalité dont ils sont la manifestation.
LES ACTES DE LANGAGE

a. Les performatifs
b. Locutoire, illocutoire et perlocutoire
c. Actes indirects et métaphores
d. Conditions de réussite

a. Les performatifs
«On est davantage lié par une parole que par tous
les câbles d’ancre du monde »
Proverbe provençal

J.L.AUSTIN dégage une notion nouvelle en partant d’une réflexion sur les affirmations et leur rapport à la réalité et à la
vérité. Cette notion s’appelle «performatif» ou «énonciation performative». Il développe un point de vue sur la langue qui
s’intéresse à l’énonciation du message, et ne se limite pas à son contenu. Il tente aussi de vérifier si les critères de fausseté
ou de vérité traditionnellement appliqués aux énoncés sont valides. Les exemples suivants sont significatifs :

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a) «oui, je le veux» peut être interprété (je prends cette femme comme épouse légitime, ce «oui» étant prononcé au cours
de la cérémonie du mariage)
b) «Je donne et lègue ma montre à mon frère», comme on peut lire dans un testament.
Ces énonciations performatives sont interprétées comme des actes de faire quelque chose par le simple fait de les
énoncer, sous réserve de certaines conditions de réussite. Elles ne décrivent pas l’action, elles sont une action. Dans les
exemples donnés il s’agit de se marier, de léguer quelque chose à quelqu’un donc de faire quelque chose.
C’est la raison pour laquelle Austin les nomme performatifs (du verbe anglais « to perform », « effectuer » C’est selon lui
par le fait même de dire « oui » qu’on se marie ou de dire je promets qu’on entreprend de faire un acte de promettre.
Searle va encore plus loin et développe l’idée que l’élément fondamental de la communication humaine n’est pas un
segment interne à la langue, comme le « mot », mais l’acte d’énonciation, de performance, d’un énoncé.
« parler une langue, c’est adopter une forme de comportement régie par
des règles[…]..Parler une langue, c’est réaliser des actes de langage».
(p.52-53)
La théorie des actes de langage traite l’analyse de la langue et de la signification dans la prise de parole du locuteur
conçue comme une action, un acte de faire quelque chose. Cette théorie s’oppose, d’une part à une vision ancienne de
la langue conçue comme un véritable outil de description de la réalité et d’autre part à la linguistique saussurienne et
structurale, pour laquelle seules comptent les règles internes de la langue, distinctes de la parole. Selon Searle, orienter
l’analyse vers la parole n’est pas une simple étude de la parole saussurienne, mais bel et bien une étude de la langue dans
sa totalité, parole comprise.

Les performatifs selon AUSTIN


Austin remarque que les performatifs sont fréquemment construits à partir d’un verbe actif à la première personne, et
cherche alors un critère grammatical d’identification des performatifs.
Il constate qu’un performatif peut être à la voix passive («Vous êtes autorisés à sortir »= Je vous autorise à sortir), à
l’impératif (Sortez= je vous ordonne de sortir). Par contre, un énoncé non performatif « je cours » ne consiste pas à
effectuer l’action de courir mais à la décrire. Austin constate que tout énoncé à l’impératif est performatif mais d’une
façon assez vague car on ne sait pas si « partez ! » est un ordre, un conseil, une menace, une requête, etc. Cela le
détermine à renoncer à des critères grammaticaux, insuffisants, et à revenir à des critères sémantiques.
Il faut aussi souligner qu’Austin distingue : les performatifs primaires (l’impératif) et les performatifs explicites dans
le cas de : «je vous ordonne de partir ». Il établit une liste des verbes qui sont incontestablement performatifs du point de
vue sémantique, même s’il rencontre de nombreux cas difficiles où la performativité est moins évidente (comme dans le
cas de : j’affirme que…je soutiens que, etc.…)

b. LOCUTOIRE, ILLOCUTOIRE ET PERLOCUTOIRE

Philippe Blanchet dans son livre « La pragmatique d’Austin à Goffman », (1995, 32) affirme qu’à partir de la notion de
performatif, Austin affine le concept selon lequel dire, c’est faire ». Il distingue trois espèces d’actes de langage :
locutoire, illocutoire et perlocutoire.
1. l’acte locutoire est le fait de produire des signes vocaux selon le code
interne d’une langue.
2. l’acte illocutoire, «l’illocution» consiste à accomplir par le fait de dire un
acte autre que le simple fait d’énoncer un contenu et en disant le plus souvent explicitement comment «  la locution » doit
être interprétée dans le contexte de son l‘énonciation.
3. l’acte perlocutoire, «la perlocution» consiste à produire des effets ou des conséquences su les interlocuteurs

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L’acte d’illocution ne découle pas directement de l’acte de locution. C’est selon Austin une valeur et une force que l’acte
locutoire acquiert en plus du fait de la volonté du locuteur. Le même énoncé peut avoir des intentions différentes. Il peut
ainsi être proféré pou rassure ou pour effrayer, pour ordonner ou pour promettre, etc. Du fait de sa force illocutoire, tout
énoncé produit des effets et c’est là son aspect « perlocutoire »
La perlocution concerne surtout la réception et elle est donc difficilement contrôlable par l’émetteur. Elle se situe dans
l’interprétation effectuée par le récepteur et concerne principalement les effets émotifs ou indirectset non intentionnels de
la part de l’émetteur.
L’illocution est l’aspect principal selon Austin. Il sera aussi développé par J.Searle (« Les actes de langage. Essai de
philosophie du langage », 1972, Hermann, Paris) surtout en ce qui concerne le concept de performatif.
J.L.Austin dans : How to Do Things with Words, Harvard University Press, Cambridge,1975) propose cinq catégories
d’actes illocutionnaires :
1. Les verdictifs qui consistent à juger comme dans les exemples :
acquitter, condamner, comprendre, décréter, calculer, estimer, évaluer,
classer diagnostiquer, analyser, etc.
2. Les exercitifs qui consistent à décider des actions à suivre
comme : renvoyer, excommunier, nommer, commander, accorder, léguer,
pardonner, démissionner, supplier, proclamer, promulguer, dédier, etc.
Les exercitifs sont des actes d’exécution des verdicts, et non les verdicts eux-
mêmes.
3. Les promissifs qui obligent le locuteur à agir d’une certaine manière
comme : promettre, convenir, contracter, avoir décidé,avoir l’intention,
jurer de ,consentir, favoriser,etc.
4. Les comportatifs qui consistent à réagir aux actes d’autrui, comme
s’excuser, remercier, féliciter, critiquer, applaudir, souhaiter la
bienvenue, maudire, provoquer, etc.
5. Les expositifs qui consistent à exposer, comme : affirmer,nier, corriger,
décrire, dire, argumenter, interpréter, témoigner, expliquer, illustrer,
signifier, se référer, etc.
Searle va développer cette analyse et va établir 12 critères en fonction desquels il élabore cinq catégories d’actes
illocutoires :
1) les assertifs ont pour but d’engager le locuteur
2) les directifs ont pour but d’obtenir que l’interlocuteur fasse quelque chose
3) les promissifs ont pour but d’engager le locuteur à l’accomplissement d’une
action
4) les expressifs ont pour but d’exprimer l’état psychologique à condition qu’il y ait intention sincère et où le contenu
attribue une propriété soit au locuteur soit à l’interlocuteur.
5) les déclaratifs ont le but d’instaurer une réalité, où la correspondance entre les mots et le monde est directe  : Je vous
déclare l’amour.
Nous reprenons le schéma des actes illocutoires de François Récanati philosophe et pragmaticien français dans Les
énoncés performatifs (Minuit, 1981, p.106-107)
La distinction fondamentale est faite entre les actes essentiellement représentatifs et les actes non essentiellement
représentatifs.

ACTES ILLOCUTOIRES
/ \

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Représentatifs Non représentatifs
/ \
Performatifs Constatifs
I
Déclaratifs
Promissif
Prescriptifs

ACTES INDIRECTS ET MÉTAPHORE


Il y a des énoncés où l’acte de langage fonctionne de façon implicite telles que  : allusions, ironie, métaphore, les cas
d’équivocité. Dans l’exemple de Searle : Pouvez-vous me passer le sel ? le locuteur ne pose pas une question sur la
capacité à passer le sel, mais invite l’interlocuteur à lui passer le sel. Il s’agit dans ce cas d’un acte illocutoire accompli
indirectement par l’accomplissement d’un autre acte illocutoire.
Les métaphores et les autres tropes (figures de style) si chères aux rhétoriciens, ont fait l’objet de nombreuses analyses
littéraires, la plus célèbre étant celle de R. Jakobson. Philippe Blanchet (1995 :41) met en évidence le rôle de R.
Jakobson : « son analyse des figures de style retient deux figures clés qui, selon lui, s’expliquent par la biaxialité. La
métaphore est un procédé d’équivalence sur l’axe de la sélection (le locuteur choisit un mot proche d’un autre selon
certains traits sémantiques ou formels), la métonymie est un procédé de combinaison (le locuteur supprime dans son
discours une partie d’un syntagme).
Searle explique ces actes indirects par le fait que ces énoncés concernent les conditions de réussite. Ce sont des actes
indirectement visés et c’est aussi une façon d’attirer indirectement l’attention de l’interlocuteur sur un acte que les
conditions lui permettent d’accomplir, et donc qu’on souhaite qu’il accomplisse. Les pragmaticiens (Searle) considèrent
que dans le cas des actes de langage indirects, un rôle important doivent avoir les maximes conversationnelles, c’est –à –
dire des règles sociales de l’interaction verbale.
En général, l’interlocuteur coopère, réalise les inférences, et interprète au second degré l’énoncé « passez-moi le sel ! ».
L’indirectivité consiste ainsi, pour les requêtes, à demander explicitement si les conditions de réussite sont satisfaites ou à
les affirmer satisfaites au lieu d’énoncer directement la requête qui s’appuie sur ces conditions implicites de réalisation.
Parler c’est respecter certaines règles.

Maximes conversationnelles
Parmi les conditions de réussite et les modalités générales de fonctionnement
des actes de langage, la théorie pragmatique met en évidence l’importance des données contextuelles, c’est -à dire sur le
rôle joué par les interlocuteurs qui interagissent les uns sur les autres par le langage.
H.P.Grice, philosophe du langage travaillant à Oxford sur le sous-entendu a proposé le concept de «  maximes
conversationnelles dans un article resté célèbre (« Logique et conversation », traduit dans Communications 30, Seuil,
1979). L’idée mise en évidence est que, par le fait même de dialoguer, les interlocuteurs acceptent et suivent un certain
nombre de règles implicites indispensables au fonctionnement de la communication.
Le principe fondamental est le principe de coopération. De ce principe découlent des règles dont le nombre et la
spécificité ont été beaucoup discutés et regroupés par Grice en quatre groupes (ou quatre principes) :
1) quantité : on en dit autant que nécessaire, mais pas plus que nécessaire.
2) qualité : on dit ce qu’il faut comme il faut, surtout avec sincérité et sur la
base d’informations suffisantes.
3) relation ou pertinence (on dit des choses pertinentes pour l’interaction, des choses ayant rapport à la conversation
4) le principe de modalité (on parle intelligemment, sur le ton qui convient)
Si les interlocuteurs comprennent le respect mutuel, le récepteur peut construire une signification.

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