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Ecole doctorale

« Terroirs et patrimoines ruraux méditerranéens au XXIe siècle :


entre idéologie, projets et réalités de terrain »
11-19 OCTOBRE 2012, MARRAKECH

Tourisme rural et produits de terroir


dans le pays de Chefchaouen
Quatre temps

1) Le contexte : la fièvre du tourisme


rural au Maroc
2) Le déclenchement du processus dans
le pays de Chefchaouen : les
initiatives ascendantes
3) Les actions descendantes
4) La situation aujourd’hui

M. BERRIANE
I - Le contexte : La fièvre du
tourisme rural au Maroc
 Une demande réelle et une offre potentielle
extrêmement riche mais jusqu’en 2000 quasi
inorganisée et donc mal connue des opérateurs
touristiques et des touristes eux-mêmes.
 Un contexte de foisonnement de projets d’hébergement,
d’animation et de commercialisation dans une certaine
anarchie
 Une multitude d’acteurs intervenant au niveau local et
central
Un processus de mise en tourisme du milieu rural
ascendant et descendant
Initiatives locales et individuelles
remarquables

 Au niveau du déclenchement du processus: les initiatives locales ont


bien précédé les initiatives publiques afin de répondre rapidement à
une demande arrivée souvent de façon spontanée
 Essentiellement au niveau de la production du parc de logement
 Mais également au niveau du montage de circuits et de leur
commercialisation de façon pratiquement informelle
– Rôle d’Internet
– Rôle d’initiatives prises par des petits investisseurs parfois étrangers
- 88 structures d’hébergement
dont 54 maisons d’hôtes
- 1800 lits sur 3322 dans la ville
d’Essaouira
sans tenir compte du caractère
extensible de la capacité des
maisons d’hôtes
- les 2/3 depuis 2005

M. BERRIANE
Ida Ou Guerd
El
Ghazoua

Sidi
Kaouki M. BERRIANE
-75% des propriétaires sont des
Européens
- L’augmentation de la part des
Marocains, phénomène tout
récent qui est amené à augmenter
dans les années à venir

M. BERRIANE
Une grande capacité de mise en
tourisme
 Principal moteur de la mise en tourisme des régions
étudiées
 Maisons d’hôtes sont fonctionnelles toute l’année
 Personnel permanent
 Produits de terroirs locaux
 Une certaine recherche architecturale : fabrication
d’une image par le bas

Ce foisonnement d’idées, de
projets et d’initiatives ne
laisse pas indifférentes les
autorités : locales, ou
centrales. Plusieurs initiatives
I. La mise en tourisme par le haut -
2003
La stratégie de développement du tourisme rural
 Réduire le décalage existant entre une demande existante et une offre
potentielle extrêmement riche mais quasi inorganisée et donc mal connue
des opérateurs touristiques et des touristes eux-mêmes.
 Structurer et valoriser un véritable produit touristique rural susceptible d’être
mis sur le marché.
 Promouvoir et faire connaître les produits touristiques ruraux structurés tant
auprès des organisations touristiques que des touristes eux-mêmes.
Principal outil : le PAT : Processus lancé un peu partout:
– Réunions, journées de réflexions, travaux de fin d’études des étudiants;
Création au niveau local de comités de tourisme rural (autorités locales,
services décentralisés de l’Etat, ONG, représentants de la société civile);
Signatures de conventions
– Mise en place : instances de gestion, accompagnement de gîteurs, balisage
de circuits, communication et promotion, tentatives de
commercialisation…
Cas de Chefchaouen……..
Processus qui se prête et nécessite
une approche territoriale
 La structuration et la valorisation du produit touristique rural doit
commencer à l’échelon local,
 Projets doivent émaner d’une volonté des acteurs locaux.
 La nécessité que les intéressés adhèrent au projet
 La nécessité de mutualiser le potentiel et les compétences d’un
territoire donné
 La nécessité de la mise en réseau des porteurs de projets
 La nécessité d’appuyer le marketing du produit sur une typicité,
voir un label territorialisé (produits du terroir)
 La multiplicité des acteurs et des intervenants suppose une
gouvernance territoriale
Pour toutes ces raisons cette mise en tourisme se prête à un
traitement territorial
Cette dimension est implicite dans
l’approche dite Pays d’Accueil Touristique

 Une déclinaison de la stratégie de développement du tourisme rural,


 Le PAT étant un territoire, objet d’un développement touristique et qui doit
réunir les conditions suivantes:
– Avoir une personnalité propre = délimité sur la base d’éléments le distinguant de ses
voisins
– Émane d’une volonté des acteurs locaux;
– Situé à proximité d’une zone d’émission;
– Nécessite un accompagnement et une organisation de développement et de gestion.
– S’appuie sur un statut, des organes de gestion
et de gouvernance, un directeur et un budget.
– Une animation spécifique
– Des équipements
– Un label basé sur une identité bien affirmée
– Une mise en valeur des ressources
locales (produits du terroir)
– Une promotion à travers une
politique de communication ciblée.
– Etc..

M. BERRIANE
Cas du pays de Chefchaouen….
Localisation
Pays Jbala ? Pays de Chefchaouen ?
Le contexte
1) Le pays touristique de Chefchaouen c’est d’abord une
unité physique : la dorsale calcaire
 Caractère montagneux lié à son aspect compact que
traduisent de fortes pentes, paysages grandioses :
Les bases de la thématique

 Gorges propices au canyoning ;


 Plusieurs cavités que fréquentent des spéléologues ;
 Un cortège floristique méditerranéen (la seule
sapinière du continent africain) ;
 Littoral long de 120 km et compris entre l’oued Laou et
la pointe de Jebha : contact brutal de la montagne
avec la mer se traduit par des falaises parfois
impressionnantes qui limitent de belles plages
correspondant à des débouchés d’oueds.
Les bases de la thématique : (suite)

2) C’est ensuite une entité humaine et culturelle : le


pays des Rhomara
Les bases de la thématique

le pays des Rhomara

 Pays à la forte personnalité.


 Cités, aujourd’hui disparues (Tighisas, Zaouïa) ou encore
visibles (Kasbah, mosquées, pont médiéval, etc.).
 Rôle joué par la région dans l’effort de résistance contre
les envahisseurs venus de la mer qui la marque encore
aujourd’hui.
 Multitude de manifestations et de savoir-faire des
populations en relation étroite avec l’environnement local
et forts marqueurs socio-culturels de l’identité Rhomari.
 Souks et moussems, tissage, poterie.
 Capitale de cette entité socio-culturelle, Chefchaouen est
déjà un produit touristique en soi.

M. BERRIANE
Une grande richesse en produits locaux
(terroir)
Des métiers liés à ces produits
Prise de conscience de l’intérêt du
tourisme
 Une demande réelle bien que non organisée.
 Une offre spontanée : jeunes guides, gîteurs.
 Action des associations de développement local :
Association Talassemtane pour l’environnement et le
développement et Association de Développement Local de
Chefchaouen. Chaouen rural, etc..
 Intérêt des bailleurs de fonds et développeurs internationaux
– Fondation espagnole IPADE et Junta de Castilla la Mancha
– Projet de « Développement participatif des zones forestières et péri-
forestières de la province de Chefchaouen » financé par l’Union
Européenne dans le cadre de Meda II.
– l'Agence Espagnole de Coopération Internationale (AECI) et de
l'Agence Catalane de Coopération et Développement (ACCD).
– L’Association Catalane pour le Temps Libre et la Culture, l’a
Une connaissance approfondie des
ressources
Proximité des zones d’émission

 Le « Pays de
Chefchaouen » se situe
en marge d’une des
régions pionnières du
tourisme marocain (Baie
de Tanger et littoral de
Tétouan), de la future
stations (Khmiss Sahel) et
de Tanger méditerranée).

 Il est accessible par le Sud et par le Nord et la rocade l’ouvre


du côté de la Méditerranéen.
 En attendant, Chefchaouen demeure le principal pôle émetteur.
De nombreuses initiatives

 Un investisseur originaire de la région a réalisé


l’une des premières auberges du pays à Derdara

Toutes ces personnes croient fermement au tourisme rural et


souhaitent générer des entrées d’argent supplémentaires au
niveau local grâce à cette demande touristique
Les pionniers du début des années 2000

Projets de gîtes portés par l’Association de Talassemtane

Localisation Promoteur État d’avancement budget

Idée formulée sous la forme 500.000 DH


D . Azilane Agriculteur d’une courte étude avec un
budget et un plan d’action Apport local : 80.000

D. Kalaa Agriculteur Idée

Courte étude + budget + 592.850 DH


D. Khizana RME
étapes Apport local : 130.000
D. Bni Mhamed Agriculteur Idée et porteur de projet
En cours de réalisation – 300.000 DH
D. Mechkrella Agriculteur financement M. de
l’Environnement Apport local : 100.000
III - L’action par le haut : le P.A.T de
Chefchaouen

Le montage du produit

 La conception générale du pays : les


limites territoriales

 Le plan d’action pour la mise en place


du PAT : le contenu
Le montage du produit
1)- La conception générale du pays : les limites territoriales

M. BERRIANE
Le montage du produit
1)- La conception générale du pays : les limites
territoriales (suite)
OUAD
LAOU

 Une zone centrale qui commence aux portes de la


OULAD
BNI SAID

TIZGANE

ville de Chefchaouen et axée essentiellement sur


ALI MANSOUR

le parc national de Talassemtane.


TASSIFT
STEHA
BNI BOUZRA

 Une première possibilité d’extension vers le Nord-


TALAMBOTE AMTAR

Est.
TANAQOUB BNI
CHEFCHAOUEN SELMANE
BNI MTIOUA
DERDARA

Une deuxième possibilité d’extension vers le sud-


MANSOUR BNI SMIH
 BAB TAZA

ouest. LAGHDIR
BNI
DARKOUL
IOUNANE BNI RZINE

OUAOUZGANE
BNI SALAH
 Une troisième extension vers l’Est en direction de
BRIKCHA
AIN BEIDA
FIFI
BAB BERRED

Jebha et de la province d’Al Hoceima.


ASJEN
MOQRISSAT
OUAD MALHA

BNI FAGHLOUM
TAMOROT

MANSOURA

 (18 communes dans la province de Chefchaouen


ZOUMI
BNI AHMED
GHARBIA BNI AHMED
CHERQIA

et 3 dans la province de Tétouan). KALAAT


BOUQORRA
M. BERRIANE
2) Le plan d’action pour la mise en place du
PAT
Vers la façade maritime

Jbel Kalti
1925

 Définir, reconnaître, Jbel Tazaout


1725

tester et diffuser TALAMBOTE

des circuits de
randonnée
Kalâa
1661

CHEFCHAOUEN
Tissoute Place
espagnole

Mechkralla
Jbel Lakraa
2159

Assifane

Beni Derkoul
Bab Taza

M. BERRIANE
Proposition d’implantation de gîtes sur les itinéraires et
avec les porteurs de projets identifiés:

BniMaala

Souk El Had

Imourassine

Azilane Bni Mhamed

Amatrasse

Khizana
M. BERRIANE
Le plan d’action

Des organes pour la gouvernance

 Une association du pays : Le rôle des Conseils des


Régions de Tanger-Tétouan et Taza-Al Hoceïma-
Taounate est ici fondamental.
 Le Bureau du PAT
 Le Directeur du Pays est un agent développeur.
 Le chef-lieu du pays touristique : la maison du pays
d’accueil est une vitrine du pays (rôle essentiel pour
promouvoir les produits du terroir)
Le plan d’action

La formation

1) Urgence de l’action : pour mettre de l’ordre dans


une certaine anarchie qui tend à s’installer
2) Les différentes cibles :

 Le directeur du Pays et ses collaborateurs.


 Les campagnes de sensibilisation des populations en
utilisant les relais que constituent les associations
locales de développement.
 Les gestionnaires de gîtes
 Les accompagnateurs
Le plan d’action

La promotion et la communication

1) Les nouvelles technologies : Un site web afin de mettre le pays en


ligne ;
2) Les guides : « le Guide du Pays de Chefchaouen » ;
3) Les base de données : la création d’un fond documentaire à partir des
inventaires et sa mise en ligne ;
4) La cartographie : Convention avec l’administration de la cartographie
permettant aux touristes randonneurs d’acquérir sans difficultés les cartes
topographiques nécessaires pour circuler dans le pays ;

5) La promotion, la commercialisation et la veille : Les rôle de la


maison du pays, de l’ONMT, du futur observatoire de l’activité touristique, etc.
Le plan d’action
 Organiser l’offre : hébergement et restauration (suite)

 Il semblait que les habitants de la région soient plus


partisans de gîtes légèrement à l’écart de la maison
familiale.

 A envisager également des gîtes aménagés par des


communes et donnés en concession à des jeunes de
la région

 Nécessité de susciter l’augmentation de la capacité


hôtelière de la ville de Chefchaouen Nécessité de
créer un minimum d’équipement sur la côte : petite
hôtellerie, pensions, et campings
Le plan d’action
 Proposer des activités :

 Outre la visite rapide qui se contente de contempler le


paysage avec un petit alibi culturel et qui est pratiquée
dans la plupart des cas aujourd’hui, il faudrait développer
des séjours à thèmes permettant de prolonger le séjour
et d’approfondir la connaissance du pays touristique.

 Ces thèmes peuvent être des thèmes de découverte


« passive » classique.

 Ils peuvent également être des thèmes de découverte


« active » novatrice. Dans ce cas les produits et les petits
métiers du terroir occupaient une place centrale
IV - Comment se présente la situation
aujourd’hui ?

 Le premier PAT a être mis en place en 2003


 Mais presque 10 ans après, il manque
toujours de visibilité
 Surtout un fonctionnement par le bas
 Alors que les instances de gouvernance qui
devaient être initiées par l’Etat sont toujours
en attente
Tous les ingrédients pour un territoire de
projet par le bas
Les circuits mis en place par des initiatives
locales, même s’ils ne sont pas toujours
performants, mettent en réseau et mutualisent un
potentiel et des porteurs de projets, dessinent un
territoire, et fabriquent une image de la destination
(Internet) qui peut être à la base d’un «territoire de
projet» émanant du bas, mais qui nécessite plus
de cohérence, un accompagnement et une
structuration.
 Construction progressive d’un territoire touristique
par le bas:
– Rayon entre 50 et 100 km autour de la ville, centre
de redistribution de flux de visiteurs et de
randonneurs : Chefchaouen
– Aucun rapport avec les limites communales ou
provinciales
– Limites résultat de la combinaison entre un
potentiel certes, mais qui est reconnu en tant que
tel par les touristes et les prestataires de services
locaux
Les actions descendantes en stand-by

 Problème des limites du PAT (province……..


 Maison du pays (produits du terroir)
 Directeur du pays
 Le seul produit labélisé, le fromage de chèvre
 Initiatives d’introduction de produits non locaux :
champignons d Paris !!!
La multiplicité des acteurs et des
intervenants
 Un nombre considérable d’intervenants :
– Ministère du tourisme (Ministère, délégation, CRT)
– Les Eaux et Forêt (parc national)
– La province
– La municipalité
– La Région (Parc de Bouhachem)
– L’Agence de développement du Nord
– L’Agence de développement social
– UE : Projet Gefrif (dans un 1er temps) puis Meda
– L’association Movimondo
– L’association ACTLC (catalogne) = association « Chaouen rural »
– L’association Talassemtane
– L’association de développement local de Chefchaouen
– Les gîteurs
– Les guides locaux
– La population directement concernée
– Les marchands de séjours locaux et extra régionaux

M. BERRIANE
La multiplicité des acteurs et des
intervenants

 Enjeux et stratégies pas toujours concordantes


(Eaux et Forêts – Ministère du tourisme)
Problème de superposition de différents territoires
 Chevauchement et répétition des actions
(Associations internationales)
Au niveau des formations et du balisages des circuits
 Concurrences
(Associations locales, gîteurs, guides)
Commercialisation
 Problème de gouvernance
Qui fait quoi ?
En attendant………
 Des conflits d’intérêt
 De la concurrence là où on devrait avoir une
mutualisation des efforts
 Un chevauchement des actions des divers
intervenants
 La mise en avant d’un seul produit qui gêne les
autres au lieu de les entrainer
 La proposition de connecter cet arrière-pays à son
littoral est restée lettre morte
 Le PAT fonctionne grâce aux bonnes volontés de
quelques individus et groupes et à l’injection de
moyens financiers des ONG …….

M. BERRIANE

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