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En plus des autorisations épiscopales, aussi nombreuses
qu'élogieuses, dont elle fut l'objet, le Bon Père désirait l'appro-
bation du Souverain Pontife. Dans ce but, il écrivit, le 13 jan-
vier 1864, au cardinal Villecourt, qu'il avait connu comme
lévêque de La Rochelle :
« C'est au nom de la divine Mère, Reine et Souveraine Maî-
tresse des Anges, que je viens à genoux, Monseigneur, demander
r à Votre Éminence de vouloir bien, si Elle le juge convenable,
'présenter à notre très saint et très vénéré Pontife Suprême,
r-
janvier 1860.
1. 12
2. Texte de la Prière :
»
« Auguste Reine des Cieux, et Maitresse des Anges, vous qui avez
freçu de Dieu le pouvoir et la mission d'écraser la tête de Satan, nous
:vous le demandons humblement, envoyez les légions célestes pour que,
'1 sous vos ordres, elles poursuivent les démons, les combattent partout,
^répriment leur audace et les refoulent dans l'abîme :
« Qui est comme Dieu » !
à la eurent violent
dÛ quand
d'une heure ; ils sont tous exacts:
alors dans la communauté. (Dépositions, P. 424.)
lue trouvais
l'ouvroir Notre-Dame avaient à subir d'indignes traitements.
Les Servantes de Marie ne pouvaient paraître
en ville sans être
insultées. Bien loin de s'en attrister le Bon Père écrivait le
13 août 1865 : « Notre bonne et toujours admirable Mère daigne,
dans sa grande bonté, nous ménager des croix et des difficultés
plus grandes et plus nombreuses qu'à l'ordinaire. Au fond, c'est
un bon signe et, tout en lui demandant d'avoir pitié de nous et
de moi, je la remercie et je la bénis.
»
L'enfer s'attaqua alors à la prière elle-même. Il surgit,
en
effet, on ne sait d'où ni comment,
une légende qui suffisait à
elle seule à mettre en suspicion la valeur surnaturelle de la
« prière», auprès de l'autorité ecclésiastique. La pieuse formule
on peut le dire sans exagération, avait, en moins d'un an, été
répandue dans l'univers catholique tout entier, traduite
en
presque toutes les langues; elle avait le don de susciter, non
seulement la confiance, mais le zèle pour sa diffusion. Dès 1866,
elle était réimprimée partout, avec une notice qui lui attribuait
un caractère miraculeux. On y lisait ceci : « La sainte Vierge
est apparue à une religieuse d'une grande sainteté et lui a dit
:
« Les prédictions de La Salette vont s'accomplir : dites, qu'on
« prie beaucoup pour apaiser la colère de Dieu. » La religieuse
lui répondit : « Vous êtes toute-puissante, demandez à Dieu qu'il
« protège son Église : qui donc me croirait ? » La Sainte Vierge
lui répliqua : « Dieu veut accorder son
secours aux prières qui
« me seront adressées; plus elles seront multipliées, plus ses
« secours seront abondants. Je viendrai avec des légions d'anges
« et je sauverai l'Église. » Puis Marie dicta la prière ci-jointe, en
recommandant de la répandre partout sans en faire un trafic.
Une dame pieuse dont la fille venait d'être miraculeusement
guérie, en fit imprimer plusieurs milliers pour la
propager. »
Au verso on touve le texte de la prière, suivi de l'imprimatur de
l évêque de Bayonne. A la suite cette recommandation Ames
: «
dévouées à la Très Sainte Vierge et à la sainte Église, faites
imprimer.cette prière et répandez-la à profusion.
»
D 'où venait cette légende apocryphe? On
ne le sait pas. Dans
ces temps troublés, le caractère mystérieux, la beauté et la par-
faite orthodoxie de la prière, le récit des miracles déja obtenus
par elle, suffisaient, pour éveiller les pieux enthousiasmes et
retenir aussi l'attention des hommes sérieux. Si, de toutes parts,
on demandait des envois de la formule par centaines et par mil-
liers, de toutes.parts aussi on réclamait des éclaircissements'.
Le Bon Père fut navré de ce mauvais tour que lui jouait le
démon. A un ami qui le lui signalait, il écrivait : « Oh! qui
peut dire les peines, les amertumes que m'ont causées ces
malheureuses légendes Certes, Satan, devait se venger, je le
!
1. 12 février 1900.
neuvaine de l'Assomption, neuvaine si extraordinairement
féconde en fruits de saLut... Vous lirez avec intérêt l article con-
* cernant le siège de Pékin1. »
Aujourd'hui encore, cette prière est partout demandée, par-
tout employée avec succès. Elle est pour les pieuses filles du
Bon Père l'expression habituelle de leur confiance en Marie,
et elles la récitent à chaque heure : « Nous devons, leur écri-
vait le pieux fondateur, plus que personne, la réciter et la faire
réciter avec foi, confiance et amour ; pénétrez-vous bien de cette
recommandation2. /)
PARIS
J. DE GIGORD, ÉDITEUR
RUE CASSETTE, 15
'1925