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LA BONTÉ DE DIEU.
. VEVEY.
L. PRENLELOUP, ruelle des anciens fossés , 8.
1860.
MÉPHIBOSETH
ou
•1
— 19 —
qu'hypocrisie. Le jour du retour de David rejeté
vint à la fin (chap. XIX, 24-30), et Méphiboseth
sort pour aller au-devant de lui. Oui, et le jour du
retour de Jésus rejeté viendra promptement ; et tout
enfant de la grâce, qu'il soit endormi dans la pous
sière, ou vivant quand le Seigneur arrivera, sortira
pour être ravi à sa rencontre en l'air (1 Thess. IV,
13-18).
Maintenant se manifeste le vrai caractère des deux
hommes. Méphiboseth « n'a point lavé ses pieds, ni
fait sa barbe, ni lavé ses habits, depuis que le roi
s'en était allé, jusqu'au jour qu'il revint en paix. »
La bonté de David avait gagné son cœur. Ce cœur
était rempli d'affection pour le roi rejeté : et cette
affection était trop profonde pour qu'il pût, sur la
terre , prendre une autre attitude quelconque que
celle d'un homme menant deuil et attendant, dans
la tristesse, le retour de celui qu'il aimait.
Et le Seigneur Jésus ne comptait-il pas sur une
semblable affection, lorsqu'il disait dans la nuit de
sa rejection : « Dans peu de temps vous ne me verrez
pas, et encore un peu de temps et vous me verrez...
En vérité, en vérité, je vous dis que vous pleurerez
et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira ;
et vous serez dans la tristesse ; mais votre tristesse
sera changée en joie. » Hélas! combien peu nous
avons répondu au cœur de notre Seigneur rejeté !
Si notre attitude morale n'est pas la même que celle
de Méphiboseth, oelle d'hommes affligés et dans le
deuil, en attendant le retour de Celui qu'ils aiment,
cela ne peut venir que de l'oubli de Jésus.
— 20 —
Mais qu'en était-il des fruits, du pain et du vin ?
« Pourquoi n'es-tu pas venu avec moi , Méphibo-
seth? » Maintenant la vérité vient au jour ; c'était
de lui que venaient les provisions dont les ânes
étaient chargés. Mais il était boiteux, ce qui avait
permis à Tsiba de le supplanter ; et maintenant il
calomniait Méphiboseth et prenait un masque hypo
crite. Or remarquez ce que peut produire la grâce.
Méphiboseth dit : « Fais donc ce qu'il te semblera
bon ; car quoique tous ceux de la maison de mon
père ne soient que des gens dignes de mort envers
le roi, mon seigneur, cependant tu as mis ton ser-
viteu r entre ceux qui mangeaient à ta table . » Qu'elle
est douce la confiance que donne la grâce ! Avez-
vous, mon lecteur, l'assurance fondée que Dieu vous
a donné, par pure grâce, une place à sa table? Si
vous l'avez, vous pouvez, avec une parfaite joie,
regarder en avant à l'arrivée de Jésus.
« Et le roi lui dit : Pourquoi me parlerais-tu en
core de tes affaires? Je l'ai dit : Toi et Tsiba, parta
gez les terres. » Qu'elle est belle la réponse du fils
de Jonathan : « Qu'il prenne même le tout, puisque
le roi , mon seigneur, est revenu en paix dans sa
maison. » Ce n'étaient pas les terres qu'il lui fallait;
non, son plus ardent désir était maintenant réalisé,
puisqu'il revoyait celui qui lui avait témoigné tant
de bonté.
Et n'en est-il pas de même chez ceux dont la
grâce a réellement gagné le cœur à Christ? Ce ne
sont plus les choses de la terre qu'ils désirent. « Cer
tes, dit l'apôtre , je regarde toutes choses comme
— 21 —
étant une perte à cause de l'excellence de la con
naissance de Christ Jésus, mon Seigneur. » Oh ! plût
à Dieu que nous ressemblassions davantage à Mé-
phiboseth, davantage aux saints de Thessalonique,
qui attendaient « des cieux le Fils de Dieu. » Mé-
phiboseth avait reçu le témoignage de la bonté de
David avec une entière confiance ; malgré ses pieds
boiteux, il n'avait jamais douté de la réalité de l'a
mour de David , et il avait patiemment attendu le
retour de David ; supportant toute espèce d'opprobre,
jusqu'à ce que le temps fût venu. Les Thessaloni-
ciens avaient aussi reçu la bonne nouvelle de la grâce
de Dieu en puissance et dans la vertu de l'Esprit
saint, et en pleine certitude, — aussi enduraient-
ils avec patience, et même avec joie, les injures et
les tribulations de la part de leurs adversaires. Et
quelle était la puissance secrète qui les mettait en
état de le faire? Ils attendaient Jésus des cieux. Les
vrais enfants de Dieu ont. toujours été haïs et calom
niés — et même souvent mis à mort sur les écha-
fauds et les bûchers — par les orgueilleux, cher
chant le salut dans l'observation de la loi.
Mais quel est le jour qui s'approche ! Qui peut
dire avec quelle rapidité peut arriver le Seigneur
que nous attendons? Les tout derniers mots qu'il
nous a adressés, sont ceux-ci : « Oui, je viens bien
tôt, » à quoi, par l'Esprit, l'Eglise répond : « Amen !
viens, Seigneur Jésus ! » David a-t-il pu revenir, et
le Seigneur de David ne reviendra-t-il pas? Oui,
nos yeux le contempleront bientôt. Oh ! glorieuse
et bienheureuse espérance ! Ce n'est pas le millen
— 22 —
nium, ce n'est pas l'accomplissement des prophéties,
que nous attendons proprement, quelque bénis que
soient ces événements à leur place ; mais c'est Jésus
lui-même, que le croyant qui a été lavé dans son
sang, désire de voir.
Ce magnifique type va plus loin encore ; dans le
chapitre XXI, il nous montre le jour du jugement
sur la maison de Saûl. « Or le roi épargna Méphibo-
seth, fils de Jonathan, fils de Saûl, à cause du ser
ment que David et Jonathan, fils de Saûl, avaient
fait entre eux au nom de l'Eternel. » Cela termine
l'histoire de cet enfant de la grâce. Et longtemps
après que Jésus sera revenu , et que son royaume
aura été établi; quand l'Eglise de Dieu jouira, de
puis longtemps déjà, de la gloire céleste de Christ,
et Israël, de la gloire du royaume sur la terre ; oui,
même lorsque le grand trône blanc sera dressé et
que les enfants déchus d'Adam se tiendront devant
. ce trône ; alors même, pas un de ceux qui, selon les
conseils d'éternité , aurait pu faire partie de la fa
mille de la grâce, non, pas même un seul ne sera
perdu. Mais où paraîtront en ce jour-là les pécheurs
insouciants ou même les faiseurs d'œuvres pour le
salut? Trouvez-moi un homme faisant profession
d'être un observateur de la loi, qui ne soit pas un
transgresseur de la loi. Pouvez-vous, mon cher lec
teur, ou puis-je moi-même subsister devant ce trône
sur le fondement de ce que nous avons fait ? Impos
sible. Assurément, l'homme qui prétend être meil
leur que son prochain, doit être un hypocrite; car
Dieu déclare qu'il n'y a point de différence — que
— 23 —
tous ont péché. Non, non, ce n'est pas par des œu
vres qu'un pécheur quelconque peut être sauvé. Si
vous pouvez trouver un homme qui ne soit pas un
pécheur, à la bonne heure, qu'il essaye de ce moyen.
Mais un pêcheur a besoin de pardon. « El sans effu
sion de sang il n'y a point de rémission. » Adorable
Jésus, tu as porté le poids de la colère, de la malé
diction, du jugement qui étaient dus aux péchés de
ton peuple, et maintenant une bonté sans entrave
et une éternelle paix sont l'heureux partage de toute
àme qui se confie en toi. Regarde à la croix, ô mon
lecteur, et prête l'oreille. Du haut de cette croix,
Dieu ne te dit-il pas : « Certainement j'userai de
bonté envers toi? »
Mais ne doit-il point y avoir d'œuvres en retour
de cette bonté? Oh ! oui, un service sincère, réel, cor
dial, dévoué — fruit de la foi qui sauve. Combien
d'œuvres qui apparaissent comme de bonnes œuvres
aux yeux des hommes, ne sont que néant devant
Dieu ! Les hommes s'imposent de pesants fardeaux
d'actes de propre justice; et pourtant, que sont-ils
tous, au fond, sinon le rejet de la bonté toute gra
tuite de Dieu?
Plus sera profondément enracinée ton assurance
de l'immuable bonté de Dieu envers toi, indigne pé
cheur, plus profonde aussi sera ta haine du péché ;
plus entière, la joie que tu éprouveras à servir Christ
d'un cœur vraiment tout dévoué ; et plus ardente,
quoique patiente, ton attente de son retour des cieux.
Traduit de l'anglais de Charles Stanley, auteur
des Incidents de Chemin de fer.
Série de Traités chrétiens i
N° 1. La chute d'Adam ou le pécheur au tribunal
de Dieu. Court examen de Genèse m.
2me édition prix 5 c.
2. La Repentance 10
3. Christ dans l'intérieur du voile et hors du
camp. 2me édition .... 5
4. Le cordon écarlate. 3mc édition . . 10
5. Écoutez, et votre ame vivra ... 5
6. L'École de Dieu ou quelques remarques sur
1 Sam. xvii 10
7. Christ, notre Berger (Luc xv, 1-7) . . 5
8. L'assurance du salut .... 40
9. Le siége de Samarie . . ■ .10
10. Toi et ta maison 35
11. Qu'attendez-vous donc? . ; .10
i JEAN V, 7.
VEVEY
LOUIS PRENLELOTJP
1860
Vevey. — Imprimerie de Ch.-F. Recordou.
Il y en a trois qui rendent témoignage,
l'Esprit, l'eau et le sang. — 1 Jean V, 9.
— 11 —
que découlent ces témoignages de Dieu , inscrivant la
sentence de mort sur la nature et tout ce qu'elle peut
produire ; car la croix ne vient pas introduire une mo
dification de la nature existante , mais elle tient pour
mort tout ce qui est en dehors de Christ, attendu qu'il
n'y a ni pensée, ni convoitise, ni désir se rapportant au
monde , que Christ n'ait pas frappé d'une sentence de
mort ; et c'est ainsi que de nouvelles affections sont for
mées en nous qui sommes « morts au péché, mais vi
vants à Dieu » par la vie qui est dans son Fils. Le vrai
caractère de cette purification est dans la sentence de
mort qu'elle prononce sur tout ce qui ne découle pas de
cette source de vie, — Christ percé. L'eau est la puri
fication, mais la purification s'opère par un Christ mort.
Christ fut dans .tout le cours de sa vie, le modèle, dans
un homme, de ce que l'homme devrait être, mais nous
ne pouvons y participer que par la purification de sa
mort.
Nous n'avons pas seulement le témoignage du sang
qui fait expiation, et de l'eau qui purifie, et par lesquels
nous sommes morts au péché ; mais Jésus a obtenu pour
nous l'Esprit, — la présence du Saint-Esprit comme
puissance de la Parole. — Quelqu'un dira peut-être :
je ne me trouve pas ainsi, de fait, mort au péché. —
Mais vous haïssez le péché : ce qui est une preuve que
vous êtes mort au péché. La Parole ne dit-elle pas : « Ce
que Christ est mort, il est mort une fois pour toutes au
péché ; vous aussi tout de même, tenez-tows vous-
mêmes pour morts au péché » (Rom. VI, 10-11), car
Dieu nous traite toujours selon ce qu'il nous a réellement
donné, agissant envers nous comme si nous l'avions
pleinement réalisé. Ainsi le Seigneur dit à ses disciples :
1
— 12 —
« Et vous savez où je vais, et vous en savez le chemin »
(Jean XIV, h); parce qu'ils le connaissaient, lui qui
était véritablement le chemin pour aller au Père ; mais
Thomas pouvait répondre avec vérité cependant : « Nous
ne savons où tu vas , et comment pouvons-nous [en]
savoir le chemin, » parce que ni lui, ni les autres dis
ciples n'avaient jamais réalisé ce dont le Seigneur leur
parlait. Dès que je crois en Jésus, je suis appelé à me
tenir moi-môme pour mort, — jamais, à mourir. Dieu
veut que je mortifie mes membres qui sont sur la terre
(Colos. III, S), mais il ne me dit pas de mourir. Un
homme sous la loi fera tous ses efforts pour mourir, sans
que jamais il puisse réussir ; un chrétien est mort et a
sa vie cachée avec Christ en Dieu ; c'est pourquoi il
mortifie ses membres qui sont sur la terre, comme vi
vant dans la puissance de la vie qu'il possède dans le
Fils de Dieu.
Remarquez bien que dans le passage de l'épître aux
Colossiens, auquel je viens de faire allusion, l'Écriture
ne parle point de nous comme si notre vie était sur la
terre, car cette vie est en haut avec Christ en Dieu ; —
mais elle nous considère comme des gens morts, et qui
ont à" mortifier leurs membres qui sont sur la terre.
Dieu ne nous dit jamais de nous tuer nous-mêmes, mais
la foi reçoit le témoignage de Dieu comme véritable ;
c'est pourquoi je dis : « je suis mort; » et parce que je
suis mort, j'ai à mortifier mes membres, étant aussi
mort à la terre que Christ l'a été, parce que Dieu me dit
que, en croyant, je suis mort. Je ne cherche pas à mou
rir, car je sais où se trouve la puissance et je me tiens
moi-même pour mort. — Quant à la vie pratique de
chaque jour, il y a, au sujet de l'eau, une difficulté :
— 13 —
comment puis-je dire que je suis lavé, si je me trouve
encore souillé ? — Toutefois je puis dire que je suis
mort en Christ, car jamais je ne réussirai à me faire
mourir moi-même. Dès que j'ai cru en Christ, tout ce
qu'il a accompli comme Sauveur m'appartient, et Dieu
me l'approprie et me l'applique. Je puis avoir manqué
à le réaliser ; — mais le trésor a été mis en ma posses
sion.
Quelqu'un dira peut-être : je crois à toute la valeur
et à toute la puissance efficace de l'œuvre de Christ,
mais je ne puis pas me les appliquer. Qui donc vous le
demande? — C'est Dieu qui en fait l'application, et il
vous en a fait l'application si vous croyez à la valeur et
à l'efficacité de cette œuvre. Dès que nous croyons en
Christ, nous possédons le Saint-Esprit comme rendant
témoignage : « il prendra du mien et vous l'annoncera »
(Jean XVI, 14). Comme le Fils est venu dans le monde
pour faire la volonté de Celui qui l'avait envoyé, et qu'il
est ensuite remonté au ciel, ainsi après l'ascension du
Fils, le Saint-Esprit est descendu comme personne di
vine , ici-bas sur la terre : il est toujours parlé de lui
comme étant sur la terre, et sa présence ici-bas donne
i l'Eglise de Dieu son caractère véritable et particulier.
C'est l'Esprit de vérité , descendu sur la terre , qui
est le troisième témoin. Dès que je crois, je suis scellé
du Saint-Esprit de la promesse, et tout ce que je puis
produire comme chrétien, en fruits de Dieu, est la con
séquence de ce fait que je suis scellé de l'Esprit saint.
La rédemption étant parfaitement accomplie, le Saint-
Esprit descend en personne sur la terre , de sorte que
l'Eglise sur la terre est placée entre la rédemption ac
complie et la gloire à venir, comme le Saint-Esprit
— 14 —
descend ici-bas dans l'intervalle qui sépare la rédemp
tion de l'Église de la gloire de l'Église. — La connais
sance du fait que je suis mort avec Christ, me donne un
cœur pur, étant moi-même mort à la nature, au péché,
au monde et à la loi. Par le sang, j'acquiers une paix
parfaite et une bonne conscience ; . et alors le Saint-
Esprit vient de la part de Dieu : notre paix a ainsi pour
elle le témoignage de Dieu lui-même. Toute la scène
au milieu de laquelle je vivais, a passé ; j'en ai fini avec
la nature tout entière ; tous mes péchés ont disparu,
lavés dans le sang ; je suis désormais mort au péché, et
vivant à Dieu. La croix, les blessures de Christ sont la
porte par laquelle je suis entré, et la présence du Saint-
Esprit est la puissance par laquelle j'en savoure les
fruits.
Comme nous l'avons vu, « il y en a trois qui rendent
témoignage, l'Esprit, et l'eau, et le sang, et les trois
sont [d'accord] pour un [même témoignage]. » Le cœur
de l'homme recherche toujours un témoignage de la
part de Dieu quant à lui-même, mais Dieu rend témoi
gnage à son Fils , et non pas à ce que nous sommes
nous-mêmes. Si Dieu avait un témoignage à rendre à
notre sujet, il faudrait que ce fût au sujet de notre péché
et de l'incrédulité de nos cœurs ; mais , non, et il est
bien important de le comprendre dans ces jours d'in
crédulité, si Dieu rend un témoignage, ce témoignage
concerne son Fils et ce que lui est pour le pécheur. La
foi à ce témoignage donne la paix . Si je cherche à me
faire devant Dieu une position fondée sur ma sainteté,
c'est de la propre justice, et alors il va sans dire que je
ne puis attendre de Dieu un témoignage en ma faveur ;
mais si mon âme se place devant Dieu appuyée sur le
— 15 —
témoignage que Dieu a rendu à son Fils, alors j'ai le
témoignage en moi-même : quand j'ai cette foi, je pos
sède dans mon propre cœur l'objet de cette foi. C'est là
ce qui permettait à Paul de dire devant Agrippa : « Plût
à Dieu, que non-seulement toi, mais aussi tous ceux qui
m'entendent aujourd'hui, devinssent de toutes manières
tels que je suis, hormis ces liens » (Actes XXVI, 29).
Paul était si pénétré du sentiment que le Christ qui était
en lui, était le Christ qui est dans le ciel, et il était si
heureux dans cette assurance , qu'il désirait que tous
ceux qui l'entendaient fussent tels que lui, hormis ses
liens, et qu'ainsi, eux aussi, ils eussent Christ comme
une fontaine jaillissante au dedans d'eux-mêmes. C'est
là aussi ce qui fait du ciel un ciel pour le croyant. Il
trouve dans le ciel le même Christ qu'il possède dans
sa propre âme ; et toutes les subtilités de l'incrédulité
ne peuvent atteindre quiconque possède ainsi Christ au
dedans de lui. Tous les raisonnements des incrédules
sont impuissants pour renverser mon assurance , si je
suis heureux en Christ ; et si quelqu'un venait à moi
pour me démontrer qu'il n'y a point de Christ, si je suis
heureux en lui, je ne le croirai pas. Il n'est pas besoin
pour moi de démonstrations ou de preuves logiques ; il
y aura, jusqu'à un certain point, un témoignage moral
dans le bonheur de mon âme et l'intensité de mes affec
tions concentrées en Christ. J'ai souvent éprouvé com
bien avait de puissance aupfts d'hommes de toute con
dition, l'assurance que j'étais parfaitement heureux en
Christ et assuré d'entrer au ciel. — Vous êtes heureux,
me disait-on , et nous voudrions pouvoir dire comme
vous ! Sans doute mon bonheur ne sera pas une preuve
pour un incrédule, mais ce bonheur va au cœur de
— 16 —
l'homme, parce qu'il y a dans le cœur de l'homme une
aspiration qui ne peut être satisfaite que par la posses
sion deChristlui-inême, et que, quoi que l'homme puisse
dire, il n'est jamais heureux sans Christ.
« Mais celui qui ne croit pas Dieu, l'a fait menteur. »
Le péché des hommes consiste en ce qu'ils font Dieu
menteur, lorsqu'ils ne croient pas au témoignage que
Dieu a rendu à son Fils. Ne contestent-ils pas avec vous
quand vous leur dites que vous êtes sauvés? Ne vous
demandent - ils pas comment vous pouvez savoir que
vous êtes sauvés? — ce qui revient à dire que Dieu est
incapable de communiquer aucune bénédiction à l'hom
me.. On met ainsi en question la sagesse et la puissance
de Dieu dans le témoignage de sa miséricorde et de sa
grâce, et là est proprement le fond de la grande ques
tion touchant la Bible. Ce n'est pas tant le droit pour
chacun de lire la Bible, qui est mis en question, mais
bien le droit de Dieu à la donner ; et le crime , c'est
qu'on relient le message de Dieu loin de ses serviteurs.
Il ne s'agit pas seulement , je le répète , du droit des
serviteurs à posséder ce message, mais du droit de Dieu
à le communiquer et à faire connaître ses pensées dans
sa Parole. Quand Dieu donne une révélation, l'homme
doit la recevoir : Il a donné un témoignage dans lequel
il révèle la gloire de son Fils , et si l'homme met en
question cette parole, il conteste avec Dieu dans le té
moignage de sa grâce quant à ce qu'il est.
Qui , — sans Christ , — expliquera l'énigme de ce
monde misérable ? Entrez dans les rues et les carrefours
de nos cités ; contemplez la misère et la dégradation des
contrées même les plus civilisées, et apprenez là ce que
produit le péché. Dans un salon, vous pourrez disputer
— 47 —
sur le péché, mais ce n'est pas dans un salon que vous
apprendrez ce qu'est le monde. Mais quand vous me
dites que ce fut à cause de tout ce péché et de toute
cette dégradation que le Fils de Dieu vint dans ce monde,
afin qu'il ôtât le péché, alors je vous comprendrai : et
Dieu donne la vie éternelle, non pas une vie d'un mo
ment, ou une vie que nous puissions perdre par le péché
comme Adam, mais la vie éternelle qui est au-dessus
et au delà du péché tout ensemble, — car elle est « dans
son Fils, )> et par conséquent aussi près de Dieu qu'il
est possible. « Cette vie est dans son Fils » qui fut tou
jours l'objet des délices de son Père et au sujet duquel,
quand il était ici-bas, le Père ne put taire sa joie, di
sant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » (Luc III, 22 ;
IX, 35).
Dieu nous a donné la vie éternelle , et cette vie est
dans son Fils : en nous donnant la vie éternelle, Dieu
nous a donné aussi une nature capable de jouir de lui
éternellement. Nous sommes mis en rapport et en com
munication avec Dieu, et nous jtuissons de Dieu d'une
manière inconnue aux anges , bien qu'ils soient saints
et glorieux par leur nature. « Nous sommes approchés,!)
afin « que nous connaissions l'amour de Christ qui sur
passe toute connaissance, pour que nous soyons remplis
jusqu'à la toute plénitude de Dieu » (Eph. III, 19).
Quelle position merveilleuse que celle que Dieu nous
a faite ! Si seulement nous pouvions être purifiés, — je
ne parle pas ici des péchés grossiers, — mais de la va
nité et de la mondanité qui remplissent nos cœurs, pour
entrer dans toute la bénédiction de notre association
avec Dieu, qui est celle de Christ lui-même. Il a porté
la colère de Dieu pour notre péché, afin que cette pleine
coupe de bénédiction pût nous être donnée. Dans toutes
ces choses Dieu recherche la simplicité de cœur : un
homme pourra parler de beaucoup de choses, mais la
connaissance, en dehors de Christ, ne profitera jamais ;
mais si nous possédons Christ au dedans de nous, Satan
ne pourra jamais nous toucher , et s'il s'approche , il
se trouvera en face de Christ qui l'a vaincu, et « celui
qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le
monde » (1 Jean IV, k). C'est une chose douce et pré
cieuse, que tout croyant, ne fût-il né que d'hier, pos
sède en Christ tout ce que possède un chrétien déjà
avancé dans sa carrière ; et si quelqu'un pensait qu'il
est un pécheur trop grand pour avoir part à ces choses,
Dieu lui dit que le sang a ôté ses péchés et a vidé cette
question pour toujours.
« Et c'est ici la confiance que nous avons en lui, que
si nous demandons quelque chose selon sa volonté , il
nous écoute. » Il y a une confiance en Dieu qui s'appli
que à toutes les circonstances de la vie par lesquelles
nous pouvons être appelés à passer. Nous avons cette
confiance en lui, que « quoi que nous demandions, nous
avons les choses que nous lui avons demandées, » lors
que nous demandons quelque chose selon sa volonté,
parce que son oreille est toujours ouverte pour nous.
Quelle chose merveilleuse que Dieu incline toujours son
oreille vers nous , car certainement nous ne voudrons
rien demander qui soit contraire à sa volonté. Si nous
avons réellement à cœur de faire la volonté de Dieu, —
de prêcher sa parole, par exemple, — et qu'il y ait
des difficultés sur notre route, que Satan soit sur notre,
chemin , nous n'avons qu'à demander, et nous avons
toute la puissance de Dieu à notre disposition, son oreille
étant ouverte pour nous. Si vous savez ce que c'est que
d'être dans le combat et au milieu des difficultés, quelle
bénédiction pour vous dans cette assurance que l'oreille
de Dieu est toujours ouverte pour vous, et que si vous
êtes occupés de faire la volonté de Dieu, vous réussirez
toujours à l'accomplir.
« Il y a un péché à la mort ; je ne dis pas qu'il de
mande pour ce péché là. » L'apôtre parle ici de la mort
temporelle comme châtiment dans les voies gouverne
mentales de Dieu. « Il y a tel péché qui n'est pas à la
mort ; » et s'il y a une véritable intercession, Dieu par
donnera (voyez Jacq. V, 14-1S). Mais, dira-t-on, quel
est ce péché à la mort? — Ce peut être tout péché quel
conque ; ce peut être un mensonge comme celui d'Ana-
nias et de Sapphira, — Pierre en effet ne prie pas pour
eux. N'est-il pas écrit aussi dans l'épître aux Corinth. :
« C'est pour cela que plusieurs sont faibles et malades
parmi vous , et qu'un assez grand nombre dorment »
(l Cor. XI, 30)? L'affreux état de confusion de l'Église
fait que Dieu prend plus directement en main le gou
vernement, et l'incapacité de l'homme à marcher dans
la puissance de l'Esprit rejette les saints davantage
vers Dieu dont la fidélité ne laissera pas passer nos pé
chés sans qu'ils soient jugés. « Il ne détourne pas ses
yeux de dessus les justes. »
Puissions-nous marcher de telle sorte, dans la puis
sance de la sainteté, que, au lieu de dépenser notre vie
en luttes contre le péché et sous la discipline de Dieu,
nous marchions dans la pleine communion de sa grâce !
Amen.
LA BRANCHE D IF.
12
la justice qui vient de Dieu pour la foi » (Philip. III,
1-9). Oh ! si vous pouviez raisonner comme l'apôtre
Paul et apprécier les choses comme lui le faisait !
S'il n'en est pas ainsi, si vous continuez à juger selon
l'apparence et selon la chair, votre rempart de bonnes
œuvres , de pratiques religieuses et de propre-justice
pourra, avec le temps, vous paraître aussi ferme que
le fondement de Dieu. Mais quand le cri de minuit se
fera entendre : « Voici, l'Epoux vient, sortez à sa ren
contre » (Matth. XXV, 6) ; quand viendra le moment où
vous sentirez avec effroi que le terrain manque sous vos
pieds ; quand vous verrez avec terreur l'abîme prêt à
vous engloutir, alors vous expérimenterez trop tard
toute la fragilité des appuis que vous vous étiez faits à
vous-même. Dès l'instant que vous voudrez sérieuse
ment vous en servir, vous les sentirez glisser, crouler
sous vos pas et tomber avec vous dans le gouffre sans
fond.
Ah ! que Dieu veuille qu'il n'en soit pas ainsi de
vous, cher lecteur! Dieu veuille, pendant qu'il en est
temps encore, vous faire connaître et comprendre que
vos péchés vous placent sous la condamnation, et que
toutes vos œuvres et vos actes de dévotion sont complè
tement incapables de vous en garantir ! Dieu veuille
réveiller votre conscience par sa Parole et vous donner
une conviction sincère de péché fct de perdition ! Alors,
bienheureux serez-vous si, à la vue de l'abîme éternel
au bord duquel vous êtes, et sentant le néant de tous
vos précédents appuis, vous vous écriez comme le vieux
François : « 0 mon Dieu! aie pitié de moi, je suis. un
homme perdu ! » ou comme les disciples, au milieu de
la tempête, alors que leur nacelle commençait à s'em
plir : «Seigneur! sauve-nous, car nous périssons.»
Oui, heureux êtes-vous si, du fond d'un cœur angoissé
13
par le sentiment de vos péchés et par la crainte de tom
ber entre les mains d'un Dieu saint et juste, s'échappe
ce cri de détresse et d'invocation à Celui qui seul peut
secourir, délivrer, sauver une âme dans cet état ! Heu
reux êtes-vous, si vous invoquez le nom du Seigneur,
car voici une des bonnes paroles de notre Dieu : « Qui
conque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. »
Oui, heureux, mille fois heureux, éternellement heu
reux est celui qui croit; car toutes les choses qui lui
sont dites, toutes les promesses qui lui sont faites auront
leur accomplissement. Au moment où il voit crouler
tout ce sur quoi il s'appuyait précédemment , tout ce
qui faisait sa confiance, la croix de Christ est là, au-
dessus du précipice, comme la branche d'if du vieux
François, pour le retenir, le soutenir, le délivrer, le
sauver. Jésus est le chemin, la vérité et la vie : nul ne
va au Père que par lui ; il est le seul pont placé sur l'a
bîme creusé par le péché entre l'homme et Dieu; c'est
lui qui, à la fois vrai Dieu et vrai homme, réalise admi
rablement l'échelle mystérieuse que Jacob vit en songe,
dont l'une des extrémités reposait sur la terre, tandis
que l'autre s'élevait jusqu'au ciel. Jésus est la branche,
ou le surgeon sorti du tronc d'Isaï (EsaïeXI, 1). Il est
« la branche * de l'Eternel , pleine de noblesse et de
gloire » (Esaïe IV, 2).
Cette Branche de Dieu, de tout temps on s'est efforcé
de la détruire. Quand Jésus apparut sur la terre, Satan,
les Juifs et les Gentils, Hërode et Ponce Pilate se liguè
rent et réunirent leurs efforts contre ,lui. «Ote, ôte,
crucifîe-le , » criait un malheureux peuple excité par
2
ses réflexions. On voyait, empreinte sur son front, l'ex
pression de la mauvaise humeur et du chagrin. Tout en
elle respirait la peine et l'angoisse. Comme elle ne man
geait rien , sa sœur aînée lui demanda si elle était ma
lade. — Elle répondit que non. — Qu'avez-vous donc?
— Rien. — Ses sœurs ayant insisté pour savoir si quel
que chose lui avait causé de la peine , .elle dit : « Je ne '
puis supporter que les gens se mêlent de ce qui ne les
regarde pas. » — Elle passa toute la matinée seule dans
sa chambre , et à dîner ce fut comme au déjeuner. Elle
ne mangea presque rien , ne parla pas du tout , excepté
pour répondre sèchement aux questions qu'on lui faisait,
et cela avec un air d'abattement, de dépit et de tristesse,
qui répandait comme de sombres nuages sur la gaîté de
ses compagnes.
C'est ainsi que j'ai vu gémir les vents furieux, comme
s'ils pleuraient la dévastation dont ils étaient cause ;
néanmoins ils continuaient à souffler avec une violence
croissante à mesure que cette dévastation croissait elle-
même et devenait plus universelle.
Anna (ainsi s'appelait celle dont nous parlons) se retira
de bonne heure , et de l'air d'une personne qui ne s'at
tend à goûter dans le sommeil ni repos, ni soulagement.
Le lendemain matin elle ne déjeuna presque pas , et pa
rut aussi abattue et malheureuse que la journée précé
dente. Une de ses sœurs lui dit encore : « Anna, vous
n'êtes sûrement pas bien ; — avez-vous mal à la tête? »
Elle répondit : « Je me porte bien ; je n'ai point mal. »
— « Dans ce cas vous avez quelque chose qui vous pèse
sur l'esprit , — ne voulez-vous pas nous le dire ? ne vous
aimons-nous pas? Ce n'est que votre bien que nous
cherchons , en désirant partager vos peines. » — « Oh !
vous avez déjà assez de superstition , sans qu'on vienne
y ajouter. Je ne vous dirai point ce que j'ai ; ainsi ne
me tourmentez pas davantage. Je ne doute pas que vous
seriez bien contentes de tout savoir, car vous appelleriez
cela un prodige spirituel , et vous en triompheriez. Mais
je me moque de ces choses-là. Je ne suis pas encore
assez vieille pour croire aux songes et aux visions. » —
« Mais , Anna , nous ne nous nourrissons pas de rêves
et de visions. » — « Non , — et ce n'est pas non plus
mon intention de vous en nourrir. »
Les deux sœurs se regardèrent l'une l'autre et ren
trèrent dans le silence. Le reste de la journée se passa
comme la veille. Anna continuait à être triste et sombre,
et ses sœurs, émues de compassion et remplies d'anxiété,
souffraient à cause d'elle. Le matin du troisième jour,
elle était comme quelqu'un qui, fatigué de vivre, haïrait
même la lumière , n'entrevoyant dans l'éternité ni paix
ni espérance. Ses sœurs la regardant avec tristesse,
l'une d'elles lui dit tout d'un coup : « Anna , quel était
votre rêve ?» — Elle tressaillit , et se mit à rire d'une
manière forcée. « Ah ! quel était mon rêve ! vous don
neriez tout pour le savoir, n'est-ce pas ? Mais je ne vous
en dirai rien. Je croyais que vous n'aviez pas foi aux vi
sions et aux rêves. » — « Pour la plupart, ils sont l'effet
des préoccupations de nos journées , ou le fruit de l'ac
tivité incessante de l'imagination , d'autres proviennent
d'une santé dérangée. Ils ne sont alors que des images
fantastiques , des idées vagues et confuses, qui accusent
4
le sommeil de l'intelligence et dont le souvenir s'efface
dès que nous nous livrons de nouveau à nos occupations
habituelles. Mais il est aussi des songes qui nous sont
envoyés de Dieu, aussi bien que les épreuves ou tout au
tre avertissement. La Bible nous dit que Dieu parle aux
hommes « par des songes, par des visions de nuit, quand
un profond sommeil tombe sur les hommes, et lorsqu'ils
dorment dans leur lit » (Job. xxxm, 15).
Anna se mit à rire de nouveau , et dit : « Vous trou
vez dans la Bible un verset pour tout ce qui vous con
vient ; mais je ne veux pas ainsi être enseignée par vous ;
d'ailleurs je ne doute pas que, dans un jour ou deux,
j'aurai oublié tout cela.»—« Nous vous supplions, Anna,
de nous le raconter. Si , réellement , vous avez eu un
songe du Ciel, vous ne désireriez sûrement pas l'oublier ;
et s'il ne vient point de Dieu , nous en rirons nous-mê
mes avec vous.» — Elle répondit avec humeur : « Si vous
voulez absolument l'entendre, soit. — Je le regarderais
comme l'effet du bal d'où je sortais, si ce n'était que ja
mais je ne vis nulle part quelque chose de semblable ; et
vous-mêmes ne croyez pas être en état de le comprendre,
car vous n'avez jamais vu rien de pareil, et vous ne pou
vez vous en faire aucune idée.
« Il me semblait que je me promenais dans la rue large
d'une grande cité. — Beaucoup de personnes s'y prome
naient avec moi ; il y avait dans leur air quelque chose
qui me frappait : elles paraissaient sérieuses quoique
heureuses , ne s'occupant ni de gaîté ni d'affaires , mais
jouissant d'une paix et d'une pureté que je ne vis jamais
empreintes sur le front d'un homme mortel. La lumière
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qui éclairait la-cité me paraissait étrange : — Ce n'était
pas le soleil , car elle n'éblouissait pas ; — ce n'était pas
la lune , car il faisait jour comme en plein midi : Elle
ressemblait à une atmosphère lumineuse , calme , belle,
invariable et sans mélange. Je contemplai les bâtiments
de la ville ; chacun d'eux était un palais , mais ne res
semblant point à ceux de la terre. Le pavé sur lequel je
marchais , et les murs des maisons étaient d'or pur, res
plendissant et transparent comme le cristal. Les fenêtres,
grandes et brillantes , étaient comme des arcs-en-ciel
divisés, et ne donnaient passage qu'à une lumière rayon-
- nante de bonheur. C'était, en réalité , le séjour de l'es
pérance et de l'amour. Je ne pouvais m'empêcher de
m'écrier en passant : Voici sans doute les demeures de
la justice, de la vérité et de la paix. — Tout y était d'une
parfaite beauté , je ne savais ce qui pouvait y manquer
pour me faire désirer de passer l'éternité dans un pareil
lieu ; et toutefois sa pureté même oppressait mon cœur.
Je ne pouvais participer à la félicité de ce séjour, quoi
que des regards pleins de bienveillance et de charité ren
contrassent partout les miens. Je n'éprouvais pas les sen
timents partagés par les êtres qui m'entouraient , et au
4 milieu de cette assemblée de bienheureux, je poursuivis
mon chemin, seule, triste, accablée et haletante.
Après être sortie de ce lieu de paisibles délices , j'a
perçus une immense foule de personnes qui se dirigeaient
du même côté. Étonnée de l'empressement de tant de
gens, et curieuse d'en connaître le motif , je les suivis,
et à la fin je les vis tous s'approcher d'un édifice plus
grand et plus beau que les autres. Ils en montaient les
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degrés massifs et entraient par une large porte. Je n'é
prouvais aucun désir de les suivre , seulement je m'ap
prochai par curiosité jusqu'au pied de l'escalier. Je vi§
entrer des individus habillés de toutes les couleurs et
dans les costumes de toutes les nations ; mais en entrant,
ils étaient tous revêtus de magnifiques vêtements blancs.
Je les vis s'enfoncer dans l'intérieur, et puis traverser
une grande salle très-richement ornée. Oh! si seule
ment je pouvais vous donner une idée de cette salle !
Elle était éblouissante d'un éclat qu'on ne peut compa
rer à celui du cristal , du marbre ou de l'or ; une pure
lumière l'éclairait ; c'était comme la lumière de la lune,
mais sans sa froideur ; comme celle du soleil, mais sans
ses rayons trop vifs. Au dedans de cette salle je décou
vris un escalier lumineux et je vis les pieds et les habil
lements blancs et sans tache de ceux qui montaient ; c'é
tait, en vérité, beau à voir, mais pour moi je ne pouvais
que frissonner et détourner mes regards. — En ce mo
ment un de ceux qui étaient sur la première marche de
l'escalier, me regarda avec un intérêt si profond , d'un
air si rempli de bienveillance que je m'arrêtai pour savoir
ce qu'il avait à me dire. — Sa voix était comme une douce
mélodie. — Il me dit : « Pourquoi vous détournez-vous ?
Y ^i-t-il du plaisir dans le chemin des ténèbres ? » Je de
meurai dans le silence. — Il me supplia d'entrer, mais
je ne répondis rien , et restai immobile. Cette personne
disparut alors tout d'un coup et une autre prit sa place,
ayant la même attitude et le même air. Je désirais l'évi
ter et toutefois je demeurai comme clouée à l'endroit où
je me trouvais. Elle me dit : « Êtes-vous venue jusqu'ici,
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et voulez-vous maintenant perdre le fruit de votre travail ?
Dépouillez-vous de vos propres habillements et revêtez-
vous de l'habillement blanc. » Elle continua à me parler,
jusqu'à ce que , fatiguée , je lui répondis : « Je ne veux
pas entrer. — Je n'aime pas votre livrée blanche , son
éclat affecte ma vue et oppresse mon cœur. » Elle sou
pira, et s'en alla. Plusieurs me regardaient avec un mé
lange de compassion et d'inquiétude. — Un de ces bien
heureux , me priant d'entrer , m'offrait la main pour
m'aider à monter l'escalier, mais je rejetai toutes leurs
offres , et demeurai triste et inquiète. A la fin un jeune
messager m'approcha , et me supplia d'entrer avec un
accent auquel je ne pus résister : « Ne vous détournez
pas, me dit-il, où voulez-vous aller? Ne tardez plus, car
pourquoi vous fatiguer pour néant? Entrez, et goûtez le
bonheur. L'accès est ouvert à tout le monde. — On ne
rejette personne. — On reçoit dans cette salle des hom
mes de toutes langues , de toute nation , et de toutes les
couleurs. — Tous sont habillés et consolés. »
» Là-dessus il me donna la main , et j'entrai dans la
salle avec lui : Là1 on répandit sur moi de l'eau pure, on
me revêtit d'un vêtement blanc , et , sans savoir com
ment , je montai l'escalier avec mon guide. Quand je fus
parvenue en haut , oh ! quelle lumière resplendit à mes
yeux ! Mais l'imagination d'un mortel ne pouvant la con
cevoir, comment ses paroles sauraient-elles la décrire !
Où sont les saphirs , où sont les étoiles qui ressemblent
à l'éclatante splendeur dont je fus environnée ! Où voit-
on les formes célestes , les regards d'amour de ces êtres
divins qui m'entouraient ? . Je succombai , confuse et
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comme anéantie ; je me glissai dans un coin où j'essayai
de me cacher, car je vis que je n'avais rien de commun
avec les bienheureux qui habitaient ce séjour. — Ils dan
saient en cadence aux. sons d'une musique toute céleste.
Mon guide alla se joindre à eux et je demeurai seule. Je
regardais ces personnages beaux et purs ; leurs chants
et leurs regards exprimaient une vive reconnaissance et
un bonheur ineffable. J'en aperçus un surtout qui était
plus grand que les autres , plus beau de toutes les ma
nières , plein de dignité, d'une grâce qui surpasse toute
imagination. Tous les yeux se tournaient vers lui , et
semblaient se réjouir dans les siens. Les chants et la
danse étaient en son honneur, et chacun paraissait tirer
de lui sa vie et sa joie. Comme je continuais à contem
pler cette scène dans un étonnement muet , un de ces
êtres m'aperçut , quitta la compagnie et vint à l'endroit
où je me tenais. Il me dit : « Pourquoi êtes-vous retirée
ici , silencieuse ? Venez vite , — joignez-vous à la danse,
et prenez part au chant. » — Je sentis dans mon cœur
une colère subite, et je répondis : « Je ne veux pas pren
dre part à votre chant, et je ne puis pas me joindre à la
danse, car je n'en connais pas la mesure. » — Il soupira,
et alla reprendre sa place , en tournant vers moi un re
gard de compassion qui m'humiliait. Un moment après,
j'en vois un autre abandonner l'assemblée de ses glorieux
compagnons , et se diriger de mon côté. — Il s'adressa
à moi avec douceur, pour m'engager à le suivre , mais
je m'y refusai. Il paraissait ressentir une angoisse pro
fonde en me quittant pour aller reprendre sa place parmi
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les autres. Je ne sais ce qui pouvait occasionner l'humeur
que je ressentais dans mon cœur.
A la fin le seigneur de cette céleste société , de ces
êtres resplendissants de lumière et de vie , le seigneur,
en l'honneur de qui étaient les chants de triomphe , la
douce mélodie , le Roi de gloire , devant lequel tous se
prosternaient, s'approcha de moi. Je tressaillis dans tous
mes membres , je sentis mon sang se glacer, mes chairs
trembler, et malgré cela mon cœur s'endurcit encore
davantage , et ma voix fut plus hardie. Il parla , et sa
voix fut comme une musique majestueuse : « Pourquoi
te tiens-tu à part , solitaire et triste , tandis que tout ce
qui t'environne se réjouit ? Joins ta voix au chant , car
j'ai triomphé ; réunis-toi à la danse , car mon peuple
règne. » — Telle fut son affectueuse invitation. — Quel
amour inexprimable ses yeux respiraient en se fixant sur
moi ! Un regard si tendre amollirait un cœur de pierre.
Je le sentis, mais je n'en fus point émue : je le contemplai
un instant, puis je répondis : « Je ne veux pas m'unir au
chant , car je n'en connais pas l'air ; je ne puis pas non
plus me joindre à la danse , car je n'en connais pas la
mesure. » — La création tout entière se serait enfuie au
changement de son regard : c'était comme l'éclair, et,
d'une voix plus forte que le tonnerre , il me dit : « Que
fais-tu donc ici ?» — A ces mots le pavé s'ouvre sous
mes pieds , et se referme après m'avoir engloutie ; je me
trouve au milieu des flammes et des tourments , et la
frayeur terrible que je ressens me réveille. »
Un silence de quelques instants succéda à ce récit.
— Les deux sœurs étaient surprises d'étonnement et sai
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sies d'effroi. Elles ne jugèrent pas que le songe et la
vive impression qu'il avait faite sur l'esprit léger de leur
sœur fussent l'effet de causes naturelles. « Anna, lui
dirent-elles , nous ne pouvons vous aider à oublier un
rêve pareil. — Nous croyons qu'il vient de Dieu , et il
peut être béni pour votre âme si vous le désirez. — La
salle magnifique que vous avez vue est semblable à la
description que nous donne la Bible de la sainte cité de
Dieu , car nous trouvons dans l'Apocalypse à peu près le
même tableau. « La ville n'a besoin ni de soleil ni de lune
pour l'éclairer, car la gloire de Dieu l'éclairé et l'Agneau
est son flambeau . » Tous ceux qui entrent doivent déposer
leurs robes souillées et leur propre justice ; ils doivent
être revêtus de fin lin pur et éclatant, qui désigne la jus
tice dont les saints sont couverts par la foi en Jésus-Christ.
Ceux qui se promènent dans le saint temple sont ceux
<( qui sont venus de la grande tribulation, et qui ont lavé
leurs robes, et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau,
— c'est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu , et ils
le servent jour et nuit dans son temple ; ils chantent un
cantique nouveau que personne ne peut apprendre si non
ceux qui ont été rachetés de la terre ; — c'est le canti
que de Moïse et de l'Agneau. Et la Sagesse se tient cha
que jour aux portes pour inviter les fils des hommes à
entrer dans le temple. Le peuple de Dieu s'efforce aussi
de les persuader d'entrer. Les serviteurs de Christ sont
surtout chargés de veiller sur les âmes , et de chercher,
par tous les moyens , à en sauver quelques-unes. — Oh!
Anna, vous connaissez le chemin; — renoncez, nous
vous en supplions , à votre propre volonté , et écoutez
Il
cet avertissement terrible. Venez avec nous, et appre
nez la route du ciel et les chants de Sion. » —
Le front d'Anna s'obscurcit de nouveau , et elle répli
qua : « Je n'ai pas besoin d'être exhortée par vous — Je
veux agir comme il me plaît. » — Elle continua dans ce
triste état jusqu'à la fin de la semaine , qu'on la trouva
dans sa chambre ; elle n'était plus qu'un cadavre.
Personne ne connut la cause de sa mort. — Elle mou
rut sans maladie du corps , et selon toute apparence,
sans changement dans son âme.
FIN.
Cher lecteur.
En vous adressant quelques observations solennelles et affec
tueuses sur ce commandement de Dieu, ce qui me frappe dès l'a
bord, c'est cette longanimité du Seigneur qui supporte patiemment
les méchants, selon les richesses de sa douceur; ne voulant point
qu'aucun périsse, mais que tous*se repentent". Oui, cher lecteur,
si celui qui prend le nom de Dieu en vain, n'est pas tenu de Dieu
pour innocent, quoi qu'en pense le pécheur à cause de la légèreté
de son cœur, la seule raison pour laquelle ce péché n'est pas puni
immédiatement, est que Dieu est tardif à colère, et toutefois il ne
tient pas le coupable pour innocent, quoi qu'il en soit de sa longue
patience (Exode XXXIV, 6, 7). Le jour du jugement avance, à pas
lents il est vrai, selon la miséricorde de Dieu, car « s'il tarde, c'est
parce qu'il est patient envers nous , » mais ce jour ne tardera pas
d'arriver, selon la justice de Dieu, afin qu'il revendique les droits
de son saint nom.
Oui ! celui qui prend en vain le grand et glorieux nom de Je-
hovah b, n'est pas innocent, mais coupable à tous les égards, car
c'est profaner le nom de notre Père qui est aux cieux que de l'as
socier légèrement à toutes nos paroles, que de le faire intervenir,
à tout propos , dans les plus vulgaires détails de la vie , foulant
ainsi aux pieds la sainteté, la gloire et la majesté de ce nom. Pé
cheur, c'est parce que tu ne connais pas la gloire de Dieu, que tu
agis si légèrement à l'égard de son nom, et que lu attires ainsi sur
ta tête le courroux d'un Dieu trois fois saint. Apprends donc com
ment les Séraphims, ces anges si puissants en force donnent gloire
Rom. II, 4. ; 2 Pier. III, 9. — 6 Mal. 1 , 14 ; Ezéch. XXXVI, 23.
2
à Dieu et à Jésus-Christ (comp. Esaïe VI, 1-10 avec Jean XII,
39-41). « Les Séraphims se tenaient au-dessus de lui et chacun
d'eux avait six ailes ; de deux ils couvraient leur lace, et de deux
ils couvraient leurs pieds , et de deux ils volaient ; et ils criaient
Vun à l'autre et disaient : Saint, saint, saint est l'Eternel des ar
mées, tout ce qui est dans toute la terre est sa gloire. » Avec deux
ils couvrent leur face, avec deux ils couvrent leurs pieds, avec deux
seulement ils volent. Il leur faut plus d'énergie pour reconnaître
les droits de la sainteté de Dieu en se couvrant, que pour faire sa
volonté d'une manière active en volant. Aussi la Prière dominicale
nous enseigne à sanctifier le nom de notre Père qui est aux cieux,
avant de demander que sa volonté soit faite sur la terre comme au
ciel. Et toi, vermisseau de terre, tu ne respecterais pas ce nom
glorieux et terrible, et dans ton ignorance coupable tu l'associerais
à toutes tes vaines paroles, à ton irritation, à ta colère, à tes cou
pables désirs de vengeance et à tes imprécations. Ah ! sache que
tu n'es pas tenu pour innocent à cet égard par Jehovah , et que
chaque fois que tu emploies ainsi son nom, tu t'amasses la colère
pour le jour de ta colère (Rom. II, 5).
Si nous avions un ami que nous aimerions tendrement, et pour
lequel nous aurions un grand respect, croyez-vous, cher lecteur,
que nous pourrions supporter d'entendre à tout instant le nom de
cet ami associé à toutes les paroles indifférentes , légères ou cou
pables de nos alentours ? Non certainement ! Ce nom aurait trop
de prix à nos yeux pour que nous pussions le tolérer un seul ins
tant. Nous dirions dans ce cas à ceux qui nous entourent : « Ne
parlez pas ainsi ! Ayez du respect pour ce nom, ne le traînez pas
dans la boue, car le caractère et la personne de mon ami me sont
trop précieux pour que je le souffre en ma présence. » Et le nom
de Dieu, le nom de notre Créateur, de notre Rédempteur, ce nom
mystérieux et grand, seul puissant, seul digne, seul bon; ce nom
nous l'avilirions comme bon nous semble ! Vous me trouvez peut-
être bien hardi, cher lecteur, d'oser vous parler ainsi, et moi je
me trouve souvent bien lâche , oui ! j'ai honte de moi-même de
3
ce que j'ai si peu de vrai courage pour revendiquer les droits et
la gloire du nom de mon Dieu, de mon Sauveur.
La loi dit que tu n'es pas innocent à cet égard, et notre Seigneur
Jésus dit qu'il n'est pas venu pour anéantir la loi , et que ce qui
dépasse le oui ! oui ! le non ! non ! vient du mal. L'apôtre Jaques
dit que celui qui jure par le ciel ou par la terre ou par quelque
autre serment, tombe dans la condamnation.
Le récit suivant est un terrible exemple de la vérité de ce que
déclare l'Apôtre Jaques. J'emprunte ce fait au Recueil Evangéli-
que (Evangelical Magazine) ouvrage religieux paraissant périodi
quement en Angleterre. « T. G., vivant à Sedgley, près de Wol-
verhampton, ayant perdu une somme considérable en pariant dans
des combats de coqs, jura, en blasphémant de la manière la plus
affreuse, qu'il ne ferait plus de pareilles gageures et il demanda à
Dieu de damner son âme à toute éternité , s'il refaisait jamais de
semblables paris, ajoutant avec de terribles imprécations qu'il dé
sirait que le diable le prît, s'il y cédait encore. Cette résolution
prise de cette manière impie fut observée pendant quelque temps ;
mais environ deux ans après, Satan, qu'il continuait à servir, le
remplit d'un désir violent d'assister à un combat de coqs à Wol-
verhampton, et il céda à la tentation. Arrivé sur le lieu du combat
il se leva et dit : « Je parie quatre contre trois en faveur de tel ou
tel coq. » « Quatre quoi? » demanda un de ses compagnons d'ini
quité. « Quatre shillings, » répondit-il. Le pari étant accepté, T. G.
mit sa main dans sa poche pour prendre son argent, mais au mo
ment même il tomba mort comme foudroyé. »
Si tous ne tombent pas dans la condamnation de la même ma
nière, maintenant, il n'est pas moins vrai, comme nous le dit
notre Seigneur, que nous serons justifiés par nos paroles, et con
damnés par nos paroles, aussi bien que par nos actions. Les hom
mes rendront compte de toute parole oiseuse au jour du jugement,
combien plus de leurs paroles impies (voyez Matth. XII, 36, 37)!
Bannissons donc de nos lèvres des expressions comme celles-ci :
« mon Dieu, mon Père, ma foi , » sans parler d'autres plus mau
4
vaises encore. Hélas! quelques personnes dont nous espérons
qu'elles sont à Christ par la foi du cœur, les emploient encore par
une coupable habitude. Mais il faut dépouiller le vieil homme. Priez
Dieu, mes frères, sur vos genoux, de vous délivrer de ce péché. Il
vous le pardonnera, il vous en purifiera.
Pour vous, chers lecteurs, qui n'auriez pas encore reconnu les
droits de la sainteté de Dieu, écoutez-moi encore un instant. J'ai
dit, selon les Ecritures, que « Dieu est tardif à colère » (Exode
XXXIV, 6), et la raison en est, que selon ces mêmes Ecritures, le
jugement est « son œuvre étrangère, son travail non accoutumé »
(Esaïe XXVIII, 17-23). Parmi toutes les glorieuses révélations du
nom de Dieu, je me prosterne avec adoration devant celle-ci : le
jugement est « son œuvre étrangère. » Oui ! Dieu est amour. « Ce
n'est pas volontiers qu'il afflige les fils des hommes, » mais le péché
est une terrible réalité, et la condamnation, par conséquent, est
une terrible nécessité. « Dieu ne peut pas se renier lui-même fl, »
et si tu ne changes pas, pécheur, sache que Dieu ne peut pas chan
ger. Mais sache aussi que la bonté de Dieu te convie à la repentance
et à la conversion.
Le jugement est « son œuvre étrangère. » Oh! amour de notre
Dieu, ne l'écouterons-nous pas! Oui! Dieu est tardif à colère, «ti
t'attend , pécheur, pour te faire grâce * . » Il a lui-même pourvu
aux exigences de sa justice par les souffrances expiatoires du « mé
diateur, Jésus-Christ homme» (1 Tim. II, 5, 6). « afin qu'il soit
juste, et justifiant celui qui est de la foi de Jésus » (Rom. III, 25).
Il est patient envers nous, envers toi, envers tous. Oh ! écoute-le,
pécheur, pendant quHl en est temps, invoque-le tandis qu'il est
près. (Esaïe LV, 6) Allez tous à Jésus. Mais si tune changes pas,
si tu ne crains pas Dieu, sache que Dieu ne tiendra pas pour
innocent celui qui aura pris son nom en vain.
• 2 Tim. II, 13. — 6 Esaïe XXX, 18.
RÉDEMPTION.
Exode XV.
~©-°<-OQl©»&00-o-o-
V 82?
LA CHUTE D'ADAM
ou
SERIE DE
TRAITÉS CHRÉTIENS.
VEVEY || NYON
l. prexleloip, rueduLac, 16 eue vetlaw, placedu CIlàtWH
1855
VEVKY. — Imprimerie de la Société typographique.
LA
CHUTE D'ADAM
ou
LE PÉCHEUR AU TRIBUNAL DE DIEU.
Cher lecteur,
Le chapitre que vous avez sous les yeux met cm
évidence cette vérité , qu'il faut que le pécheur ait.
affaire avec Dieu, qu'il faut absolument que la ques
tion de son péché soit réglée. Qu'importe que l'hom
me n'y pense pas? Dieu y pense, Lui , et l'homme
ne peut échapper à Dieu ; et quand même le pécheur
passerait sa vie entière sans s'en occuper, néanmoins
il faudra tôt ou tard se trouver devant Lui , si ce
n'est ici-bas ce sera après la mort , car il est ordon
né aux hommes de mourir une fois , après quoi , le
jugement.
Dans le chapitre qui précède celui que nous ve
nons de lire , il n'est pas question de jugement ou de
compte à régler, car l'affreux péché n'existait pas
encore. Là, le cœur se repose en contemplant «n
inonde parfait où tout répond à l'intention du Créa
teur. L'homme innocent , placé dans un jardin de
délices et en relation avec le Dieu bienheureux , vit-
vait dans l'atmosphère du bonheur de Dieu et jouis
sait de son doux repos. La paix la plus profonde
inondait ce séjour plein de charmes et remplissait
— h —
le cœur de l'homme. La beauté du lieu , les fleuves
qui l'arrosaient , la fraîcheur des bois , le parfum des
fleurs et des fruits, la docilité des animaux , la voûte
des cieux que parcourt le beau soleil qui encore nous
éclaire , tout avait une voix pour dire à Adam que
le Dieu-Puissant et heureux qui l'avait si généreu
sement établi Seigneur des œuvres de ses mains était
son ami. Mais dans notre chapitre la scène change,
le tableau s'assombrit et tout prend un aspect de
désolation : — Satan s'approche et l'homme tombe
dans la désobéissance. Dépouillé de son innocence,
il s'aperçoit qu'il est nu. Il essaie de parer aux in
convénients de la chute en se faisant une ceinture
de feuilles de figuier, frêles habits qui ne servent
qu'à révéler cette disposition précoce , qu'une fois
que l'homme a eu abandonné Dieu , il a cherché à
se suffire à lui-même , loin de Dieu, sans idée d'hu
miliation devant son péché, sans aucune intelligence
de ce qu'il a perdu. Mais Dieu a tout vu. Rien ne
lui est échappé. Il a aussi vu tout ce que vous avez
fait et pensé jusqu'à ce jour, cher lecteur, et bien
que la plupart de vos péchés soient loin de votre mé
moire, Dieu se les rappelle tous. Au grand jour du
jugement , il montrera que pensées , paroles et œu
vres, tout est présent devant Lui comme au moment
où elles se sont produites. Quelle journée que celle
où la vie entière d'un pécheur sera mise en évidence
dans la pure lumière ! Nous en avons ici un échan
tillon bien propre à rendre sérieux. —
« Adam et Ève ouïrent au vent du jour la voix de
l'Eternel Dieu , qui se promenait parmi les arbres du
jardin et ils se cachèrent de devant l'Éternel Dieu.»
J
La voix de Dieu , naguère si agréable à entendre,
ne produit plus maintenant que l'effroi. Et pourquoi
cet effroi seulement à présent que la voix de Dieu
se fait entendre? Parce que, loin de la face de Dieu,
le pécheur peut être plus ou moins tranquille , mais
quand Dieu s'approche le péché se découvre , sa
gravité et ses vraies dimensions se produisent au tri
bunal de la conscience. La ceinture de feuilles de
figuier ne les rassure pas , parce qu'elle ne voile pas
leur péché. Tels sont les efforts de l'homme ; il es
saie bien quelquefois de faire une chose , puis une
autre ; il veut bien avoir une religion , certaines pra
tiques ; mais tout cela ne cache pas le péché aux
yeux de Dieu : quels que soient les moyens dont un
homme dispose , il n'est toujours qu'un pauvre pé
cheur, et son péché demeure si la grâce ne vient à
son secours.
Ils fuient vers les arbres du jardin pour s'y cacher,
mais ils éprouvent la vérité de ces paroles : « Où
irai-je loin de ton Esprit, et où fuirai-je loin de ta
face ? Si je monte aux cieux , tu y es ; si je me cou
che dans le sépulcre , t'y voilà. Si je prends les ailes
de l'aube du jour, et que je me loge au bout de la
mer, là même ta main me conduira et ta droite me
saisira. Si je dis : Au moins les ténèbres me couvri
ront , la nuit même sera une lumière autour de moi.
Même les ténèbres ne me cacheront point et la nuit
resplendira comme le jour , et les ténèbres comme
la lumière. » Ps. CXXXIX, 7-12.
Les arbres du jardin n'étaient pas une retraite
impénétrable à la justice de Dieu. —
« Mais Dieu appela Adam et lui dit : Où es-tu ? »
— 6 —
La voix de Dieu est irrésistible , il faut qu'Adam
comparaisse avec son péché , il ne peut se soustraire
au jugement et là Dieu lui montre qu'il a tout vu.
Avcz-vous pensé , lecteur, qu'à votre tour vous se
rez sommé de rendre compte et que comme Adam
vous serez jugé selon vos œuvres? A moins que vous
n'ayez un Sauveur, le temps vient où Dieu vous ap
pellera aussi par votre nom et , à sa voix irrésisti
ble , il faudra aussi vous approcher tel que vous êtes
et chargé de vos péchés. Avez-vous pensé à ce mo
ment et à ce tribunal ? Peut-être vous tranquillisez-
vous en vous efforçant de croire qu'il n'en sera rien,
que , quand le corps est mort tout est mort. Mais
Dieu a pensé autrement , Lui , et ce n'est pas ce que
vous pensez qui s'accomplira, mais ce que Dieu a
pensé et dit , soyez en sûr. Dieu est au-dessus de
vous et au-dessus de tout. Et fussiez-vous mort de
puis longtemps, il a la puissance de vous faire revi
vre pour vous juger, et il le fera. Au reste la mort
est la preuve que vous ne pouvez échapper à Dieu,
car c'est lui qui a infligé cette peine , et par là
voyez ce que vaut une parole de Dieu. Il y a en
viron six mille ans qu'il a dit : « Au jour que tu
pécheras , tu mourras » et depuis ce moment , cette
parole s'est réalisée , nul n'a pu s'y soustraire.
« Puis Dieu dit à Adam : Parce que tu as obéi à
la parole de ta femme et que tu as mangé du fruit
de l'arbre duquel je t'avais commandé en disant :
Tu n'en mangeras point , la terre sera maudite à
cause de toi ; tu en mangeras les fruits en travail,
tous les jours de ta vie ; elle te produira des épines
et des chardons, et tu mangeras l'herbe des champs.
Tu mangeras le pain à la sueur de ton visage , jus
qu'à ce que tu retournes en la terre , car tu en as
été pris ; parce que tu es poudre tu retourneras aussi
en poudre. »
Ce qui sort et sortira toujours du tribunal de Dieu,
c'est la condamnation du péché , parce que Dieu se
doit à lui-même et à sa sainteté de punir toute dé
sobéissance. Il est juge juste et suprême, et nul ne
peut appeler du jugement de Dieu. Toute excuse est
écartée. Adam a essayé d'en alléguer une en reje
tant la faute sur sa femme , mais ayant péché lui-
même , et son péché étant là , sa bouche a été fer
mée. Il aurait de même été inutile de dire : J'ai été
fidèle hier, avant-hier, dans telle ou telle circons
tance, — la réponse à tout raisonnement aurait été :
N'as-tu pas mangé du fruit de l'arbre duquel je t'a
vais commandé en disant : Tu n'en mangeras point ?
Et vous, lecteur, ètes-vous pécheur ? Avez-vous
transgressé quelqu'un des commandements de Dieu'!1
Avez-vous menti , dit des injures , pris le nom de
Dieu en vain , outragé vos parents ? Avez-vous eu
des convoitises, de mauvaises pensées? Si vous avez
fait cela , Dieu â tout vu , tout entendu, et .vos pé
chés ont été inscrits en sa présence , dans son livre
qui s'ouvrira devant le grand trône blanc au grand
jour du jugement. Vous répondrez peut-être : Tout
le monde a fait cela. Mais est-ce que le péché des
autres efface le vôtre? Parce que Ève avait péché,
Adam a-t-il été justifié ? Si vous mourez dans votre
péché , quel malheur pour vous ! vous aurez à ren
dre compte ; oui , il le faudra.
Nous pouvons aussi conclure de ce qui est arrivé
— 8 —
à Adam , que Dieu ne peut pardonner le péché. Il
faut absolument qu'il soit puni, Ainsi, lecteur, il
faut que vos péchés reçoivent leur juste salaire. Si
ce n'est pas Jésus qui en a porté la peine , ce sera
Vous-même qui la porterez ; mais alors c'est la dam
nation éternelle. Que c'est solennel! La justice de Dieu
est inflexible, Adam en a fait la triste expérience. Le
travail , la douleur et la mort sont infligés à Adam
par Celui qui, tout en étant amour, a été forcé d'être
juge à cause du péché de l'homme. Et dès lors quelle
pénible existence ! Que de larmes répandues ! que
de liens puissants brisés par le glaive de la mort !
Le dernier verset de notre chapitre dit tout ce
qu'il y a d'affreux dans la position que le péché a
faite à l'homme : « Ainsi il chassa l'homme.»
«Ainsi II chassa l'homme. » Et d'où l'a-t-il chassé?
Hélas ! de sa présence et hors du lieu de délices où
l'homme savourait la douceur d'être en paix avec le
Dieu bienheureux. Ainsi chassé, l'homme a engen
dré une postérité loin de Dieu. Et en effet, lecteur,
ni vous ni moi ne sommes nés dans le paradis. Vous
n'y êtes jamais rentré. Une mère^donne naissance
à ses enfants dans le lieu où elle se trouve ; et où
était Ève quand elle a mis ses enfants au monde?
Sous la puissance de la mort , hors du Paradis , loin
de Dieu , là où régnent le péché et le prince de la
mort, loin de tout bonheur. Ainsi, être chassé loin
de Dieu , par Dieu lui-même, prouve bien qu'il ne
peut voir le péché et que la présence de l'homme
dégradé lui est insupportable. Dieu doit à sa dignité
de ne pas admettre le péché en sa présence.
Voilà votre condition , lecteur, et par le péché
d'Adam et par votre péché, à moins que vous n'ayez
été rapproché par le sang de Christ. —
Puis, dit encore ce verset : « Il mit des chérubins
à l'orient du jardin d'Eden avec une lame d'épée qui
se tournait çà et là pour garder le chemin de l'arbre
de la vie. »
Depuis que le péché est entré , voilà ce qu'il y a
entre Dieu et le pécheur : l'épée du jugement. Étant
dans la mort , il ne peut plus toucher à la vie , il n'a
aucun droit à la vie , et si, sans médiateur, il veut
tenter d'arriver jusqu'à Dieu , il rencontre le juge
ment, il y entre et y demeure. Ainsi l'homme ne
pouvait regarder du côté de Dieu sans voir l'épée
flamboyer à ses yeux. Impossible d'approcher avant
que l'épée disparaisse , mais pour que l'épée dispa
raisse , il faut que le péché disparaisse. Où sera le
péché , là fondra l'épée du jugement. Nous pouvons
conclure que l'homme est perdu et sans ressource en
lui-même pour échapper à la perdition , car il faut
que le péché soit puni. — Depuis que Adam a péché
l'homme s'est-il amélioré au point que le péché ne
soit plus? Qu'en dites-vous pour vous-même, lec
teur ? Êtes-vous sans péché ? Vous n'oseriez le dire,
à moins que vous ne soyez sans conscience. Peut-
être pensez-vous faire mieux. Hélas! vous avez bien
assez fait , vous n'avez que trop fait jusqu'à présent.
Vous avez fait le mal , vous ne pouvez le contester ;
et croyez-vous que Dieu soit content du mal que vous
avez fait ? Pensez-vous pouvoir faire mieux à l'ave
nir? — Mais à supposer que dès aujourd'hui vous
parvinssiez à ne plus pécher, toujours serait-il que
le mal que vous avez fait jusqu'à ce jour demeurerait,
— 10 —
et qu'en feriez-vous? Supposez que Adam eût marché
sans pécher depuis sa condamnation , sa marche ac
tuelle n'aurait pas annulé sa marche précédente. II
était déjà condamné , il était chassé de la présence
de Dieu ; il était dans la mort ; l'épée du jugement
était entre lui et Dieu , tournée contre lui. Il était
perdu . Êtes-vous dans une position meilleure? Certes,
vous n'êtes pas dans le paradis , et en bons rapports
avec Dieu. — Supposé que vous alliez chez votre
fournisseur lui dire : Je vous dois , il est vrai , tout
ce que vous m'avez fourni jusqu'à maintenant, mais
dès aujourd'hui je vous paierai comptant. Il pour
rait bien vous répondre : Mais cela n'acquitte
pas votre compte précédent. Et le vieux , qui le
paiera? 11 en est ainsi de l'homme. Il est ruiné , il
ne peut payer à moins de recevoir le salaire de son
péché , mais quel salaire ! la mort éternelle , le feu
préparé pour le Diable et pour ses anges. —
Représentez-vous , lecteur, le moment où ceux
qui sont morts dans leurs péchés se relèveront de la
poussière de la mort pour paraître ensemble devant
le grand trône blanc. Devant Celui qui y siége s'en
fuient le ciel et la terre. Près de Lui sont ses rache
tés , autrefois perdus , mais maintenant sans nulle
tache. Sur un autre plan , toutes les intelligences
célestes. Puis enfin , à la barre du tribunal , les cou
pables , ces milliers de milliers qui ont vécu sans
Dieu , sans frein , se jouant pour la plupart des cho
ses les plus sérieuses , s'amusant des choses les plus
honteuses , ces pécheurs endurcis qui se sont mo
qués de tout , de Dieu lui-même. Un solennel si
lence règne. Les livres s'ouvrent. Tout est inscrit :
— Il —
pensées , paroles , œuvres, depuis le premier jour
de l'existence jusqu'au moment de la mort. Votre
tour vient: Toute votre histoire est reproduite, votre
cœur est dévoilé, chaque repli en est mis à découvert;
tout arrive au grand jour. Quelle scène ! Vous fûtes
habile à cacher vos péchés ; mais , là , Dieu les dé
voile sans qu'il en reste un seul dans l'ombre. La
condamnation est prononcée , il n'y a pas un mot à
répliquer, parce que le péché est là et vous ne pou
vez le nier. Mais ce n'est pas tout. Il y a un lende
main au jugement , le feu éternel où sont jetés les
coupables. Quel lendemain !
Adam fut mis hors du paradis et chassé de la pré
sence de Dieu ; mais Dieu avait laissé une espérance,
fait entrevoir une porte pour sortir de cet état , ce
que nous examinerons bientôt ; mais là plus d'espoir.
C'est être chassé de la présence de Dieu sans retour
possible , c'est I'Eternité , une éternité de souffran
ces , une affreuse éternité. Si dans ce lieu de tour
ments , une voix se fait entendre ce sera : Pour
toujours ici , pour toujours !
Ah ! si ces formidables vérités atteignent la con
science, c'est bien alors que le besoin profond d'un
Sauveur se fait sentir,— oui , d'un Sauveur qui ait pris
sur lui le péché pour l'abolir. N'avoir plus de péché,
voilà ce qu'il faut. Et béni soit Dieu ! il y a pourvu.
Déjà dans notre chapitre cette idée est en saillie.
Tout en étant obligé de condamner les coupables,
Dieu s'occupe d'eux en grâce. Et d'abord , dans la
condamnation du serpent ancien , il annonce qu'un
libérateur sortirait de la semence de la femme. —
Puis il revêt Adam et Ève de peaux d'animaux, et
— 12 —
ainsi les coupables sont revêtus de la dépouille d'une
innocente victime. La mort d'autrui avait dû inter
venir , le sang avait coulé , type sans doute d'un
sang plus excellent , le sang de l'Agneau déjà préor
donné avant la fondation du monde. En effet, « Celui
qui n'avait pas connu le péché , Dieu l'a fait péché
pour nous , afin que nous devinssions justice de Dieu
en lui. » Mais pour cela il a fallu que Celui qui ha
bitait la gloire descendît sur la terre et s'anéantît en
prenant la forme de serviteur. Et parce que le pé
cheur ne pouvait s'approcher de Dieu . Lui s'est ap
proché du pécheur. Lui non plus n'est pas né dans
le paradis , il n'y aurait pas trouvé l'homme , il a
dù le chercher où il était , perdu , loin de Dieu , dans
la misère profonde. Il est venu reluire à ceux qui
étaient assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la
mort , pour conduire leurs pas au chemin de la paix.
Ainsi son amour immense et ses profondes compas
sions l'ont amené sur cette scène de douleurs , bien
décidé d'en sortir le pécheur et de réaliser, coûte
que coûte , cette vérité : « Le Fils de l'homme est
venu chercher et sauver ce qui était perdu. » Lui,
le Saint et le Juste , est entré dans la condition où
le pécheur se trouvait devant Dieu, pour en assumer
sur lui toute la responsabilité. La majesté de Dieu
avait été outragée parle péché, il a dû la réhabiliter;
sa justice avait des droits et il a dû les satisfaire.
Il s'est donc présenté comme caution responsable
devant les justes droits de Dieu, à la place de ceux
qui étaient ruinés, pour les sauver en payant leur
dette ; chaque péché lui a été compté et il en a porté
le poids énorme. Il est entré sur la scène du juge
— 13 —
ment pour avoir affaire avec la justice de Dieu, pour
la solder, et chargé du péché , il s'est avancé seul
devant l'épée dégainée et il en a été transpercé. Le
salaire dû au péché , c'est la mort , et Jésus a laissé
sa vie sur la croix. Qu'il était solennel pour lui de
rendre compte devant le tribunal du Dieu saint de
l'affreux péché que l'homme commet avec tant de
légèreté ! N'avez-vous jamais entendu un homme se
vanter d'avoir fait des choses honteuses et en amu
ser ses voisins ? Hélas ! combien le Fils de Dieu en
jugeait différemment en Gethsémané , quand il était
dans l'agonie et qu'il suait des grumeaux de sang,
ou quand il s'écriait sur la croix : « Mon Dieu ! mon
Dieu ! pourquoi m'as-tu abandonné ? » Le mauvais
riche ne riait pas du péché quand , dans le lieu du
tourment , il disait : « Père Abraham ! envoie Laza
re , afin qu'il trempe dans l'eau le bout de son doigt
et vienne rafraîchir ma langue , car je suis cruelle
ment tourmenté dans cette flamme. »
Remarquez , avant d'aller plus loin , que Dieu ne
peut pardonner les péchés sans les punir. S'il l'avait
pu , il l'aurait certainement fait quand ils étaient sur
son Fils , Lui qui fut parfait dans toutes ses voies et
qui pouvait'dire : « Je fais toujours ce que le Père
m'a commandé. » Or si le Fils , toujours obéissant
et sans péché quant à Lui , n'a pu échapper à la jus
tice divine , parce qu'il était le représentant des pé
cheurs, comment échapperait un pauvre descendant
d'Adam , qui n'est qu'un misérable pécheur s'il va
avec son péché devant le tribunal de Dieu ? Adam
n'a pu échapper, Dieu a su le trouver parmi les ar
bres du jardin , où , dans sa folie , il avait voulu se
soustraire aux regards de Dieu. — '
Mais si Dieu n'a pu pardonner le péché , quand il
était imputé au Fils , la dette a été payée , le péché
est aboli , et l'épée est rentrée dans le fourreau. Un
créancier juste ne se fait pas payer deux fois la mê
me dette. Or Dieu est juste et Christ a payé. La jus
tice n'a plus rien à exiger , elle est satisfaite . Or voilà ce
qui donne la paix au pécheur, c'est d'apprendre que
le péché n'est plus, que Dieu a su trouver, au fond
de son amour et dans sa sagesse , le moyen de l'a
néantir pour jamais. Si la conscience qui a bonne
mémoire quand elle est réveillée , force le pécheur
de s'approcher de Dieu pour lui confesser ses péchés,
en courbant le front devant lui dans l'angoisse et
s'écriant : Hélas! que ferai -je de mes iniquités?
Dieu peut lui répondre et lui répond en effet : Christ,
mon Fils , a souffert pour ces péchés , son sang les
a ôtés de devant mes yeux , » et je ne me souvien
drai plus de leurs péchés ni de leurs iniquités.» C'est
là la bonne nouvelle que l'Évangile annonce. Il pu
blie que le Fils de Dieu a réglé la question du péché,
qu'il s'est laissé juger, Lui , afin que le pécheur ne
fût pas jugé , et qu'il a souffert, Lui juste, pour des
injustes , afin qu'il nous amenât à Dieu. Et quand
est-ce que cela a été fait, lecteur? SurGolgotha, il
y a 1800 ans. Il y a donc longtemps que le salut
est fait , et s'il n'était pas fait, il ne se ferait jamais,
vu que le Christ ressuscité des morts ne meurt plus
et que la mort n'a point d'empire sur Lui. Ainsi il
y a un Sauveur ; un salut est fait et c'est le Fils de
Dieu qui l'a fait. Il n'y a qu'à le croire. Car remar
quez que vous ne pouvez rien faire pour ce salut ,
vu qu'il est fait depuis longtemps. Il n'y a pour vous
— 15 —
que ces deux alternatives ': ou Christ a porté la peine
de vos péchés , et vous êtes sauvé ; ou , vous la por
terez vous-même en enfer pendant l'éternité. Si au
jourd'hui le pécheur n'est pas sauvé, il ne le sera
jamais. Ainsi, cher lecteur, si votre péché vous
effraie , si votre conscience en est troublée , appre
nez « qu'en la consommation des siècles , Christ a
paru une seule fois pour Vabolition du péché par le
sacrifice de lui-même, » Héb. IX, 26. — Vous com
prenez ce mot abolir, et c'est Dieu qui dit cela. Cer
tes il sait bien si la mort de son Fils a aboli le péché.
De plus , voici ce qu'il vous dit et qu'il veut
que vous sachiez : « IDieu a tant aimé le monde
qu'il a donné son Fils unique , afin que quiconque
croit en lui ne périsse point,mais qu'il ait la vie éter
nelle. Celui qui croit a la vie éternelle , il ne vient
point en jugement , mais il est passé de la mort à la
Vie. Jean III. Ainsi Dieu a voulu sauver, c'est pour
quoi il a donné son Fils. — Le Fils a voulu sauver,
et il a livré son ame à la mort. Vous n'avez donc
qu'à croire ce qui est fait et que l'Evangile vous an
nonce être fait. Que pourriez-vous ajouter à l'œuvre
parfaite du Fils de Dieu , « lui qui a fait par lui-
même la purification de nos péchés? » Héb. ï. Rien.
C'est ce qui était perdu qu'il est venu chercher et
sauver, oui , ce qui était égaré loin de Dieu. Main
tenant voyez les effets de la mort du Sauveur. L'é-
pée du jugement, qui était dirigée contre le pécheur,
est rentrée dans le fourreau , et la main qui la tenait
tient maintenant le pardon et l'offre à tout pécheur.
Celui qui avait dû chasser l'homme de sa présence,
s'est lui-même approché de l'homme et il l'invite
aujourd'hui à s'approcher de Dieu et à se jeter dans
ses bras en toute confiance. A la place de la lugubre
sentence qui condamne , c'est la voix de la grâce qui
se fait entendre d'un bout du monde à l'autre bout.
Celui qui avait dû bannir l'homme d'Eden, lui a
ouvert le Ciel. Le trône de Dieu était et ne pouvait
être qu'un trône de jugement , et maintenant il est
un trône de grâce , duquel nous sommes invités à
nous approcher avec l'assurance que nous y trouve
rons grâce et miséricorde. La mort était la part du
pécheur, mais la mort a été détruite , et la vie éter
nelle a été manifestée , elle est la part du croyant.
Oh ! cher lecteur, s'il en est ainsi , pourquoi reste -
riez-vous perdu , puisqu'il y a un Sauveur et un sa
lut tout fait? Et pourquoi iriez-vous en enfer, puis
que le Ciel est ouvert et que , du haut de son trône,
le Dieu glorieux et bienheureux vous crie d'aller vous
asseoir au banquet des élus. Venez aux noces, tout
est prêt. Oh ! que cetie voix de la grâce soit assez
puissante pour gagner votre cœur, et que bientôt,
quand le Fils de Dieu sera apparu, vous et moi, nous
nous rencontrions dans le séjour des bienheureux,
célébrant sur nos harpes d'or l'amour immense de
Celui qui fut livré à cause de nos offenses et qui res
suscita à cause de notre justification.
ou
QUELQUES REMARQUES
SUR
1 SAMUEL, XVII
Nouvelle Édition
Y EVE Y
1856
VRVK\ — H'.riUMRRIT. liF. CH.-F. AfCORIW
L'ÉCOLE DE DIEU.
II forme mes mains au combat cl mes
doigts à la bataille I'» MUT, t.
CHRIST
L INTÉRIEUR DU VOILE
ET
HORS DU CAMP.
VEVEY
IMPRIMERIE DE LA SOCIÉTÉ TYPOGRAPHIQUE.
1850
Christ dans l'intérieur du voile et hors du camp.
(Uii mot sur Héb. X, 9-17.)
DU
MISSIONNAIRE.
RECUEIL
dédié
AUX JEUNES GENS DU CANTON DE VAU»
PAR
l ; « : i. j
S. P. J.
VEVEY
IMPRIMERIE DE LA SOCIÉTÉ TYPOGRAPHIQUE
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.1 -J ' A .
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« C'est par la foi que les anciens pères ont reçu un bon
témoignage. » Hébr. XI, 2.
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1 -ii- -
SE TROUVE AUSSI :
à LAUSANNE, chez Mme DURET-CORBAZ .
à NEUCHATEL, chez M. LEIDECKER.
à s', agrève , (Ardêche) , chez dan. rével.
ÉCOUTEZ,
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