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ARCHÉOLOGIE DE LA PICARDIE ET DU NORD DE LA FRANCE (REVUE DU NORD, T. 85, 2003, N° 353, P. 35-45)
36 MAGALIE FRANCHOMME, PIERRE-GIL SALVADOR ET CLAUDE KERGOMARD
tique n’a pas été jusqu’ici développée dans la région 1. DE LA SÉLECTION À L’INTÉGRATION DES DON-
Nord/Pas-de-Calais, alors que le déploiement actuel NÉES : CONCEPTUALISATION D’UN SIG PILOTE SUR
des opérations de sauvetages archéologiques menées LA VALLÉE DE LA HAUTE DEÛLE
dans le cadre de travaux d’aménagement fournit des L’adaptation du SIG à l’analyse géoarchéologique
conditions matérielles et des possibilités d’observa- suppose une réflexion méthodologique préalable sur
tion sans précédent6. la structuration des données et leur phase d’acquisi-
La vallée de la haute Deûle, située au sud-est de tion10. La mise en place d’un cahier des charges d’in-
Lille (Nord, France) a été choisie comme terrain d’ex- tégration, de gestion et de traitement d’informations
périmentation. Le secteur offre un important potentiel archéologiques et environnementales est nécessaire à
archéologique et certaines découvertes renouvellent la conceptualisation du SIG sur la vallée de la haute
nos connaissances sur la fin du Néolithique dans la Deûle.
région7. Néanmoins, la dispersion des résultats des 1.1. Choix du logiciel et des différents paramètres
recherches ponctuelles et la difficulté de croiser des
données de nature différente (archéologiques, histo- La formalisation et l’utilisation d’un SIG exigent
riques, géologiques, géographiques) limitent l’inter- des documents au format numérique et un équipement
prétation environnementale des données archéo- informatique. Le logiciel ArcView version 3.2a de la
logiques. Le recours aux Systèmes d’Information société ESRI a été choisi du fait de la disponibilité du
Géographique (SIG) apparaît comme l’outil le plus produit et des fonctions offertes par le logiciel.
adapté, afin d’intégrer, de gérer et de manipuler spa- Néanmoins, il s’avère nécessaire de passer par
tialement des données archéologiques8. Son utilisa- d’autres logiciels, pour optimiser les différentes opé-
tion permet, par conséquent, une meilleure connais- rations requises par la thématique : transferts de pro-
sance des conditions paysagères régionales, jections cartographiques et de modifications de for-
l’évaluation et la gestion du potentiel archéologique. mats ou de résolutions. Des logiciels de traitement
d’images, de rectification géographique et de statis-
Le présent article fait état des résultats récemment tique ont permis l’intégration de données extérieures
obtenus dans le cadre de la spatialisation des gise- disparates.
ments archéologiques de la vallée de la haute Deûle9.
Ce travail a été réalisé en collaboration avec le Service 1.2. Acquisition des données archéologiques et
régional de l’archéologie (SRA, Direction régionale environnementales
des Affaires culturelles du Nord-Pas-de-Calais), le
La réflexion méthodologique conduit à établir une
Centre archéologique de Seclin, le laboratoire
liste des informations archéologiques et environne-
HALMA CNRS-UMR 8142 (Histoire, Archéologie,
mentales à intégrer, de la disponibilité et de la nature
Littératures des Mondes Anciens), Université de Lille
de ces documents. Du fait de l’aspect novateur du pro-
3 et le Laboratoire de Géographie des Milieux
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6. — P. ANTOINE, « Modifications des systèmes fluviatiles à la transi- des données (paléo-) environnementales et archéologiques appliqué au
tion Pléniglaciaire – Tardiglaciaire et à l’Holocène ; l’exemple du bas- bassin versant de la Haute-Deûle, Mémoire de DEA, Université des
sin de la Somme (Nord de la France) », Géographie physique et qua- Sciences et Technologies de Lille, 2003, 118 p.
ternaire, vol. 51, n° 1, 1997, p. 93-106. 10. — X. RODIER, « Le système d’information TOTOPI : Topographie
7. — S. RÉVILLION et L. WOZNY, Rapport de prospection – inventaire, de TOurs PréIndustrielle », Les petits cahiers d’Anatole, n° 4, 22-12-
Vallée de la Haute Deûle (non publié), Centre archéologique de Seclin, 2000, 14 p.
1994, 152 p. 11. — J.-F. BERGER (coord.), Peuplement et Milieu…, op. cit.
8. — D. PANTAZIS et J.-P. DONNAY, La conception de SIG : méthode et 12. — N. CARCAUD et M. GARCIN (coord.), Géoarchéologie de la Loire
formalisme, Paris, Hermès, collection Géomatique, 1996, 343 p. moyenne et de ses marges, Synthèse des résultats du PCR 1996-1999,
9. — M. FRANCHOMME, Conception et utilisation d’un SIG pour l’étude 2001, 125 p.
CONCEPTION ET UTILISATION D’UN SIG... 37
moins coûteuse en moyens techniques et humains, en - d’homogénéiser les formats et les systèmes de pro-
argent et en temps. Les documents contenant des indi- jection cartographique ;
cations utiles aux reconstitutions paléoenvironnemen-
- de corriger géographiquement et géométriquement
tales et à la cartographie actuelle de la zone d’étude
les documents numériques non référencés (photo-
ont retenu notre attention. Il est alors possible de
graphies aériennes infrarouges et image SPOT).
confronter la présence de gisements archéologiques
avec le plus grand nombre de variables possibles Le contrôle systématique des bases archéologiques
(occupation du sol, topographie, réseau hydrogra- (PATRIARCHE et HACHDEWEP) s’est avéré néces-
phique et réseau viaire). La figure 1 illustre le résultat saire, dans la mesure où la distribution spatiale de ce
de la campagne d’acquisition à laquelle doivent être type d’informations souffre de l’introduction de biais,
ajoutées les données à caractère archéologique issues résultant de la nature aléatoire des découvertes. Ainsi,
du SRA. Ces dernières constituent un corpus de 383 les fiches de prospections et les rapports de fouilles
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des coordonnées, ou dont la localisation est erronée, différentes soient-elles du point de vue du format
ont été corrigés ou rejetés de l’étude. Deux modes de d’affichage ou d’enregistrement, soient superpo-
représentations cartographiques sont envisageables au sables. Pour ce faire, toutes les cartes, images et tables
terme de cette conformation : de données spatiales susceptibles d’être exploitées
doivent être correctement géocodées. L’ensemble des
- soit la parcelle prospectée est pointée en tant que
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d’apporter la plus grande rigueur à la campagne d’ac- lonnage des valeurs, le lit actuel et les traces de diva-
quisition. Les informations collectées peuvent être gations sont apparents. Leur numérisation et vectori-
séparées en deux familles : la base archéologique et la sation, par analyse des formes, ont été, dans une pre-
base environnementale. Ces dernières subissent une mière étape, effectuées sans distinction entre les
série de traitement en vue de leur formalisation, de formes anciennes et les formes actuelles. En effet, la
leur conformation et de leur intégration à une base de seule utilisation de l’image SPOT ne permet pas leur
données homogène, structurée et géoréférencée. cartographie, du fait de sa résolution spatiale (20 m).
Une confrontation de ce premier résultat avec des
photographies aériennes couleurs et infrarouges
2. APPORTS DES SIG : ANALYSE SPATIALE ET MULTIS-
s’avère nécessaire. La figure 3 reprend la chaîne de
CALAIRE DES DONNÉES (PALÉO-) ENVIRONNEMEN-
traitement mise en place pour la production d’une
TALES ET ARCHÉOLOGIQUES
couche d’informations paléohydrologiques (fig. 3).
La détermination des spécificités géographiques de La haute résolution des photographies aériennes
la vallée de la haute Deûle et leur intégration au sein (50 cm) et les informations fournies par la gamme
d’un SIG autorisent une étude couplant les données infrarouge permettent :
(paléo)environnementales avec les données archéolo-
giques, afin d’analyser les relations passées entre - de différencier le réseau hydrographique actuel
l’homme et le milieu. Malgré de nombreux essais de (canal de la Deûle, canal de Seclin, rigoles d’assè-
reconstitution de l’évolution du cours de la Deûle14, la chement) et les divagations méandreuses de l’ancien
carence de documents rend la réalisation de cartes lit fluvial ;
paléoenvironnementales délicate. La télédétection - de hiérarchiser, grâce à la littérature, l’ancien sys-
contribue à pallier, en partie, cette absence. tème fluvial en deux catégories : les paléotracés
hydrographiques attestés et les paléotracés hypothé-
2.1. Vers une identification du paléotracé fluvial : tiques. Ces derniers, n’ayant pu être avérés, repré-
la télédétection comme outil palliatif sentent généralement l’extension logique de la pre-
Le tracé primitif de la rivière est difficile à appré- mière catégorie. De plus, le cadastre actuel et les
hender à cause de la topographie et de la forte anthro- campagnes de terrain ont permis de s’assurer de la
pisation du bassin versant15. L’imagerie satellitaire est précision du document (fig. 4).
d’un grand intérêt pour le repérage des paléoformes Dans la mesure où ces formes, par leur taille et leur
fluviatiles de surface (anciens méandres). Cette obser- continuité, ont résisté aux transformations imposées
vation repose sur une reconnaissance : par l’action de l’homme, il est aisé de les repérer
- des surfaces en eau libre et du réseau actuel ; visuellement par l’agencement parcellaire et paysa-
ger. En effet, « la forme des parcelles et leur organisa-
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14. — L. DESCHODT, « Ebauche d’une cartographie au 1/10 000 des for- 17. — « Combinaison de plusieurs bandes spectrales destinées à mettre
mations superficielles de Lille », Les Cahiers de Préhistoire du Nord, en évidence les particularités radiométriques d’une surface donnée »,
n° 21-22, 1999, 208 p. définition de M. ROBIN, La télédétection…, op. cit., p. 291.
15. — J. SOMMÉ, Les plaines du Nord de la France et leur bordure. 18. — M.-C. GIRARD et C.-M. GIRARD, Télédétection appliquée, zones
Etude géomorphologique, t. I, Thèse d’État, Université de Paris I, 1977, tempérées et intertropicales, Masson, 1989, 259 p.
810 p.
16. — Données SPOT / Programme ISIS, © CNES (2002), distribution
Spot Image S.A.
40 MAGALIE FRANCHOMME, PIERRE-GIL SALVADOR ET CLAUDE KERGOMARD
une faible concentration des gisements19. Néan- détruire, déplacer ou masquer les traces anciennes
moins, quelques sites disparates sont situés soit sur en milieu de versants20 ;
des limons de plateau (pays de Weppes), soit sur la
- la zone alluviale, circonscrite sous la cote altitudi-
surface crayeuse du Mélantois. Ces zones de 30 et
nale des 21 m, rassemble 57,5 % des sites. La zone
46 m d’altitude sont caractérisées par une pente
alluviale se caractérise par une surreprésentation des
faible ;
gisements archéologiques. La principale raison est
- l’essentiel des sites archéologiques est localisé en probablement l’attrait (richesse et accessibilité des
haut et en bas de versant sur les zones aux pentes ressources naturelles faunistiques et floristiques)
inférieures à 1 %. A contrario, les versants aux qu’exerce ce territoire sur les sociétés humaines pas-
pentes supérieures à 3 % sont délaissés, mais les sées.
processus d’érosion ou de sédimentation ont pu
19. — N. CARCAUD et M. GARCIN (coord.), Géoarchéologie de la 20. — A. G. BROWN, Alluvial Geoarchaeology : Floodplain
Loire…, op. cit. Archaeology and Environmental Change, Cambridge University Press,
1997, 377 p.
42 MAGALIE FRANCHOMME, PIERRE-GIL SALVADOR ET CLAUDE KERGOMARD
Néanmoins, la répartition spatiale des gisements se sollicitées, traduisant la recherche d’une insolation
caractérise par une forte anisotropie, d’autres facteurs assez élevée et une protection contre les vents. Les
interviennent, telle la proximité du cours d’eau21. Afin abords immédiats des zones marécageuses semblent
de vérifier la validité de cette hypothèse, un calcul de moins attractifs, mais la proximité de l’eau est tou-
distance par rapport aux paléochenaux est réalisé. Il jours recherchée, même si l’homme maîtrise les sys-
en ressort que, sur les 92 sites compris dans la zone tèmes d’adduction d’eau. Cependant, on note une
alluviale, 35 sont à moins de 250 m de l’ancien cours augmentation et une dispersion des sites sur la zone
d’eau, notamment en rive gauche au niveau du paléo- d’étude, caractéristiques de l’emprise au sol de la
méandre de Santes - Wavrin. société gallo-romaine et de la mise en valeur du terri-
toire (cultures, réseau terrestre).
Une étude de la chronologie des sites archéolo-
giques révèle que les périodes néolithique et gallo-
romaine sont les plus représentées (respectivement 3. RÉFLEXION SUR LE POTENTIEL DES SIG DÉVELOP-
18 % et 38 % des gisements de la vallée de la haute PÉS EN GÉOARCHÉOLOGIE
Deûle). Une analyse de ces périodes est envisagée sur
3.1. Des hypothèses à relativiser par l’étude des
les communes de Santes, Wavrin et Houplin-Ancoisne
biais
(fig. 6).
La prise en compte des biais de prospection s’avère
2.2.1. Le Néolithique : l’attrait du cours d’eau
nécessaire, dans la mesure où les hypothèses sont
Le Néolithique prédomine au sein de la période influencées par les méthodes de prospection24. La
préhistorique. La majorité des sites est circonscrite à prospection au sol est une approche extensive suscep-
la plaine alluviale actuelle, à l’intérieur de laquelle ils tible de donner une vision historique générale d’un
se dispersent. Non seulement les marais sont coloni- terroir. Cependant, la nature de l’occupation du sol
sés, mais certains sites se développent auprès de la actuelle limite les recherches. Dans la mesure où le
rivière. Ce type d’occupation illustre le rapport de SIG permet de travailler sur plusieurs variables et de
proximité qu’entretient l’homme avec le cours d’eau les confronter, il est possible d’estimer l’influence des
et indique probablement l’exploitation des zones conditions d’investigation sur la découverte et la loca-
humides. M. Gillings22 en Hongrie ainsi que M. Kuna lisation des sites. Plusieurs constatations découlent de
et D. Adelsbergerovå23 en République Tchèque notent la confrontation de l’information archéologique avec
une corrélation d’une part entre les cours d’eau et la les modes d’occupation du sol actuel.
localisation des sociétés du Néolithique et d’autre part
3.1.1. La surreprésentation des surfaces agricoles :
entre les plaines alluviales et ces mêmes sociétés.
terres arables et zones agricoles hétérogènes
Cependant, l’éloignement par rapport au cours d’eau
s’amorce dès le Néolithique final. Ce mouvement se L’analyse de la répartition des sites par rapport à
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21. — G. Y. CSÅKI, E. JEREM et F. REDÖ, « Data recording and GIS Bohemia, the Czech Republic », dans G. LOCK et Z. STANC± IC± (ed.),
applications in landscape and intra-site analysis : case studies in pro- Archaeology and Geographical Information Systems : A European
gress at the Archaeological Institute of the Hungarian Academy of Perspective, Taylor and Francis, 1995, p. 117-131.
Sciences », dans G. LOCK et Z. STANC± IC± (ed.), Archaeology and 24. — D. GUILLOT et G. LEROY, « The use of GIS for archaeological
Geographical Information Systems : A European Perspective, Taylor ressource management in France : the SCALA project, with a case
and Francis, 1995, p. 85-99. study in Picardie », dans G. LOCK et Z. STANC± IC± (ed.), Archaeology
22. — M. GILLINGS, « Flood dynamics and settlement in the Tisza val- and Geographical Information Systems : A European Perspective,
ley of north-east Hungary : GIS and the Upper Tisza project », dans Taylor and Francis, 1995, p. 15-26.
G. LOCK et Z. STANC± IC± (ed.), Archaeology and Geographical 25. — A. FERDIÈRE, « Les prospections au sol », dans M. DABAS,
Information Systems : A European Perspective, Taylor and Francis, H. DELETANG, A. FERDIÈRE, C. JUNG et W. H. ZIMMERMANN, La pros-
1995, p. 67-84. pection, Éditions Errance, collection « Archéologiques », 1998, p. 9-
23. — M. KUNA et D. ADELSBERGEROVÅ, « Prehistoric location prefe- 89.
rences : an application of GIS to the Vinor±sky ;Potok project,
CONCEPTION ET UTILISATION D’UN SIG... 43
3.1.2. Importance des zones urbaines et industrielles site, l’occupation historique de la région, les interrela-
tions entre les unités stratigraphiques et les conditions
Les entités archéologiques en zone densément peu-
d’occupation, d’autant plus que les SIG sont adaptés
plée sont, à court terme, les plus menacées26. Les tra-
aux calculs de distances et de surfaces de phénomènes
vaux d’aménagement, tels que la viabilisation urbaine
géoréférencés en relation avec des caractéristiques
(routes et réseau d’assainissement) et les construc-
géographiques spécifiques (éloignement par rapport
tions résidentielles individuelles ou collectives, sont à
aux cours d’eau et aux marais). On peut alors utiliser
l’origine de découvertes fortuites. L’exemple de
le SIG comme outil de recherche pour la spatialisation
construction d’une galerie captante de la nappe phréa-
des données archéologiques, afin de répondre à des
tique de la craie passant par Houplin-Ancoisne et
problématiques d’analyse spatiale. Outre la localisa-
Emmerin illustre les relations existantes entre les
tion des indices archéologiques (entités, gisements et
gisements archéologiques et l’aménagement du terri-
indices de site), le SIG contribue à apporter des élé-
toire. En effet, à une distance de 100 m autour de la
ments de réponses concernant les stratégies d’occupa-
galerie, onze sites ont été mis au jour durant les tra-
tion ; il aide à définir « les zones archéologiques sen-
vaux.
sibles », à les individualiser et à les protéger des
3.1.3. Des zones moins soumises à la prospection projets d’aménagements. Une réflexion est également
engagée sur l’usage des SIG dans l’évaluation du
Les forêts et les prairies sont des zones déficitaires,
potentiel archéologique29. L’outil informatique offre
les découvertes y restent discrètes et éparses. Le haut
deux avantages fondamentaux pour les applications
niveau de recouvrement du sol par la végétation et la
archéologiques :
faible pression foncière sur ces espaces généralement
« renaturés » expliquent en grande partie la faible - le traitement d’un nombre très élevé de données
concentration des découvertes27. intégrant des paramètres archéologiques et environ-
nementaux ;
3.2. Le SIG comme outil informatif
- la prise en compte globale du territoire comme une
L’adoption du SIG en archéologie remonte au début
entité archéologique, de manière à pouvoir juger du
des années 1980. Il est très vite devenu un outil stan-
poids réel des paramètres environnementaux et
dard de la manipulation spatiale de données archéolo-
sociaux dans la localisation des gisements30.
giques. D’après K. L. Kvamme28, le SIG tend à pro-
mouvoir la recherche inductive en archéologie par Dans ce raisonnement, le SIG permet de tester des
l’étude de données empiriques, alors que jusqu’à pré- hypothèses, d’affiner des résultats et de mettre en évi-
sent, l’archéologie procédait de manière déductive. La dence des phénomènes importants ou marginaux. En
modélisation inductive s’appuie sur des phénomènes aucun cas, l’outil ne se substitue au raisonnement, ni
connus, alors que la modélisation déductive permet de ne remplace l’interprétation, mais il permet de cons-
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26. — E. POIRSON, J.-F. BERGER, G. DAVTIAN et R. ROYET, « Élabora- Z. STANC± IC± (ed.), Archaeology and Geographical Information
tion d’un modèle prédictif en haute vallée du Rhône (Isle Crémieu) : de Systems : A European Perspective, Taylor and Francis, 1995, p. 1-14.
l’Antiquité à la période moderne », dans J.-F. BERGER (coord.), 29. — P. VERHAGEN et J.-F. BERGER, « The Hidden reserve : predictive
Peuplement et Milieu en bas Dauphiné (Isle Crémieu) de l’apparition modelling of buried archeological sites in the Tricastin-Valdaine
de l’agriculture à l’époque moderne, Programme collectif de Region (Middle Rhone Valley, France) », Cépam (Centre d’étude, pré-
recherche, Rapport intermédiaire, 2002, p. 180-249. histoire, antiquité, Moyen Âge), CNRS, documents de formation, com-
27. — C. BATARDI, O. BUCHSENSCHUTZ et F. DUMASY, « Le Berry pléments, 2001, p. 219-231.
Antique, Atlas 2000 », Revue archéologique du centre de la France, 30. — ARCHAEOMEDES, Des oppida aux métropoles. Archéologues
supplément n° 21, 2001, 189 p. et géographes en vallée du Rhône, Anthropos, collection Villes, 1998,
28. — K. L. Kvamme, « A view from across the water : the North 280 p.
American experience in archaeological GIS », dans G. LOCK et 31. — X. RODIER, « Le système d’information TOTOPI… », op. cit.
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