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UE1
Enzymologie
L’ensemble des cours du Professeur K. CHIKH fait habituellement l’objet de 2 QCMs au concours.
Le présent support de cours fourni par le Tutorat Santé Lyon Sud est destiné à faciliter votre prise de notes mais
ne constitue en aucun cas une référence pour le concours. Seuls les cours ayant été dispensés par les enseignants
et les supports mis à disposition par leurs soins sont légitimes. Veuillez prendre note que seul les polycopiés
directement téléchargés depuis Spiral Connect sont certifiés en provenance du tutorat, toute autre source est
potentiellement compromise.
SOMMAIRE
I.A. GENERALITES
1. Nature et rôle
Les enzymes sont le plus souvent des protéines et parfois des ARNr (ribozymes).
Elles ont un rôle de catalyseurs biologiques : elles accélèrent les réactions chimiques dans les systèmes
biologiques d'un facteur 106 au minimum.
Exemples :
- OMP decarboxylase (synthèse des bases pyrimidiques): 1017
- Nucléase staphylococcique : 1014
- Anhydrase carbonique : 106
Les enzymes sont hautement spécifiques de la réaction catalysée et du substrat transformé. Cette spécificité est
toutefois relative :
Exemples : enzymes protéolytiques
- subtilisine (origine bactérienne) : liaison X-X (avec X = n’importe quel AA. La subtilisine est donc très peu
spécifique car elle agit sur n’importe quelle liaison peptidique).
- trypsine : Arg-X et Lys-X
- thrombine : Arg-Gly
L'interaction entre E et S ne concerne que quelques acides aminés : c'est le site actif de l'enzyme.
Il y a complémentarité spatiale (forme 3D) et physique (formation de liaisons faibles entre des groupements
voisins) entre le site actif et le substrat, assurant ainsi la spécificité de l'interaction ES.
4. Modèles d’interaction
1. Aspect thermodynamique
Les enzymes accélèrent les réactions en diminuant l'énergie libre d'activation (car plus elle est élevée et plus la
réaction est lente):
Les enzymes ne peuvent pas rendre possible une réaction endergonique (∆G > 0), elles ne catalysent que des
réactions exergoniques (∆G < 0).
De plus, les enzymes ne déplacent pas l’équilibre de la réaction qui ne dépend que de ΔG (les concentrations en
substrats et en produits à l’équilibre restent identiques), l’équilibre est juste atteint plus vite.
Exemple de la chymotrypsine
La chymotrypsine est une enzyme protéolytique pancréatique, elle clive les liaisons Phe-X et Trp-X.
Le site actif contient une triade catalytique (Ser– His – Asp) comportant une sérine activée par déprotonation
(élément le plus actif du site) : famille des sérines protéases.
Etapes :
- Déprotonation de Ser, qui devient un ion alkoxyde et qui attaque le substrat et forme une liaison covalente
- Clivage de la liaison Phe –X après intervention de His
- Obtention d’un intermédiaire acyl-enzyme et libération du premier produit
- Attaque d’un H2O sur la liaison Ser – Phe qui la rompt
- Libération d’un autre produit
1. Définitions
Nous nous limiterons dans le cadre de ce cours à un cas simple d'enzyme possédant un seul site actif et catalysant
la réaction d'un seul substrat.
d[P]
La cinétique réactionnelle est définie par la vitesse réactionnelle v telle que : v = ( ).
dt
Vitesse initiale :
d[P]
On définit également, à un temps très proche de 0, la vitesse initiale v 0 : v0 = ( ) .
dt t=0
La vitesse initiale correspond à la vitesse au tout début de la réaction (t ≈ t0), constante tant que les conditions
initiales sont maintenues (c’est-à-dire tant que Δ[S] et [P] sont négligeables, en pratique, consommation de moins
d'1 % du substrat). C'est la vitesse d'intérêt mesurée lors de l'étude la cinétique des enzymes.
2. Étapes
2. Catalyse
Dans les conditions initiales, la réaction « retour » (et donc la constante k-2) est négligeable. k2 est appelée kcat (ou
constante catalytique).
L’enzyme retrouve toujours son état initial à la fin de la réaction et peut donc catalyser une nouvelle réaction.
L'étape de catalyse étant très lente devant la formation du complexe ES (environ 1000 fois plus lente), on
d[P]
négligera k1 et on admet une nouvelle expression de la vitesse initiale : v0 = ( ) = kcat [ES].
dt t=0
Equation de Michaelis-Menten :
Vmax :
Lorsque toutes les enzymes sont complexées par du substrat (substrat saturant), alors la vitesse initiale pour une
réaction donnée est maximale : v0 = vmax. Donc vmax = kcat x [E]0. L’équation de Michaels-Menten peut alors
s’écrire :
4. Constante de Michaelis km
La valeur km est une caractéristique d’un couple enzyme substrat et dépend des conditions expérimentales (pH,
température…). Les valeurs de km sont souvent comprises entre 10-1 et 10-7 M.
Exemples :
vmax=Kcat[E]0 ↔ Kcat=vmax/[E]0
La constante catalytique kcat traduit le nombre de moles de substrat transformé par mole l'enzyme et par unité
de temps quand l'enzyme est saturée en substrat. Elle s'exprime en mol-1.s-1.
Exemples :
6. Représentations graphiques
v0 augmente avec la concentration initiale en substrat jusqu’à une valeur limite v max.
Représentation de Michaelis-Menten :
C'est une représentation en double inverse, partant de l'écriture suivante de l'équation de Michaelis-Menten :
1 km +[S] km 1 1
= = × + .
v0 vmax ×[S] vmax [S] vmax
km 1 1
La représentation obtenue est une droite de la forme ax+b (avec a = , b= et la variable x est ) :
vmax vmax [S]
Influence de la température
Influence du pH
Il existe beaucoup d’enzymes et de voies métaboliques, d’où le besoin de réguler l’activité des enzymes pour
coordonner les voies métaboliques et permettre une adaptation en temps réel. Il y a deux grandes possibilités de
régulation : soit par contrôle de la disponibilité en enzyme, soit par contrôle de l’activité enzymatique.
Certaines enzymes sont synthétisées sous la forme d’un précurseur inactif (aussi appelé proenzyme ou
zymogène). Un clivage de certaines liaisons peptidiques engendre ensuite une enzyme active.
Ce processus est surtout présent chez les enzymes utilisées par intermittence (protéases digestives, facteurs de
coagulation) qui doivent par exemple être activées dans un environnement particulier, parfois différent de leur
site de production.
Exemple :
Activation simultanée de zymogènes pancréatiques au niveau du duodénum (segment initial de l’intestin grêle)
lors du processus de digestion.
L'entéropepsidase est une enzyme du duodénum qui initie l'activation en cascade des zymogènes, en activant le
trypsinogène en trypsine. La trypsine auto-catalyse ensuite son activation afin d'amplifier la réponse. Elle catalyse
aussi celle d’autres enzymes digestives.
Certaines enzymes peuvent être régulées par phosphorylation (par une kinase) et déphosphorylation (par une
phosphatase).
Exemple :
La glycogène phosphorylase est une enzyme catalysant le clivage phosphorolytique du glycogène en glucose 1-
Phosphate :
La régulation de l'activité de la glycogène phosphorylase se fait en fonction des besoins en énergie. En cas de
besoins importants, elle est activée par phosphorylation par une phosphorylase kinase. En cas de besoins faibles,
elle est désactivée par déphosphorylation par une phosphatase 1.
1. Enzymes allostériques
Les enzymes allostériques sont dites non Michaeliennes : elles n'obéissent pas à la loi de Michaelis-Menten. La
représentation graphique de v0 en fonction de la concentration en substrat est une sigmoïde.
La réactivité de l'enzyme est assurée par une hausse sensible de l'activité pour une faible variation de
concentration en substrat.
Les enzymes allostériques peuvent en fait être assimilées à un mélange de 2 enzymes michaeliennes : une à km
élevé (état T) et l’autre à km faible (état R). L'augmentation de [S] fait déplacer l'équilibre de T vers R.
3. Phénomène de coopérativité
La fixation d'une molécule de substrat sur un protomère fait passer celui-ci de l'état T à l'état R : transition
allostérique. Cette transition se répercute de proche en proche aux autres protomères selon 2 modèles :
Le substrat se fixe sur un protomère, ce qui entraine un changement de conformation de l’ensemble des
protomères simultanément.
Le substrat se fixe sur un protomère, ce qui entraine le changement de sa conformation et facilite le changement
de conformation des autres protomères.
Pour les enzymes allostériques, l'inhibiteur est souvent un métabolite situé en aval de la voie métabolique.
La rétroinhibition est un autre moyen de réguler le clivage du glycogène : quand on n’a plus besoin d’énergie, on
ne consomme plus le glucse 6-P qui s’accumule et agit alors comme inhibiteur.
Exemple de la phosphofructokinase :
Elle est composée de 4 su et de 4 sites actifs. C’est l’enzyme limitante de la voie de la glycolyse cytoplasmique.
Elle est activée par l’AMP et inhibée par l’ATP (quand il n’est plus consommé, il s’accumule et agit comme
inhibiteur).
III.A. PRINCIPE
La mesure de la concentration en produit se fait par fixation d'antigènes eux-mêmes fixés à une protéine
permettant l'émission d'un signal mesurable.
Le dosage des enzymes ne se fait pas en quantifiant la protéine enzymatique directement, mais par la mesure de
sa concentration d’activité (= vitesse de réaction enzymatique).
Pour déterminer la concentration d’une enzyme, on utilise en pratique ses propriétés catalytiques afin de
mesurer la vitesse initiale, proportionnelle à la concentration en enzyme. Les résultats seront donc exprimés en
vitesse (mol.L-1.min-1).
Les conditions conventionnelles de détermination des activités enzymatiques impliquent des conditions
expérimentales où :
- La vitesse de réaction est proportionnelle à la concentration en enzyme
- La vitesse de réaction n'est pas influencée par les variations en concentration en substrat : on travaillera
alors en substrat saturant (quand [S] >> km, v0 = vmax et vmax = kcat [E]0).
En pratique :
- Concentration du substrat : pour être à vmax en pratique [S] > km
- Utilisation d'un substrat naturel ou de synthèse (un chromogène par exemple, qui donnera un signal coloré)
16/20 Tutorat Santé Lyon Sud (2016-2017)
Enzymologie | Biologie moléculaire • UE1
La concentration en produit et en S est calculée par la mesure d'absorbance du milieu réactionnel (signalisation
du produit ou d'un co-substrat).
Le temps de mesure est très court (de quelques dizaines de secondes à quelques minutes), et la mesure est
réalisée en cinétique (plusieurs mesures à intervalles réguliers).
III.D. RESULTATS
Les résultats sont donc exprimées en UI/L ou nKat/L : concentration catalytique, ou concentration d'activité
enzymatique, et pas concentration molaire.
La concentration d’activité enzymatique est homogène à la vitesse initiale (UI/L = μmol.L-1.min-1).
Diagnostic biologique
Exemples :
- Cytolyse hépatique (hépatite virale ou toxique) : libération massive d'enzymes cytosoliques dans le sérum
élévation de la concentration d'activité sérique de ALAT et ASAT.
Suivi biologique
Exemple :
Médicaments hépatotoxiques : suivi d'ALAT et ASAT.
Les isoenzymes sont des enzymes catalysant la même réaction sur le même substrat mais ayant une structure
protéique différente, une cinétique différente (Kcat et Km), et souvent une répartition différente dans
l'organisme.
Rôle des isoenzymes : les différences d’affinité pour le substrat et de mécanisme de régulation permettraient une
modulation de l’activité enzymatique en fonction du tissu.
La mesure d'activité d'un isoenzyme peut servir à renseigner sur l'état du tissu dont elle est spécifique, mais cette
technique reste peu utilisée car des techniques plus récentes ont prouvé plus d'efficacité.
V. COENZYMES ET VITAMINES
Rappels : Holoenzyme = apoenzymes + cofacteur. Les cofacteurs peuvent être des ions métalliques (Zn 2+, Mg2+),
des groupements prosthétiques (ou coenzymes vrais) ou des coenzymes mobiles (ou cosubstrats).
Les coenzymes sont souvent des dérivés vitaminiques, nécessitant un apport alimentaire.
Les coenzymes sont des composés de nature non protéiques, organiques, de faibles masses moléculaires et
thermostables.
Ils n'assurent pas la spécificité enzymatique (un même coE peut intervenir dans des réactions catalysées par des E
différentes) mais ont le rôle de site catalytique (transfert de groupements, oxydo-réduction...).
Ils sont cependant différents des substrats, car ils retrouvent leur état initial à la fin de la réaction, tandis que le
substrat est transformé.
Fonctionnement :
Groupements prosthétiques
Un groupement prosthétique reste fixé sur la même apoenzyme (liaison covalente).
Co-substrats
Un cosubstrat se fixe à une 1ère enzyme pour catalyser une rection, puis a une 2ème pour catalyser la réaction
inverse et retrouver son état initial.
Exemple :
La vitamine B12 et les folates (vitamines B9) jouent un rôle dans la synthèse de l’ADN. Le premier organe touché
est la moelle épinière, il y a donc des conséquences sur la formation de globules rouges, d'où des anémies.