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NOTES DE COURS

CORPS NOIR
Trois faits expérimentaux n’ont pas pu être expliqués par la mécanique classique :

1°) Le rayonnement thermique émis par le corps noir.

2°) L’effet photo électrique (1887 Hertz).

3°) Spectres atomiques (Atome d’hydrogène Balmer 1885).

On parle de limite de la mécanique classique ou bien d’échec de la mécanique classique.

La mécanique classique ne décrit pas le rayonnement thermique.

Le problème du corps noir est, par la catastrophe l’ultraviolette qui est apparue, à l’origine de
la physique quantique.

Avant Planck les physiciens voyaient le monde et la nature sous forme de continuum.

Toutes les grandeurs physiques (énergie, quantité de mouvement, moment cinétique) étaient
des grandeurs continues qui pouvaient prendre n’importe quelle valeur.

Planck a introduit la vision discontinue du monde. Il a substitué à la vision continue du


monde une vision discontinue. La discrétisation des quantités physiques se fait par des sauts si
petits que le caractère discontinu ne peut être observé par nos sens.

Exemple : Observons de loin un tas de sable. Il nous semble lisse et continu. Si on s’en
rapproche on reconnait notre erreur et on observe de petits grains qui composent le tas.

Ces grains discrets sont les quantas du tas de blé. Cet exemple simple peut être étendu à la
matière quand on la regarde à l’échelle microscopique

Pourquoi un corps chauffé rayonne-t-il ? La chaleur fait vibrer les atomes et les molécules
d’un solide. La théorie de Maxwell prévoit que des charges électriques oscillantes émettent
une radiation électromagnétique.

Cela a été confirmé par les expériences d’Hertz sur des antennes simples.

Réalisation d’un corps noir :

Une bonne approximation d’un corps noir peut être réalisée à l’aide d’une cavité isotherme
dont les parois intérieures sont recouvertes d’une substance noire pour tout rayonnement
(absorption égale à 1 quelle que soit ) et qui contient une petite ouverture. Tout rayonnement
pénétrant dans la cavité par cette ouverture sera totalement absorbé après plusieurs
réflexions. Ainsi une boite avec une petite ouverture est une bonne approximation d’un corps
noir. Un corps noir en équilibre thermique émet autant d’énergie qu’il en reçoit.
Noir ne signifie pas qu’il est invisible mais qu’il absorbe toute la lumière.

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Exemple de corps noir : Une fenêtre qui se présente, ouverte, sur une façade d’un immeuble
en plein soleil est vue comme un corps noir alors que la fenêtre fermée est une surface
réfléchissante et que la façade apparait blanche ou colorée selon sa structure.

La photo d’une façade montre des murs très bien éclairés et des fenêtres très sombres lorsque
les vitres sont ouvertes. Les rayons lumineux sont bien réfléchis dans un cas et dans l’autre
cas la lumière a pratiquement disparu. La lumière dans la pièce derrière la fenêtre est diffusée
et peu de rayons lumineux quittent la pièce. On explique ainsi le contraste de lumière entre la
façade et les fenêtres ouvertes.

Une surface qui absorbe pratiquement toutes les radiations qui lui parviennent noire. Ceci par
opposition à une surface qui réémet toutes les radiations qui lui parviennent et qui est une
surface blanche.

Une surface nous apparait colorée (verte par exemple) si, éclairée avec toutes les radiations du
visible elle ne renvoie que cette radiation colorée (verte).

Le spectre de la lumière ne contient pas aucune couleur noire.

Le noir est plutôt une absence de couleur. Un corps absorbant apparait noir.

C’est quoi un corps non noir ?

Un miroir est par définition très réfléchissant et ne peut pas être absorbant.

Le rayonnement émis par une lampe à vapeur spectrale (lampe à vapeur de mercure ou de
sodium) obéit à des règles de quantification fixes par la nature du gaz qui émet le
rayonnement. La position des raies dépend de la nature du gaz et pas de la température.

La lampe à incandescence peut être considère commet un corps noir.

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DEFINITION DE QUELQUES GRANDEURS ENERGETIQUES

Luminance énergétique monochromatique : Le flux énergétique émis par la surface dS1


dans la direction n dans l’angle solide d et dans l'intervalle et d est donné par :

𝐝𝟑 Ф = 𝐋𝐧, 𝐝𝐒𝟏 𝐜𝐨𝐬𝟏 𝐝𝟏 𝐝

Ln,Luminance énergétique monochromatique de la surface dS1 dans la direction n faisant


un angle avec la normale à la surface dS1 ( Unité : W.m-2.m-1.sr-1).

Le flux émis par la surface dS1 semble provenir de la surface dS1cos

dS1 et dS2 sont des surfaces élémentaires respectivement des surfaces S1 et S2 et r = O1O2

représente la distance entre les deux surfaces élémentaires.

dS 2 cos 2
d1 = est l’angle solide sous lequel est vu de O1 la surface dS2
r2

Ainsi la luminance énergétique monochromatique dépend de la longueur d’onde et de la


direction d’émission n.

d3 : Flux énergétique ou puissance émise en Watt.

Loi de Lambert : On dit qu’une source vérifie la loi de Lambert si sa luminance ne dépend
pas de la direction d’émission.

En général l’émission est diffuse ce qui signifie que luminance énergétique


monochromatique est indépendante de la direction 𝐧.

Dans ce cas la source émettrice obeit à la loi de Lambert. La luminance énergétique


monochromatique dépend uniquement de la longueur d’onde  et de la température T.

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Emittance énergétique monochromatique : Dans le cas où la source obeit à la loi de
Lambert, le flux énergétique émis par la surface dS1 dans toutes les directions et dans
l'intervalle et d est donné par :

𝛑/𝟐

𝐝𝟐 Ф = 𝐋𝐧, 𝐜𝐨𝐬𝟏 𝐝𝟏 𝐝𝐒𝟏 𝐝 = 𝐌  𝐝𝐒𝟏 𝐝


𝟎

MEmittance énergétique monochromatique de la surface dS1 dans toutes les directions de


l’espace ( Unité : W.m-2.m-1).

L’émittance énergétique monochromatique dépend uniquement de la longueur d’onde  et de


la température T.

d2  Flux énergétique ou puissance émise en Watt.

On obtient une relation entre émittance énergétique monochromatique M(T) et la luminance


énergétique monochromatique L(T) :
π/2 π/2 π/2

M , T = Ln, cos1 d1 = L , T cos1 d1 = L , T 2 cos1 sin1 d1


0 0 0

M(T) =  L(T)

Emittance énergétique totale :

L’emittance énergétique totale s’obtient en intégrant l’emittance énergétique


monochromatique sur toutes les longueurs d’onde  soit :


M T = 0
M , T d

Calcul de la densité énergétique monochromatique :

On se propose de calculer le flux énergétique qui quitte la cavité du four par la surface dS1
dans la direction 1 dans le cas d’une source qui vérifie la loi de Lambert.

𝐝𝟏
𝐝𝟑 Ф = 𝐮  𝐝 𝐜 𝐝𝐒𝟏 𝐜𝐨𝐬𝟏 = 𝐋  𝐝𝐒𝟏 𝐜𝐨𝐬𝟏 𝐝𝟏 𝐝
𝟒

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c : Vitesse du rayonnement électromagnétique

c dS1 cos1 : Volume du cylindre de hauteur c.cos1 et de base dS1 ( m 3).

u  d : Energie par unité de volume contenue dans l’intervalle d ( J.m-3).

d1
: Fraction d’angle solide dans la direction 1.
4

On en déduit l’expression de la densité énergétique monochromatique :

𝟒
𝐮  = 𝐋 
𝐜

RESULTATS EXPERIMENTAUX

Mesure de l’émittance énergétique monochromatique – Dispositif expérimental :

Un creuset cylindrique joue le rôle de corps noir. Celui-ci est situé à l’intérieur d’un four dans
un orifice percé à l’intérieur d’un matériau réfractaire isolant thermiquement le four de
l’extérieur.

La température à l’intérieur du four est mesurée par l’intermédiaire d’un thermocouple.

Le rayonnement lumineux polychromatique provenant de la surface du corps noir est focalisé


grâce à une lentille sur la fente d’entrée d’un monochromateur à prisme ou à réseau.

Le rayonnement polychromatique arrivant sur le prisme ou le réseau est dispersé. En


changeant l’orientation du prisme ou du réseau, on fait passer devant la fente de sortie du
monochromateur les différentes composantes du rayonnement.
Un détecteur du type thermopile se trouve devant la fente de sortie du monochromateur.

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Quand la température augmente, la quantité totale d’énergie, illustrée par l’aire sous la
courbe, augmente.

Quand la température augmente, le pic d’émission maximale est décalé vers les courtes
longueurs d’onde.

Mesure de l’émittance énergétique totale – Dispositif expérimental :

On a le même dispositif expérimental sauf que le rayonnement lumineux polychromatique


provenant de la surface du corps noir est focalisé grâce à une lentille sur le détecteur du type
thermopile.

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APPROCHE CLASSIQUE

Loi de Rayleigh-Jeans (1890) : Ils utilisèrent les lois de l’électromagnétisme pour établir
une loi qui permet de calculer l’intensité lumineuse émise par un corps chauffé suivant les
différentes longueurs d’onde.

𝟐𝐜 𝐤 𝐁 𝐓
𝐋 , 𝐓 = 
𝟒
Pour les radiations de grandes longueurs d’onde, il y a un bon accord entre la loi et
l’expérience.

Par contre il n’y a pas d’accord pour les courtes longueurs d’onde.

Cette loi suggère une croissance infinie pour les courtes longueurs d’onde  Catastrophe
ultra violette.

Ce résultat n’est pas explicable par la mécanique classique. Il a fallu l’avènement de la


physique quantique pour expliquer cette catastrophe et trouver un moyen de faire
correspondre théorie et expérience.

Loi empirique de Wien (1895) :

𝐀 𝐁
𝐋 , 𝐓 = 𝐞𝐱𝐩 −
 𝟓 𝐓

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𝟏
Loi du déplacement de Wien (1893) : 𝐦𝐚𝐱 
𝐓

Elle donne une relation entre la température T du corps noir et la longueur d’onde max qui
correspond à l’émission maximale. On a une correspondance entre la température et la
couleur de l’objet.

Loi de Stefan (1879) :

La puissance émise par unité de surface est proportionnelle à T4 soit :

𝐏  𝐓𝟒

Les lois de Stefan et de Wien donnent deux informations sur le comportement du spectre
lorsque la température augmente : la puissance totale émise proportionnellement à T4 et la
longueur d’onde du maximum d’émission m diminue.

Mais elles ne donnent aucune information sur la composition spectrale du rayonnement émis
par le corps noir.

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HYPOTHESE DE PLANCK (1900)

La mécanique classique ne décrit pas bien le rayonnement thermique.

La loi de Stefan et la loi de déplacement de Wien ne décrivent pas le rayonnement thermique.

Il manque la loi donnant la distribution de l’intensité du rayonnement en fonction de la


longueur d’onde.

Pour que la formule donnant la loi du rayonnement du corps noir corresponde aux données
expérimentales, Planck a émis l’hypothèse des quantas qui considère que l’énergie lumineuse
n’est pas émise de façon continue mais par grains dont l’énergie dépend de la longueur d’onde
soit E = h.

Au lieu de considérer que les échanges d’énergie entre le rayonnement et la matière se


faisaient de manière continue (à la manière d’un liquide qui s’écoule d’un récipient), il fit
l’hypothèse que ces échanges se faisaient de manière discrète (on remplace le liquide par des
billes).

Ainsi la lumière et la matière peuvent échanger de l’énergie par quantités discrètes qu’il
appelle quanta d’énergie égale à

𝐄=𝐡𝛎
h = 6,62.10-34 J.Hz-1 Constante de Planck (h : hilfskonstante = constante auxiliaire)

E : Quantum d’énergie en Joule.

A l’époque cela a été considéré comme un artifice de calcul. Aujourd’hui cela constitue un
des fondements de la mécanique quantique.

Einstein a utilisé ce concept pour expliquer l’effet photo électrique. Il appela ces grains de
lumière photon.

Explication du rayonnement du corps noir par Planck : Naissance de la physique quantique.

𝟐 𝐡 𝐜𝟐 𝟏
Loi de Planck (1900) : 𝐋 , 𝐓 = 𝟓 𝐡𝐜
 𝐞𝐱𝐩 −𝟏
 𝐤𝐁𝐓

Remarque :
𝟐 𝐜 𝐤𝐁𝐓
Si T ≫ k B T on retrouve la loi de Rayleigh-Jeans (1890) : 𝐋 , 𝐓 =
𝟒

𝟐 𝐡 𝐜𝟐 𝐡𝐜
Si T ≪ k B T on retrouve la loi de Wien (1895) : 𝐋 , 𝐓 = 𝟓 𝐞𝐱𝐩 −
  𝐤𝐁𝐓

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Loi de déplacement de Wien(1893) : On retrouve cette loi en cherchant le maximum de la
fonction de Planck L(T) soit

𝐝
𝐋 , 𝐓 =𝟎  𝐦𝐚𝐱 𝐓 = 𝟐𝟖𝟗𝟖
𝐝

où max en m et T en degré Kelvin.


x ex
On utilisera la solution de l’équation transcendante : = 5 soit xm= 4,9651
e x −1

Loi de Stefan (1879) : La puissance totale émise par un corps noir porté à une température T
est donnée par :
 
𝐏= 𝐌 , 𝐓 𝐝 =  𝐋 , 𝐓 𝐝 =  𝐓 𝟒
𝟎 𝟎

P : Puissance émise par unité de surface (W.m-2)

2 5 k 5B
= = 5,67. 10−8 W. m−2 T −4 est la constante de Stefan
15 c 2 h 3

 x3 4
On utilisera le résultat de l’intégrale suivante : 0 e x −1
dx =
15

Fraction d’émittance totale contenue dans un intervalle spectral donné:

On peut avoir besoin, à une température donnée, de connaitre la fraction d’énergie contenue
dans un intervalle spectral donné.

Par exemple quelle est la fraction d’énergie solaire contenue dans le spectre [0,4-0,7 m] du
visible en supposant que la température du soleil est égale à 6000 K?

Calculons la quantité en utilisant la table figurant en fin du document :


2
1
M  d 1 2 1
F 1  2 =  = 0
M  d − 0
M  d
0
M  d  T4

F 1  2 = F 0 2 − F 0 1

1  2  h c2 1 2hc 2 T 1 d T
F 0  = d = = F 0 T
 T4 0 5 exp hc
−1  0 T 5 exp h c −1
 kB T  kB T

F 1  2 = F 0 2T − F 0 1T

et  F 0 2T  0,517 et F 0 1T  0,147 F 1  2 = 0,37

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Exemple : Le tableau ci-après quelques valeurs caractéristiques de F0→ T. On trouvera, ci-
dessous, un tableau très complet de l’émittance du corps noir ainsi que de F0→T.

T (m.T) 1449 2898 4108 6149 23220

F0→ T 1% 25% 50% 75% 99%

Il n’y a plus d’énergie rayonnée (moins de 1%) pour m et pour m.

VALEURS CARACTERISTIQUES DE F0→ T

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