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Cours de métrique_ch.7_Discordance entre mètre et syntaxe
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Il y a deux enjambements entre les 2e & 3e vers, et les 3e & 4e vers (entre le
[semi-]auxiliaire et son verbe) : donc brouillage de rythme.
– BOILEAU (Art poétique) condamne l’enjambement (en parlant de
Malherbe) :
● définitions
● discussion
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Ex.22 — Indiquez si les strophes suivantes constituent des unités de sens. Dans le
cas contraire, analysez comment s’opère la transition entre les strophes.
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux
Que des palais romains le front audacieux ;
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,
Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.
Joachim DU BELLAY, Les Regrets, XXXI
Race d’Abel, dors, bois et mange;
Dieu te sourit complaisamment.
Race de Caïn, dans la fange
Rampe et meurs misérablement.
Charles BAUDELAIRE, , Les Fleurs du Mal “Abel et Caïn”
Ce soir mon cœur fait chanter
Des anges qui se souviennent,
Une voix presque mienne
Par trop de silence tentée
Monte et se décide
À ne plus revenir,
Tendre et intrépide,
À quoi va-t-elle s’unir?
Rainer Maria RILKE, Vergers
Ex.23 — Dans les strophes suivantes, pensez-vous que la longueur des vers a été
choisie en fonction du sens ? Justifiez votre réponse.
Quand j’entends la douce voix
Par les bois
Du beau rossignol qui chante,
D’elle je pense jouir
Et ouïr
Sa douce voix qui m’enchante.
Pierre DE RONSARD, Odes
Autrefois le rat de ville
Invita le rat des champs,
D’une façon fort civile,
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Aucun effet de style ne justifie les deux enjambements du second exemple, dit
BONNARD : alors, comment appeler ça si ce n’est pas du style ; donc, problème
de diction.
– l’interprétation de l’enjambement est multiple : rupture du rythme, mimé-
tisme du désordre, etc.
– le vers libre corrigera l’enjambement en alignant le changement de vers
sur la syntaxe et sur le sens
Ex.24 — Soulignez et distinguez dans les vers suivants les enjambements, les
rejets ou les contre-rejets. Analysez quels effets de rythme et de sens ils produi-
sent.
Le jour que je fus né, Apollon qui préside
Aux Muses, me servit en ce monde de guide.
Pierre DE RONSARD, Hymnes, V, 1 & 2, “Hymne de l’automne”
Finalement, de ma chambre, il s’en va
Droit à l’étable, où deux chevaux trouva ;
Laisse le pire et sur le meilleur monte,
Pique et s’en va. [...1
Clément MAROT, Épître au roi pour avoir été dérobé
L’empereur se tourna vers Dieu ; l’homme de gloire
Trembla ; Napoléon comprit qu’il expiait
Quelque chose peut-être. [...]
Victor HUGO, Châtiments, “L’expiation”
J’ai eu le courage de regarder en arrière
Les cadavres de mes jours
Marquent ma route et je les pleure.
Guillaume APOLLINAIRE, Alcools, “Les fiançailles”
Longtemps au pied du perron de
La maison où entra la dame
Que j’avais suivie pendant deux
Bonnes heures à Amsterdam
Mes doigts jetèrent des baisers.
Guillaume APOLLINAIRE, Alcools, “Rosemonde”
Les beaux habits du soir un à un que l’on quitte
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Ex.25 — Quels effets Victor Hugo a-t-il su tirer des enjambements, rejets et
contre-rejets dans le texte de théâtre suivant ? Peut-on dire, en lisant (ou en di-
sant) ces alexandrins, que la frontière entre vers et prose disparaît ?
SARAGOSSE : Une chambre à coucher. La nuit. Une lampe sur une table.
DONA JOSEFA DUARTE, vieille, en noir, avec le corps de sa jupe cousu de
jais, à la mode d’Isabelle la Catholique;
DON CARLOS.
DONA JOSEFA : seule. Elle ferme les rideaux cramoisis de la fenêtre et met en
ordre quelques fauteuils. On frappe à une petite porte dérobée à droite. Elle
écoute. On frappe un second coup.
Serait-ce déjà lui ?
Un nouveau coup.
C’est bien à l’escalier
Dérobé.
Un quatrième coup.
Vite, ouvrons.
Elle ouvre la petite porte masquée. Entre don Carlos, le manteau sur le nez et le
chapeau sur les yeux.
Bonjour, beau cavalier.
Elle l’introduit. Il écarte son manteau et laisse voir un riche costume de velours
et de soie, à la mode castillane de 1519. Elle le regarde sous le nez et recule
étonnée.
Quoi, seigneur Hernani, ce n’est pas vous ! – Main-forte !
Au feu !
DON CARLOS : lui saisissant le bras.
Deux mots de plus, duègne, vous êtes morte !
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