Dans une logique de complémentarité entre le visible et le caché que cette approche
exploratoire, pousse à s’interroger sur la démarche d’évaluation de ces coûts et le passage à
l’action de l’évaluation des personnes dans leur environnement
Présenté par :
SRIFI Salma
2019 - 2020
Nous attestons avoir pris connaissance du règlement intérieur de l’école et
certifions que le mémoire de recherche appliquée ci-joint ne fait l’objet
d’aucun plagiat. Par ailleurs, nous nous engageons à respecter les règles
dudit règlement intérieur et les sanctions disciplinaires qui en découlent ;
Lu et approuvé
1
2
REMERCIEMENTS
Nous remercions l’ensemble des personnes ayant collaboré directement ou indirectement à ce
travail de fin d’étude, notamment Mr. Yassine BENJELLOUN, Directeur de l’entreprise «
BONBINO CONFORT S.A.R.L. » qui a bien voulu nous accueillir au sein de son entreprise
et qui s’est montré disponible pour répondre à nos questions
Nous remercions particulièrement le Pr. Christophe VICEL, Directeur de mémoire, pour la
confiance qu’il nous a accordé, notamment dans les moments de doutes. Son soutien, sa
patience et sa compréhension ont été une contribution précieuse à la finalisation de notre
recherche. Il s’agit également de souligner la qualité de son encadrement qui nous a permis
des sauts qualitatifs dans la conduite de notre recherche, par la pertinence de ses questions et
ses apports méthodologiques. En somme, nous le remercions d’avoir été une boussole dans le
dédale de notre recherche
Nos vifs remerciements s’adressent également au Président du mastère Mr. Georges
LEGROS, ainsi que corps professoral du Mastère.
Nous tenons à remercier les membres du jury, pour nous avoir honoré de leur présence à notre
soutenance, de leurs commentaires constructifs qui nous ont permis d’améliorer la qualité de
présentation de notre recherche.
Nous ne remercions jamais assez nos parents pour leur soutien, leur présence, leur amour et
de nous avoir armé pour la vie. Qu’ils trouvent dans ces lignes notre inconditionnel
dévouement à leur égard.
Finalement, nous voudrions remercier nos amis, qu'on considère comme une deuxième
famille, que ce soit pour leur soutien moral ou matériel.
3
RÉSUMÉ
Confronté aux exigences croissantes de compétitivité et de différenciation, à la nécessité de
garantir un positionnement concurrentiel inéluctable. Les unités industrielles au Maroc
ressentent le besoin d’optimiser l’utilisation de leurs ressources matérielles et humaines par
la maîtrise des coûts cachés. Le présent travail de recherche a eu pour vocation, en tenant
compte les facteurs endogènes liés aux activités du processus industriel de la literie, de
proposer un modèle de maîtrise des coûts cachés lié aux dysfonctionnements des processus
organisationnels adapté aux spécificités des entreprises industrielles au Maroc.
L’expérimentation de ce modèle d’analyse ne se limite pas à repérer uniquement les
dysfonctionnements mais aussi à les caractériser et à les évaluer. En somme, il nous permet de
quantifier les coûts cachés générés par les dysfonctionnements organisationnels lié à l’activité
industrielle d’une entreprise à Fès.
Il sera aussi question d’analyser l’impact de ces coûts cachés sur la performance financière de
cette entreprise.
En somme, il s’agit d’une étude de cas unique durant laquelle nous avons mobilisé le
personnel de l’entreprise, les registres de production, les documents internes, ainsi que les
KPI et tableaux de bord comme outils de collectes de données.
Cette expérimentation nous a donné une idée sur les catégories des coûts cachés opérant dans
le secteur de la literie et la part de ces coûts dans le chiffre d’affaire.
4
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS 4
RÉSUMÉ 5
INTRODUCTION GENERALE 8
CONCLUSION 89
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 93
5
INTRODUCTION GENERALE
La question de la performance occupe une place centrale dans le contexte économique actuel.
La démarche socio-économique du management et du contrôle (Savall, 1975 ; Savall, Zardet,
1992) est une approche innovante fondée sur les travaux d’Anthony (1965). Dans le but de
proposer une nouvelle démarche visant un développement de la performance
socio-économique. La question des coûts cachés est devenue aujourd’hui un véritable enjeu
pour la prise de décision au sein des organisations, et faire face aux dysfonctionnements afin
de rechercher les incidences des dysfonctionnements sur la performance des organisations, ce
qui va permettre d’évaluer financièrement leurs causes et conséquences pour proposer des
solutions afin d’affiner les choix stratégiques. Parmi les chercheurs les plus éminents dans ce
domaine des coûts cachés, on cite Henri SAVALL, fondateur-président de l’Institut de
Socio-Économie des entreprises et organisations (ISEOR), mais cela n’empêche qu’il y a
d’autres auteurs qui ont traité le sujet dans ses différents aspects. Selon une étude menée par
son équipe de recherche, l’organisation accumule des dysfonctionnements qui se produisent
tous les jours. La méthode développée par ISEOR depuis 1974 a pour objectif d’améliorer la
performance de l’organisation.
Au cours de ces dernières années, la gestion au sein des entreprises industrielles au Maroc a
connu des insuffisances remarquables, à cause de l’absence du contrôle des
dysfonctionnements liés à la gestion. Certes, le gouvernement et le secteur privé ont mis en
place de nouvelles politiques ambitieuses et volontaristes et ont prévu un certain nombre
d’actions dans le but de promouvoir ce secteur. Ce qui présente un défi national en faveur du
développement du secteur, ce dernier accuse des dysfonctionnements liés essentiellement au
comportement humain (l’absentéisme, rotation du personnel). Ceux-ci génèrent des coûts qui
sont généralement sous-estimés et difficiles à identifier par les entreprises ce qui entraîne des
conséquences et des pertes significatives. Nul ne pourra nier qu’aujourd’hui le problème de
maîtrise des coûts constitue un enjeu majeur et indispensable à la performance des unités
industrielles, ces dernières sont confrontées à des coûts « cachés » et qui peuvent avoir des
incidences sur leur résultats. Selon la méthode d’analyse mise au point par H. Savall à
l’ISEOR (Université Lyon), les coûts cachés désignent à la fois des coûts qui sont pris en
6
considération mais dilués dans différents postes et des coûts qui ne sont pas pris en compte et
qui correspondent à des manques à gagner. Certes, ces coûts existent bel et bien mais
généralement ne sont pas mis en évidence, contrairement aux coûts visibles qui ont une
dénomination susceptible d’être mesurée. Pour cela, il est nécessaire de diagnostiquer et
déchiffrer les dysfonctionnements organisationnels provoqués généralement par le
comportement humain afin de comprendre et de juger ces coûts additionnels. La maîtrise des
coûts cachés passe en premier par l’identification de leurs facteurs de causalité, ainsi
l’estimation des divers coûts, de ce fait toute organisation devra toujours faire face à
l’ensemble des coûts provoqués surtout par les dysfonctionnements qui représentent un coût
très élevé pour l’organisation et pèsent très lourd sur son résultat global.
Dans le cadre de notre travail, nous mettons l’accent sur l’identification des coûts cachés,
ainsi que sur leur impact. En premier lieu, nous allons aborder le cadre théorique général
d’analyse en rappelant l’importance de la notion des coûts cachés et de la performance. En
second lieu, nous présenterons la méthodologie de recherche adoptée pour mener une étude
exploratoire effectuée au sein d’une entreprise opérant dans le secteur industriel de la literie,
ainsi que le recensement des dysfonctionnements que nous allons présenter et discuter en
dernière partie.
PROBLÉMATIQUE :
La théorie de la conservation des ressources d’Hobfoll et Shirom (1993) montre que pour
obtenir des ressources, il convient d’accepter d’en concéder. Le lien entre dépenses et
recettes, entre charges et produits, entre coûts et performances, entre moyens et résultats
mérite d’être très significativement souligné et renforcé pour le management des
performances globales durables des organisations.
Le concept de coûts-performances cachés est né du constat de l’incapacité, voire de
l’impuissance des comptabilités générales et analytiques à rendre compte des performances
réelles d’une organisation. Cependant les comptabilités générales et analytiques constituent
des boîtes noires qui fournissent des informations sur le fonctionnement d’un système sans
donner d’indication sur ce qui s’est passé dans ce système.
7
les interpelle de manière constructive sur ce qu’ils omettent de capter, de mesurer. C’est bien
dans une logique de complémentarité entre le visible et le caché que s’inscrit cette théorie.
L’enjeu des coûts performances cachés est de revenir à la source, à l’origine des coûts et des
performances.
BUT DE L'ÉTUDE :
Le contexte stratégique et organisationnel des entreprises en mutation interpelle les outils de
contrôle de gestion et les critères de performance, aujourd’hui mal adaptés à ce nouveau
contexte. C'est donc une problématique d’articulation plus soignée de différents domaines
des sciences de gestion qui émerge.
Les contrôleurs de gestion, comme les managers, sont souvent démunis pour évaluer la
rentabilité des investissements immatériels tels que la formation, le recrutement, ou des
actions d’amélioration des conditions de travail. Pas pour chiffrer leur coût mais pour en
mesurer leur gain : combien cela rapporte-t-il ? Or la méthode des coûts-performances cachés
permet d’évaluer les gains engendrés par un projet immatériel par le chiffrage de la réduction
des dysfonctionnements et des coûts cachés qu’il provoque. Cette évaluation « en dynamique
» peut se faire en amont du projet, de façon prévisionnelle, pour l’ajuster, puis en aval pour
mesurer sa rentabilité effective.
Les coûts cachés qui sont, par nature plus complexes à estimer, peuvent être révélateurs d’une
faille ou anomalie dans le fonctionnement de l’organisation et qui peuvent entraver la
réalisation des objectifs ainsi qu’une mauvaise utilisation des ressources. C’est pourquoi il
convient de s’attacher à les chiffrer et à les analyser, vu que tous les secteurs, tant privés que
publics, sont concernés. C’est dans cette optique que s’inscrit notre travail, à travers lequel
nous allons tenter de répondre aux questions suivantes :
• Quelle est l’histoire de la méthode des coûts cachés ?
• Comment contribue-t-elle au contrôle de gestion socio-économique ?
• Quelles sont ses limites et ses perspectives ?
• Quelle importance devons-nous accorder à l’identification des coûts cachés au sein de
l’entreprise ?
• Quelles sont les incidences de ces dysfonctionnements ainsi que leurs impacts sur sa
8
performance industrielle ?
Dans le but d’apporter des solutions pouvant réduire ces dysfonctionnements et agir
sur le niveau de performance, il sera nécessaire d’évaluer les causes et les
9
LISTE DES FIGURES
10
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU 1 : MODÈLE GÉNÉRAL DES COÛTS CACHÉS 33
TABLEAU 2 : OBJECTIFS DE LA MÉTHODE SOF 50
TABLEAU 3 : COMPARAISON DES OBJECTIFS DE LA MÉTHODE SOF INTÉGRALE ET
PARTIELLE 50
TABLEAU 4 : RÉSUMÉ DES TECHNIQUES DE RECUEIL DES DONNÉES 52
TABLEAU 5 : POURCENTAGES DES DÉPARTEMENTS PRODUCTEURS DE VALEUR 77
TABLEAU 6 : LISTE DES DYSFONCTIONNEMENTS RECUEILLIS 79
TABLEAU 7 : EVALUATION QUANTITATIVE ET FINANCIÈRE DES COÛTS CACHÉS 80
TABLEAU 8 : POURCENTAGE DES COÛTS LIÉS À CHAQUE DYSFONCTIONNEMENT 84
TABLEAU 9 : ANALYSE PARETO DES COÛTS LIÉS À CHAQUE DYSFONCTIONNEMENT
85
TABLEAU 10 : ANALYSE CAUSE-EFFET DES DYSFONCTIONNEMENTS LIÉS AUX
COÛTS CACHÉS 87
11
Chapitre 1 : Cadre théorique et revue de la
littérature
Depuis plusieurs années, les entreprises industrielles cherchent à maîtriser les coûts des
dysfonctionnements.
Cependant, elles rencontrent des difficultés à plusieurs niveaux de leur processus. La plupart
d’entre elles n’arrivent pas à éviter ces coûts. L’importance de la maîtrise de ces coûts, qui ne
sont autres que les coûts cachés, permettra à l’organisation de débloquer sa performance et
générer de la valeur ajoutée.
Pour mieux comprendre cette notion de la non-performance provoquée par les coûts cachés,
nous allons nous intéresser dans le présent chapitre à la définition des coûts cachés, les
différents types de coûts, leurs déterminants et enfin les risques et/ou leurs incidences
économiques.
1
SAVALL H., Enrichir le travail humain : l’évaluation économique, Mention spéciale du prix IAE
Management, préface de Jacques Delors, Dunod, 1975, nouvelle édition augmentée 1989, 230 p. ; Reconstruire
l’entreprise. Analyse socio économique des conditions de travail, préface de François Perroux, Dunod, 1979,
275 p. ; SAVALL H. et ZARDET V., Ingénierie stratégique du Roseau souple et enraciné, Préface de Serge
Pasquier, Economica, 1995, 2ème édition 2005, 517 p
2
Le Journal of Organizational Change of Management (Etats-Unis) a consacré en 2003 un numéro spécial
intitulé « Socio-Economic Approach to Management » sur la théorie socio-économique développée par le centre
de recherche ISEOR, vol. 16, n°1, 2003, Emerald, 128 p
12
constituent le principal levier de la performance économique des entreprises et des
organisations. C’est l’une des voies de développement des entreprises consiste à développer
la mise en œuvre des compétences humaines acquises à la fois par des formations théoriques
et opérationnelles ;
- il existe dans toutes les entreprises et les organisations des déperditions de ressources
sociales, économiques et financières caractérisées par des « dysfonctionnements » qui sont le
fait des interactions entre les structures et les comportements « Le niveau de performance
économique d’une organisation dépend de la qualité de l’interaction entre les structures de
3
l’organisation et les comportements humains au sein de cette organisation » (Savall, 19775 ).
Dans l’approche socio-économique, l’entreprise est considérée comme un ensemble complexe
comprenant cinq types de structures (physiques, technologiques, organisationnelles,
démographiques et mentales) en interaction avec cinq types de comportements humains
(individuels, de groupe d’activité, catégoriels de groupe, d’affinité et collectifs). Cette
interaction permanente génère des dysfonctionnements, traduisant des écarts entre une
situation prévue et une situation réelle. Ces derniers sont classés au sein de six familles : les
conditions de travail, l’organisation du travail, la gestion du temps, la
communication-coordination-concertation, la formation intégrée et la mise en œuvre
stratégique. Ces dysfonctionnements engendrent des coûts-performances cachés qui
constituent une atrophie des performances économiques, des ressources. Ils sont révélés avant
de s’engager dans une analyse socio-économique permettant de mettre en place des
interventions en vue de réduire les dysfonctionnements et les coûts cachés, dont une partie
pourra être réallouée sur des actions d’intention stratégique. Depuis 1976, dans le cadre du
centre de recherche ISEOR, H. Savall a développé une méthode de conduite d'intervention4.
La mise en œuvre d’un processus d’innovation socio-économique aboutit à un management
socio économique qui consiste à améliorer simultanément la performance économique et la
performance sociale des entreprises et des organisations. Cette méthodologie a été
expérimentée dans de nombreux secteurs d’activité, dans des entreprises et des organisations
marchandes et non marchandes. Le centre de recherche intervient au sein des entreprises et
3
SAVALL H., « Propos d’étape sur la régulation socio-économique dans l’entreprise par la recherche de
compatibilité entre l’efficience économique et le développement humain », Rapport au VIIème colloque
International du Collège de France sur l’idée de régulation dans le mouvement des sciences, organisé par F.
PERROUX et Présidé par J. PIAGET, décembre 1977, Revue Economie Appliquée, n°4, 1978, pp. 561-593.
4
SAVALL H. et ZARDET V., Maîtriser les coûts et les performances cachés, le contrat d’activité
périodiquement négociable, Prix Harvard l’Expansion de Management Stratégique, préfaces de Marc-André
Lanselle et de Jean-Marie Doublet, Economica, 1987, 4ème édition, 2004, 410 p
13
des organisations afin d’accompagner une véritable conduite du changement. Cette démarche
d’innovation socio économique a un caractère stratégique. Les entreprises et les organisations,
libérées de certaines déperditions de ressources - sociales et économiques - décident de
nouvelles orientations internes et externes. Le concept de « stratégie socio-économique »
distingue deux sortes d’environnements : interne et externe. Il s’efforce de les réunir à partir
d’une approche marketing étendue à l’environnement interne, qui consiste à développer la
qualité externe (jugée par les clients), en s’appuyant sur une qualité de fonctionnement interne
(de production de biens et de services).
14
quantités de capital et des quantités de travail, en vertu de la formule classique Y = f (K*L),
où la valeur de la production Y est fonction de la quantité de capital et de la quantité de
travail. Il y avait donc un résidu inexpliqué de 50 % de la valeur produite. Savall en tirait
deux déductions.
✓ D’abord, qu’une variable essentielle manquait à cette traditionnelle formule, d’ailleurs
admise sous des formes diverses par les économistes classiques, les marxistes, les
néoclassiques et les keynésiens.
✓ Ensuite que les instruments de mesure tels que la comptabilité nationale, assise sur les
comptabilités d’entreprise, ne permettent pas de détecter et de mesurer cette variable inconnue
(Savall et Zardet 2005, 2011)
Convaincu que le progrès scientifique avait été accompagné, au cours de l’histoire, par les
progrès des instruments de mesure, Savall avec son équipe de recherche résolut de percer le «
mystère » du résidu de 50 % de la valeur inexpliquée. Son hypothèse de travail, d’un point de
vue épistémologique et méthodologique, fut de changer de niveau et de position
d’observation, en pénétrant au sein des organisations pour y observer les processus ainsi que
les phénomènes qui accompagnent la création de valeur. C’est ainsi qu’il créait la
méthodologie de la recherche-intervention d’ordre qualimétrique, permettant une
démonstration scientifique rigoureuse et prenant l’apparence d’une méthode de contrôle de
gestion socio-économique, afin de mieux étudier les phénomènes et de mieux mesurer la
création de valeur au sein des organisations (Boje et Rosile 2003). Il convenait aussi de
qualifier le résidu correspondant à des variables non mesurées. C’est ainsi qu’il proposait le
concept de coûts performances cachés.
L’idée était simple, l’observateur, chercheur ou acteur, perçoit certains éléments « visibles »
et n’en perçoit pas d’autres, qui se trouvent cachés. La recherche étant un processus de
découverte de connaissances nouvelles, Savall orientait ses travaux vers l’exploration,
l’identification et l’utilisation de ces coûts-performances cachés, jusque-là ignorés par la
littérature des sciences économiques et de gestion. On comprend que dès son origine, la
méthode des coûts cachés était partie prenante d’une méthodologie de recherche-intervention
prenant la forme d’une méthode de contrôle de gestion dans une optique de consultance
scientifique. Cela pour créer des connaissances en mêmes temps actionnables pour les
organisations et scientifiques pour la fabrication théorique (Buono et Savall 2007). On ne
peut donc bien appréhender la méthode des coûts cachés qu’en la situant dans son cadre
managérial, le contrôle de gestion socio-économique, et dans celui de scientifique, la
15
recherche intervention qualimétrique
La première étape, de 1973 à 1977, a consisté à établir une analyse descriptive et explicative
minutieuse des phénomènes. La première année a permis d’esquisser le concept de coûts
cachés, à partir d’une remise en cause des modèles économiques, comptables et
d’organisation, et d’aboutir à une proposition théorique d’amélioration de ces modèles.
De 1974 à 1978, des prototypes méthodologiques ont été construits dans le but de détecter les
dysfonctionnements et de mesurer les coûts et les performances cachés, en élaborant une
méthodologie approfondie. Celle-ci a été appliquée dans des micro-espaces (ateliers,
services, agences), considérés comme des échantillons des organisations étudiées. Après la
publication du livre Reconstruire l’entreprise, analyse socio- économique des conditions de
travail, au cours des années 1980, l’opérationnalisation du modèle s’est traduite par la
création des six outils innovants : gestion du temps, grille de compétences, tableau de bord de
pilotage, plan d’actions prioritaires, plan d’actions stratégiques internes- externes et contrat
d’activité périodiquement négociable (CAPN). À la même époque, le concept de conditions
de vie au travail s’est structuré en six thèmes de dysfonctionnement
Les dysfonctionnements qui émanent du processus de mobilisation de l’action managériale
dans l’optique de création de la valeur sont à l’origine des coûts cachés. Ces
dysfonctionnements résultent des comportements humains et peuvent être appréhendés sous
plusieurs angles.
L’organisation est devenue un système incorporel de production (SIP) de biens ou de services,
composé de deux principaux éléments en interaction : le degré d’infection du virus TFW
(taylorisme, fayolisme, weberisme) et l’intensité de pilotage des activités et des personnes.
Le virus TFW est une métaphore exprimant l’application anachronique par nos
contemporains, théoriciens et praticiens, des principes proposés, il y a plus d’un siècle par
Taylor (1911), Fayol (1916) et Weber (1924), dans un contexte économique social et
géopolitique qui est, aujourd’hui, radicalement différent de celui de la fin du 19ème et du début
du 20ème siècle (Lussato, 1972). Ces auteurs ont été les instigateurs de la maximisation de la
division du travail ou hyperspécialisation, de la dichotomie entre les activités de conception
et de réalisation, de la dépersonnalisation de l’organisation et de ses principaux éléments :
règles de fonctionnement, organigrammes, processus, procédures, poste de travail ou
définition de fonction...etc. Leurs contributions étaient probablement pertinentes dans un
univers où les niveaux de démocratie, d’exigence des citoyens, des consommateurs et des
producteurs, d’instruction générale et de formation professionnelle, de diffusion des
16
technologies ainsi que des échanges commerciaux et de capitaux au niveau mondial, étaient
inférieurs à ce que nous observons aujourd’hui dans la plupart des pays.
Au sein des organisations, l’infection du virus TFW se traduit par des cloisonnements entre
les départements, voire entre les individus, des difficultés considérables de communication et
de coopération, ce qui exige une intensité de pilotage, notamment de la part des managers de
tous niveaux, d’autant plus forte que ces cloisonnements sont plus rigides (Savall & Zardet,
2011 ; Heorhiadi, Conbere & Hazelbaker, 2014). Les caractéristiques du SIP influencent les
comportements individuels et collectifs, dont les principales variables sont l’intérêt du
contenu du travail ainsi que la qualité de l’environnement humain qui crée une ambiance de
travail plus ou moins favorable à l’activité et à la performance. Ces comportements,
interagissant avec les structures de l’entreprise (physiques, technologiques, organisationnelles,
démographiques, mentales) provoquent des dysfonctionnements qui affectent le niveau de
satisfaction du personnel ainsi que des partenaires extérieurs (clients, fournisseurs,
institutions).
Les recherches-interventions de l’ISEOR, dans 1854 entreprises et organisations, 72 secteurs
d’activité et 42 pays ont révélé 4713 types de dysfonctionnements génériques. Ces
dysfonctionnements détruisent de la valeur réelle, sous forme de charges excessives
(surcoûts), ou potentielle, sous forme de coûts d’opportunité (non produits), à savoir la perte
de la valeur qui aurait pu être créée si ces dysfonctionnements ne s’étaient pas produits. Ces
surcoûts et non produits qui n’apparaissent pas dans la nomenclature comptable ont été
dénommés coûts cachés. Ils ont un impact sur le résultat économique mais ils ne sont pas
visibles dans les comptes du plan comptable
Dans une période considérée, ces coûts cachés réduisent le flux de création de valeur ajoutée
de l’organisation, le niveau de profit de l’entreprise
Le repérage des gisements de potentiel économique inexploité, via la mesure des coûts
cachés, contribue aussi à l’amélioration de l’image fidèle comptable. Cela permet de rendre
compte de la capacité d’une organisation, soit à préparer son développement, lorsque les
coûts de prévention ou de correction durable des dysfonctionnements prime les coûts
d’absorption des dits dysfonctionnements, soit au contraire à hypothéquer son avenir par une
masse de coûts cachés que l’entreprise traîne en permanence comme un boulet.
Le programme de recherches-interventions longitudinales de l’ISEOR réalisé sur 43 ans
(Péron & Bonnet, 2008 ; Savall, Zardet & Bonnet, 2009) a montré que le phénomène de
génération de dysfonctionnements et de coûts cachés est cyclique et qu’il se reproduit «
17
naturellement » au cours des périodes successives de l’histoire d’une entreprise ou
organisation. Cette résurgence périodique des dysfonctionnements et des coûts cachés montre
que les modèles statiques, fréquents dans les sciences économiques et de gestion, sont
impropres à rendre compte des phénomènes observables qui obéissent à une dynamique
temporelle.
• Il est élaboré au travers des recherches-interventions fondées sur l’observation des pratiques
concrètes de contrôle de gestion. Le CDGSE est donc une méthode applicable reposant sur
des principes scientifiques.
• Il repose sur l’hypothèse que la performance durable d’une entreprise dépend à la fois de sa
performance sociale, c’est-à-dire la satisfaction des salariés et des parties prenantes, et de sa
performance économique. C’est pourquoi sa conception vise avant tout à stimuler le dialogue
professionnel entre les acteurs.
• Il repose sur la méthode des coûts cachés qui évalue les conséquences économiques des
dysfonctionnements d’organisation (absentéisme, rotation du personnel, défauts de qualité…)
et qui sont généralement masquées par les systèmes d’information comptables traditionnels
18
utilisable pour le pilotage des organisations et des territoires économiques
19
Cette approche en trois axes est construite sur le fondement d’une recherche convergente de
performance durable, de performance économique, de performance sociale. Le contenu de
l’approche comprend des outils destinés aux managers tels que le plan d’action stratégique à
trois/cinq ans, des objectifs internes de l’organisation mais aussi des objectifs clients et
fournisseurs, ainsi qu’un plan d’actions prioritaires pour la stratégie opérationnelle ;
Un axe gestion du changement et gestion des coûts organisé autour d’une multiplicité
d’acteurs (dirigeants, managers intermédiaires et employés). Elle consiste à identifier les
dysfonctionnements et perturbations sources de coûts et performances cachés. Ce diagnostic
doit servir à formaliser des projets de transformation ;
20
5
FIGURE 1 : LA SPIRALE PROGRESSIVE DU CONTRÔLE DE GESTION
5
TOUTE LA FONCTION CDG, Laurent Cappelletti, Philippe Baron, Gérard Desmaison, François-Xavier
Ribiollet P ; édition Dunod, 2014
21
acteurs centrée sur le développement du savoir-faire individuel et collectif afin de répondre
aux attentes cachées de la clientèle actuelle et potentielle.
Pour ce faire un groupe de pilotage se réunit périodiquement impliquant des représentants de
la direction de l’entreprise et le contrôleur de gestion. Les décisions de l’équipe de direction
donnent un sens à l’utilisation des outils et un cadre aux actions mises en œuvre pour réduire
les coûts cachés et les recycler en performances.
B. L’axe processus
Confère une dynamique de résolution de problèmes à travers un diagnostic (effet-miroir des
dysfonctionnements, calcul des coûts cachés et avis d’expert sur les non-dits et les causes
racines des dysfonctionnements). Il se compose de quatre étapes : diagnostic
socio-économique, groupe de projet, mise en œuvre de solutions d’amélioration et évaluation.
Ce diagnostic porte sur les dysfonctionnements qui perturbent les acteurs d’une organisation
et permet aux acteurs de prendre conscience de l’impact des variables sociales sur la
performance. Et servira par la suite de plateforme de travail au groupe de projet chargé de
définir des solutions d’amélioration.
La phase de projet organise une démarche semi participative de l’ensemble des acteurs
concernés à la recherche de solutions de prévention des dysfonctionnements. Ce projet fait
l’objet d’une décision de mise en œuvre sur la base de balances économiques, où les coûts
d’investissement matériel et immatériel des solutions sont mis en regard des performances
économiques attendues, notamment en termes de réduction des coûts cachés. Après mise en
œuvre, le projet fait l’objet d’une évaluation socio-économique des résultats qualitatifs,
quantitatifs et financiers, permettant de vérifier le bien fondé des actions d'amélioration et de
discerner les nouveaux progrès à accomplir. Dans le cas des conditions de vie et de santé au
travail, ce processus stimule la mise en place d’actions préventives, par opposition aux
actions de régulation au jour le jour des dysfonctionnements.
22
l'organisation, tout au long de la chaîne clients – fournisseurs internes et externes. Deux
outils permettent principalement d'assurer concrètement cette contractualisation de la
performance en améliorant la compatibilité entre conditions de vie au travail et hors du
travail. Le plan d'actions prioritaires (PAP), tranche semestrielle du plan d'actions
stratégiques internes - externes (PASINTEX) ajustée aux événements importants qui ont
modifié la conjoncture dans l'environnement externe (clients, fournisseurs, concurrents,
institutions) et internes (personnels : dirigeants, cadres, techniciens, employés, ouvriers ; et
actionnaires). Il convient de noter que la préparation du PASINTEX a notamment pour but de
mieux prendre en compte les stratégies des acteurs internes, en particulier en fonction de
leurs objectifs dans la vie hors du travail. Le Contrat d'Activité Périodiquement Négociable
(CAPN), à durée semestrielle, négocié entre chaque membre de l'entreprise et son supérieur
hiérarchique direct. Il précise les objectifs individuels et collectifs, les moyens associés, les
indicateurs d'évaluation et le complément de rémunération lié à ce contrat. L'ensemble des
CAPN constitue une architecture puissante de systèmes d'informations opérationnelles et
fonctionnelles stimulantes (SIOFHIS) décentralisés et synchronisés. L'évaluation
contradictoire et contractuelle des objectifs individuels et collectifs, des moyens effectivement
mis en œuvre, des indicateurs de résultats qualitatifs, quantitatifs et financiers
et du complément de rémunération est réalisée chaque semestre par un dialogue en tête-à-tête
entre chaque personne et son responsable hiérarchique direct.
23
Il existe de multiples concepts de coûts et nous en énumérons quelques-uns :
• Coût direct : relation directe par rapport à la prestation réalisée
• Coût complet - coût partiel : retenir tous les coûts ou seulement certains coûts.
• Coût préétabli - coût réel : constatés par opposition aux coûts prévisionnels .
des installations, Coût des stocks excédentaires suppléant des rendements insuffisants,).
• Les coûts d’anomalies externes (Coût des réclamations, Coût de l’après-vente, Coût de
gestion de la garantie, Coût des retours usine, Coût des procès en responsabilité).
Les coûts d’anomalies internes et externes sont appelés coûts résultants
• Les coûts d’équipements (Coût de l’investissement en matériels de contrôle, Coût de
• Les coûts supportés par le client (Baisse de productivité par défaillance de l’équipement
fourni, Heures supplémentaires pour rattrapage de production, Coût de transport et/ou de
24
traitement d’une commande défectueuse ou non conforme, Coût de réparation après la
période de garantie, Coût d’équipement de substitution pour défaillance de l’équipement
originel).
• Les coûts issus de l’insatisfaction du client (Baisse des commandes, Mise en concurrence :
Baisse des prix, Investissement pour accroître la productivité ; Audit qualité demandé par le
client).
• Les coûts dus à la perte de renom.
Certains « coûts » doivent faire l’objet d’un calcul spécifique appelé coût d’opportunité.
Calculer un coût d’opportunité, appelé aussi coût de renoncement, c’est évaluer la possibilité
d’absence de gain ou d’un manque à gagner liée au choix d’un plan d’action plutôt qu’un
autre.
Selon, H. SAVALL « un coût est dit visible lorsqu’il a trois caractéristiques : une
dénomination consacrée (ex. : charges de personnel), une mesure (montant des salaires et des
charges sociales) et un système de surveillance. Par exemple, on examine tous les mois
l’évolution de la masse salariale, on fixe des objectifs de limitation »
Pour Michel PENDARIES, les coûts visibles permettent de mesurer des montants et des
écarts sans pouvoir en analyser l’ensemble des causes.
Les coûts visibles sont inscrits dans le système de comptabilité générale et possède une
dénomination comptable pour (Boisvert 2007) le cours est la somme d'argent exigée en
contrepartie de bien ou de service lors de l'acquisition et correspondant à leur juste valeur à
ce moment-là en déduisant qu'un coût et une accumulation de charge sur un produit bien ou
prestation de service un certain stade de son élaboration (gouget & roulet)
25
Selon SAVALL (1995 :123) : « Les coûts cachés sont définis comme ceux qui ne sont pas
repérés dans les systèmes d'information dont s’est dotée une entreprise tels que le budget, le
compte de résultat, la comptabilité générale, la comptabilité analytique, les tableaux de bord.
Par symétrie les coûts visibles désignent toutes les rubriques des coûts qui apparaissent dans
6
ces mêmes systèmes d'information. »
Selon Alain-Charles martinet et al (2009 :164), « le coût caché est la Traduction de hidden
cost qui désigne le coût dû à des phénomènes habituellement non pris en compte par les
systèmes comptables officiels »
Selon Alazard et al (2010 ; 50), le coût caché est provoqué par un élément connu (exemple :
délai d’attente entre lots de fabrication) dont les charges qu’il génère ne sont pas isolées par
le calcul mais agrégées à un autre coût de l’entreprise (le coût de production des produits
fabriqués).
Ils ajoutent ceci : « les coûts cachés désignent à la fois des coûts qui sont pris en compte mais
dilués dans différents postes et des coûts qui ne sont pas pris en compte et qui correspondent
à des manques à gagner (coûts d’opportunité) »
Les coûts cachés se caractérisent par leur forte puissance à expliquer la qualité plus ou moins
bonne de fonctionnement d'une organisation. En effet les coûts visibles permettent de
mesurer des montants et des écarts sans pouvoir en analyser l'ensemble des causes au
contraire les coûts cachés sont d'origine phénoménologique ainsi des coûts cachés élevés liés
à l'absentéisme signifient que le fonctionnement de l'entreprise a été fortement perturbé par
les absences du personnel et par la régulation mise en place pour pallier à ses absences.
Définies par rapport à une origine zéro, alors que le coût et la performance cachés se situent
de fait en continuité l'un de l'autre. En effet la performance peut consister soit en réduction de
7
coûts soit en accroissement de produits :
6
Henri SAVALL, Véronique ZARDET ; Maîtriser les coûts et les performances cachés, Prix de Management
stratégique Harvard, 5ème Édition Economica, CH3, Page 123.
7
Henri SAVALL, Véronique ZARDET ; Maîtriser les coûts et les performances cachés, Prix de Management
stratégique Harvard, 5ème Edition Economica, CH3, Page 123
26
l’accent sur l’importance de la qualité du fonctionnement de l’entreprise, ou, si l’on préfère,
sur la capacité des organisations productives à mettre en œuvre leurs ressources considérées
en quantité et en qualité matérielles physiques monétaires et humaines cela permet de mettre
en lumière une multitude de dysfonctionnements qui perturbent constamment la vie de
l’entreprise. Ces dysfonctionnements constituent des anomalies ou des difficultés de
fonctionnement. Ils empêchent l’entreprise de réaliser pleinement ses objectifs et d’exploiter
ses ressources matérielles et humaines de manière efficiente. Il s’en suit un gaspillage de
ressources.
L’incidence économique de ces dysfonctionnements doit être évaluée. En effet les
dysfonctionnements sont corrigés par une ou des régulations qui peuvent entraîner des pertes
de production et des surconsommations de matières premières de prestations extérieurs ou
des frais financiers ou encore des salaires ou des rebuts
Selon Martinet et Savall (1978) le repérage à un niveau micro spatial au sein de l'organisation
de dysfonctionnement porteur de coûts cachés constitue l’outil essentiel de la mise en œuvre
de l'efficience cela montre que le calcul de ces coûts reste indispensable à toute organisation
afin de réaliser l'équilibre dimensionnel à la fois financier et humain
Pour essayer d’approcher l’ensemble des coûts cachés que subit une entreprise, un modèle a
été mis au point
Les coûts cachés sont la traduction monétaire des activités de régulation comme le
montre le schéma suivant :
27
1. L’ensemble des dysfonctionnements élémentaires, c’est-à-dire les perturbations
concrètes ou anomalies de fonctionnement, regroupés en 5 indicateurs considérés
comme des familles de dysfonctionnements à savoir :
• L’absentéisme
2. Les régulations des dysfonctionnements sont regroupées selon deux types d’activités
: activités humaines et consommations de produits. Cette classification des régulations
est répercutée au niveau de l’évaluation des coûts cachés qui ont six composants :
• Sursalaires : Valorise les temps humains en écarts de salaires lorsqu’une activité est
réalisée par une personne titulaire d’une fonction mieux rémunérée que celle qui aurait
dû assumer
28
l’exercice en cours, tandis que la non-création de de potentiel a une incidence sur le
résultat des exercices ultérieurs. On peut résumer schématiquement comme suit le
poids de ces composants sur le compte de résultat.
8
FIGURE 2 : LES DIFFÉRENTS COMPOSANTS DES COÛTS CACHÉS
A chaque instant la valeur ajoutée peut être détériorée par ces composants de coûts cachés,
qui sont autant de micro-captages de ressources par les dysfonctionnements. Il convient de
rappeler ici qu’un dysfonctionnement, en tant que anomalie ou événement non souhaité, est
un phénomène naturel et spontané, qui se développe d’autant plus fortement et rapidement
que les acteurs ne sont pas proactifs, vigilants, rigoureux ou en cohésion. Il n’y a aucune
raison naturelle pour qu’une opération se déroule sans difficulté, c’est l’inverse qui est
observable dans les organisations.
8
Source : ISEOR
29
9
FIGURE 3 : LE POIDS DES NON-PRODUITS ET SURCHARGES SUR LE RÉSULTAT ÉCONOMIQUE
Ceci dit, les coûts performances cachés sont donc un indicateur d’efficience, qui met en
rapport un résultat obtenu avec les moyens qu’il a fallu engager ou supporter pour y parvenir.
Le montant des coûts performances cachés reflète le manque de fluidité, d’efficacité et
d’harmonie
Schématiquement il faut retenir que les coûts cachés actuels sont scindés en deux catégories :
• Les coûts cachés incorporés dedans les coups visibles
• Les coûts cachés non compris dans les coûts visibles
Les coûts cachés incorporés dans les coûts visibles regroupent et les coûts qui sont dilués dans
les différentes lignes de coûts des systèmes d'information existants. C'est parce que ces coûts
sont dilués et non pas identifiés sur les lignes spécifiques qu'ils sont dits cachés. Ainsi le coût
de l'absentéisme comprend la rémunération des intérimaires embauchés pour occuper les
postes des absents, dépense qui se retrouve en « personnel extérieur à l'entreprise » dans le
compte de résultat.
Les coûts cachés compris dans les coûts visibles sont donc des coûts effectifs dénommés
coûts historiques correspondant à des débours réels pour l'entreprise et qui s'inscrivent au
9
Savall H. et Zardet V. (2010), Maîtriser les coûts et les performances cachés négociable, 5ème édition
Economica p126.
10
Savall H. et Zardet V. (1992), Le Nouveau Contrôle de Gestion. La méthode des coûts et des performances
cachées, Éditions Comptables Malesherbes
30
débit du compte de résultat. Les coûts cachés non compris dans les coûts visibles sont
représentés par l'absence de production résultant des dysfonctionnements c'est-à-dire par les
temps rémunérés qui ne se traduisent pas par un produit ou un semi-produit, par exemple :
o Absence du titulaire de poste ou de la fonction
o Défauts de qualité nécessitant des temps de retouche ou de reprise sur des articles déjà
fabriqués ce qui réduit d'autant la production vendable de la période considérée
Cette catégorie de coûts est donc une réduction de la performance financière (produit)
attendue dans les prévisions de vente. Il s'agit donc là de coûts virtuels, ou coût d'opportunité,
correspondant à une sous-activité. Il s'agit d'un manque à gagner de chiffre d'affaires
réalisable.
La prise en compte de cette catégorie de coûts dans l'évaluation des coûts cachés repose sur le
postulat de la que la fraction de production ainsi perdue pourrait être vendue si ces temps de
non-production diminuent ou disparaissent
En résumé, le modèle d’évaluation des coûts cachés consiste à associer à chacun des cinq
indicateurs de dysfonctionnements les six composants de coûts cachés correspondant aux
régulations effectivement mises en œuvre par l’entreprise
11
TABLEAU 1 : MODÈLE GÉNÉRAL DES COÛTS CACHÉS
11
Savall H. et Zardet V. (2010), Maîtriser les coûts et les performances cachés négociable, 5ème édition
Economica p128
31
Chapitre 2 : Défis et enjeux du contrôle de gestion socio
économique
2. RÉSISTANCES SOCIO-ORGANISATIONNELLES
L’absence d’outils de mesure est une cause d’ordre technique, qui provient elle-même d’une
cause d’ordre supérieur : les coûts cachés parce qu’ils sont justement diffus et dispersés,
remettent en cause certains comportements professionnels de tous les individus de
l’entreprise : ouvriers, employés, agents de maîtrise, encadrement, direction, actionnaires ou
propriétaires, représentant du personnel…
On peut ainsi observer comme une sorte de « complicité » tacite, le plus souvent d’ailleurs
inconsciente, entre les différentes parties de l’entreprise vis-à-vis du maintien des coûts
cachés. En outre, pourquoi calculer des coûts cachés, si ce n’est pour vouloir chercher à les
maîtriser ? Or, au même titre que toute action volontariste, l’action de conversion des coûts
cachés en valeur ajoutée suppose de dégager du temps et développer de l’énergie pour
prendre des décisions puis pour les appliquer et les faire appliquer par tous les acteurs de
32
l’entreprise. Ces résistances sont rendues plus complexes encore par le fait que les décisions
à prendre comportent parfois des enjeux importants, tant au plan de l’entreprise qu’au plan
macro-économique : ainsi une évaluation de coût cachés pourrait
aboutir à montrer qu’un tiers de l’effectif est occupé à des activités dites improductives ou
parasitaires, occasionnées par le niveau actuel des dysfonctionnements, et que ce niveau est
susceptible d’être fortement réduit par les innovations socio-organisationnelles. Le problème
peut alors se poser en termes de diminution d’effectifs pour effacer les tâches parasitaires,
dans le cas où l’entreprise ne peut pas envisager à court terme un redressement commercial
équivalent à sa capacité de production installée.
33
dépendant des comportements humains, l’exemple le plus célèbre des dix dernières années
étant probablement la méthode ABC ABM.
Contribution d’outils expérimentés et l’évaluation de la performance globale à
l'évolution du contrôle de gestion : Concepts et principes de mesure socio-économiques
des ressources stratégiques
Les ressources stratégiques multidimensionnelles à prendre en compte pour la décision de
gestion, tant au niveau de l'analyse des processus de décision que des outils d'aide, relèvent
de huit catégories comme suit :
(EHS) : énergie humaine (individuelle) et sociale (collective), telles que leadership,
implication de l'encadrement et du personnel de base, qui peut se mesurer par la valeur
ajoutée par tête et par unité de temps (exemple : CHMCV), ou contribution horaire à la marge
sur coût variable dénommée aussi contribution horaire à la valeur ajoutée sur coût variable
(CHVACV).
Une décision rationnelle socio-économique consiste à maximiser en (t) la
CHVACV et la somme [VACV + Investissement immatériel autofinancée].
(CIC) : compétences disponibles individuelles et collectives, mesurables par des
outils tels que la grille de compétences (gestion des ressources humaines)3, et la
macro-grille de compétences (management stratégique) ;
(ISA) : informations stratégiques actualisées sur les quatre segments de la "chaîne
d'action stratégique" : Marché-Produit-Technologie-Potentiel Humain ;
(PP) : portefeuille de produits, actuels et nouveaux en gestation ;
(PRMI) : patrimoine de relations avec le marché et les institutions, environnement
géopolitique, portefeuille de clients/fournisseurs ;
(PTM) : le patrimoine technologique maîtrisé par l’entreprise ;
Ces huit familles de ressources donnent lieu à un diagnostic stratégique où un décideur évalue
le niveau et la qualité de ses principales ressources et les confronte avec celles de ses
principaux concurrents,
Outils expérimentés : Une contribution aux outils de gestion des ressources humaines et
aux outils de contrôle de gestion
34
Le modèle d’analyse socio-économique réarticule les sphères du contrôle de gestion et de la
gestion des ressources humaines et ses développements opérationnels se ramifient dans ces
deux sphères. La contribution à la gestion des ressources humaines se situe dans la recherche
des formes et des outils de management permettant une stimulation, une plus grande
motivation, une évolution des comportements des salariés. Ainsi, ont été expérimentés des
outils de contractualisation locale (groupes d’activité et individus) de performances à la fois
sociales et économiques, sous l’appellation de plans d’actions prioritaires et de contrats
d’activité périodiquement négociables (Savall 1977, Savall-Zardet 1987). Des travaux sur les
formes organisationnelles, sur la dialectique [décentralisation-centralisation] ont permis
d’éclairer la connaissance sur leurs performances socio économiques respectives. Les résultats
de ces travaux sont présentés dans deux contributions à ce même colloque (Krief et Voyant ;
Cappelletti et Khouatra) ;
La contribution au contrôle de gestion porte d’une part sur la remise en cause d’outils et de
modèles dominants, d’autre part sur la dimension et les effets socio-organisationnels des
outils de contrôle. Ces travaux ont montré que l’amélioration de la performance économique
dans l’entreprise dépend moins de la réduction ou de la limitation des effectifs et de leur
rémunération, que de la création de valeur que lesdits salariés sont en mesure de développer.
La maîtrise des charges, des coûts historiques qui est l’obsession du contrôle de gestion
traditionnel n’est pas apte à faire progresser l’efficacité du pilotage stratégique de
l’entreprise. La contribution des acteurs à la valeur ajoutée améliore au contraire l’efficacité
de l’analyse de gestion, et insuffle une dynamique de déploiement, redéploiement ou
dynamisation des ressources disponibles. Par exemple, une perspective de contrôle de gestion
de la valeur considérera que le problème majeur de l’entreprise n’est pas tant le niveau de la
masse salariale que le niveau d’activité, en quantité et qualité de production et de vente de
l’entreprise. La création de valeur est donc au cœur de cette analyse, les coûts cachés étant
largement constitués, dans toute entreprise tant par des coûts d’opportunité que par des coûts
historiques
35
comportements et des informations émises par les acteurs. L’existence de coûts cachés élevés
prouve que tout acteur est doté d’un portefeuille de pouvoirs à la fois formels et informels,
qu’il dispose d’une panoplie fluctuante d’avantages aussi bien économiques que
psychologiques. Notre hypothèse de recherche (en cours de validation) est que les acteurs
sont prêts à négocier l’échange d’avantages et de pouvoirs de création de coûts cachés contre
la création de valeur ajoutée, s’ils y trouvent des avantages à la fois économiques et
qualitatifs ou sociaux.
Les coûts cachés qui peuvent être très élevés, y compris dans les entreprises fortement
capitalistiques, prouvent par ailleurs qu’il y a une grande asymétrie entre les deux facteurs
traditionnels de production de valeur économique que sont le capital et le travail : le facteur
capital est en effet un facteur inerte, comparativement au facteur travail qui est le facteur actif
sur lequel la dynamisation est possible. L’homme est la source vivante, active, évolutive et
intelligente de performances économiques et de valeur ajoutée, et la ressource humaine
constitue de ce fait le premier levier stratégique d’amélioration durable de la performance.
A contrario, les résultats de nos recherches-interventions ont montré que des investissements
industriels de grande envergure pouvaient n’entraîner aucune amélioration de la performance
économique, lorsque les dysfonctionnements et les coûts cachés sont tels qu’ils annulent la
performance potentielle des nouveaux équipements.
Comment expliquer les dysfonctionnements et les coûts cachés qu'il engendre ? si l'on se
réfère aux doctrines existantes dans le domaine des sciences sociales, deux courants majeurs
dominent alors : les approches structuraliste et comportementaliste ou « behavioriste ».
36
titres des dites structures sont susceptibles d'infléchir les résultats des organisations
productives.
Or l'étude des dysfonctionnements dans les entreprises montre que, dans une même unité,
donc à structures identiques les individus adoptent des comportements productifs
différenciés, lesquels entraînent des performances individuelles différentes, qu'il s'agisse
d'absentéisme, de productivité directe ou de qualité. Cette analyse clinique nous montrait donc
l'importance du facteur comportemental.
Comportements Résultats
subrepticement aux principes de coercition issus d'une certaine moralité ou d'un certain
système de valeurs.
Or une fois de plus nos études du fonctionnement concret des entreprises infirment ce
déterminisme : en effet, les mêmes individus confrontés à des structures de travail différentes
sont susceptibles de se comporter au plan professionnel de manière de façon très différente,
d'où la nécessité d'accorder de l'importance aux structures.
Sur la base de cette critique nous avons construit une théorie explicative des
dysfonctionnements en reconnaissance de force d'impulsion du fonctionnement des
entreprises les structures et les comportements placés en interaction cette hypothèse
explicative que nous appelons hypothèse fondamentale peut se résumer schématiquement
ainsi :
37
FIGURE 5 : HYPOTHÈSE FONDAMENTALE H. SAVAL12
Cela revient à considérer tout entreprise toute unité de travail comme un ensemble de
structure en interaction avec des comportements humains ensemble d'où découle l'activité
économique cette activité peut être segmenté en deux parties le repas fonctionnement
c'est-à-dire le fonctionnement rechercher attendu vous souhaitez par les acteurs des
dysfonctionnements considérés comme les écarts entre le fonctionnement réel et l'ortho
fonctionnement site hypothèse explicative appelle les deux remarque importante le concept
de structure est définie dans une vision élargi par rapport à son acceptation classique dans la
littérature en gestion c'est hypothèse explicative entraîne une conséquence pratique si l'on
veut agir sur le niveau de performance économique de l'entreprise il est nécessaire de
conduire des actions synchronisée à la fois sur les structures et sur les comportements
humains.
Une des premières critiques que l’on peut adresser à l’approche socio-économique porte sur la
notion de subjectivité. Certes cette notion peut concerner toutes les approches, mais il peut
paraître difficile d’être à la fois juge et partie. En effet, la démarche de l’approche
socio-économique commence par un diagnostic complet de l’entreprise au travers de
nombreux entretiens. C’est pendant cette phase que les managers sont sensibles aux
problèmes, difficultés rencontrées par le personnel. Aussi, être subjectif est une condition
nécessaire à la bonne tenue de l’intervention.
D’autre part, une des principales objections peut émaner des experts comptables et des
financiers qui peuvent biaiser l’interprétation de cette méthode et de ses résultats. Il est vrai
que la méthode socio économique mise sur la complémentarité des variables sociales et
12
Savall H. et Zardet V. (2010), Maîtriser les coûts et les performances cachés négociable, 5ème édition
Economica p169
38
économiques, financières. Or, les comptables et les financiers ne sont pas des personnes très
réceptives à ce genre de procédés. De plus, les résultats seront plus qualitatifs que quantitatifs
ce qui ne peuvent pas les satisfaire dans leur souci d’amélioration de l’efficacité (économique
/financière) de leur entreprise. D’autant plus que les actionnaires de la société voudront des
résultats chiffrés. C’est pourquoi, la méthode socio-économique peut être refusée et
discréditée aux yeux des experts comptables et financiers.
Alors qu’en est-il si l’accord entre toutes les parties ne se fait pas ? Dans ce cas-là, la
hiérarchie va devoir prendre une décision de façon autoritaire (et légitime) mais de ce fait, les
répercussions vont être moindres et le résultat final ne sera peut-être pas celui escompté. Il
existe une autre critique liée à la méthode et son implantation même. Il s’agit de la lourdeur
de la paperasserie qui résulte de la réalisation des interventions des consultants.
Cette idée se rapproche de la critique que peuvent apporter les financiers, c’est à dire que les
résultats n’étant pas forcément quantitatifs, le rapport avec les coûts engagés peut être
négatif. Dans le même domaine, l’intervention va-t-elle être suffisamment rapide pour
pouvoir être efficace et donner des résultats concluants ?
réticent à tout changement, et dont le mode de fonctionnement est connu pour être toujours
basé sur la gestion des priorités, l’action au dernier moment. Cela représente également un des
principaux obstacles à la mise en place de la méthode socio-économique, à savoir faire
39
accepter dès le départ la participation de tous, leur implication et leur temps à l’intervention
et ce du début à la fin. C’est une condition sine qua non, auquel cas il ne sert à rien de se
lancer dans cette aventure
Les critiques, appelons les « limites » si l’on veut, qui sont généralement faites à la méthode
des coûts cachés sont essentiellement focalisées sur sa subjectivité qui peut choquer le
comptable, l’auditeur et le contrôleur « orthodoxes » sevrés au lait de la neutralité et de
l’objectivité. Ses principales perspectives résident dans une pédagogie renouvelée des coûts
et une évaluation plus dynamique des investissements immatériels Une autre limite que nous
avons observé de la méthode, sa forte liaison à son caractère « humain », qui est d’ordre plus
technique et concerne son axe politique. Sur quarante années d’observation, il est apparu en
effet que c’est l’insuffisance d’engagement de l’équipe de direction qui expliquait les échecs
résiduels d’implantations du contrôle de gestion socio-économique et qui ont touché moins de
2 % des études de cas réalisées. Où autrement dit, sans volonté de la direction de
l’organisation investiguée, il n’y a ni calcul de coûts cachés, ni implantation durable d’un
contrôle de gestion socio-économique possibles. Cela confirme que l’identification, puis la
conversion des coûts cachés en performances visibles, nécessite une décision bien comprise
de la direction de l’organisation visée et une énergie politique constante de soutien qui est
donc à négocier par le chercheur de l’amont l’aval de l’intervention (Cappelletti et Levieux
2010).
40
Chapitre 3 : Coûts cachés et efficacité
socio-économique de l’entreprise
A titre de rappel, les dysfonctionnements sont des anomalies des processus et des activités de
l’organisation, générateurs de coûts inutiles. Ils créent une dynamique négative et fragilise
l’ensemble de l’organisation. Les dysfonctionnements empêchent l’organisation d’utiliser
efficacement ses ressources matérielles et immatérielles de manière efficiente. En somme, ils
bloquent les processus à remplir ses finalités et y injectent de la variabilité. Autre fait
marquant, les dysfonctionnements conditionnent et impactent les déterminants de la
performance dont notamment l’aspect COÛTS. Conséquemment : un gaspillage de ses
ressources, perte de temps et perte de matière
Réduire les coûts cachés vise à accroître l’efficacité socio-économique de l’entreprise, les
systèmes d’informations comptables ne permettant pas de mettre en évidence certains coûts,
qui sont pourtant supportés par l’entreprise. C’est là que réside l’enjeu des coûts cachés :
rechercher des poches de sous efficacité de l’entreprise. Pour ce faire, le calcul des coûts
cachés procède d’une comptabilité que l’on peut appeler « d’agent ». De plus leur explication
s’inscrit dans une volonté de transformation de l’entreprise.
Par la création de toutes ces méthodes, il apparaît donc clair que les coûts cachés sont
difficilement évaluables et reconnaissables et c’est en cela que réside le principal enjeu d’un
tel calcul, à savoir comment les réduire. Mais avant leur évaluation, il convient de déterminer
d’où viennent les coûts cachés.
Dans l’approche socio-économique, la performance sociale est évaluée à partir d’une série
41
d’indicateurs de qualité de fonctionnement de l’organisation : conditions de travail,
organisation du travail, financement à court terme, rentabilité, avantage concurrentiel) et à
moyen et long terme, par des paramètres de création de potentiel matériel et immatériel
(produits nouveaux, technologies
La mise en évidence des coûts cachés et leur calcul visent à expliquer le niveau d'efficacité
des entreprises, ou plus précisément des différences d'efficacité : différence entre une
efficacité recherchée et une efficacité réelle, différence d'efficacité entre deux unités d'une
même entreprise, ou encore entre deux entreprises du même groupe, ou dans le même secteur
d'activité. Mais l'explication par les coûts cachés à elle-même un objectif de transformation
des entreprises. Les coûts cachés une fois détectés permettent d'engager un processus de
recherche de solutions pour une plus grande efficacité. A court terme, l'objectif est d'accroître
la rentabilité de l'entreprise. A long terme l'enjeu économique est la Survie de l'entreprise ou
son développement par amélioration de sa compétitivité
Le concept de coût caché a été mis en évidence par la théorie socio-économique des
organisations [ISEOR, 1973-1978] issu des courants structuraliste (relation structures
comportements-résultats) et comportementaliste et behavioriste (comportements résultats).
Cette théorie considère l’entreprise comme un ensemble de structures de travail en interaction
avec les comportements du personnel. L’un des concepts qui soutient ce concept se base sur
le fait que le fonctionnement de l’entreprise se décompose en un bon fonctionnement et des
dysfonctionnements.
Selon le Professeur Henri Savall [SAV, 95] l’entreprise ou son organisation accumule des
coûts liés aux dysfonctionnements des processus organisationnels et qu’on appelle des coûts
cachés. Ces dysfonctionnements résultent d’une interaction entre la structure et les
comportements humains. Ces coûts affectent indirectement la compétitivité, la rentabilité
l’efficacité et par conséquent la qualité du produit/service de l’entreprise.
42
qui sont pourtant supportés par les entreprises. Ils ne permettent donc ni de suivre, ni a
fortiori de convertir ces coûts en valeur ajoutée. Par convention ces coûts non mis en
évidence sont dits coûts cachés pourtant ces coûts existent bien.
La première preuve de l'existence de ces coûts est l'intuition qu’en ont les dirigeant
d’entreprise par exemple une industrie s'est aperçue après avoir réalisé un investissement
technologique que l'efficacité et la rentabilité de l'entreprise ne s'étaient pas améliorées :
autrement dit, les gains attendus par l'investissement technologique avaient étés absorbés,
engloutis, par des surcoûts que l'entreprise ne savait ni identifié ni maîtriser.
L'intuition peut aussi provenir d'une estimation grossière ; ainsi une entreprise qui a un taux
d'absentéisme élevé en déduit, de façon empirique, que l'absentéisme lui coûte très cher mais
sans savoir combien.
Une deuxième voie pour attester l'existence des coûts non identifiés est fournie par les
entreprises qui, après avoir conduit des actions d'innovation, réussissent à fonctionner à un
moindre coût : c'est là encore la preuve que l'action engagé a permis de réduire certains coûts
de fonctionnement.
Enfin le troisième type de preuves est d'ordre plus théorique : en effet si l'on étudie les
analyses macro ou micro-économiques, celles-ci font apparaître un résidu c'est-à-dire une
partie de la rentabilité ou de la perte de rentabilité de l'entreprise, qui ne peut s'expliquer par
les quantités de capital et de travail variables utilisées dans ces analyses, notamment dans les
modèles économiques dits fonction de production
Autrement dit le modèle explicatif choisi ne résiste pas aux faits, et plus particulièrement au
résidu qui demeure inexpliqué par ce type de théorie
C’est sur ce constat que ça puis de plus depuis près de 34 ans l'Isère qui se propose d'élaborer
d'implémenter une stratégie de changement des entreprises qui soit planifiée par l'entreprise
puis évaluée par elle.
En revanche l’entreprise est considérée comme un ensemble complexe comprenant cinq types
de structures (physiques, technologiques, organisationnelles, démographiques et mentales) en
interaction avec cinq types de comportements humains (individuels, de groupes d'activité,
catégoriels, de groupes d'affinité, collectifs). Cette interaction permanente et complexe crée
les pulsations d'activité qui constituent le fonctionnement de l'entreprise. Or l'on discerne
dans ce fonctionnement des anomalies,
43
des perturbations des écarts entre le fonctionnement souhaité et le fonctionnement constater
ce sont les dysfonctionnements que l'on peut classer en six familles comme le montre la
figure ci-dessous :
Ces six familles constituent à la fois des variables explicatives du fonctionnement et des
domaines de solution aux dysfonctionnements recensés dans le diagnostic de l'entreprise Ces
dysfonctionnements engendrent des coûts pour l'entreprise qui sont en général des coûts
cachés. Ces coûts cachés affectent la performance économique de l'entreprise et sont
identifiés comme le résume le schéma suivant :
44
13
FIGURE 7 : INDICATEURS ET COMPOSANTS DES COÛTS CACHÉS
2- ÉVALUATION DES COÛTS CACHÉS
Par définition, les coûts cachés ne se trouvent pas dans le système d’informations formel de
l’entreprise, car ils ne sont pas enregistrés formellement. En revanche, ils sont, au moins
partiellement mémorisés par les acteurs. Soit cette mémorisation repose sur la mémoire
naturelle des acteurs, soit elle repose sur des enregistrements parcellaires, épisodiques, qui
n’ont néanmoins pas le caractère systématique d’un système comptable.
C’est la raison pour laquelle il convient d’extraire ces informations, notamment par le biais
d’entretiens directifs menés auprès des acteurs. L’évaluation des coûts performances cachés
consiste à reconstituer des données non saisies à la source dans un système d’information
et/ou de surveillance, grâce à la mémoire et à la coopération des acteurs. Ces données portent
sur les phénomènes de régulation cachés et partant sur les conséquences économiques des
dysfonctionnements, c’est-à-dire sur les ressources accaparées ou perdues du fait de la
régulation des dysfonctionnements, au cours des opérations menées par les acteurs. Ces
13
Savall H. et Zardet V. (2010), Maîtriser les coûts et les performances cachés. 5ème Edition, Economica p21
45
données donnent donc une indication de ce qu’aurait pu être un résultat final sans l’existence
des dysfonctionnements ou tout du moins grâce à leur maîtrise.
En pratique, les coûts cachés sont évalués à partir de dysfonctionnements élémentaires,
c’est-à-dire observables à l’œil nu par n’importe quel observateur présent. L’évaluation
s’appuie sur la fréquence du dysfonctionnement, les actes de régulation réalisés pour corriger
le dysfonctionnement et le coût unitaire de chaque régulation. La régulation d’un
dysfonctionnement peut entraîner l’absorption d’activités humaines, de charges externes
(consommations de produits ou services achetés à l’extérieur) et des retards de création de
potentiel (préparation des résultats immédiats futurs)
L’évaluation des coûts cachés appelle trois remarques principales à propos du caractère partiel
de l’évaluation financière, la disponibilité, pour l’entreprise, des montants financiers dégagés
par la baisse des coûts cachés, ainsi que la base référence zéro pour le calcul des coûts cachés
: les coûts cachés liés à un indicateur de dysfonctionnement ne sont pas proportionnels à la
fréquence du phénomène observé, le calcul des coûts cachés fondé sur des standards paraît
difficilement applicable,
les coûts cachés calculés sur la base zéro doivent être considérés comme des coûts
46
partiellement compressibles
14
FIGURE 8 : MODÈLE DE LA MÉTHODE SOF
Les objectifs liés chaque module sont présentés dans le tableau suivant :
On peut utiliser la méthode (OF), en faisant l’économie du module (S), lorsque l’entreprise a
une connaissance suffisante des données sociales concernant ses conditions de travail et une
conviction suffisante sur l’existence de la relation de causalité : [conditions de travail ↔
comportements] ‡ dysfonctionnements
Analyse sociale
Elle consiste à effectuer des entretiens avec les ouvriers, la maîtrise et les cadres, à dépouiller
des documents contenant des statistiques sur l’absentéisme, les accidents du travail et la
rotation du personnel et à observer directement certains phénomènes dans l’atelier, à titre de
complément ou de validation des informations déjà obtenues.
Elle permet de segmenter les phénomènes afin d’en approfondir la connaissance :
Segmentation analytique : elle permet de tenir compte de la différence de fiabilité et de
signification entre une absence pour cause d’accident du travail ou de délégation et une
absence pour cause de maladie ou sans motifs. Dans l’usine de fabrication d’appareils
électroménagers, les différences les plus significatives entre l’absentéisme sur chaîne et en
groupes semi- autonomes portent sur des catégories telles que l’absence sans motif (4 fois
plus élevé sur chaîne) alors que la différence sur le motif d’absence pour maladie est
inférieure à 100 %.
Savall H. et Zardet V. (2010), Maîtriser les coûts et les performances cachés. 5ème Edition, Economica p21
15
16
Reconstruire l’entreprise Les fondements du management socio-économique Préface de François PERROUX
© Dunod, Paris, 2014
48
Segmentation spatiale : elle consiste à effectuer l'analyse et le calcul dans des micro-espaces
d’observation, groupes de postes ayant des conditions de travail homogènes, d’une taille
permettant de repérer les phénomènes intéressants à étudier : relations interpersonnelles
observables, personnalité des individus, micro- ambiance de travail, état des équipements,
indicateurs ergonomiques…
Les trois objectifs de l’analyse sociale sont de : Préparer l’analyse organisationnelle, en
inventant les modes de régulation de l’activité, les risques de biais dans l’information orale,
comparaison entre étude documentaire et contenu des entretiens, ou de rétention
d‘information, et les micro-espaces particulièrement significatifs ou problématiques, soit dont
le fonctionnement est satisfaisant, soit dont les dysfonctionnements sont pondéreux ;
Identifier la relation, perçue ou exprimée par l’ensemble du personnel enquêté (ouvriers,
maîtrise, cadres de fabrication ou des autres services de l’entreprise), entre les conditions de
travail et les dysfonctionnements, afin de tester la validité de l’hypothèse fondamentale
[Conditions de vie au travail] U [coûts cachés]. Cette validation a été établie dans les études
sur la tréfilerie, la fabrique de chaussures et l’usine textile. La méthode du bilan
socio-économique et ses résultats accessoirement, fournir au personnel de l’entreprise des
éléments pour un autodiagnostic et pour la définition des actions d’amélioration des
conditions de travail
Analyse organisationnelle
Elle constitue une étape obligée de l’analyse financière et produit des organigrammes de
régulation des dysfonctionnements, qui peuvent être utilisés de façon autonome, en marge de
l’évaluation financière. Elle consiste à dresser un inventaire des incidences en cascade des
dysfonctionnements par l’étude des propagations d’effets dans le temps (cf. ci- dessus :
l’absentéisme inducteur d’absentéisme) et dans l’espace (perturbations imposées à d’autres
micro-espaces, voire à d’autres ateliers, à d’autres établissements ou à des tiers). Le tracé des
organigrammes de régulation de l’activité par suite des dysfonctionnements précède
l’évaluation des temps et des quantités de consommations physiques pour la régulation.
L’analyse organisationnelle permet d’isoler les modes de régulation complexes, juger de leur
pertinence par rapport à l’objectif économique, déceler les différences de modes de régulation
selon les agents régulateurs (on a observé que le système de régulation d’un agent de maîtrise
par rapport à un autre était presque 2 fois plus coûteux), et d’analyser l’origine de ces
différences.
49
Analyse financière
Elle consiste à rechercher les prix et les éléments de coûts dans la comptabilité et le budget,
afin d’évaluer en unités monétaires les quantités de temps, de matières, de produits « absorbés
» par les régulations des dysfonctionnements. Elle peut s’effectuer en coûts historiques et en
coûts d’opportunité et de risques (calcul dynamique). Les éléments qui n’ont pu être évalués
en unités monétaires demeurent à l’état de données auxiliaires, quantitatives ou qualitatives
Pour chacun des trois modules, diverses techniques complémentaires de recueil des données
sont utilisées, pour aboutir à des informations qualitatives, quantitatives ou financières. Le
tableau suivant synthétise l’ensemble de ces caractéristiques en fonction de chaque module :
Les résultats obtenus à l’issue de l’application des trois modules sont présentés sous trois
formes complémentaires :
o Les informations qualitatives : elles permettent de repérer des phénomènes relatifs à des
perceptions d’acteurs qui n’ont pas pu être mesurées quantitativement
o Les informations quantitatives : elles permettent de mesurer des quantités de phénomènes
tels qu’un taux d'absentéisme, un nombre d’accidents, un nombre d’heures consacrées à
corriger des défauts… Dans cette terminologie les informations quantitatives sont distinctes
des informations financières.
o Les informations financières : elles représentent la traduction en unités monétaires des
régulations de dysfonctionnements.
La méthode SOF a été conçue pour évaluer les coûts cachés afférents à chacun des indicateurs
de dysfonctionnements. Elle s’applique à de multiples objets tels que :
o Un seul indicateur
17
Savall H. et Zardet V. (2010), Maîtriser les coûts et les performances cachés. 5ème Edition, Economica p21
50
o L’ensemble des cinq indicateurs
o Un dysfonctionnement élémentaire ou un domaine de dysfonctionnements
Les cinq Principes communs au calcul des coûts cachés sont regroupés en deux hypothèses
explicitées comme suit :
Productivité de la main-d’œuvre :
ce principe méthodologique consiste à admettre que le recensement des temps de régulation
porte sur toutes les catégories d’acteurs, qu’il s’agisse de main d’œuvre directe ou indirecte.
L’analyse socio-économique rejette donc la dichotomie classique entre main d’œuvre directe
et indirecte, cette segmentation étant inadmissible et irréaliste lorsqu’on considère la
solidarité opérationnelle et fonctionnelle des deux catégories de main d’œuvre.
Hypothèses pour le calcul des prix unitaires :
Le calcul des prix unitaires des consommations de produits ne pose pas de difficultés
particulières. Lorsque ces produits proviennent de services internes à l'entreprise , il convient
de prendre une option sur le niveau des prix de cession internes.
L’évaluation des coûts cachés des temps de travail se fonde sur trois options méthodologiques
principales : imputation rationnelle des ressources , valeurs économique du temps de travail
humain et imputation de la MOD aux charges fixes
51
standard de production. Dès lors, lorsque le niveau réel de production est inférieur au niveau
standard, cette sous-activité est source d’un coût correspondant à une fraction des charges
fixes.
La raison pour laquelle , les temps de non-production pour cause d'absentéisme sont évalués
a un prix unitaire qui inclut les charges fixes. Cette option méthodologique revient a
considérer que la non production est imputable au dysfonctionnement analysé. Dans la
méthode de calcul pratiquée les dysfonctionnements sont évalués par rapport à la base de
zéro dysfonctionnement ce qui revient à recenser tous les temps de non-production. Ces
temps sont donc partiellement compressibles.
L'option de calcul revient à considérer que le niveau d'activité de référence fixé par
l'entreprise correspond à une activité sans aucun dysfonctionnement, ce qui correspond à une
simplification par rapport à la réalité, puisqu'il n'est pas qu'on se voit bloqués une entreprise
puisse éviter la totalité de ces dysfonctionnements. L'intérêt du point de référence zéro est
qu'il est fixe.
52
salarié à contrat à durée déterminée de courte durée) une entreprise ne peut faire varier
rapidement ses effectifs, si ce n'est en engageant des coûts directs et indirects de licenciement
considérables. À l'heure actuelle, on peut considérer qu'un délai moyen d'un nom est
nécessaire pour diminuer ses charges de personnel. Par conséquent, la main d’œuvre directe
doit être comprise dans les coûts fixes lors de la valorisation financière des temps de travail
humain.
53
II- IMPLANTATION D’UN MANAGEMENT SOCIO-
ÉCONOMIQUE STIMULANT POUR L’ENTREPRISE
Passer d’un état de sous-développement socio-économique de l’entreprise, caractérisé par une
hypertrophie des dysfonctionnements et des coûts cachés, a un état de gestion
socio-économique caractérisé par une grande harmonie de fonctionnement et dégageant des
performances socio économiques supérieures.
Pour ce faire, une telle transformation suppose d’actionner simultanément et de façon
synchronisée de multiples leviers de transformation à savoir les structures, les
comportements, et les six domaines d’action de dysfonctionnements. Autrement dit il est
nécessaire de conduire des actions globales quel que soit l’espace de l’intervention
(micro-espace ou entité de l’entreprise, atelier, département, service, agence …etc.)
Toutefois les entreprises sont peu habituées à des actions de cette envergure, préférant le plus
souvent de s’attaquer à un domaine particulier d’actions (la communication, la formation
…etc.) ou à un certain type de structure (refonte d’organigramme, changement technologique
…etc.). Aussi un tel passage ne peut être fait facilement sans apport externe à la fois pour des
raisons d’énergie insufflée et de temps nécessaire à la conduite des actions. Cet apport est
toutefois limité dans le temps. Il se fait dans une première phase pour passer de l’état (1) à
l’état (2).
Cette première phase est une phase de transition au cours de laquelle le changement
s'implante progressivement dans l'entreprise mais c'est néanmoins une phase d'engagement
interne de la part de l'entreprise pour réaliser des transformations significatives sur une durée
relativement courte nous insistons ici sur la notion de transformation par opposition à celle
d'évolution qui est un phénomène courant dans l'entreprise la transformation innovante
comporte des modifications significatives sur les structures les comportements les domaines
d'action réalisée dans une durée restreinte quelques mois pour un micro espace quelques
années pour une entreprise nous expérience pilote montre que l'implantation d'une telle
transformation exige une sorte de négociation entre la direction et les acteurs directement
concerné et qu'il est nécessaire de déterminer dès le début de l'intervention une plate-forme
minimale sur laquelle les différentes catégories d'acteurs s'accordent pour qu'il accepte
réellement le jeu délicat de la transformation du fonctionnement de l'organisation il convient
donc de faire périodiquement des évaluations concerter appeler bilan de réalisation au cours
de cette phase de transition par exemple tous les 6 mois pour repérer l'état permanent de
54
gestion socio-économique la phase de transition et aussi l'occasion d'un planter un système et
des outils de pilotage stratégique.
Enfin le passage de l’état (1) a l’état (2) par la réalisation d’une transformation innovante
dénommée intervention socio-économique comporte :
o Un processus d’innovation socio-économique
18
FIGURE 9 : INTERVENTION SOCIO-ÉCONOMIQUE
1- DÉMARCHE HORIVERT
18
Savall H. et Zardet V. (2010), Maîtriser les coûts et les performances cachés. 5ème Edition, Economica p276
55
19
FIGURE 10 : LE PROCESSUS HORIVERT
Le processus HORIVERT obéit à trois principes directeurs qui émanent de l’analyse critique
du processus en tâche d’huile :
o Une action verticale dans au moins deux unités de base qui implique du personnel
d’exécution et l’équipe d’encadrement de ces unités Cette double action horizontale et
verticale vise trois objectifs il s'agit tout d'abord d'assurer une meilleure articulation de
l'intervention socio-économique dans la stratégie de l'entreprise en second lieu cette double
action permet de mettre en évidence puis de résoudre des dysfonctionnements à la fois dits de
« base » ou encore « opérationnels » et des dysfonctionnements stratégiques enfin la double
action enserre l'encadrement intermédiaire dans une sorte de tenaille dont les deux bras sont
constituées par les deux actions
19
Source : Savall H. et Zardet V. (2010), Maîtriser les coûts et les performances cachés. 5ème Édition,
Economica p 265
56
L’action verticale comporte un diagnostic socio-économique approfondi, un projet
d’innovation socio économique.
L’objectif recherché ici est de réduire le plutôt et le plus vite possible l’assujettissement des
acteurs de l’entreprise à l’énergie extérieure apportée par les intervenants
o Il diminue fortement les ruptures qui se produisaient entre les moments d’intervention
intense et le fonctionnement quotidien
• Le domaine d’action « Mise en œuvre stratégique » est abordé dès le début du processus
57
2- LE DIAGNOSTIC SOCIO-ÉCONOMIQUE
Le diagnostic socio-économique est tout d’abord une phase d’écoute de tous les acteurs
impliqués. Cette phase amorce le regain d’une certaine confiance entre acteurs : Confiance du
personnel envers sa hiérarchie, Confiance des personnes interviewées envers l’intervenant
chercheur, Confiance du chercheur envers les personnes interviewées
dysfonctionnements
Les dysfonctionnements internes par le micro-espace sont à l’origine des coûts cachés pour le
micro espace mais on pourrait penser qu’il ne peut agir sur ces coûts cachés. Le résultat final
d’une phase de diagnostic peut être dissocié en deux parties comme le montre le schéma
suivant :
58
20
FIGURE 11 : CONTENU-TYPE D'UN DIAGNOSTIC SOCIO-ÉCONOMIQUE
La première partie comprend un ensemble de résultats qui sont présentés à l’entreprise sous
forme orale pour recueillir son avis, ses observations. Cette présentation orale collective
permet de compléter le diagnostic. Cette partie est dénommée « Effet-miroir »
La seconde partie dénommée « avis d’expert » est une analyse réalisée par les
intervenants-chercheurs à partir de la première partie et de la présentation orale des résultats.
Ces deux ensembles sont consignés par la suite dans un document écrit qui est présenté et
discuté à l’entreprise.
Cette approche socio-économique qui comporte une méthode d’analyse et de résolution des
problèmes, centrés sur une approche globale du fonctionnement des entreprises et des
organisations et articulant les variables sociales et les variables économiques ressort trois
conclusions principales :
20
Savall H. et Zardet V. (2010), Maîtriser les coûts et les performances cachés. 5ème Edition, Economica p 287
59
de la Direction Générale qui exige donc une impulsion stratégique de la part du plus haut
niveau, une synchronisation sur l’ensemble de l’entreprise ainsi que le développement de la
fonction de co-pilotage. L’amélioration de l’efficacité de l’entreprise, viendra donc de tous
les niveaux. Le succès (compétitivité, rentabilité à court et long terme) de l’entreprise exige
la participation de la totalité du personnel et non de la seule efficacité de quelques-uns. La
méthode socio-économique nous démontre que le pouvoir hiérarchique est une source
importante d’efficacité lorsqu’on sait le faire corroborer, le faire travailler avec le pouvoir
issu d’une compétence professionnelle incontestable, représenté par les équipes.
2- Ensuite, il faut noter que le délai de temps pour l’application de la méthode socio-
économique n’est pas trop long car il en va de la qualité des résultats. Également, le temps
presse et le choix des méthodes de conduite du changement conditionne le résultat des
actions d’innovation. L’approche socio économique a donc créé une nouvelle approche du
management qu’elle qualifie de « personnalisant » car il a pour but de répondre de manière
précise à chaque type d’organisation, à chaque type de structures et à chaque comportement
présent dans l’entreprise.
60
Chapitre 4 : Étude de cas de l’entreprise
Bonbino Confort
Les chapitres précédents nous ont permis de mettre en lumière les coûts cachés générés par les
dysfonctionnements des processus d’unités industrielles opérant sur le secteur de la literie. Le
relevé des différentes typologies des coûts cachés, nous a conduits à catégoriser les
techniques d’analyse dédiées.
Dans le présent chapitre, nous présenterons l’approche méthodologique à travers un modèle
d’analyse, des outils afférents ainsi que des modalités de recueil des données. Nous
soulignons que ce modèle présente une méthodologie qui servira de support pour effectuer
les diagnostics possibles et de proposer, in fine, des recommandations à l’entreprise quant à
la maîtrise de ses coûts cachés
I- PRÉSENTATION DE L’ENTREPRISE
1- HISTOIRE DE L’ENTREPRISE
Fondée en Février 1980 par la famille BENJELLOUN, Bonbino Confort était à l’origine
spécialisée dans la fabrication de mousse. Aujourd’hui, il s’agit d’une entreprise industrielle
employant près de 200 salariés et dont l’activité principale est la production de mousse,
matelas, banquettes, produits d’ameublements et de décoration.
La société a mis en place une stratégie de diversification, puisqu’elle propose aujourd’hui une
large gamme de produits à ses clients allant du salon à la banquette marocaine en passant par
le matelas et la mousse :
• Des matelas (avec ou sans ressorts)
• Des salons
Tous ces produits sont personnalisables, puisque les clients ont la possibilité de définir les
dimensions, les couleurs et les tissus utilisés.
Bonbino Confort vise une clientèle nationale variée, puisque son portefeuille client compte à
la fois des particuliers, des revendeurs/professionnels, des marchés et des agences.
61
Pour ce qui est de ses fournisseurs, la société s’approvisionne en partie auprès de fournisseurs
locaux. Toutefois, la majorité de sa matière première est importée. La société s’approvisionne
en conteneurs (1 à 2 selon la commande
Centre de production de mousse :
La production de mousse se fait à partir d’un mélange de produits chimiques (polyol et
amines catalyseur). Le polyol, le TDI et le durcisseur constituent 90% de la mousse. Des
colorants et d’autres additifs composent les 10% restants. Selon le programme et le besoin
exprimé la production se déroule deux manières : la coulée continue. Une fois les liquides
mélangés selon la formule de production et la couleur désirée (densité = Poids/Volume). Ils
sont pompés, ensuite, par des tuyaux et se versent dans un conteneur à découvert pour
confronter l’air et obtenir la mousse. Plus le temps de production et long, plus les outputs ne
sont affinés. Le temps de la coulée peut varier de 10, 30 à 60 minutes pour atteindre une
économie d’échelle.
Ce centre dispose d’un espace de stockage et de conditionnement des matières chimiques, un
espace de production avec une grande machine. Ainsi qu’une structure de refroidissement et
de stockage de la mousse produite.
Centre de production de ressorts :
Composé de postes automatisés et manuels. La Production de ressort pour matelas et
banquettes à ressorts, commence par un rouleau de fil d’acier passe par une machine qui le
trompe, le rassemble et lui donne ses propriétés d’amortisseur. Ces amortisseurs sont
entrelacés par une assembleuse pour obtenir une grille de ressorts d’une dimension contenant
un nombre de 23 ressorts d’une concentration désirée selon les standards de production.
Centre de piquage de tissu :
Ce centre dispose de postes entièrement automatisés. La production de tissu piqué se fait à
partir d’un rouleau de tissu, de ouate, de viseline et de feuille de mousse. Une assez grande
machine automatisée coud la ouate et la mousse au tissu avec le motif digital introduit dans le
tableau de commandes de la machine.
Centre de découpe de mousse :
Ce centre dispose de postes automatisés et manuels ou les blocs de mousse sont découpés
avec des machines à scie verticale et des machines de découpe horizontale à table tournante
qu’on nomme scie-circulaire. Cette dernière découpe des feuilles de mousse et dispose d’une
capacité de découpe allant jusqu’à six blocs par chargement.
Centre de production d’aggloméré :
62
Production d’aggloméré à partir des chutes de mousse provenant de l’atelier découpe. Une
broyeuse broie les chutes en flocons. Le flocon est par la suite aspiré par une machine qui le
mélange a de la vapeur et de la colle liquide, qui est pressé par une presse hydraulique pour
former un bloc d’aggloméré.
Centre de production matelas :
Ce centre dispose de postes automatisés et manuels, pour la production de matelas et
banquettes qui sont assemblés à partir de bandes mousse, carcasse de ressorts, feuille de
feutre isolant et tissu piqué. Le tout est assemblé par une machine (bordeuse) qui coud les
bords du matelas/banquette pour lui donner sa forme finale avant de passer à la machine
d’emballage
Menuiserie :
Cet atelier s’occupe de la production de meuble, carcasse et gabarit de fauteuil (table,
sommier, armoire…) à partir de planches de bois. L’ensemble des postes y sont manuels.
Tapisserie :
Cet atelier s’occupe de la production de salons et fauteuils, il garnit le gabarit par de la
mousse et la couvre de tissu ou de cuir selon la commande du client. L’ensemble des postes y
sont manuels
Atelier entretien et maintenance :
Cet atelier s’occupe de la conception, fabrication ainsi l’entretien et réparation des machines
de toute l’usine.
Salle d’exposition :
C’est là où se situent les bureaux de vente ainsi qu’un showroom où tous les échantillons de
produits sont exposés à la vente.
Bâtiment d’administration :
Constitue le quartier général de l’entreprise, où se trouvent la direction générale de l’usine,
ainsi que les différents départements administratifs à savoir la comptabilité, contrôle de
gestion les achats locaux et internationaux, marketing et ressources humaine
63
2- Nomenclature et organigramme
64
Direction Generale Figure 13:Organigramme de la société BONBINO CONFORT
Administration
65
Departement découpe et fabrication matelas
66
Figure 20: Organigramme Département logistique et stockage
Département commercial
67
68
II- MÉTHODOLOGIE RETENUE POUR L'ÉTUDE
Réalisation d’un état des lieux des pratiques à la lumière des recommandations du
modèle S.O.F élaboré par SAVALL [SAV, 95].
Analyse des bases de données (Tableaux bord, KPI, registres de production…) pour
identifier les sections à forte valeur.
Diagnostic du système par voie d’observation directe et des entretiens avec les chefs
des centres de production (mousse, découpe et matelas), les magasiniers, le DG et le
personnel administratif (cadres et employés).
L’observation directe :
Cette méthode qualitative de collecte de données, consiste à observer les processus, les
activités, les tâches ou les comportements se déployant dans l’organisation pendant
une période de temps déterminé. Les informations obtenues seront validées via un
entretien.
69
Entretien :
L’entretien est parmi les techniques les plus fréquemment utilisées pour la collecte des
données qualitatives.
C’est une discussion formelle avec des personnes choisies spécifiquement pour cette
discussion.
Nous procéderons d’abord à un entretien avec le directeur général, les responsables des
centres de production puis auprès du personnel administratif. Ces différents entretiens
permettront d’expliquer aux différents acteurs de l’unité industrielle les objectifs poursuivis
par cette étude, d’exposer notre méthodologie de travail et de recueillir leurs besoins et leurs
éventuelles attentes.
Ces entretiens auront aussi pour but de rechercher auprès des personnes interviewées les
causes des dysfonctionnements recensés afin de tirer des conclusions.
- La seconde étape porte sur les activités suivantes : La quantification et la hiérarchisation des
dysfonctionnements selon leurs impacts financiers. A cet égard, deux indicateurs vont être
utilisés : Perte de matière et Perte de temps. Cette étape s’opère selon le schéma suivant :
Tous ces documents nous permettent de faire une évaluation qualitative et quantitative des
dysfonctionnements de l’entreprise.
70
3- L’intégration du diagramme de Pareto pour prioriser les dysfonctionnements selon leurs
impacts financiers.
Enfin, ces deux étapes conduisent à la proposition d’un portefeuille d’actions d’amélioration
des pratiques liées à la maîtrise des coûts cachés dans les secteurs à forte valeurs de
l’entreprise.
2- TECHNIQUES APPLIQUEES
A titre sommaire, nous rappelons les grandes phases de notre modèle, ce dernier tire sa source
de notre revue de littérature :
Identifier les secteurs générateurs de produits et créateurs de charges qu’ils s’agissent des
secteurs producteurs où des secteurs supports ;
3. Quantifier les impacts financiers liés aux dysfonctionnements en calculant les coûts
cachés induits par chaque dysfonctionnement. Ces derniers vont être hiérarchisés par
le diagramme de Pareto selon leurs effets économiques ;
4. Rechercher les causes racines de ces dysfonctionnements ;
5. Elaborer un plan d’actions pour supprimer les causes racines ;
6. Suivre l’efficacité des actions par les indicateurs et les tableaux de bord.
Afin de mener à bien notre étude et pour une fiabilité pertinente de nos résultats, nous
identifions au préalable les secteurs générateurs de chiffre d’affaires (secteurs producteurs) et
les secteurs créateurs de charges (secteurs supports). A titre d’exemple :
71
B. Extraire les secteurs à forte valeur.
Pour ce faire et sur base du chiffre d’affaires (CA) lié aux secteurs producteurs, nous utilisons
le diagramme de PARETO afin d’extraire les 20% ou 30% de ces secteurs générateurs de
80% ou 70% du CA. Alors que pour les secteurs supports, nous utilisons également le
diagramme de Pareto afin d’extraire les 20% ou 30 % de ces secteurs générateurs de 80% ou
70% des Produits/charges.
Le principe étant qu’il suffit de travailler sur ces 20% ou 30% de ces secteurs pour identifier
les dysfonctionnements régissant les processus majeurs ayant un impact direct sur leurs
performances.
De facto, une fois ses modalités définies, comment les rendre systématiques ? Dans cette
perspective, nous en envisageons plusieurs notamment :
Nous rappelons que l’usage de l’une ou de l’autre modalité dépend des spécificités des
72
processus étudiés.
L’objectif de cette étape est de quantifier les impacts financiers liés aux dysfonctionnements
en les traduisant en coûts cachés. A cet égard, deux indicateurs vont être utilisés : Perte de
matière et Perte de temps.
Une fois les dysfonctionnements quantifiés, nous utilisons un deuxième PARETO pour les
prioriser selon leurs impacts financiers (traduits en coûts cachés). Le diagramme de Pareto
permet de distinguer les 20% des dysfonctionnements qui génèrent 80% des coûts cachés.
Sur base de la liste des dysfonctionnements identifiés dans l’étape précédente, nous allons
établir une liste de causes en mettant en exergue le lien entre chaque dysfonctionnement et ses
causes racines.
Pour des fins de visualisation graphique, nous allons répartir les causes racines de chaque
dysfonctionnement sur le diagramme d’Ishikawa. En fait, ce dernier est une représentation
graphique simple qui, pour chaque dysfonctionnement, il répartit ses causes selon les 5M
Main d'œuvre, Matière, Méthode, Machines (équipement), Milieu (environnement).
73
F. Elaborer un plan d’action :
La finalité de cette étape est d’élaborer les actions d’amélioration pour supprimer les causes
racines. Un plan d’action est également envisagé pour piloter la réalisation de ces actions
A. Expérimentation du modèle
Ce modèle d’analyse ne se limite pas à repérer uniquement les dysfonctionnements mais aussi
à les caractériser et à les évaluer. En somme, il nous permet de quantifier les coûts cachés
générés par les dysfonctionnements organisationnels lié à l’activité industrielle de la literie.
Comme signalé ci-dessus, nous expérimentons notre modèle sur les secteurs producteurs et
sur les secteurs support
74
C. Extraire les secteurs à forte valeur
La deuxième étape du modèle consiste à extraire, via le diagramme de PARETO, les 20% des
sections productrices de literie de 80% du chiffre d’affaires L’objectif étant d’identifier les
dysfonctionnements liés à ce secteur et qui sont susceptibles d’impacter ses propres
performances financières.
75
Au vu du temps qui nous est impartis pour rédiger ce travail, nous allons nous focaliser sur un
secteur potentiel qui est l’atelier production matelas, notre choix est défendu par le volume de
chiffre d’affaires généré par cette section ; 45% du C.A global. L’objectif étant d’identifier les
dysfonctionnements liés à ce secteur et qui sont susceptibles d’impacter ses propres
performances financières.
Dans cette troisième étape, nous nous sommes intéressés par l’inventaire des
dysfonctionnements de l’atelier de fabrication matelas. Afin d’assembler le maximum
d’informations, nous définissons une méthode de repérage des dysfonctionnements par
secteur générateur de chiffre d’affaire (sections productrices de literie) de l’usine. Les
différentes techniques de recueil de données dans le cadre de la recherche des
dysfonctionnements se basent principalement sur les supports suivants :
76
TABLEAU 6 : LISTE DES DYSFONCTIONNEMENTS RECUEILLIS
Il nous semble important de signaler qu’à l’issue de cette analyse, nous constatons que
certains résultats obtenus portent peu de signification à cause de l’indisponibilité de données
structurées, autant que le mode de production n’est pas standardisé dans l’atelier.
Pour chaque dysfonctionnement, on calcule les coûts cachés. Nous présentons les résultats
dans le tableau dans lequel nous déterminons pour chaque dysfonctionnement la fréquence de
mesure, la perte de productivité exprimée en heure (H) que nous avons convertie en pertes
financières (Coûts cachés). Les résultats obtenus sont modifiés par soucis de confidentialité en
préservant une cohésion entre les données financières et non financières utilisées dans nos
calculs.
77
TABLEAU 7 : EVALUATION QUANTITATIVE ET FINANCIÈRE DES COÛTS CACHÉS
Calcul :
250 blocs de mousse recensés sur l’année Valeur du bloc de mousse : 4000 MAD
78
APM02- Non suivi des commandes retournées
Ce dysfonctionnement génère une perte future pour l’entreprise car l’absence d’un système
d’enregistrement et suivi des défauts de fabrication signalés à travers le service clients sur
environ 50 articles chose qui va entrainer la répétition de ces défauts dans le futur et perte des
clients et donc qui dit un produit avec rebut dit aussi coût de préjudice commercial et coût de
réparation ou reproduction de l’article retourné
Calcul :
Ce dysfonctionnement a été observé sur plus de 50 articles. Il émane du fait que le personnel
est polyvalent et que l’entreprise opère une rotation du personnel en interne (emprunte
l’effectif d’un atelier pour combler le manque dans un autre) ainsi que son manque de
motivation et de de concentration.
Calcul :
79
mousse.
A ce niveau en note que le temps moyen (en perte de productivité) estimé suite à la carence de
demande au niveau des output qui s’exprime en 216 heures
Calcul :
Cette inadéquation est observée au niveau de l’atelier découpe d’une fréquence de 5 feuilles
par bloc et se traduit par la formation des bulles d’air à l’intérieur du bloc de mousse ce qui
entraine une perte sur les feuilles de mousse conformes ainsi que des pertes de productivité et
donc plus de coûts
Calcul :
80
commandes fermes chose qui va alourdir la cadence de production augmenter les coûts de
revient et réduire la productivité de l’atelier ainsi que la rentabilité de l’entreprise.
Calcul :
Calcul :
Temps moyen écoulé par jour pour la recherche des articles des commandes erronées = 15
minutes Nombre moyen d’articles concernés par la commande = 10 articles
Les dysfonctionnements suivants n’ont pas été quantifiés par manque d’information :
81
Sur base des deux éléments intégrés dans le cadre du recueil des dysfonctionnements
organisationnels, nous avons relevés des interruptions du travail générées
En somme, tous ces dysfonctionnements APM04, APM07, APM10, APM11, APM12 n’ont
pas été évalués, car ils ne présentent pas une criticité significative et de ce fait, ils ne peuvent
être considérés comme des dysfonctionnements à analyser et à évaluer leurs coûts cachés au
niveau de l’atelier
L’analyse des coûts cachés lié à la sous productivité du processus a révélé une perte
importante des ressources financières de l’entreprise. En effet, cette dernière recèle beaucoup
de coûts cachés, qui affectent considérablement sa performance.
Ainsi, nous avons jugé utile de réaliser un Pareto pour prioriser les dysfonctionnements selon
leurs impacts financiers, en distinguant les 30% des dysfonctionnements qui génèrent 70%
des impacts économiques
82
TABLEAU 9 : ANALYSE PARETO DES COÛTS LIÉS À CHAQUE DYSFONCTIONNEMENT
Au niveau de l’atelier production matelas, les coûts cachés générés par les
dysfonctionnements APM05, APM08, APM09 sont évalués à 1.197.120,00 MAD, cette valeur
représente le manque à gagner le plus élevé environ 75,47% du coût caché global soit 1 586
220,00 MAD. Ensuite, suivent les coûts liés aux dysfonctionnements APM01 APM02 APM03
qui représentent 30% des dysfonctionnements qui génèrent 70% des coûts cachés sont moins
élevés 22.7%. Enfin, les coûts cachés liés au dysfonctionnement APM03 qui est relativement
le plus faible 1.83%.
83
G. Rechercher les causes racines des dysfonctionnements au centre de production
matelas
Pour mener à bien cette tâche, nous avons utilisé le modèle séquentiel causses-effet, initié par
Ishikawa, pour identifier l’ensemble des causses potentiels ou réels qui aboutissent à ce
dysfonctionnement.
L'étude commence par l'observation des faits, bien que ce type d'étude soit difficile vu la taille
de l’unité industrielle (petite à moyenne organisation), forte tradition orale et peu d'écrits.
A cet effet, un inventaire des causes possibles est dressé, pour ce faire, nous avons utilisé la
méthode du brainstorming, l’équipe de travail est multidisciplinaire et suffisamment
représentative (personnel médical et paramédicale), les causes identifiées sont notées et
classées selon les 5M :
Durant cette séance de brainstorming, nous avons défini une chaîne causale en recherchant à
chaque fois le pourquoi de la cause et ensuite le pourquoi du pourquoi. Cette démarche nous a
permis d’affiner l’analyse en abordant en profondeur tous les contours du problème.
Par ce moyen, seules les causes pertinentes (principalement responsables) sont retenues. Le
tableau ci- après illustre les causes retenues durant la séance du brainstorming, conduit par
une représentation graphique du modèle séquentiel causses-effet d’ISHIKAWA.
Sur base de fréquence nous avons pu retirer les causes pertinentes qui ont abouti à ce
dysfonctionnement à savoir :
84
TABLEAU 10 : ANALYSE CAUSE-EFFET DES DYSFONCTIONNEMENTS LIÉS AUX COÛTS CACHÉS
A travers cette étude nous avons établi des méthodes de calcul pour évaluer les coûts cachés
générer par les dysfonctionnements organisationnels.
Dans notre cas, nous avons constaté que pour un chiffre d’affaire réalisé de 48 Millions MAD
durant l’exercice 2019 l’entreprise a perdu 1 586 220,00 MAD au niveau du centre de
production matelas sans se rendre compte, parce que les méthodes de calcul du chiffre
d’affaire ne peuvent malheureusement pas détecter cette catégorie de coûts et nombreuses
sont les entreprises calculant leurs chiffres d’affaire « C.A » sans prise en compte des pertes
dues aux coûts cachés. Il ressort que la réalisation des actions d’améliorations conduira à
diminuer significativement les coûts cachés.
Par voie de conséquence, notre question de recherche (la maîtrise des coûts cachés liés aux
dysfonctionnements des processus organisationnels « DPO » conduit à une amélioration des
performances financières des unités industrielles au Maroc ?) se justifie pleinement à travers
cette étude.
85
CONCLUSION
Le contrôle de gestion socio-économique (CDGSE) présente l’originalité d’être une méthode
globale de contrôle de gestion développée par un laboratoire de recherche, l’ISEOR, au
travers des recherches- interventions menées au sein de 1200 entreprises et organisations de
34 pays différents. La méthodologie vise à mesurer et développer la performance durable des
entreprises et des organisations en conciliant les dimensions économiques et les dimensions
sociales. Elle s’appuie sur la méthode des coûts cachés qui est un exemple plutôt rare de
méthode française de calcul des coûts exportée à l’international.
À la lumière des expériences réalisées dans les organisations, le chercheur doit abandonner le
schéma dans lequel il inscrit généralement ses analyses, largement inspiré par la doctrine
taylorienne. Ces expériences mettent en évidence des ressources considérables d’énergie
potentielle que le type actuel d’organisation ne permet pas de libérer et d’exploiter. Cette
observation nous conduit à rejeter la notion de temps iso productif et à admettre que
l’optimisation des ressources productives humaines implique la reconnaissance, dans les
structures de production, de la diversité des capacités humaines et de leurs réserves
d’intelligence heuristique
Au fil des années, l’application de la théorie des coûts cachés a permis d’obtenir deux
résultats de recherche majeurs qu’avaient pressentis les tenants de l’approche socio-technique,
mais sans en faire une démonstration chiffrée :
La théorie socio-économique a choisi de ne mesurer que les coûts et les performances cachés
86
liés aux dysfonctionnements de l’organisation et pas ceux liés à l’ortho-fonctionnement ou à
la vie sociale de l’organisation. Cela s’explique par le caractère clinique de cette théorie, qui
depuis son origine vise une amélioration des conditions de vie au travail compatible avec la
performance économique. Les coûts performances cachés sont alors les coûts de régulations
de dysfonctionnements, c’est-à-dire les ressources consacrées à la régulation des
dysfonctionnements ou tout simplement perdues du fait des dysfonctionnements.
Dans les pratiques relatives au management des unités industrielles au Maroc, force est de
constater que l’évaluation de ses performances se basent sur le volume de chiffre d’affaires
généré par les activités à caractère industriel. Considérée comme réductrice, cette approche ne
prend pas en considération les coûts cachés générés par les dysfonctionnements des processus
organisationnels. Il est à souligner que ces coûts phagocytent indirectement les ressources
industrielles. Et pourtant, ces coûts ne sont ni identifiés, ni quantifiés, ni intégrés dans la
comptabilité générale et ou analytique de ces établissements.
A la lumière de ces constats, nous avons défini l’objectif de notre travail de fin d’études
s’articulant sur le développement d’un modèle dédié à l’identification, la caractérisation et à
la maîtrise des coûts cachés par l’amélioration continue des processus organisationnels dans le
contexte d’une entreprise industrielle marocaine. Pour y parvenir, nous avons à travers une
revue bibliographique énuméré les concepts gravitant autour de la performance notamment
dans le secteur industriel. Nous avons analysé d’une manière critique les principaux modèles
visant l’évaluation de la performance. A l’issue de cette revue bibliographique, nous avons
défini les bases conceptuelles de notre modèle et nous avons justifié ses différentes étapes.
A travers l’expérimentation de notre modèle dans une entreprise industrielle, nous avons pu
Identifier les secteurs générateurs de produits et créateurs de charges que ça soit des secteurs
producteurs où des secteurs supports, Extraire les secteurs à forte valeur, Repérer, au niveau
de chaque secteur extrait, les dysfonctionnements y afférents, Quantifier les impacts
financiers liés aux dysfonctionnements en calculant les coûts cachés propres à chaque
dysfonctionnement. Ces derniers vont être hiérarchisés selon leurs effets économiques,
Rechercher les causes racines de ces dysfonctionnements puis Elaborer un plan d’action pour
supprimer les causes racines et Suivre l’efficacité des actions par les indicateurs et les
tableaux de bord.
87
fondé sur la théorie et l’analyse socio-économique de l’entreprise, et l’étude de son
implantation durable dans l’entreprise en s’appuyant sur une recherche de terrain. L’hypothèse
centrale développée est que ce modèle tente d’offrir une réponse à la problématique du
pilotage efficace et efficient de la performance sociale à travers l’intégration d’indicateurs
sociaux qualitatifs, quantitatifs et financiers dans les tableaux de bord des managers,
l’implication politique de la direction de l’entreprise, et la décentralisation synchronisée du
contrôle de gestion socio-économique, favorisaient l’implantation durable de ce modèle.
Les résultats de la recherche de terrain nous ont permis de proposer un portefeuille d’actions
dont pourrait bénéficier cette entreprise pour atteindre ses objectifs. Ce faisant, nous avons pu
justifier notre question de recherche sur le fait que la maîtrise des coûts cachés induit une
réelle performance financière et organisationnelle. Nous avons présenté notre portefeuille
d’actions à nos interlocuteurs, afin de le valider et d’en extraire les actions adaptées à leurs
contraintes.
Ces résultats ont permis d’observer également le rôle que pouvait jouer le contrôleur de
gestion dans l’animation d’une fonction contrôle de gestion socio-économique et la
coordination des tableaux de bord de pilotage des managers. L’action du contrôleur de gestion
auprès de manager permet de réduire des difficultés d’implantation du modèle, liées à la
gestion du temps, aux résistances au changement et au manque de formation des managers
L’une des limites du modèle est le manque du temps alloué pour tester sa répétabilité (dans la
même entreprise au niveau des autres centres de production) et sa reproductibilité (dans
d’autres unités industrielles) En perspective, nous continuerons à expérimenter le modèle pour
identifier son exactitude et sa sensibilité
88
existant dans l’entreprise ?
89
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS 4
RÉSUMÉ 5
SOMMAIRE 6
INTRODUCTION GENERALE 7
PROBLÉMATIQUE : 8
BUT DE L'ÉTUDE : 9
90
Chapitre 4 : Étude de cas de l’entreprise Bonbino Confort 62
I- PRÉSENTATION DE L’ENTREPRISE 62
1- HISTOIRE DE L’ENTREPRISE 62
2- Nomenclature et organigramme 65
II- MÉTHODOLOGIE RETENUE POUR L'ÉTUDE 70
1- MÉTHODES DE RECUEIL DES DONNÉES 70
2- TECHNIQUES APPLIQUEES 72
A. Identifier les secteurs 72
B. Extraire les secteurs à forte valeur. 73
C. Repérer les dysfonctionnements par secteurs 73
D. Quantifier et Hiérarchiser les Dysfonctionnements. 74
E. Rechercher les causes racines des dysfonctionnements. 74
F. Elaborer un plan d’action : 75
3- ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS OBTENUS 75
A. Expérimentation du modèle 75
B. Identifier les zones de valeur 75
C. Extraire les secteurs à forte valeur 76
D. Repérage des dysfonctionnements du centre production matelas 77
E. Quantifier les dysfonctionnements au centre de production matelas 79
F. Analyse des coûts 84
G. Rechercher les causes racines des dysfonctionnements au centre de
production matelas 86
CONCLUSION 88
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 94
91
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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