Contexte générale
Conclusion
Contexte générale
L’idée de l’alignement stratégique n’est pas récente, il a pris sa légitimité dans les
approches des théories des organisations. Cette notion trouve ses origines dans la théorie
de la contingence. Cette dernière s’est développée comme critique des apports de l’école
classique des organisations fondées par Taylor, Fayol…, et des apports de l’école des
relations humaines. Elle a remis en cause le principe d’existence d’One Best Way
managérial.
Le principe de base de cette théorie est que chaque situation est différente. C'est-à-dire
que chaque structure organisationnelle est contingente aux dimensions de son
environnement et c’est l’alignement entre la structure et ses différents facteurs de
contingente que permet à l’entreprise d’améliorer sa performance (selon Drazin et Van de
Ven, 1985). Les fondateurs de cette théorie, ont utilisé le mot fit pour désigner la notion
d’alignement, d’intégration et de la cohérence.
Après, La recherche en management stratégique a repris les disciplines de la théorie de la
contingence, et notamment, le concept fit. Les chercheurs dans ce domaine ont essayé
d’appliquer la théorie de la contingence sur les stratégies des organisations.
Venkatraman et Camillus (1984) ont donné quatre arguments pour justifie l’étude du
concept fit dans la recherche en stratégie. Le premier souligne qu’il est naturel que la
recherche en stratégie s’intéresse au concept de fit car elle s’est elle-même construite
autour du principe d’alignement des ressources avec les opportunités et menaces
environnementales. Le deuxième justifie cet emprunt théorique par le fait que la
recherche en stratégie qui se constituait se devait d’emprunter des concepts qui ont fait
leurs preuves dans les champs théoriques voisins. Le troisième argument est construit sur
l’utilisation implicite de la théorie de la contingence à travers le concept de fit dans les
travaux en stratégie suite à l’appel d’Hofer (1975). Enfin, le quatrième et dernier argument
souligne que le concept était déjà à l’époque utilisé par les consultants et les praticiens.
Ces chercheurs suggèrent que le développement de la stratégie de l’entreprise et de son
système d’information doit être cohérent. Ils se basent sur la notion d’alignement
stratégique ou de congruence (« fit ») entre les TIC et leur contexte externe
(environnement) et interne (stratégie, structure) d’adaptation.
A partir les années 90, les chercheurs en Systèmes d’information ont essayé d’élargir le
champ d’application de la théorie de la contingence vers l’étude de la dimension
stratégique de ces systèmes. C’est en 1992, un ensemble de cabinets de conseil en
stratégies SI ont développé le concept d’alignement stratégique du SI.
Ceci se traduit par les travaux de Scott Morton en 1991 et d’Henderson et Venkatraman en
1993 à travers les deux modèles : MIT’90 et SAM.
A partir de ce qui précède, on peut conclure que l’alignement stratégique est un produit de
la pensée des sciences de gestion.
1. Présentation du modèle :
Plusieurs modèles ont été conceptualisés pour assurer l’alignement stratégique des SI dans
les organisations. Parmi ces modèles, celle de Henderson et Venkatraman(1993) est le plus
célèbre, le plus étudier par les chercheurs et les praticiens, et le plus appliquer. Il demeure
par la suite un modèle de référence. Il est structuré en deux dimensions : « business » et
« IT ». Ces deux dimensions sont aussi subdivisés en deux niveaux : « externe » et
« interne ». Ce modèle permet de fournir des éléments qui aident à formaliser et
structurer la notion d’alignement stratégique à savoir :
- Des composants pour structurer et formaliser les dimensions à aligner et
- des séquences d’alignement construites à partir de briques conceptuelles (ajustement
stratégique et intégration fonctionnelle) d’alignement et permettant de détailler la nature
des liens entre ces domaines
Ce modèle s’intéresse a la mise en cohérence et l’intégration des quatre domaines des
organisations identifiés par ces auteurs pour faire du système d’information un atout pour
l’entreprise à savoir : la stratégie d’affaire, la stratégie SI, processus et infrastructure
d’affaires, processus et infrastructure SI.
La dimension « Business »
La dimension « Business » est composé de deux niveaux :
Au niveau externe on trouve la stratégie d’affaires. Elle est définie comme les choix d’une
organisation au regard de son positionnement sur un marché. C’est là que sont identifiées
les orientations de long terme relatives aux produits et services offerts, les compétences
stratégiques distinctives de l’entreprise qui sont la source de son avantage concurrentiel,
et les décisions stratégiques.
Au niveau interne on trouve les processus et infrastructures d’affaires. Ils concernent la
structure administrative et les processus de gestion de l’entreprise.
La dimension « TI » :
Au niveau externe, on trouve la stratégie TI. Elle concerne le périmètre technologique, les
compétences technologiques distinctives et les alliances technologiques stratégiques
(gouvernance technologique). Elle est le lieu de définition des grands choix
technologiques, des fonctionnalités critiques du SI ainsi que des règles de pilotage.
Au niveau interne, on trouve les processus et infrastructures TI. Ils concernent
l'architecture technique des SI, les processus de conception, évolution, surveillance et
maintenance des SI ainsi que la gestion des connaissances et compétences technologiques.
a. L’exécution de la stratégie
Cette séquence d'alignement est, peut-être, la séquence la plus courante et la plus
largement utilisée car elle correspond à la vision classique et hiérarchique de
l’alignement stratégique. Dans cette séquence les trois domaines impliqués sont : la
stratégie concurrentielle, la structure organisationnelle et processus ainsi que
l’infrastructure technologique et les processus des SI. Ici, la stratégie concurrentielle
est mise en œuvre à travers la re-conception de la structure organisationnelle et
processus (ajustement stratégique). Cette structure organisationnelle est dérivée, par
une intégration fonctionnelle, en infrastructure technologique et processus du SI (à
travers, par exemple, la configuration de l’architecture du système informatique
appropriée). Par exemple, une entreprise formule une nouvelle stratégie
concurrentielle qui consiste à ouvrir des nouveaux magasins pour vendre ses produits
dans des villes où elle n’était pas présente auparavant. Cela va impliquer la
restructuration des processus d’approvisionnement des produits afin de répondre aux
besoins générés par les nouveaux magasins ainsi que la modification de la structure
administrative de l’organisation liée, entre autres, à l’embauche de nouveaux
responsables de magasins. Dans ce cadre, l’adaptation des niveaux interne des TI, par
la modification de l’architecture du système informatique, peut être nécessaire afin
supporter les nouveaux processus et la nouvelle structure administrative.
b. La transformation technologique
Contrairement à la séquence 1, celle-ci n'est pas contrainte par la conception de la
structure et des processus de l’organisation, mais, cherche à identifier les meilleures
compétences des TI. Dans cette séquence les trois domaines impliqués sont : la
stratégie concurrentielle, la stratégie des TI et l’infrastructure technologique et
processus du SI. Celle-ci cherche à évaluer la mise en oeuvre de la stratégie
concurrentielle à travers la stratégie des TI appropriée (ajustement stratégique) et son
articulation à travers l'infrastructure technologique et les processus du SI (intégration
fonctionnelle) correspondants. Par exemple, une entreprise du secteur manufacturier,
dans le cadre de sa nouvelle stratégie concurrentielle centrée livraison rapide de
commandes, décide de mettre en place un nouveau système de création de
commandes sur internet permettant l’identification des clients et le payement en
ligne. Afin d’explorer les TI disponibles sur le marché ou d’en développer de nouvelles
(si nécessaire) pour la conception de ce système, l’entreprise décide de mettre en
place un partenariat avec un éditeur de logiciel. Ainsi, la mise en place de cette
stratégie des TI implique la définition du périmètre des TI, les plus appropriées pour le
projet, et des compétences technologiques associées ainsi que le choix de ses
partenaires technologiques. Enfin, afin d’exécuter cette stratégie des TI, l’entreprise et
son partenaire technologique définissent le planning de développement du système et
les changements nécessaires au niveau de l’architecture technique du SI existante
pour permettre l’intégration du système de commandes.
c. Potentiel compétitif
Dans cette séquence les trois domaines impliqués sont : la stratégie des TI, la stratégie
concurrentielle et la structure organisationnelle et processus. Cette séquence
d'alignement assure, dans un premier temps, une intégration stratégique entre la
stratégie des TI et la stratégie concurrentielle. Celle-ci est réalisée par l'exploitation des
possibilités des TI émergentes pour la conception de nouveaux produits et services
(périmètre du Business), pour influencer les principaux attributs de la stratégie
concurrentielle (compétences distinctives du Business), et pour développer de
nouvelles formes de relations et de partenariat (gouvernance du Business). Ensuite,
cette nouvelle stratégie concurrentielle est implémentée par la re-conception de la
structure organisationnelle et des processus (ajustement stratégique) correspondants.
Ainsi, par exemple, une entreprise ayant formulé une stratégie des TI consistant à
choisir de nouvelles TI permettant de nouveaux échanges informationnels avec ses
partenaires, pourrait développer de nouvelles formes de partenariats. Ces partenariats
modifient la stratégie concurrentielle, la structure organisationnelle et les processus
doivent évoluer en cohérences avec ces changements.
Plusieurs travaux ont justifié l’apport de l’alignement stratégique pour les organisations. L'enjeu
fondamental de l'alignement stratégique est de faire du système d'information un atout au service
de la stratégie de l'entreprise.
Plusieurs travaux de recherche ont analysé l’impact de l’alignement stratégique des SI sur la
performance. Parmi ces travaux, celle de Chadia Karoui en 2012. Cet auteur a considéré l’alignement
des technologies de l’information comme déterminant de la performance des entreprises. Il a mené
une analyse sur l’impact de l’alignement sur les entreprises tunisiennes.
A travers cette recherche, l’auteur a démonté qu’il existe un lien étroit entre l’alignement des TIC et
la performance. Les analyses statistiques ont montré le rôle déterminant des facteurs stratégiques
dans l’amélioration de la performance des entreprises.
Un autre travail de François Bergeron, Louis Raymond, et Suzanne Rivard ont tenté
d'opérationnaliser le concept d'alignement stratégique et de démontrer l'influence de ce processus
managérial complexe sur la performance de l'organisation. Les deux auteurs ont conclu que Le
coalignement de la stratégie d'affaires, de la structure organisationnelle, de la stratégie TI et de la
structure TI est positivement relié à la performance d'affaires.
Le tableau suivant présente un ensemble d’études qui ont montré la relation de l’alignement
stratégique avec la performance des entreprises :
Conclusion
L’objectif de ce travail est d’appréhender la notion de l’alignement stratégique et de
présenter comment peut on faire un tel alignement à l’aide d’un célèbre modèle (Strategic
Alignment Model).
Bibliographie
Articles de bases :
Alexandre Renaud. Traduire pour aligner : une analyse par les pratiques de la
conduite de projets de reconfigurations de systèmes d’information. Gestion et
management. Université Paris Dauphine -Paris IX, 2012. Français. <NNT :
2012PA090069>. <tel-00956585>
Autres références ;