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Réanimation 2002 ; 11 : 486-92

© 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés


S1624069302002840/SSU

MISE AU POINT

Prise en charge initiale d’un patient polytraumatisé


aux urgences

C. Savry1*, L. Dy2, P. Quinio2


1
Samu 29, unité de déchocage, CHU la Cavale Blanche, boulevard Tanguy-Prigent, 29609 Brest cedex, France;
2
réanimation chirurgicale, CHU, 5, avenue Foch, 29200 Brest, France

(Reçu le 29 juin 2002 ; accepté le 19 juillet 2002)

Résumé
La prise en charge initiale du patient polytraumatisé est axée sur le dépistage et le traitement précoce d’une hémorragie
et de ses conséquences. Il n’y a pas de place pour l’improvisation et l’expérience de l’équipe a une incidence
pronostique. La concentration des moyens dans des structures spécialisées (trauma centers) répond à cette qualité de
prestation mais leur éloignement potentiel du lieu initial de l’accident, dans une pathologie où le facteur temps est
essentiel, donne aux hôpitaux de proximité un rôle déterminant dans la prise en charge initiale. En effet, tout retard peut
avoir une incidence pronostique péjorative immédiate mais aussi retardée par le biais de l’hypoperfusion tissulaire : ceci
justifie une réanimation symptomatique précoce dès la phase préhospitalière et une stratégie chirurgicale initiale
restrictive limitée au contrôle de l’hémorragie. Le cathétérisme artériel pour mesure continue de la pression artérielle est
l’élément central du monitorage. Un bilan radiologique initial simple au lit du malade permet de prendre des décisions
thérapeutiques urgentes adaptées ce qui lui confère une place de choix en amont du bilan exhaustif secondaire en
radiologie. L’échocardiographie et le Doppler transcrânien sont des techniques non invasives prometteuses dans
l’évaluation et le monitorage initial de ces malades. © 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS

choc hémorragique / évaluation initiale / traumatisme grave / urgence

Summary – Initial management of severe trauma patients at the emergency room.


The initial management of severe trauma patients is based on the search and early treatment of an hemorrhage and its
consequences. There is no room for improvising and extensive team experience gathered in trauma centers improves
outcome. But their potential distance from the accident scene in a pathology where time is essential gives a key role to
the nearest hospitals in the initial management. Indeed any delay can have short and long term pejorative consequences
because of tissular hypoperfusion which justifies advanced life-support procedures in prehospital setting and damage
control surgical approach. Arterial catheterization for continuous measurement of arterial pressure is the cornerstone of
monitoring. A simple and rapid initial imaging assessment at bedside enables appropriate emergency decisions before
further imaging assessment is performed. Echocardiography and transcranial Doppler ultrasounds are non invasive
promising techniques for initial assessment and monitoring of severe trauma patients. © 2002 Éditions scientifiques
et médicales Elsevier SAS

hemorrhagic shock / initial management / severe trauma / emergency

*Correspondance et tirés à part.


Adresse e-mail : christophe.savry@wanadoo.fr (C. Savry).
Polytraumatisme à la phase initiale 487

La mortalité hospitalière du patient polytraumatisé sur- Tableau I. Conduite à tenir devant un patient polytraumatisé aux
vient essentiellement au cours des premières heures [1], Urgences.
d’où l’importance d’une prise en charge rapide préhos- Les 30 premières minutes : premiers soins et bilan en salle de
pitalière et aux Urgences. Elle est essentiellement liée à déchoquage :
- maintien du collier cervical rigide
une atteinte cérébrale et/ou une hémorragie. Elle néces-
- monitorage scopique (FC, PAM non invasive, SpO2, PetCO2) et
site un plateau technique complet disponible 24 h/ de la température
24 h, capable de dépister et de faire face à la nécessité - contrôle des voies aériennes (intubation, ventilation), optimisa-
d’une hémostase chirurgicale et/ou radiologique inter- tion des voies veineuses
ventionnelle en urgence. Une équipe rodée, bien coor- - cathétérisme de l’artère radiale ou fémorale → surveillance conti-
donnée, multidisciplinaire est indispensable et permet nue de la pression artérielle
- biologie en urgence
d’améliorer le pronostic [2]. Le facteur temps est central - bilan radiologique initial systématique (sur brancard) :
dans la prise en charge tant au plan du monitorage - radiographie du thorax de face (→ nécessité de drainage ? thora-
initial que dans le choix raisonné des investigations cotomie ?)
complémentaires. Ce bilan doit s’effectuer sans inter- - échographie abdominale (→ épanchement
rompre la continuité de la réanimation. péritonéal ? → laparotomie ?)
- radiographie du bassin de face (→ fracture
grave ? → angiographie ? embolisation ?)
ORIENTATION ET ACCUEIL - radiographie du rachis cervical de profil incluant C7/D1
± échographie cardiaque (traumatisme thoracique avec instabilité
hémodynamique)
La définition classique du polytraumatisé est un blessé ± Doppler transcrânien
porteur de deux lésions traumatiques ou plus dont une - TDM encéphalique sans injection si traumatisme crânien avec
au moins met en jeu le pronostic vital. Le diagnostic signe de localisation clinique.
étant rétrospectif, toute victime d’une situation trau- Malade stabilisé : bilan lésionnel :
matique susceptible de mettre en jeu le pronostic vital - Bilan TDM : (selon signes d’appel)
est un polytraumatisé jusqu’à preuve du contraire. D’où encéphalique sans injection
l’importance de ne pas s’arrêter aux seules conséquences thorax, abdomen, pelvis, après injection : en un temps : TDM
physiologiques immédiates visibles du traumatisme spiralée
rachis ± topogramme osseux
mais aussi de connaître le mécanisme lésionnel et la - Bilan radiographique osseux : rachis complet systématique (poly-
violence du traumatisme [3] pour décider d’orienter en traumatisé inconscient) + bilan radiographique orienté selon la cli-
salle de déchocage ces blessés dont la symptomatologie nique
initiale peut être parfois frustre. - ECG
Une concertation avec le Samu qui a engagé une
équipe de réanimation préhospitalière est très impor-
tante pour préparer l’accueil en salle de déchocage et pression artérielle doit rapidement être envisagée. C’est
mettre en alerte opérationnelle les différents interve- un élément central du monitorage qui permet une
nants (réanimateur, urgentiste, radiologue, chirurgien, surveillance continue de la pression artérielle et facilite
centre de transfusion…). À l’arrivée du blessé, deux les prélèvements biologiques. Par ailleurs, l’analyse des
situations sont possibles : il existe une insuffisance cir- variations de la pression artérielle liées à la ventilation
culatoire aiguë rebelle à la réanimation préhospitalière mécanique permet une estimation fiable des besoins
dans le cadre d’un traumatisme ouvert avec identifica- volémiques chez le patient en rythme sinusal, intubé et
tion de l’origine de l’hémorragie (cas rare), cela justifie ventilé [4]. Cet indice dynamique tenant compte non
une hémostase chirurgicale immédiate afin de lever seulement du volume circulant mais aussi des contrain-
l’hypothèque vitale ; dans tous les autres cas, une éva- tes liées à la ventilation mécanique a montré son intérêt
luation préalable en salle de déchocage est requise. pour estimer le remplissage dans des situations d’hypo-
volémie vraie [5].
MONITORAGE INITIAL Le monitorage continu de la pression télé-expiratoire
en CO2 par capnographie est indispensable à la phase
Il nécessite des techniques non opérateur dépendantes, initiale chez le patient polytraumatisé en ventilation
les moins invasives possibles et dont la mesure puisse mécanique. Sous réserve de l’absence de modifications
être obtenue facilement et rapidement (tableau I). C’est de l’état respiratoire, c’est aussi une méthode non inva-
le monitorage hémodynamique précoce qui passe par sive de monitorage indirect des modifications aiguës du
une surveillance de la fréquence cardiaque (FC), de la débit cardiaque [6]. Son intérêt a été démontré au cours
pression artérielle moyenne (PAM) non invasive et de de l’arrêt cardiorespiratoire chez l’homme [6] et dans
l’oxymétrie de pouls. La mise en place d’un cathéter des modèles animaux de choc hémorragique [7]. Sa
artériel (radial ou fémoral) pour mesure continue de la facilité de mise en œuvre en fait un outil complémen-
488 C. Savry et al.

taire possible dans l’évaluation hémodynamique ini- neurologique qui impose un contrôle des voies aérien-
tiale du polytraumatisé en état de choc. Enfin, la prise nes (donc de la capnie) lorsque le score de Glasgow
de la température est un élément incontournable étant (GCS) inférieur ou égal à 8 et un soutien de la pression
donné la valeur pronostique péjorative de l’hypother- artérielle afin de prévenir la survenue de lésions cérébra-
mie chez le polytraumatisé [8]. les secondaires d’origine systémique [13]. Enfin, la
L’ensemble de ce monitorage se fait parallèlement au suspicion d’un traumatisme du rachis rend obligatoire
traitement symptomatique des détresses vitales. le port d’un collier cervical rigide chez toute victime
suspecte de polytraumatisme jusqu’à preuve radiologi-
TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE DES DÉTRESSES que du contraire.
VITALES
BILAN BIOLOGIQUE INITIAL
La mise en place rapide de deux cathéters courts et de
gros calibre (16 ou 14 Gauge) dans le réseau périphéri- Il se limite aux examens requis en vue d’une transfusion
que est systématique. En cas d’échec, la voie veineuse chez le sujet en instabilité hémodynamique : hémo-
fémorale est la plus sûre. Le traitement de la détresse gramme, groupe sanguin, rhésus, recherche d’aggluti-
circulatoire implique un remplissage vasculaire. Le choix nines irrégulières, hémostase (numération des
entre cristalloïdes et colloïdes de synthèse n’est pas plaquettes, taux de prothrombine, fibrinogène). Les
tranché. Deux méta-analyses sur des études comparati- délais d’obtention des résultats de l’hémogramme ren-
ves randomisées ne montrent pas d’effet favorable en dent intéressants le dosage extemporané de l’hémoglo-
terme de gain de mortalité pour l’un ou l’autre type de bine (HemoCuet) ou de l’hématocrite (microméthode)
soluté voire même une surmortalité dans le sous groupe pour décider rapidement de l’indication d’une transfu-
des traumatisés avec l’utilisation des colloïdes [9, 10]. sion. Il est possible de transfuser du sang de groupe O
Mais l’hétérogénéité méthodologique des études ne rhésus négatif en l’absence de groupage. Il en est de
permet pas de conclure et rend nécessaires de nouveaux même pour l’hémostase où, mis à part la numération
essais contrôlés. L’utilisation rationnelle passe par des plaquettes, les délais d’obtention des facteurs de
l’administration du soluté à une dose correspondant à coagulation sont encore plus longs, mais peuvent être
son espace de diffusion. La perfusion de volumes impor- raccourcis par l’utilisation de tests diagnostiques instan-
tants participe à la survenue d’une hypothermie qui tanés [14].
peut être prévenue efficacement par l’utilisation d’un La gazométrie artérielle a un intérêt pour apprécier
réchauffeur. l’hématose et adapter la ventilation mécanique.
Le mélange sérum salé hypertonique (SSH) associé à L’importance de l’acidose métabolique initiale a une
un dextran (Rescueflowt) est un soluté intéressant pour valeur pronostique chez le polytraumatisé [15]. Le
ses effets d’expansion du volume plasmatique et ses dosage des lactates artériels permet d’apprécier le degré
propriétés veinoconstrictrices ainsi que sur la contrac- d’hypoxie tissulaire et a un intérêt pronostique [16, 17].
tilité myocardique. L’hypernatrémie qu’il induit en Le ionogramme sanguin, le dosage de la myoglobine
limite la posologie (4 mL.kg–1 non renouvelable) mais et de la créatine phosphokinase (CPK) permettent de
permet un remplissage vasculaire avec de faibles volu- quantifier l’importance des lésions musculaires et
mes. Comparé à l’utilisation de solutions isotoniques, il d’entreprendre précocement le traitement des consé-
n’améliore pas significativement la mortalité du poly- quences d’une éventuelle rhabdomyolyse. Si l’isoen-
traumatisé en état de choc hémorragique [11]. Il n’y a zyme MB des CPK peut s’élever en cas d’atteinte du
pas d’étude disponible comparant SSH et colloïdes. muscle squelettique, la spécificité cardiaque de la tro-
L’utilisation associée de catécholamines en phase ini- ponine I circulante en font le marqueur à utiliser dans
tiale peut aider à corriger une hypotension délétère la recherche d’une contusion myocardique [18].
notamment en cas de traumatisme crânien associé [12].
La stratégie transfusionnelle est précisée ailleurs. Des
mesures thérapeutiques symptomatiques non médica- STRATÉGIE DU BILAN RADIOLOGIQUE À LA PHASE
menteuses doivent être associées autant que possible : INITIALE
gestes d’hémostase sur des hémorragies extériorisées,
utilisation d’un pantalon antichoc pour les victimes en Dans le cas d’un traumatisme crânien avec signe clini-
état de choc hémorragique rebelle d’origine sous- que d’engagement cérébral, la pratique d’emblée d’une
diaphragmatique. tomodensitométrie (TDM) encéphalique sans injec-
La prise en charge de la détresse respiratoire passe par tion de produit de contraste est indiscutable pour éli-
une intubation trachéale avec ventilation contrôlée miner un hématome extradural pouvant nécessiter un
d’indication large. Il en est de même pour la détresse geste chirurgical immédiat.
Polytraumatisme à la phase initiale 489

En dehors de cette situation, le perfectionnement des bilan lésionnel primaire, pratiquer une thérapeutique
techniques d’imagerie médicale pose la question de la urgente avant un transfert vers une structure de réfé-
nature du bilan initial du polytraumatisé. Le choix rence. La radiographie du rachis cervical de profil peut
existe aujourd’hui entre la pratique d’un bilan lésionnel être avantageusement associée dans ce bilan initial bien
primaire standard préalable « au lit du malade » (com- que la visualisation de la charnière C7/D1 s’avère régu-
prenant une radiographie du rachis cervical de profil, lièrement difficile ce qui impose le maintien du collier
une radiographie du thorax de face, une radiographie cervical rigide jusqu’au contrôle TDM de la charnière.
du bassin de face et une échographie abdominale) avant L’échographie abdominale bénéficie d’un protocole
un examen TDM ou d’effectuer d’emblée une TDM rapide adapté à la traumatologie (FAST : Focused Asses-
spiralée « corps entier ». sment with Sonography for Trauma [21]) dont l’appren-
tissage est à la portée de médecins non radiologues [22].
Bilan standard au lit du malade Il s’agit d’un examen ciblé, standardisé, de plusieurs
régions anatomiques abdominales à la seule recherche
Le principe du bilan standard vise à détecter rapide- d’un épanchement intrapéritonéal. Ses sensibilité et
ment (en moins de 30 minutes) des lésions en général spécificité diagnostiques dans la détection d’un épan-
de nature hémorragique mettant en jeu le pronostic chement péritonéal sont comparable à la TDM ou la
vital et justifiant d’un traitement immédiat (tableau I). ponction lavage du péritoine [23]. Il permet de poser
Il présente l’avantage de pouvoir se faire pendant le l’indication de laparotomie avec une grande fiabilité
temps incompressible de la mise en condition dès l’arri- [24]. Certains travaux ont montré que l’échographie
vée en salle de déchocage et donc en préservant une abdominale permet de diminuer le recours à la TDM
continuité dans les soins de réanimation. Une étude [25]. Cependant, cela expose à une sous évaluation de
récente [19] a évalué l’intérêt de la pratique d’un bilan lésions traumatiques potentiellement hémorragiques
radiologique standard (radiographie pulmonaire, radio- des organes pleins [26]. Le recours secondaire à la
graphie du bassin et échographie abdominale) au lit du TDM pour l’analyse des lésions traumatiques des orga-
malade dans la décision de mesures thérapeutiques nes pleins est donc nécessaire.
urgentes. Ce travail monocentrique sur une population
de 400 patients adultes victimes d’un traumatisme Tomodensitométrie spiralée
fermé sévère montre qu’il existe une excellente adéqua-
tion entre le bilan radiologique standard et la décision La TDM spiralée est un moyen d’évaluation rapide du
thérapeutique prise en urgence (tableau II). Il montre polytraumatisé qui dépiste avec une grande précision
aussi que certaines variables cliniques (fréquence des lésions invisibles au cours du bilan standard [27,
cardiaque > 105 b.min–1, pression artérielle systolique 28]. La technologie permet d’effectuer très rapidement
(PAS) < 105 mmHg, GCS < 13) sont significativement (quelques minutes) en un passage et après une seule
associées à la nécessité d’un traitement urgent. Cepen- injection de produit de contraste un scanner combiné
dant cette relation n’est pas constante puisque 17 corps entier thoracoabdominopelvien [27]. Cette
(16 %) des patients ayant eu un traitement urgent séquence doit être précédée par des coupes TDM
n’avaient aucun des signes critères cliniques, hémody- encéphaliques sans injection de produit de contraste en
namiques et neurologiques. Même s’il se base sur un cas de traumatisme crânien associé. La TDM spiralée
« interventionisme » chirurgical loin d’être indiscutable est un outil diagnostique fiable adapté à la détection de
[20], ce travail montre que le bilan radiologique initial la plupart des lésions traumatiques [27] y compris celles
au lit du malade permet de prendre de bonnes décisions de l’isthme aortique pour laquelle la valeur prédictive
thérapeutiques. Cela peut avoir une incidence sur cer- négative des données TDM est de 100 % [27, 29]. La
tains centres hospitaliers qui ne disposent pas d’un TDM spiralée a montré son intérêt diagnostique en
plateau technique suffisant ou de ressources humaines première intention chez le patient hémodynamique-
adéquates et qui peuvent, sur la base des résultats de ce ment stable [30]. Chez le patient instable, l’examen est

Tableau II. Bilan radiologique standard et décision thérapeutique urgente (d’après [19]).
Traitement urgent Thérapeutique appropriée Abstention thérapeutique appropriée
Radiographie pulmonaire 78 (19 %)a 78 (100 %) 320 (99 %)
Radiographie de bassin 8 (2 %)b 5 (62 %) 392 (100 %)
Échographie abdominale 48 (12 %)c 47 (98 %) 360 (99 %)
Les traitements urgents étaient : a un drainage thoracique et/ou une thoracotomie d’hémostase ; b une artériographie des artères hypogastri-
ques avec embolisation, c une laparotomie exploratrice.
490 C. Savry et al.

théoriquement possible étant donné la rapidité d’acqui- indispensable dans l’évaluation du traumatisé du tho-
sition, mais le temps incompressible de préparation, la rax. En outre, les anomalies ECG ont aussi une valeur
mobilisation du patient et la perturbation du cours de la prédictive dans la survenue de complications cardiovas-
réanimation en font une pratique à risque qui reste à culaires précoces, en particulier des arythmies.
évaluer.
Doppler transcrânien
Place de l’échocardiographie
L’effet Doppler permet une estimation non invasive des
Il s’agit d’une technique non invasive disponible au lit flux sanguins qui trouve un intérêt naissant en neuro-
du malade qui présente un grand intérêt tant au plan traumatologie. Le Doppler transcrânien est prometteur
diagnostique des lésions myocardiques, péricardiques pour dépister précocement et rapidement les situations
et thoraciques qu’en terme de monitorage hémodyna- de bas débit sanguin cérébral susceptibles de bénéficier
mique. Au plan diagnostic, il s’agit d’une technique de thérapeutique symptomatique préventive [33].
alternative à la TDM pour l’exploration des lésions du
traumatisé thoracique. L’échocardiographie transtho-
PRINCIPES THÉRAPEUTIQUES INITIAUX
racique (ETT) a une valeur diagnostique supérieure à
celle de la radiographie du thorax pour le dépistage des
hémothorax (sensibilité : 96,2 %, spécificité : 100 %) La mortalité post-traumatique a une répartition trimo-
[31] Elle permet une détection fiable des épanchements dale [34] comprenant :
péricardiques. Si la pratique de l’ETT dans la détection – une mortalité préhospitalière attribuée à des lésions
des épanchements pleuraux et péricardique peut s’ins- léthales d’emblée ;
crire comme une extension du protocole FAST de – une mortalité hospitalière précoce (48 heures et sur-
détection des épanchements intrapéritonéaux, il n’en tout avant la quatrième heure) liée essentiellement à
est pas de même pour la pratique de l’échocardiogra- une atteinte cérébrale et/ou une hémorragie ;
phie transœsophagienne (ETO) qui nécessite un opé- – une mortalité tardive par défaillance multiviscérale,
rateur expérimenté. Plusieurs études ont montré en rapport à des phénomènes infectieux et inflamma-
l’intérêt de l’ETO dans la détection des lésions trauma- toires non spécifiques.
tiques de l’aorte thoracique : l’une [32] montre un léger L’hémorragie a ainsi des conséquences précoces en
avantage par rapport aux techniques d’angiographie, terme hémodynamique [34], mais elle influence aussi
dans la détection de lésions mineures dont l’implication l’évolution ultérieure du polytraumatisé par les consé-
clinique reste à déterminer. L’ETO est aussi utile à la quences inflammatoires, immunitaires liées à une hypo-
détection des contusions myocardiques et permet d’en perfusion [15, 17] ainsi qu’à la survenue de lésions
gérer les conséquences hémodynamiques. ischémiques cérébrales secondaires en cas de trauma-
Aussi, l’autre intérêt majeur de l’échocardiographie tisme crânien associé [12]. C’est dire l’importance de la
est de l’ordre du monitorage : le recueil d’indices précocité du traitement du choc hémorragique. Si les
d’hémodynamiques permet de guider la réanimation lésions neurologiques centrales sont rarement accessi-
cardiovasculaire : remplissage vasculaire, utilisation bles à un traitement étiologique, l’hémorragie et son
d’amines pressives. La limite essentielle de l’ETO est le cortège de signes associés (insuffisance circulatoire aiguë,
caractère opérateur dépendant. Sa place dans la prise en hypocoagulabilité, hypothermie) représentent ainsi le
charge initiale des polytraumatisés reste donc à évaluer déterminant précoce essentiel du pronostic accessible à
par rapport à la TDM spiralée. En cas de traumatisme la thérapeutique, déterminant sur lequel doit être axé la
thoracique décompensé, difficile à transporter, elle prise en charge initiale.
représente une alternative diagnostique de premier choix
permettant d’effectuer une évaluation fiable au lit du Quels objectifs thérapeutiques ?
malade.
La réanimation symptomatique (cf. infra) est pratiquée
Électrocardiogramme (ECG) sans discontinuité depuis la phase préhospitalière
jusqu’au contrôle de l’hémorragie. Se pose alors la
Il garde son intérêt dans le diagnostic de la contusion question des buts à atteindre qui ne sont toujours pas
myocardique. Les décalages du segment ST ont la définis avec certitude. La correction symptomatique du
meilleure valeur diagnostique. Malgré une faible sensi- choc hémorragique est une question de dosage entre
bilité (58 %), l’ECG a une spécificité (76 %) et une « le trop peu » exposant à une hypoperfusion délétère et
valeur prédictive négative (90 %) élevées dans le dia- l’excès inverse pouvant aggraver l’hémorragie, générer
gnostic d’une contusion myocardique ce qui le rend des troubles de l’hémostase et compliquer la prise en
Polytraumatisme à la phase initiale 491

charge. Des données cliniques et biologiques peuvent mente le risque d’hypothermie et d’hypoperfusion sus-
aider à la décision. ceptibles d’entretenir des troubles hémorragiques
Une hypotension (PAS < 90 mmHg) est délétère en postopératoires et de menacer le pronostic vital. La
présence d’un traumatisme crânien [12] et rend compte limitation du geste chirurgical initial permet ainsi une
de l’intérêt pronostique du maintien d’une amélioration du pronostic [40]. Ainsi il faut savoir
PAM > 85 mmHg dans le contexte d’une atteinte du limiter la prise en charge chirurgicale initiale à l’essen-
système nerveux central [35]. En dehors de ces situa- tiel et éviter, par exemple, une chirurgie fonctionnelle
tions, il n’y a pas de valeur seuil clairement définie des orthopédique, éventuellement longue, hémorragique
paramètres hémodynamiques qui dépendent des condi- en elle-même et non extrême urgente. Par ailleurs, pour
tions physiologiques sous-jacentes, en particulier de des raisons de préservation du potentiel immunitaire,
l’âge [36]. La « surcorrection » des troubles hémodyna- l’abstention chirurgicale devant un traumatisme spléni-
miques n’améliore pas le pronostic des traumatisés gra- que est de plus en plus pratiquée avec d’excellents
ves [36]. En revanche, la présence d’une hypoperfusion résultats [20].
tissulaire précoce révélée par une acidose métabolique
Radiologie interventionnelle
ou une hyperlactatémie (> 2,5 mmol.L–1) a une valeur
Toute hémorragie n’est pas accessible à la chirurgie et
péjorative [16, 17]. La correction précoce (avant la
rend indispensable la disponibilité de la radiologie inter-
24e h) des troubles métaboliques améliore la mortalité
ventionnelle au sein du plateau technique. Ces techni-
[16].
ques concernent essentiellement les traumatismes du
La valeur minimale de l’hémoglobine est aussi discu-
bassin où une hémorragie peut être contrôlée efficace-
tée. Une étude en milieu de réanimation hors trauma-
ment par l’embolisation sélective de branches de l’artère
tologie a démontré l’intérêt d’une attitude
hypogastrique. D’autres exemples existent lors de trau-
transfusionnelle plutôt restrictive (objectif : taux
matismes hépatiques voire bronchiques où elle peut
d’hémoglobine : 7 g.dL–1) chez les patients n’ayant pas
s’intégrer dans des stratégies d’épargne chirurgicale.
d’insuffisance coronarienne [37]. Ces données ne sont
pas extrapolables au polytraumatisé en état de choc
CONCLUSION
hémorragique, dans le sens ou le profil évolutif d’une
hémorragie active nécessite d’anticiper les besoins. Les
La prise en charge initiale du patient polytraumatisé est
auteurs ont d’ailleurs exclu de leur évaluation les patients
axée sur le dépistage et le traitement précoce d’une
de réanimation en hémorragie active [37].
hémorragie et de ses conséquences ce qui justifie une
Enfin, il faut prendre en charge l’hypothermie qui est
réanimation débutant dès la phase préhospitalière. La
un facteur de mauvais pronostic chez le polytraumatisé
concentration de moyens dans des centres de trauma-
[8]. Cette notion diffère des traumatismes crâniens purs
tologie répond à une qualité de prestation qui a une
pour lesquels il a été démontré que l’hypothermie pou-
incidence pronostique. Cependant, leur éloignement
vait diminuer les réponses métaboliques délétères et
potentiel des lieux de l’accident donne aux hôpitaux de
améliorer le pronostic [38]. En revanche, en présence
proximité un rôle déterminant dans la prise en charge
d’un polytraumatisé à la phase initiale, le problème
initiale. En effet, tout retard peut avoir une incidence
essentiel est l’hémorragie vis à vis de laquelle l’hypother-
pronostique péjorative immédiate mais aussi retardée
mie est péjorative par l’induction de troubles de l’hémos-
par le biais de l’hypoperfusion. Un bilan radiologique
tase mais aussi par l’altération des fonctions cardiaques
initial simple au lit du malade permet de prendre des
et hépatocellulaires qu’elle induit [39].
décisions thérapeutiques urgentes adaptées ce qui lui
confère une place de choix en amont du bilan exhaustif
Contrôle de l’hémorragie indispensable mais plus consommateur de temps.
Chirurgie
La condition sine qua non du traitement du choc hémor- RÉFÉRENCES
ragique est le contrôle de l’hémorragie. De nombreuses
études ont montré l’intérêt d’une stratégie chirurgicale 1 Heckbert SR, Vedder NB, Hoffman W, Winn RK, Hud-
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