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MINISTÈRE
LES CAHIERS DU RETEX
DE LA DÉFENSE
Armée
de Terre N° 1
BEYROUTH : mission de Paix
La 31ème Brigade – juin à septembre 1983,
En septembre 1982, le gouvernement libanais entend rétablir la sécurité à Beyrouth, mais renonce à faire
appel à une force des Nations unies. Il opte pour une force multinationale, la FMSB (Force
multinationale de Sécurité à Beyrouth). Les premiers Français débarquent à Beyrouth le 24 septembre,
suivi le 25 des Américains et le 26 des Italiens. Jusqu’au début du mois de mai 1983, les incidents
demeurent limités tandis que les contingents français se succèdent (11ème DP, 9ème DIMa, 31ème
Brigade), mais la tension reste vive. Fin août la FMSB, devenue une cible, est contrainte de reconsidérer
son attitude. Le général d’armée (CR) COULLON, alors à la tête de la 31ème Brigade à BEYROUTH, a
bien voulu prendre la plume pour évoquer son engagement en 1983, et les enseignements qu’il en tirait
dès cette époque.
!
L e 1er juin 1983, forte de 2 000 hommes, ma brigade, la 31ème, chausse les bottes du contingent de la
9ème DIMA, commandé par le général Datin. Elle est répartie en 36 postes dans la partie Nord de
BEYROUTH. Le contingent italien (2000 h) est déployé en une dizaine de points dans Beyrouth-Sud. Les
"Marine" US (2000 h) sont concentrés autour de l’aéroport à courte portée de leurs navires d’appui et de
soutien. Un détachement britannique, léger (150 h) mais dynamique et "intelligent", implanté à la sortie
de la route de Damas complète le dispositif de ce qu'on dénomme la Force Multinationale de Sécurité à
Beyrouth (FMSB).
En fait, c’est une force inter-étatique et non multinationale. Un mandat unique, mais aucune unité de
commandement ou de contrôle opérationnel ; aucun élément de liaison inter-contingent donc pas de
coordination du renseignement ni de l’action ; exécution de la mission de manière autonome par chaque
force nationale sous le contrôle (relatif) de son ambassadeur (considéré comme le représentant de
l’autorité politique nationale). Une réunion "mondaine" hebdomadaire rassemblant, au Palais
présidentiel, sous l’autorité du Président de la République, ambassadeurs et commandants de forces
ainsi que le commandant de l’armée libanaise, est sensée promouvoir un minimum de coordination du
mandat de la FMSB.
La zone de responsabilité dans laquelle la brigade a mandat "d’assurer la sécurité", compte environ 400.000
habitants. Toutes les communautés politico-religieuses (druze, palestinienne, maronite, arménienne,
chiite, sunnite, grec-catholique, communiste, etc…), ce cocktail explosif du Moyen-Orient, y sont
représentées. Or si une force militaire sait "fabriquer" de la sécurité, elle ne sait pas réconcilier des
factions ennemies. A l’Est, le 21ème de Marine, aux ordres du colonel Desmerger, arme 15 postes à cheval
sur la ligne "verte". Depuis 1975, cette ligne cristallise les affrontements entre milices chrétiennes et milices
islamo-progressistes. A l’Ouest, en zone chiite, druze et palestinienne, le 2ème Etranger du colonel Lajudie,
en compte 16. Le 1er Etranger de cavalerie du colonel de La Presle, avec ses blindés légers est déployé dans
le bois des Pins en position centrale comme réserve d’intervention.
1
La compagnie du 17ème Génie parachutiste du capitaine Sanichan est incluse dans le PC du 21ème RIMA. Mon PC
ainsi qu’une partie de l’élément de commandement et de soutien immédiat (ECSI) du colonel Cler et le
détachement prévôtal (5 gendarmes) sont implantés à la Résidence des Pins. Le reste de l’ECSI est réparti entre le
port et l’hippodrome distants de plusieurs kilomètres. Notre dispositif ressemble plus à l’implantation d’une police
municipale qu’à un déploiement de forces opérationnelles. Les postes sont englués dans le tissu urbain. L’un par
exemple est implanté dans une école du quartier chrétien, l’autre dans une boucherie du quartier palestinien, un
troisième dans la carcasse de béton d’un gratte-ciel inachevé en bord de mer. Leur effectif varie du groupe de combat
(8) à la section (35). Seul le REC est regroupé avec tous ses escadrons, sous la tente, dans ce qui reste du Bois des
Pins déchiqueté par l’artillerie israélienne lors des combats de 1982. Quant à mon état-major, il prend possession
de la Résidence des Pins en bordure de l’hippodrome. Ce prestigieux bâtiment de style mauresque, construit au
cœur de la ville, a été longtemps le lieu de rendez-vous le plus huppé de tout Beyrouth. Le Général Gouraud y
exerça, au nom de la France, le mandat de la SDN sur le Liban. A la proclamation de l’indépendance par le Général
Catroux, en 1941, il devint la résidence de notre ambassadeur. Au cœur des combats de 1982, percé de toutes parts
par les obus, l’édifice menace ruine. Sa façade "est" est au bord de l’effondrement. Petite aubaine il reste encore, à
l’intérieur, quelque mobilier de grande époque : une table monumentale en chêne massif, quelques fauteuils, un
canapé et un piano à queue !
A leur arrivée, sous un beau soleil méditerranéen de printemps, Marsouins et légionnaires de la 31ème Brigade
découvrent une ville où, à quelques immeubles près, il n’existe pas un décimètre carré de béton sans impact de balles
ou d’éclats d’obus et de bombes. La grande place, la place des canons, baptisée place des martyrs, cœur de la vie
beyroutine avant la guerre, n’est plus qu’un terrain vague couvert d’herbes folles, hérissé de barricades et de
lampadaires tordus, un dédale de fortifications fait de remblais en sacs de sable dégorgeant leur terre rouge et de
carcasses de véhicules calcinés. Les tirs d’artillerie qui s’étaient abattus sur la ville début mai, ont cessé. Les rues sont
grouillantes d’activité. Nos patrouilles en jeep s’enlisent dans une circulation particulièrement dense, ce qui affecte
sérieusement leur capacité d’intervention. Qu‘importe elles montrent la présence française et c’est l’essentiel. L’esprit
de la mission ne vise-t-il pas à créer et maintenir la confiance des populations ?
Pourtant je prends conscience de la vanité (et de la vulnérabilité) de cet affichage dès lors que je ne dispose pas
de pouvoirs de police dans ma zone où plastronnent, dans leurs bastions, des miliciens armés jusqu’aux dents.
Or ce dimanche 6 juin, comme le titrent les journaux, "A Beyrouth comme en montagne, dimanche très calme
marqué par la ruée paisible des beyrouthins vers les plages et les fêtes sportives". Seul le Chouf et le réduits Chrétien
font l’objet d’échanges sporadiques de tirs d’artillerie. Les Israéliens se préparent à évacuer leurs positions dans la
montagne d’Aley. Les Druzes de Joumblatt s’agitent. Bref, l’illusion d’une situation paisible. Le 6 juillet, la brigade
paye son premier tribut à la tragédie libanaise. Notre mission "de faciliter le retour à la paix" comporte, en effet,
un volet particulièrement dangereux : le déminage et la destruction des carcasses de bâtiments menaçant ruines à
la suite des bombardements afin de permettre à la population la reprise d’une activité normale. Ce jour là, une
équipe du 17ème RGP est ensevelie sous les décombres de l’immeubles à détruire. Il s’écroule brusquement alors
qu’elle pose les explosifs pour le faire "imploser". Jamais il ne sera assez témoigné de l’admirable, minutieux et
périlleux travail effectué par les sapeurs de ce régiment de génie d’assaut. Sous la dynamique impulsion du
Lieutenant-colonel Sahler, commandant en second du 17ème RGP et mon adjoint "génie", tous les jours ils fouillent,
cherchent, déminent, détruisent au péril de leur vie avec cette modestie de comportement et ce sang froid qui est
l’apanage des "pros". Leur mission dite de "dépollution" a été, certainement, la plus positive contribution que la
FMSB ait apportée aux habitants de Beyrouth dans le domaine de la sécurité car seul le contingent français
disposait d’une telle unité. Cela fait honneur à la France.
Je perds ce jour là, avec une profonde tristesse, six de mes compagnons d’armes. Le plus âgé a 25 ans. Le 16 juillet,
un incident grave oppose l’armée libanaise aux forces chiites d’Amal. Trois de nos postes sont au cœur des
affrontements. Notre mission leur interdit d’intervenir. Avec sang froid, ils récoltent leur lot de projectiles et de
balles perdues, fruits d’une indescriptible indiscipline de feu des deux adversaires. Vers 19 heures le calme
revient…… fautes de munitions ! Cela promet de l’ambiance dans notre zone si ce type d’incident se renouvelle !
La presse locale ne partage pas ce point de vue. Le lendemain, elle titre en gros : "UNE EXPERIENCE
REUSSIE : l’armée démontre sa capacité à maintenir l’ordre".
2
Pour ma part j’en conclu qu’il est urgent de participer à l’instruction de l’armée libanaise. Celle-ci est dans les
seules mains des 150 conseillers militaires américains. J’estime que la France a aussi un rôle à jouer dans ce domaine
compte tenu de ses liens historiques avec le Liban. Cela m’apparaît être d’ailleurs la meilleure contribution que nous
puissions apporter à la «restauration de la souveraineté» de ce pays, terme qui constitue le deuxième volet de notre
mission.
Le 21ème de Marine sera chargé de la formation des tireurs mortiers et missiles, le 2ème Etrangers de la formation
héliportée. J’en arrête les modalités avec le Général Tannous, Commandant l’armée libanaise puis en rend compte
à l’EMA.
Pendant un mois et demi, par période de 15 jours, une compagnie de chacun des régiments va ainsi "s’aérer" dans
les centres d’entraînements de l’armé libanaise en instruisant cadres et troupe. Marsouins et légionnaires, pratiquant
la technique du binômage, se donnent à fond à cette nouvelle tâche avec la conscience de faire œuvre utile. C’est
ainsi qu’il peut être mis au crédit de la France la création des commandos héliportés de cette armée. Pendant leur
très brève existence, ils vont se révéler en être le noyau dur et disparaître pour cette même raison. La première
victime en sera leur chef, un colonel druze, dont l’hélicoptère sera saboté et s’écrasera, dans le Chouf, lors du premier
engagement d’envergure de ces commandos. Sur cette armée, le jugement le plus lucide était porté par mon adjoint
génie, le colonel Sahler dans un rapport que j’avais demandé à chacun de mes commandants d’unités : "dans sa
composante actuelle confessionnaliste une majorité d’officiers chrétiens, de soldats et de sous-officiers chiites avec
comme détonateurs quelques druzes, l’armée libanaise est une véritable bombe à retardement, elle ne peut
qu’exploser". L’avenir, hélas pour le Liban, lui donnera rapidement raison.
J’ai pourtant de l’estime pour le général Ibrahim Tannous qui la commande depuis décembre 1982. Véritable
soldat, il a la volonté de faire de son armée un solide outil de combat mais surtout le creuset de la nation libanaise.
Sous son impulsion, les effectifs passeront en 6 mois de 18 000 à 37 000 hommes et l’entraînement sera accéléré.
En juillet, trois brigades seront déclarées opérationnelles soit 10 000 hommes. Mais le vers est dans le fruit. Pour
respecter le pacte confessionnel, la répartition des postes et des fonctions au sein de l’état-major général et du
commandement des brigades est faite sans égard à la capacité des titulaires et à leur loyalisme. Outre le
confessionnalisme, cette armée possède aussi une autre grave faiblesse. Elle n’a pas un corps de sous-officiers digne
de ce nom. Or c’est celui-ci qui constitue la colonne vertébrale d’une armée.
Le 18 juillet, compte tenu du risque de plus en plus évident de dégradation de la situation dans la zone, je décide
de résoudre un problème sérieux de sécurité, interne à la force et pendant depuis plusieurs mois. Et voici la raison.
Lors du passage de consignes entre nos deux contingents, le général Datin me fait part de ses inquiétudes majeures.
Le stockage des munitions et des explosifs qui s’est réalisé au fur et à mesure de leur arrivée, par alignement des
containers sur le port, sans tenir compte de la classe de chaque lot, constitue une véritable chaîne pyrotechnique. En
un mot, si l’un des containers est touché par un obus : TOUT SAUTE ! Ce risque est d’autant plus probable que
la zone de ce stockage est située au pied de la caserne de la Quarantaine des "forces libanaises", cible potentielle des
tirs de l’artillerie syro-islamiste.
Mon camarade, le général Angioni, commandant le contingent italien, qui dispose d’un dépôt de munitions, m’offre
d’entreposer nos explosifs dans des conditions réglementaires. Mais voilà, il faut faire transiter sur 6 km, en plein
Beyrouth-Ouest où les milices sont surarmées et surexcitées, 13 tonnes d’explosifs. Ne disposant d’aucun pouvoir
de police dans ma zone, je ne peux prendre aucune mesure de sécurité de "voierie". Il me reste donc le choix entre
nos deux formules : le petit convoi fortement escorté mais dans ce cas je "signale" l’importance du transport qui
malgré l’escorte reste à la merci d’un coup de lance-roquettes ; ou bien la formule du transport banalisé fondu dans
la circulation à intervalle d’une demi-heure entre les trois camions mais dans ce cas tout repose sur le secret. J’opte
pour cette dernière formule. Seules la section du 21ème basée sur le port, et la section de protection chargée d’assurer
le jalonnement "transmission" seront dans le secret. A 11 heures, les 13 tonnes d’explosifs sont à l’abri. J’ai perdu 1
kg en sueurs froides ! Je me demande encore à quoi aurait pu servir un tel tonnage d’explosifs pour notre contingent
! Certes nous en consommons quelques centaines de kilos pour la mission "dépollution", mais 13 tonnes ! Par contre
le contingent ne dispose pas de gilet pare-balles dignes de ce nom. L’expression des besoins logistiques d’une force
doit demeurer de la compétence du chef responsable sur le terrain.
3
A partir du 20 juillet, la situation générale se dégrade sérieusement entre les milices chrétiennes et islamo-
progressistes. Les tirs d’artillerie frappent Beyrouth-Est (chrétien), l’aéroport, les cantonnements de l’armée
libanaise. Les voitures piégées refont leur apparition dans notre zone (4 du 22 au 30 juillet). Le 6 août, l’ambassade
de France est la cible de roquettes anti-chars (RPG7). Dans le Chouf, on se massacre férocement entre chrétiens et
druzes. A partir du 22 août, les faubourgs Est et Sud de Beyrouth sont pilonnés par l’artillerie syro-islamiste.
La sécurité physique de la population civile qui devait être assurée "en prévenant affrontements et exactions par une
interposition menée systématiquement avec un élément même restreint de l’armée libanaise et sans perdre parti"
(termes mêmes de la mission), n’a plus de sens. L’origine de l’insécurité physique des populations réside désormais,
pour l’essentiel, dans des bombardements dont la source se situe dans la montagne du Chouf, hors de la zone objet
du mandat de la FMSB. Face à cette menace, nous ne pouvons que compter les coups et rendre compte ! Rapidement
une telle attitude, inévitablement passive, va nous discréditer auprès d’une population civile qui chaque jour compte
ses morts. Seuls les Palestiniens de Sabra et Chatila considèrent encore la FMSB comme un gage de sécurité. Encore
faudrait-il, si nous appliquons à la lettre la mission, que l’armée libanaise agisse à nos côtés en cas de besoin. Il n’y a
rien de moins sûr. La preuve nous en sera fournie rapidement.
Au moment où ma brigade relevait le contingent de la 9ème DIMA, la mission d’assurer cette sécurité de la
population civile de Beyrouth impliquait donc raisonnablement un redéploiement de la FMSB dans le Chouf où
une quarantaine de batteries d’artillerie (250 canons) étaient positionnées avec comme objectif n° 1 (à vue directe) :
BEYROUTH. L’état-major des armées, alerté sur cette situation (lettre personnelle au général Lacaze), en était
convaincu. Par contre les "Relations extérieures" s’en tenant à la lettre de mandat, y étaient hostiles si j’en juge par
le rappel à l’ordre qui me fut adressé directement par le "Quai" pour avoir assisté à une réunion avec les américains,
ayant pour thème cet éventuel redéploiement. Position "irresponsable" qui allait condamner la FMSB à l’inertie au
prix d’un lourd impôt du sang. Cette distorsion d’appréciation de la situation entre diplomates et militaires
montrait le poids prépondérant, à l’époque, des affaires étrangères dans le processus des décisions politiques de
gestion de crise. Elle soulignait aussi les insuffisances de sa cellule de crise en matière d’expertise opérationnelle
domaine de compétence du militaire. Il faudra attendre 10 ans encore (1993) pour que le CEMA soit inclus dans
la procédure décisionnelle de gestion de crise.
Le 26 août, vers minuit, le PC de la Brigade, à la résidence des Pins est la cible de 4 tirs de roquettes. L’une explose
dans un arbre à proximité d’un groupe de combat logé sous tente. Les autres tirées trop en hauteur se perdent dans
les Bois des Pins. Pas de dégât, ni de victime, mais un avertissement sérieux : le contingent français devient une cible.
Compte tenu de cette agression directe, je m’estime désormais en état légitime défense (seul cas ou je suis autorisé à
employer la force avec "ouverture du feu proportionnel au niveau de l’agression"). Je donne des instructions en
conséquence à mes unités leur laissant la liberté d’appréciation des moyens en fonction du risque encouru par leurs
hommes et du "message" à délivrer dans le jeu de la dissuasion. Ces instructions seront judicieusement appliquées.
Le 29 à 23h15, alors que nos adversaires veulent rééditer leur coup de tir de roquettes sur la Résidence, la réplique
est immédiate et pour eux définitive. Mais cela ne règle pas le problème de l’insécurité dans la zone. Les "snipers"
refont leur apparition. Leurs repaires sont parfaitement localisés. Assurer la sécurité physique de la population
implique désormais non pas de maintenir la paix par interposition mais de rétablir par imposition. Or, le
rétablissement de la paix est une action de force. Ma mission comme mes moyens me l’interdisent.
Il faut aussi se prémunir contre les tirs d’artillerie. Dans ce domaine la brigade ne dispose d’aucun moyen pour faire
valoir sa légitime défense. Elle ne peut faire que le dos rond. Seuls les "Marines" disposent d’une batterie de 155.
Mais la FMSB est d’abord inter-étatique ! Aussi depuis début août mes demandes de sacs à sables vers l’EMA
s’accélèrent à tel point que je suis crédité du surnom de "général sac à sable" dans les couloirs de ce temple de la
"souveraineté" militaire. En effet, j’en ai commandé beaucoup, certainement plusieurs dizaines de milliers (un
emplacement de guetteur en consomme déjà de 3 à 400 sacs), et j’ai eu raison. Mais là j’anticipe.
Le 28 août, le poste Béatrice, (nous avons baptisé tous nos postes de prénoms féminins) se trouve au centre de la
tourmente. L’armée libanaise, qui tente de rétablir la souveraineté de l’Etat sur Beyrouth-Ouest, et les forces "Amal"
vont s’affronter dans son secteur de 1h du matin jusqu’à midi. Vers 6h c’est le poste Elise, situé au carrefour de
Chatila qui se trouve au cœur de violents combats. A 18 h, le poste Mireille situé dans Chatila est pris pour cible par
la milice "morabitoun" (sunniste) à partir d’immeubles proches. Riposte immédiate à la mitrailleuse de 12,7.
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Le tir adverse cesse et ne reprendra plus jusqu’à notre départ. Les Marines US et les Italiens sont aussi pris à partie
(2 tués et 6 blessés du côté US- 1 blessé côté Italien). De 14h à 18h, un obus tombe toutes les 30 secondes sur
Beyrouth-est (chrétien), sur la Présidence et sur l’E.M de l’armée libanaise. Les 6000 hommes de la FMSB deviennent
désormais à la fois cibles et otages des parties en conflit. Et "l’interposition" n’a plus de sens dès lors que l’armée
libanaise est l’une des parties en cause.
Ainsi en quelques jours va être administrée la preuve de l’incapacité de cette force multinationale à maintenir la paix
dans la ville. Elle est de plus en plus considérée par la population comme une force d'occupation dont la seule
fonction consiste à s’auto protéger.
Pourquoi cette posture humiliante ? Parce que la situation présente ne correspond plus à celle qui a présidé à son
déploiement. La mission du contingent comme son dispositif et ses moyens sont désormais totalement inadaptés.
Une situation de crise n’est jamais figée. Elle évolue toujours sur le terrain et sa gestion implique des modes
d’action en constante adaptation. Mais faute de disposer, dans le processus décisionnel au plus au niveau de l’Etat,
d’un instrument (ou d’une structure) capable d’analyser la situation politico-militaire, aucune adaptation
(mission-moyens) ne sera réalisée pendant toute la durée de la présence du contingent français à Beyrouth.
Le 31 août met un point d’orgue douloureux à cette affirmation que la France n’est pas visée :
- A 1h00 du matin une rafale de 25 roquettes "Grad" s’abat sur le poste Béatrice tenu par le peloton du 21ème RIMA.
Par miracle il n’y a aucune victime, mais tous les blindés sont hors service.
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-Toute la nuit 2500 obus s’abattent sur le secteur français de Beyrouth. 30 de nos 36 postes sont touchés ou
encadrés de près (moins de 50 m). Dieu merci, les sacs de sable ont été efficaces ! Je fais recenser les coups ayant
atteint nos postes. Le record est détenu par le poste Béatrice avec 31 coups, suivi de très près par le poste Isabelle
du 2ème REI avec 26 coups.
- A 5h00, quatre brigades de l’armée libanaise pénètrent en force dans Beyrouth-Ouest. C’est un déluge de feu
d’armes lourdes et légères d’infanterie. Les blindés "Saladin" tirent au canon tous azimuts. A 5h30, le sergent-
chef Colombo du 2ème RIMA est tué par une balle perdue dans l’enceinte de la résidence des Pins. En fin de
journée, l’armée libanaise a réussi à reprendre, par le feu, le contrôle de la zone Nord de Beyrouth-Ouest tenue
par les milices islamo-progressites. Par contre elle n’a plus de munitions. Le général Tannous m’adresse une
demande pressante et imposante d’obus de 90 mm. L’EMA me donne l’ordre de la satisfaire en partie.
Face à l’offensive de l’armée libanaise (dont le fer de lance est constitué par 2 brigades "maronites") tout le secteur
islamique de Beyrouth s’est embrasé. Nous sommes désormais dans le scénario de guerre civile avec ses conséquences
imprévisibles. La FMSB s’est mise à l’abri. Elle est devenue inerte par impartialité. Dès lors que notre mission nous
condamne à être tactiquement inopérant, notre situation va continuer à tragiquement se dégrader. Elle va même
conduire la France et les Etats-Unis à renforcer leur dispositif naval pour assurer la protection de leur contingent.
De "protecteur" nous devenons "protégés" ! L’amiral Klotz à la tête d’un groupe aéronaval croise au large de
Beyrouth. Par défaut de moyens de communications interarmées, nous décidons d’un élément de liaison apte au
guidage aérien qui s’intègre à mon PC.
Le 6 septembre, le contingent US est pilonné par l’artillerie ; bilan 2 morts et 2 blessés. Le poste Michèle du 2ème
REI est la cible d’un tir de mortier. 1 sous-officier est blessé.
Le 7 septembre à 5h00 du matin, 4 coups d’artillerie s’abattent sur le poste Martine ; 4 légionnaires sont blessés. De
7h00 à 11h00, la Résidence des Pins où se trouve le PC de la brigade, est la cible de l’artillerie déployée en zone
syrienne. A 9h00 le Lieutenant-colonel Sahler, mon adjoint Génie, et le caporal Poux du 17ème RGP sont déchiquetés
par un obus. Le caporal Emerton du 2ème RIMA est grièvement blessé. Je prends douloureusement conscience de
l’inutilité de notre mission sur cette terre déchirée. Combien vais-je encore perdre de compagnons d’armes et surtout
pourquoi ?
A 9h30, je demande à l’amiral Klotz, qui à sa marque à bord du porte-avions "Clémenceau", de faire effectuer par
l’aviation embarquée une sortie d’intimidation, à très basse altitude sur la région de Beyrouth. Deux "super-étendart"
accompliront cette mission de 11h00 à 11h45. C’est une première. Aucune démonstration aérienne étrangère n’a
encore eu lieu dans cette zone. Les tirs cessent immédiatement. La mise en œuvre de l’arme aérienne a constitué
un message fort dans le jeu de la dissuasion.
A 11h30, l’officier de renseignement du 2ème REI me rend compte que Nabhi Berri, chef des forces AMAL (chiites)
vient de lui faire remettre le calque de l’implantation de ses batteries dans le Chouf afin de m’apporter la preuve que
ce ne sont pas elles qui tirent sur le contingent français ! Nous avons montré la force. La dissuasion a joué, ce fut
malheureusement la seule fois.
L’EMA, nous rappelle toutefois, l’un comme l’autre, à l’ordre pour l’engagement des moyens aériens qui sont de son
ressort. Le règlement opérationnel d’un incident grave pose toujours le problème de l’initiative laissée au
commandement sur zone dans ce type de situation d’urgence où il s’agit, certes, de gérer une crise mais aussi de
protéger ses soldats. Et dans ce cas l’urgence et le "terrain" commandent.
Dans le même temps, l’antenne chirurgicale, installée dans les caves de la Résidence, est saturée : 5 blessés dont 2
graves sont à opérer d’urgence alors que les coups de l’artillerie (32 au total) continuent à "pleuvoir" autour du PC.
Cette antenne, sous l’autorité du médecin en chef Jean-claude Latouche, chirurgien, assisté du médecin principal
Patrick Bertram, chirurgien, et du médecin principal Jean-marc Meudec, anesthésiste, fit des miracles sur nos 42
blessés. Je les revois encore, suant à grosses gouttes, opérer pendant 7 heures le légionnaire Dormier, perforé de toutes
parts, et ensuite remplir des sacs de sable afin de renforcer la sécurité de l’antenne. Pour faire face aux besoins en sang
qu’impose une telle situation, la brigade va être conduite à gérer les "donneurs" du plus loin au plus près de l’antenne
selon la densité de "ferraille" du moment circulant dans la zone. Dans le domaine paramédical, la brigade bénéficie
aussi d’une première. Elle dispose d’un élément de 8 personnels féminins du célèbre DIPF (Détachement
d’Intervention Parachutiste Féminin) à la création duquel j’avais participé au cabinet de Charles Hernu.
6
Elles furent admirables mais leur place n’était pas sous les coups de 152, situation de crise "chaude" à laquelle elles
n’étaient pas préparées. Le 12 septembre, je profite d’une accalmie pour les faire rapatrier sur le pétrolier-ravitalleur
la Rance. En mer, elles m’adressent un télégramme : "Au revoir et merci, mon général".
La brigade va rétracter son dispositif sur une quinzaine de postes jusqu’à sa relève par un contingent de la 11ème
Division Parachutiste, fin septembre, elle va vivre "le dos rond" au rythme des tirs d’artillerie qui se concentrent sur
Beyrouth-Sud et l’aéroport, alors que se poursuivent les affrontements entre l’armée libanaise et les milices islamistes
dans la zone des camps palestiniens. Huit des siens vont encore être blessés.
Depuis la reprise des bombardements sur Beyrouth, au mois d’août, près de 400 obus sont tombés dans ou à
proximité de nos postes. Le 22 septembre une rafale de 152 mm s’abat sur le cantonnement du 1er REC ; bilan : 4
blessés dont 2 graves.
La France décide de riposter. Je choisis l’objectif sur un lot de photographies aériennes : une batterie située dans le
Haut-Men dans le secteur syrien. Un raid de 8 appareils est lancé. La batterie sera pratiquement entièrement détruite.
La presse libanaise titre en gros : "Première riposte d’envergure des Forces Françaises". Nous suivons en cela les USA
dont les navires canonnent journellement, depuis le 10 septembre, les positions druzes du Chouf, sans grand résultat
d’ailleurs. Même le cuirassé "New-Jersey" vieux rescapé de la guerre 10/45, qui, avec ses canons de 420 mm, expédie
pourtant d’énormes obus déchirant l’air comme un TGV au-dessus de Beyrouth !
Le 23 septembre, le 2ème Etranger commence son embarquement alors que débarquent les premiers éléments de la
11ème DP.
Le 21ème de Marine constituera l’élément postcurseur de la brigade. Il quittera Beyrouth fin septembre. Le général
Cann, mon successeur, est arrivé depuis quelque jours, en pleine tourmente. Alors que nous effectuons ensemble nos
visites protocolaires à la Présidence et au Ministère de la Défense, nous devons à plusieurs reprises faire un gym kana
d’itinéraires pour éviter les tirs d’artillerie. Revivant mon passage de consignes "paisible" avec le général Datin, je
mesure le degré de dégradation de la situation en quelque mois, en un mot l’ECHEC de notre mission de Force de
Paix.
Toutefois pour mes chefs de corps, leurs commandants de compagnie et chefs de section, Beyrouth fut un
exceptionnel champ d’expérience où leurs hommes révélèrent leur trempe de solides soldats. Un grand nombre
d’entre eux eurent à régler en extrême urgence des situations insolites dans un contexte périlleux auxquelles aucune
école militaire ne les avaient préparées. Ils les maîtrisèrent avec un sens de l’initiative, une sûreté de jugement, une
présence d’esprit et un souci constant de la vie de leurs hommes et de l’honneur de nos armes qui forcèrent souvent
mon admiration et me remplir de fierté. Ce type de mission mit en évidence la nécessité pour chaque échelon de
commandement de laisser la plus grande marge d’initiative aux échelons subordonnés. Ils sont en effet les seuls
en mesure de répondre avec succès aux situations d’urgence de leur niveau. Et maintenir la paix entre des
"irréductibles" c’est traiter en permanence des situations d’urgence !
Le 27 septembre, j’embarque sur le porte-avions "Clémenceau" vers la France avec le sentiment d’avoir accompli la
mission la plus difficile et malheureusement la plus inutile et la plus douloureuse de ma carrière.
La brigade a perdu 16 des siens ; 42 autres vivent encore aujourd’hui dans leur chair les séquelles douloureuses de
cette période.
Quelles sont les causes de cet échec du point de vue de l’exécutant que je fus ?
Au niveau politique elles résident dans :
- des divergences sur l’interprétation du mandat entre les nations participantes (traduisant une divergence des buts
politiques poursuivis) avec pour conséquence une absence de coordination des moyens militaires sur le terrain y
compris l’armée libanaise,
- un manque d’expertise opérationnelle dans le processus décisionnel national faute d’y voir associer l’autorité
militaire seule en mesure de proposer des modes d’action et d’évaluer les risques afférents,
- le poids excessif des "affaires étrangères" dans la gestion de la crise sur le terrain, celle-ci requiert certes une
combinaison d’actions diplomatiques et militaires mais chacun doit conserver son domaine propre de
compétence.
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Au niveau de l’exécution, elles sont nombreuses. Voici les plus importantes à mon sens.
D’abord la notion d’interposition, qui n’est qu’une simple posture (souvent statique) de séparation entre les
belligérants. Si elle est une mission concevable dans le cas d’un conflit entre Etats, elle est par contre une mission
impossible dans une guerre civile où l’affrontement milices de tous bords ne reconnaissant comme seule autorité
que leur chef direct dont l’intérêt est d’entretenir la crise.La mission d’une force de paix, dans ce cas, n’est plus de
maintenir la paix mais de l’imposer avec une composante militaire respectée en tant que telle par les
protagonistes, c’est-à-dire combinant le dispositif et les moyens qui la place dans une posture en mesure de
dissuader tout troublions de reprendre les hostilités. Nous étions loin de cette configuration avec un contingent
éclaté sur une trentaine de points. Et que représentaient les 6000 hommes de la FMSB dans cette métropole de plus
d’un million d’habitants, au milieu de plusieurs dizaines de milliers "d’excités", armés jusqu’aux dents, bénéficiant
de quartiers sanctuaires et disposant d’exceptionnels réseaux de renseignements ?
Cette notion d’interposition n’a d’ailleurs rapidement plus eu aucun sens dès lors qu’une des parties en cause était
l’armée libanaise, tentant de rétablir la souveraineté de l’Etat. La FMSB n’aurait-elle pas dû, alors "épauler" cette
armée puisque le second volet de sa mission comporterait le rétablissement de cette souveraineté ?
Ensuite les restrictions imposées par le concept onusien de l’emploi de la force qui présidait à cette
intervention :
- Une zone d’action trop strictement limitée sans référence aux menaces,
- pas d’armes lourdes alors que la menace principale provenait des 40 batteries d’artillerie positionnées dans le
Chouf avec comme objectif unique Beyrouth,
- pas d’utilisation de la force hors la légitime défense, contrainte qui confère toujours l’initiative au semeur de
trouble.
Enfin, l’absence d’un cadre juridique dans lequel aurait dû s’inscrire l’action de la FMSB pour la légitimer (tant vis-
à-vis de la population libanaise que de la communauté internationale) et lui conférer, en particulier les pouvoirs de
la police que requérait sa mission de rétablissement de la sécurité au sein d’une ville de plus d’un million d’habitants,
dont la densité atteignait 10 à 20000 habitants au km2 selon les quartiers. Dans ce contexte, maintenir la paix c’est
d’abord maintenir l’ordre c’est-à-dire disposer de pouvoirs de police. Ce cadre juridique a aussi l’avantage d’éviter
les dérives pénalistes dont sont parfois victimes, dans la résolution de ce type de crise, certains officiers.
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BEIRUT: mission for Peace
The 31st Brigade – June to September 1983
by general Coullon
On June 1st 1983 the 2000 men of my 31st, brigade, took over from theof the 9th DIMA contingent (Marine
infantry division), commanded by General DATIN. The brigade was spread out over 36 posts in the northern
part of BEIRUT. The Italian contingent (2000 men) was deployed over about 10 points in south Beirut. The
US Marines (2000 men) were concentrated around the airport not far from their combat and service support
ships. A British detachment, small (150 men) but dynamic and "intelligent", established at the Damascus road
exit completed what was known as the Beirut Multinational Security Force (MNF).
It was, in fact, not a multinational force but an inter-state force: there was a unique mandate, but with no
commanding unit or operational control; no inter-contingent liaison and therefore no coordination of action or
intelligence; the mission was undertaken in an autonomous manner by each national force, under the (relative)
control of its ambassador (considered as the representative of the national political authority). A weekly "social"
meeting was held at the Presidential palace, under the authority of the President of the Republic, bringing together
ambassadors and force commanders as well as the Lebanese Army commander. This was supposed to promote a
minimum of coordination within the MNF mandate.
The area of responsibility within which the mandate of the brigade was to "ensure security", included
approximately 400,000 inhabitants. All the political-religious communities (Druse, Palestinian, Maronite,
Armenian, Shiite, Sunnite, Greek-Catholic, communist, etc…), which are an explosive cocktail for the Middle
East, were to be found within this zone. Now, even if a military force can "make" security, it cannot reconcile
enemy factions.
To the east, the 21st Marine Regiment, under the command of Colonel DESMERGER, manned 15 posts astride
the "Green Line". Since 1975, this line had focused confrontations between Christian and progressive Islamic
militias.
To the west, in the Shiite, Druse and Palestinian zone, Colonel LAJUDIE’s 2nd Foreign legion regiment manned
16 posts.
The 1st Foreign legion cavalry regiment and its light armoured vehicles, led by Colonel de La PRESLE, was
deployed in a central position at the Bois des Pins and acted as a reserve intervention force.
Captain SANICHAN’s company of the 17th Airborne Engineer Regiment was included in the command post of
the 21st RIMA (Marine infantry regiment).
My CP, as well as part of the command and immediate support unit (ECSI) led by Colonel CLER and the
military police detachment (5 gendarmes) were positioned at the Résidence des Pins.
The rest of the ECSI was spread out between the port and the racecourse, several kilometres apart.
Our disposition of forces look like more to the arrangements of a municipal police settlement than to one of an
operational force deployment . The posts were stuck right in the urban disposition. One of them, for example, was
set up in a school in the Christian quarter, another in a butcher’s shop in the Palestinian quarter, a third one in
the concrete carcass of an unfinished skyscraper next to the sea. The manning of these posts varied from a combat
group (8) to a whole section (35). Only The REC (Foreign legion cavalry regiment) was grouped with all
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its squadrons, camping, in what was left of the Bois des Pins, greatly damaged by Israeli artillery during the 1982
fighting. My Staff took possession of the Résidence des Pins on the edge of the racecourse. This prestigious Moorish
style building, erected near the heart of the town, was for a long time the meeting place in all Beirut. General
GOURAUD carried out the League of Nations’ mandate for Lebanon under French authority in this building.
Following the declaration of independence by General CATROUX in 1941, it became the residence of the French
ambassador. Placed the middle of the 1982 fighting, the building was heavily shelled from all sides and was now
falling in ruins. The east side of the building was threatening to collapse. A small consolation was the fact that
inside there were still a few pieces of period furniture: a monumental solid oak table, a few armchairs, a sofa
and…….. a concert grand piano!
When the «Marsouins» and legionnaires of the 31st Brigade arrived under a beautiful springtime Mediterranean
sun, they found a town where, with the exception of just a few buildings, there was not a 10cm square piece of
concrete that did not have bullet or shrapnel marks from shells or bombs. The main square, the Place des Canons,
named the Place des Martyrs, which had been the heart of Beirut life before the war, was nothing more than a
waste land covered with weeds, prickling with barricades and bent lampposts, a maze of fortifications made of
sandbag walls spilling their red earth and the carcasses of burnt out vehicles. The artillery firing which stroke the
town at the beginning of May had ceased. The streets were bustling with activity. Our patrols, in jeeps, were bogged
down in a very dense traffic, which thus greatly reduced their capacity to intervene. What does it matter? They
were showing French presence and that was essential. Was the mission spirite to create confidence among the
populations and maintain it? I was however aware of the vanity (and vulnerability) of this policy especially since
I had no police powers in my area, where the militia were showing off in their bastions, armed to the teeth.
However, on that Sunday, June 6th, as the newspapers said, it was "In Beirut as in the mountains, a very calm
Sunday characterised by the peaceful rush of the inhabitants towards the sea and sports activities". Only the Shuf
and the Christian enclaves were still exchanging sporadic artillery fire. The Israelis were preparing the evacuation
of their positions on Mount Aley. JOUMBLATT’s Druse were bustling. In short, there was the illusion of a
peaceful situation.
On July 6th, the brigade paid its first tribute to the Lebanese tragedy. Our mission to "facilitate peace return"
included a very dangerous activity: mine clearance and demolition of the building carcasses left after the
bombardments, which were threatening to collapse, so that the population might return to normal activities. On
that day, a team from the 17th RGP was buried in the ruins of one of the buildings to be demolished, which
suddenly collapsed while the team was placing charges to blow it.
We will never forget the admirable, meticulous and dangerous work carried out by the sappers of this assault
engineers regiment. Under the dynamic leadership of Lieutenant-Colonel SAHLER, second-in-command of the
17th RGP (Parachute Engineer Regiment) and my "Engineer" deputy, every day they dug, searched, cleared and
destroyed, mines risking their lives, with that modesty and sang-froid which is the true mark of professionals. Their
"mine pollution clearing" mission was certainly the most positive contribution that the Beirut Multinational-Force
made to the inhabitants of Beirut within the security field since only the French contingent had such a unit. This
brought credit to France.
On that day, with great sadness, I lost six of my companions-in arms. The eldest was 25.
On July 16th, a serious incident brought the Lebanese Army and the Amal Shiite forces into confrontation. Three
of our posts were in the very heart of the confrontation. Our mission forbade them to intervene. With sang froid
they had their share of projectiles and lost bullets, produced by the indescribable lack of firing discipline of both
adversaries. At around 19.00 h calm was restored…. for lack of ammunition!
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If this type of incident were to be repeated then the general atmosphere in our zone would be amazing. The local
press did not share this point of view. The next day, the main headlines announced "A SUCCESSFUL
EXPERIENCE: the Army proves its ability to maintain order".
On my own I, consider, as a matter of urgency to participate in instructing the Lebanese Army, which was in the
sole hands of 150 American military advisors. I assess that France also had a role to play in this domain
considering its historical bonds with lebanon. Besides, it appeared to be the best contribution we could make to
restore the country’s sovereignty, which was the second aspect of our mission.
The 21st Marine regiment would be in charge of training those who would fire mortars and missiles, the 2nd
Foreign legion regiment would be in charge of helitransport training. I fixed the modalities of this training with
General TANNOUS, Cdr of the Lebanese Army, and then reported to the Joint General Staff. Over 1 month,
in two-week sessions, one company from each regiment would thus get some "fresh air" in the Lebanese Army
training centres while instructing officers and troops. The French Marines and legionnaires, «working in pairs»
put all their efforts into this new task, conscious of doing something useful. In this way, France may be credited
with the creation of the helicoborne commandos in the Lebanese Army. During their very short existence, these
commandos demonstrated to be the hard core of the Army, and disappeared for this same reason. The first victim
was their leader, a Druse colonel, whose helicopter was sabotaged and crashed in the Shuf during the commandos’
first large –scale operation.
The most lucid judgement made about this Army was that of my deputy Engineer, Colonel SAHLER, in a report
that I had requested to all unit commanders: "in its current composition based on religious belief – a majority of
Christian officers, Shiite soldiers and non-commissioned officers, and a few Druse acting as detonators, - the
Lebanese Army is a real time bomb, a time bomb that can only explode". Sadly for Lebanon, time proved him to
be right.
I have, however a great appreciation for General Ibrahim TANNOUS, its commander since December 1982.
A true soldier, he had the will to make his army a sound instrument of combat, but above all to be the melting
pot of the Lebanese nation. Under his leadership, the size of the Army grew from 18,000 to 37,000 men in 6
months and the training was accelerated. In July, three brigades were declared operational, i.e 10,000 men. But
the rot was already set in. In order to respect the religious "equality" agreement, the distribution of positions and
functions within the General Staff and the brigades command was made regardless for the ability and loyalty of
the appointees. A part from the aspect of religious belief, this army had another great weakness: there was no
valuable non-commissioned officer corps, but constituting the real backbone of an army.
On July 18th, considering the more and more evident risk that the situation would get worse in our area, I decided
to solve a serious internal security problem, present in the force for some months. This was the reason. During the
handover between our two contingents, General DATIN told me his major concerns. The storage of munitions
and explosives, which had taken place as and when they arrived, by lining up the containers on the port with no
consideration as to the type of contents of each one, was a real fireworks chain. In a word, if one container were
to be hit by a shell then EVERYTHING WOULD BLOW UP! The risk was much greater since the storage zone
was located at the bottom of the "Lebanese forces’ " Quarantaine barracks, a potential target for Syrian Islamist
artillery.
My comrade, General ANGIONI, commander of the Italian contingent, who had an am munition storage depot,
suggested that I should store our explosives along regular conditions. The problem was that to do so would mean
carrying 13 tonnes of explosives along 6 kilometres through the heart of west Beirut, where the militias were
overarmed and overexcited.
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Having no police powers in my zone I could not take any security measures in the streets. I was thus left with the
choice between two options: a small, highly escorted convoy, in which case the importance of the convoy would be
obvious and however large the escort, would still be open to a rocket launcher attack; or the solution of an
unmarked convoy merged into the traffic with 30 minute intervals between each of the three lorries, but in this
case everything relied on secrecy. I opted for this latter solution. Only the platoon of the 21st, based at the port, and
the security one in charge of communications guiding, would be in the secret. At 11.00 h all 13 tons of explosives
were safe. I lost 1 kg in cold sweat! I am still wondering what our contingent could have done with so many
explosives! Of course we used a few hundred kilos in mine "clearance", but why 13 tons! On the other hand the
contingent had no effective frag jackets. Expressing a force’s logistic requirements must remain the commander
in the field’s responsability.
From July 20th, the general situation between Christian and progressive Islamist militias got considerably worse.
Artillery fire hit east Beirut (Christian), the airport and the Lebanese Army barracks. Car bombs made their re-
appearance in our zone (4 between 22nd and 30th July). On August 6th, the French Embassy was targeted by anti-
tank rockets (RPG7). In the Shuf, Christians and Druse massacred each other ferociously. From August 22nd, the
eastern and southern suburbs of Beirut were shelled by Syrian Islamist artillery.
Ensuring physical security of the civilian population by "preventing confrontations and exactions through
interposition undertaken systematically with a unit, even a small one, of the Lebanese Army and sticking to
neutrality" (actual terms of the mission), had no longer any meaning. The physical insecurity for the population
was mainly due to the bombardments originating from the SHUF mountain, which is outside of the MNF’s
mandate area. Facing this threat, we could only count the shots and report! Such an inevitably passive attitude
would soon discredit us in the eyes of a civilian population that counted its dead every day. Only the Palestinians
from Sabra and Chatila still considered the MNF as a safeguard for security. But once again, if we were to carry
out the mission in all aspects of its wording, we needed the Lebanese Army at our sides ready to intervene if
necessary. Nothing was less sure, and be proven very soon.
As my brigade was relieving the 9th DIMA contingent, the mission of guaranteeing the security of Beirut’s civilian
population reasonably implied a redeployment of the MNF in the Shuf, where about forty artillery batteries (250
guns) were positioned with their prime target being (in direct sight) BEIRUT. The Joint General Staff, which had
been told of the situation (a personal letter sent to General LACAZE), was convinced that this was the right thing
to do. On the other hand, the "External affairs", sticking to the text of the mandate, were against the idea, if refer
to the call to order addressed to me directly from the Foreign Office for having participated in a meeting with the
Americans about this possible redeployment. This "irresponsible" position was to oblige the MNF to inertia and
cost a lot of bloodshed. The distortion illustrated here between the two assessments of the situation, diplomatic and
military, shows the dominant weight that Foreign Affairs had, at that time, on political crisis management
decisions. It also highlighted the insufficiencies of its crisis management division concerning operational expertise,
which is a military domain. It was only in 1993 (10 years later) that the Joint Chief of Staff was included in a
crisis management decision-making process.
On 26th August around midnight, the Brigade CP, at the Résidence des Pins was the target of 4 rockets. One
exploded in a tree near a combat group housed under canvas. The others aimed too high got lost in the Bois des
Pins. No damage, nor casualty, but a serious warning: the French contingent had become a target.
With this direct aggression I considered myself to be now in the situation of legitimate defence (the only instance
where I was authorised to use force with "opering fire in proportion with the level of aggression"). I consequently
gave instructions to my units, leaving them free to evaluate the means according to the risk run by their men and
the "message" to be delivered within the deterrence game.
These instructions were applied wisely. On the 29th at 23.15 h when our enemies wanted to have another go by
firing rockets at the Residence, the reply was immediate and, for them, definitive. But that did not settle the
insecurity problem within the area. The snipers reappeared. Their dens lairs were perfectly located.
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Ensuring the physical safety of the population now implied maintaining peace not by interposing between the
opposing forces but by imposing its re-establishment. But re-establishing peace is an action requiring force. My
mission as my capabilities forbade this. You also have to protect against artillery fires. In this area, the brigade
had no way to bring out its legitimate defence. It could only arch its back. Only the Marines had a 155 battery.
But the MNF was first of all an inter-State force! Since the beginning of August my requests for sandbags to the
Joint General Staff HQ had become so frequent that I had earned the nickname of the "sandbag general" in the
corridors of this temple of military «superiority». In fact, I ordered a lot, certainly several tens of thousands (one
look-out position uses up 300 to 400 anyway) and I was right to do so. But I am anticipating things here.
On 28th August the Beatrice position (we gave all our posts girls’ first names) was at the very center of turmoil.
The Lebanese Army, trying to re-establish State sovereignty in west Beirut, and the Amal forces confronted each
other in its sector from 1.m am till midday. Towards 06.00 h the Elise post, located at the Chatila junction, was
in the heart of violent fighting. At 18.00 h the post Mireille, in Chatila, was the target of the "morabitoun"
(Sunni) militia from nearby buildings. They immediately returned fire using the 12.7 machine gun. Enemy fire
ceased and never re-start up to the time of our departure. The US Marines and the Italians were also engaged (2
killed and 6 wounded on the US side, 1 wounded on the Italian one). From 14.00 h to 18.00 h shells landed
every 30 seconds on east Beirut (Christian), the President’s residence and on the Lebanese Army HQ. The 6,000
men of the MNF now became both the targets and hostages of the factions. Therefore "interposition" had no
meaning any more since the Lebanese Army was one of the parties concerned.
Thus within a few days the proof was given that this multinational force was enable of maintaining peace in the
town. It was more and more considered by the population as an occupying force whose only role was to
protect itself. Why souch an humiliating position? Because the situation no longer corresponded to that which
called for its deployment. The contingent’s mission, just like its plan of action and its capabilities, was now
totally inappropriate. A crisis situation is never frozen. It always evolves on the ground and its management
implies courses of action constantly being adapted. But without a decision-making process at the highest level
of the State, of a tool (or structure) capable of analysing the political-military situation, no adaptation (of
mission or capabilities) was carried out throughout the entire duration of the French presence contingent
in Beirut.On 30th August Beirut was in a state of open civil war.
From 05.00 h violent confrontations between Amal (the Shiite militia) and the Lebanese Army broke out around
the Elise position which one or other of the adversaries used as a shield depending on how the fighting was going.
Another abuse of interposition? At 07.00 h, a fuel truck of the 2° Etranger was hit at point blank range from a
rocket launcher fired by the Amal militia (Shiite). The result was 1 dead and 2 very seriously injured; one had
to have both legs amputated. At 08.00 h, around ten soldiers of the Lebanese Army who had been given a rough
time by Amal took refuge in the Charlotte position. The post commander imposed a local cease-fire taking
enormous personal risks At 12.00 h Colonel de la PRESLE, at the head of an armored cars platoon from his
regiment got back the body of the dead legionnaire, stuck in the fuel truck. He demanded the return of weapons
and radio equipment. Amal immediately complied due to our determination.
At 17.00 h a 120 mm mortar hail fell on the French Embassy chancellery. The result was 4 killed including 2
legionnaires of the 2°REI and 4 seriously wounded including 2 legionnaires. I ordered an immediate enquiry on
the shots origin. The mortar group was quickly located. It belonged to the 6° Lebanese Army Brigade, a Shiite
brigade, installed in west Beirut. The officer in charge put no difficulties to provide us with the firing elements
for sure he received. No possible mistake – the target was the chancellery. I immediately sent a message to the Joint
Chief of Staff, General LACAZE as well as to the Ambassador so that he could inform the Foreign Affairs
Ministry urgently. To the latter I added on a card: "the enquiry formally accuses a Lebanese Army brigade ". He
reported that same evening to his minister.
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Then imagine my surprise and my bitterness to find headlines in the French press on 31st August saying, "Rockets
(sic) not targeting our Embassy" (Le Matin); "France is not the target" (Libération) with the same comment in
each attributed to MFA "Distressing and violent contact took place today in Beirut (…) It seems that this fighting
took place just opposite our Embassy offices. One or two rockets directly hit a part of the Embassy building where
a security detachment was located. These rockets were not intended for us. It was not an attack against the
Embassy." Does crisis management involve failing to tell the truth? I made myself clear to my Ambassador and note
that a common policy for diplomacy and defence did exist on the ground. This is an essential factor in carrying
out a peacekeeping type mission. It appears not to be the same at the central echelon, a phenomenon that I had
already noted during my previous assignement to the Minister of Defence cabinet just evoked when talking of the
deployment of the MNF. The national political authority in charge of the "hot" crisis must be at
interministerial level as its management always imposed coordinated and very often simultaneous action by
diplomats and armed forces. As I said above, an equivalent of the American National Security Council was
lacking.
The 31st August saw a painful break to this affirmation that France was not targeted:
- at 01.00 h a burst of 25 Grad rockets hit the post Beatrice held by a platoon of the 21° RIMA. By a miracle
there was no-one hurt but all the armoured vehicles were out of service.
- All night long 2,500 shells rained down on the French sector of Beirut. 30 of our 36 posts were hit or closely
bracketted (less than 50 meters). Thank goodness the sandbags were effective! I went to find out how many hits
our posts had taken. The record was held by the post Béatrice which had had 31 hits, followed closely by Isabelle
of the 2°REI with 26.
- At 05.00 h four brigades of the Lebanese Army penetrated in force into west Beirut. There was a deluge of light
and heavy infantry arms fire. Saladin armoured vehicles fired their guns in all directions. At 05.30 h Staff
Sergeant COLOMBO of the 21°RIMA was killed by a stray bullet within the precincts of the Residence des Pins.
By the end of the day, the Lebanese Army was successfull in regaining control by fire power of the northern zone
of west Beirut held by the progressive Islamist militias. On the other hand, it had no ammunition left. General
TANNOUS sent me an urgent and impressive request for 90 mm shells. The Joint Staff HQ ordered me to partly
ansuwer this request.
Facing the Lebanese Army’s offensive (spearheaded by 2 Maronite brigades) all the Islamic sector of Beirut was set
ablaze. We were now in a civil war scenario with its unpredictable consequences. The MNF took shelter. It
became inert through being impartial. As soon as our mission condemned us to be tactically inoperative our
situation was going to decline tragically. It was even leading France and the United States to strengthen their naval
forces to ensure the protection of their contingents. From being the "protectors" we became the "protected"!
Admiral KLOTZ was cruising off Beirut at the head of a naval air group. Short of inter-services communication,
we decided to set up a liaison team for aircraft guidance which was integrated into my CP. On 6th September the
US contingent was shelled by artillery leaving 2 dead and 2 wounded. The post Michèle of the 2°REI was the
target of mortar fire. 1 NCO was injured.
On 7th September at 05.00 h four rounds of artillery fire hit the Martine post; 4 legionnaires were injured. From
07.00 h to 11.00 h the Résidence des Pins where the brigade CP was located was the target of artillery deployed
in the Syrian zone. At 09.00 h Lieutenant Colonel SAHLER, my Engineer deputy, and Corporal POUX of the
17°RGP were blown to pieces by a shell. Corporal EMERTON of the 21°RIMA was severely injured. I became
painfully aware of the uselessness of our mission in teared land. How many more comrades in arms I may lose and
above all, why? At 09.30 h I requested Admiral KLOTZ who was on board of the aircraft carrier Clemenceau to
have the embarked aircraft carring out an intimidation sortie at very low altitude over Beirut. Two Super
Etendards accomplished this mission between 11.00 h and 11.45 h. It was a first. No demonstration of foreign
air force had yet strong taken place in this area. Firing ceased immediately. The use of air power constituted
a message within the deterrence play.
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At 11.30 h the intelligence officer of the 2°REI reported to me that Nabhi BERRI, head of the Amal forces
(Shiites) had just handed to him the plan showing where his batteries were implanted in the Shuf in order to
provide the proof that they were not firing on the French contingent! We had demonstrated our force.
Deterrence had played its role but unfortunately this was only once. The Joint General Staff nevertheless
recalled us that engaging air means were under its only responsability. The operational settlement of a serious
incident always questions about the initiative left to the command in the field dealing with such an emergency
situation. This is certainly a question of crisis managment but also of one’s soldiers protection. And in this case
urgency and terrain command.
At the same time, the forward surgical unit set up in the cellars of the Résidence, was overloaded; there were 5
injured including 2 serious cases who needed emergency surgery whilst artillery firing (32 bursts in all) continued
to rain down around the CP. This unit under Chief Medical Officer Jean-Claude LATOUCHE, surgeon,
assisted by Principal medical officer Patrick BERTRAM, surgeon, and Principal medical officer Jean-Marc
MEUDEC, the anaesthetist, ried out miracles on our 42 wounded. I can still see them, sweating profusely,
operating for 7 hours the legionnaire DORMIER, who had been perforated all over, then filling sandbags to
strengthen security for the unit. To cope with the blood requirements in such a situation, the brigade was led to
manage donors from the furthest to the nearest of the surgery unit depending on the density of "scrap iron" flying
about the area at a given time.
In the paramedical field the brigade also benefited from a first. It had a unit of 8 female staff personnel from the
famous DIPF (Détachement d’Intervention Parachutiste Féminin – women’s parachute intervention detachment)
which I assisted the creation within the Charles HERNU cabinet. They were admirable but their place was not
under 152 firing, a "hot" crisis situation for which they were not prepared. On 12th September I took advantage
of a quiet period to have them back to the French fuel supply ship, the Rance. From sea they sent me a telegram
"Goodbye and thank you, General". The brigade reduced its disposition of forces down to around fifteen posts
until it was relieved by a contingent of the 11° Airborne Division by the end of September; it would live "with its
back arched" to the rhythm of artillery firing which was concentrated on south Beirut and the airport, while
confrontations between the Lebanese Army and the Islamist militia continued in the zone where the Palestinian
camps were. Eight of its soldiers were one more time wounded. Since the bombardments resumed during August,
nearly 400 shells fell in or near our posts.
On 22nd September a burst of 152 mm fire hit the quarters of the 1° REC with the result of 4 wounded, 2
seriously. France decided to retaliate. I select the target from a batch of aerial photos, a battery located in the Haut-
Men within the Syrian sector. A raid was launched with 8 aircraft. The battery was quite totally destroyed. The
Lebanese press headlined the event as "First large-scale counterattack by French Forces." We were following USA
whose ships had been firing daily since 10th September on Druse positions in the Shuf,with poor results by the way.
Even the battleship "New Jersey," the old remnant from the WW II was sending enormous shells from its 420 mm
guns which tore through the air over Beirut like high-speed trains! On 23rd September the 2°Etranger started
embarking whilst the first units of the 11°DP were disembarking.
The 21°Marine Regiment was the rear guard of the brigade. It left Beirut at the end of September. General
CANN, my successor, arrived a few days earlier in full turmoil. Having our protocol visits together to the President
and the Ministry of Defence, we had to go through a real obstacle course to avoid artillery fire. Having in mind
the peacefull handover with general DATIN, I could measure the degree to which the situation had deteriorated
in a few months; in a word, the FAILURE of our mission as a Peace Force. Nevertheless, for my commanding
officers, their company commanders and section leaders Beirut was an exceptional field of experience where their
men revealed their calibre as sound soldiers. A large number of them had had to deal with unusual and emergency
situations within a dangerous background for which no military school had prepared them.
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They mastered these situations with a good sense for initiative in action, assessment soundness, presence of mind
and constant care for their men’s lives and the honor of our armies with often forced my admiration and gave be
pride. This type of mission showed how essential is the lagest possible initiative left to any subordinate echelon by
each level of command. They are in fact the only ones able to successfully respond to emergency situations
facing their level. And keeping peace between implacable factions is dealing with emergency situations all the
time! On 27th September I left for France on board the aircraft carrier Clemenceau with the feeling that I had
carried out the most difficult and unfortunately the most pointless and distressing mission of my career. The
brigade had lost 16 of its members; 42 others are still living today with the painful physical consequences of this
time. Unable, to accomplish its mission the MNF, ended being disbanded in disorder. And the Lebanese people
got worse and worse for several years after its departure.What were the reasons for this failure from my point of
view as a performance? At the political level they are to be found in:
- Divergences in the interpretation of the mandate among the participating countries (expressing a difference on
the political aims pursued) with, consequently, a lack of coordination of military capability in the field including
the Lebanese Army.
- a lack of operational expertise in the national decision-making process through lack of military authority
participation, the only one able to propose courses of action and to assess the subsequent risks;
- the excessive weight of "foreign affairs" within the crisis management on the ground. This management
requires, certainly, a combination of diplomatic and military action but each one should stick to its own area of
expertise.
At implementation level there are several reasons. These are in my opinion the most important:
- first of all, the notion of "interposition", which is only a simple (often static) posture for separating the warring
parties. Even if it may be a conceivable mission within the context of a conflict between States, it is on the other
hand an impossible task within a civil war where confrontation is between militia groups of all sides who only
recognise the authority of their respective direct leaders whose interest is to keep the crisis one. The mission of a
peace force, in this case, is no longer to keep the peace alive but to impose it with a military component respected
as such by the protagonists, i.e. combining the disposition of forces and the means enabling it to dissuade any
troublemakers from starting up the hostilities again. We were far from this configuration, with a contingent spread
over thirty points. And what were 6000 men of the MNF in that metropolis of more than a million inhabitants,
in the middle of several tens of thousands of "excited people" armed to the teeth taking advantages of safe travers
and amazing intelligence networks? Furthermore this idea of interposition rapidly became a nonsense once one of
the parties involved was the Lebanese Army trying to re-establish the State sovereignty. Ought not the MNF to help
this army since the second aspect of its mission included re-establishing this sovereignty?
Then, the restrictions imposed by the UN concept of the use of force, which ruled this intervention:
- a too strictly limited zone of action without any reference to the threats
- no heavy weapons whereas the main threat came from the 40 artillery batteries positioned in the Shuf with Beirut
as their unique target;
- no use of force apart legitimate defence, a constraint that always gives the initiative to the trouble maker.
Finally, the absence of a legal framework, to set in the MNF action for its legitimisation as well as for the lebanese
population or the International Community and to provide it especially the police powers, required by this security
restoring mission within a City of one million in habitants or so, whith a density of about ten to twenty thousand
people per square kilometer according the districts. This legal framework is also positive by avoiding possible penal
abuse against officers directly facing such crisis management resolution.
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Les enseignements tirés de l’entraînement au CENTAC :
découvertes ou redécouvertes ?
par le colonel Desgranges,
commandant le Centre d’entraînement au combat (CENTAC)
Les points à améliorer sont nombreux mais ils ne sont pas nouveaux : ils ont déjà fait l’objet de
comptes-rendus, en France comme à l’étranger. Certains défauts peuvent être facilement corrigés par
un minimum de préparation, soit au niveau de l’encadre-ment des sous-groupements, soit au niveau
des exécutants. Il s’agit notamment de la rédaction des ordres, de la coordination des moyens et de la
remontée du renseignement. Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive.
Lorsque le capitaine rédige son ordre initial, il doit agir comme un amplificateur : une simple
retranscription des ordres de l’échelon supérieur ou leur traduction paraphrastique ne suffit pas à bien
faire comprendre aux subordonnés ce que leur chef attend d’eux. Dans ce cas, l’action du sous-
groupement n’est pas optimisée.
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La première difficulté du capitaine est de dominer suffisamment la contexture de l’ordre initial pour
dépasser le simple exercice de style. Ainsi, lorsque le sous-groupement reçoit la mission reconnaître, il
est courant de retrouver " …je veux reconnaître… " comme effet majeur, puis les missions reconnaître
pour les sections et pelotons de tête. Une telle redite n’apporte aucune plus value à la mission reçue
du groupement. Au-delà de la forme, le chef doit exprimer dans son intention un effet précis dont la
réalisation conduira à la réussite de sa mission. L’étude de celle-ci doit le conduire à prendre en compte
trois paramètres - l’ennemi, le terrain, les délais. L’effet majeur doit préciser obligatoirement deux
d’entre eux, le troisième paramètre étant précisé dans les différents temps de l’intention, avec le
déroulement général de l’action. C’est la bonne compréhension de l’intention du capitaine qui
permettra aux subordonnés, au-delà de l’exécution littérale de l’ordre reçu et même privés de liaison
radio, d’agir de façon coordonnée durant toute la mission, et surtout de faire preuve d’initiative, dans
l’esprit de leur chef.
*
Les comptes-rendus et la recherche du renseignement
Si les ordres et la coordination sont de la responsabilité du capitaine, celui-ci est totalement désarmé
lorsque l’information ne remonte pas ou lui arrive erronée. On assiste durant les exercices à de
nombreux dysfonctionnements: réduction de résistance du niveau compagnie sur des points non tenus
par l’ennemi, sous-groupement arrêté durant deux heures par un seul véhicule ennemi de type BMP,
destructions fratricides par tirs directs et indirects. Leurs causes sont toujours les mêmes : comptes-
rendus faux ou imprécis, erreurs d’observation localisant le même engin ennemi à de nombreux
endroits, mauvais suivi de la situation amie par les appuis.
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Tous ces problèmes génèrent une saturation du réseau radio qui s’explique par des comptes-rendus
inexploitables, suivis aussitôt par des demandes complémentaires de renseignements par le capitaine,
qui essaie vainement de faire le point parmi toutes les informations fausses ou incomplètes [beaucoup
de capitaines commandent éloignés des contacts. Sans progresser pour autant à la tête de leur unité,
ils doivent néanmoins se porter physiquement à vue du terrain, à l’endroit où ils seront le mieux à
même de commander leur unité.] Très peu d’acteurs respectent la canevas traditionnel : je suis, je vois,
je fais ou je peux faire, je demande. Observer et rendre compte ne sont pas innés et nécessitent
entraînement et rigueur, au même titre que tirer.
Avant de parler d’entraînement, il faut définir ce terme. S’instruire est synonyme d’acquérir des
connaissances nouvelles alors que s’entraîner exprime l’idée d’une certaine pratique de quelque chose
déjà connu. L’entraînement, c’est donc la mise en œuvre répétée, à tous les niveaux de l’unité
entraînée, de savoir-faire tactiques acquis lors de l’instruction. Mais cela ne suffit pas. Ce drill, pour
être profitable, doit comporter des difficultés croissantes, jusqu’à s’exercer dans un contexte aussi
proche que possible d’un hypothétique engagement de type guerre. La dernière étape doit donc
logiquement se dérouler au CENTAC, dans le cadre d’un entraînement de plusieurs jours mené dans
un contexte interarmes, sur un terrain inconnu, dans des délais contraints et face à un ennemi agressif
et manœuvrier.
Cet entraînement «au pire» estnécessaire mais il n’est pas suffisant pour certaines missions. Il doit être
complété par une formation spécifique, hors CENTAC, adaptée à la prochaine mission de l’unité.
Aujourd’hui, le CENTAC accueille des sous-groupements sans que les premiers paliers aient été
franchis. Les officiers analystes instruisent donc plus qu’ils ne conseillent. Quant à contrôler le niveau
d’entraînement des unités, ce n’est pas à l’ordre du jour dans l’état actuel des choses. Malgré ces
difficultés, l’observation des unités lors de missions identiques permet de tirer certains enseignements
à partir de situations concrètes. Certains sont d’ailleurs connus depuis des siècles, mais un rappel est
toujours utile. On sait par exemple depuis longtemps qu’une unité doit toujours s’efforcer de
conserver l’initiative dans l’action. Dans les missions offensives, la grande vitesse d’exécution de la
FORAD -– comparée à celle des joueurs – lui permet de ne perdre que rarement l’initiative. Le
capitaine joueur est pris de vitesse. Bousculé, le sous-groupement est désorganisé; rien ne se passe
comme prévu ; les grains de sable s’accumulent ; le capitaine perd le contrôle de la situation et son
unité est neutralisée, parfois détruite. La connaissance du terrain par la FORAD n’explique pas tout.
Si l’on déroule son combat, il commence par le soucis du renseignement, avec une observation du
terrain à tous les niveaux et des comptes-rendus précis. Puis vient l’analyse de ces renseignements : le
capitaine FORAD en déduit le dispositif de son adversaire et ses points faibles. A partir de là, il élabore
sa manœuvre et donne un ordre d’opération simple mais complet, précisant à chaque élément
l’attitude à adopter face à la plupart des situations qui pourraient être rencontrées. Chaque soldat sait
ce que veut son capitaine.
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Conserver l’initiative, c’est surtout en laisser suffisamment à ses subordonnés, lorsqu’ils sont
compétents. Trop de capitaines, souvent de retour d’opérations extérieures, tiennent leur unité " rênes
courtes ", se privant, le cas échéant, de l’exploitation immédiate d’une erreur adverse. La hardiesse de
l’ennemi est alors confortée par le manque de réaction du sous-groupement. L’initiative est aussi un
état d’esprit. La rapidité d’action et l’agressivité des petits échelons font souvent merveille, empêchant
souvent l’adversaire de réagir à temps. Peu de sous-groupements possèdent ce mordant : les capitaines
hésitent à prendre des risques, n’anticipent pas l’action de l’ennemi, attendent une information
complète des subordonnés – qu’ils n’obtiennent souvent jamais – et tardent à décider en cours
d’action. Il est alors trop tard pour rétablir la situation. Bien sûr, c’est difficile. Une exécution rapide
nécessite un entraînement poussé, c’est à dire une bonne observation, le sens du terrain, la maîtrise de
son armement et une bonne coordination, ce qui fait défaut aujourd’hui. Il faut aussi savoir reprendre
l’initiative lorsqu’elle a été perdue. Pour cela, anticiper est indispensable. L’élément réservé est trop
souvent négligé [Avec des sous-groupements faibles en effectifs et ne comportant souvent pas quatre
éléments de manœuvre, ils sont le plus souvent dans l’impossibilité de réserver une section ou un
peloton]. Lorsqu’il existe, il n’a reçu que des ordres vagues – par exemple soutenir. Son champ d’action
n’est d’ailleurs souvent pas envisagé par le capitaine au moment où il donne ses ordres.
*
* *
Face à ces observations plutôt négatives, il existe des motifs de satisfaction. A part de rares exceptions,
la valeur des hommes sur le terrain est certaine, leur état d’esprit est excellent. De ce fait, les progrès
enregistrés sur le terrain en quatre jours sont très nets. Les actes élémentaires sont réappris. Les
capitaines et leurs subordonnés prennent conscience au CENTAC que les manuels d’emploi ou que
les conseils "rabâchés" en école par leurs instructeurs s’avèrent judicieux. Les fantassins et les cavaliers
comprennent vite également l’intérêt des appuis, qu’ils utilisent souvent pour la première fois sur le
terrain. Mais ils ne font qu’entrevoir leurs possibilités. La mécon-naissance de leurs capacités, de leurs
délais d’intervention, des difficultés éventuelles de mise en œuvre, l’absence de dialogue avec le sapeur
et l’artilleur, mais aussi le manque de connaissances interarmes des chefs de section appuis, ne
permettent pas aux sous-groupements d’utiliser au mieux l’ensemble de leurs moyens. Enfin, on
observe que l’expérience acquise au CENTAC par une unité a profité à son régiment. Lorsqu’une
deuxième unité repasse dans la même année, elle a bénéficié, à tous les niveaux, des conseils de la
première. L’expérience acquise en quelques jours par quelques uns contribue donc progressivement à
élever le niveau opérationnel de toutes les unités.
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Lessons drawn from training at CENTAC:
discoveries or re-discoveries?
by colonel Desgranges,
CENTAC Commander
O n reading the bulletins at the end of training (BFR) for the last years, numerous
observations can be made and put in the category of lessons learnt: they may
lead us, if necessary, to modify the DUO (organisation documents) of the combat
units, and/or their armament, or even to adapt, for the considered level, instruction
methods and documents. But above all, the level of training of the combat sub-groups
appears to be clearly inadequate considering the failings observed. The CENTAC
feedback is divided therefore in two categories, which are presented successively in
this article in the form of a few examples. The first category includes the main errors
noted, errors which for the most part could be corrected by increasing very
significantly, if possible, the time devoted to training.The second category falls within
the framework of more general thinking about on the combat of sub-groups, starting
from the analysis of concrete situations encountered in the field.
T here are numerous points to be improved but they are not new: they have already been the subject
of reports, in France and abroad. Certain failings may be easily corrected with a minimum of
preparation either at sub-groups chain of command, or at the level of underlings. These are mainly
the orders drafting, coordinating capabi-lities and feedback of intelligence information. Of course,
this list is not exhaustive.
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Thus, when the sub-group receives the mission reconnoitre, it is common to find "…I want to
reconnoitre…" as the major effect, then the missions reconnoitre for the sections and leading
platoons.. Such a repetition is absolutely no added value to the mission received from the group.
Going beyond the form, the leader must express in his intentions a precise effect, which when
achieved will lead to the success of his mission. The study of this one should lead him to take into
account three parameters - the enemy, the terrain, the delays.
It is absolutely obligatory for the major effect to specify two of these, the third parameter being
specified in the different timescales of the intention, within the general course of the action. It is the
proper understanding of the commander's intention which will allow the subordinates to go beyond
carrying out the order received literally, even without any radio contact, and act in a coordinated
way throughout the whole mission and above all prove they can use their initiative, in keeping with
their leader's ideas.
This coordination of the sub-group elements is paramount : it must result in the concentration of its
efforts, the only way to get the upper hand in terms of Force balance. Using its capabilities in a
disorganised way weakens the action of the sub-group [Recently a platoon leader was seen to
engage his tanks one by one, due to an unfavourable terrain, with the aim of blocking off two FORAD
vehicles. The tanks were destroyed one after the other] Very often however, the commander uses his
combat supports independently of his infantry and tanks action: the Engineers' obstacles are
bypassed or neutralised and artillery does not give effective fire support to non-engaged targets.
Recently a FORAD (enemy forces) unit was seen canalized into a very narrow terrain compartment,
by a series of judiciously placed obstacles.
Unfortunately this position was neither under fire nor even observed. In less than an hour, the enemy
got out of the trap laid for it with minimal losses. It then reinforced the second echelon unit, reducing
to zero the Engineers work. Setting up direct and indirect fire support in addition to the Engineers
action would however allowed the total destruction of the initial enemy. This example is significant:
missions are often successful, but with losses higher than supposed to be, if the sub-group had better
combined its capabilities.
*
Reports and intelligence
Whilst orders and coordination are commander responsibility, this latter is totally helpless if
information is not sent to him or incorrect.
During exercises one sees numerous mal-functioning: resistance reduction at com-pany level on
points not held by the enemy, a sub-group stopped for two hours by a single enemy BMP type
vehicle, fratricidal destruction by direct and indirect firing.
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Their causes are always the same: false or imprecise reports, observation errors locating the same
enemy vehicle in numerous places, poor monitoring of the friendly situation by the combat support
units. All these problems cause saturation of the radio network which results in unexploitable reports
followed immediately by requests for additional information by the company commander who is
trying in vain to fix the situation among all false or incomplete information [Lot of company
commanders are commanding far from the contact line. Without however moving forward at the
head of their unit, they must nevertheless be physically viewing the terrain, at the place where they
will at their best to command their unit properly]. Very few of players respect the traditional
sequence: I follow, I see, I do or I can do, I request. Observing and reporting are not innate abilities
and require training and strict attention in the same way as firing.
In spite of these difficulties, observation of the units during identical missions makes it possible to
draw certain lessons from concrete situations. Some have of course been known for centuries, but to
remind them is always useful. We have known for a long time for example that a unit should always
strive to keep the initiative in action. In offensive missions, the great speed of execution of the FORAD
-– compared with that of the players – means it rarely loses the initiative. The commander player is
outspeed. Driven from the field the sub-group is disorganised. nothing happens as planned; the
problems pile up; the company commander loses control of the situation and his unit is neutralised,
sometimes destroyed. The fact that FORAD is familiar with the terrain does not explain everything. If
its method of combat is scru-tinised, one can see it starts with intel-ligence concern, terrain
observation at all levels and precise reports. Then this intel-igence is analysed: the FORAD com-
mander deduces from it the forces and capabilities of his adversary and its weak points. From that
he works out his manoeuvre and gives a simple but com-plete order for the operation, making clear
to each element the attitude to be adopted when confronted with most of the situations which might
be encountered. Each soldier knows what his commander wants.
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Keeping the initiative means above all leaving enough of it to one's subordinates when they are
competent. Too many company commanders, often having come back from overseas operations,
command their unit "shortening the rains", depriving themselves sometimes of the possibility of
immediately exploiting an enemy error. The enemy boldness is thus reinforced by the lack of reaction
from the sub-group. Initiative is also a state of mind. The speed of action and the aggressiveness of
the lower ranks are often to be marvelled at, often preventing the adversary from reacting in time.
Few sub-groups have this keen spirit: the company commanders hesitate to take risks, do not
anticipate enemy action, wait for complete information from subordinates – which they often never
obtain – and delay making decisions in the course of action.
It is then too late to get the situation back to normal. Of course it is difficult. Rapid execution
necessitates intensive training, i.e. good observation, sense of terrain, mastery of one's weapons and
good coordination, which is what is lacking today. It is also necessary to know how to regain the
initiative when it has been lost. For that, it is absolutely essential to be able to anticipate. The element
kept in reserve is too often neglected. [With sub-groups lacking personnel and often without four
manoeuver elements, it is often impossible to keep a section or a platoon in reserve].When it is
present, it will only receive vague orders – e.g. support. Its course of action is moreover often not
envisaged by the commander at the time he gives his orders.
*
* *
As opposed to these rather negative observations, there are grounds for satisfaction. Apart from rare
exceptions, the merit of men in the field is certain, their spirite is excellent. Therefore the progress
recorded in the field within in four days is very clear. Elementary acts are re-learned. At CENTAC
company commanders and their subordinates are becoming aware that manuals or advice repeated
ad nauseam in school by their instructors do prove useful and sound. The infantrymen and cavalry-
men also quickly understand the point of combat support which they often use in the field for the first
time. But they only catch a brief glimpse of their possibilities. The poor knowledge of their capacities,
of their response time, of possible difficulties of implementation, the absence of discussion with the
engineer and the artilleryman, and also the lack of combined arms knowledge among combat
support section leaders means that sub-groups are not able to use all their capabilities at their best.
Finally, it has been clearly observed that the experience acquired at CENTAC by a unit benefit also
to its regiment. When a second unit goes through the course in the same year, it has benefited at all
levels from the advice of the first one. The experience acquired in a few days by a few people is thus
gradually contributing to raise the operational level of all the units.
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