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Chapitre 3 STABILISATION

CONSTRUCTION EN TERRE
Chapitre III: STABILISATION
3.1 Définition et contexte
Pour construire en terre trois scenarios sont possibles:
 Employer la terre disponible sur le site et adopter au mieux au projet.
 Employer une terre importée du site qui convient aux exigences du projet.
 Modifier les propriétés de la terre locale pour qu’elles conviennent aux exigences du projet.
La stabilisation est l’ensemble d’actions ou processus mis en jeu pour modifier les propriétés du
système terre –eau-air afin d’obtenir les propriétés permanentes ou provisoires de compatibilité
avec les exigences du projet.
L’expérience a montré que le choix du stabilisant dépend du type de terre à utiliser.
L’efficacité d’une stabilisation se mesure grâce à la connaissance des performances avant et après le
traitement du sol ou celui des produits finis (économie ou surcoût résultant de la mise en place du
procédé.
Pour stabiliser il faut:
 Connaître les propriétés de la terre
 Connaître les améliorations ou performances mises en jeu
 Connaître les économies réalisées sur l’ensemble du projet (coût, délai, maintenance, entretien)
L'amélioration des propriétés de la terre par stabilisation sera un succès si le procédé employé est
compatible avec les impératifs du projet : coût et délais de réalisation, coût d'entretien notamment.
L’efficacité de la stabilisation peut se mesurer en terme de gain (ou d’économies): gain vis-à-vis des
performances physiques et mécaniques; gain vis-à-vis du coût financier.
3.2 les objectifs de la stabilisation
Les objectifs:
1. Obtenir les meilleurs caractéristiques mécaniques (compression, traction, cisaillement)
2. Obtenir la meilleure cohésion1 lorsque l'on exerce sur le matériau une contrainte de traction
3. Réduire la porosité, le gonflement et le retrait
4. Améliorer la résistance à l’érosion due au vent et à la pluie;
5. Réduire l’abrasion de la surface et la perméabilité
Les Actions:
Pour atteindre ces objectifs, trois types d’actions peuvent être envisagés:
 Réduire le volume des vides entre les particules en agissant sur la porosité
 Colmater les vides qui ne peuvent pas être bouchés en agissant sur la perméabilité
 Augmenter les liens entre les particules qui agissent sur la résistance
A chaque action correspond un procédé de stabilisation.
3.3 Procédés de stabilisation
On distingue trois procédés de stabilisation:
 Stabilisation mécanique: Le compactage de la terre modifie la porosité, la perméabilité, la
compressibilité et la résistance mécanique.
 Stabilisation physique: On s’intéresse à la texture (mélange contrôlé de fractions de grains
différentes); Egalement par traitement thermique (déshydratation, cuisson et congélation) ; ou
traitement électrique (électro osmose qui favorise le drainage de la terre, lui conférant de
nouvelles qualités structurales.

1
La cohésion d'une terre exprime la capacité de ses particules à se maintenir ensemble

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 Stabilisation chimique: La terre est ajoutée d'autres matériaux ou de produits chimiques qui
modifient ses propriétés, soit du fait d'une réaction physicochimique entre les particules et le
matériau ou le produit ajouté, soit en créant une matrice qui lie ou enrobe les particules. La
réaction physicochimique peut entraîner la formation d'un nouveau matériau: composé
pouzzolanique issu d'une réaction entre l'argile et la chaux par exemple. Les réactions physico-
chimiques modifient la matrice et créent de nouvelles liaisons.

Paramètres influençant l’efficacité de la stabilisation:


Les paramètres influençant l’efficacité de la stabilisation sont:
 La granulométrie: L’influence de la granulométrie sur la résistance générale d’un sol peut être
traitée selon plusieurs critères dépendant des paramètres utilisés pour décrire la forme de la courbe
granulométrique. Parmi ces paramètres utilisés on peut citer:
o le coefficient d’uniformité,
o le diamètre moyen des grains D50,
o la taille des plus gros grains Dmax,
o la proportion des fines F (% d’éléments inférieurs à 80 μ,
 L’état hydrique: Il se mesure par la valeur de sa teneur en eau w. Il peut donner lieu à un sol
saturé ou non saturé. La présence de l’eau dans le sol a une influence négative sur la résistance
généralisée d’une terre (diminution de la Rc et Rt, augmentation du gonflement, du retrait et de la
compressibilité);
 Le compactage: Le compactage d’un matériau en général et celui d’un sol en particulier peut
être cerné par la connaissance de deux paramètres: énergie de compactage, indice de vides.
 La nature du liant utilisé et son mode de mise en œuvre: La nature du liant a une influence
sur la résistance généralisée, de même que la teneur en liant et le mode de mise en place;
 L’Influence des constituants du sol: les constituants minéralogiques d’un sol peuvent avoir
des effets positifs ou négatifs sur la résistance généralisée des sols stabilisés par un liant.
3.4 Moyens de stabilisation
Deux cas sont envisageables:
 Terre non remaniée: la stabilisation se fait par imprégnation, injection (travaux publics,
ouvrages d’art, fondations, conservation de monuments historiques)
 Terre remaniée: les propriétés de stabilisation sont nombreuses et utilisent les stabilisants
d’origines animales, végétale, minérale et synthétique. Cette stabilisation peut se faire selon
six mécanismes:
i. Densification (compactage)
ii. Armer (armatures, fibres)
iii. Enchainer (apport d’un élément)
iv. Liaisonner (minéral argileux)
v. Imperméabiliser (bitume)
vi. Hydrofuger (résines)

3.4.1 STABILISATION PAR DENSIFICATION (mécanisme DENSIFIER)


La masse volumique apparente sèche
γd = γs/(1+e)
= γs(1-n)
= γh/(1+ω) = ρT/(1+ω)
Densifier c’est augmenter γd, c'est-à-dire diminuer e ou n.

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Et par conséquent, la stabilisation par densification d’un échantillon de sol revient à améliorer sa
résistance en jouant sur les paramètres granulométriques et les paramètres de compactage.
Lorsqu’on fait varier les paramètres granulométriques seulement, on réalise la densification
par gradation (lithostabilisation).
Si on fait varier les paramètres de compactage seulement, on parle de la densification par
compactage.
La densification peut se faire de deux façons:
En manipulant le terre de façon à évacuer le maximum d’air (compression-pétrissage) : La
texture de la terre ne varie pas mais l'on change sa structure car on redistribue les grains.
En intervenant sur la texture par ajouts d’autres grains en vue de combler les vides : Pour
opérer de cette deuxième façon, la texture doit être parfaite: ne pas laisser les vides entre chaque
groupe de grains. Il s'agit d'une intervention directe sur la texture

a) Densification par compactage ou par compression


On réduit les vides d’un échantillon du sol par application d’une force qui peut induire une
compression dynamique (vibration ou impact) ou statique. Les paramètres mis en évidence sont: la
masse volumique, l’indice des vides, la teneur en eau, le type de sol, l’énergie de compactage, le mode
de compression.
Energie de compactage: quel que soient le type de terre et la méthode de compression, une plus
grande énergie de compactage diminue la T.E.O. et augmente la masse volumique sèche. Mais de trop
fortes énergies de compactage peuvent produire des effets néfastes: laminage des blocs
On distingue 4 méthodes de compression:
 Compression stable (presse manuelle)
 Compression dynamique par vibration
 Compression dynamique par impact
 Compression par pétrissage
Principaux résultats : les études ont montré que lorsque l’énergie de compactage augmente, la
résistance augmente, l’indice des vides diminue, la teneur en eau optimale diminue.
Pour une énergie de compression donnée, la densité augmente lorsque le Coefficient d’uniformité
augmente.
Pour une énergie de compactage donnée, il existe une teneur en eau optimale où la densité sèche et la
résistance sont maximales.
γopt
γd
wopt Ec
w

R Rmax
Pour une teneur en eau donnée, si l’énergie de compactage devient trop élevée, la diminution des vides
peut avoir des effets suivants :
 rendre le sol très proche de son état de saturation
 Induire une augmentation des pressions interstitielles qui va décompacter la terre, et à terme
conduire à sa liquéfaction
 Le compactage ou la compression augmente la résistance généralisée d’un sol.
Sur les argiles, le compactage a pour effet de transformer une structure initialement dispersée à une
structure floculée où les plaquettes d’argile sont de plus en plus proches, ce qui provoque la
diminution de la perméabilité, du gonflement et du retrait.
Toutefois, ces améliorations sont généralement perdues si le sol compacté ou comprimé se retrouve
dans une ambiance humide.

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b) Densification par texture (litho stabilisation)


Dans la densification par texture, on obtient la meilleure résistance d’une terre face aux sollicitations
mécaniques et à l’action de l’eau en réduisant la proportion des vides et en multipliant les contacts
entre les grains. La réduction des vides se fait par l’apport d’autres matériaux qui viendraient occuper
les vides laissés par les matériaux initiaux (correction granulaire).
Il est possible de corriger une teneur trop forte ou trop faible en graves, en sables ou en fines, soit par
apport de fractions faisant défaut, soit par exclusion de fractions en excès (écrêtage):
 Pour une terre riche en grave, il suffit de l’écrêter afin d’enlever les plus gros éléments;
 Pour une terre riche en fines, une terre de ce type peut être améliorée en enlevant les fines
par lavage. Néanmoins, cette technique demeure très difficile à contrôler car on risque
d'enlever la totalité des fines2.

 Pour les sols très sableux ou très argileux:


Si les terres disponibles sont très différentes et particulièrement sableuses et argileuses, il sera
nécessaire de les mélanger (reconstitution artificielle d’un matériau de courbe granulométrique fixée
d’avance). Il est théoriquement possible d’obtenir une granulométrie spécifique par le mélange de
matériaux de granulométries différentes. Il suffit de calculer les proportions de chaque constituant de
granulométrie connu pouvant permette d’obtenir le matériau désiré. Les méthodes peuvent être
graphiques ou mathématiques (résolution d’équations du premier degré pour chaque tamis de
contrôle).
Méthode graphique de correction granulométrique
Le diagramme granulométrique comporte en abscisse la gosseur des grains et en ordonnée le
pourcentage des tamisât cumulés. Ce pourcentage exprime la proportion en poids, par rapport au poids
de l’échantillon sec de grains dont la grosseur est inferieure à la grosseur portée en abscisse.
On porte sur un même diagramme granulométrique les courbes des terres sableuse et argileuse
ainsi que le tracé de la courbe optimale recherchée. On joindra par une droite (D) le point le plus bas
sur la courbe de la terre sableuse B au point le plus haut sur la courbe de la terre argileuse A.
L'ordonnée alpha du point d'intersection I entre cette droite et la courbe optimale nous donne la
proportion de la terre la plus fine à mélanger à la terre la plus grossière pour obtenir une texture qui
approche celle de la courbe optimale.

Tamisât cumulé (%)


100 C
B A A
B

α%
Optimale
visée

0
10mm 10µ 5µ 0.1µ Diamètre des particules
α% de fines
Sol C = (α/100) sol A+ ((100-α)/100) sol B

2
Il est préférable de laver entièrement une certaine quantité de terre puis, après séchage, de la mélanger avec la terre initiale.
Cette procédure est délicate. Aussi, il conviendra plutôt de réaliser un mélange de la terre initiale avec une terre plus riche en
éléments grossiers dont on s'assurera qu'elle ne contient ni fines, ni éléments d'un diamètre supérieur à la grosseur de grain
maximale admissible.

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Méthode Mathématique de correction granulométrique (reconstitution d’une courbe
granulométrique à partir de n sols)
 Problème ; On dispose de n sols S1, …, Sn. dans quelles proportions αj faut il mélanger quand on
dispose de m tamis ?
 Mise en équation
Ti = Tamisât n°i du sol idéal S (recherché); (Tk=Tk-1-Refus,k)
t1i ;t2i ; t3i ;… ; tni sont les tamisâts cumulés des sols S1, S2,…, Sn correspondant au tamis n°i,
i=1,m
 n
  j  1;(1)
1
 n
; pour i=1 à m (sol mélangé S’, m+1 équations à n inconnues)
t   t (2)
 i 
1
j ji

n
 i  (Ti  ti ) 2  (Ti   j t ji ) 2 , carré de l’écart granulométrique au tamis de rang i entre la courbe
1

optimale de S et la courbe résultante du sol mélangé S’.


C’est la mesure de l’erreur correspondant au tamis n° i entre les tamisâts du matériau idéal S et le
mélange S’ des matériaux S1, S2,…, Sn.
m
L’erreur totale cumulée est   
1
i .

Le but c’est de déterminer les inconnues qui minimisent cette erreur.


 Résolution
n 1
On a d’après (1):  n  1  
1
j (n sols)

n 1 n 1 n 1
Donc  i  (Ti    j t ji  (1    j )tni )2  (Ti  tni    j (t ji  tni ))2
1 1 1

U i  Ti  tni
On pose :  connus
u ji  t ji  tni
n 1 n 1 n 1
 i  (U i    j u ji ) 2  U i 2  2U i   j u ji  (  j u ji )2
1 1 1
m
 m n 1
 n 1
    i ;    U i 2  2U i   j u ji  (  j u ji ) 2 
1 1  1 1 
m
    i est donc une Forme Quadratique positive ou nulle, elle est minimale lorsque ses dérivées
1

partielles par rapport aux αj sont toutes nulles (j=1à n-1), c’est-à-dire:

 0; k  1, n  1 ;
 k

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    2 m n 1
2 
n 1
  U i  2U i   j u ji  (  ju ji )  
 k  k  1  1 1 
m
  2 n 1 n 1

 U  2U i  j ji
 u  (   ju ji )2 
 k 
i
i 1 1 1 
m
 m
  n 1
 m   n1 2
 U i 2     2U i  j ji   
 u (  j u ji ) 
i 1  k i 1  k  1  i 1  k  1 
 m
  n1  m   n1 2
 0   2U i   j ji   
u (  ju ji ) 
 k i 1  k  1  i1  k  1 
m
 n 1

   2U iuki   2uki (  j u ji ) 
i 1  1 
m  
 n1 m m n 1
 0    2U iuki  2uki (  j u ji )   0   U iuki   uki (  ju ji )
 k i 1  j 1  i 1 i 1 j 1

Pour i=1, n-1 on a n-1 équations linéaires; Pour j=1, n-1 on a n-1 inconnues αj ;
La résolution de ce système linéaire de n-1 équations à n-1 inconnues détermine α1, α2,…. et αn-1.
n 1
Enfin: on détermine  n  1  
1
j

Limites de la densification par compression ou par gradation


Si l’effet immédiat de la stabilisation par densification est la réduction de l’indice des vides qui
conduit à une augmentation de la résistance par la compression et à la diminution de la perméabilité, il
existe des inconvénients:
 Perte de résistance: lorsque le matériau est placé en ambiance humide
 Mauvais comportement des matériaux: lorsqu’ils sont soumis aux sollicitations dynamiques
 Faible résistance aux tractions
Pour palier aux deux derniers inconvénients, on peut ajouter à la densification une stabilisation par les
armatures.

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3.4.1 STABILISATION PAR ARMATURES (mécanisme ARMER)
La stabilisation par armatures se fait avec des fibres d’origines variées. Les fibres sont considérées ici
comme un agent de renforcement de la structure au même titre que les graviers ou les aciers. Dans les
bétons. Ce mode de stabilisation s’adapte bien aux différentes méthodes de mise en œuvre de la terre
(état plastique ou humide, compression, pétrissage, malaxage)
a) Rôle des fibres
La présence des fibres dans une terre vise 4 objectifs :
 Empêcher la fissuration de la terre au séchage en répartissant la tension due au retrait de ces
matériaux sur toute sa masse;
 Accélérer le séchage grâce au drainage de l-humidité vers l’extérieur. Inversement, la présence
des fibres peut augmenter le taux d’absorption d’eau du matériau. ;
 Alléger le matériau. En effet, le volume des fibres étant important, il diminue la masse
volumique du matériau et améliore de ce fait ses propriétés isolation et augmente sa
déformabilité ;
 Augmenter la résistance à la traction. En effet, la présence des fibres dans le matériau empêche
la propagation des fissures en reprenant les efforts de traction. La résistance du matériau sera
d’autant plus élevée que la résistance propre des fibres est élevée et que les frottements fibres-
matériau sont importants.

b) Types de fibres
La variété des fibres utilisées sont d-origines diverses:
 Fibres végétales: pailles de toutes sortes: roseaux, blé, riz, sciure et copeaux, bois, fibres de
noix de coco, de palmier, de bambou;
 Fibres animales: poils de crins de bétail.
 Fibres synthétiques : fibre de verre, fibres d’aciers, fibre de cellophane (papier transparent).

c) Mécanismes de mobilisation des efforts


La terre non renforcée de fibres possède un degré à la fissuration élevée. Cette résistance au
cisaillement est d’autant plus forte que la résistance à la traction propre des fibres est élevée.
La résistance à la traction et à la compression des matériaux armés de fibres dépend de la
quantité des fibres utilisées, de la longueur des fibres, du frottement sol-fibre et de la résistance propre
des fibres.
Les résultats des essais réalisés sur un mélange de terre et de fibres montrent qu’il existe une
teneur optimale en fibres pour laquelle la résistance à la traction est maximale. Elle est située entre 4 et
8 % (en volume). Les longueurs de fibres ont également une influence. Les plus fortes résistances sont
obtenues avec des fibres dont les longueurs varient entre 4 cm et 6 cm.
d) Aspects pratiques de mise en œuvre
Le mélange matériau-fibres doit se faire à sec.
 Les fibres utilisées doivent être coupées à des longueurs bien précises.
 Les mélanger dans la terre dans de proportions déterminées par les essais de laboratoires
(teneur optimale). Pour bien homogénéiser le mélange il faut éviter la concentration des fines.
 Quand le matériau terre-fibres est homogénéisé, ajouter éventuellement d’eau et de stabilisant
e) Avantages
 Augmentation remarquable de la résistance à la traction des produits finis,
 Faible augmentation de la résistance à la compression à sec qui dépasse rarement les 15%

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 Des possibilités qu’ont les matériaux armés de fibres de subir de grandes déformations font en
sorte que leur utilisation en zone sismique est intéressante
 possibilité d’utiliser les fibres en combinaison avec d’autres stabilisants.

f) Inconvénients
Les matériaux armés de fibres peuvent perdre leurs qualités lorsque :
 Les matériaux restent en ambiance humide
 les fibres vegetales ou animales sont attaquées par des insectes ou rongeurs,
 les fibres subissent une putréfaction,
 les fibres synthétiques sont corrodées par des produits chimiques contenus dans la terre ou
certains stabilisants.
Pour palier tous ces inconvénients, on pourrait avoir recours à certains liants synthétiques ou minérales
(ciment)

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3.4.1 STABILISATION AU CIMENT (mécanisme ENCHAINER)
La stabilisation au ciment est un processus chimique. Le principe consiste à introduire dans la
structure de la terre une matrice tridimensionnelle inerte qui va s’opposer à tout mouvement de terre:
les vides sont remplis par un liant insoluble capable d’enrober les particules dans une matrice inerte.
C’est la consolidation par cimentation. La formation de la matrice inerte est indépendante de la
fraction argileuse. Le principal stabilisant qui agit de cette façon est le ciment.
Les ciments sont des liants hydrauliques se présentant sous forme de poudres fines, constitués
de silicate et aluminate de calcium qui en présence de l’eau s’hydrate pour former un matériau solide,
ce qui explique leur utilisation pour la fabrication des mortiers de béton. Ils peuvent être mélangés à
des matériaux inertes et éventuellement colorés (CPA, CPAL, CPZ, CPJ, CPJ 35).
3.4.1.1 Principaux constituants du ciment

 L’alite : 3CaOSi O2  C3 S , 50;75%


 La belite 2CaOSi O2  C2 S ,  7;80%
 L’aluminate CaOAl2O3  C3 A ,  0;16% 
 Le celite 4CaOAl2O3 Fe2O3  C4 AF ,  0; 20%
Pour la Ciment Portland Artificiel (CPA) on a:
 Ciment argileux ciment
 CPA- constituants secondaires, CPAC (cendres volants); CPAL (laitier); CPALZ
(pouzzolanes)
 Ciment contenant plus de 20% de laitier : CMM (50  5%L) ciment métallurgique; CHF
(70  5%), ciment Haut Fourneau;
 Ciment de laitier au clinker (plus de 80%L), CPJ
 Silicate tricalcique, Ca3 SiO3
 Silicate bicalcique Ca2 SiO4
 Aluminate tricalcique Ca3 Al2O6
 Aluminoferrite bicalcique Ca2 AlFeO8
 Aluminoferrite tétracalcique Ca4 Al2 FeO10
 Aluminate de calcium CaAl2O4

3.4.1.2 Mécanisme de stabilisation au ciment:


La stabilisation d’une terre au ciment est le résultat de trois types de réactions chimiques qui ont lieu
dans un mélange terre-ciment-eau.
Réaction 1 ciment-eau (hydratation)
Réaction 2 ciment hydraté – squelette sableuse
Réaction 3 ciment hydraté- argile
A. REACTION CIMENT-EAU
Le mélange ciment –eau conduit à une hydratation de silicate, aluminate, et des aluminoferites de
calcium suivant les mécanismes ci-après:
 Hydratation complète de l’alite: (exothermique)
2(3CaOSiO2 )  6 H 2O  3CaO 2 Si O2 3H 2O  3Ca (OH ) 2
 Hydratation complète de l’Aluminate de calcium:
3CaAl2O3  6 H 2O  3CaOAl2O3  6 H 2O

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L’aluminate tricalcique hydratée en présence du gypse va provoquer la réaction suivante, qui
va conduire à la formation des étreignîtes; (24 heures après le début des réactions
d’hydratation, les aluminates vont donner des étreignîtes).
(3CaOAl2O3  6 H 2O  25H 2O)  CaSO4 2 H 2O  3CaOAl2O3 3CaSO4 31H 2O
Début de prise gypse étreignîtes
Ce résultat (étreignîtes) va enrober les grains d’aluminate et d’aluminoferite par une membrane semi-
perméable, va bloquer pendant un certain temps des réactions d’hydratation.
Trois heures après sa formation, cette membrane va se déchirer, du fait de très forte pression
osmotique et les réactions d’hydratation d’aluminate vont se poursuivre.
 Hydratation de la bélite:
2(2CaOSiO2 )  4 H 2O  2SiO2 3CaO3H 2O  Ca (OH ) 2
Une partie de la chaux libérée par l’hydratation de la bellite et l’allite va attaquer les alumino
ferrites pour aboutir à la formation des cristaux stables selon la réaction suivante.
 Attaque des aluminoferrites:
4CaAl2O3 Fe2O3  2Ca (OH )2  10 H 2O  3CaOAl2O3 6 H 2O  3CaOFe2O3 6 H 2O
Alumines (C3(A) H6) ; C3(F) H6
A ce stade, le ciment s’est complètement hydraté.
B. REACTION CIMENT HYDRATE-SQUELETTE SABLEUX:
Les micro cristaux des silicates de calcium hydratés croissent et forment autour de grains sablés ou
granulats (enchaînent) un gel qui assure le durcissement du mélange tout en lui donnant la cohésion.
On dit que les cristaux des silicates de calcium hydratés enchaînent. C’est l’ensemble des réactions
précédentes qui permettent la stabilisation de la terre par un gel enchainant des particules des sables et
autres granulats (mécanisme enchaîner)
C. REACTION CIMENT HYDRATE-ARGILE:
La chaux éteinte libérée par les réactions d’hydratation des principaux minéraux du ciment va détruire
une partie de minéraux argileux pour former les silicates de calcium hydraté de type
CaOSiO2 H 2O

2CaOSiO2 2 H 2O
CaOAl2O312 H 2O
Ou des aluminates de calcium hydraté de type 
3CaOAl2O3 6 H 2O
Qui sont en fait des ciments. Ces réactions sont des réactions pouzzolamiques (qui sont collatérales)
3.4.1.3 Conditions d’utilisation du ciment:
La compilation des différents résultats bibliographiques montrent que :
 Le ciment se comporte bien avec les sables et les graviers (mortiers et bétons)
 Les terres inactives (moins de 10% de silt ou limons) se stabilisent bien au ciment.
 Les terres riches en argiles ou en limons (silt) se comportent moins bien avec le ciment.
Constituants ayant un effet positif sur le ciment :
Hydroxydes et oxydes métalliques: ils améliorent l’efficacité de la stabilisation dans les terres
lateritiques. Cette efficacité pourrait s’expliquer aussi par la réaction type pouzzolanique entre latérite
et la chaux libérée par les réactions d’hydratation du ciment.
Constituants ayant un effet néfaste sur le ciment:
 Les matières organiques contenant les acides nucléiques, nitriques et le glucose ralentissent la
prise du ciment et abaissent sa résistance. Il est interdit de stabiliser au ciment une terre qui
contient plus de 2% de teneur en matières organiques

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 Les sulfates : attaquent également le ciment. les sulfates (sulfate de calcium, gypse) sont
néfastes, ils provoquent la destruction du ciment durci et augmentent la sensibilité. Il est
recommandé de faire une étude spécifique pour des terres contenant plus de 2% de sulfates;
 Les chlorures (possibilité de formation d’acides).
L’eau de gâchage utilisée ne doit contenir ni matières organiques ni les sulfates.

Aspects pratiques de la mise en œuvre de la stabilisation de la terre au ciment


Indépendamment de la mise en œuvre, la terre à stabiliser subit une série d’opérations, dont l’objectif
est d’arriver à un mélange intime terre-ciment-eau.
Terre sèche+pulvérisation (réduction de la terre à des éléments +ou – fins) + homogénéisation terre-
ciment+homogénéisation terre-ciment-eau + mise en œuvre
Ecrêtage -pulvérisation-Malaxage (ciment, eau) -Moulage-Démoulage-Séchage
Pulvérisation: les éléments fins ne doivent pas s’agglomérer en nodules dont la grosseur
n’excède pas 10mm. La présence de nodule de grosseur supérieur à 5mm peut réduire la
résistance en compression de moitié. Le but de la pulvérisation est de réduire les nodules:
- Par malaxage: il se fait avec une terre sèche mélangée au ciment. L’eau nécessaire ne sera
ajoutée qu’en fin de malaxage
- Par moulage: le matériau est compacté juste après le malaxage.
- Par séchage: la résistance terre-ciment augmente avec le temps 14 jours de cure de
séchage sont nécessaires.
Pendant la période de séchage le matériau est maintenu en ambiance humide à l’abri du vent et du
soleil. Les matériaux séchés en compact doivent être humidifiés par aspersion et recouverts d’une
feuille de plastique (maintien une élévation de température et une humidité relative)
Dans la mise en œuvre on peut utiliser le moulage.
Si le compactage est fait, il est conseillé de:
 Utiliser une teneur en eau coté humide (légèrement supérieur à la teneur en eau optimale) si la
terre est riche en argile
 Utiliser une teneur en eau coté sec (légèrement inférieur à la teneur en eau optimale) si la terre
est riche en sable
3.4.1.4 Principaux résultats
La stabilisation au ciment conduit aux résultats suivants :
 Diminution importante du retrait au séchage
 Diminution du gonflement dû à l’humidité
 Amélioration de la résistance à l’érosion et à l’action de la pluie
 Amélioration de la résistance à la traction et à la compression
 Les résistances augmentent avec le dosage du ciment et lorsque le temps de cure augmente
(opération qui consiste à empêcher l'évaporation de l'eau du béton au jeune âge)
 En général, les terres stabilisées au ciment donnent de bons résultats pour des dosages variant
entre 6 et 12 % .Toutefois, certaines terres n’exigent que 3%.
L’efficacité du dosage se mesure par résistance à la compression à l’état humide. La
compilation des principaux résultats bibliographiques montre que pour une terre donnée, Les meilleurs
résultats sont obtenus avec les graves, les sables plutôt qu’avec le silt et argiles
3.4.2 STABILISATION A LA CHAUX (mécanisme LIASONNER)
3.4.2.1 Classes de chaux
La chaux se présente sous forme de poudres fines blanches. Si ces poudres sont uniquement
constituées d’oxyde de calcium (CaO, chaux vive). Constitué d’hydroxyde de calcium Ca(OH)2, chaux
grasse ou chaux éteinte.

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Chapitre 3 STABILISATION
La chaux grasse: Ca (OH )2 obtenue par extinction de la chaux vive CaO
La chaux hydraulique naturelle XHN obtenue par cuisson de calcaire naturel plus ou moins
mélangé aux argiles et l’extinction de la chaux vive qui laisse les éléments durs de silicate et
d’aluminate de chaux qui doivent être broyés. Ce sont ces éléments qui permettent le durcissement
sous l’eau de ses liants.
La chaux hydraulique artificielle XHA: elle est obtenue par mélange de clinker et de ciment
portland et des poudres inertes (fillers clinker) avec incorporation éventuelle d’entraineurs d’air:
En utilisation comme critère l’indice d’hydraulicité i proposé par Vicat : poids des constituants acides
/poids des constituants basiques.

SiO2  Al2O3  Fe2O2


i
CaO  MgO

On peut identifier 5 classes de chaux.


Type de chaux % argile i Durée de prise
Chaux grasse 0 0 - 0.1 6 mois
Chaux faiblement hydraulique 5-8 0-0.6 15 -30 Jours
Chaux moyennement hydraulique 8-14 0.16-0.30 10 -15 jours
Chaux hydraulique 14-19 0.30-0.40 2 -4 jours
Chaux éminemment hydraulique 19-22 0.40-0.50 2 jours

3.4.2.2 Mécanisme de stabilisation à la chaux


La matrice inerte est introduite dans le système air-eau qui réagit avec la fraction argileuse selon cinq
procédés selon:
 Réaction d’absorption d’eau:
La chaux vive en présence de l’eau subit une réaction d’hydratation qui s’accompagne d’un
dégagement de chaleur
CaO  H 2O  Ca (OH ) 2
 Echange cationique
Le sol humide mélangé à la chaux devient saturé en ions calcium. Les ions calcium se substituent aux
cations échangeables tels que le sodium Na; potassium K; magnésium Ng, qui se trouvent dans les
minéraux argileux.
 Floculation et agglomération:
Du fait de l’échange cationique, les particules de terre sont floculées et s’agglomèrent du fait d’un
apport massif en ions OH-
 Carbonisation de la chaux éteinte:
La chaux grasse mélangée au sol réagit avec les CO2, carbonate de l’air pour donner le carbonate de
calcium qui est un ciment médiocre. Ca (OH ) 2  CO2  CaCO3  H 2O
Ce type de réaction consomme une partie de la chaux grasse disponible par la réaction pouzzolanique
 Réactions Pouzzolaniques
C’est la réaction la plus importante qui justifie la stabilisation par la chaux d’une terre.
La présence de la chaux grasse a pour effet l’augmentation du PH du système terre + chaux+ eau; si la
chaux grasse est en quantité suffisante pour que le système terre + chaux+ eau devienne basique (PH
supérieur à 12), il y a alors destruction des argiles par la chaux du fait de la très grande solubilité de la
silice SiO2 et de l’alumine Al2O3 . La silice et l’alumine ainsi libérée s’associent à la chaux pour
donner des microcristaux de silicates et d’aluminates hydratées.

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Chapitre 3 STABILISATION
CaOSiC2 H 2O; 4CaOAl2O312 H 2O ; 2CaOSiO2 2 H 2O;3CaOAl2O3 6 H 2O
Ces microcristaux de silicates et d’aluminates vont croître pour former un gel gluant des particules
et qui en durcissant donne la cohésion à l’ensemble des matériaux.
3.4.2.3 Adjuvants
Pour améliorer la stabilisation certains adjuvants peuvent être utilisés:
 pour augmenter la réactivité d’une terre: la soude caustique NaOH ; le sulfate de sodium
Na2 SO4 ; le métasilicate de sodium; le carbonate de sodium Na2CO3 ; l’aluminate de
sodium NaAlO2 . A une dose d’1/4 de 2 molécules grammes par litre d’eau de compactage.
 Pour augmenter la résistance à la compression, on pourra ajouter jusqu’à 10% (du poids de la
chaux) du ciment portland ;
 Pour rendre le sol traité hydrofuge, on pourra utiliser le sulfate de potassium,
 Pour augmenter l’efficacité de la stabilisation dans le cas de terre sablonneuse (de réduire le
gonflement dû à la présence de la chaux vive), on peut utiliser le sulfate de magnésium dosé à
¼ du poids de la chaux.
3.4.2.4 Conditions d’utilisation d’une stabilisation par la chaux.
La stabilisation par la chaux est d’autant meilleure que la terre contient un pourcentage non
négligeable des minéraux argileux. Toutes les terres actives (A au dela de 1,25) conviennent à la
stabilisation par la chaux.
Les terres argileuses se stabilisent bien à la chaux et les résultats sont d’autant meilleurs que
les argiles sont riches en silicate d’alumine, silice et hydroxydes de fer.
Les pouzzolanes naturelles réagissent bien avec la chaux
Les matières organiques peuvent bloquer les échanges ioniques dans les terres argileuses sans
pour autant bloquer les réactions pouzzolaniques. Il faut éviter de stabiliser les terres argileuses
contenant plus de 20% de matières organiques.
Les sulfates de calcium et magnésium sont néfastes et surtout lorsqu’ils sont humides. Il faut
éviter de stabiliser toutes les terres argileuses riches en sulfate sans une étude préalable.
3.4.2.5 Aspect pratique et mise en œuvre
La préparation des matières premières visent deux objectifs: une préparation d’un mélange intime terre
argileuse + chaux; une humidification homogène de ce même mélange.
Les aspects pratiques sont identiques à la mise en œuvre d’une terre stabilisée au ciment.
Ecrêtage-pulvérisation-malaxage terre+chaux + eau-moulage-démoulage-séchage.
On insistera sur la pulvérisation. Une terre finement broyée rendra la chaux plus active.
3.4.2.6 Principaux résultats
 Une augmentation des indices de consistance
 Une augmentation de la résistance jusqu’à la valeur de la teneur en chaux optimale
 Une augmentation de la masse volumique en fonction de la teneur en chaux
 Une augmentation de la teneur en eau optimale lorsque la teneur en chaux augmente.
 Pour un sol donné et pour une teneur en chaux constante la résistance à la compression
augmente avec le pourcentage d’argile
 La résistance augmente avec le temps de cure (temps pour empêcher l’eau de sortir du
matériau pour permettre aux réactions de se produire jusqu’à la fin ; on peut couvrir le
matériau d’un film polyane)
 Pour des stabilisations ordinaires, des dosages en chaux couramment appliqués varient entre 6
et 12% du poids de la terre.

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Chapitre 3 STABILISATION
3.4.2.7 Relation entre ENCHAINER(avec le ciment) et LIER
 Rapprochements : Ce sont deux mécanismes du procédé de stabilisation chimique :
ENCHAINER : le mélange ciment-eau conduit à une hydratation des silicates, des aluminates et
des aluminofferites des calciques (contenue dans le ciment), puis le ciment hydraté réagit sur le
squelette sableux en introduisant dans la structure de la terre une matrice tridimensionnelle inerte et
résistante qui va s’opposer à tout mouvement de la terre. Les microcristaux de silicates et d’aluminates
hydratées vont croître pour former un gel autour des grains sableux qui en durcissant donne la
cohésion du mélange.
LIER : la chaux éteinte détruit une partie des minéraux argileux pour former les silicates de
calcium hydratés et des aluminates (en micro cristaux), qui vont croitre et former un gel liant les
particules et qui en durcissant donne la cohésion à l’ensemble du matériau (en formant des liaisons
chimiques stables entre les cristaux d’argile).
 La stabilisation au ciment (mécanisme enchainer, sur le squelette sableux) peut conduire à
la stabilisation à la chaux (mécanisme lier) :
La réaction d’hydratation du ciment libère la chaux et si la terre à stabiliser est riche en argile, cette
chaux va attaquer l’argile pour former des liaisons chimiques stables entre les cristaux d’argiles (très
grande solubilité de la silice SiO2 et de l’alumine Al2O3 ). La silice et l’alumine ainsi libérée
s’associent à la chaux pour donner des microcristaux de silicates et d’aluminates hydratées, qui vont
croitre pour former un gel gluant des particules et qui en durcissant donne la cohésion à l’ensemble du
matériau (mécanisme lier, réactions pouzzolaniques).
Si la terre n’est pas riche en argile, la stabilisation au ciment ne conduira pas à la stabilisation par la
chaux.
 Différence entre enchaîner et lier :
ENCHAINER consiste à créer un squelette inerte qui va s’opposer à tout mouvement de la
terre. Il a lieu sur le squelette sableux et a donc pour but d’augmenter la résistance ;
Tandis que LIER consiste à former des liaisons chimiques stables entre les cristaux argileux.
Il a lieu sur la matrice argileuse et donc pour but d’augmenter la cohésion.

3.4.3 AUTRES STABILISANTS


3.4.3.1 STABILISATION AU BITUME OU LIANT HYDROCARBONE
(IMPERMEABILISER)
3.4.3.2 Principe
C’est un mode de stabilisation qui conduit à réduire l’érosion due à l’eau, le gonflement et le retrait
dus au cycle de séchage et de mouillage.
Pour imperméabiliser on va utiliser les liants hydrocarbures (hydrocarbonés)
Les liants hydrocarbonés: ensemble des matières contenant des hydrocarbures et leurs dérivés
non métalliques comprenant les matières minérales plus ou moins inertes. Exemples: goudron,
l’asphalte, les bitumes (naturel, pétrole, paraffinique ou asphatique)
Le bitume est un mélange d’hydrocarbures caractérisé par leur pouvoir adhésif, entièrement
solubles dans du sulfure de carbone. Le bitume est une substance très visqueuse (voire solide) à la
température ambiante et de couleur noire. D’aspect solide ou un peu fluide, sa densité varie entre 1,01
et 1,070 à 15 °C.
Les goudrons de houille appelé aussi simplement goudron, sont des dérivés houillés de
couleur marron à noire, très visqueux, voire solides (brai de goudron).
Le bitume fluidifié (cut back) est un bitume dont la viscosité a été réduite par l'ajout un diluant
plus ou moins volatil (pétrole)

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Chapitre 3 STABILISATION
Une émulsion est un mélange intime de 2 constituants non miscibles. Deux liquides sont dits
miscibles quand ils se mélangent totalement l'un dans l’autre (cf. eau et vinaigre miscibles et eau et
huile immiscibles). La phase dispersante ou continue est le plus souvent un liquide et la phase
dispersée ou discontinue peut être un liquide plus ou moins visqueux ou un solide mou comme le
bitume, le goudron et le brai (Le brai (de houille, de pétrole) est un résidu pâteux de la distillation du
goudron, du pétrole ou de la résine)
 La stabilisation s’impose dans les travaux d’étanchements pelliculaires (membranes,
enveloppes).
 D’une façon générale, la stabilisation aux liants hydrocarbonés peut être appliquée à toutes les
terres qu’elles soient sableuses ou argileuses, à condition de connaître les objectifs à atteindre.
cette stabilisation est indiquée pour les terres sableuses ou sablo graveuses ou manquant de
cohésion.
Toutefois, la présence des sels solubles est susceptible de détériorer les liaisons entre bitume et argile,
ensuite du phénomène d’hydratation et de déshydratation successives. Eviter de stabiliser les terres
contenant plus de 0.2% des sels solubles.

3.4.3.3 Aspects pratiques


Pour que la stabilisation au liant hydrocarboné puisse atteindre ses objectifs, il faut au
préalable qu’un mélange intime sol-liant soit réalisé d’où l’importance du malaxage.
Malaxage: en général les liants hydrocarbonés sont des solides mous ayant une viscosité
élevée (résistance à l’écoulement uniforme). Pour que le malaxage soit efficace, il faut baisser
la viscosité du liant (par chauffage ou par émulsion):
a. En chauffant le liant hydrocarboné, le malaxage sol-liant se fait à chaux. Le liant est
chauffé à une température à laquelle il se présente sous forme d’un fluide ou liquide et
à laquelle la viscosité est suffisamment faible pour pouvoir enrober les particules du
sol. Maintenu à cet état fluide, il est mélangé au sol puis malaxé jusqu’à l’obtention
d’un mélange homogène.
b. En réalisant une émulsion de liant hydrocarboné, le malaxage se fait à froid. On utilise
une émulsion du liant hydrocarboné. La quantité nécessaire de l’émulsion du liant est
ajoutée au sol et l’ensemble est malaxé jusqu’à l’obtention d’un mélange homogène.
Moulage : Pour les bitumes à charge de rupture rapide, le moulage se fera dès la fin du
malaxage. Pour les bitumes semis rapides l’attente est possible entre le moulage et le malaxage
Compactage: entre 20 et 40 bars pour donner au matériau une structure qui facilitera
l’évaporation des solvants.
Cure et séchage: il est conseillé de sécher les matériaux stabilisés au bitume à l’air sec.
Mise en œuvre: elle dépend de la destination du produit. Elle peut se faire par compactage
(teneur en liant hydrocarboné optimale); par badigeonnage ou par pulvérisation pour le cas des
enduits (état fluide).
3.4.3.4 Principaux résultats
 Pour un sol donné, il existe une teneur optimale en liant hydrocarboné où la résistance à la
compression avant et après imbibition dans l’eau est maximale. Pour le bitume, cette teneur
varie entre 4 et 7%
 Lorsque la teneur en liant hydrocarboné est optimale, le pourcentage d’imbibition est minimal.
 Le mélange sablo-graveleux-liant hydrocarboné est utilisé comme couche de roulement en
construction routière.
D’une façon générale, la teneur optimale en liant hydrocarboné doit être déterminée en
laboratoire pour chaque type de sol à stabiliser.

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Chapitre 3 STABILISATION
RELATION EMPIRIQUE
S = k (0.05a+0.1b+0.35c)
k est une constante dont la valeur dépend de la nature du sol.
a est le pourcentage des particules de diamètre inférieure ou égale à 0.074 mm
best le pourcentage des particules de diamètre compris entre 0.0005 et 0.001 mm
c est le pourcentage des particules de diamètre inférieur à 0.0005 mm

3.4.3.5 Domaine d’utilisation de la technique de stabilisation aux liants


hydrocarbonés
 Adobes, enduits,
 étanchement des fondations.
Aspect négatif: sur le coût, le prix d’achat élevé; sur l’environnement, certains produits sont
cancérigènes comme le goudron

3.4.4 HYDROFUGER
3.4.4.1 Principe
L’intervention se fait sur le mouvement de l’eau et de la vapeur d’eau dans la terre en changeant soit
sa nature ou en réduisant la sensibilité des plaquettes d’argiles à l’eau. Pour ce faire deux interventions
sont possibles:
1. on remplace les ions (Echange ionique) par d’autres jusqu’à l’obtention d’ions qui se fixent sur la
plaquette d’argile et qui ne peuvent être liés par l’eau (certains acides activent le phénomène).
2. On provoque sur une des extrémités des plaquettes d’argiles une fixation de modèles hydrofuges
(utilisation des résines). Les résines (caoutchouc, gaz,….) sont des substances naturelles,
artificielles ou synthétiques solides, semi solide, transparentes ou non, et solubles dans certains
sols:
Résines naturelles: il s’agit des produits provenant des secrétions de plantes qui peuvent se présenter
sous la forme d’une consistance molle ou pâteuse. Certains prenant un aspect visqueux après une
certaine période d’exposition au soleil. Leur composition chimique est variable et de nature colloïdale
(exemple: gomme)
Résines artificielles: polymères thermo plastiques rigide, gommeuses ou liquides qui sont obtenues
par des réactions chimiques de condensation ou de polymérisation des différents hydrocarbures non
saturés provenant des goudrons, de la houille, des résines naturelles ou des produits dérivés de pétroles
(acétate de polyvinyle, glycérophtaliques, silicones)
3.4.4.2 Mécanisme de stabilisation aux résines
Si la résine est sous forme d’émulsif, le mécanisme est le même que pour la stabilisation au bitume.
Les résines sont constituées des molécules à longue chaine, résultant des réactions de polymérisation
des monomères qui peuvent se présenter sous deux états:
Sous forme de polymères en solution dans un solvant sous forme d’émulsion.
Sous la forme de monomères dont les réactions de polymérisation sont déclenchées par un catalyseur.
3.4.4.3 Mécanisme de stabilisation par réaction chimique
Les monomères sont ajoutés à la terre en même temps que le catalyseur. Les réactions chimiques qui
se déclenchent conduisent à la polymérisation des monomères qui donnent naissance aux résines qui
enrobent les particules du sol et les liaisonnent.
3.4.4.4 Mécanisme de stabilisation par coagulation

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Chapitre 3 STABILISATION
La résine en solution dans un solvant ou sous forme d’émulsion est mélangée au sol.
Le départ des matières volatiles provoquent le phénomène de coagulation (les molécules de résine se
ressoudent) et à terme provoque l’enrobage des particules par les résines qui les liaisonnent.
Les deux mécanismes ci-dessus peuvent conduire dans certains cas à une imperméabilisation totale du
sol traité et à l’augmentation de sa résistance et de sa cohésion.
Les aspects pratiques de la mise en œuvre sont analogues à ceux utilisés pour les liants hydrocarbonés.
3.4.4.5 Avantages
- Facilité d’incorporation à la terre du fait que leur viscosité peut être comparable à celle de
l’eau
- Prise rapide (action énergétique pouvant solidifier même les terres humides)
3.4.4.6 Inconvénients
- Coût élevé (technologies sophistiquées)
- La plus part des résines sont nocifs.
Exemple de résines utilisables dans la stabilisation du sol
Résines naturelles: il s’agit des résines obtenues par la transformation des produits
naturels (colophane; mélasses; cires naturelles; sève; latex)
RECAPITULATIF DES SIX MECANISMES DE STABILISATION

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