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Goitres simples
F Duron
E Dubosclard
Résumé. – Le goitre dit « simple » est la maladie endocrinienne la plus répandue dans le monde, qu’il soit
sporadique ou endémique. Le goitre nodulaire est une maladie thyroïdienne intrinsèque dont la constitution
est favorisée par des facteurs mitogènes (thyroid stimulating hormone [TSH] et autres facteurs de croissance
paracrine ou autocrine) et de facteurs mutagènes qui sont peut-être induits par la stimulation chronique de la
glande. Son évolution naturelle se fait lentement vers la progression de volume, la nodularité et la tendance à
la thyrotoxicose dangereuse chez les personnes âgées. Le risque de cancer ne doit pas être sous-estimé. Le
traitement préventif repose sur l’apport d’iode, mais la carence iodée est loin d’être éradiquée dans le monde,
même dans les pays industrialisés. Le traitement curatif par hormones thyroïdiennes peut être essayé après
une bonne sélection des patients mais son efficacité n’est pas suffisamment prouvée. Si une indication
opératoire est portée, il est préférable de réaliser une thyroïdectomie totale ou presque, étant donné le risque
de récidive non prévenu par la thyroxine.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Duron F et Dubosclard E. Goitres simples. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Endocrinologie-Nutrition, 10-007-A-10,
2000, 10 p.
10-007-A-10 Goitres simples Endocrinologie-Nutrition
de 2 779 personnes (étude de Whickham) a trouvé un goitre chez synthèse hormonale et la croissance de la glande. Effectivement, la
4,5 % des hommes et 12,1 % des femmes [81], la prévalence féminine TSH, par l’intermédiaire de son récepteur situé sur le pôle
de l’affection pouvant être en partie attribuée aux grossesses [34]. basolatéral des thyréocytes (R-TSH : récepteur membranaire de la
Dans les pays soumis à une prévention efficace (Suisse), le goitre n’a famille des récepteurs couplés aux protéines G) stimule la
pas été complètement éradiqué : la carence en iode n’est pas le seul prolifération des cellules et, de manière plus puissante, leur
facteur goitrogène, même si elle en est le premier à l’échelon différenciation dont dépend leur fonction [26]. Cependant, d’une part
mondial. la TSH ne possède, en culture, qu’un effet stimulant très faible sur la
croissance comparativement à son effet sur la fonction, chez l’animal
comme chez l’homme [81] : il est donc vraisemblable qu’in vivo, son
Anatomopathologie [67] action s’exerce par l’intermédiaire d’autres facteurs, notamment
l’insulin-like growth factor 1 (IGF-1) ; d’autre part, son effet sur la
Le processus essentiel conduisant à la formation d’un goitre est la croissance ne peut concerner que les thyréocytes et non les cellules
prolifération des cellules épithéliales. La classification endothéliales et les fibroblastes qui ne possèdent pas de R-TSH : la
anatomopathologique classique des goitres se fait en trois stades croissance de ces derniers types cellulaires qui constituent 30 % du
selon la chronologie de leur évolution naturelle. volume thyroïdien [26] est sous la dépendance d’autres facteurs. De
plus, dans un même goitre, il existe une hétérogénéité de diverses
activités (enzymatiques, transport et organification de l’iode)
GOITRE HYPERPLASIQUE contrôlées par la TSH, ce qui évoque peu une stimulation purement
La thyroïde est augmentée de volume de façon homogène et diffuse, systémique [56]. Enfin, dans la grande majorité des goîtres « sim-
souvent hypervascularisée. Les follicules sont de petite taille, ples », le taux de TSH est normal, voire dans les valeurs basses de la
collabés et contiennent un colloïde très peu abondant. Les cellules normale.
épithéliales sont de haute taille et disposées en colonnes. À un stade
extrême, l’importance de la cellularité et la grande taille des cellules ¶ Autres facteurs de croissance
peuvent prêter à confusion avec une prolifération maligne.
IGF-1
L’IGF-1 est un peptide growth hormone (GH) dépendant, synthétisé
GOITRE COLLOÏDE
par de nombreux tissus dont la thyroïde. Chez des patients opérés
À ce stade commence un processus d’involution et les follicules de goitre et n’ayant pas d’augmentation des taux sériques de TSH
hyperplasiques recommencent à accumuler de la colloïde qui ou d’IGF-1, les concentrations intrathyroïdiennes d’IGF-1 sont
produit un aspect luisant sur les tranches de section. L’épithélium élevées de manière significativement plus importante dans les zones
s’aplatit progressivement et devient cubique, proche de l’épithélium nodulaires que dans les zones saines, ce qui suggère une sécrétion
d’une glande normale. Cette accumulation de colloïde n’est pas autocrine ou paracrine contrôlant localement la croissance tissulaire
uniforme : certains follicules sont excessivement distendus alors que induite par la TSH [ 6 2 , 8 9 ] . L’IGF-2, facteur de croissance
d’autres restent petits et hyperplasiques. essentiellement embryonnaire qui s’exprime aussi dans certaines
tumeurs, pourrait également être impliqué [76].
GOITRE MULTINODULAIRE
Epidermal growth factor (EGF) [66]
Il représente un stade avancé de l’évolution d’un goitre. Sa
principale caractéristique est l’hétérogénéité des nodules formés par L’EGF est un facteur de croissance qui, en culture cellulaire, active
les nouveaux follicules. Cette hétérogénéité existe à tous les niveaux les proto-oncogènes c-fos et c-myc et phosphoryle les MAP kinases
(cf infra) : aspect macroscopique, clonalité, croissance, fonction. Elle (mitogen activated protein kinases) composants critiques de la voie
est renforcée par l’altération du réseau vasculaire conduisant à des mitogénique ras. Les thyréocytes produisent de l’EGF et leur
hémorragies focales, des dépôts d’hémosidérine, des phénomènes membrane contient un récepteur EGF de haute affinité situé, comme
d’inflammation, de nécrose, de calcification et de fibrose. On le R-TSH et le symporteur sodium-iode (NIS) au pôle basolatéral de
distingue deux types de goitres nodulaires : l’un porteur d’un ou la cellule. L’expression du récepteur à l’EGF est contrôlée
plusieurs nodules mal circonscrits ou bien encapsulés ressemblant à positivement par la TSH et négativement par la thyroxine. L’effet de
de vrais adénomes (goitre adénomateux) ; l’autre constitué de la TSH est couplé à une augmentation de l’effet mitogène de l’EGF,
nodules de taille et de structure très variables. Les uns sont ce qui suggère que la TSH induit la croissance glandulaire en
composés de petits follicules ou de tissu solide contenant très peu potentialisant l’action d’autres facteurs de croissance. Son rôle dans
de colloïde, les autres de grands follicules avec une abondante la constitution des goitres est probable et, récemment, il a été montré
colloïde. une augmentation de la concentration sérique de l’EGF chez des
patients atteints de goitre nodulaire, se normalisant après la
thyroïdectomie, cette évolution étant en faveur de l’origine
thyroïdienne de l’EGF circulante [11].
Pathogénie
Fibroblast growth factor (FGF)
Une augmentation de volume de la glande thyroïde peut provenir
de la stimulation de sa croissance, diffuse ou localisée, par des In vitro, FGF exerce un effet mitogène puissant sur les thyréocytes
facteurs de croissance intrinsèques ou extrinsèques à la glande et/ou et est capable d’induire la formation d’un goitre colloïde chez le
des mutations d’oncogènes, ces deux types de stimulation rat [20]. Chez l’homme, l’expression de FGF-1, FGF-2 et du récepteur
(mitogenèse et mutagenèse) pouvant être associés [76]. FGF-1 est augmentée dans les goitres multinodulaires
comparativement au tissu thyroïdien sain [80]. Il est possible que la
sécrétion paracrine ou autocrine de FGF, stimulée par la TSH ou
FACTEURS DE CROISSANCE coopérant avec elle, joue un rôle dans la constitution de ces goitres.
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Endocrinologie-Nutrition Goitres simples 10-007-A-10
niveau des zones nodulaires alors qu’elle est faible au niveau des la thyroglobuline) sont responsables typiquement de goitres
zones saines, cette hétérogénéité pouvant même se rencontrer au congénitaux avec insuffisance thyroïdienne, comme en cas de
sein d’un même follicule [46]. Cette constatation paradoxale pourrait mutation du gène de la peroxydase [61]. En cas de mutation du gène
en fait être expliquée par une résistance, constitutive ou acquise, à de la thyroglobuline, qui s’exprime à l’état homozygote, le tableau
TGFβ des cellules folliculaires proliférantes : les cancers thyroïdiens clinique peut être très variable et l’hypothyroïdie peut être
différenciés, qui surexpriment également TGFβ de manière discrète [40], voire absente [68]. La découverte d’une mutation de ce
uniforme, présentent une diminution de l’expression du récepteur gène chez un patient atteint de goitre endémique suggère que des
TGFβ1 [52] . Ces constatations suggèrent une participation des facteurs individuels pourraient expliquer en partie le fait que,
isoformes de TGFβ dans la modulation de la croissance anormale soumis aux mêmes facteurs goitrogènes, les résidents ne
des cellules thyroïdiennes. développent pas tous la maladie avec une même intensité [68].
Comme la thyroglobuline et la thyroperoxydase, NIS est un élément
¶ Immunoglobulines crucial pour la synthèse des hormones thyroïdiennes. Le gène du
En 1980, Drexhage et al [23] ont décrit des immunoglobulines TGI NIS a été cloné en 1996 et localisé sur le chromosome 19 [75]. L’année
(thyroid growth-stimulating immunoglobulins) capables de stimuler, suivante, Matsuda et al [58], Fujiwara et al [31] rapportaient presque
en culture, la synthèse de l’acide désoxyribonucléique (ADN) et simultanément les premiers cas de mutation. Le patient de Matsuda
l’incorporation cellulaire de (3H)-thymidine dans les cellules était porteur d’un énorme goitre révélé à l’adolescence et son statut
thyroïdiennes. Ces immunoglobulines étaient trouvées dans le hormonal, hypo- ou euthyroïdie, variait en fonction de l’apport
sérum de patients atteints de maladie de Basedow ou d’Hashimoto d’iode dans son alimentation. Sa sœur, hétérozygote, n’avait pas
avec goitre et également chez des patients atteints de goitres d’anomalie thyroïdienne. Le patient de Fujiwara présentait un goitre
colloïdes « simples ». La stimulation thyroïdienne ne faisait pas nodulaire. Les défauts du transport de l’iode sont responsables
intervenir l’adényl-cyclase et ne passait probablement pas par une d’une maladie autosomique récessive, caractérisée par un goitre avec
activation du récepteur de la TSH [84]. Ultérieurement, les mêmes hypothyroïdie, la diminution de fixation du radio-iode dans la
constatations ont été faites avec le sérum de patients atteints de thyroïde et les glandes salivaires. En fait, le phénotype des patients
goitres endémiques [88], mais ces travaux ont été contestés pour des est variable. La même mutation (T354P) a été trouvée chez sept
raisons méthodologiques [91] : il s’agissait de cultures de cellules patients japonais issus de cinq familles différentes [50]. Chez ces
animales, les TGI n’étaient actives qu’en présence de TSH, patients vivant dans un environnement iodé important,
l’incorporation de la (3H)-thymidine pouvait se faire dans du l’hypothyroïdie pouvait être majeure avec crétinisme (enfants
matériel non ADN, et la contamination du milieu par d’autres nourris au lait artificiel) ou absente ; deux patients n’avaient pas de
facteurs de croissance était possible. Toutes ces critiques ont été goitre. Le goitre, diffus, pouvait devenir nodulaire avec l’âge. Pour
argumentées par Drexhage [24]. Plus récemment, d’autres travaux les auteurs, la mutation pourrait être plus fréquente qu’il n’y paraît,
n’ont pas trouvé de TGI dans le sérum de patient atteints de goitres y compris chez les sujets atteints de goitres endémiques.
endémiques [86] et d’hypothétiques TGI bloquantes n’existent pas ¶ Somatiques
chez des patients atteints de crétinisme endémique [14]. L’origine
auto-immune des goitres reste donc débattue et l’on peut remarquer L’évolution naturelle des goitres se fait vers la nodularité [76]. Les
que le passage transplacentaire de TGI n’a jamais été décrit. études de clonalité faites par technique d’inactivation de l’X ont
montré qu’une tumeur pouvait être d’origine polyclonale, ce qui
suppose la prolifération multicellulaire d’un goupe de cellules sous
FACTEURS GÉNÉTIQUES l’influence de facteurs de croissance intrinsèques ou extrinsèques,
ou d’origine monoclonale ce qui suppose l’expansion clonale d’un
¶ Génomiques
seul type de cellules génétiquement altérées. Or, dans un même
Le caractère familial des goitres sporadiques est souvent évident lors goitre, les deux types de nodules peuvent coexister et les lésions
du simple interrogatoire des patients. Chez les jumeaux clonales peuvent provenir de différentes cellules mères [49]. Cette
homozygotes, la concordance est de l’ordre de 40 % [35] . La constatation peut être interprétée de diverses façons. Soit les nodules
transmission se fait selon un mode vertical, ce qui suggère une polyclonaux et monoclonaux sont de pathogénie différente, soit les
susceptibilité autosomique dominante [19] . Le même mode de nodules polyclonaux sont les précurseurs des nodules monoclonaux.
transmission a été trouvé dans une famille atteinte de cancers Des goupes cellulaires surstimulés ou ayant un potentiel constitutif
papillaires, dont certains membres présentaient des goitres de croissance élevé sont en effet plus sensibles à la mutagenèse [69],
nodulaires non cancéreux [12]. Dans une grande famille canadienne la stimulation chronique du système thyroperoxydase-H 2 O 2 ,
comportant 18 personnes atteintes de goitres, Bignell et al [9] ont générateur de radicaux libres, pouvant favoriser ce phénomène [18].
trouvé un locus de susceptibilité sur le chromosome 14, à distance Ces mutations peuvent concerner l’oncogène ras, les protéines G, le
du gène du récepteur de la TSH situé sur le même chromosome. R-TSH [49] et peut-être le NIS [64]. Les nodules ayant récidivé après
Une liaison plus faible a été trouvée dans une autre famille plus thyroïdectomie sont essentiellement d’origine polyclonale [36] : il est
petite. possible que la mutagenèse ne survienne qu’après un très long
D’autres formes familiales de goitres représentent des situations bien temps d’expansion cellulaire polyclonale.
particulières. Le syndrome de Pendred est une maladie à Dans les zones de carence iodée, les goitres nodulaires ont une forte
transmission autosomique récessive, associant un goitre avec trouble propension à devenir toxiques, surtout chez les personnes âgées. La
de l’organification de l’iode et une surdité neurosensorielle plupart des adénomes toxiques uniques sont dus à des mutations
congénitale. La fonction thyroïdienne est habituellement normale. Il somatiques activatrices du R-TSH [85]. Des mutations activatrices de
ne s’agit pas d’une affection exceptionnelle puisque son incidence ce récepteur ont également été trouvées dans des nodules
est estimée de 7,5 à 10 pour 100 000 [30]. La maladie est liée au hyperfonctionnels de goitres multinodulaires et au sein d’une même
chromosome 7q22-31.1 et le gène a été cloné en 1997 (gène PDS) [29]. thyroïde, les nodules actifs peuvent présenter des mutations
Il code pour une protéine, la « pendrine », dont le rôle sur l’oreille différentes [27, 41]. Ceci est bien en faveur du fait qu’une stimulation
interne et les cellules thyroïdiennes (sulfatation de la mitogénique chronique prolongée des cellules thyroïdiennes
thyroglobuline ?) n’est pas connu. Il est possible que la prévalence prédispose à des phénomènes mutationnels.
de formes mineures soit plus importante que celle reconnue et que
des sujets hétérozygotes pour la mutation aient une susceptibilité GOITRE MULTINODULAIRE : UNE MALADIE
accrue à la constitution d’un goitre en situation de déficit iodé [47] THYROÏDIENNE INTRINSÈQUE (STUDER [77])
comme cela a été montré dans une grande famille brésilienne [48]. La stimulation soutenue de la thyroïde par un facteur de croissance
Les entraves génétiques à la synthèse des hormones thyroïdiennes extrinsèque peut expliquer la formation d’un goitre diffus, mais non
(trouble de la captation, de l’organification de l’iode, anomalies de celle d’un goitre nodulaire. Pourtant, une stimulation chronique de
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10-007-A-10 Goitres simples Endocrinologie-Nutrition
FACTEURS GOITROGÈNES
Tableau I. – Exemples de l’hétérogénéité des différentes fonctions des
cellules thyroïdiennes, d’après Studer [76]. On entend sous ce terme des facteurs d’environnement entravant le
fonctionnement normal de la glande thyroïde et conduisant, au
Iodation moins pendant un temps, à sa surstimulation compensatoire.
Contenu en peroxydase
Synthèse de la thyroglobuline ¶ Carence en iode [60]
Tableau II. – Facteurs goitrogènes chimiques et alimentaires, d’après Gaitan [32], Mederos-Neto [60] et Wilber [87].
Facteur Aliment ou substance chimique Mécanisme
Thionamides Propyl- et benzylthiouracile Inhibition de l’organification de l’iode et du couplage à la thyroglobuline
Méthimazole, carbimazole
Éthionamide
Aminohétérocyclique Tolbutamide
Carbutamide
Sulfonamide (animal seulement)
Aminogluthétimide, OP’DDD, DDT
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Endocrinologie-Nutrition Goitres simples 10-007-A-10
campagne, où les habitants se nourrissent essentiellement de millet, motivé pour une autre raison, d’une radiographie de thorax que
qu’en ville, où l’alimentation est plus variée [28] . Les mêmes l’hypertrophie thyroïdienne est découverte. Parfois une gêne
constatations ont été faites au Zaïre dans une île (lac Kiwu) dont les fonctionnelle due à la nécrose hémorragique d’un nodule, par
habitants se nourrissent de cassave (manioc) [22]. Ces aliments exemple, ou beaucoup plus rarement à une compression, attire
contiennent (directement ou indirectement par l’intermédiaire de l’attention vers la thyroïde.
l’acide cyanhydrique) des thiocyanates qui inhibent le transport de
l’iode intrathyroïdien et la thyroperoxydase. Les flavonoïdes EXAMEN CLINIQUE
(contenus dans une noix - babassu - très consommée au Brésil) et la La thyroïde se situe à la face antérieure du cou, et sa situation par
« goitrine » (1-5-vinyl-2-thio-oxazolidone) contenue dans les crucifères rapport au larynx et à la trachée diffère selon les individus. L’isthme
du genre Brassicae (choux, navets, rutabagas et surtout fourrage pour se trouve au-dessous du cartilage cricoïde, en face des deux premiers
bétail) inhibent également la thyroperoxydase. Le haricot de soja anneaux trachéaux (position haute), du troisième et du quatrième
augmente l’excrétion intestinale de thyroxine. L’eau polluée (colibacilles, (position basse) ou plus souvent du deuxième et troisième (position
Clostridium perfringens) ou contenant des substances organiques moyenne). Chaque lobe latéral s’étend, contre la trachée, du cartilage
provenant de l’humus (résorcinol, phtalates, disulfides organiques) cricoïde à la clavicule et sa partie postérieure s’insère derrière le
peut aussi avoir une action antithyroïdienne et goitrogène [10, 60]. muscle sterno-cléido-mastoïdien. La glande est solidaire de l’axe
La carence en sélénium, endémique en Chine et au Zaïre, a laryngotrachéal et elle suit ses mouvements lors de la déglutition.
également été incriminée. Cette carence induit en effet un déficit en Une glande thyroïde normale n’est généralement pas visible, sauf
glutathion peroxydase et une diminution de la protection contre le lorsqu’elle est en position haute et/ou chez des jeunes filles ayant
stress oxydatif généré dans la thyroïde par les niveaux élevés un cou long et mince en hyperlordose ce qui peut conduire à des
d’H2O2. Or, les tentatives de supplémentation en sélénium dans les diagnostics de goitre par excès (« syndrome de Modigliani »), et elle
populations exposées ont conduit à une augmentation de la peut être difficile à palper, surtout chez des patients ayant un cou
prévalence du goitre et de l’hypothyroïdie [15] : le sélénium, qui est épais et court.
un composant essentiel de la monodéiodase de type I, induit en effet L’inspection se fait chez un sujet assis ou debout, le cou en position
une accélération du catabolisme des hormones thyroïdiennes [8]. neutre ou en légère extension et les reliefs de la glande sont mieux
La malnutrition, rencontrée habituellement dans les populations visibles lors des mouvements de déglutition (réalisés avec l’aide
nourries de millet ou de manioc est un autre facteur additif : elle d’un verre d’eau). L’inspection de profil est un temps souvent
entraîne une carence en vitamine A [43] qui altère la structure de la négligé. Elle permet pourtant de bien apprécier le degré de
thyroglobuline avec arrangement spatial anormal de la protéine et protrusion avec l’aide d’une réglette, souvent mieux que la classique
déficit en radicaux mannosylés [60]. mesure du tour de cou [74] . La palpation de la thyroïde est
généralement effectuée chez un patient assis, l’examinateur se
Paradoxalement un fort excès d’iode, qui inhibe la sécrétion des
plaçant derrière, mais parfois devant le sujet. Il est classique de
hormones thyroïdiennes, a été rendu responsable de goitres dans
demander au patient d’avaler une gorgée d’eau, mais l’intérêt de
certaines régions du Japon (Hokkaido) [79].
cette pratique n’a pas été évalué. Surtout lorsqu’elle est en position
basse et plonge derrière le sternum, la glande est souvent mieux
¶ Autres facteurs
accessible chez un sujet couché sur un plan dur, en évitant
La grossesse est une situation goitrogène bien connue : dans l’Égypte l’hyperextension qui met les muscles en tension : c’est la position
ancienne, le diagnostic de grossesse pouvait être fait, d’après la adoptée pour l’échographie et la cytoponction. L’examinateur
légende, par la mesure du tour de cou [ 3 4 ] . La sollicitation précisera approximativement la taille de la thyroïde, son
thyroïdienne est plus importante durant cette période en raison de homogénéité, sa consistance, sa sensibilité, ses limites (en particulier
la stimulation de la production hépatique de TBG (thyroxine binding par rapport à la fourchette sternale) et la palpation des aires
globulin) par les œstrogènes, de la stimulation du R-TSH par l’hCG ganglionnaires cervicales sera systématique. En ce qui concerne la
(human chorionic gonadotrophin), de l’augmentation de l’excrétion taille, il est classique de considérer qu’un lobe thyroïdien ne doit
urinaire d’iode, du métabolisme placentaire des hormones pas dépasser la longueur de la première phalange du pouce du sujet
thyroïdiennes. Dans ces conditions, une carence en iode, même et il faut avoir conscience des limites de l’examen clinique. Ses
modérée, contribue à la formation d’un goitre qui ne régresse pas performances ont été analysées par plusieurs études : la
toujours après l’accouchement [34]. reproductibilité intraexaminateur est moyenne et interexaminateur
De nombreux médicaments contiennent également des substances médiocre, de même que la corrélation avec l’échographie [74]. En fait,
goitrogènes (tableau II), comme les thionamides dont les propriétés l’analyse clinique ne peut honnêtement classer les goitres qu’en trois
antithyroïdiennes sont utilisées en thérapeutique (antithyroïdiens de catégories : absent, petit ou gros (fig 1) [74] et il est bien hasardeux de
synthèse). vouloir donner des chiffres (volume, poids...). L’Organisation
mondiale de la santé a proposé la classification suivante, utile pour
les enquêtes épidémiologiques qui ne peuvent consacrer que peu de
Étude clinique temps à l’examen et ne disposent pas d’échographie (sauf avec la
récente « thyromobile » européenne) [70] :
La plupart des patients porteurs de goitre, même important, n’ont – stade 0-A : pas de goitre ;
aucun trouble clinique les amenant à consulter et, généralement, – stade 0-B : goitre uniquement palpable, non visible le cou en
c’est à l’occasion d’un bilan de santé systématique, d’un examen hyperextension ;
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A *
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¶ Chirurgie
Goitre homogène ou nodulaire.
Pas de contre-indication à un traitement par hormones thyroïdiennes L’indication opératoire peut être portée pour des raisons esthétiques,
(cf texte) lorsqu’un ou plusieurs nodules sont suspects ou sont devenus
toxiques, et en cas de goitre compressif. Même en l’absence de signes
cliniques de compression, il est souhaitable de ne pas trop attendre
Dosage de TSH lorsque le goitre est plongeant et dévie la trachée afin d’éviter la
(+- anticorps antithyroïdiens) constitution d’une trachéomalacie qui peut conduire à des difficultés
respiratoires postopératoires, voire à une trachéotomie [71]. Ces
goitres plongeants sont généralement accessibles par voie cervicale
Normal Anormal et il est exceptionnel qu’une sternotomie soit nécessaire. Les goitres
ayant une forte propension à récidiver après thyroïdectomie
subtotale, la thyroïdectomie totale est souvent préférée. Elle évite de
Essai de traitement par T4 TSH élevée TSH basse
( TSH : 0,1-0,5 mU/L) (et/ou anticorps +)
plus la discussion d’une réintervention lorsqu’un macrocancer est
découvert à l’examen histologique et ne semble pas, dans des mains
entraînées, comporter plus de risques (paralysie récurrentielle,
Échographie à 6 - 12 mois Traitement par T4 Hyperthyroïdie hypoparathyroïdie) qu’une intervention partielle [55].
¶ Radio-iode
Inchangé ou grossit Diminue Traitement
spécifique Le traitement par iode 131 est le traitement de choix des goitres
multinodulaires toxiques chez les personnes âgées. Il peut aussi
Arrêt de la T4 Poursuite constituer une alternative à la chirurgie chez des patients âgés ou
de la T4 (à vie ?) atteints d’affections cardiopulmonaires contre-indiquant
4 Traitement médical d’un goitre par hormones thyroïdiennes. Arbre décisionnel. l’intervention. Il permet une réduction de volume d’environ 40 % à
D’après Cooper [16] et Mandel [54]. 1 an et d’améliorer les troubles compressifs. Les risques en sont une
TSH : thyroid stimulating hormone. thyroïdite transitoire précoce, une hyperthyroïdie auto-immune
après quelques mois (5 % des cas) et une hypothyroïdie à long terme
l’apport iodé est assez faible [16]. La troisième étude [53], qui obtient (20-30 % à 5 ans) [42].
des résultats plus favorables (réduction de taille chez la moitié des
sujets traités, de plus de 50 % chez un tiers d’entre eux, aucune
GOITRES ENDÉMIQUES
réduction dans le groupe placebo) a été également réalisée dans une
région carencée en iode (Brésil). Les preuves de l’efficacité du À titre individuel, le traitement curatif d’un goitre en zone
traitement freinateur apparaissent donc assez faibles. Le traitement d’endémie ne diffère pas de celui d’un goitre sporadique, sinon que
est indiqué lorsque le goitre est diffus, et/ou lorsqu’il existe des l’iode peut être au moins aussi efficace que la thyroxine chez de
anticorps antithyroïdiens témoignant d’une thyroïdite de Hashimoto jeunes patients ayant un goitre non nodulaire, comme il a été montré
a minima car alors ses chances de succès sont réelles [37]. En cas de dans une étude randomisée (traitement par 400 µg/j d’iode versus
goitre très ancien, calcifié, fibreux, multikystique, ou lorsque la TSH placebo ou 150 µg de thyroxine) [39]. Cependant, l’iode administré à
est spontanément basse ou dans les valeurs basses de la normale des doses plus faibles (prophylaxie iodée par le sel, environ
(inférieure à 1 mU/L), ou lorsqu’il s’agit d’un sujet âgé ayant des 200 µg/j), très efficace pour la prévention du goitre chez l’enfant,
anomalies cardiaques potentielles, le traitement freinateur n’a pas obtient des résultats variables lorsque l’hypertrophie thyroïdienne
de chance d’être efficace ou est contre-indiqué. Dans les autres cas, est déjà installée [2, 45].
il peut éventuellement être essayé pendant quelques mois pour Le traitement prophylactique du goitre et du crétinisme endémique
abaisser la TSH dans les valeurs basses (0,1-0,5 mU/L) [16, 54], soit repose sur l’iode. Il est ajouté à l’eau, ou surtout administré sous
75 à 150 µg/j de lévothyroxine selon les sujets. Il est habituel forme d’injections d’huile iodée dans les pays en voie de
d’utiliser la lévothyroxine plutôt que la T 3 qui occasionne des développement ou de sel iodé dans les pays industrialisés. En
fluctuations quotidiennes du niveau hormonal et il n’est pas Europe, la supplémentation du sel en iode est généralisée dans la
souhaitable de rechercher un freinage complet de la TSH étant plupart des pays, mais seuls quelques-uns (Suisse, Autriche,
donné le risque d’effets secondaires osseux et surtout cardiaques. Si Finlande, Suède) avaient, en 1992, réussi à éradiquer la carence en
l’échographie de contrôle montre une diminution de volume, le iode : la quantité d’iode contenue dans le sel n’est pas toujours
traitement sera poursuivi (indéfiniment ?) avec surveillance suffisante et, pour des raisons diététiques, l’alimentation est de
périodique de la TSH pour dépister un éventuel passage vers la moins en moins salée [21] . Ainsi, la Suisse a dû augmenter la
thyrotoxicose. Si l’échographie ne montre pas d’efficacité, la concentration du sel en iode de 7,5 à 15 mg/kg, ce qui a permis, au
poursuite du traitement n’est pas justifiée (fig 4). prix d’hyperthyroïdies la première année [5], de faire passer l’iodurie
Le traitement par hormone thyroïdenne a longtemps été des 24 heures du niveau minimal de 90 µg à celui souhaité de 150 µg.
systématique après thyroïdectomie subtotale pour goitre, dans le but Les populations devant être particulièrement ciblées pour cette
de prévenir les récidives. Mais ni les études rétrospectives [54], ni les prévention sont les femmes enceintes [34] et les nourrissons : la
études prospectives récentes [38] n’ont confirmé le bien-fondé de cette supplémentation en iode du lait industrialisé devrait être de
attitude : ce traitement n’est justifié que si la fonction thyroïdienne 10 µg/dL pour les enfants à terme et de 20 µg/dL pour les
est insuffisante après l’intervention. prématurés [21].
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Endocrinologie-Nutrition Goitres simples 10-007-A-10
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