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UN NANOMONDE AU SERVICE
DE LA CATALYSE
Michel Guisnet et
Fernando Ramôa Ribeiro
chimie I matériaux
LES ZÉOLITHES,
UN NANOMONDE AU SERVICE
DE LA CATALYSE
ISBN : 2-86883-826-X
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour
tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article
41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du
copiste et non destinées à une utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les
courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation intégrale,
ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause
est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque
procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et
suivants du code pénal.
À tous nos collaborateurs et élèves qui, par leur enthousiasme et leur dynamisme
ont joué un rôle clé dans la conception de ce livre,
À tous les chercheurs industriels et universitaires de nombreux pays avec qui nous
avons coopéré pour leurs suggestions et leurs critiques,
Les zéolithes sont des matériaux qui ont fasciné les hommes dès leur découverte
par A.F. Crönsted (zeo-lithos ou la pierre qui bout) en Suède en 1756. Il s’agissait
alors de la stilbite, un alumino-silicate hydraté. Pendant plus de deux cents ans, les
zéolithes furent des minéraux de collection des musées d’histoire naturelle avec
de beaux cristaux naturels. La synthèse artificielle de tels minéraux s’est dévelop-
pée dès les années 1950 pour leurs propriétés d’adsorption spécifique, de catalyse
et d’échange ionique (détergents). Actuellement plus de 130 zéolithes ont été syn-
thétisées contre une quarantaine trouvée dans la nature.
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xv
Références
Références
Références
Références
Références
Références
Références
Références
Références
xii S OMMAIRE
Références
Références
Références
Références
Références
Annexes
A.1. La catalyse hétérogène
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
Crédits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257
Introduction
Les zéolithes, un nanomonde
au service de la catalyse . . .
. . . Au service de l’homme
catalytiques sont non seulement déterminées par les caractéristiques des centres
actifs comme c’est le cas pour tous les catalyseurs, mais aussi par la taille et la
forme des nanoréacteurs (cages, canaux) et de leurs ouvertures. On parle de sé-
lectivité de forme. Une approche scientifique s’appuyant sur des concepts simples
(tamisage moléculaire, confinement, etc.) et sur des méthodes de synthèse et de
modification des zéolithes maintenant bien maîtrisées permet de concevoir et pré-
parer le catalyseur actif, stable et sélectif pour la transformation ou la production
désirée.
La seconde raison est liée à la grande adaptabilité des centres actifs des zéo-
lithes qui permet leur utilisation aussi bien en catalyse acide qu’en catalyse basique,
en catalyse redox ou en catalyse bifontionnelle (ex. métal-acide).
Ce chapitre rappelle les propriétés des zéolithes qui en ont fait les catalyseurs les
plus employés en raffinage du pétrole et pétrochimie et leur donnent peu à peu
une place de choix dans la synthèse de précurseurs de médicaments, parfums,
produits agrochimiques, etc. et dans l’élimination de polluants d’effluents aqueux
ou gazeux.
Pour ces trois principaux domaines d’applications, la taille des cristallites de zéo-
lithes doit être petite : généralement ≤ 1 µm pour l’adsorption et la catalyse, la
taille optimale pour l’échange d’ions dans les détergents permettant d’éviter qu’ils
soient retenus dans le linge étant de 3−4 µm. Un des avantages essentiels des zéo-
lithes synthétiques sur les zéolithes naturelles est de permettre l’ajustement précis
de leurs propriétés : taille et forme des cristallites mais aussi composition.
C HAPITRE 1 – L ES ZÉOLITHES : DE LA SYNTHÈSE AUX APPLICATIONS 3
Une autre étape clé dans l’application des zéolithes fut la démonstration par
P.B. Weisz et collaborateurs [3–5] de la « sélectivité de forme » des catalyseurs zéo-
lithiques provoquée par tamisage moléculaire (1960), qui a eu pour conséquence
un développement rapide de la recherche de nouvelles zéolithes synthétiques et
d’applications industrielles. Le Selectoforming, développé par Mobil en 1968, fut
le premier procédé commercial basé sur ce concept de sélectivité de forme par
tamisage moléculaire [6] ; ce procédé, actuellement abandonné, permettait l’aug-
mentation de l’indice d’octane des essences légères par élimination sélective des
composants n-alcanes par craquage ; soulignons qu’une zéolithe naturelle (l’ério-
nite) était utilisée, ce qui ne se reproduira plus par la suite dans les procédés cata-
lytiques. Les deux autres grands types de sélectivité de forme :
– sélectivité due aux contraintes stériques exercées par les parois des pores sur
la formation des intermédiaires et états de transition des réactions (transition
state selectivity) ;
– sélectivité provoquée par la concentration des réactifs dans les pores avec
augmentation préférentielle des vitesses des réactions bimoléculaires ;
feuillets [13]. Un effort de recherche important a été réalisé pour introduire les
zéolithes dans de nouveaux domaines : membranes, optoélectronique, nanoma-
tériaux fonctionnels, etc., mais les applications restent pour l’instant limitées à
quelques cas particuliers [14].
L’intérêt économique d’un domaine de recherche est souvent reflété par le
nombre de brevets déposés et dans une moindre mesure par le nombre de papiers
publiés. Ces deux nombres ont connu une progression soutenue, se stabilisant
toutefois, mais à un niveau très élevé, à partir de 1995 : ainsi le nombre de bre-
vets est passé en 30 ans d’environ 100 à 1 400, celui des autres publications de 300
à 2 400 [14]. Le dynamisme du domaine est également attesté par le développe-
ment dans de nombreux pays notamment en Europe d’associations regroupant les
chercheurs travaillant sur les zéolithes et l’assistance nombreuse à la Conférence
Internationale sur les Zéolithes organisée tous les trois ans (plus de 1 200 partici-
pants à Montpellier en 2001) et aux nombreux symposiums ou sessions de congrès
organisés sur des aspects spécifiques de la science des zéolithes : synthèse, adsorp-
tion, catalyse, etc.
C HAPITRE 1 – L ES ZÉOLITHES : DE LA SYNTHÈSE AUX APPLICATIONS 5
– zéolithes à petits pores avec des ouvertures à 8 atomes T qui ont des dia-
mètres libres de 0,3 à 0,45 nm (3−4,5 Å) ;
Notons toutefois que des tamis moléculaires non aluminosilicatés ayant des ouver-
tures à plus de 12 atomes T (donc plus larges) ont été récemment synthétisés, par
exemple :
est fort plus il est actif, parfois de leur concentration (ou inversement de leur
proximité) – c’est le cas pour certaines réactions bimoléculaires : transfert d’hy-
drogène, dismutation d’alcanes ou d’aromatiques qui demandent plusieurs sites
protoniques pour leur catalyse.
L’acidité protonique des zéolithes provient pour l’essentiel des hydroxyles pon-
tés : Al(OH)Si. D’autres groupes hydroxyles sont toutefois présents, généralement
créés par désalumination des zéolithes au cours de leur prétraitement : groupes si-
lanols, espèces aluminiques extra-réseau hydroxylées, etc. Ces groupes hydroxyles
présentent parfois une force acide suffisante pour catalyser certaines réactions.
La situation est encore compliquée par l’existence de divers types d’hydroxyles
pontés. Pour certaines zéolithes, des bandes IR correspondent à chaque type d’hy-
droxyles pontés, par exemple zéolithe HFAU bandes entre 3 630 et 3 660 cm−1
C HAPITRE 1 – L ES ZÉOLITHES : DE LA SYNTHÈSE AUX APPLICATIONS 9
et entre 3 540 et 3 560 cm−1 associées respectivement aux OH pontés des super-
cages et des prismes hexagonaux (Figure 1.2a). Pour d’autres zéolithes, une seule
bande plus ou moins dissymétrique est observée, sa déconvolution permettant
de distinguer les divers types d’OH pontés : par exemple HMOR bande à en-
viron 3 610 cm−1 déconvoluée en deux bandes correspondant aux OH pontés
des larges canaux (3 608−3 611 cm−1 ) et des poches latérales (3 583−3 585 cm−1 )
(Figure 1.2b).
F IG . 1.2 – Spectres IR de zéolithes HFAU (a) et HMOR (b) : (a) bandes correspondant aux
groupes hydroxyles des supercages (3 641 cm−1 ) et des prismes hexagonaux (3 547 cm−1 ) de
HFAU ; (b) déconvolution de la bande correspondant aux groupes hydroxyles des grands
canaux et des poches latérales de HMOR.
d’eau sous l’effet du champ électrostatique associé aux cations (qui ne peuvent se
trouver au voisinage immédiat de plusieurs O− ), par exemple :
H2 O
La3+ , 3ZO− FGGGGGGGGGBG [La(OH)]2+ , 2ZO− + H+ , ZO−
GGGGGGGG
H2 O
[La(OH)]2+ , 2ZO− FGGGGGGGGGBG [La(OH)2 ]+ , ZO− + H+ , ZO−
GGGGGGGG
F IG . 1.3 – Paramètres déterminant la force des sites acides protoniques des zéolithes.
F IG . 1.4 – Modèle de résonance des hydroxyles acides des zéolithes et des silice-alumines.
Les hydroxyles pontés des zéolithes sont proches de la forme A, les hydroxyles des silice-
alumines de la forme B.
La force acide des sites protoniques dépend du taux d’échange des cations al-
calins de la zéolithe synthétique, augmentant comme on pouvait le prévoir avec le
pourcentage d’échange. Toutefois, à taux d’échange voisin de 100 %, cette aug-
mentation de force acide ne semble pas seulement due à la création de sites acides
protoniques très forts mais aussi à l’augmentation de la force acide des sites proto-
niques déjà présents dans la zéolithe [20].
La proximité des sites protoniques a un effet très important sur leur force [18].
Ainsi la charge partielle sur l’hydrogène des hydroxyles d’une faujasite passe de
0,12 pour Si/Al = 1 à 0,14 pour Si/Al = 2,5 et 0,18 pour Si/Al infini. Cette aug-
mentation de la force acide avec la diminution de la densité des sites s’explique
par l’électronégativité plus élevée de Si (par rapport à Al) qui se traduit par un
12 L ES ZÉOLITHES
F IG . 1.5 – (a) Évolution de la concentration des sites acides nH+ et de leur force F (en
unités arbitraires) en fonction de la fraction molaire en aluminium xAl de la charpente
d’une zéolithe. (b) Vitesse d’une réaction (en unités arbitraires) en fonction de la fraction
molaire xAl pour quelques zéolithes protoniques [21].
Des comportements différents peuvent toutefois être trouvés car les conclu-
sions tirées ci-dessus ne valent que pour des zéolithes purement protoniques (ne
contenant pas d’espèces extra-réseau, etc.) [21]. Ainsi, pour une série de zéolithes
HFAU commerciales, aucun maximum d’activité n’est trouvé en isomérisation et
en dismutation du m-xylène [20] : activité anormalement élevée des échantillons
riches en aluminium et activité anormalement faible des échantillons pauvres en
C HAPITRE 1 – L ES ZÉOLITHES : DE LA SYNTHÈSE AUX APPLICATIONS 13
F IG . 1.6 – (a) Craquage du n-heptane à 350 ◦ C : activité initiale A0 de zéolithes HFAU désalu-
minées en fonction de la fraction molaire en aluminium xAl de leur charpente. Échantillon
contenant peu (I) et beaucoup (II) d’espèces extra-réseau. (b) Isomérisation du n-hexane
sur des catalyseurs PtHMOR et du dichlorobenzène sur la zéolithe HMOR. Activité initiale
A0 en fonction de xAl .
aluminium. L’activité trop élevée serait liée à l’exaltation de la force des sites proto-
niques [22] par interaction avec des espèces aluminiques extracharpente qui sont
des sites acides de Lewis (L) :
H Al
O
Al Si
Quand la réaction fait intervenir des molécules polaires (ex. en chimie fine),
les propriétés d’hydrophilicité-hydrophobicité des zéolithes (leur polarité) ont sur
leur activité un effet aussi important que leurs propriétés acides. C’est pourquoi
le maximum d’activité est généralement trouvé pour des valeurs du rapport Si/Al
(ou de xAl ) différentes de celles pour lesquelles les sites acides sont isolés donc
de force maximale. Ainsi en acétylation du 2-méthoxynaphtalène sur des zéolithes
HBEA, le maximum est trouvé pour un rapport Si/Al de 35-40 [23] au lieu de la
valeur prévue d’environ 10.
les complexes du manganèse [Mn(bpy)2 ]2+ synthétisés dans les supercages d’une
zéolithe LiY qui donnent un rendement élevé en époxydation des oléfines par
l’eau oxygénée [31].
La grande flexibilité du façonnage des propriétés des zéolithes explique sans doute
d’ailleurs pourquoi seulement un petit nombre d’entre elles sont utilisées indus-
triellement : une douzaine (Tableau 1.III) sur plus de 130 structures connues.
Même des concepts émergents tels que ceux relatifs à la sélectivité de forme
de la surface externe des zéolithes (effet de nid, catalyse en bouche de pores. . .)
ont déjà conduit au développement de nouveaux procédés catalytiques : isodé-
paraffinage, synthèse sélective du cumène. . . Bien évidemment, la modélisation
moléculaire joue un rôle de plus en plus important dans la conception rationnelle
de catalyseurs zéolithiques : les zéolithes sont en effet des candidats de choix pour
des expériences virtuelles ou pour un screening informatique de leurs propriétés
catalytiques.
L’introduction des catalyseurs zéolithiques dans de nombreux procédés du raf-
finage du pétrole et de la pétrochimie (Tableau 1.IV) est à la base des progrès
considérables réalisés dans les 50 dernières années du point de vue environne-
mental mais aussi économique. Ce développement de procédés « amicaux » pour
l’environnement a déjà gagné le domaine de la chimie fine et devrait continuer
dans les années à venir.
Les améliorations apportées concernent en premier lieu la sélectivité, une aug-
mentation de quelques points du rendement en produit désiré conduisant souvent
à des bénéfices substantiels. Les quelques exemples suivants bien connus seront
développés par la suite :
C HAPITRE 1 – L ES
A–Zéolithes à larges pores
Type Formule Canaux Applications
Structural
BEA [Na+7 ][Al7 Si57 O128 ]-BEA 10012 6,6 × 6,7** ↔ [001]12 5,6 × Catalyse (synthèse du
tétragonal, P41 22, a = 12,661 Å, c = 26,406 Å 5,6* pas de cages cumène, acétylation de l’anisole)
FAU(X,Y) |(Ca2+ ,Mg2+ Na+2 )29 (H2 O)240 | Al58 Si134 O384 ]- 11112 7,4 × 7,4*** X : Séchage, purification,
FAU cubic, Fd3m, a = 24,74 Å supercages 13 Å Ø séparation (p-xylène)
ZÉOLITHES
Y : Séparation, catalyse
(FCC, hydrocraquage)
LTL |K+6 Na+3 (H2 O)21 | [Al9 Si27 O72 ]-LTL [001] 12 7,1 × 7,1* Catalyse (aromatisation)
hexagonal, P6/mmm, a = 18,40 Å, c = 7,52 Å
MOR |Na+8 (H2 O)24 | [Al8 Si40 O96 ]-MOR [001] 12 6,5 × 7,0* ↔ { [010] 8 3,4 × Catalyse (isom.
:
DE LA SYNTHÈSE AUX APPLICATIONS
orthorhombic, Cmcm, a = 18,1 Å, b = 20,5 Å, 4,8 ↔ [001] 8 2,6 × 5,7 }* C5 -C6 alcanes,
c = 7,5 Å C8 aromatiques)
B–Zéolithes de taille de pore intermédiaire
AEL [Al2 0P20 O80 ]-AEL [001] 10 4,0 × 6,5* Catalyse (isodewaxing)
(SAPO 11) orthorhombic, Ibm2, a = 13,534 Å, b = 1,482 Å,
c = 8,370 Å
FER |Mg2+ +
2 Na2 (H2 O)18 | [Al6 Si30 O72 ]-FER [001] 10 4,2 × 5,4* ↔ [010] 8 3,5 × Catalyse
orthorhombic, Immm, a = 19,156 Å, 4,8* (C=4 isomérisation,)
b = 14,127 Å, c = 7,489 Å
MFI |Na+n (H2 O)16 | [Aln Si96−n O192 ]-MFI, n < 27 {[100] 10 5,1 × 5,5 ↔ [010] 10 5,3 × Catalyse (MTO, MTG,
(ZSM5) orthorhombic, Pnma, a = 20,07 Å, 5,6}*** FCC, aromatiques. . .)
b = 19,92 Å, c = 13,42 Å
MWW |H+2,4 Na+3,1 | [Al0 ,4 B5 ,1 Si66 ,5 O144 ]-MWW ⊥ [001] 10 4,0 × 5,5** |⊥ [001] 10 Catalyse (éthylbenzène,
(MCM22) hexagonal, P6/mmm, a = 14,208 Å, c = 24,945 Å 4,1 × 5,1** cumène)
TON |Na+n (H2 O)4 | [Aln Si24−n O48 ]-TON, n < 2 [001] 10 4,6 × 5,7* Catalyse (isodewaxing)
(ZSM22) orthorhombic, Cmc21, a = 13,859 Å,
b = 17,420 Å, c = 5,038 Å
C–Zéolithes à petits pores
CHA |Ca2+6 (H2 O)40 | [Al12 Si24 O72 ]-CHA ⊥ [001] 8 3,8 × 3,8*** Catalyse (MTO)
(SAPO34) rhombohedral, R3m, a = 9,42 Å, α = 94,47◦
LTA |Na+12 (H2 O)27 |8 [Al12 Si12 O48 ]8 -LTA 1008 4,1 × 4,1*** Détergents, séparation
17
(3A, 4A, 5A) cubic, Fm3c, a = 34,61 Å (n-isoalcanes), dessication
18 L ES ZÉOLITHES
L’activité des catalyseurs zéolithiques est souvent plus élevée d’où des écono-
mies importantes liées à la diminution de taille du réacteur, à l’augmentation de
la productivité des unités, etc. L’exemple le plus clair concerne le FCC, les zéo-
lithes étant beaucoup plus actives en craquage que les silices alumines (jusqu’à
10 000 fois pour le n-hexane, la différence diminuant toutefois avec l’augmenta-
tion de la réactivité et de la taille des molécules).
Enfin, le remplacement des catalyseurs acides corrosifs et polluants tels que
AlCl3 , BF3 , HCl, etc. par des zéolithes a constitué une étape essentielle dans le
développement de procédés « amicaux » pour l’homme et son environnement.
L’exemple de la synthèse de l’éthylbenzène est particulièrement démonstratif : les
premiers procédés développés dans les années 1930 utilisaient AlCl3 , composé très
corrosif comme catalyseur. Pour une tonne d’éthylbenzène produite, 2 à 4 kg de ca-
talyseur, 1 kg d’acide chlorhydrique et 5 kg de soude caustique étaient consommés
avec production d’une quantité importante de déchets salins ; le procédé Mobil
Badger en phase gaz sur zéolithe HMFI et les procédés en phase liquide dévelop-
pés par la suite ne présentent aucun de ces inconvénients : les zéolithes ne sont
pas corrosives et les rejets polluants sont négligeables [33].
C HAPITRE 1 – L ES ZÉOLITHES : DE LA SYNTHÈSE AUX APPLICATIONS 19
TAB . 1.IVc – Procédés de chimie fine utilisant des catalyseurs zéolithiques [35].
4. Conclusions
Les zéolithes sont les catalyseurs les plus utilisés dans les transformations d’hydro-
carbures du raffinage du pétrole et de la pétrochimie. Dans ces domaines, elles
jouent un rôle essentiel pour la protection de l’environnement permettant la pro-
duction propre, économe en atomes et en énergie de carburants et combustibles
de qualité et des principaux produits de base pour la chimie.
Les principales raisons de ce développement exceptionnel des catalyseurs zéo-
lithiques ont été soulignées. Sans être exhaustifs, rappelons :
N’oublions pas pour terminer les avantages évidents que présente le remplace-
ment des solutions acides encore très utilisées industriellement par des solides
C HAPITRE 1 – L ES ZÉOLITHES : DE LA SYNTHÈSE AUX APPLICATIONS 21
acides tels que les zéolithes : mise en œuvre en continu très facile, régénération
possible du catalyseur, diminution des rejets polluants, suppression des problèmes
de corrosion, etc. Toutefois, la taille des pores des zéolithes limite leur utilisation à
la transformation et/ou la production catalytique de molécules peu encombrées,
les rendant peu performantes pour la synthèse de molécules très encombrées (chi-
mie fine) ou pour leur élimination des effluents aqueux ou gazeux. Mais cette
limitation devrait peu à peu se lever avec le développement que connaissent ac-
tuellement les zéolithes nanocristallines et les tamis moléculaires mésoporeux.
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2 Synthèse et modification
des zéolithes
1.3. Nucléation
La nucléation initiale (ou primaire) à partir de la solution labile peut être homo-
gène (formation spontanée) ou hétérogène (induite par des impuretés) ; la nu-
cléation secondaire est induite par des cristaux. La nucléation est un phénomène
activé, sa vitesse augmentant avec la température (selon Arrhenius) de même que
le degré de supersaturation S. La nucléation démarre pour une valeur critique
26 L ES ZÉOLITHES
de S, la vitesse passe par un maximum pour une valeur plus élevée ; la diminu-
tion observée aux valeurs élevées de S provient de limitations dans le transport des
espèces, provoquées par l’augmentation de la viscosité de la solution.
2. Traitements post-synthèse
Les traitements post-synthèse ont pour but d’ajuster les caractéristiques des centres
actifs. Le plus important est l’échange des cations alcalins présents dans la zéolithe
de synthèse généralement par des protons qui catalyseront les réactions acides,
parfois par d’autres cations alcalins tels que le césium qui donneront à la zéo-
lithe un caractère basique. Le platine et le palladium présents dans les catalyseurs
bifonctionnels métal-acide utilisés en hydro-isomérisation et hydrocraquage sont
généralement introduits sous forme dispersée via l’échange de la zéolithe par des
cations complexes. Le second type de traitement post-synthèse des zéolithes le plus
utilisé est leur désalumination ; celle-ci permet d’ajuster l’acidité (densité et force
des sites acides) mais aussi la porosité (création de mésopores) à la réaction sélec-
tive souhaitée.
Notons que les zéolithes très aluminiques de type LTA et FAU(X) ne peuvent pas
être transformées de cette manière en leur forme acide car leur structure s’ef-
fondre lors de l’étape 2 de calcination. Par ailleurs l’échange total des sodiums
d’une zéolithe FAU(Y) doit se faire en deux étapes. Les cations sodium accessibles
28 L ES ZÉOLITHES
à partir des supercages (≈ 80 %) sont très facilement échangés par les ions ammo-
nium, ceux des prismes hexagonaux ne l’étant pratiquement pas. Leur échange
peut toutefois être réalisé par calcination à l’étuve de la zéolithe Y partiellement
échangée suivie d’un nouveau traitement par une solution d’un sel d’ammonium ;
en effet, lors de la calcination, les cations Na migrent des prismes hexagonaux vers
des sites accessibles. L’opération doit être répétée plusieurs fois pour obtenir un
taux d’échange protonique voisin de 100 %.
L’échange direct des cations alcalins des zéolithes par des protons (traitement
par une solution acide) est limité aux zéolithes de rapport Si/Al élevé, l’échange
des autres zéolithes étant accompagné de leur désalumination et souvent de l’ef-
fondrement de leur charpente.
D’autres échanges cationiques des zéolithes sont utilisés :
– pour les rendre acides par exemple, échange des zéolithes Y par des cations
de terres rares (RE3+ ) pour leur utilisation en craquage catalytique ;
– pour leur donner un caractère basique, par exemple échange des zéolithes
FAU par des cations Cs+ ;
– ou pour obtenir des métaux très bien dispersés dans les cages ou canaux des
zéolithes, par exemple préparation de catalyseurs bifonctionnels d’hydro-
isomérisation ou hydrocraquage par échange par des cations [Pt(NH3 )4 ]2+
suivi d’étapes de calcination et de réduction. Ce dernier cas est un peu
particulier car le taux d’échange est évidemment très faible (teneur en Pt
≈ 0,3−0,6 % poids) alors que dans les autres cas un échange quasi total
des ions alcalins est souhaité. On doit donc considérer, en plus des aspects
thermodynamiques, les aspects cinétiques de manière à éviter des gradients
dans la distribution du platine dans les grains de zéolithe relativement gros
(> 2 mm) utilisés dans les réacteurs industriels.
Pour éviter ces gradients, l’échange doit être réalisé sur la zéolithe échangée
par des ions ammonium en utilisant un sel du cation [Pt(NH3 )4 ]2+ (échange entre
deux sels). Cet échange est alors équilibré :
2+ Ka 2+
Pt (NH3 )4 (S) + 2 NH+4 (Z) FGGGGGGB +
GGGGGG Pt (NH3 )4 (Z) + 2 NH4 (S) (2.3)
grain en additionnant des cations NH+4 dans la solution. L’équilibre (2.3) sera alors
déplacé vers la gauche avec augmentation de la concentration des espèces com-
plexes du Pt dans la solution et par conséquent une accélération de leur diffusion
vers le centre du grain.
Si cette compétition de NH+4 avec les cations [Pt(NH3 )4 ]2+ conduit à une ré-
partition bien homogène du Pt dans les grains de catalyseur, elle présente l’in-
convénient de laisser en solution une partie des complexes du platine. Une étude
préalable permettra de choisir une valeur du rapport NH+4 /[Pt(NH3 )4 ]2+ (ions
compétiteurs/ions précurseurs) telle que la quantité de Pt restant en solution soit
faible et la distribution du Pt homogène dans le grain (Figure 2.3) [7, 8].
2.2. Désalumination
Les méthodes utilisées pour désaluminer les zéolithes peuvent se classer en deux
grandes catégories selon l’agent utilisé : agent silicique, le silicium prenant alors la
place de l’aluminium dans la charpente zéolithique (substitution isomorphique)
ou agent non silicique. Notons que, selon la méthode de désalumination, l’alumi-
nium extrait de la charpente peut rester (ex. traitement hydrothermique) ou non
(ex. traitement par un acide) dans la zéolithe.
(2.5)
L’étape 2 de cicatrisation de la charpente nécessite la présence d’espèces sili-
ciques ; il est maintenant bien démontré que celles-ci proviennent d’une dégra-
dation initiale de la charpente zéolithique probablement dans les zones riches en
nids hydroxyles, avec création d’une nouvelle porosité (appelée porosité secon-
daire) ; ces pores sont généralement des mésopores (>20 Å). On peut remarquer
que le schéma (2.5) correspond en fait à une substitution isomorphique des alu-
minium de la charpente par des silicium. Ceci rend le classement des méthodes de
désalumination selon la présence ou non de silicium tout à fait arbitraire.
Les aluminiums extraits lors de l’étape 1 du schéma (2.5) restent en position ex-
tracharpente ; la nature des espèces aluminiques est très diverse comme le montre
le tableau 2.II. Elles peuvent être cationiques ou neutres, monomériques, oligomé-
riques ou polymériques, hydroxylées ou non hydroxylées.
La zéolithe obtenue par traitement hydrothermique est donc relativement com-
plexe ; elle comporte une charpente zéolithique de rapport Si/Al plus élevé que la
zéolithe de départ ; celle-ci présente non seulement les micropores de la zéolithe
mais aussi des micropores plus grands (supermicropores) et des mésopores créés
en début de traitement ; des espèces extraréseau très diverses, essentiellement alu-
miniques (parfois silicoaluminiques), sont présentes dans les cages et canaux de la
zéolithe ou/et encore sur sa surface externe.
Une étude cinétique du traitement hydrothermique d’une zéolithe NH4 NaY
de formule (NH4 )0,8 Na0,2 Y a été réalisée en réacteur à lit fixe [18]. La procédure
était la suivante : augmentation rapide de la température de la zéolithe jusqu’à la
C HAPITRE 2 – S YNTHÈSE ET MODIFICATION DES ZÉOLITHES 31
TAB . 2.II – Espèces aluminiques extra-réseau mises en évidence dans des zéolithes désalu-
minées par steaming.
Cationiques Neutres
Al(OH)+2 [10, 11] Al3+ [11, 12] AlO(OH) [10, 12]
2+
Al(OH) [10–12] [Al-O-Al]4+ [14] Al(OH)3 [11]
– seuls les atomes d’Al associés à NH+4 (80 % dans la zéolithe NH4 NaY) peuvent
être extraits de la charpente, les autres, associés aux cations Na+ ne l’étant
pas ;
F IG . 2.7 – Désalumination de la zéolithe HBEA par traitement acide. Titre molaire en alu-
minium de la charpente xAl (a), concentration des sites acides de Brönsted (b) et concentra-
′
tion des sites acides de Lewis (c) en fonction du titre molaire en aluminium de la zéolithe xAl
◦
et du temps de traitement acide t (température : 30 C, solution 1N d’acide chlorhydrique).
C HAPITRE 2 – S YNTHÈSE ET MODIFICATION DES ZÉOLITHES 35
(2.6)
c’est-à-dire qu’il y a formation de nids hydroxyles internes. Cette formation de
nids hydroxyles est démontrée par l’augmentation de l’intensité d’une large bande
IR entre 3 300 et 3 600 cm−1 . Une légère diminution du volume microporeux est
aussi observée, suggérant un effondrement partiel de la charpente dans les régions
riches en nids hydroxyles avec création de mésopores. Cette création de mésopores
est bien démontrée dans le cas des mordénites [21].
gaz à 350−550 ◦ C). Dans les deux cas, la désalumination serait en fait une sub-
stitution isomorphique, c’est-à-dire correspondrait au remplacement des atomes
d’Al de charpente par des atomes de silicium de l’agent silicique. Compte tenu de
ceci, ces méthodes de désalumination devraient permettre d’éviter la formation
de mésopores et peut-être même celles d’espèces extraréseau.
Nous avons choisi de ne décrire ici que la désalumination d’une zéolithe
(NH4 )0,8 Na0,2 Y (Si/Al global et de charpente d’environ 3) par l’hexafluorosili-
cate d’ammonium [22]. Le mode opératoire d’une préparation type est donné
ci-dessous. Une solution tampon d’acétate d’ammonium (250 cm3 , 0,8M, pH =
6,7) contenant 1 g de zéolithe sèche est préchauffée à 75 ◦ C. La solution aqueuse
d’hexafluorosilicate (0,5M, 12 cm3 ) est additionnée goutte à goutte sous agitation
(pH final = 6,4). Cette quantité d’hexafluorosilicate est supérieure (1,2 fois) à celle
nécessaire à la désalumination totale de la zéolithe. Après 3 heures à 75 ◦ C sous
agitation (vieillissement), la zéolithe est récupérée par filtration et lavée plusieurs
fois à l’eau chaude (80 ◦ C). Les caractéristiques des échantillons obtenus (rap-
port Si/Al, cristallinité, etc.) dépendent beaucoup des conditions opératoires :
pH de la solution, température, rapport des concentrations d’hexafluorosilicate
et de zéolithe, durée du traitement, efficacité du lavage terminal. Les conditions
optimales de désalumination ont été définies : pH entre 6 et 6,7, température de
75 à 95 ◦ C, temps de contact bref entre la zéolithe et l’hexafluorosilicate (pas de
vieillissement), lavage efficace de l’échantillon récupéré. La nécessité de procéder
dans des conditions strictement définies est liée en grande partie au schéma de la
désalumination. Cette désalumination se produit en deux étapes successives :
SiF2− + −
GGG SiF5 OH2 + HF
6 + H3 O FGGGB (2.7)
– insertion de silicium par réaction d’une espèce tétraédrique SiF4 sur les nids
hydroxyles avec consolidation de la charpente.
Par ailleurs, une accumulation importante d’espèces siliciques est observée au voi-
sinage de la surface externe des cristaux. Ainsi, pour un échantillon désaluminé
(rapport Si/Al total et de charpente de 7,2 et 6), le rapport Si/Al passe de 38 sur
la surface externe à environ 10 à une distance de 40 nm de cette surface [23].
Ce gradient est dû d’une part à un dépôt de silice résultant de l’hydrolyse de SiF4
(réaction (2.9)) d’autre part à une limitation de la désalumination interne par la
diffusion de l’hexafluorosilicate dans les pores.
C HAPITRE 2 – S YNTHÈSE ET MODIFICATION DES ZÉOLITHES 37
– que sa mise en œuvre est très délicate, beaucoup plus que celle du traitement
hydrothermique ou acide.
Ces conclusions valent également pour la désalumination des zéolithes par traite-
ment en phase gaz par SiCl4 .
Références
[1] E.J.P. Feijen, J.A. Martens, P.A. Jacobs, Handbook of Heterogeneous Catalysis, G.
Ertl, H. Knönzinger, J. Weitkamp (Eds.), Wiley, 1997, 311.
[4] Hydrothermal Chemistry of Zeolites, R.M. Barrer, Academic Press, London, 1982.
[5] E.M. Flanigen, Stud. Surf. Sci. Catal., 137 (2001) 11.
[6] R.P. Townsend, E.N. Coker, Stud. Surf. Sci. Catal., 137 (2001) 467.
[7] F. Ribeiro, C. Marcilly, G. Thomas, C.R. Acad. Sci. Paris C, 287 (1978) 431.
[8] J.F. Le Page, Catalyse de Contact, Edition Technip Paris, 1978, 150.
[9] C.V. Mc Daniel, P.K. Maher, Zeolite Chemistry and Catalysis, ACS Monograph
171, Washington D.C., 1976, 285.
[10] P.K. Maher, F.D. Hunter, J. Scherzer, Molecular Sieves Zeolite – 1, Adv. Chem.
Ser., 101 (1970) 266.
[12] R.M. Barrer, J. Klinowski, J. Chem. Soc., Faraday Tans. 1, 71 (1975) 690.
[13] G.H. Kühl, Proc. 3rd Intern. Conf. Molec. Sieves, J.B. Uytterhoeven, Ed. Leuven
Univ. Press, 1973, 227.
[14] P.A. Jacobs, J.B. Uytterhoeven, J. Chem. Soc., Faraday Trans., 69 (1973) 373.
[15] R.D. Shannon, K.H. Gardner, R.H. Staley, G. Bergeret, P. Gallezot, A. Auroux,
J. Phys. Chem., 89 (1985) 4778.
38 L ES ZÉOLITHES
Les propriétés catalytiques des zéolithes dépendent d’une part des conditions opé-
ratoires choisies pour les transformations souhaitées, d’autre part de leurs proprié-
tés chimiques, physiques et physicochimiques. L’objectif est ici de décrire briève-
ment comment ces propriétés peuvent être caractérisées. Le lecteur trouvera dans
divers livres [1–5] consacrés aux techniques de caractérisation des catalyseurs so-
lides des informations plus détaillées sur le principe de ces techniques et sur leurs
limitations.
Les caractéristiques des zéolithes qui déterminent leurs propriétés catalytiques
sont relativement nombreuses :
– propriétés d’adsorption ;
1. Structure zéolithique
Quelle que soit l’application du matériau zéolithique, il est essentiel de vérifier
que l’échantillon utilisé contient bien la zéolithe désirée et avec un bon degré de
pureté (absence d’autres structures zéolithiques, etc.). Cette vérification se fait par
40 L ES ZÉOLITHES
L’intensité des pics de diffraction peut être utilisée pour déterminer le degré
de cristallinité d’un échantillon. Pour cela, l’intensité d’un pic choisi (ou d’une sé-
rie de pics) est comparée à l’intensité du même pic (ou des mêmes pics) d’un
échantillon de référence. La cristallinité CRX est alors prise comme le rapport
entre la somme des intensités des pics pour l’échantillon et pour la référence.
Ainsi pour les zéolithes HFAU, la cristallinité est déterminée d’après la méthode
ASTM D 3906-80 en considérant les pics correspondant aux indices de Miller 331,
333, 440, 533, 648, 660, 555 et 664 [7].
F IG . 3.2 – Évolution du rapport Si/Al avec la distance à la surface pour une zéolithe FAU
désaluminée par l’hexafluorosilicate d’ammonium [8].
4
ISi (nAl)
n=0
(Si/Al)RMN = 4 n (3.1)
ISi(nAl)
n=0 4
groupe Si-O-Al d’une unité Si(nAl) comprend 1/4 d’atome d’Al, l’unité entière
n/4 Al (cf. dénominateur).
La figure 3.4 montre à titre d’exemple divers spectres de RMN de zéolithes
HFAU de rapport Si/Al de réseau croissant. Dans la zéolithe de plus faible rapport :
Si/Al (2,5), les 5 pics correspondant à toutes les espèces Si(nAl) possibles sont
observés [10] ; le spectre de la zéolithe de rapport Si/Al le plus élevé comporte
essentiellement une raie correspondant aux espèces Si(OAl) [11]. Cette figure met
en évidence la grande imprécision qui existe dans la mesure des valeurs élevées de
rapport Si/Al.
DRX
Les paramètres de la maille élémentaire, qui peuvent être établis par DRX, varient
avec le rapport Si/Al de charpente. En effet la liaison AlO étant plus longue que
C HAPITRE 3 – C ARACTÉRISATION DES CATALYSEURS ZÉOLITHIQUES 45
la liaison SiO (1,74 Å contre 1,61 Å), la taille de la maille élémentaire augmente
avec la teneur en Al de la charpente.
Pour le cas simple d’une maille cubique (ex. : zéolithe FAU), une relation
linéaire est logiquement trouvée entre le paramètre de maille a0 et le nombre
d’atomes Al par maille élémentaire NAl (ou encore la fraction molaire d’Al dans la
charpente xAl ). Pour la zéolithe FAU, a0 est calculé à partir des positions des pics
correspondant aux indices de Miller 533, 642 et 555. Le quartz est utilisé comme
standard interne (méthode ASTM D 3942-80), les échantillons de zéolithe doivent
être sous forme hydratée.
λ
dhkl = (3.2)
2 sin θ
2 2 2 2 1/2
a0 = dhkl h +k +l (3.3)
Des équations légèrement différentes [7] ont été obtenues par divers auteurs pour
le tracé de a0 en fonction de NAl . L’équation proposée par Breck et Flanigen [12]
est la plus utilisée.
NAl = 115,2 (a0 − 24,191) (3.4)
où a0 est exprimé en Å. La valeur 24,191 Å correspond à une zéolithe FAU totale-
ment silicique (NAl = 0).
Le rapport Si/Al de charpente se déduit aisément de la valeur de NAl tirée de
l’équation (3.3) et du nombre d’atomes T par maille élémentaire : 192 pour la
zéolithe FAU [6] :
192 − NAl
(Si/Al) = (3.5)
NAl
Comme on peut le voir, cette méthode est d’emploi très facile. Toutefois le pa-
ramètre de maille ne dépend pas seulement de NAl mais aussi du cation d’échange
et de la présence d’espèces extraréseau. Par ailleurs, elle est essentiellement uti-
lisée pour des zéolithes de structure cubique telles que la zéolithe FAU. Notons
cependant que des relations linéaires ont été également trouvées pour l’analogue
hexagonal de la zéolithe FAU (zéolithe EMT) entre les paramètres de maille a et
c et NAl [13].
F IG . 3.5 – Bande infrarouge de structure : (a) zéolithe FAU de rapport Si/Al = 2,5 ; (b) in-
fluence de la fraction molaire en aluminium de la charpente (xAl ) sur la position des
bandes [35].
0,9λ
D= (3.6)
B cos θ
4. Propriétés d’adsorption
Une des particularités essentielles des zéolithes est de présenter des pores de taille
bien déterminée, voisine de la taille des molécules de réactif, intermédiaires ou
produits de réaction. Ces micropores qui présentent généralement des ouvertures
C HAPITRE 3 – C ARACTÉRISATION DES CATALYSEURS ZÉOLITHIQUES 49
allant de 0,4 à 0,8 nm sont constitués de canaux et/ou de cages de taille également
limitée : par exemple, les supercages de la zéolithe FAU ont un diamètre de 1,3 nm.
Toutefois, la situation n’est pas aussi simple et ceci pour différentes raisons :
– Si les cristallites de zéolithe sont très petits, des micropores et des mésopores
interparticulaires peuvent exister, par exemple, zéolithe BEA avec des cris-
tallites d’environ 20 nm et des mésopores de 10 nm [19]. La surface de ces
mésopores (surface externe des cristallites) peut présenter des sites actifs.
– Des supermicropores (> 0,8 nm et < 2 nm, plus grands que les micropores
de la structure zéolithique qui sont appelés ultramicropores), des mésopores
(> 2 nm et < 50 nm) sont souvent créés lors de la préparation du catalyseur
zéolithique. Cette porosité secondaire peut jouer un rôle important facilitant
la diffusion des molécules.
F IG . 3.7 – Isothermes d’adsorption de l’azote sur quelques zéolithes : (a) zéolithe NaY
(FAU) purement microporeuse ; (b) zéolithe USHY résultant de l’échange de NaY par NH+4
suivi d’un traitement hydrothermal qui crée des mésopores intracristallins ; (c) zéolithe
HBEA qui présente des mésopores intercristallins créés par l’agglomération de ses très pe-
tits cristallites.
ayant subi un échange par NH+4 puis un traitement hydrothermique. Des diffé-
rences sont observées avec l’isotherme a à la fois pour la partie initiale : approche
plus graduelle d’un quasi-plateau et pour la partie finale : augmentation de la
pente, existence d’une hystérésis. L’approche plus graduelle indique la présence
C HAPITRE 3 – C ARACTÉRISATION DES CATALYSEURS ZÉOLITHIQUES 51
5. Sites d’adsorption
Les zéolithes sont généralement utilisées pour leurs propriétés acides, que ce soit
pour des transformations se produisant par catalyse purement acide ou par catalyse
52 L ES ZÉOLITHES
uniquement des sites de Lewis (par exemple une alumine). L’équation utilisée est
dérivée de la loi de Beer Lambert :
n ∋n
F IG . 3.8 – Adsorption de quantités croissantes de pyridine sur une zéolithe HFAU de rap-
port Si/Al total et de charpente égal à 2,9 suivie par spectroscopie IR : (a) évolution des
bandes OH haute (HF) et basse (BF) fréquence ; (b) intensité intégrée des bandes OH HF
et BF et de la bande pyridinium à 1 545 cm−1 [28].
F IG . 3.9 – Chaleurs différentielles d’adsorption (Qdif ) de la pyridine à 150 ◦ C sur trois échan-
tillons de zéolithe MWW de rapport Si/Al 10, 14 et 30 en fonction de la quantité adsorbée.
Les symboles ouverts ont trait à la réadsorption de pyridine après désorption à 150 ◦ C [29].
F IG . 3.10 – Spectres IR des bandes OH d’une zéolithe HFAU obtenus par différence
de spectres après désorption de la pyridine à deux températures différentes (TD ) :
(a) TD (250 ◦ C) – TD (150 ◦ C) ; (b) TD (350 ◦ C) – TD (250 ◦ C) ; (c) TD (450 ◦ C) – TD (550 ◦ C) ;
(d) après activation – TD (450 ◦ C) [30].
56 L ES ZÉOLITHES
Il souligne en effet que la chaleur d’adsorption mesurée (de même que l’équi-
libre d’adsorption-désorption) dépend non seulement de la chimisorption sur le
site acide mais aussi de son adsorption préalable dans les micropores. La chaleur
d’adsorption d’une molécule basique sur les sites protoniques d’une zéolithe com-
prendra donc les deux termes indiqués dans l’équation (3.10) :
La sensibilité au titrage est donc plus grande que celle de la chimisorption et les ré-
sultats obtenus sont plus fiables. Les précautions à prendre pour mettre en œuvre
cette méthode sont bien décrites dans la littérature [34]. La chimisorption de CO
suivie par FTIR peut être aussi utilisée, cette méthode permettant également de
préciser l’état d’oxydation du platine.
6. Conclusions
Les principales techniques utilisées pour la caractérisation des catalyseurs zéoli-
thiques ont été rappelées dans ce chapitre. Comme cela est souligné en intro-
duction, la caractérisation exhaustive de leurs propriétés chimiques, physiques et
physicochimiques demande un éventail de techniques trop large pour exister dans
un seul laboratoire et un temps trop long pour les utiliser. Le chercheur en catalyse
est donc conduit à choisir les techniques qui lui fourniront les éléments détermi-
nants pour son étude. Toutefois, quel que soit le projet considéré, la compréhen-
sion des propriétés catalytiques des zéolithes demande un nombre non négligeable
d’informations. Par exemple en catalyse acide, le chercheur devra disposer au mi-
nimum des informations suivantes :
Qui plus est, ces informations n’ont d’intérêt que si les propriétés catalytiques
peuvent être estimées sur les zéolithes fraîches (avant toute désactivation, c’est-
à-dire à temps de réaction très court). Dans le cas fréquent où les propriétés cata-
lytiques considérées sont celles obtenues en état de régime, ces propriétés doivent
nécessairement être corrélées aux caractéristiques physicochimiques également
déterminées sur le catalyseur stabilisé. Ceci est rarement fait car la caractérisa-
tion du catalyseur stabilisé est fortement compliquée par le dépôt de produits se-
condaires lourds (« coke ») sur le catalyseur zéolithique pendant la période de
stabilisation.
Références
[1] B. Imelik, J.C. Vedrine (Eds.), Les Techniques Physiques d’Étude des Catalyseurs,
Technip, Paris, 1988.
[2] B. Imelik, J.C. Vedrine (Eds.), Catalyst Characterization, Physical Techniques for
Solid Materials, Plenum Press, New York, 1994.
[23] P. Magnoux, P. Roger, C. Canaff, V. Fouché, N.S. Gnep, M. Guisnet, Stud. Surf.
Sci. Catal., 34 (1987) 317.
[24] S. Mignard, P. Cartraud, P. Magnoux, M. Guisnet, J. Catal., 117 (1989) 503.
[25] E. Besset, D. Meloni, D. Martin, M. Guisnet, L. Schreyeck, Stud. Surf. Sci.
Catal., 126 (1999) 171.
1. Introduction
Il est généralement admis que seuls les sites acides protoniques (ou de Brønsted)
des catalyseurs acides sont actifs en transformation d’hydrocarbures ; en revanche,
si les sites acides de Lewis sont (avec les sites basiques) souvent impliqués en cata-
lyse acidobasique, leur participation directe en catalyse acide n’est pas démontrée.
Les zéolithes utilisées en transformation acide d’hydrocarbures présentent donc
toujours des sites protoniques, ceux-ci résultant de l’échange des cations des zéo-
lithes synthétiques par des protons (zéolithe protonique HZ) ou encore de l’hy-
drolyse partielle de cations bi-, trivalents (ex. : zéolithes aux terres rares REZ). Des
sites acides de Lewis (défauts de charpente, espèces aluminiques extraréseau. . .)
sont également présents, simples spectateurs de la réaction ou exaltant l’acidité de
sites protoniques voisins.
Comme nous l’avons vu dans le chapitre 1, l’acidité protonique des zéolithes
provient pour l’essentiel des hydroxyles pontants Al(OH)Si et ces hydroxyles pon-
tants présentent une force acide plus grande que les hydroxyles des silice-alumines
amorphes. Toutefois, dans certaines zéolithes, une partie des hydroxyles pontants
est inaccessible aux molécules organiques et ne joueront donc aucun rôle en ca-
talyse acide. Par ailleurs, la force acide des hydroxyles pontants dépend de nom-
breux paramètres (Chapitre 1) : type et composition des zéolithes, environnement
des hydroxyles, etc. Il en sera de même pour la proximité des sites protoniques
très favorable aux réactions bimoléculaires exigeantes. Soulignons que d’autres
groupes hydroxyles : silanols isolés ou en nid, OH liés à des espèces extraréseau
aluminiques ou silico-aluminiques ou à des défauts de charpente, etc., sont sou-
vent présents dans les catalyseurs zéolithiques. Si leur acidité est généralement
faible, elle peut être suffisante pour catalyser des réactions faciles : par exemple,
Hölderich et al. [1] ont récemment démontré le rôle catalytique de nids hydroxyles
dans le réarrangement de Beckmann.
Après avoir brièvement rappelé dans le paragraphe 2 les liaisons existant
entre les caractéristiques des sites acides et leur activité, nous décrirons les mé-
canismes de transformation des divers types d’hydrocarbures : alcènes, alcanes et
62 L ES ZÉOLITHES
aromatiques. Le lecteur pourra trouver dans un livre récemment paru [2] une
présentation beaucoup plus détaillée des mécanismes de catalyse acide.
3. Mécanismes de réaction
3.1. Généralités
Pendant très longtemps, les transformations d’hydrocarbures par catalyse acide
ont été supposées se produire par l’intermédiaire d’ions carbénium, c’est-à-dire
d’ions résultant de l’addition d’un proton à un alcène :
(4.1)
(4.2)
(4.3)
(4.4)
La stabilité de ces espèces est démontrée (calculs ab initio) comme plus grande
que celle des ions carbénium. Par ailleurs, alors que la stabilité des ions carbé-
nium dépend beaucoup de leur nature : primaire (I) < secondaire (II) < ou ter-
tiaire (III), il n’en est pas de même pour celle des espèces alkoxydes. Toutefois
les états de transitions seraient ioniques (le fragment hydrocarboné étant positi-
vement chargé) donc analogues à des ions carbénium. Les conclusions tirées de
mécanismes par intermédiaires alkoxydes sont donc identiques à celles tirées des
mécanismes par carbocations [9]. C’est pourquoi nous présentons ci-après les mé-
canismes des réactions d’hydrocarbures en admettant que les intermédiaires sont
des carbocations. Diverses revues ont déjà été publiées sur le sujet, l’une des plus
complètes étant celle de Jacobs et Martens [11].
(4.5)
La stabilité des ions carbénium formés dépend beaucoup de leur nature primaire,
secondaire ou tertiaire (III > II > I). Ainsi en phase gaz, l’enthalpie de formation
de C–C–C–C+ (ion carbénium primaire, I) est de 138 kJ mol−1 , celle de
C−C−C+ −C (II) de 67 kJ mol−1 , celle de (ion carbénium tertiaire) (III) étant nulle.
Par ailleurs les sauts 1, 2 d’hydrure :
(4.6)
étant extrêmement rapides, c’est le mélange équilibré des ions carbénium ayant le
même squelette carboné qui est obtenu.
C HAPITRE 4 – T RANSFORMATION D ’ HYDROCARBURES PAR CATALYSE ACIDE ... 65
(4.7)
L’isomérisation de type B, plus lente que celle de type A, se fait par l’intermédiaire
d’un cyclopropane protoné [5], c’est-à-dire d’une espèce similaire à un ion carbo-
nium :
(4.8)
Le craquage des ions carbénium se produit en β de la charge positive. Pour
les ions carbénium contenant 8 atomes de carbone ou plus, quatre principaux
modes de scission appelés A, B1 , B2 , et C selon la nature des ions carbéniums
impliqués [12] peuvent se produire (Tableau 4.I). Plus les carbocations impliqués
sont substitués, donc stables, plus la vitesse de craquage est grande. Ainsi à 200 ◦ C,
le craquage de type A d’un décène est 50 fois plus rapide que les craquages de
type B1 et B2 , eux-mêmes 200 fois plus rapides que le craquage de type C [13].
Les craquages de type : D (III → I), E (II → I), F (I → I) qui font intervenir des
carbocations primaires sont très lents et ne jouent de rôle que dans le craquage
des alcènes légers. Notons par ailleurs qu’à 200 ◦ C, l’isomérisation de type A est
environ 5 fois plus rapide que l’isomérisation de type B [13].
La conséquence de ces grandes différences de vitesse est que le craquage d’un
alcène linéaire fait généralement intervenir une succession d’étapes. Par exemple,
en l’absence de limitations diffusionnelles, le craquage des octènes fera intervenir
essentiellement les étapes suivantes :
(4.9)
Pour les alcènes légers dont le craquage direct est très lent, des réactions sup-
plémentaires apparaissent. Le cas le plus étudié est celui de la transformation des
66 L ES ZÉOLITHES
A III→III
B1 II→III
B2 III→II
C II→II
n-butènes (nC=4 ). Sur la plupart des zéolithes, le propène (C=3 ), l’isobutène (iC=4 ),
les pentènes (C=5 ) semblent être directement formés (produits primaires) [14]. La
formation de ces produits s’explique par un mécanisme de dimérisation-craquage :
(4.10)
Si la température de réaction est élevée (et la pression de nC=4 faible), les octènes
ne peuvent être observés qu’en très faible quantité car l’équilibre thermodyna-
mique leur est défavorable.
Un mécanisme en chaîne par ions carbénium permet d’expliquer une grande par-
tie des résultats obtenus en isomérisation et craquage d’hydrocarbures saturés sur
zéolithes acides [11]. À titre d’exemple, les étapes intervenant dans le craquage de
l’isooctane (triméthyl-2,2,4 pentane) sont indiquées ci-après :
C HAPITRE 4 – T RANSFORMATION D ’ HYDROCARBURES PAR CATALYSE ACIDE ... 67
(4.11)
(4.12)
(4.13)
(4.14)
(4.15)
68 L ES ZÉOLITHES
(4.16)
et l’isomère para (le plus petit) très favorisé à partir du m-xylène si la taille des
ouvertures de pores est voisine de celle des molécules de xylènes (ex. : HMFI).
Toutefois, une formation privilégiée de l’isomère ortho a été découverte en
isomérisation du m-xylène sur des zéolithes HFAU très désaluminées, des zéolithes
monodimensionnelles à larges pores et surtout sur des tamis moléculaires méso-
poreux monodimensionnels (MCM41). Cette sélectivité élevée en faveur de l’iso-
mère ortho (o/p = 4 sur MCM41) s’explique par un mécanisme d’isomérisation
bimoléculaire des xylènes démontré par diverses expériences notamment avec des
molécules marquées au deutérium [17]. Ce mécanisme décrit dans la figure 4.3b
fait intervenir une étape 1 de dismutation des xylènes (cinétiquement limitante)
suivie d’une série d’étapes 2 de transméthylation entre triméthyl-benzènes et xy-
lènes [18].
L’isomérisation des xylènes est toujours accompagnée de leur dismutation en
toluène et triméthyl-benzènes. Le mécanisme admis pour cette dismutation, et
de façon générale pour les réactions de transméthylation, fait intervenir des in-
termédiaires carbocations benzyliques et méthyldiphenylméthanes (Figure 4.4).
70 L ES ZÉOLITHES
F IG . 4.3 – Mécanismes d’isomérisation des xylènes [18] : (a) monomoléculaire ; (b) bimo-
léculaire.
Ce mécanisme bimoléculaire est en effet le seul qui permette d’expliquer que les
alcanes branchés et l’hydrogène ont un effet inhibiteur sur la dismutation des xy-
lènes mais n’ont aucun effet sur leur isomérisation monomoléculaire [16].
C HAPITRE 4 – T RANSFORMATION D ’ HYDROCARBURES PAR CATALYSE ACIDE ... 71
(4.17)
car le carbocation tert-butyle intermédiaire est très stable. Par ailleurs, sur la zéo-
lithe HMFI la dismutation de l’éthylbenzène se produit par désalkylation-alkylation
alors que sur les zéolithes à large pores, le mécanisme par intermédiaires bimolé-
culaires (éthyldiphényléthane) est prépondérant [19].
L’alkylation des aromatiques par les alcènes est une réaction classique de sub-
stitution électrophile. Le mécanisme d’isopropylation du benzène est reporté à
titre d’exemple dans la figure 4.5. Notons que les groupes alkyles étant activants,
la polyalkylation ne peut être totalement évitée même si l’on utilise un large excès
du réactif aromatique.
4. Conclusions
Sur zéolithes acides, la transformation des hydrocarbures fait intervenir des états
de transition du type carbocation : ions carbénium, arénium et carbonium, les
sites protoniques étant les sites actifs. La force et la densité des sites protoniques
déterminent leur activité mais aussi le mode de transformation : intra- ou inter-
moléculaire. Par les contraintes stériques qu’elle exerce sur la formation des inter-
médiaires ou états de transition bimoléculaires, la structure poreuse a également
un effet marqué sur les mécanismes de réaction.
Références
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5 Sélectivité de forme en catalyse
1. Introduction
Dans le chapitre 1, nous avons souligné que le rôle essentiel joué par les catalyseurs
zéolithiques en raffinage du pétrole, pétrochimie était pour une grande part lié à
la localisation des centres actifs, donc des réactions, dans des pores de taille molé-
culaire. La sélectivité particulière que leur donne cette localisation a été baptisée
« sélectivité de forme ».
Le terme « Shape Selective Catalysis » (Catalyse avec sélectivité de forme) a été
inventé il y a 40 ans par des chercheurs de la Société Mobil (Weisz et Frilette [1])
pour décrire les propriétés catalytiques inattendues de zéolithes synthétiques de
type A (LTA). Sur ces zéolithes échangées par des ions calcium (5A), au lieu de :
le craquage du n-hexane était 10 fois plus rapide que celui du méthyl-3-pentane
alors que, sur une silice alumine amorphe, il était 2 à 3 fois plus lent. De plus, la
sélectivité du craquage était totalement différente : formation de produits linéaires
sur la zéolithe 5A, essentiellement de produits branchés sur la silice alumine [2].
Ces observations s’expliquent simplement par la taille des ouvertures des micro-
pores de la zéolithe 5A, trop petite (∼ 4,3 Å) pour que les molécules branchées
pénètrent dans les pores ou en ressortent. La forme des pores ne jouant pas ici de
rôle essentiel, le terme catalyse avec sélectivité de forme ne semble pas très bien
choisi. C’est pourtant ce terme qui, par la suite, a toujours été utilisé pour rendre
compte de la sélectivité orientée par les propriétés du système microporeux des
zéolithes.
Avant d’utiliser ce terme, précisons donc plus en détail l’origine de la sélecti-
vité de forme des zéolithes. Nous avons déjà indiqué plus haut que la sélectivité
de forme provenait de la localisation des sites actifs dans leurs micropores. Ces
micropores : cages, intersections de canaux, canaux, aux dimensions voisines de
celles des molécules peuvent être considérés comme de véritables nanoréacteurs
(ou des réacteurs moléculaires). On peut aisément comprendre que leur forme
mais aussi leur taille, la forme et la taille de leurs ouvertures, leur nombre et leur
arrangement dans les cristaux, bref toutes les caractéristiques du système micropo-
reux vont déterminer la sélectivité des réactions. L’effet du système microporeux
ne sera d’ailleurs pas limité à la sélectivité mais s’étendra aussi à la vitesse des ré-
actions et à son évolution avec le temps (stabilité).
76 L ES ZÉOLITHES
Bien évidemment, cet effet de la « forme » des pores des zéolithes se super-
pose à celui des caractéristiques des sites actifs. Outre l’ajustement des sites ac-
tifs à la transformation désirée mis en œuvre pour tous les catalyseurs solides, on
dispose donc avec les zéolithes d’une possibilité complémentaire, l’ajustement de
leur porosité, ce qui permet de concevoir des catalyseurs « idéaux » sur des bases
véritablement scientifiques.
Le premier procédé industriel basé sur la sélectivité de forme est le Selecto-
forming introduit au milieu des années 1960 [3]. Ce procédé, qui permet d’aug-
menter la qualité (l’indice d’octane) des essences en éliminant les n-alcanes par
craquage sélectif, utilisait une zéolithe naturelle à petits pores, l’érionite (ERI).
Cette zéolithe, dont les pores étroits ne laissent entrer et sortir que les molécules
linéaires, était dopée au nickel pour hydrogéner les produits oléfiniques et limiter
ainsi la désactivation. Ce procédé représente à ce jour le seul exemple d’utilisation
d’un catalyseur industriel à base de zéolithe naturelle. Depuis, de très nombreux
procédés industriels utilisant des catalyseurs zéolithiques synthétiques ont été déve-
loppés et on peut aisément démontrer que, dans tous ces procédés, qu’ils opèrent
par catalyse acide, redox ou bifonctionnelle, la sélectivité de forme joue un rôle
essentiel. C’est ce qui a été fait récemment par Degnan [4] pour les procédés du
raffinage et de la pétrochimie.
Remarquons aussi que la sélectivité de forme des zéolithes a non seulement
des applications en catalyse mais aussi en séparation, un des exemples les plus
importants étant la séparation sur une zéolithe 5A (Ca LTA) des isopentanes et
isohexanes de leur mélange avec leurs isomères linéaires. Cette séparation est ba-
sée sur le tamisage moléculaire : les molécules d’alcanes linéaires pénètrent dans
les pores de cette zéolithe, ce qui n’est pas le cas pour les molécules d’alcanes
branchés. Le couplage de cette séparation et de l’isomérisation catalytique permet
d’obtenir une essence légère d’indice d’octane élevé (ex. : procédé Ipsorb Isome-
rization de l’Institut Français du Pétrole).
Dans la description des divers types de sélectivité de forme qui suit, nous nous
sommes inspirés très largement de trois livres consacrés à ce sujet [5–7]. Ces ou-
vrages sont particulièrement recommandés pour une analyse plus exhaustive de la
sélectivité de forme et de ses applications.
Dans tous ces exemples, la différence de vitesse de diffusion des molécules consi-
dérées (chiffrée par exemple par le rapport de leurs coefficients de diffusion,
DA /DB ), est infinie car l’une des molécules ne peut entrer, donc diffuser dans les
pores. Toutefois, la sélectivité de forme apparaît aussi quand DA /DB est très grand
sans être infini. Dans ce cas, les deux types de molécules (A et B) peuvent entrer
dans les pores et y réagir ; l’importance de la sélectivité de forme va dépendre des
vitesses relatives de diffusion et de réaction. Si dans les conditions opératoires, les
réactions de A et de B dans les pores sont très lentes (cas 1, Figure 5.2), les trans-
formations apparentes de A et de B sur la zéolithe seront limitées par les réactions
(régime chimique, coefficient d’efficacité η = 1) et il n’y aura aucune sélectivité
de forme. Au contraire, la sélectivité de forme sera maximale (cas 2, Figure 5.2)
lorsque la transformation de A se fera en régime chimique (η ≈ 1) et celle de B en
régime diffusionnel (limitation du processus par la diffusion de B dans les pores,
η ≪ 1) [8].
78 L ES ZÉOLITHES
F IG . 5.2 – Relation classique entre le coefficient d’efficacité η de la zéolithe pour une ré-
action d’ordre 1 (transformation de A ou de B) et le module de Thiele, Th = R.k1/2 .D−1/2
où R est le rayon du cristallite, k la constante de vitesse de la réaction et D le coefficient
de A ou de B dans les pores. Dans le cas 1 (régime chimique), la sélectivité donnée par le
rapport des vitesses est égale à k1 CA /k2 CB , dans le cas 2 elle est égale à k1 CA /η2 k2 CB donc
beaucoup plus grande (η2 ≪ 1).
F IG . 5.3 – Dismutation sélective du toluène en paraxylène sur une zéolithe ZSM5 modifiée.
Ce second type de sélectivité de forme exige donc non seulement que les vitesses
de désorption des molécules produites dans les micropores soient très différentes
mais que leur interconversion soit possible.
la désorption des isomères les plus encombrés ortho et méta [5]. Notons que cet
effet positif est également dû pour partie au blocage de l’accès aux sites acides
de la surface externe des cristallites. Ces sites acides, peu nombreux mais actifs,
catalysent en effet l’isomérisation non souhaitée du paraxylène.
non seulement de la chimisorption du réactif (ou des réactifs) sur les centres ac-
tifs mais aussi de sa physisorption dans les micropores. Le modèle de Langmuir
est généralement choisi pour rendre compte de cette physisorption. Les équations
cinétiques obtenues permettent généralement d’expliquer l’effet de la concentra-
tion du réactif sur la vitesse de réaction [16, 17].
Pour les réactions de chimie fine, souvent réalisées en phase liquide et en pré-
sence de solvants, la situation devient plus compliquée. Les réactifs, produits, sol-
vants sont en effet très polaires et leur physisorption dans les micropores des zéo-
lithes est très forte. Qui plus est, les diverses molécules entrent en compétition
pour s’adsorber dans les micropores et la composition du mélange réactionnel
dans ces pores est par conséquent très différente de la composition en phase li-
quide. Dans les réactions bimoléculaires, le réactif le plus polaire s’adsorbe pré-
férentiellement dans les pores, pouvant aller jusqu’à empêcher totalement l’en-
trée de l’autre réactif donc son accès aux centres actifs et sa transformation. Par
ailleurs, la transformation d’un réactif peu polaire en un produit très polaire est
généralement auto-inhibée. Le produit de réaction, fortement adsorbé dans les
micropores, n’apparaît que très progressivement dans la phase liquide et de plus
empêche l’accès du réactif aux centres actifs [18]. Ces effets seront montrés de
façon détaillée sur l’exemple de l’acétylation d’aromatiques par l’anhydride acé-
tique (Chapitre 14).
Une autre observation essentielle est que sur ces catalyseurs PtHTON, seuls
quelques-uns des isomères bi- et tribranchés sont formés : 5 sur les 219 isomères
dibranchés et les 1 171 isomères tribranchés du n-heptadécane (nC17 ). Cette sé-
lectivité très particulière est expliquée par une catalyse du type clé-serrure, l’espa-
cement des pores à la surface du cristal de zéolithe déterminant la position des
branchements sur le squelette hydrocarboné de la molécule [36]. Cette interac-
tion zéolithe-réactif est très proche de l’interaction enzyme-substrat.
7. Conclusions
Ce chapitre rappelle le rôle essentiel joué en catalyse par la taille et la forme des
micropores des zéolithes. Ces micropores devraient d’ailleurs être appelés nano-
pores, la taille des cages, des canaux et de leur ouverture étant proche du nano-
mètre et souvent inférieure. Dans la plupart (sinon la totalité) des procédés in-
dustriels utilisant des catalyseurs zéolithiques, la sélectivité ainsi que l’activité et la
stabilité de ces catalyseurs dépendent non seulement des sites actifs mais aussi de
leur localisation dans les micropores. Les principaux types de sélectivité de forme :
par tamisage, par limitation stérique de la formation des états de transition, par
concentration des molécules ont été découverts et utilisés très rapidement. La sé-
lectivité de forme des zéolithes n’avait toutefois pas livré tous ces mystères comme
le montre la découverte très récente de la possibilité d’une catalyse en bouche de
pores (ex. : hydro-isomérisation des n-alcanes sur PtTON, ou isomérisation sque-
lettale des n-butènes sur HFER) ou dans des coupes de la surface externe (ex. :
alkylation du benzène sur MCM22).
Tous les chercheurs en catalyse sur zéolithes rêvent des sélectivités quasi par-
faites trouvées en catalyse enzymatique. Certaines zéolithes sont d’ailleurs proches
des enzymes, à la fois par leur performance et par leur mode de fonctionnement.
Les ressemblances entre zéolithes et enzymes ont été particulièrement dévelop-
pées sur deux exemples, celui de l’aromatisation des n-alcanes sur les catalyseurs
zéolithiques Pt zéolithe KLTL [40] et celui de l’hydro-isomérisation des alcanes
monobranchés en alcanes bibranchés sur PtTON (catalyse clé-serrure [36]). Des
outils performants sont maintenant disponibles à la fois pour concevoir des sys-
tèmes catalytiques zéolithiques se rapprochant des enzymes (modélisation molé-
culaire notamment) et pour les construire (synthèse de nouvelles zéolithes et trai-
tement post-synthèse), ce qui permet d’espérer des avancées majeures en catalyse
sur zéolithes.
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6 Formation de « coke », désactivation
et régénération des zéolithes acides
1. Introduction
peut sembler surprenant. Certains auteurs utilisent d’ailleurs le mot « coke » pour
les seules espèces polyaromatiques, d’autres baptisent les espèces non polyaroma-
tiques, « coke » mou, « coke » blanc, etc. Considérant que toutes les espèces rete-
nues dans les pores, qu’elles soient ou non polyaromatiques, sont responsables de
la désactivation des catalyseurs zéolithiques, nous avons décidé pour des raisons de
simplicité, de leur attribuer ici le terme « coke » entre guillemets.
(6.1)
C HAPITRE 6 – F ORMATION DE « COKE », DÉSACTIVATION ET RÉGÉNÉRATION ... 95
(6.2)
Les différences de composition du « coke » sont à nouveau expliquées par la plus
faible densité des sites acides de HMFI40 et par des contraintes stériques dans les
pores étroits de cette zéolithe.
Sur HMFI40, des quantités identiques de « coke » sont formées à partir du pro-
pène et du propène additionné du toluène. Toutefois, à partir de ce mélange, les
constituants du « coke » sont des mono-, bi- et triisopyltoluènes résultant de l’alky-
lation du toluène par le propène et non les molécules de « coke » formées à partir
du propène et du toluène purs.
De ces quelques exemples, nous pouvons conclure qu’à basse température,
le « coke » résulte principalement de la condensation du ou des réactifs, cette
condensation étant toutefois accompagnée d’autres réactions de moindre impor-
tance telles que réarrangement, craquage, cyclisation et transfert d’hydrogène. La
vitesse de ces réactions dépend à la fois des caractéristiques des sites acides proto-
niques présents (force, densité) et de la structure poreuse de la zéolithe (taille et
forme des cages et des ouvertures de pores). La rétention des molécules de coke
dépend aussi de la zéolithe considérée. Dans les zéolithes à larges pores et à taille
de pores intermédiaire, la rétention des molécules de « coke » est souvent due à
leur faible volatilité mais aussi à leur adsorption sur les sites acides. En revanche,
pour les zéolithes à petits pores, leur rétention résulte généralement de leur blo-
cage stérique.
(6.3)
molécules de coke qui y sont piégées, comme le montrent les exemples présentés
dans la figure 6.4. La taille des ouvertures des pores détermine la taille minimale
des molécules piégées.
F IG . 6.4 – Localisation des molécules de coke solubles formées à 450 ◦ C dans les pores de
HFAU (A) : méthylcoronène ; HERI (B) : méthylchrysène ; HMFI (C) : méthylpyrène.
Pour les zéolithes présentant des ouvertures de pore étroites, la plupart des in-
termédiaires de la formation des composés polyaromatiques (« coke ») sont trouvés
dans le coke ce qui a permis de définir toutes les étapes intervenant dans cette for-
mation. Ainsi, au cours de la transformation du n-heptane à 450 ◦ C sur zéolithes
acides les réactions suivantes interviennent dans la formation de « coke » :
98 L ES ZÉOLITHES
(6.4)
(6.5)
– couplage déshydrogénant des aromatiques [15] :
(6.6)
C HAPITRE 6 – F ORMATION DE « COKE », DÉSACTIVATION ET RÉGÉNÉRATION ... 99
4. Modes de désactivation
4.1. Généralités
Il est généralement admis que le « coke » réduit l’activité des catalyseurs poreux
soit par couverture des sites : sites actifs empoisonnés par adsorption des molé-
cules de « coke », soit par blocage de pores : sites actifs rendus inaccessibles aux
molécules de réactif par le dépôt de « coke ». Avec le premier mode de désactiva-
tion, un site acide actif est généralement empoisonné par une molécule de coke.
Toutefois, on peut associer à ce mode de désactivation la limitation de l’activité
provoquée par une compétition entre molécules de réactif et molécules de coke
pour l’adsorption sur les sites actifs ; la diminution d’activité est alors plus faible
que par empoisonnement du site. Par ailleurs, le blocage des pores se traduit gé-
néralement par un effet désactivant plus marqué que la couverture des sites, une
molécule de « coke » bloquant souvent l’accès de plusieurs sites actifs. À ce mode
de désactivation, on peut associer les limitations de la diffusion des molécules de
réactif vers les autres sites actifs que peuvent provoquer les dépôts de coke, ces
limitations ayant évidemment un effet plus limité que le blocage [7].
Un des avantages des catalyseurs zéolithiques est que le nombre de molécules
de « coke » peut être estimé, ce qui permet de déterminer non seulement l’effet
désactivant du « coke », comme c’est le cas avec les autres catalyseurs, mais aussi
l’effet désactivant des molécules de coke. Comme nous allons le montrer, cette
information est précieuse pour préciser le mode de désactivation des catalyseurs
zéolithiques.
« coke » qui provoque une désactivation complète des zéolithes HFAU et HMFI est
proche du nombre de sites protoniques forts (qui sont les sites actifs) alors qu’il est
7 à 8 fois plus petit pour HMOR et HERI. On peut donc considérer que la désac-
tivation de ces dernières zéolithes est due au blocage par le « coke » de l’accès des
réactifs aux centres actifs. Le blocage des pores de ces zéolithes, confirmé par des
expériences d’adsorption [2], s’explique facilement. Avec la mordénite, zéolithe
monodimensionnelle, une seule molécule de coke déposée dans un canal peut
bloquer l’accès des molécules de réactif à tous les sites de ce canal. Avec l’érionite,
zéolithe présentant des cages pièges : larges cages à ouvertures étroites, les molé-
cules de « coke » fomées dans les cages proches de la surface externe des cristallites
bloquent immédiatement l’accès des molécules de réactifs aux cages internes donc
à la majorité des sites actifs.
La « toxicité » initiale des molécules de « coke » a été estimée sur les quatre zéo-
lithes en supposant que tous les sites acides possèdent la même activité craquante.
Les valeurs élevées trouvées pour HMOR et HERI : 25 à 30 sites désactivés par mo-
lécule de coke sont typiques d’un blocage de pores. Par ailleurs la très faible valeur
trouvée pour HMFI : 0,25 (ce qui signifie qu’il faut 4 molécules de « coke » pour
désactiver un site) suggère que, pour cette zéolithe, les molécules de « coke » ini-
tialement formées limitent (sans la bloquer) l’adsorption des réactifs sur les sites
actifs. Enfin la valeur élevée trouvée pour HFAU5 alors que l’adsorption d’azote
ne révèle aucun blocage initial peut être liée à l’hétérogénéité de la force des sites
acides de cette zéolithe. Une étude infrarouge de l’effet du « coke » sur les groupes
hydroxyles montre en effet que les sites protoniques les plus forts (donc les plus
actifs) sont préférentiellement désactivés [16, 17].
La création d’une porosité secondaire peut réduire de façon très importante
la « toxicité » des molécules de coke. Ainsi, en transformation du méthanol en
oléfines légères sur des zéolithes HMOR, la « toxicité » des molécules de coke a été
trouvée 10 fois plus faible sur les échantillons désaluminés [18]. Les mésopores
créés par désalumination permettent une diffusion quasi tridimensionnelle des
molécules de réactifs, donc un accès plus facile aux sites actifs (Figure 6.5).
F IG . 6.5 – Démonstration du rôle positif des mésopores créés par désalumination sur la
résistance au coke de zéolithes monodimensionnelles telles que la mordénite.
molécule modèle, le pyrène, introduite dans les pores d’une zéolithe HFAU, a per-
mis de préciser les réactions impliquées dans la combustion du coke [21] :
Avec les zéolithes purement acides, la densité des sites acides est le paramètre dé-
terminant l’oxydation du « coke ». Des cations radicaux formés par réaction de
l’oxygène moléculaire sur les molécules de coke adsorbées sur les sites acides pro-
toniques ont été proposés comme intermédiaires dans l’oxydation du « coke » [5].
La structure poreuse de la zéolithe et la teneur en « coke » semblent n’avoir qu’un
effet limité sur la vitesse d’oxydation. Des accélérateurs de combustion tels que
platine ou palladium introduits en faible quantité dans les catalyseurs zéolithiques
permettent une élimination plus facile du coke et une combustion totale (pas de
CO produit). Ces accélérateurs sont notamment introduits dans les catalyseurs de
FCC avec, comme avantages, une activité plus grande des catalyseurs régénérés, un
temps de résidence plus court dans le régénérateur, etc.
(6.7)
7. Conclusion
L’acidité et la structure poreuse des zéolithes jouent un rôle important dans leur
désactivation par les dépôts carbonés (« coke »). Ceci n’est pas surprenant car la
C HAPITRE 6 – F ORMATION DE « COKE », DÉSACTIVATION ET RÉGÉNÉRATION ... 105
formation de coke nécessite des réactions catalysées par des sites acides localisés
dans les pores et la rétention des molécules de coke par adsorption sur les sites
acides, par blocage stérique, etc. Par ailleurs, l’effet désactivant des molécules de
coke dépend de la force des sites acides, les sites acides les plus forts donc les plus
actifs étant les premiers désactivés. Il dépend beaucoup plus encore de la structure
poreuse des zéolithes, ce paramètre déterminant en grande partie le mode de
désactivation.
Des règles générales peuvent être proposées pour limiter la formation du
« coke » (Tableau 6.II) ou pour minimiser son effet désactivant (Tableau 6.III). Les
conditions opératoires du traitement oxydant d’élimination du « coke » doivent
aussi être optimisées, l’une des règles essentielles étant de limiter le contact à tem-
pérature trop élevée de la zéolithe avec l’eau d’oxydation.
Choix et ajustement de :
Structure poreuse
Nanoréacteurs
Assez larges pour permettre la réaction désirée
mais assez étroits pour limiter le « cokage ».
Permettant la désorption rapide des précurseurs de « coke »
(ni cages pièges, ni canaux non interconnectés)
TAB . 6.III – Règles générales pour minimiser l’effet désactivant du coke [22].
Choix et ajustement de :
Structure poreuse
Seulement zéolithes
tridimensionnelles sans cages
piège
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[22] M. Guisnet, P. Magnoux, Catalysis Today, 36 (1997) 477.
7 Le craquage catalytique (FCC),
unité clé des raffineries1
Les besoins du marché en produits pétroliers ne peuvent être satisfaits sans trans-
formation des coupes lourdes de distillation en fractions plus légères [1–7]
(Figure 7.1). Deux procédés catalytiques sont utilisés pour cette transformation :
– L’hydrocraquage dont l’objectif est d’obtenir des distillats moyens (kéro-
sène + gasoil) fonctionne sous pression élevée d’hydrogène avec un cataly-
seur bifonctionnel (ex. : sulfures mixtes de NiMo, hydrodéshydrogénants,
sur une zéolithe acide HFAU). Ceci permet d’obtenir des molécules de rap-
port H/C élevé satisfaisant les caractéristiques de combustion demandées.
– Le craquage encore appelé FCC (Fluid Catalytic Cracking), qui vise à obtenir
des produits légers (C3 -C4 et essence) de rapport H/C faible, utilise comme
catalyseur une zéolithe acide du type FAU.
À de très rares exceptions près, chaque raffinerie possède sa propre unité de
craquage avec laquelle elle cherche à maximiser le rendement en essence (dont
la demande reste aujourd’hui prépondérante) ou en oléfines légères. Les unités
FCC (il en existe plus de 350 dans le monde) sont capables de traiter des quantités
de charge très importantes, dépassant 6 millions de tonnes par an pour certaines
d’entre elles [2]. D’une grande flexibilité, ces unités permettent la transformation
de charges lourdes de qualités très diverses, choisies sur des critères économiques,
en essence de bon indice d’octane ou en oléfines légères (C=3 -C=4 ).
On peut en effet choisir parmi le grand nombre de catalyseurs proposés par les
fabricants (plus de 700 et le changement est aisé), le mieux adapté à la charge à
transformer et aux produits souhaités. Une des particularités de ce procédé est la
production importante de « coke » qui reste bloqué sur le catalyseur : 5 à 6 % de la
charge sont convertis en ces composés polyaromatiques lourds. Ce coke provoque
une désactivation rapide du catalyseur, ce qui impose sa circulation en continu
du réacteur au régénérateur et vice et versa. La régénération du catalyseur se fait
par élimination du coke sous traitement oxydant à température élevée, les calories
libérées par la combustion du coke permettant notamment d’apporter les calo-
ries nécessaires à la réaction endothermique de craquage : l’unité de craquage est
1
Chapitre tiré d’un article publié dans l’Actualité Chimique, février 2000, 14, par M. Guisnet et S.
Mignard.
110 L ES ZÉOLITHES
légers résultant d’un surcraquage, sont considérés comme s’ils étaient de simples
composés :
1.1. Réacteur
Les réactions chimiques ont lieu pour l’essentiel dans le riser (réacteur à flux as-
cendant) et pour une faible part dans la section de désorption des produits du
catalyseur (réacteur stripper). Bien que le mode d’écoulement du gaz et du ca-
talyseur dans le riser soit complexe, on peut généralement assimiler le riser à un
réacteur en écoulement piston [5]. Ce type d’écoulement est le mieux adapté à
l’obtention d’une sélectivité élevée en essence (le produit intermédiaire dans le
schéma de Weekman). Dans le bas du riser, la charge préchauffée à 200−300 ◦ C
est mélangée au catalyseur chaud (650−750 ◦ C) provenant du régénérateur, ce qui
donne une température de 560−600 ◦ C. La vaporisation et le craquage de la charge
provoquent une augmentation importante du volume (×3) qui, associée à l’intro-
duction de vapeur d’eau, provoque une migration rapide du mélange catalyseur-
hydrocarbures dans le riser (temps de contact de 1 à 4 s). La pression dans le riser
est faible (2 à 3 bar absolus) et la température est comprise entre 560−600 ◦ C à
l’entrée et 490−540 ◦ C en sortie par suite de l’endothermicité du craquage.
F IG . 7.2 – Schéma d’une unité de FCC : (a) version simplifiée ; (b) exemple d’une unité
industrielle.
C HAPITRE 7 – L E CRAQUAGE CATALYTIQUE (FCC), UNITÉ CLÉ DES RAFFINERIES 113
le catalyseur. Cette étape de désorption est très importante car elle détermine la
teneur en coke, élément essentiel de l’équilibre thermique de l’unité de craquage.
Le temps de résidence du catalyseur, donc le temps de contact catalyseur-produits
étant relativement long (90 à 200 s) et la température élevée (490−540 ◦ C), les
produits subissent une évolution non négligeable : diminution de la teneur en
alcènes, formation d’un coke plus polyaromatique, etc.
1.3. Régénération
Le catalyseur acheminé du désorbeur au régénérateur par simple gravité a une
teneur en coke d’environ 1 %, celui-ci ayant un rapport atomique H/C ≤ 0,4.
La combustion du coke réalisée sous air débute par les atomes d’hydrogène avec
production d’eau, le carbone pouvant quant à lui être transformé en CO2 :
ou en CO :
C + 1/2 O2 → CO ∆H = −283 kJ mol−1 de C (7.2)
Une quantité importante de chaleur est donc perdue lorsque la combustion du
coke n’est pas complète (participation de la réaction (7.2)). Dans le cas des charges
classiques, une combustion complète est recherchée car elle permet une maîtrise
parfaite de l’énergie libérée. Ce n’est toutefois plus le cas lorsque des résidus sous
vide sont inclus dans la charge car le rendement en coke est alors très élevé. Pour
maintenir une flexibilité suffisante dans la conduite des unités, diverses solutions
ont été trouvées : régénération en deux étapes ou introduction de réfrigérants
dans le régénérateur [2, 3]. Les conditions classiques de fonctionnement d’un ré-
générateur sont : température comprise entre 680 et 760 ◦ C, temps de séjour du
catalyseur de 5 à 10 min.
température du catalyseur régénéré, etc., ce qui pourrait aller jusqu’à l’arrêt total
de l’unité. La parade est d’augmenter le débit du catalyseur donc l’énergie ap-
portée au riser et le rapport catalyseur/charge. Ceci a pour effet d’augmenter la
conversion (et l’énergie consommée par le craquage) mais aussi la teneur en coke
du catalyseur avec pour conséquence une augmentation de température du cataly-
seur régénéré. Si celle-ci devient trop élevée, il faudra cette fois diminuer le débit
de catalyseur. Ainsi, de proche en proche, on arrive à un équilibre entre énergie
consommée et énergie produite.
Il faut toutefois noter que l’augmentation du rapport catalyseur/charge modi-
fie la sélectivité du craquage (augmentation du rendement en gaz, etc.) diminuant
la rentabilité du procédé et pouvant occasionner des problèmes techniques. L’un
des deux goulots d’étranglement les plus importants des unités de FCC est en ef-
fet la capacité du compresseur des gaz craqués, l’autre étant celle du compresseur
d’air (appelée soufflante d’air) alimentant le régénérateur. Le premier sert à com-
primer les produits gazeux issus du désorbeur et à les liquéfier pour permettre leur
distillation, le second à alimenter le régénérateur par l’air nécessaire à la combus-
tion du coke. Ces machines tournantes de capacité élevée étant très coûteuses,
elles sont toujours utilisées au voisinage de leur capacité nominale ; il n’y a donc
aucune souplesse de fonctionnement.
TAB . 7.I – Influence de la nature de la charge sur la conversion et la distribution des pro-
duits.
Paraffinique Naphténique Aromatique
Caractéristiques de la charge
Densité 0,855 0,893 0,934
Soufre (% poids) 0,13 0,4 0,9
Azote (% poids) 0,04 0,10 0,35
Fraction 10 % 353 ◦ C 304 ◦ C 360 ◦ C
◦
distillée 50 % 443 C 432 ◦ C 440 ◦ C
◦
90 % 538 C 540 ◦ C 510 ◦ C
Rendements
Conversion 93,0 85,0 70,0
H2 S (% poids) 0,1 0,2 0,4
Gaz secs (% poids) 2,5 2,8 3,0
LPG (% volume) 34,5 27,5 24,3
Essence (% volume) 73,0 70,0 54,2
Gasoil (% volume) 5,0 10,0 20,0
Résidu (% volume) 2,0 5,0 10,0
Coke (% poids) 4,8 5,4 6,3
Gaz secs : (H2 , C1 , C2 ) ; LPG : gaz liquéfiés (propane, butane).
et comme la conduite d’une unité FCC est déterminée par la teneur en coke du
catalyseur, la conversion sera d’autant moins poussée que le rendement en coke
est plus élevé : 93 % (P), 85 % (N) et 70 % (A). Avec les charges paraffinique et
naphthénique, le rendement en essence est beaucoup plus élevé qu’avec la charge
aromatique qui donne une fraction importante de lourds (LCO et résidus).
Le nombre total de sites acides protoniques (qui sont considérés comme les
sites actifs) est, dans le cas des zéolithes protoniques, égal au nombre d’atomes
d’aluminium de la charpente zéolithique (toutefois, une partie d’entre eux, si-
tués dans les prismes hexagonaux, ne sont pas accessibles aux molécules de réac-
tifs). Plus le rapport Si/Al de charpente est élevé, plus la densité des sites acides
sera donc faible. De plus, la force acide augmente avec Si/Al, devenant maximale
lorsque les sites protoniques sont isolés [12, 13]. Les espèces aluminiques extra-
réseau très diverses formées dans les pores des zéolithes au cours de la désalumi-
nation de la charpente (généralement réalisée par traitement à la vapeur d’eau)
C HAPITRE 7 – L E CRAQUAGE CATALYTIQUE (FCC), UNITÉ CLÉ DES RAFFINERIES 117
[RE(OH)]2+ FGGGB +
GGG [RE(OH)2 ] + H
+
(7.4)
2.2. Matrice
Si la matrice peut jouer un rôle catalytique important, elle doit tout d’abord rem-
plir diverses fonctions physiques :
– elle permet de diluer les particules de zéolithe dans des particules de taille
et de forme convenables pour la fluidisation ;
– elle apporte la résistance à l’attrition nécessaire ;
118 L ES ZÉOLITHES
– elle permet (ou interdit) la diffusion des molécules de réactif vers les pores
des zéolithes.
Craquage*
Alcanes → alcènes + alcanes (1)
Cn H2n+2 → Cm H2m + Cp H2p+2
n =m +p
Alcènes → 2 alcènes (2)
Cn H2n → Cm H2m + Cp H2p
n =m +p
Naphtènes → [diènes] → 2 alcènes (3)
Cn H2n → Cm H2m + Cp H2p
n =m +p
Alkylaromatiques → aromatiques + alcènes (4)
Az Cn H2n+1 → Az H + Cn H2n
Autres réactions
Transfert d’hydrogène
naphtène + 3 alcènes GGGA aromatique + 3 alcanes (5)
Nous nous limitons ici à une description succincte des mécanismes de réac-
tion, en essayant de montrer comment les caractéristiques des catalyseurs (acidité,
porosité) déterminent leur activité, stabilité et sélectivité. Les nombreuses revues
publiées sur le sujet [5, 6, 15–17] pourront être consultées pour une compréhen-
sion plus complète du domaine.
ex. : (7.7)
C HAPITRE 7 – L E CRAQUAGE CATALYTIQUE (FCC), UNITÉ CLÉ DES RAFFINERIES 121
ou d’ions arénium :
(7.8)
ex. :
Pour les alcanes et naphtènes saturés, la protonation est plus difficile. Haag et
Dessau [18] ont toutefois montré que celle-ci était possible sur les zéolithes acides :
ex. : (7.9)
ex. :
(7.10)
(7.11)
C HAPITRE 7 – L E CRAQUAGE CATALYTIQUE (FCC), UNITÉ CLÉ DES RAFFINERIES 123
ex. :
(7.12)
Plus le rapport des vitesses de transfert d’hydrogène et de craquage (TH/C) sera
grand, plus le rendement en essence sera élevé et plus cette essence contiendra
d’aromatiques et d’alcanes. C’est ce qui a été observé lorsque les silices alumines
amorphes ont été remplacées par des zéolithes FAU dans les catalyseurs de cra-
quage (Figure 7.5). Notons que si ce remplacement a permis de diminuer la quan-
tité de catalyseur utilisé (les zéolithes étant beaucoup plus actives que les silices
alumines), il s’est aussi traduit par une diminution importante de l’indice d’oc-
tane recherche [3, 5].
F IG . 7.5 – Comparaison des distributions des produits de craquage d’un gasoil sur silice
alumine et sur zéolithe Y [19].
La valeur beaucoup plus élevée de TH/C trouvée pour les zéolithes peut être
liée :
– à une plus grande concentration des réactifs dans les supercages de la zéo-
lithe FAU (effet de concentration [5, 25]). Cette concentration plus élevée
a un effet positif plus marqué sur la vitesse de la réaction bimoléculaire de
transfert d’hydrogène que sur la vitesse de la réaction monomoléculaire de
β scission.
– des zéolithes FAU de rapport Si/Al élevé pour lesquelles le rapport des vi-
tesses de transfert et de craquage (TH/C) est faible ;
Le remplacement dans les catalyseurs de FCC des silices alumines par des zéo-
lithes s’est traduit par une diminution notable de la sélectivité en coke. Ainsi, pour
une conversion globale de 35,6 % d’une charge légère, un rendement en coke de
C HAPITRE 7 – L E CRAQUAGE CATALYTIQUE (FCC), UNITÉ CLÉ DES RAFFINERIES 125
1,4–2,2 % est trouvé pour des catalyseurs zéolithiques contre 4,3 % pour des cata-
lyseurs silice alumine. La différence est un peu moins marquée pour les charges
lourdes [5].
Des progrès importants ont été accomplis au cours des dernières années dans
la connaissance des modes de formation du coke et de désactivation des cataly-
seurs zéolithiques. Notons toutefois que la grande majorité des études sont réa-
lisées en transformation d’hydrocarbures purs et non de charges complexes, sur
des zéolithes et non sur des catalyseurs de craquage (Chapitre 6). Les conclusions
générales suivantes [26–28] s’appliquent cependant aux catalyseurs de FCC.
La formation de coke nécessite des étapes chimiques mais aussi la rétention des
précurseurs sur le catalyseur. C’est pourquoi le coke catalytique se forme essentiel-
lement dans les pores des zéolithes (rétention plus facile dans les supercages de
FAU que sur la surface externe), même si au cours de leur croissance, les molé-
cules de coke peuvent déborder sur la surface externe des cristallites de zéolithe.
Les molécules de coke résultent :
– d’une série d’étapes successives d’alkylation, cyclisation, transfert d’hydro-
gène, etc. ;
– ou/et du couplage déshydrogénant de molécules (poly)aromatiques situées
dans des supercages adjacentes. La coexistence de ces deux modes de crois-
sance des molécules de coke permet d’expliquer que les principaux précur-
seurs de coke sont les alcènes, impliqués dans le premier mode et les poly-
aromatiques (hydrocarbonés, azotés, etc.), impliqués dans le second.
Les réactions impliquées dans la formation de coke sont catalysées par les sites
acides de Brønsted. Plus ces sites sont forts et leur concentration élevée, plus la
formation de coke est rapide et importante.
La plupart des réactions impliquées dans la formation des molécules de coke
étant bimoléculaires, la concentration élevée des réactifs dans les pores étroits des
zéolithes favorise la formation de coke. Toutefois, cet effet de la structure poreuse
est heureusement largement compensé par les limitations stériques qu’exercent
les parois des pores sur la formation des molécules encombrées. Ces limitations
stériques permettent d’expliquer pourquoi la sélectivité en coke des catalyseurs
zéolithiques est plus faible que celle des catalyseurs à base de silice alumine.
Les molécules de coke provoquent tout d’abord une désactivation des sites
acides des supercages dans lesquelles elles sont localisées, cette désactivation étant
due à l’empoisonnement des sites ou au blocage de leur accès par les réactifs. Tou-
tefois, quand la teneur en coke augmente, un blocage de l’accès des réactifs à des
sites acides localisés dans des supercages ne contenant pas de molécules de coke
peut se produire.
4. Conclusion
Cette brève présentation du craquage catalytique démontre que ce domaine est
en évolution constante depuis le lancement des premières unités en 1942. Si le
126 L ES ZÉOLITHES
remplacement des catalyseurs silice alumine par des catalyseurs zéolithiques s’est
traduit par un véritable bouleversement, les nombreuses améliorations apportées
aux formulations catalytiques (zéolithe, matrice, additifs) qui ont suivi ont amené
des progrès importants :
– flexibilité plus grande : possibilité de traiter des charges très diverses y com-
pris des résidus sous vide et d’orienter le craquage vers des essences d’indice
d’octane élevé et vers des oléfines légères ;
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[28] M. Guisnet, P. Magnoux, K. Moljord, ACS Symposium Series, 634 (1996) 77.
8 Conversion du méthanol
en hydrocarbures
1. Schéma réactionnel
Sur la zéolithe HMFI (ou HZSM5) utilisée dans le procédé MTG (et de façon géné-
rale sur tous les catalyseurs acides), le méthanol se transforme par un schéma suc-
cessif en trois grandes étapes [1–3] : formation de diméthyléther (DME), d’alcènes
légers et enfin d’un mélange d’hydrocarbures saturés éthyléniques et aromatiques
(Figure 8.1) :
130 L ES ZÉOLITHES
(8.1)
Les étapes 1 et 2 sont très exothermiques (∆Htotal = −1 670 kJ kg−1 de métha-
nol), la troisième quasiment athermique. Avec la zéolithe HMFI, les alcènes légers
ont de 2 à 5 carbones (C=2 -C=5 ) et les hydrocarbures aromatiques sont essentielle-
ment benzéniques :
(8.2)
À conversion totale du méthanol (temps de contact élevé), la majorité des hy-
drocarbures formés ont de 4 à 10 atomes de carbone donc sont dans la coupe
essence. L’essence produite à partir du méthanol contient environ 32 % d’aro-
matiques, 60 % d’alcanes et 8 % d’alcènes et présente un indice d’octane élevé
(indice d’octane recherche = 92 ; indice d’octane moteur 83). Le rendement en
C HAPITRE 8 – C ONVERSION DU MÉTHANOL EN HYDROCARBURES 131
essence C+5 (incluant l’alkylat) dépend du type de réacteur utilisé ; il peut atteindre
91 % avec un réacteur à lit fluidisé, 84 % avec un réacteur à lit fixe [5].
La sélectivité élevée de la zéolithe HMFI pour la production d’essence est due
pour l’essentiel à sa structure poreuse. Cette sélectivité de forme est bien démon-
trée au niveau des hydrocarbures aromatiques produits [2], constitués pour l’es-
sentiel de toluène (environ 26 % en poids), de xylènes (42 %) et de triméthyl-
benzènes (14 %). Les tétraméthylbenzènes ne sont qu’en faible quantité (4 %)
et les aromatiques plus lourds quasi inexistants. La distribution des aromatiques
s’explique par un effet de tamisage inverse (Product Shape Selectivity, Chapitre 5)
démontré par la formation préférentielle des isomères les moins encombrés : 1,2,4-
triméthylbenzène, 1,2,4,5-tétraméthylbenzène. Ainsi le rapport des vitesses de pro-
duction des 1,2,4- et 1,3,5-triméthylbenzènes est de 5,3 alors qu’à l’équilibre ther-
modynamique, qui devrait être atteint compte tenu de la rapidité des réactions
d’isomérisation des méthylaromatiques, le rapport n’est que de 2,5. Le durène
est le polyméthylbenzène le plus encombré capable de se désorber aisément des
pores de la zéolithe ZSM5. Si une faible fraction des autres tétraméthylbenzènes
se désorbe de la zéolithe HMFI, les penta- et hexaméthylbenzènes restent quant
à eux trappés à l’intersection des canaux. En revanche, sur les zéolithes à larges
pores, ces composés sont observés en phase gaz [3]. Sur les mordénites, ces com-
posés constituent même l’essentiel de la fraction aromatique [3, 6]. Dans le cas de
la zéolithe HMFI, les penta- et hexaméthylbenzènes piégés aux intersections de
canaux continuent à réagir, notamment par transalkylation avec des aromatiques
moins méthylés ; par ailleurs ces molécules limitent mais ne bloquent pas l’accès
aux sites actifs. Leur effet désactivant est donc limité. Toutefois, des composés aro-
matiques plus lourds ayant de 2 à 4 cycles aromatiques peuvent se former mais très
lentement aux intersections de canaux [7]. En effet, la taille relativement étroite
de ces intersections limite fortement (spatiosélectivité, Chapitre 5) la formation
de ces composés, beaucoup plus désactivants que les polyméthylbenzènes. Cette
formation de « coke » est aussi très défavorisée par la faible densité des sites acides
des zéolithes HMFI utilisées (Si/Al élevé).
Nous avons souligné que, sur tous les catalyseurs acides, les alcènes légers étaient
intermédiaires dans la conversion du méthanol en produits aromatiques et saturés
(équations (8.1) et (8.2)). On peut donc espérer produire ces alcènes en opérant
à conversion modérée dans les conditions du procédé MTG. Toutefois des ren-
dements en oléfines légères C2 -C5 beaucoup plus élevés (voisins de 80 %) sont
obtenus en opérant à température plus élevée (480−500 ◦ C au lieu de 400 ◦ C)
sur une zéolithe HMFI d’acidité réduite [8]. Des rendements très élevés sont éga-
lement obtenus sur une mordénite très désaluminée (ex. : Si/Al = 80) à tempé-
rature élevée et faible pression partielle de méthanol ou de diméthyléther (Ta-
bleau 8.I). Mais c’est à nouveau par la sélectivité de forme que les meilleurs résul-
tats sont obtenus. L’utilisation de tamis moléculaires à petits pores permet en effet
d’orienter la conversion du méthanol vers l’éthylène et le propène, les produits
branchés ne pouvant se désorber des pores. C’est ainsi que sur SAPO34, un silico-
aluminophosphate à petits pores, une sélectivité en éthylène et propène d’environ
90 % mol est atteinte à conversion totale du méthanol [11]. Le grand intérêt de
132 L ES ZÉOLITHES
TAB . 8.I – Conversion du diméthyléther (DME) sur un catalyseur développé par l’IFP [9] à
530 ◦ C, pDME = 0,2 bar, pH2O = 0,4 bar, pN2 = 0,35 bar. Distribution massique des produits
pour des temps de contact τ très différents correspondant à une conversion X de 10 % (τ1 )
et de 100 % (τ1 × 27). Adapté de la référence [10].
ce catalyseur est la flexibilité du rapport éthylène/propène (de 0,75 à 1,5), son in-
convénient vient des composés non désorbables des cages de ce tamis moléculaire
qui provoquent sa désactivation (« coke »).
(8.3)
(8.4)
C HAPITRE 8 – C ONVERSION DU MÉTHANOL EN HYDROCARBURES 133
(8.5)
En revanche, le mécanisme de formation de la première liaison carbone-
carbone reste encore controversé en dépit du très grand nombre de travaux réali-
sés sur ce sujet [2]. Même la nature du premier alcène formé : éthylène, mais aussi
propène et même butène-2-trans est encore l’objet de débats [3].
Il n’est en effet pas très facile de préciser la nature du premier alcène formé
car la vitesse de sa transformation peut être beaucoup plus grande que sa vitesse de
formation (a) ou encore que sa vitesse de désorption des pores (b). Le cas (b) est
observé lors de la transformation du méthanol sur des tamis moléculaires à petits
pores tels que la SAPO34. Bien qu’un mélange complexe d’hydrocarbures soit
formé dans les pores, seules les oléfines linéaires peuvent se désorber, l’éthylène
et le propène dans une moindre mesure, étant très favorisés [11]. La proposition
de Cormerais et al. [14] d’un mécanisme de type rateau (équation (8.6)) faisant
intervenir des intermédiaires éthers dont la croissance de chaîne A est très rapide
devant leur transformation en alcènes (B) peut être assimilée au cas (a).
(8.6)
Une autre remarque importante est que très généralement les réactions qui
suivent la formation du premier alcène sont beaucoup plus rapides que celle-ci
d’où l’existence d’un effet autocatalytique [2, 15].
134 L ES ZÉOLITHES
(8.7)
Selon Chang et Silvestri [17], le couplage direct de ces carbènes très réactifs est
beaucoup moins probable que leur insertion dans une liaison C-H du méthanol ou
du diméthyléther. Un mécanisme de transfert concerté d’un méthylène entre deux
molécules d’alcool (ou d’éther) est proposé.
(8.8)
C HAPITRE 8 – C ONVERSION DU MÉTHANOL EN HYDROCARBURES 135
(8.9)
Ce mécanisme est analogue à celui proposé pour la transformation des alcanes
en milieu superacide ou encore sur zéolithes à température élevée [22]. Notons
toutefois qu’en raison de la grande basicité des oxygènes du méthanol ou du di-
méthyléther, la méthylation en ions diméthyl et triméthyloxonium est beaucoup
plus probable, ce que confirment d’ailleurs diverses expériences [23].
Le mécanisme concerté proposé par Kaeding et Butter [12] qui ne fait pas
intervenir de carbocations méthyles libres semble plus probable :
(8.10)
136 L ES ZÉOLITHES
(8.11)
C HAPITRE 8 – C ONVERSION DU MÉTHANOL EN HYDROCARBURES 137
(8.12)
C HAPITRE 8 – C ONVERSION DU MÉTHANOL EN HYDROCARBURES 139
(larges cages : 11 × 6,5 Å à ouvertures étroites : 4,3 Å) que sur la zéolithe HMFI
dont les intersections de canaux sont de taille très voisine de celle des canaux (Ø
8,5 Å et 5,1−5,7 Å). Par ailleurs, plus le nombre de sites acides est faible (plus le
rapport Si/Al est élevé), plus la formation de coke est lente. Une diminution de
la force acide obtenue par exemple en opérant en présence d’eau provoque une
diminution de la vitesse de cokage [36]. Enfin, l’augmentation de la taille des cris-
tallites de SAPO34 se traduit par une augmentation importante de la vitesse de
cokage [35].
5. Conclusion
Le développement du procédé Méthanol to Gasoline (MTG) par Mobil, très rapide-
ment bloqué par la diminution du prix du pétrole, a initié un nombre considérable
de travaux sur les mécanismes des réactions impliquées dans cette transformation
complexe mais aussi sur la zéolithe ZSM5 et de façon plus générale sur les zéolithes
à taille de pores intermédiaire. En dépit du nombre considérable de travaux menés
sur ce sujet, le mécanisme de formation de la première liaison carbone-carbone
n’est pas encore parfaitement compris. En revanche, de grands progrès ont été
accomplis dans la connaissance du mode de formation des alcènes légers sur les
catalyseurs en état de régime : ceux-ci résultent de la transformation de produits
adsorbés ou piégés dans les micropores, alcènes lourds ou aromatiques constituant
un pool d’hydrocarbures. Ces hydrocarbures après craquage en alcènes légers sont
réalkylés par le méthanol ou le diméthyléther.
142 L ES ZÉOLITHES
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9 Catalyse bifonctionnelle :
applications en hydro-isomérisation
et hydrocraquage
1. Introduction
De nombreux procédés industriels font intervenir des catalyseurs zéolithiques as-
sociant des sites acides protoniques et des sites redox et donc capables de fonc-
tionner à la fois comme catalyseurs de réactions acides et comme catalyseurs de
réactions d’oxydo-réduction (catalyseurs bifonctionnels). Les transformations sou-
haitées peuvent faire intervenir successivement les deux fonctions : la fonction
oxydo-réductrice (métaux, oxydes, sulfures) catalysant souvent des étapes d’hydro-
génation et déshydrogénation, la fonction acide des étapes de réarrangement et
de craquage. La catalyse est alors dite bifonctionnelle.
Le premier avantage de la catalyse bifonctionnelle est de permettre la transfor-
mation de composés réfractaires en catalyse acide. Ainsi, le catalyseur zéolithique
de craquage catalytique (FCC) ne transforme pas les hydrocarbures aromatiques
ce que fait le catalyseur bifonctionnel d’hydrocraquage. La catalyse bifonction-
nelle peut être préférée pour d’autres raisons : les conditions opératoires sont
plus douces, ou/et la sélectivité plus élevée, la désactivation des catalyseurs est
beaucoup plus lente. Sur ce dernier point, la différence est criante entre la désac-
tivation en quelques secondes du catalyseur zéolithique de FCC et celle très lente
du catalyseur d’hydrocraquage.
Si la catalyse bifonctionnelle est principalement utilisée en raffinage (hydrocra-
quage, hydro-isomérisation, déparaffinage, etc.) et en pétrochimie (isomérisation
de la coupe C8 aromatique, etc.), elle présente également un grand intérêt en
dépollution et en synthèse de produits multifonctionnels (chimie fine). La syn-
thèse de précurseurs de médicaments, parfums, produits agrochimiques, etc., de-
mande de très nombreuses étapes de réaction et de séparation responsables de
rejets polluants importants : le facteur environnemental E défini comme la quan-
tité de déchets produits par kg de produit désirés formés [1] est très grand en
chimie fine : 50 à 500 fois plus élevé que celui en raffinage du pétrole [2]. Un des
moyens employés pour réduire la pollution est de réaliser dans le même réacteur,
si possible dans les mêmes conditions opératoires, plusieurs étapes réactionnelles
successives (« one-pot reactions ») ce qui nécessite généralement l’utilisation de cata-
lyseurs bifonctionnels. La réduction du nombre d’étapes de réaction et de sépara-
tion a des conséquences très positives diminuant non seulement la production de
146 L ES ZÉOLITHES
2. La catalyse bifonctionnelle
Ce chapitre s’inspire en grande partie des articles de revue présentés dans les ré-
férences [3] à [6] et des chapitres 6, 7 et 8 de la référence [7].
Deux remarques préliminaires doivent être faites :
– nous nous limitons ici à la seule catalyse bifonctionnelle faisant intervenir
successivement deux fonctions : l’une hydrodéshydrogénante (métaux,
oxydes, sulfures), l’autre acide. Les autres types de catalyse bifonctionnelle :
catalyse acido-basique, etc. ne seront pas considérés ;
– sur les catalyseurs présentant une fonction hydrodéshydrogénante et une
fonction acide, les réactifs peuvent se transformer, non seulement par inter-
vention successive des deux types de sites actifs (mécanisme bifonctionnel)
mais aussi par des mécanismes monofonctionnels et même par des méca-
nismes non catalytiques [8]. Ainsi le craquage d’un alcane sur un catalyseur
bifonctionnel métal/acide pourra se faire par catalyse bifonctionnelle (hy-
drocraquage), par catalyse métallique (hydrogénolyse), par catalyse acide
(craquage) et par voie purement thermique. L’importance des divers modes
réactionnels dépend du catalyseur considéré (Figure 9.1) et des conditions
opératoires.
F IG . 9.1 – Relation entre les propriétés des sites acides (A) et hydrogénants (H) de cata-
lyseurs bifonctionnels et les mécanismes de réaction. + fort et nombreux ; − faibles et peu
nombreux.
Dans les conditions opératoires (sous hydrogène. . .), les alcènes intermédiaires
sont très défavorisés à l’équilibre thermodynamique. On peut toutefois les obser-
ver par CPV ou par spectrométrie de masse [12, 13]. Par ailleurs, pour que cette
réaction se produise rapidement, il faut que chacune de ses étapes soit très facile.
C’est bien le cas, à la fois pour l’hydrogénation et la déshydrogénation sur Pt et
pour l’isomérisation squelettale des alcènes sur les catalyseurs acides.
C HAPITRE 9 – C ATALYSE BIFONCTIONNELLE : APPLICATIONS ... 149
montré dans la figure 9.4 pour la transformation du n-décane en réacteur à lit fixe
à pression atmosphérique, température de 200 ◦ C et pH2 /pnC10 = 9 [18] :
F IG . 9.4 – Transformation du n-décane sur des catalyseurs PtHFAU (PtHY) : a) activité ini-
tiale (A0 ) en fonction de nPt /nA ; b) rapport des activités finale et initiale Af /A0 en fonction
de nPt /nA ; c, d, e) rendement en isomères monobranchés (M), bibranchés (B) et produits
de craquage (C) en fonction de la conversion du n-décane (X) ; f) Rendement en isomères
en fonction de la conversion du n-décane (X).
152 L ES ZÉOLITHES
– L’activité initiale des catalyseurs PtHFAU 3 augmente avec nPt/nA puis de-
vient constante pour nPt/nA = 0,03 (Figure 9.4a). Il y a alors suffisamment
de sites hydrogénants pour alimenter en oléfines intermédiaires tous les sites
acides. L’activité ne dépend plus du nombre de sites métalliques mais doit dé-
pendre de l’acidité. C’est pourquoi les catalyseurs PtHFAU 9 et PtHFAU 35
qui ont une valeur élevée de nPt/nA sont moins actifs que les catalyseurs
PtHFAU 3.
– Si, quel que soit le catalyseur, le n-décane conduit aux isomères monobran-
chés M, aux isomères multibranchés B (essentiellement bibranchés), et à des
produits légers C (C3 -C7 ), la distribution de ces produits M, B et C dépend
de la conversion et de nPt/nA (Figure 9.4c). Pour nPt/nA ≤ 0,03 , M, B
et C apparaissent directement formés (produits primaires apparents) ; pour
0,03 < nPt/nA < 0,1, M et B sont des produits primaires apparents, C est
secondaire ; enfin pour nPt/nA ≥ 0,1 le schéma réactionnel est parfaitement
successif :
GGG M FGGGB
nC10 FGGGB GGG B → C
Ceci se traduit par une évolution importante avec nPt/nA des rapports des vi-
tesses d’isomérisation et de craquage I /C (d’environ 1 à conversion zéro pour
nPt/nA = 0,006 à 200 pour nPt/nA = 0,17) et de formation des isomères mono-
et bibranchés M/B (de 2 à 25) ou encore du rendement maximal en isomères
(Figure 9.4d).
L’effet de nPt/nA sur l’activité, la stabilité et le schéma réactionnel est résumé
dans le tableau 9.I. On remarquera notamment que si l’activité devient maximale
pour nPt/nA > 0,03, en revanche la stabilité maximale et le schéma réactionnel
successif qui est le schéma de transformation des alcènes intermédiaires en ab-
sence de limitations diffusionnelles ne sont obtenus que pour nPt/nA ≥ 0,1. Cette
différence également observée en hydrocraquage du n-heptane sur les mêmes ca-
talyseurs s’explique de la manière suivante :
aux faibles valeurs de nPt/nA (Tableau 9.I) M, B et C sont directement formés.
Ceci ne signifie pas que l’hydrocraquage se produit directement à partir du n-
heptane : l’isobutane (et non le n-butane) est d’ailleurs formé. Ceci signifie qu’une
partie des n-heptènes intermédiaires rencontrent, durant leur migration d’un site
métallique à un autre, assez (et même plus) de sites acides pour leur transforma-
tion ultime en produits de craquage et même en « coke » (9.3). Les catalyseurs se
désactivent donc rapidement.
C HAPITRE 9 – C ATALYSE BIFONCTIONNELLE : APPLICATIONS ... 153
GBG
FGGGG
Schéma
réactionnel GGG M FGGGB
nC10 FGGGB GGG B → C GGG (M, B) → C
nC10 FGGGB GGG B
nC10 FGGGB
−→
C
(9.3)
(9.4)
(9.5)
Dans cette situation « idéale », toutes les étapes intervenant dans la formation
des ions carbénium à partir des alcanes : déshydrogénation, transport des inter-
médiaires oléfiniques, protonation de ces intermédiaires sont très « rapides » par
rapport au branchement ou au craquage des ions carbénium. En conséquence, la
distribution des produits dépend seulement des vitesses relatives de transformation
des ions carbénium. En se plaçant dans cette situation « idéale », on peut donc ob-
tenir aisément les informations cinétiques utiles à la connaissance des mécanismes
de transformation des ions carbénium.
Bien que l’utilisation de ce rapport nPt/nA ait permis d’avancer dans la com-
préhension de la catalyse bifonctionnelle, quelques réserves doivent être faites sur
sa signification réelle. nA devrait être le nombre de sites actifs dans les réactions
de branchement et de craquage. Or la méthode de détermination de nA, l’adsorp-
tion de NH3 suivie par calorimétrie, ne permet pas de discriminer entre les sites
de Lewis (inactifs) et les sites protoniques. De plus, la faible taille de l’ammoniac
lui permet d’accéder à des centres acides que ne peuvent atteindre les molécules
de réactif. Par ailleurs, l’activité des sites protoniques augmentant beaucoup avec
leur force [19, 20], nA peut être constitué de sites actifs de force juste suffisante
(100 kJ mol−1 ), mais aussi de sites acides beaucoup plus forts donc beaucoup plus
actifs. Enfin la méthode de détermination de nPt (titration H2 -O2 ) ne permet pas,
elle non plus, de différencier les sites accessibles aux réactifs de ceux qui ne le sont
qu’à H2 et O2 . Des améliorations peuvent être apportées en prenant pour nA le
nombre de sites protoniques retenant la pyridine jusqu’à une certaine tempéra-
ture, c’est-à-dire le nombre de sites protoniques accessibles. Toutefois la meilleure
façon de chiffrer la balance entre les fonctions hydrogénante et acide d’un cata-
lyseur consiste à utiliser le rapport de ses activités hydrogénante et acide détermi-
nées si possible dans des conditions voisines de la réaction (ou du procédé) de
catalyse bifonctionnelle. C’est ce qui a été réalisé avec succès pour des catalyseurs
industriels d’hydrocraquage du type NiMoS/HFAU, en utilisant la transformation
de l’o-xylène dans les conditions opératoires du procédé : pH2 = 60 bar, présence
de H2 S et de NH3 . La fonction hydrogénante est caractérisée par la vitesse de pro-
duction de cyclanes en C8 , la fonction acide par la vitesse de production des méta-
et para-xylènes [21].
C HAPITRE 9 – C ATALYSE BIFONCTIONNELLE : APPLICATIONS ... 155
1,4 fois plus élevé pour PtHFAU 3 alors que nA est 2,1 fois plus grand ; les sites
acides de HMFI 40 sont donc 1,5 fois plus actifs que ceux de HFAU 3, ce qui
s’explique par leur plus grande force. En revanche la courbe trouvée pour PtH-
MOR 7 (Si/Al = 7) n’est pas celle attendue d’une catalyse bifonctionnelle. En effet,
si aux faibles valeurs de nPt/nA, A0 augmente bien avec nPt/nA, une diminution
est observée par la suite au lieu du plateau attendu (Figure 9.5a). Diverses expé-
riences (adsorption, réactions modèles) ont permis d’attribuer cette diminution à
un bouchage des canaux de cette zéolithe monodimensionnelle par des cristallites
de platine.
La stabilité des catalyseurs dépend beaucoup de la structure poreuse des cata-
lyseurs. Af /A0 (Af étant l’activité après 5 heures de réaction) est toujours voisin
de 1 pour les catalyseurs PtHMFI 40 pour lesquels la formation de coke est très
défavorisée par la structure poreuse (et la faible densité des sites acides). À l’op-
posé, les catalyseurs PtHMOR ont une stabilité limitée ; la stabilité des catalyseurs
PtHFAU 3 est intermédiaire (Figure 9.5b). La très faible stabilité des catalyseurs
PtHMOR provient de leur système poreux monodimensionnel : une molécule de
coke déposée dans un canal peut bloquer l’accès des réactifs à tous les sites hydro-
génants ou acides de ce canal.
La structure poreuse a également un effet prononcé sur la sélectivité, que ce
soit sur le rapport des isomères mono- et bibranchés M/B ou sur celui des isomères
et des produits de craquage I /C (Figure 9.5c). Sur tous les catalyseurs PtHMFI, le
schéma réactionnel apparent est le suivant :
Le catalyseur Pt/Al2 O3 chlorée, très fortement acide et donc très actif, est uti-
lisé entre 130 et 160 ◦ C, conduisant à un produit d’indice d’octane plus élevé
que les catalyseurs Pt zircone sulfatée et PtHMOR qui opèrent à température plus
élevée, 160–220 ◦ C et 230–270 ◦ C, respectivement. Ainsi les nombres d’octane re-
cherche vont de 82 à 84 pour Pt/Al2 O3 chlorée, à 80–82 pour le Pt zircone sul-
fatée et seulement 78-80 pour PtHMOR. Toutefois le Pt/Al2 O3 chlorée et le Pt
C HAPITRE 9 – C ATALYSE BIFONCTIONNELLE : APPLICATIONS ... 159
(9.6)
4. Hydrocraquage
Comme nous l’avons souligné dans le chapitre 7, deux procédés catalytiques sont
utilisés pour la nécessaire transformation des distillats sous vide (Eb760 : 350−600 ◦ C)
en fractions plus légères : le craquage (FCC) qui vise à obtenir des produits légers
(C3 -C4 et essence) et l’hydrocraquage dont l’objectif est de conduire à des distillats
moyens (kérosène + gazoles) ou à des essences. Les catalyseurs bifonctionnels choi-
sis pour ce procédé (PdHFAU, NiMoS HFAU) opérant sous pression d’hydrogène
élevée permettront la transformation de charges polyaromatiques que ne réalisent
C HAPITRE 9 – C ATALYSE BIFONCTIONNELLE : APPLICATIONS ... 161
5. Conclusion
Les catalyseurs bifonctionnels métaux nobles (Pt, Pd) ou sulfures mixtes (NiMoS,
NiWS) sur zéolithes sont utilisés dans les principaux procédés d’hydro-isoméri-
sation et d’hydrocraquage du raffinage du pétrole : isomérisation des C5 -C6 , dé-
paraffinage par hydro-isomérisation ou hydrocraquage, hydrocraquage de distil-
lats sous vide en essence ou en distillats moyens, selectoforming, dewaxing. Dans ces
domaines, la recherche de catalyseurs plus performants est très active. Ainsi l’uti-
lisation d’une zéolithe plus acide que la mordénite (la mazzite semble être un
bon candidat) en isomérisation des C5 -C6 pourrait permettre d’opérer à tempéra-
ture plus basse ce qui, thermodynamiquement, est favorable pour la production
des isomères présentant l’indice d’octane le plus élevé. La découverte de cata-
lyseurs (Pt/SAPO11) capables d’orienter la transformation d’alcanes linéaires à
longue chaîne vers l’isomérisation (isodewaxing) plutôt que vers l’hydrocraquage
sélectif (dewaxing) constitue une avancée importante dans le domaine du dépa-
raffinage des gasoils et bases pour huile. D’autres tamis moléculaires à taille de
pore intermédiaire (ex. : TON) pourraient également connaître des applications
en isomérisation sélective de n-alcanes à longues chaînes. Un développement de
l’hydrocraquage, en particulier en distillats moyens (l’Europe est très déficitaire en
carburant diesel), est à prévoir, ce procédé permettant de produire des carburants
propres, donc de répondre à la législation de plus en plus sévère. Toutefois, des
améliorations des catalyseurs existants ou la conception de nouveaux catalyseurs
sont nécessaires pour augmenter la sélectivité en produit souhaité mais aussi pour
réaliser l’hydrocraquage de charges plus lourdes.
Références
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166 L ES ZÉOLITHES
Ce chapitre est consacré aux transformations des hydrocarbures légers C2 -C4 (al-
cènes et alcanes). Les alcènes, qui sont très réactifs, et en particulier l’éthylène et
le propène sont, avec les hydrocarbures benzéniques, les molécules de base pour
la chimie. Les alcènes C2 -C4 sont aussi utilisés dans divers procédés de production
de carburants :
Les débouchés des alcanes légers (autres que l’isobutane utilisé en alkylation
aliphatique) sont beaucoup plus limités que celui des alcènes, le problème étant
d’activer ces molécules peu réactives. Il existe toutefois quelques procédés de trans-
formation de ces alcanes, d’une part l’isomérisation du n-butane en isobutane réa-
lisée sur Pt/Al2 O3 chlorée (présentée dans le chapitre 9), d’autre part l’aromati-
sation, procédé qui permet de valoriser les alcanes légers (actuellement brûlés)
des zones peu accessibles ; ce dernier procédé utilise un catalyseur bifonctionnel
Ga/MFI [7, 8].
La découverte de catalyseurs zéolithiques très performants pour l’aromatisa-
tion des alcanes légers et pour l’isomérisation squelettale des n-butènes a initié
une recherche fondamentale particulièrement active. La structure poreuse des
zéolithes utilisées MFI et FER est rappelée dans la figure 10.1.
Cette recherche s’est révélée très novatrice [9, 10] amenant le transfert de
concepts d’autres domaines (tels que celui des milieux « superacides ») et même
l’émergence de nouveaux concepts : sites bifonctionnels pour la déshydrogéna-
tion des alcanes légers sur Ga/HMFI ; nouveau type de sélectivité de forme (Tunnel
Shape Selectivity) sur HFER et catalyse à la bouche des micropores de cette zéolithe,
les sites actifs étant des produits polyaromatiques (« coke ») bloqués dans ces pores.
C’est ce que nous montrons ci-après.
primaires. La coupure protolytique d’une liaison C−C permet le craquage des al-
canes, par exemple :
(10.1)
tandis que la coupure protolytique d’une liaison C−H permet leur déshydrogéna-
tion :
(10.2)
Les zéolithes étant des catalyseurs acides très forts, le mécanisme « superacide »
est le plus probable. La transformation des alcanes légers est d’ailleurs empoison-
née par la pyridine [12] alors que, contrairement à ce que l’on attendrait d’une
catalyse par des centres redox, l’hydrogène n’a aucun effet [13].
Des différences importantes de vitesse sont observées entre les diverses réac-
tions de craquage et de déshydrogénation. La réaction la plus lente est la forma-
tion de méthane à partir de l’éthane. Ceci n’est pas étonnant si l’on considère son
mécanisme :
C HAPITRE 10 – N OUVEAUX MODES D ’ ACTIVATION DES HYDROCARBURES C2 -C4 ... 171
(10.3)
(10.4)
En effet, cette réaction fait intervenir des carbocations très instables ; de plus, la
transformation du carbocation méthyle en méthane nécessite le transfert d’un ion
hydrure d’une molécule d’éthane.
La déshydrogénation de l’éthane, qui fait aussi intervenir des carbocations pri-
maires (réaction (10.5)), est 30 fois plus rapide que la formation du méthane :
(10.5)
Un ordre inverse des réactivités a été trouvé [18] avec HF-SbF5 à basse tempéra-
ture : (CH4 /H2 ≈ 15). Toutefois, la valeur de ce rapport dépend des conditions
opératoires et du superacide utilisé ; ainsi, il est voisin de 1 avec FSO3 H-SbF5 .
Pour les autres alcanes, la coupure protolytique des liaisons C−C est 2 à 3 fois
plus rapide que celle des liaisons C−H [15]. En milieu superacide, ceci était ob-
servé pour l’isobutane mais l’inverse était trouvé pour les alcanes linéaires [18].
Les vitesses de déshydrogénation et de craquage augmentent avec la stabilité des
ions carbonium et carbénium intermédiaires ; ainsi, la déshydrogénation de l’iso-
butane (réaction (10.2)), qui ne fait intervenir que des carbocations tertiaires, est
30 fois plus rapide que celle de l’éthane (réaction (10.5)) qui ne fait intervenir
que des carbocations primaires.
Si, à température élevée (≤ 500 ◦ C) et faible conversion, les alcanes légers sont
transformés par protolyse des liaisons C−H et C−C, le transfert d’hydrure aux ions
carbénium résultant (étape 2, Figure 10.3) joue un rôle important à forte conver-
sion [19]. À température plus basse (300 ◦ C), ce rôle devient d’ailleurs prédomi-
nant et la protolyse des liaisons C−H et C−C n’est plus que l’étape d’initiation du
mécanisme en chaîne par ions carbénium responsable des transformations d’al-
canes observées (dismutation et isomérisation) [14].
Il existe donc de grandes similitudes entre les transformations primaires des
alcanes en milieu superacide et sur les zéolithes protoniques. Ces similitudes ont
conduit de nombreux auteurs à conclure à une identité du mécanisme d’activa-
tion des alcanes : attaque protolytique des liaisons C−H et C−C. Cette possibilité
d’un mécanisme « superacide » de craquage et de déshydrogénation des alcanes
sur zéolithes peut sembler surprenante, la force acide de ces solides n’étant gé-
néralement pas supérieure à celle de l’acide sulfurique pur. Ceci peut toutefois
172 L ES ZÉOLITHES
migration de Ga2 O dans les pores de la zéolithe et réaction de celui-ci avec les sites
protoniques :
Ga2 O + 2H+ Z− → 2Ga+ Z− + H2 O
Le catalyseur en état de régime ou prétraité par l’hydrogène est par conséquent
moins acide mais son activité déshydrogénante est trouvée plus élevée que celle du
catalyseur neuf ce qui se traduit par une activité aromatisante plus grande.
Enfin et surtout les étapes de déshydrogénation (étapes 1, 3, 5, 6 de la fi-
gure 10.5) font intervenir à la fois les sites protoniques et les espèces gallium et
sont donc des réactions de catalyse bifonctionnelle [9]. Un effet de synergie est
en effet observé : la déshydrogénation du propane est 200 fois plus rapide sur la
zéolithe HMFI imprégnée au gallium (Ga/HMFI) que sur la zéolithe Ga/NaMFI.
L’échange au sodium de Ga/HMFI diminue 180 fois son activité déshydrogénante
tandis que l’échange protonique de Ga/NaMFI augmente 150 fois son activité [25].
Deux types de mécanismes bifonctionnels ont été proposés pour expliquer cet ef-
fet de synergie. Certains auteurs proposent que les espèces gallium augmentent la
vitesse de déshydrogénation du propane sur les sites protoniques, alors que pour
les autres ce sont les sites protoniques qui favorisent la déshydrogénation du pro-
pane sur les espèces gallium [23].
Sur les catalyseurs Ga/HMFI, les alcanes légers se transforment donc en hy-
drocarbures benzéniques (benzène, toluène, xylènes, etc.) par un mécanisme bi-
fonctionnel redox-acide classique, les sites redox catalysant la déshydrogénation
des alcanes légers, des alcènes C6 -C10 et des cyclènes tandis que les sites acides
catalysent l’oligomérisation des alcènes légers et la cyclisation des diènes C6 -C10 .
L’étape cinétiquement limitante est la déshydrogénation des alcanes légers. Tou-
tefois, la complexité de ce système bifonctionnel est singulièrement accrue :
– par l’effet que l’hydrogène produit par l’aromatisation sur la nature et la
dispersion des espèces gallium et sur l’acidité ;
– par la complexité des sites déshydrogénants, qui associent des espèces gal-
lium et des sites acides protoniques (sites bifonctionnels).
n−C=4 + iC=4
FGGGG C
GG
GGGGB
D I = ′
C
2n−C=4 FGGGGGB =
GGGGG 2 iC4
GGGG (C8 ) FGGGGGB
GGGGG (C8 ) FGGGGB
=
(10.6)
GFGG C
GG
C=3 + C=5
BGG
Toutes les réactions de ce processus sont connues pour être très faciles : la diméri-
sation (D) des n-butènes et l’isomérisation des alcènes à plus de quatre atomes de
carbone (I) se produisent à température ambiante sur zéolithes et sur des solides
moins acides ; le craquage des octènes (C) qui implique les mêmes étapes que la
dimérisation mais dans l’ordre inverse est donc aussi très facile à catalyser.
Le caractère bimoléculaire de l’isomérisation squelettale des n-butènes sur la
zéolithe HFER fraîche est d’ailleurs confirmée par isomérisation de n-butène
contenant un atome de 13 C : 25 % des molécules d’isobutène formées ne pré-
sentent pas de 13 C, 25 % en ont 2 et 50 % un seul [28, 29]. Cette distribution est
celle attendue du processus bimoléculaire décrit dans la réaction (10.6) dans le-
quel le craquage (C) se produit à partir d’intermédiaires octènes dont les atomes
de 13 C sont distribués de façon statistique [30].
Une diminution de l’activité de HFER 10 avec le temps de travail (Figure 10.6a)
et une augmentation importante de la sélectivité en isobutène (Figure 10.6b) sont
observées. Cette augmentation de sélectivité provient pour l’essentiel d’une dimi-
nution très rapide de la formation de propènes et pentènes (Figure 10.6c), la for-
mation d’isobutène augmentant d’abord avant de diminuer (Figure 10.6d). Les di-
minutions d’activité et de rendement sont liées à la rétention dans les micropores
de la zéolithe de produits secondaires lourds (« coke ») ; ce « coke » provoque un
important blocage de l’accès aux micropores et à pratiquement tous les sites acides
protoniques de la zéolithe. Ainsi après 4 heures de fonctionnement, la teneur en
« coke » est de 8,1 % poids C, le volume microporeux accessible à l’azote prati-
quement nul et le pourcentage de sites acides protoniques non désactivés compris
176 L ES ZÉOLITHES
F IG . 10.6 – Transformation des n-butènes à 350 ◦ C sur la zéolithe HFER. Influence du temps
de travail (min) sur la conversion des n-butènes X (%) en isobutène (isomérisation) et en
propène + pentènes (dismutation).
(10.7)
Notons que ce n’est pas le cas pour l’isomérisation monomoléculaire des n-alcènes
plus lourds :
(10.8)
C HAPITRE 10 – N OUVEAUX MODES D ’ ACTIVATION DES HYDROCARBURES C2 -C4 ... 177
De grands efforts ont été déployés pour justifier de façon théorique une isomé-
risation monomoléculaire rapide des n-butènes, l’argument avancé étant la stabi-
lisation de l’ion carbénium primaire dans la structure zéolithique [31–33]. Toute-
fois, l’isomérisation monomoléculaire ne saurait être plus rapide que le processus
bimoléculaire dont toutes les étapes sont très faciles ; ceci est d’ailleurs clairement
démontré en isomérisation du n-butane en milieu superacide [34] et sur des cataly-
seurs bifonctionnels Pt/SiO2 Al2 O3 [35]. En conséquence, si le mécanisme mono-
moléculaire est réellement prédominant sur les catalyseurs HFER vieillis, l’activité
des sites acides résiduels (leur fréquence de rotation TOF) doit être plus faible
(normalement beaucoup plus faible) que le TOF des sites acides de la zéolithe
HFER fraîche pour laquelle la formation de l’isobutène résulte essentiellement
d’un mécanisme bimoléculaire. C’est tout à fait l’inverse qui est observé [30] : la
valeur du TOF en isomérisation est environ 15 fois plus grande après 44 heures de
réaction que sur la zéolithe fraîche, ce qui permet de rejeter la proposition d’une
isomérisation monomoléculaire sur la zéolithe HFER vieillie [30].
Ce résultat ne peut s’expliquer que si la transformation bimoléculaire des n-
butènes, très largement prédominante sur HFER frais, est remplacée par une ré-
action aux caractéristiques totalement différentes [26] :
– cette réaction non monomoléculaire doit cependant conduire sélectivement
à l’isobutène sans formation simultanée de propène et de pentènes ;
– elle ne se produit pas dans les micropores, l’accès de ceux-ci étant bloqué
par des composés polyaromatiques ;
– elle n’est probablement pas catalysée par des sites présents sur le catalyseur
frais mais plutôt par les composés polyaromatiques bloqués dans les pores
au voisinage de la surface des cristallites. Ces composés polyaromatiques ont
été identifiés par la technique présentée dans le chapitre 6 comme étant des
méthylpolyaromatiques (ayant de 2 à 4 cycles).
Le mécanisme de la figure 10.7 permet à la fois d’expliquer la très grande
sélectivité de l’isomérisation et le rôle joué par les molécules polyaromatiques blo-
quées dans les pores [36]. Les sites actifs seraient des carbocations benzyliques
formés à partir de méthylpolyaromatiques bloqués à la bouche des pores. L’alky-
lation par le n-butène de ces carbocations stables conduit à des carbocations se-
condaires qui s’isomérisent par sauts d’hydrure et de méthyle en ions carbénium
tertiaires. Ceux-ci se craquent en isobutène avec régénération des carbocations
benzyliques initiaux. Toutes les étapes de cette réaction pseudomonomoléculaire
(elle ne fait intervenir qu’une molécule de butène) sont connues comme très fa-
ciles, ce qui explique sa rapidité en dépit du nombre relativement faible de carbo-
cations benzyliques accessibles au réactif. Ce caractère pseudomonomoléculaire
de l’isomérisation permet d’expliquer que, sur la zéolithe sélectivée, les molécules
d’isobutène résultant de la transformation de n-butène contenant un atome de
13
C contiennent toutes un seul 13 C [28, 29]. Par ailleurs, ce mécanisme ne per-
met pas la formation de propène et de pentènes, ce qui explique la sélectivité très
élevée en isobutène.
178 L ES ZÉOLITHES
Cette dernière augmentation, observée quel que soit le taux de conversion des n-
butènes [30], ne peut provenir de la suppression de transformations (secondaires)
de l’isobutène en propène et pentènes, d’ailleurs beaucoup plus lentes que celles
des n-butènes. Cette augmentation a donc été attribuée au développement d’un
nouveau mécanisme d’isomérisation. Le mécanisme autocatalytique décrit dans la
figure 10.8 a été proposé [38] : l’isomérisation du n-butène se produirait sur des
ions carbénium t-butyle (isobutène adsorbé sur des sites protoniques). De même
que l’isomérisation des n-butènes sur les carbocations benzyliques, ce mécanisme
conduit très sélectivement à l’isobutène par des étapes réactionnelles plus faciles
que celles impliquées dans l’isomérisation bimoléculaire des n-butènes.
Il reste toutefois à comprendre pourquoi le système poreux de la ferrierite
favorise ce processus autocatalytique. Pour répondre à cette question, un modèle
simplifié de la transformation catalytique des n-butènes dans les micropores de
HFER a été proposé [30]. Ce modèle est basé sur les hypothèses suivantes :
F IG . 10.9 – Influence de la concentration des sites protoniques dans les larges canaux de
HFER sur les produits de transformation du n-butène : (a) canal avec peu de sites, conver-
sion faible du n-butène, isomérisation essentiellement par le mécanisme autocatalytique ;
(b) canal riche en sites, forte conversion du n-butène avec production du mélange équilibré
C=3 , nC=4 , iC=4 et iC=5 . Dans la première partie du canal (↔), la transformation du n-butène se
produit comme en (a). | correspond à un site actif.
180 L ES ZÉOLITHES
– plus le nombre de sites acides dans un canal est important, plus le nombre
de réactions successives subies par les molécules de n-butène sera grand. Les
produits qui désorberont de chacun des canaux pourront donc être complè-
tement différents (Figure 10.9) :
– dans les canaux présentant peu de sites acides protoniques, les molé-
cules subiront seulement un nombre limité de réactions (Figure 10.9a)
et la conversion des n-butènes sera faible. Après une isomérisation bi-
moléculaire non sélective (mécanisme bimoléculaire classique) sur les
sites proches de l’entrée, les molécules de n-butène se transformeront
sélectivement en isobutène par le processus autocatalytique. Ces canaux
permettront donc la formation quasi sélective d’isobutène ;
– dans les canaux présentant de très nombreux sites protoniques (Fi-
gure 10.9b), les molécules de n-butène subiront un nombre très impor-
tant de réactions successives avec pour conséquence la formation du
mélange thermodynamiquement équilibré des n-butènes (47,5 % dont
25 % d’isobutène) et des propènes et pentènes (52,5 %). La sélectivité
en isobutène sera donc très faible (≈ 40 %).
4. Conclusions
De nouveaux mécanismes d’isomérisation des n-butènes ont été découverts sur
la zéolithe HFER, qui font intervenir des molécules de produit retenues dans les
micropores de cette zéolithe :
C HAPITRE 10 – N OUVEAUX MODES D ’ ACTIVATION DES HYDROCARBURES C2 -C4 ... 181
– Lorsque tous les micropores sont bloqués par des molécules de « coke »
(identifiées comme étant des méthylpolyaromatiques), l’isomérisation sélec-
tive de l’isobutène se produit alors sur des carbocations benzyliques formés
à partir de méthylpolyaromatiques localisés en bouche de pores.
Cette catalyse par des molécules bloquées dans les pores pourrait être responsable
de la sélectivité particulière d’autres réactions catalysées par la ferrierite et par des
zéolithes de structures voisines, telles que l’hydro-isomérisation des alcanes longs
impliqués dans les procédés de déparaffinage (Chapitre 9).
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aromatiques : (a) zéolithe MOR. Les molécules organiques ne pouvant entrer dans les petits
canaux, le système poreux de la mordénite peut être considéré comme monodimensionnel ;
(b) zéolithe MFI.
– métal déposé sur une zéolithe de taille de pores intermédiaires (HMFI) pour
sa désalkylation : procédés MHTI (Mobil High Temperature Isomerisation) et
MHAI (Mobil High Activity Isomerisation) [2], etc.
Les xylènes peuvent également être obtenus par dismutation du toluène excé-
dentaire :
(11.1)
(11.2)
un schéma successif soit observé. Par ailleurs les vitesses d’isomérisation du mé-
taxylène en ortho et en paraxylène sont très voisines.
Toutefois l’isomérisation des xylènes peut également se produire par un mé-
canisme bimoléculaire impliquant des réactions successives de transméthylation.
L’existence de ce mécanisme proposé en 1969 [8] pour rendre compte de l’iso-
mérisation des xylènes en phase liquide sur une zéolithe HFAU a été récemment
démontrée en phase gaz [9, 10]. Ce mécanisme décrit dans la figure 11.2b per-
met l’isomérisation directe de l’isomère ortho en para (et vice versa) ; de plus la
transformation du métaxylène en orthoxylène est plus rapide (environ 4 fois) que
son isomérisation en paraxylène. La première étape du mécanisme est la dismu-
tation du réactif xylène en triméthylbenzènes et toluène. Les triméthylbenzènes,
beaucoup plus réactifs que le toluène et que le réactif xylène, réagissent sur ce
dernier (transalkylation) avec formation des isomères du xylène et régénération
de triméthylbenzènes (étape 2).
F IG . 11.2 – Mécanismes d’isomérisation des xylènes [18] : (a) monomoléculaire ; (b) bimo-
léculaire.
– n’ayant que des sites protoniques faibles, les sites forts provoquant la trans-
formation rapide des intermédiaires de la transméthylation en produits se-
condaires lourds responsables de la désactivation (coke).
Toutes ces conditions sont réunies pour certaines zéolithes à larges pores (en
particulier les zéolithes HFAU désaluminées [10]) et pour les silicoaluminates mé-
soporeux du type MCM41 récemment découverts par Mobil. Dans le cas de ces
derniers, tamis moléculaires à canaux monodimensionnels très longs, l’isomérisa-
tion peut être totalement bimoléculaire [11].
En revanche ce mécanisme ne joue aucun rôle avec les zéolithes de taille de
pores intermédiaire telle que la zéolithe HMFI, la taille des intersections de ca-
naux (où sont situés les sites acides protoniques) étant inférieure à celle des in-
termédiaires bimoléculaires de la dismutation des xylènes ou de la transalkylation
xylènes-triméthylbenzènes. Par ailleurs, ces zéolithes ayant des pores de taille très
voisine de celles des molécules de xylènes, l’isomérisation monomoléculaire est li-
mitée par la diffusion. Ceci se traduit notamment par une transformation directe
apparente des isomères ortho en para et par la formation privilégiée de l’isomère
le plus petit (le paraxylène) lors de l’isomérisation du métaxylène. Ceci ne pré-
sente toutefois qu’un intérêt limité dans les procédés d’isomérisation des xylènes
car ceux-ci opèrent au voisinage de l’équilibre thermodynamique.
(11.3)
(11.4)
190 L ES ZÉOLITHES
F IG . 11.3 – Dismutation du toluène sur zéolithes. Conditions à satisfaire pour obtenir une
sélectivité très élevée en paraxylène.
C HAPITRE 11 – P ROCÉDÉS SÉLECTIFS ET PROPRES DE PRODUCTION ... 191
des sites internes (< 1 %), l’isomérisation des xylènes, très rapide devant la
dismutation du toluène, pourra s’y produire.
(11.5)
Cette isomérisation de type B (via des cyclopropanes protonés) bien que plus
lente que l’isomérisation de type A (par sauts d’alkyle) ne nécessite pas de sites
acides forts pour sa catalyse. Une acidité trop forte de même qu’une densité trop
grande de centres acides conduisent à une diminution de la sélectivité de l’iso-
mérisation par suite notamment d’un hydrocraquage important des naphtènes et
d’une désalkylation de l’éthylbenzène. Au cours de la transformation industrielle
de la coupe C8 aromatique, la dismutation de l’éthylbenzène et les transalkylations
éthylbenzène-xylènes sont également observées. Sur les zéolithes à larges pores
utilisées, ces réactions se produisent, comme la dismutation des xylènes par l’in-
termédiaire de diphénylméthanes.
C HAPITRE 11 – P ROCÉDÉS SÉLECTIFS ET PROPRES DE PRODUCTION ... 193
(11.6)
En effet, comme nous l’avons souligné plus haut, ces zéolithes sont très actives
en désalkylation de l’éthylbenzène. Cette dernière réaction est d’ailleurs utilisée
dans le procédé MHTI (Mobil High Temperature Isomerisation) pour transformer to-
talement l’éthylbenzène en benzène pendant l’isomérisation des xylènes [14]. La
température élevée choisie (425 ◦ C), l’addition d’un composé hydrogénant per-
mettent de déplacer l’équilibre vers les produits de désalkylation.
(11.7)
(11.8)
L’éthylation qui fait intervenir un ion éthylcarbénium instable est beaucoup plus
lente (1 500 fois) que l’isopropylation. De même, la formation de n-propylbenzène
qui fait intervenir un carbocation primaire n-propyle est négligeable devant l’iso-
propylation. Par ailleurs, les groupes alkyles étant activants, le produit de mono-
alkylation généralement souhaité s’alkyle plus rapidement que le réactif aroma-
tique. Si la polyalkylation peut être limitée en utilisant un large excès du réactif
aromatique (d’où nécessité de recycler celui-ci), elle ne peut être totalement évitée.
L’alkylation sera donc toujours accompagnée d’une transalkylation, par exemple :
(11.9)
(11.10)
F IG . 11.5 – Influence des mésopores sur le mode de diffusion des molécules organiques
dans la mordénite. A : mordénite (MOR), B : mordénite désaluminée (MORDA).
C HAPITRE 11 – P ROCÉDÉS SÉLECTIFS ET PROPRES DE PRODUCTION ... 197
craquage du propène et d’une petite quantité d’alkyltoluène qui reste piégée. Mais
très rapidement les produits piégés dans ces micropores internes bloquent leur ac-
cès et les réactifs ne se transforment plus que dans les coupes externes [27].
L’alkylation dans ces coupes externes très larges dont se désorbent très faci-
lement les molécules de produits est très sélective en éthylbenzène (très peu de
produits polyalkylés formés). Pour la même raison, les molécules lourdes précur-
seurs de « coke » ne sont pas retenues et, par conséquent, la formation de « coke »
et la désactivation sont très lentes.
L’alkylation se produisant dans les coupes externes, il est particulièrement im-
portant d’augmenter le nombre de ces coupes, donc la surface externe. Ceci peut
être fait au niveau de la synthèse (cristaux très petits) ou encore par délamination :
synthèse de la zéolithe ITQ2 [28].
3. Conclusion
Cette brève revue des procédés de production des alkylaromatiques commercia-
lement les plus importants : paraxylène, éthylbenzène, cumène, démontre que ce
domaine est de plus en plus réservé aux catalyseurs zéolithiques. Deux raisons
principales à cela :
– Les zéolithes se substituent très avantageusement aux catalyseurs du type
Friedel Crafts utilisés auparavant, amenant un progrès considérable du point
de vue environnement.
– Leur structure poreuse permet une orientation plus sélective des réactions
vers le produit désiré.
Une recherche industrielle très active a permis le développement de nouvelles
zéolithes et de procédés originaux d’ajustement de la structure poreuse des zéo-
lithes. Elle a par ailleurs initié une recherche fondamentale sur les mécanismes
des réactions d’isomérisation, de transalkylation et d’alkylation permettant la dé-
monstration du rôle essentiel que joue la structure poreuse sur l’orientation des
réactions ou sur leur mécanisme. Le haut niveau de connaissances et le dynamisme
de la recherche industrielle dans ce domaine permettent d’espérer encore de nou-
veaux progrès.
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57.
12 Catalyse d’oxydation sur zéolithes
et tamis moléculaires apparentés
F IG . 12.1 – Réactions d’oxydation par l’eau oxygénée catalysées par le tamis moléculaire
TS-1.
oxygénée est généralement utilisée diluée (35 % poids dans l’eau). L’une de ces
applications, l’hydroxylation du phénol, développée par Enichem jusqu’à l’échelle
industrielle [3], fut l’événement majeur qui attira l’attention des chercheurs sur
TS-1, avec pour conséquence un développement quasi explosif des travaux sur la
synthèse, la caractérisation et le potentiel catalytique de ce matériau et d’autres
tamis moléculaires titanosilicatés à pores plus larges. La recherche s’est également
orientée vers la substitution du titane par d’autres métaux (V, Cr, etc.), la prin-
cipale difficulté étant liée au lessivage fréquent de ces métaux pendant la réac-
tion [4].
solution aqueuse de TPAOH [5], utilisation de cogels de TiO2 /SiO2 [3, 6], syn-
thèse secondaire (substitution isomorphique) par traitement d’une zéolithe MFI
de rapport Si/Al très grand en phase gaz à 380−520 ◦ C par TiCl4 [7] ou par des
solutions aqueuses de NH4 TiF6 [8].
Le choix des conditions opératoires est déterminant. Par ailleurs, selon certains
auteurs [9], la présence d’une petite quantité d’ions alcalins (ex. : impuretés de Na
et de K de la solution commerciale de TPAOH) suffit pour empêcher l’insertion
du titane dans la charpente.
Par la méthode a, la cristallisation de TS-1 peut être réalisée à des tempéra-
tures entre 100 et 200 ◦ C (formation d’anatase aux températures plus élevées).
L’efficacité de l’incorporation du titane augmente avec la température : ainsi à
partir d’une solution précurseur de rapport atomique Si/Ti de 20, le rapport Si/Ti
de l’échantillon TS-1 obtenu est voisin de 100 à 100 ◦ C, de 60 à 140 ◦ C et de 40 à
200 ◦ C. Le contenu en titane des cristaux est, pour une température fixée, toujours
plus petit que celui de la solution précurseur, ceci étant particulierment marqué
aux faibles rapports Si/Ti. Dans ce dernier cas, l’enrichissement en titane de la
solution peut avoir pour conséquence la formation de phases Ti extraréseau si la
durée de cristallisation est trop longue [10].
Selon Perego et al. [11], l’incorporation du titane dans la charpente est limitée
à une fraction molaire xTi = Ti/(Ti + Si) de 0,025 soit à un rapport Si/Ti mini-
mum de ≈ 40. Les valeurs de xTi plus élevées trouvées par d’autres auteurs [12, 13]
proviennent de la présence d’espèces Ti extracharpente. Comme on le verra plus
loin, ces espèces jouent un rôle négatif dans les réactions, réduisant l’activité et
provoquant des réactions secondaires notamment la décomposition de H2 O2 .
(12.2)
Toutefois la résistance des sites Ti à une hydrolyse plus poussée est très grande, ce
qui est évidemment essentiel pour l’utilisation de TS-1 en catalyse (pas de lessivage
des espèces actives).
L’interaction du titane de charpente avec H2 O2 (en relation directe avec la
catalyse) a été également suivie par IR et DRUV-Vis. [10, 14]. Les observations réa-
lisées suggèrent la formation de complexes superficiels peroxo ou hydroperoxo.
Le fait que TS-1 agisse comme un acide de Brønsted catalysant l’hydrolyse des
époxydes est en faveur des espèces hydroperoxo [10]. De plus les effets de sol-
vant observés suggèrent l’implication de la molécule de solvant dans le complexe
(équation (12.3)) :
(12.3)
C HAPITRE 12 – C ATALYSE D ’ OXYDATION SUR ZÉOLITHES ET TAMIS MOLÉCULAIRES ... 207
(12.4)
(12.5)
Un procédé en phase vapeur utilisant comme catalyseur une zéolithe MFI de
rapport Si/Al très élevé (silicalite-1) a été récemment développé par Sumitomo
Chemical Co, Ltd. [22] pour cette transformation de l’oxime en caprolactame
(réarrangement de Beckmann).
Le rendement de l’ammoximation réalisée sur TS-1 avec NH3 et H2 O2 dans
le t-butanol, est très élevé (99 % par rapport à la cyclohexanone et 90 % par rap-
port à l’eau oxygénée [10,23]). Le schéma réactionnel généralement admis (équa-
tion (12.6)) comporte la formation de l’hydroxylamine catalysée par TS-1 suivie de
sa réaction avec la cyclohexanone pour donner l’oxime.
(12.6a)
(12.6b)
Le procédé développé par Enichem et utilisé dans une unité pilote a comme
avantage supplémentaire d’être peu polluant, contrairement aux procédés actuel-
lement utilisés qui produisent des quantités importantes de NOx et de sulfate d’am-
monium. Son développement est toutefois limité par le coût trop élevé de l’eau
oxygénée et par la désactivation progressive du catalyseur par dissolution de la
charpente zéolitique et du titane en présence d’ammoniac [23].
C HAPITRE 12 – C ATALYSE D ’ OXYDATION SUR ZÉOLITHES ET TAMIS MOLÉCULAIRES ... 209
La décomposition de l’eau oxygénée qui demande des sites adjacents est possible
sur les espèces Ti extracharpente mais ne peut se produire sur les sites de Ti isolés
dans la charpente « zéolitique ». Un autre paramètre, l’hydrophobicité des espèces
extracharpente pourrait expliquer pour partie la mauvaise sélectivité des échan-
tillons impurs de TS-1 [24].
L’hydrophobicité de la charpente (ou son organophilicité) qui permet une
compétition entre molécules de substrat et d’eau pour leur adsorption dans les
micropores et donc leur réaction avec l’eau oxygénée adsorbée sur les centres ac-
tifs détermine de façon importante l’activité. Ainsi, l’activité spécifique des sites Ti
présents dans des catalyseurs [Ti, Al] BEA est multipliée par 40 quand le rapport
Si/Al passe de 11 à 200 [25] donc quand l’hydrophobicité de la charpente zéoli-
tique augmente. La très faible activité des tamis moléculaires mésoporeux substi-
tués par le titane (ex. : Ti-MCM41) est également due, au moins en partie, à leur
grande hydrophilicité liée au grand nombre de groupes silanols sur la surface in-
terne des canaux. Le greffage de groupes organophiles sur ces silanols améliore
d’ailleurs leur activité [26].
La sélectivité relativement élevée en faveur de l’hydroquinone (1,4-DHB) est
généralement interprétée comme un effet de sélectivité de forme. Cette sélectivité
de forme ne peut pas s’expliquer, comme c’est le cas en dismutation du toluène,
par une désorption plus facile de cet isomère para [10]. Si c’était le cas, on as-
sisterait à une accumulation importante de l’isomère ortho (1,2-DHB) dans les
micropores avec pour conséquence une désactivation très rapide du catalyseur.
En effet, ce composé, contrairement à l’orthoxylène produit par dismutation du
toluène, ne s’isomérise pas. La sélectivité en faveur de l’hydroquinone provient
donc plutôt d’une formation moins contrainte de l’état de transition de l’hydroxy-
lation (Transition-State Selectivity). Ce sont également ces contraintes au voisinage
des centres actifs qui permettent de limiter la transformation secondaire des DHB
en produits plus lourds, désorbables (goudrons) ou non. Ces derniers seraient en
effet responsables d’une désactivation très rapide du catalyseur.
210 L ES ZÉOLITHES
(12.7)
F IG . 12.3 – Synthèse de l’acide adipique. Voie classique et voie nouvelle avec utilisation de
l’oxyde nitreux pour la production de phénol (étape 4).
F IG . 12.4 – Mécanisme proposé pour l’hydroxylation du benzène par l’oxyde nitreux avec
participation des sites α.
molécules de benzène, phénol, etc. par des mécanismes qui restent à préciser (ca-
talyse d’oxydation ou catalyse acide). La forte rétention des molécules polaires de
phénol dans les micropores est certainement responsable pour une très large part
de la formation de ces produits désactivants.
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13 Catalyse basique sur zéolithes
Les nombreuses réactions que peuvent catalyser les bases : condensation, alkyla-
tion, cyclisation, isomérisation, etc., sont souvent mises en œuvre par catalyse ho-
mogène. Les catalyseurs solides basiques, et en particulier les zéolithes basiques,
présentent pourtant un intérêt potentiel considérable. En effet, leur utilisation
conduirait à des procédés plus amicaux pour l’environnement : séparation facile
du produit du mélange réactionnel, régénération et réutilisation possibles du ca-
talyseur, diminution considérable des rejets polluants très importants en catalyse
homogène (sels résultant de la neutralisation de la base), etc. [1].
Jusqu’à ces dernières années, l’attention portée aux catalyseurs zéolithiques
basiques était pourtant très limitée, ce qui explique qu’il n’existe à ce jour aucun
procédé industriel les utilisant. Deux procédés ont toutefois été testés dans des
unités pilotes : la synthèse (équation (13.1)) du 4-méthyl-thiazole réalisée sur une
zéolithe MFI imprégnée de sulfate de césium [2], et celle (équation (13.2)) des
iodonaphtalènes mise en œuvre sur une zéolithe K-FAU X) [3] :
(13.1)
(13.2)
définis comme des domaines topologiques autour d’un atome d’Al central (Al0 )
limités par la seconde couche de tétraèdres TO4 (T = Al ou Si) : basicité forte
(Al0 O(SiO)AlO) ou par la troisième couche : basicité faible ou moyenne
(Al0 O(SiO)2 AlO). La topologie de la charpente zéolithique détermine le nombre
de voisins TO4 , donc la distribution en force des sites basiques. Ce modèle topo-
logique permet donc de prévoir les forces basiques relatives de diverses zéolithes
et leur évolution avec le rapport Si/Al. Pour un nombre fixé d’atomes d’Al dans
les clusters de basicité, la force basique sera d’autant plus élevée que la densité
topologique sera plus faible, ce qui donne le classement suivant des zéolithes dans
l’ordre de force croissante :
FAU > LTL > BEA > MWW > MOR > MFI > FER
– apportent au catalyseur leur propre basicité : c’est le cas des oxydes (MgO,
Cs2 O, etc.) ou des hydroxydes (CsOH, etc.) ;
Avec le pyrrole, bon donneur d’hydrogène, des espèces sont formées par liai-
son hydrogène avec les sites basiques B :
Le déplacement de la bande IR, ν (NH), est lié à la basicité du site B. Des corréla-
tions ont été trouvées entre la fréquence de cette bande et la charge négative sur
l’oxygène : plus la charge est négative, c’est-à-dire plus le site basique est fort, plus
la bande est déplacée vers les basses fréquences : de 3 285 cm−1 avec la zéolithe LiX
à 3 182 cm−1 avec la zéolithe CsX échangée à 32 % [16]. D’autres corrélations ont
été trouvées entre la charge négative sur l’oxygène et la chaleur d’adsorption du
pyrrole (Figure 13.1) ou encore les énergies de liaisons des électrons O1s estimées
par spectroscopie X de photoélectrons (XPS) [16]. La RMN du proton du pyr-
role adsorbé sur les zéolithes alcalines permet également d’estimer leur basicité.
Une autre méthode qui semble s’appliquer, même aux zéolithes les plus basiques,
a été développée par Bosacek [17] : le déplacement chimique en RMN du 13 C
de groupes méthoxy (formés par transformation de l’iodure de méthyle) liés aux
oxygènes de la zéolithe est directement lié à leur basicité.
F IG . 13.1 – Relation entre la chaleur d’adsorption du pyrrole Qmax sur des faujasites alca-
lines et la charge négative sur les oxygènes de charpente [16].
Diverses réactions modèles ont été employées pour caractériser la basicité (en
fait l’acido-basicité) des zéolithes. Certaines de ces réactions ont la particularité de
se produire par catalyse acide ou par catalyse basique conduisant à des produits
différents :
– transformation du propan-2-ol qui conduit sur les sites acides au propène
(déshydratation) et sur les sites basiques à l’acétone (déshydrogénation) ;
– transformation du 2-méthyl-3-butyn-2ol qui se déshydrate sur les sites acides
et conduit à l’acétone et à l’acétylène sur les sites basiques [18] ;
C HAPITRE 13 – C ATALYSE BASIQUE SUR ZÉOLITHES 219
(13.3)
H H
La facilité de formation de ces intermédiaires réactionnels dépend de l’acidité
du réactif, c’est-à-dire de son aptitude à céder un proton à la base B. Notons que les
intermédiaires des réactions sur zéolithes alcalines résultent généralement d’une
réaction de métallation avec formation de sites protoniques :
L’acidité des hydrocarbures est très faible, donc leur réactivité en catalyse ba-
sique limitée. Le classement en stabilité des intermédiaires réactionnels (appelés
220 L ES ZÉOLITHES
carbanions) et leur vitesse de formation sont très différents de ceux des carboca-
tions. Ainsi l’ordre de vitesse de formation des carbanions à partir d’alcanes :
est l’inverse de celui trouvé pour les carbocations. Notons que les alcanes étant
très peu réactifs, les transformations des hydrocarbures sont limitées aux réactifs
possédant au moins une double liaison. Les carbanions allyliques (13.7) et benzy-
liques (13.8) sont stables, la charge négative étant stabilisée par résonance avec la
double liaison :
(13.7)
(13.8)
(13.9b)
(13.9c)
(13.9d)
– une configuration particulière des sites acides (cations) et des sites basiques ;
l’adsorption du toluène sur les sites acides accentue la polarisation des liai-
sons C-H du groupe méthyle par les sites basiques ;
Ces conditions sont satisfaites dans le cas de la zéolithe CsX qui possède des sites
suffisamment forts pour déshydrogéner le méthanol et de larges cations capables
de retenir le toluène fortement adsorbé [21]. L’alkylation du toluène par le mé-
thanol ne dépendrait donc pas uniquement de la composition du catalyseur zéoli-
thique comme cela avait été précédemment proposé [23].
(13.10)
Les zéolithes basiques sont initialement très actives et très sélectives pour la
formation d’éthylhexénal (A) mais leur désactivation est très rapide. Le suivi par
spectroscopie infrarouge in situ des espèces formées sur diverses zéolithes pendant
la réaction permet de conclure à un empoisonnement des sites actifs par un pro-
duit secondaire, l’acide butyrique [7].
L’association d’un composant hydrogénant au catalyseur basique limite la
désactivation. Toutefois, sur le catalyseur bifonctionnel ainsi formé, le produit A
est hydrogéné. Si un catalyseur sélectif d’hydrogénation de la liaison C=C tel que
le Pd est utilisé, on obtient alors en une seule étape apparente l’éthyl-2-hexanal
(B). Ce type de transformation multiétapes réalisé en une seule étape apparente
est discuté en détail dans le chapitre 14.
La transformation de la n-butyraldéhyde a été étudiée sur une série de cata-
lyseurs bifonctionnels Pd/support basique (MgO et zéolithe KX) [24] ; outre le
produit désiré qui est majoritaire, de petites quantités du composé A, de trimères
de la butyraldéhyde et de butanol sont formées. Une désactivation initiale est ob-
servée suivie d’une quasi-stabilisation après 2 heures de réaction. Sur les catalyseurs
contenant au moins 0,2 % de palladium, la conversion est indépendante de la te-
neur en palladium et quasi proportionnelle à la concentration en sites basiques
des catalyseurs estimée par adsorption de CO2 . Ceci signifie que la réaction est
limitée par les étapes catalysées par les sites basiques.
Le mécanisme d’aldolisation de la n-butyraldéhyde sur la zéolithe KX est pré-
senté dans la figure 13.2. On remarque que des sites protoniques (intermédiaires)
sont formés dans la première étape de cette réaction.
a) Formation de l’énolate :
b) Attaque nucléophile :
c) Protonation :
etc., a des effets négatifs sur l’homme et son environnement. L’oxydation cataly-
tique des COV chlorés est une des voies les plus prometteuses ; elle permet en effet
d’opérer à température relativement basse et d’éviter la formation de sous-produits
toxiques (monoxyde de carbone, chlore, phosgène, composés polychlorés).
Des catalyseurs bifonctionnels zéolithiques 0,5 Pt/HFAU (Y), 0,5 Pt/MFAU
(X, Y) où M est un cation alcalin ont été utilisés pour cette réaction. Les condi-
tions opératoires ont été choisies pour simuler l’opération industrielle : réacteur
continu à lit fixe contenant 140 mg de catalyseur, alimentation composée d’air
contenant 3 000 ppm de dichlorométhane (DCM) et 2,7 % mol d’eau, vitesse spa-
tiale (débit volumique d’alimentation par unité de volume de catalyseur) impor-
tante : 20 000 h−1 ; température de réaction constante (250 ◦ C–450 ◦ C). L’analyse
des produits de réaction formés sur des catalyseurs PtHY et PtNaY pour diverses
températures de réaction conduit aux conclusions suivantes :
DCM sur les sites acides ou basiques des zéolithes avec formation de formal-
déhyde (HCHO) et d’acide chlorhydrique (13.11a), oxydation du formaldé-
hyde sur le platine (13.11b)
CH2 Cl2 + H2 O GGGA HCHO + 2 HCl (13.11a)
– élimination des sites d’adsorption de DCM les plus forts, démontrée par ca-
lorimétrie ;
A B C E
Temps de réaction (h) 0 0,09 2 72
%C 0 0,15 0,2 0,1
% Na 10,5 9,15 8,4
% Cl 0 0,7 1,4 1,1
A3644 cm−1 0 0,19 0,25
CB (µ mol g−1 ) 0 72 107 64
∆H0 (kJ mol−1 )
−∆ 72 50
∆Hp (kJ mol−1 )
−∆ 54 50
A absorbance/masse de zéolithe, CB concentration en sites protoniques, −∆H0 , −∆Hp , cha-
leurs d’adsorption de DCM initiale (premières molécules) et au plateau.
Le mécanisme présenté dans la figure 13.4, qui s’appuie à la fois sur les tra-
vaux précédents et les résultats décrits ci-dessus, a été proposé pour expliquer la
transformation du DCM sur NaY. L’étape 1 est la formation d’une espèce chloro-
méthoxy (I) par réaction du DCM sur les groupes ONa avec départ de chlorure de
sodium, l’étape 2, l’hydrolyse de I avec formation d’acide chlorhydrique et de l’es-
pèce II qui correspond au formaldéhyde adsorbé sur un site protonique, l’étape 3,
la désorption du formaldéhyde avec formation d’un hydroxyle pontant, l’étape 4,
la transformation de l’hydroxyle pontant en groupe ONa.
Si cette quatrième étape ne se produit pas, un hydroxyle pontant (donc un site
protonique) est créé, une seule molécule d’HCl est libérée, et une molécule de
chlorure de sodium reste sur le catalyseur. Ces effets seront moins prononcés si
cette étape est réversible, comme cela est bien connu [28] : les concentrations re-
latives d’espèces Al-OH et AlONa dépendent des quantités relatives de Na+ (NaCl)
et H+ (HCl) situées à proximité de ces espèces et de leurs forces respectives.
Le mécanisme de la figure 13.4 permet d’expliquer les modifications de NaY
pendant les premières minutes de la réaction et le comportement de la zéolithe
stabilisée. Sur la zéolithe fraîche, l’hydrolyse de DCM se produit en grande partie
par les seules étapes 1 à 3 (réaction stœchiométrique), sur la zéolithe stabilisée par
226 L ES ZÉOLITHES
les étapes 1 à 4 (réaction catalytique). Comme cela est attendu du cycle catalytique
de la figure 13.4, il y a formation sur la zéolithe stabilisée de deux molécules d’HCl
pour une de formaldéhyde ; le catalyseur est très stable et il n’y a aucune formation
supplémentaire de sites protoniques.
Sur la zéolithe fraîche, on observe la formation de sites protoniques ; le rapport
des nombres de molécules de HCl et de formaldéhyde formé, déterminé expéri-
mentalement, est inférieur à 2 ; du chlore est déposé sur la zéolithe probablement
sous forme de NaCl. Par ailleurs, la diminution de la teneur en Na de la zéolithe
provient probablement d’une élimination partielle du NaCl du lit catalytique. En-
fin, l’élimination des sites d’adsorption de DCM les plus forts s’explique simple-
ment par l’échange protonique de la zéolithe NaY [26].
Notons que l’adsorption de DCM sur la zéolithe fait intervenir non seulement
l’interaction d’un atome de Cl avec un cation Na ou un proton mais aussi une
liaison entre un de ces atomes d’hydrogène et un oxygène basique de la charpente
zéolithique (schéma (13.12)) :
(13.12)
des zéolithes (Figure 13.5a) confirme le rôle clé de la basicité dans l’adsorption
de DCM. Par ailleurs, l’activité augmente avec la chaleur d’adsorption de DCM
(Figure 13.5b), donc avec la basicité des zéolithes considérées.
Cet effet très positif de la basicité sur la vitesse d’hydrolyse du DCM a été ex-
ploité pour développer un catalyseur bifonctionnel associant une fonction oxy-
dante (Pt) à une zéolithe très basique (NaX). Le catalyseur obtenu est particuliè-
rement performant : il est capable de transformer de façon totalement sélective le
dichlorométhane en CO2 , H2 O et HCl dès 330 ◦ C (au lieu de 360 et 380 ◦ C pour
les catalyseurs Pt/Al2 O3 et Pt/NaY) et de façon très stable.
3. Conclusions
Les zéolithes basiques sont très actives en transformation de diverses molécules
fonctionnalisées ; les exemples présentés montrent qu’elles pourraient être utili-
sées aussi bien en synthèse organique (chimie fine) qu’en dépollution. Toutefois,
une meilleure connaissance des modifications qu’elles subissent en cours de réac-
tion (dépôt de composés carbonés, échange, etc.) est indispensable. Les exemples
présentés montrent aussi l’intervention conjointe des sites acides (cations alcalins,
etc.) et des sites basiques, ce qui signifie que les réactions relèvent de la catalyse
acido-basique et non d’une catalyse purement basique. D’autres observations im-
portantes concernent :
– la formation d’hydroxyles pontants donc de sites acides protoniques comme
intermédiaires de réaction, certains d’entre eux pouvant rester sur le cataly-
seur, diminuant son caractère basique ;
– ou encore l’activité oxydante des zéolithes basiques déjà signalée par de nom-
breux auteurs [5].
228 L ES ZÉOLITHES
Références
[1] R.J. Davis, J. Catal., 216 (2003) 396.
[2] K. Tanabe, W.F. Hölderich, Appl. Catal A: General, 181 (1999) 399.
[6] J.A. Martens, W. Souverijns, W. Van Rhyn, P.A. Jacobs, Handbook of Heteroge-
neous Catalysis, G. Ertl, H. Knözinger, J. Weitkamp (Eds.), Wiley, 1997, 354.
[12] T. Baba, G.J. Kim, Y. Ono, J. Chem. Soc. Faraday Trans., 88 (1992) 891.
[13] L.R.M. Martens, P.J. Grobet, W.J.M. Vermeiren, P.A. Jacobs, Stud. Surf. Sci.
Catal., 28 (1986) 935.
[22] A.E. Palomarés, G. Eder-Muth, M. Rep, J.A. Lercher, J. Catal., 180 (1998) 56.
[23] N. Giordano, L. Pino, S. Cavallaro, P. Votarelli, B.S. Rao, Zeolites, 7 (1987 131.
[24] A.-N. Ko, C.H. Hu, J.-Y. Chen, Appl. Catal A: General, 184 (1999) 211.
Bien qu’un effort continu soit réalisé par l’industrie chimique pour développer des
technologies plus propres, de grands progrès restent à accomplir dans le domaine
de la chimie fine : 5 à 50 kg de déchets par kg de produit sont en effet générés,
c’est-à-dire 50 à 500 fois plus qu’en raffinage de pétrole [1]. Ceci provient bien
évidemment du nombre élevé d’étapes nécessaires, mais aussi du fait que nombre
d’entre elles sont non catalytiques ou encore se font par catalyse homogène, d’où
des difficultés de séparation des produits et du catalyseur. Par ailleurs, en catalyse
acide, on utilise encore très couramment comme catalyseurs des acides corrosifs
tels que l’acide sulfurique ou des acides de Lewis tels que AlCl3 , qui, n’étant pas ré-
générables, doivent être neutralisés avec production d’une quantité importante de
sel. Une des méthodes les plus efficaces pour limiter cette pollution serait d’utiliser
des catalyseurs acides solides ; ceux-ci, facilement séparables du milieu réactionnel
et souvent régénérables, peuvent être utilisés en continu.
La différence avec les procédés de raffinage et de pétrochimie pour lesquels
des réacteurs continus opérant en phase gaz sont couramment utilisés est qu’en
chimie fine les réactions sont fréquemment réalisées en phase liquide par suite
de la faible volatilité et de la fragilité thermique des réactifs et produits. Bien que
la mise en œuvre en continu des réactions en phase liquide soit parfaitement do-
minée, la plupart des études fondamentales sont jusqu’alors réalisées en réacteur
fermé ce qui rend difficile l’utilisation des informations recueillies pour le déve-
loppement de procédés industriels.
Les propriétés qui ont fait le succès des zéolithes en raffinage et pétrochimie :
acidité et porosité adaptables à la réaction sélective désirée en font aussi des cata-
lyseurs de choix en chimie fine. Toutefois deux particularités des réactif(s), pro-
duit(s), solvant(s) utilisés en chimie fine : leur polarité et leur encombrement,
jouent ici un rôle essentiel. Ainsi les sites de la surface externe des cristallites de
zéolithe qui sont aisément accessibles pourront, dans certains cas, être les seuls
responsables de la réaction désirée ou des réactions secondaires. La désorption
des pores des molécules très encombrées et très polaires produites par conden-
sation sera fréquemment l’étape limitante. Ces produits très polaires limiteront
l’entrée dans les pores des molécules de réactif moins polaires et leur adsorption
sur les sites actifs (réaction auto-inhibée). Par ailleurs, ces produits encombrés et
polaires, restant un temps très long dans les pores, subissent diverses additions.
232 L ES ZÉOLITHES
(14.1)
Le S-naproxène résulte aussi d’une acétylation de type Friedel Crafts mais cette
fois par CH3 COCl, suivie de diverses réactions et de la résolution du mélange ra-
cémique par la cinchonidine [11] :
C HAPITRE 14 – C HIMIE FINE : SYNTHÈSE ORGANIQUE PAR CATALYSE ... 233
(14.2)
Le remplacement des catalyseurs corrosifs et polluants utilisés par des cataly-
seurs solides non polluants et régénérables et celui du chlorure d’acétyle par l’an-
hydride acétique est particulièrement souhaitable. L’exemple le plus évident est
celui des catalyseurs acides de Lewis (ex. : AlCl3 ) ; la cétone aromatique produite
forme en effet un complexe 1-1 avec AlCl3 d’où l’emploi d’une quantité surstœ-
chiométrique de cet acide, nécessité d’une hydrolyse et de la neutralisation de
l’acide chlorhydrique produit par la soude avec génération d’au moins 3 moles de
sel par mole de cétone produite.
Le premier exemple reporté ici concerne l’acétylation sélective de l’anisole
en paraméthoxyacétophénone sur zéolithe HBEA, pour laquelle un procédé a
été récemment développé par Rhône Poulenc [12] en même temps qu’un pro-
cédé de synthèse sélective de la diméthoxy-3,4 acétophénone par acétylation du
vératrole sur une zéolithe HFAU [13]. Le second exemple traitera de l’acétyla-
tion du méthoxy-2 naphtalène en acétyl-2-méthoxy-6 naphtalène, précurseur du
naproxène (réaction (14.2)).
(14.3)
Les zéolithes à larges pores, et plus particulièrement la zéolithe HBEA, sont
très actives et très sélectives pour l’acétylation de l’anisole en paraméthoxyacéto-
phénone (p-MAP). La substitution préférentielle en para qui est observée sur de
nombreux catalyseurs, zéolithiques ou non, s’explique par le mécanisme de cette
réaction (substitution électrophile) sans qu’il soit nécessaire d’invoquer une sélec-
tivité de forme.
À 60 ◦ C, en réacteur fermé, sur une zéolithe HBEA de rapports Si/Al total et
de charpente égaux à 11 et 15,5, la formation de p-MAP à partir d’un mélange
équimolaire d’anisole et d’anhydride acétique est très rapide (vitesse initiale esti-
mée à 0,3 mol h−1 g−1 ) et très sélective (> 98 %) [14]. Malheureusement, dans ces
conditions, la vitesse d’acétylation diminue très rapidement, la conversion en acé-
tylation culminant à une valeur voisine de 10 %. Cette désactivation brutale est due
234 L ES ZÉOLITHES
– Le procédé est beaucoup plus simple ne demandant que deux étapes : ré-
action plus séparation par distillation au lieu des 8 étapes nécessitées par
l’ancien procédé.
– La consommation d’eau et par conséquent la quantité d’effluents aqueux
rejetés sont dramatiquement réduits : 35 kg au lieu de 4 500 kg (soit 130 fois
moins) par tonne de p-MAP produite.
– Les effluents aqueux contiennent 99 % en poids d’eau, 0,8 % d’acide acé-
tique et moins de 0,2 % des autres composés organiques alors que ceux des
unités utilisant AlCl3 contenaient beaucoup plus de composés organiques
(0,7 % de solvant, 0,8 d’acide acétique et 0,8 % d’autres composés orga-
niques) et une quantité importante de composés inorganiques (5 % poids
d’Al3+ , 24 % de Cl).
(14.4)
F IG . 14.2 – Acétylation du méthoxy-2 naphtalène en réacteur fermé à 120 ◦ C sur une zéo-
lithe HBEA. Rendements en acétylméthoxynaphtalènes I, II et III en fonction du temps de
réaction.
C HAPITRE 14 – C HIMIE FINE : SYNTHÈSE ORGANIQUE PAR CATALYSE ... 237
(14.5)
Toutefois l’isomérisation de I en II ne se fait pratiquement pas en absence de
2-MN (Figure 14.3), ce qui suggère un mécanisme intermoléculaire d’isomérisa-
tion (transacylation) :
(14.6)
L’étude de l’isomérisation de I deutérié sur le groupe méthoxy (OCD3 ) en pré-
sence de 2-MN non deutérié a permis de confirmer ce mécanisme de transacyla-
tion [17].
Notons que certains auteurs [18, 19] proposent que la formation de l’isomère I
encombré se fait préférentiellement sur les sites acides de la surface externe
des cristallites de zéolithes BEA alors que l’isomère II « linéaire » pourrait se for-
mer à la fois sur ces sites externes et sur les sites acides localisés dans les pores.
238 L ES ZÉOLITHES
(14.7)
Comme l’aldolisation de l’acétone (étape 1, réaction (14.7)) peut également se
faire par catalyse acide, la préparation directe de MIBK à partir de l’acétone, avec
une formation quasi négligeable de DA et MO, peut s’envisager en conditions
hydrogénantes sur un catalyseur bifonctionnel métal noble/support acide tel que
du Pt ou du Pt dispersé sur une zéolithe acide. Pour que la transformation de l’acé-
tone soit déplacée vers la formation de MIBK, l’hydrogénation de MO (étape 3) ne
doit pas être l’étape limitante et doit être pratiquement irréversible. La première
condition sera satisfaite pour des catalyseurs présentant une activité hydrogénante
élevée par rapport à leur activité acide, la seconde par un choix judicieux des
conditions opératoires. Un autre paramètre important est la sélectivité du métal
noble utilisé pour l’hydrogénation des doubles liaisons C=C (étape 3 souhaitée)
par rapport à l’hydrogénation des doubles liaisons C=O qui conduit à la formation
de nombreux produits secondaires, en particulier au propane.
(14.8)
Le palladium, beaucoup plus sélectif que le platine est généralement choisi. La
structure zéolithique doit également être choisie de manière à permettre les ré-
actions souhaitées mais aussi à éviter la transformation secondaire de MIBK par
aldolisation avec l’acétone. Les zéolithes de taille de pore intermédiaire telles que
la zéolithe MFI satisfont cette condition.
Les expériences réalisées confirment ces hypothèses [22]. Les catalyseurs
PdHMFI ayant un rapport entre leur nombre de sites hydrogénants accessibles
et leur nombre de sites protoniques supérieur à 0,07 présentent une activité éle-
vée pour la transformation de l’acétone en MIBK (Figure 14.4) et une très bonne
sélectivité (> 80 %). Le produit d’aldolisation DA (réaction (14.7)) n’est pas ob-
servé ce qui indique sa déshydratation immédiate sur les sites acides de la zéolithe.
240 L ES ZÉOLITHES
3. Conclusions
L’utilisation des zéolithes et autres tamis moléculaires dans le domaine de la syn-
thèse organique (chimie fine) par catalyse acide et par catalyse bifonctionnelle
devrait se développer dans les années à venir. Les atouts de ces catalyseurs, mis très
C HAPITRE 14 – C HIMIE FINE : SYNTHÈSE ORGANIQUE PAR CATALYSE ... 241
Références
[1] R.A. Sheldon, Chem. Ind. (London) Déc. 7, 903.
[3] R.S. Downing, H. van Bekkum, R.A. Sheldon, Cattech (1997) 95.
[5] Revues et articles publiés dans Heterogeneous Catalysis and Fine Chemicals I, II,
III, IV, Stud. Surf. Sci. Catal., 41 (1998), 59 (1991), 78 (1993), 108 (1997).
[6] W.F. Hoelderich, H. van Bekkum, Stud. Surf. Sci. Catal., 58 (1991) 631.
[10] C.B. Darth, M.E. Davis, Ind. Eng. Chem. Res., 33 (1994) 2887.
1
Ce texte est tiré en grande partie de l’article publié par M. Guisnet et C. Naccache dans Techniques
de l’Ingénieur, J 1 250 (2004).
244 L ES ZÉOLITHES
catalyse hétérogène pourront donc être limitées par le transport de matière. Des
limitations au transfert de la chaleur produite à la surface (cas a réactions exother-
miques) vers la phase fluide ou de la phase fluide vers la surface (cas b réactions
endothermiques) sont également possibles, la température de la surface où se dé-
roule la réaction étant alors plus élevée (a) ou plus faible (b) que la température
de la phase fluide, ce qui a un effet positif (a) ou négatif (b) sur l’activité. Les
sept étapes suivantes (schématisées dans la figure A1.2) interviennent successive-
ment dans le réarrangement en phase gaz catalysé par un solide poreux tel qu’une
zéolithe.
m
= = τ′ (A2.3)
FAo o rA
où τ′ est proportionnel au temps de contact réactif-catalyseur.
Si le taux de conversion en sortie XAS est faible (< 0,05–0,1), la concentration
de A et donc la vitesse rA peuvent être considérées comme quasi constantes dans
tout le réacteur et l’équation (A2.3) s’écrit :
m XAS
τ′ = = (A2.4)
FAo rA
soit
XAS FAo XAS
rA = = (A2.5)
τ′ m
La vitesse de réaction (ou l’activité du catalyseur) peut donc être obtenue très
simplement avec ce réacteur différentiel.
Dans les expressions (A2.3) et (A2.4), on remplace fréquemment le débit mo-
laire de A par son débit massique. Le rapport de ce débit massique horaire et de
250 L ES ZÉOLITHES
la masse de catalyseur est appelé PPH (vitesse spatiale horaire2 ) et son inverse
souvent appelé temps de contact τ (exprimé en h, en réalité en h kg catalyseur
kg−1 réactif). Pour les réacteurs intégral (équation (A2.6)) et différentiel (équa-
tion (A2.7)) on a :
XAS
1 dXA
τ= (A2.6)
MA o rA
ou
XAS
τ= (A2.7)
MA rA
Dans la pratique, on trace fréquemment la courbe donnant XA en f (τ) pour des
conditions de température et pression définies (Figure A2.1b). Les tangentes à
cette courbe permettent d’obtenir la vitesse de réaction pour chaque valeur de
la conversion. La partie initiale de la courbe généralement linéaire représente le
fonctionnement du réacteur en régime différentiel ; la tangente à l’origine donne
la vitesse dite initiale.
2
La vitesse spatiale horaire peut aussi être exprimée par le rapport du débit volumique et du volume
de lit catalytique (VVH).
A.3 Caractéristiques essentielles
des carburants automobiles :
indice d’octane et indice de cétane
1. Indice d’octane
L’indice d’octane détermine la qualité de combustion des essences ordinaires et
supercarburants et les conditions optimales de leur utilisation et est donc étroite-
ment associé à la notion de rendement. Celui-ci augmente avec le taux de compres-
sion (rapport du volume du cylindre lorsque le piston est au point mort bas à celui
correspondant au point mort haut). Toutefois, au-dessus d’une certaine valeur du
taux de compression, le rendement décroît avec apparition d’un bruit de cogne-
ment métallique appelé cliquetis. Ce cliquetis, dû à une détonation provoquée par
la décomposition brutale de peroxydes, a des conséquences mécaniques et ther-
miques négatives. Pour un carburant donné, la détonation est liée à l’architecture
du moteur, pour un moteur donné à la composition du carburant.
L’indice d’octane qui caractérise les propriétés antidétonantes du carburant
s’exprime par un nombre sans dimension compris entre 0 et 100 mais avec une
possibilité d’extrapolation jusqu’à 120. Lors de la définition de l’indice d’octane,
deux hydrocarbures purs connus pour leur propriétés extrêmes : le n-heptane et
252 L ES ZÉOLITHES
En Europe, le produit le plus répandu est l’Eurosuper sans plomb qui présente
des RON et MON minima respectivement de 95 et de 85. On trouve aussi un su-
percarburant sans plomb haut de gamme caractérisé par des valeurs minimales de
99 (RON) et 88 (MO).
2. Indice de cétane
Le cycle du moteur diesel est différent de celui du moteur à essence. Au cours
du premier temps, il y a aspiration d’air (dilué ou non par le gaz d’échappe-
ment) et non du mélange carburé ; la compression forte de l’air au cours du
second temps provoque son échauffement. Le carburant est alors pulvérisé sous
haute pression dans la chambre de combustion où il est mélangé à l’air com-
primé ; la combustion démarre par auto-inflammation. Le carburant diesel doit
donc présenter une structure favorable à l’auto-inflammation. Cette qualité s’ex-
prime par l’indice de cétane, obtenu en comparant sur un moteur normalisé le
comportement du gasoil à celui de deux hydrocarbures de référence. Ces hydro-
carbures sont théoriquement le n-hexadécane n-C16 H34 ou n-cétane d’indice 100
et l’α-méthylnaphthalène d’indice 0.
Le moteur utilisé pour la mesure de l’indice de cétane est un moteur CFR mo-
nocylindre à taux de conversion variable, la mesure du délai d’auto-inflammation
s’effectuant au moyen d’un appareil appelé « délaimètre ».
Les indices de cétane des hydrocarbures purs dépendent beaucoup de leur
structure chimique, les changements étant inversés par rapport aux indices d’oc-
tane :
– Les oléfines présentent des indices de cétane inférieurs à ceux des paraffines
(ex. : hexadec-1-ène : 88).
A E
acétylation, 232 échange d’ions, 2, 27, 28
acétylation de l’anisole, 19, 233 EMT, 45, 49
acétylation du méthoxy-2 naphtalène, ERI, 10, 16, 76, 83, 97, 100, 101
235, 236
adsorption, 1, 48, 49, 51 F
agents structurants, 26
alkoxyde, 63 FAU, 6, 7, 10, 12, 28, 32, 41, 42, 45, 49, 52,
alkylation des aromatiques, 16, 71, 220 54, 55, 69, 82, 93–97, 104, 116,
121, 124, 150, 151, 155, 164,
aromatisation, 15, 18, 170, 172
188–190, 217, 233
FCC, 18, 110–113, 115, 118, 121, 145
B Fe/MFI, 14, 201, 210
FER, 8, 85, 86, 168, 174, 175, 177–180,
BEA, 7, 19, 33, 35, 104, 159, 167, 194, 217, 217
233, 234, 237 force acide, 10, 54, 56, 61
C G
catalyse clé-serrure, 85 Ga/HMFI, 168, 172–174
catalyse en bouche de pores, 84, 85
CHA, 83 H
coke, 89–91, 93–95, 97, 99, 100, 103, 105,
hydro-isomérisation, 18, 144, 146, 159
113, 114, 124, 125, 211
hydro-isomérisation des alcanes, 157
confinement, 82
hydrocraquage, 15, 18, 109, 144, 146, 160,
craquage catalytique, 9, 13, 16, 18, 108,
162, 163
119, 160
hydrophilicité-hydrophobicité, 14, 201,
craquage protolytique, 68
209, 232
CsX, 218, 221
hydroxylation du phénol, 207
D I
déparaffinage, 18 indice d’octane, 76, 109, 117, 118, 123,
désalumination, 29–32, 34–36, 196 251, 252
dismutation du toluène, 16, 185, 190 indice de cétane, 251, 253, 254
256 I NDEX
N
Y
NaY, 224–226
NiMoS/HFAU, 154, 160, 163 Y (FAU), 2, 6, 23, 27, 30, 46, 110, 116, 216
Crédits
Fig. 2.7. from Chemical Communications, Vol 20, João et al., 2004 – Reproduced
by permission of the Royal Society of Chemistry.
With permission from Elsevier:
Fig. 1.5 reprinted from Materials Chemsitry and Physics, Vol. 17, Barthomeuf,
Zeolite acidity dependence, 1987;
Fig. 2.4 reprinted from J. Catal., Vol. 130, Wang et al., Dealumination of zeolites,
1991;
Fig. 2.5 reprinted from J. Catal., Vol. 130, Wang et al., Dealumination of zeolites,
1991;
Fig. 3.2 reprinted from Microporous and mesoporous materials, Vol. 10, Wang
et al., Dealumination of..., 1990;
Fig. 3.8 reprinted from Microporous and mesoporous materials, Vol. 3, Khabtou
et al., Quatitative infrared study, 1994;
Fig. 3.9 reprinted from Appl. Catal. A, Vol. 215, Meloni et al., Acidic and catalytic
properties of H-MCM-22, 2001;
Fig. 3.10 reprinted from Appl. Catal. A, Vol. 166, Morin et al., Influence of the
framework composition, 1998;
Fig. 4.3 (11.2) reprinted from Microporous and mesoporous materials, Vol. 35-36,
Guisnet et al., Mechanisms of xylene isomerization, 2000;
Fig. 8.3 reprinted from Microporous and mesoporous materials, Vol. 29, Fougerit
et al., Selective transformation of methanol, 1999;
Fig. 9.4 reprinted from J. Catal., Vol. 162, Alvarez et al., Hydroisomerazation and
hydrocracking of Alkanes, 1996;
Fig. 10.2 reprinted from J. Catal., Vol. 87, Guisnet et al., Conversion of light alkanes
into aromatic, 1992;
258 C RÉDITS
Figs. 10.6 et 10.9 reprinted from J. Catal., Vol. 230, De Ménorval et al., Mechanism
of n-butene skeletal isomerization, 2005;
Fig. 12.2 reprinted from J. Catal., Vol. 137, Millini et al., Framework composition
of titanium silicate-1, 1992;
Fig. 13.1 reprinted from J. Catal., Vol. 157, Huang et al., Microcalorimetric charac-
terization of the basicity, 1995;
Fig. 13.3 reprinted from J. Catal., Vol. 215, Pintard et al., Oxidation of chlorinated
hydrocarbons, 2003;
Fig. 14.1 reprinted from J. Catal., Vol. 177, Rohan et al., Acetylation of anisole by
acetic anhydride, 1998;
Fig. 14.2 et 14.3. reprinted from J. Catal., Vol. 190, Fromentin et al., Mechanism of
1-acetyl-2-methoxynaphthalene, 2000.
Le Verre
Science et technologie
James Barton et Claude Guillemet
Le verre, sous ses multiples formes, fait partie depuis très longtemps de notre envi-
ronnement quotidien. De nouveaux produits verriers apparaîssent constamment,
renouvelant les liens qui unissent notre civilisation à cette matière familière et fon-
damentale. Ce livre apporte un éclairage sur les connaissances actuelles de l'état vit-
reux et de ses propriétés, mais surtout il décrit simplement les principaux procédés
d'élaboration et de mise en forme en les plaçant toujours dans une perspective his-
torique. Conçu dans un esprit didactique, cet ouvrage devrait s'avérer une source d'in-
formations précieuses pour l'étudiant et le technicien du verre. Les deux auteurs de
cet ouvrage ont été pendant quatre décennies des acteurs privilégiés de la « saga »
scientifique et industrielle du verre au sein des laboratoires centraux de recherche de
la compagnie Saint Gobain.
• 2005 • 2-86883-789-1 • 442 pages • 49 €
Endommagement
et rupture des matériaux
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Cet ouvrage complet est consacré aux méthodes de caractérisation des matériaux
microporeux : il permet une mise à niveau des connaissances sur la base des déve-
loppements récents de ce secteur et propose également de découvrir la richesse de ce
nouvel univers, de plus en plus présent dans l'industrie et la vie quotidienne.
• 2004 • 2-86883-713-1 • 304 pages • 42 €
www.edpsciences.org