Plan: I. Introduction II. Généralités sur les armes à feu III. Conduite à tenir devant une victime de blessure par arme à feu IV. Étude de la balistique lésionnelle: 1. La plaie d’entrée 2. Le trajet 3. La plaie de sortie V. Expertise médico-légale d’une blessure par arme à feu: 1. Reconnaitre la blessure. 2. Déterminer la distance du tir. 3. Déterminer le sens du tir. 4. Déterminer la forme médico-légale. 5. Recueillir des informations sur l’arme utilisé. VI. Les problèmes médico-légaux VII. Conclusion I. Introduction: • La balistique est la science des mouvements des projectiles. • Elle est divisée en: – Balistique interne: étudie le projectile à l’intérieur de l’arme. – Balistique de la trajectoire: étudie le projectile tout au long de son trajet aérien. – Balistique d’impact: étudie la pénétration des solides par le projectile. • La balistique lésionnelle est une subdivision de la balistique d’impact. • L’arme est définit par l’article 93-3 du code pénal Algérien c’est toutes les machines, tous les instruments ou ustensiles tranchants, perçants ou contondants . • Les armes à feu font partie des armes en général. • La blessure par projectile d’arme à feu est une blessure contuse à caractères particuliers. • Elle peut être mortelle ou non. II. Généralités sur les armes à feu: Les constituants des armes modernes: • Le canon: comporte la bouche, l’âme et la chambre. • La culasse: effectue certaines opérations de chargement, extraction et éjection. • La boite de culasse: assemble les constituants de l’arme, et guide la culasse dans ses mouvements. • Le mécanisme d’alimentation: assure le transport, la présentation, l’introduction, l’extraction et l’éjection. • Le système moteur: dans les armes automatiques. • Le mécanisme de détente et de percussion. • L’organe de visée. • L’organe d’appui et de tir. Ces éléments ne sont pas constants dans toutes les armes. Il existe des armes de fabrication artisanale. En fonction du procédé de chargement, on distingue: • Des armes à chargement simple: alimentées à la main cartouche par cartouche. • Des armes à répétition: alimentées à l’aide d’un magasin organisé. • Des armes automatiques: munies d’un système moteur. En fonction de la longueur du canon, on parle de: • Pistolet, lorsque le canon est court. • Fusil, lorsque le canon est long. • Le revolver est une arme portative à canon court, munie d’un barillet. • la carabine est une variété de fusil. En fonction du type du canon: • Lorsque le canon est lisse, l’arme tire des projectiles à plomb. • Lorsque le canon est rayé, l’arme tire des projectiles à bale. En général, la cartouche est constituée de: • Une douille ou une étui. • Une amorce: détone sous le choc de percussion et met le feu à la charge propulsive. • La charge de poudre: sa combustion entraine la propulsion du projectile. • Les projectiles (balle ou charge de plomb) III. Conduite à tenir devant une victime de blessure par arme à feu: • La prise en charge d’une victime de blessures par arme à feu nécessite une grande vigilance. • Devant une victime vivante: – priorité pour le traitement. – Préserver les preuves et les indices. • Devant un cadavre: – envelopper les mains. – Examen des vêtements. – Examen de l’ensemble du corps. – Radiographie du corps. – Autopsie… IV. Étude de la balistique lésionnelle: • La blessure peut être pénétrante ou transfixiante. • L’examen du corps d’une victime et l’autopsie révèlent: – une plaie d’entrée, – une plaie de sortie – un trajet. • Les différentes lésions observées varient en fonction de: – Le type d’arme et les munitions. – La distance et l’angle du tir. – La région du corps atteinte par le projectile. – La présence d’un objet intermédiaire. La plaie d’entrée: • Classiquement elle comporte: – Une orifice d’entrée: régulier, coupé à l’emporte pièce. – Une collerette érosive ou zone parcheminée ou zone contusive: abrasion épidermique entourant l’orifice d’entrée. – Une collerette d’essuyage: dans le canon le projectile se charge de graisse, de rouille, de plomb et de lubrifiant… il s’essuie sur la peau. « pathognomonique de la plaie d’entrée » – Une zone de tatouage: en périphérie de la plaie d’entrée, due aux incrustations punctiformes de débris de grains de poudre. C’est une dermabrasion et non une brûlure. – Une zone d’estompage: c’est la zone la plus périphérique, formée par les dépôts pulvérulents grisâtres. Disparait au lavage et après essuyage. La plaie par projectile de « charge de plomb »: – Si le tir est rapproché, la plaie d’entrée sera déchiquetée. – Si le tir est à distance, chaque grains de plomb agit comme un projectile à part. La distance entre les différents orifice augmente avec l’augmentation de la distance du tir. Il existe des plaies d’entrée atypiques: La plaie rasante: le projectile abrase le corps sans pénétrer dans le corps. La plaie en séton: peu profonde, transfixiante, l’entrée et la sortie sont très rapprochées. La plaie de réentrée: « irrégulières » le projectile traverse une partie du corps, ressort et pénètre de nouveau dans le corps. Le trajet: Lorsque un projectile traverse le corps, il communique une énergie cinétique aux tissus environnants. Le parcoure du projectile détermine: 1. Une cavité temporaire, dont les dimensions dépendent de: – L’énergie cinétique perdue par la balle. – La rapidité de la perte d’énergie. – L’élasticité et la cohésion des tissus. Le phénomène de cavité temporaire donne un aperçu sur la gravité des blessures internes. 2. Un trajet permanent. Le projectile peut: Migrer à distance après sa pénétration dans un vaisseau. Ricocher à l’intérieur du corps. Entrainer avec lui dans ses déplacements des débris de vêtements et d’os. la plaie de sortie: • Elle est inconstante. • Retrouvée en cas de blessure transfixiante. • En général: son diamètre est plus grand, sa forme est irrégulière. • « aspect d’éclatement » • Pas de collerettes. • Il existe des orifices de sortie atypiques: – Plaie par contre boutée. – Plaie de sortie marginée. – Plaie de sortie secondaire par les esquilles osseuses. V. Expertise médico-légale: • L’expertise peut être demandée: – sur une personne vivante (évaluation du dommage corporel), – sur cadavre (levée de corps et autopsie). L’expertise permet de répondre aux questions suivantes: Identifier les différents orifices. Déterminer La distance du tir. Déterminer Le sens du tir. Déterminer Les circonstances du tir. Identifier l’arme et les projectiles utilisés. 1. Identification des blessures: • L’étude de la balistique lésionnelle permet de reconnaitre l’orifice d’entrée et l’orifice de sortie. • Cette identification n’est pas toujours évidente. • L’examen doit être minutieux (loupe, microscope de dissection…) • La prise de photos est indispensable. (agrandissement, comparaison…) 2. La distance du tir: Un tir peut être: À bout touchant appuyé ou non. À bout portant. À distance intermédiaire. À longue distance. La distance du tir est appréciée en fonction des caractéristiques de la plaie d’entrée. Tir À bout touchant appuyé: le canon est appliqué et appuyé sur la peau. La plaie d’entrée est déchiquetée, contuse et stellaire. La bouche du canon peut être imprimée. Les particules constituant la zone de tatouage sont entrainées à l’intérieur « chambre de mine ». Avec l’utilisation du silencieux: l’empreinte du canon est plus large, l’absence de brûlure l’absence de résidus du tir. Tir À bout touchant non appuyé: Canon appliqué sur la peau sans appuie. Le canon va reculer lors du tir. Aspect de plaie brûlée une zone d’estompage est très marquée. Tir À bout portant:
La zone de tatouage est très marquée.
La collerette érosive est plus importante que lors du bout touchant. La zone de tatouage et la collerette érosive sont superposée. Tir à une distance intermédiaire: C’est le tir à une distance suffisante pour former une zone de tatouage. Cette distance est comprise entre 15 et 105 cm en fonction du type d’arme utilisée, de la munition et de la poudre. La zone de tatouage est bien individualisée par rapport au bout portant. Tir à longue distance: La plaie d’entrée est constituée de: – un orifice d’entrée, – une collerette érosive – une collerette d’essuyage. Les zones de tatouage et d’estompage sont absentes. 3. Le sens et la direction du tir: Apprécié par l’examen des vêtements et de la plaie d’entrée. Dans le tir perpendiculaire: – L’orifice est circulaire. – Les collerettes et les zones de tatouage et d’estompage sont concentriques et régulières. Dans le tir oblique: – L’orifice est ovalaire et oblong. – À bout touchant, la zone d’estompage est asymétrique avec une grande plage en aval de la bouche du canon, indiquant la direction du tir. – À bout portant, la collerette érosive prédomine du coté de la bouche du canon. La zone de tatouage est de forme triangulaire dont la pointe est dirigée vers la bouche du canon. • Le trajet de la balle dans le corps reflète la direction du tir. • L’examen des orifices osseux au niveau du crâne renseigne sur le sens du tir. L’orifice est taillé en forme conique que s’ouvre dans le sens du tir. 4. Les circonstances médico-légales: • Dans l’hypothèse du suicide, on peut constater: – L’absence d’autres lésions traumatiques (lésions de défense, de chute, d’assommation…) – L’arme est fortement serrée dans la main de la victime ou se trouvant à sa porté. – L’examen peut révéler des giclures de sang et des résidus de poudre sur la main de la victime. – Le tir se fait à bout touchant ou à bout portant. – La plaie d’entrée est retrouvé sur une partie accessible, les vêtements sont souvent écartés. • Dans l’hypothèse de l’homicide, on peut constater: – D’autres lésions de violence sur le corps (lésion de défense, lésion de chute, lésion de violence sexuelle, coup d’assommoir…) – L’absence de l’arme, ou sa situation très loin du cadavre. – N’importe quelle partie du corps peut être blessée. – L’absence de giclures de sang et de résidus du tir sur les mains de la victime. Devant une victime qui présente plusieurs blessures il faut déterminer la blessure mortelle. • L’hypothèse de l’accident est retenue après exclusion du suicide et de l’homicide. 5. L’identification de l’arme: La reconnaissance de l’arme incriminée se fait en fonction de plusieurs facteurs: – Intérêt de la radiographie. – L’importance des blessures reflète la puissance de l’arme. – La différence entre les blessures produites par les projectiles à balles et les projectiles à charge de plomb. – L’étude des rainures sur les douilles récupérées. – L’étude de l’empreinte de la percussion sur la douille. – L’étude de la composition des résidus du tir prélevés sur les lieux et sur la victime. VI. Les problèmes médico-légaux: Dans l’étude de la balistique lésionnelle, plusieurs problème peuvent se rencontrer: • La prise en charge médico-chirurgicale peut altérer les aspects lésionnels initiaux. • L’éclatement de la boite crânienne rond impossible l’étude des données de la balistique lésionnelle. • La blessure d’un utérus gravide pose le problème de la culpabilité criminelle devant la mort du fœtus. • Les objets intermédiaires changent la trajectoire du projectile et peuvent altérer le projectile. • Un projectile peut ricocher ou migrer à distance à l’intérieur du corps. • L’utilisation du silencieux peut altérer les caractéristiques du tir. • La zone de tatouage peut être simuler par l’incrustation de débris, les morsures post- mortem des insectes, les hémorragies, les follicules pileux… • La zone d’estompage peut être simuler par des colorants, une hémorragie… Conclusion: On s’efforce par UN RÉSONNEMENT DE DÉDUCTION à partir de l’étude de la balistique lésionnelle de reconstituer l’ensemble des faits. L’étude de la balistique lésionnelle doit être compléter par les éléments de la balistique interne et de la balistique de la trajectoire. Les médecins Algériens ont acquis une grande expérience en matière de prise en charge et d’expertise des victimes de blessures par arme à feu.