Vous êtes sur la page 1sur 2

MASTER CLASS TEF (Compréhension de l’écrit)

Assuré par : Lotfi ELABED (P. P. H. C)

Le moment est venu de « questionner et contester un système politique qui fonde la liberté
des hommes sur la domination des femmes », rappellent dans leur introduction Samuel
Lequette et Delphine Le Vergos. Les réponses divergent, et alors ? Rassembler des paroles
féministes, c’est faire acte de réparation, et rendre aux débats sur l’égalité des sexes toute leur
pertinence, rappelle le chercheur Samuel Lequette.
Le mouvement MeToo repose sur la capacité d’un grand nombre de personnes, pas
forcément constituées en communautés définies, solides, à se mobiliser dans l’espace social
au-delà des clivages. Delphine Le Vergos et moi-même étions très attachés à ce format parce
qu’il nous semble permettre l’avènement d’une objectivité plurielle, qui n’est pas forcément
atteignable quand on écrit seul.
Faire coexister un poème, un article et un entretien avec un artiste permet, en multipliant les
focales et les sensibilités, d’accéder à la fabrique du féminisme. Cette diversité de formes de
pensée et de formes d’écriture nous semblait également intéressante parce que le féminisme
est une affaire de langage extrêmement précise.
Sans que ce soit une découverte, nous nous sommes rapidement heurtés au fait que le
féminisme est une affaire politique, avec des enjeux qui excèdent largement l’universalisme
bienveillant qui vient à l’esprit quand on parle de la cause des femmes et de la lutte pour
l’égalité hommes-femmes. Il y a autant de féminismes qu’il y a de désaccords sur les
manières d’y parvenir. Derrière les projets en apparence les plus universalistes, les plus
œcuméniques, il y a des enjeux de pouvoir, communautaires, identitaires, etc. très puissants.
Nous n’avons pas eu à mener l’enquête très longtemps pour distinguer des réseaux
militants, universitaires, médiatiques ou religieux, des positionnements et des manières d’agir
qui avaient clairement pour visée soit de bloquer le débat, soit d’exclure des personnes du
débat. Ce fut, par exemple, une auteure très en vue qui a activé ses réseaux pour convaincre
ses camarades de décliner l’invitation, exercer des pressions de type « soit vous excluez un tel
ou une telle, soit je retire mon texte », ou alors, mieux, « si vous l’excluez, je ferai la promo
de votre livre lors de mes prochains passages en télé ou en radio ».
On voit bien que le féminisme est parcouru de moments de scission entre les
différentialistes, les essentialistes et les matérialistes, entre les tenants de la domination
masculine qui se perpétue et ceux qui sont plutôt du côté de l’égalité conquise et du
féminisme tourné vers l’épanouissement, entre ceux qui sont du côté de la neutralisation du
féminin et ceux qui insistent sur la corporalité, sur l’intime…. Le champ est très fracturé, mais
c’est aussi ce qui fait que c’est stimulant.
L’appréhension de la phénoménologie du mouvement, sa compréhension, la nécessité de la
réappropriation de la parole et du corps – que ce soit par la performance (quand ce sont des
artistes) ou la prise de parole publique, en insistant parfois plutôt sur le caractère
d’émancipation, parfois davantage sur la dimension insurrectionnelle.
MeToo a suscité une réflexion collective sur le désir, la séduction, le consentement, le
conditionnement social des femmes.
Aude Dassonville, « Le chercheur Samuel Lequette :
MeToo a occasionné un ébranlement majeur »,
Télérama, 04 /02/2019
Question 1
D’après Samuel Lequette et Delphine Le Vergos, le choix du livre collectif s’explique
par :
A- L’existence d’une réalité multiple qui s’impose indépendamment de toute
interprétation.
B- L’apparition d’un regard qui fait intervenir des éléments affectifs.
C- L’avènement d’un point de vue incluant des facteurs personnels dans les jugements.
D- La présence d’une information subjective erronée.
Question 2
Selon eux, les luttes féminines :
A- Se sont radicalisées.
B- Ont connu des moments de division.
C- Endossent la majorité des revendications relatives au monde du travail.
D- Ont joué un très grand rôle dans le manque d’informations.
Question 3
Les points de convergence de cet ouvrage se sont constitués sur :
A- Le besoin d’une réappropriation de la parole et du corps.
B- Les principaux obstacles à la prise de conscience des femmes.
C- Le mouvement des suffragettes qui constitue déjà un féminisme violent, dont les
militantes vont jusqu’à molester certains parlementaires.
D- Le contexte qui devient favorable aux réformes et aux avancées sociales.
Question 4
Quelle affirmation permet de mieux saisir l’ampleur du mouvement ?
A- MeToo a occasionné un ébranlement majeur. C’est un moment d’histoire d’une
dimension nationale.
B- MeToo a permis une prise de conscience, une incitation collective à mieux prendre
en considération les violences quotidiennes, ordinaires, structurelles dont les femmes
font l’objet.
C- MeToo a eu une influence très limitée dans des milieux très éloignés des capitales
du militantisme et de la culture féministe.
D- MeToo a suscité une réflexion sur le consentement et le conditionnement social des
femmes.

Vous aimerez peut-être aussi