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Aménagement et gestion des peuplements de pin d'Alep dans la zone

méditerranéenne française
Bedel J.

Le pin d'Alep et le pin brutia dans la sylviculture méditerranéenne

Paris : CIHEAM
Options Méditerranéennes : Série Etudes; n. 1986-I

1986
pages 109-125

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Bedel J. Amén agemen t et gestion des peu plemen ts de pin d' Alep dan s la zon e
méditerran éen n e fran çaise. Le pin d'Alep et le pin brutia dans la sylviculture méditerranéenne. Paris :
CIHEAM, 1986. p. 109-125 (Options Méditerranéennes : Série Etudes; n. 1986-I)
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http://www.ciheam.org/
http://om.ciheam.org/
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Aménagement et gestion
des peuplements dean Bedel
de pin d’Alep dans lngØnieur en chefdu GREF
Chef dedØpartement
la zoneméditerranéenne ENGREF
Centre de Montpellier

française

Mots-clés : Tirés - écologie - boisement - aménagement - relations ville campagne”.


~..*

RESUME

La forêt méditerranéenne française subit de lourdes contraintes : climat rude, sols degrades, risque très
de cette forêt voient leurs usages diminuer, les formations à pin
plus que toutes autres sont so,umises à ces contraintes.
Le pin essence frugale, héliophile et frileuse est en forte extension favorisée par d0s
terresagricoles marginales. §on aire‘en Franceestlimitbe par lesbassestemperatures hivernales.
II est très sensible à auquel il paye chaque annde un lourd tribut. La DFCl met en oeuvre des
moyens importants etles équipements DFCl ont marqué de gros progrès depuis10 ans. Des experiences
nouvelles sont mises en place. Elles visent à accélérer les interventions en à ameliorer
des pare-feux notamment par des aménagements sylvo-pastoraux.
Le pin d‘Alep où il est la seule espèce
à de plantation sont coûteuses.
La récolte du bois du pin quelques milliers de m2 par an, est sans commune mesure avec la pro-
duction biologique. Ce faible r61e économique estcompensé par une fonction sociale croissante des forêts
à pin notamment des forêts periurbaines dont la gestion doit être raisonnee dans le
valeur patrimoniale élargie.
- les usages des produits de la forêt méditerraneenne qui étaient très nombreux et très diversifies (bois
énergie, tannin, résine, liège, etc ...) se sont transformeset réduits.Seuls les resineux trou-
vent un débouchd, en general peu rérnunerateur,
Aux technique, liées aux contraintes Øcologiques, valeur Øcono-
mique des produits forestiers, ce quine plaide évidemment decideurs, de
moyens financiers en proportion des efforts à engager pour reconstituer ou mieuxgerer la forêt et notam-
ment les formations à pin lès plus fortes contraintes.

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LA FORET MEDITERRANEENNE FRANCAISE leuse. Son optimum est de 300/400 mm mais il sup-
SUBIT DE LOURDES CONTRAINTES porte bien 250 mm de précipitations.
Le forestier doit composer avec sévères contraintes II résiste bien à la sécheresseestivale grâce à un
qui pèsent gravement sur ses actions : système de contrôle de la transpiration très efficace.
- les précipitations annuelles sont très malrépar- Indifférent à la nature. de la roche mère,il supporte un
ties : longues sécheresse estivales, mais soumise taux élevé de calcaire actif. II est donc surtout pré-. .
à une forte variabilité, violence des pluies, notam- sent sur les substrats chauds et bien drainés, enpar-
ment des orages ticulier les sols calcaires squelettiques sur lesquels
dès sol est mis à nu les autres espèces sont éliminées. On le trouve éga-
- il gèle pratiquement chaque hiver. Des températu- lement quoique plus rarement, sur les sols marneux,
res de - 25 O ont même, été enregistrées : ces ex- à condition soient bien drainés caril craint beau-
trêmes causent plus de dégats sur- coup II est absent des sols franche-
viennent au cours de périodes relativament dou- ment siliceux (MAURES, ESTEREL). un occu-
ces, les hivers1929,1941,1943,1956,1962et 1985 pateur de places vides, il ne caractérise aucun grou-
auront marqué durablement la forêt, pe écologique et on peut le trouver à tous les stades
de la forêt méditerranéenne.
- les vents notamment le mistral et la tramontane ac-
centuent les effetstantde la sécheresse réussit en sols superficiels, il donne de meilleurs
(agravantlesrisques que des froids résultats en sols profonds, (rectitude, densité du cou-
vert, croissance).

Lesformationsgéologiquessont trè généralement Le pin d‘Alep est une essence spontanée en FRAN-
sédimentaire, si les cultures sont installées CE, diverses sources prouvent son indigénat :
sur les bas fonds fertiles, les forestiers ont a) flore des tufs - certains tufs du quaternaire de ST
à gérer les parties les plus ingrates et notamment les ANTOINE, à proximité immédiate de MARSEILLE,
calcaire urgoniens blancset compacts formant lesfa- renferment (MOLINIER/970),
laises couvertes maigre végéjation si caracté- b) limitée aux dé-
ristiques des paysages de Provence. pôts conservés dans les tourbières, elle permet
Ces sols sont souvent très dégradés, très superfi- maintenant de repérer et les pollens
ciels, leur capacité de rétention en eau est faible, les fossilisés des couches sédimentaires. QUEZEL à
fissures du karst sous-jacent accél&ent encore le partir de 1952 et plus récemment Mme TRIAT-LA-
transit de VAL et Mme VAN CAMPO0 ont pu décrire avec
précision la flore du quaternaire et y démontrer la
- les incendies répètes qui sont une donnée tradi- présence
tionnelle de la forêt méditerranéenne ont contribué c) du carbone 14, radio-actif, permet de da-
à la destruction de la couche peu épaisse et fragi- ter les charbons des foyers préhistoriques.
le de matière organique aboutissant à une dégra- ainsi que les charbons du foyer de de CHA-
dation très difficilement réversible, TEAUNEUF les MARTIGUES (VERNET, 1971 ) ap-
- les usages des produits de la forêt méditerranéen- partiennent pour la plupart au utilisé
ne qui étaient très nombreuxet très diversifiés donc comme bois-énergie dès le 6ème millénaire
(bois énergie, bois avant notre ère.
etc ...) se sont transformés et réduits, seuls les ré- Le pin d’Alep représentait probablement des surfa-
sineux trouvent un débouché, en général peu rém- ces réduites, limitées à la zone semi-aride (voir gra-
munérateur, dans la papeterie. phique en annexe).
Aux technique. liées aux contrain- IBRAHIMNAHAL donne une répartition détaillée du
tes écologiques, donc la faible valeur éco- en FRANCE.
nomique desproduits forestiers ; ce qui. neplaide évi-
demment pas pour auprès des décideurs, La moyenne (m) des températures du mois le plus
de moyens financiers en proportion des efforts à en- froid (généralement janvier) définit la limite septen-
gager pour reconstituer ou mieux gérer la forêt et no- trionale limite correspond à un
tamment les formationsà subissent les (m) voisin de
plus fortes contraintes. Le pin d’Alep supporte des froids exceptionnels de
-15” à -18O, à condition soient de courte durée,
interviennent avant le démarrage de lavégé-
ECOLOGIE ET REPARTITION DU PIN D’ALEP EN tation. Ces froids laissent toujour,s une trace provo-
FRANCE quant quelquefois la mort des arbres, mais toujours
unecolorationrousse des feuilles et unralentisse-
Le pin d’Alep est une essence frugale, héliophile
et fri- ment de croissance pendant une ouplusieurs années.
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Bouches-du-Rhône
Vaucluse

Le froid exceptionnel qui a sevi en janvier 1985 a pro- La régénération du pin d’Alep eat-elle favorisée parle
voqué des dégâts importants sur les arbresde lisière feu ? Question contreverske dont une étucie récente
des peuplements spontanés et sur de nombreuses (H. ABBAS, M. BARBERO, R. .LOISEL) apporte une
plantations faites récemment,notammentdansles contribution importante :
Bouches-du-Rhône, enutilisant des graines de prove- - la persistance des cônes sur les arbres e8t
nance malidentifiée, fournies parle commerce et pro- utilité considerable pourla régbnbration, carau mo-
bablement récolt6es sur des peuplements de mauvai- ment incendie, une grandequantith de cônes
se venue en ITALIE. peut exister et le choc thermique du feu est indis-
Les massifs les plus importants se trouvent dans les pensable leur ouverture,
Bouches-du-Rhône, le Var et le Vaucluse comme - le feu ne favorise la rbgénération que dans la me-
diquent les chiffres suivants, tires du tableau donne sure où il affecte un peuplement fertile apte donc
en annexe . à se régénérer.
La défense des forêts contre les incendies(DFCI) est
Ces chiffres sont tirés des publications de
donc la prboccupation majeure des gestionnaires des
re Forestier National (IFN) ; ils montrent :
peuplements & pin
- des surfaces ; on est passé de 135000
ha (estimation PARDE ,1957) à 191O00 en ans. Cette met en oeuvre des moyensimportants au
1 Cette extension date du milieu du 19èmesiècle titre de la prévention et des interventions qui doivent
(36000 ha en 1878,100000 en 1900) ; elle est liée aussi rapides que possible :
à par des terres marginales
et à la facilité de régén6ration dupin - Cloisonnement des massifs forestiers par des pa-
- la faible importance desforêts soumises BU régime refeuwou des bandes cultivées. Les parefeux ne
forestier (*), saufdanslesBouches-du-Rhône sauraient arrêter les incendies, ce sont des &qui-
(21% des surfaces) ce qui pas sans effet sur pements permettantune intervention efficace,
la gestion de ces forgts (voir - équipements divers (pistes DFCI, citernes, tours
plus loin conduite des peuplements). de guet, véhicules spécialises,liaisonsradios,
etc...).
Les organismes de
des r&ponses précises et adaptées :
- l’INRA (station de sylviculture
Le pin d’Alep est très sensible B ce qui est
le sur les petits feux les inhibiteurs de crois-
li4 B plusieurs élbmenta : sances et des liti&rea et du sous-
- qui bois,
- ses cônes, persistants tres longtemps, édatent et - le CEMAGREF & AIX-EN-PROVENCE a mis en pla-
contribuent & propager rapidement, ce pendant et après in-
- soncouvert tr&s clair souslequelsemaintient cendie. II a public3 desnotes techniques sur les
même lorsque le peuplement est ferme, un sous- kquipements DFCl (conception, localisation, r6ali-
bois tres combustible. On estime & 26800 ha la sation, coûts). II a mis au point une methode de
moyenne dessuperficies brûlees chaque ann& en cartographie des zones en fonction de leur sensi-
forêt mediterranéenne. (BLAIS 1979,GABANT bilité &
1979). Les formations B sont les plus - le CEPE/CNRS travaille égaletnent sur les incen-
dies de forêt : determinisme, développement, in-

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tensité du feu, reconstitution de la végétation après feux sont très difficiles à contrôler, Cette mé-
, incendie. thode coGt très faible pas adaptée au pin
On .peut espérer que grâce à des résul- d’Alep, trop sensible au feu.
tats acquis et à leur synthese on débouchera sur des peut-il étre unauxiliaire du forestierpour
principes de sylviculture et permet- des parefeux ? Plusieurs expériehces sont
tant forêt moins combustible, davantage en cours, elles ont pourbut de déterminer un référen-
susceptible vis-à-vis de tiel technique et économique. Elles concernent sur-
est piste DFCl permettant tout les zones demontagnes méditerranéennes
un accès rapide et fournissant une base pour la lutte (Montagne
doit toujours &re associée à un pare-feu dont la lar- PES de HAUTE-PROVENCE),maiségalementdes
formations mixtespin vert dans le VAU-
geur dépend de la configuration topographique loca-
CLAUSE et les BOUCHES-DU-RHONE.
le (pente, substrat géologique, aérologie, végétation,
position par rapport à une crête). Les essais mis en place en CORSE sous la respon-
sabilité du CEPE/CNRS ont montré les limites
Le débroussaillement ne peut étre que partiel, il faut
aménagement sylvo-pastoral.
choisir des zones judicieusement implantées repré-
sentant moins de 10% de la surface à protéger sur Le mouton et la chèvre “débroussailleuse” ont rare-
lesquelles un incendie venu du voisinage sera sinon ment répondu aux espoirs avait, un peu tropra-
arrêté, du moins freiné et le long desquelles les sau- pidement peut-être, mis en eux.
veteurspourrontdéployerleursmoyens
On commence à cerner‘les limites de
tion dans de bonnes conditions de sécurité.
forêt/pâturage :
des pare-feux peut être :
- un ”investissement” initial est nécessaire sous for-
-”mécaniiquè, me débroussaillement mécanique,
- chimique, - on ne peut éviter le développement de refus, sauf
- biologique par le pâturage contrôlé. si on cantonne les animaux enforte charge, en ac-
ceptant une sous-alimentation,ce qui se fait au dé-
L‘entretien mécanique est de bin le plus répandu, il
triment de la productivité du troupeau, et qui se-
fait appel à :
rait acceptable y avait en contrepartie une sub-
- une débrouissailleuse portée dans les parties les vention publique. II faut donc prévoir un entretien
plus accidentées, mécanique léger pour maitriser le développement
- un engin dérivé motoculteur quand on veut des refus.
maintenir un couvert arboré important,
- un tracteur à roues ou & chenilles, sur lequel est II sera probablement très difficile de trouver un juste
montée une débrouissailleuse à axe vertical (for- équilibre pour des pare-feux entre le fores-
mule qui exige moins de puissance) et à axe hori- tier et :
zontal (équipé généralement de marteaux). - les pare-feux sont souvent situés sur les secteurs
les moins favorables à la production fourragère (li-
Les moyens importants affectés à la DFCl ont généré gnes de crêtes ventées, aux sols superficiels de
un marché des engins de débroussaillement. Quel- fertilité médiocre),
ques constructeurs offrent des engins très spéciali- - les systèmes pastoraux sont partout en difficulté
ses qui pas grand chose à voir avec les trac- dans la région méditerranéenne françaiseet ladis-
teurs agricoles encore largement utilisés cependant. ponibilité fourragère pas le facteur limitant ;
Des entreprises de débroussaillement se créent ainsi les systèmes qui résistent biensont des systèmes
que des CUMA ( * ) intercommunales. “saprophytes” utilisant un espace en décomposi-
Les méthodes chimique sont au point tion, friches récemment abandonnées par
(produits, dilutions, périodes et conditions de traite- culture, envoie mais pas
ment) et des appareils spécialementadaptés au trai- encore fermées. L‘espace ne manquedonc pas et
tement des pare-feux à partir des pistes ont été cons- est probablement supérieure à la demande.
truits. Cependant, chimique est peu utilisé La DFCl exige des équipements bien implantés,
,
pour les pinèdes de pin d’Alep, situées souvent sur adaptés, permettant une intervention rapide, mais les
des terrains calcaires filtrants. a mauvaise réputa- équipements ne suffisent pas sans une organisation
tion, lié au risque de pollution des nappes phréa- efficace. Les grands incendies qui en 1979 ont rava-
tiques. gé des milliers notamment en PROVEN-
Le feu contrôlé ou petit feu a pour but la CE où le pin d’Alep est abondant, ont montré le man-
broussaillesans détruire le peuplement forestier. II que de coordination des services qui ont une respon-
en général enfin début de printemps sabilité en DFCl : paradoxalement, on ne reconnait
quand la végétation pas trop sèche. Les petits pas aux forestiers, le rôle que la parfaite connaissan-
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ce du terrain devrait leur accorder. - il supporte bien les embruns marins, il a donc ét6
II faut signaler cependant la mise en place récente,à largement utilisé pour les plantationsdu littoral, no-
de National des Forêts (ONF) dans tamment dans le cadre des reboisements “paysa-
le département des BOUCHES-DU-RHONE, ré- gers” réalisés par la Mission Interministérielle
seau très dense de ménagementdu LANGUEDOC-ROUSSILLON
agents de (300 personnes bien réparties sur le (massif de CLAPE près de NARBONNE, reboise-
terrain) équipés avec des moyens légers ment de de la GAR-
tion (Peugeot 504 DANGEL avec réservoir de 600 l). DlOLE près de SETE dans L‘HERAULT).
Chaque véhicule doit intervenir sur 3000 ha. Ce ré- DansleLANGUEDOC-ROUSSILLON,les forestiers
seau est mobilisé pendant les périodes à haut risque acceptent deplanter lepin mieux, par
(guère plus de 15 jours par an). La durie entre
lerte et la première interventionest très courte (rare- (PACA) une espèce mieux appréciée, et 60%
ment plusde 6 minutes) ; ce qui a assuré enété 1984, des plantations faites depuis 1980 avec financement
une maitrise parfaite des incendies de forêts dans le FEOGA dans les Bouches-du-Rhône ont utilisé le pin
département.
de moyensplus Les essais effectués notamment sur
lschantier exp6-
lourds àterre et dans les airs, gérés par les pompiers. rimental de ST ETIENNEde CREZ (1960) dans les AL-
Les grands incendies de 1979 ont incite les pouvoirs PILLES (13) ont montré travail du sol ad-
publics à mieux coordonner les actionsde prévention
et de lutte active à travers notamment la formule du Les óperations de reboisement sont les suivantes :
Plan Intercommunal de Débroussaillement et a) destruction de la végétation préexistante :
nagement Forestier (PIDAF). - par broyage (tracteur de 100 ch
broyeur frontal à axe horizontal) quand la végé-
SYLVICULTURE ET REBOISEMENT tation est composée de ligneux de faible diam&-
tre. Cette méthode connait une faveur croissan-
Régénération te liée à de matériel très performant.
Ibrahim NAHAL a précisé les relations entre les fac- - par arrachage avec un bull équipé rateau
teursédaphiquesetlaprésence du pin d‘Alep en FLECK0 (pour éviter de décaper les horizons
FRANCE. Les étés relativement pluvieux de la zone superficiels).
méditerranéenne française et les hivers froids ont un On procède généralement en bandesde 3 mètres
double effet : de iarge, espacéesde 5 m en axe, pour per-
- la régénération ne pose pasde problème, elle peut mettre un abri latéral contre le vent, notamment
sols les plus dégradés en dans les secteurs à mistral fréquent.
profitant succession pluvieux, b) sous-solage, à raison trait de la
- sur les stations les plus froides, les peuplements bande (ou de 2 traits équidistants de 1,80 m dans
sont très clairset localisés aux expositions bien en- chaque bande),
soleilléescarseulslespeuplementsclairsemés c) plantation à densité de 1O00 plants/ha,
reçoivent une quantité suffisante de chaleur. d) protection des plants contre les lapins à
manchongrillesoutenupardeux piquets mé-
Les senis ont besoin de lumière mais un léger cou- talliques.
vert leur est favorable. Ils sur
sols argileux compacts. Les associations végétalesà Les plants sont élevés en pépinière ( 2 ans en princi-
romarin, les groupements littoraux bien éclairéset les pe mais de plus en plus 1 an), en godets plastiques
pelouses à brachypode de Phénicie constituent les (diamètre 7 cm, hauteur 20/25 cm).
stations où la régénération est la meilleure. Par con- Les conteneurs Melfertet W commencent à faire leur
tre, les chênaies, notamment à chêne vert, par leur apparition malgré la difficulté de plants de
couvert trop dense et les pelouses à brachypodes ra- pin en MELFERT.
meux sont des milieux moins favorables.
Le coût plantation peut être estime à 14000 .
Cette relative facilité de régénération a permis un dou- F/ha ( T E ) avec la décomposition suivante : (prix
blement des surfaces de pinèdes en un siècle. 1983)
Utilisation en reboisement - débroussaillement et sous solage ........ 1700
fournitures de plants (1 O00 plants/ha) ... 3000
Le pin d‘Alep est utilisé en reboisement :
- transport de plants
- la seule espèce à donner des résultats sur ouverture de potets ............................... 3600
les stations les plus sèches, sur sols très dégra- - protection individuelle par manchons
dés, fréquents en PROVENCE, grillagés et tuteurs ................................. 5700

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On constate le poids de la protection contre les la- se rencontrant sur les terrainscalcaire marneux et
pins qui est absolument indispènsable depuis que la les marnes grises,
.myxomatoseregresse.Toute tentative de contr8le d) peuplements avec chêne vert en melange se ren-
des populations de lapins de la part de contrant sur les stations fraiches, ils resistent bien
heurterait une vive opposition des srnietes dechas- au feu.
se, traditionnellement puissantes et bien structurees
La futaie non melangeeest toujours claire comme en
dans le midi de la FRANCE, tres sensibilisees sur le
temoignent les chiffres suivants
lapin car pres le seul gibier qui soit enco-
re abondant. Le premier modede traitement a.6t6 la futaie regulie-
Les bandes de plantations sont dtablies suivant : re ; ce qui semblait normal pour une espece de plei-
ne lumi&re, pouvant formerdes peuplements
- les courbes de ‘niveau si p <25% rence 6quienne sur de grandes surfaces. On a donc
- la plus grande pente si p >25% . commence appliquer ce traitement dans les forêts
Le sous-solage est indispensable sur calcaire sauf soumises par la methode de la regeneration naturelle
dans le cas calcaire fissure B pendage vertical et des bclaircies bashes sur une revolutionde ans
ou fortement incline. divisee en 3 periodes de ans.
L‘entretien des plantations est necessaire ; les jeunes La forêt etait donc divisee en 3 affectations dont une
plants de pin d’Alep sont sensibles la concurrence. en regeneration. Le peuplement definitif etait realise
Les degagementsi des la 2bme annee se font sur la en 2 passages separes par 10 ans.
ligne de plantation avec une d6broussailleuseportee Cette methode pas donne les resultats escomp-
ou B la main. tes ; on arrivait la coupe définitive sans que la re-
gen6r.ation soit complktement installee et cela parce
CHOIX DES PROVENANCES. que le pin d’Alep, surtout dans les stations les plus
septentrionales, a besoin de beaucoup de lumiere et
Les dispositifs de comparaison de provenances mis de chaleur pour donner une fructification de qualite,
en place par CEYRESTE ( pres de la CIOTAT) condition pasrealiseeen futaie rbgulibre.
et VITROLLES ( prbs de MARTIGUES) fourniront
venir des indications sur les meilleures provenances Cette methode a donc et6 abandonnee, il y a une cin-
de pin d‘Alep (et de P. BRUTIA). En attendant, il est quantaine au profit de lafutaie jardinhe par
conseil16 de r6colter des graines sur les peuplements bouquets qui permet une meilleure regeneration et
locaux, selectionn6s pour leur forme et leur vigueur surtout evite des jeunes peuple-
(notamment GEMENOS prbs et FONTA- ments B 30 ans, âge auquel la fructification appa-
NES prhs deMONTPELLIER). Les degats commis par rait) par le passage de
les basses temperatures survenues en janvier 1985
sur des peuplements issus de graines importees doi- II est necessaire de faire des trouees de 30 B 50 m
vent inciter plus grande prudence. de diametre dans les peuplements pour obtenir une
bonne regen6ration.
Conduite des peuplements Ce traitement est prbconise par I. NAHAL. li
II pas propre au pin d’Alep car neralement applique forêt soumise
il generalement introduit dans des associations tammentdans les Bouches-du-Rhône où existent
existantes en se substituant B peuplements de pin
On peut cependant distinguer plusieurs types de Mais de nombreux forestiers sont sceptiques quant B
peuplements : la possibilit6 de le mettre reellement en oeuvreB cau-
a) peuplements avec sous-boisde chêne kermes, sur se des graves desordres engendres par les incendies
sols squelettiques calcaires tres rocheux, tres qui, periodiquement, ravagent les pinedes B
. secs et tres chauds. Ces peuplements sont tres lep.
sensibles
aux
incendies, Les proprietaires sylviculteurs prives pratiquent une
b) peuplements sur pelouse herbacee, se regenerant gestion tres sommaire, conditionnee par le risque
mal en raisonde lapauvret6 en matiere organique, ; ils vendent leurs coupes des exploi-
c) peuplements avec sous-bois de romarin et ajonc tants sur des bases de prix largement dependantes

F*.commwk. Nombro rrkes par ha. Volume m’/ha BF Observations

LA CIOTAT 310 70 Comptages 1972


CASSIS 305 Comptages 1972
BEL AIR 32 Comptages 1974

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de la capacite de negotiation du vendeur. Les exploi- - 80 ans, on pratiquera des 6claircies fortes de façon
tants coupent tout ce savent commercialiseren B avoir :
bpargnant quelques semenciers. II donc
- B 20 ans ............................... 700 tiges/ha
selection B rebours qui ne permet pas de produire des
- B 30 ans .............................. tiges/ha
arbres bien conformes, sylviculture de profil bas qui
cependant dans les peuplements âg&(les seuls qui
- B 40 ans .............................. 390 tiges/ha
- B ans .............................. 310 tiges/ha
font de coupes) provoquent des trouees favo-
- B ans .............................. 240 tiges/ha
rables B la r6generation. II y a toujours assez de se-
- B 70 ans .............................. 190 tiges/ha
. menciers parmi les arbresjuges sans interêt pour as-
surer le perennite du peuplement en cas
- B 80 ans .............................. 150 tiges/ha
Ceci est valable pour les peuplementsde laclasse II
Les pouvoirspublics cherchent B limiter ces pratiques (classe moyenne). En classe 111 et IV, il faut retenir
qui ne peuvent conduire des peuplements tres
des chiffres plus faibles :
mediocres. Les Centres Regionauk de la Propriete Fo-
restiere (CRPF) encouragentdesventesgroupant - B 30 ans .............................. tiges/ha
plusieurs parcellesde coupes bien cataloguees ayant - B 80 ans .............................. 120 h 120 tiges/ha
fait martelage.
Productivit6 des peuplements de piRd’Alep
Cette politique commence B avoir des effets notam-
ment dans la region PACA. II y a une relation btroite entre la fertilite station
et la hauteur dominante (*) B un âge donne du peu-
I. NAHALconsidkre,avecquelquesforestiers
plement porte.
français, que le traitement ideal desforêts de pin d’A-
lep consiste B cker un peuplement B 2 &ages ; un Ce principe est maintenant reconnu. II a permis de
étage dominant de pin d’Alep traite en futaie sur un construire des tables de production.
taillis de chêne vert. II pas de table de production recente pour le
Le chêne vert, biolo- pin d’Alep en FRANCE. PARDE, en 1954, a distingue
gique du peuplement en ameliorant la fertilite de la 3 classes de fertilite B partir des hauteurs moyennes
station et ainsi, la productivite du peuplement domi- desarbres (davantage sous la dependance de la
nant (il y a, en effet, amélioration de la structure du sylviculture pratiquee que les hauteurs dominantes).
sol parenrichissementenhumus et augmentation
des réserves en eau du sol, ce qui facilite la regene-
ration). Le pin d’Alepde son côté I. NAHAL y ajoute 2 classes de fertilite :
nomique de la forêt. * classe exceptionnelle ......... 4,7 B m3/ha/an
., Révolution et rotation des coupes : * classe 4 ................................ 1 m*/ha/an
Pour accompagnatrice (chêne vert en tail- et propose des relations entre productivite et grou-
lis) on adoptera une rotation des coupes de 20 B 30 pes écologiques.
ans. de 2 m3/ha/an
Les praticiens admettent une productivit6
Les opérations de regeneration de la futaie dominan- sur les stations les plus favorables.
te auront lieu lors de coupes de taillis.
Les ennemis du pin d’Alep
La croissance et la fertilite dupin d‘Alep diminuant B
partir de 80 ans et lapourriture du coeur &ant de plus Les forestiers de la zone mediterraneenne française
en plus B craindre, on choisira un âge ont ét6 sensibilises aux attaques parasitaires apresla
de 70 B ans, ce qui correspond B un terme disparition de la quasi totalite des peuplementsde Pi-
ploitabilite de 110 B 120 circonference. nus MESOGEENSIS dans les Maures et at-
taqués B partir de 1961 par une cochenille : MATSU-
Les coupes se succkderont B une rota-
COCCUS FEYTAUDI ( 120000 ha detruits en 20 ans).
tion de 1O B 15 ans.
Le est surtout affecte pai des attaques de
On peut, pour faire cdincider les coupes
de taillis avec chenilles processionnaires (THAUMETAUPEAPITYO-
les coupes de futaie ou les travaux de regeneration
CAMPA), defoliateur trks connu qui peut provoquer : .
(nettoiement des morts-bois, crochetage) retenir les
chiffres suivants : - des mortalités sur des jeunes peuplements,
- un ralentissement de croissance sur des peuple-
- rotation des coupes de taillis................ 24 ans ments adultes.
- 12 ans
- revolution de la futaie ............................ ans Les attaques concernent, quand les papillons ont le
choix, surtout le pin noir (PINUSNlGRA
Intensit6 des Bclaircies ; Arn:ssp. NlGRlCANS Host) et le pin Larici0 de Corse

-
Pour atteindre 11O ou 120 cm de circonf6rence B 70 (PINUS NlGRA Am.ssp LARICI0 Poir) qui ont des ai-

v) Moyenne des hauteurs des 100 plus gros arbres B


r;3

-
ClHEAM 86/1
CIHEAM - Options Mediterraneennes

>--m,:\y ,_‘1.

Hauteur moyenne Production (BF) depuis


totale des arbres (en m) l’origine (en m3/ha/an)
._
1ère classe ~, , 21 . 4,O
2ème classe . 18 3,o
3èmeclasse . 14 1‘5
. -.I . _ . .
- 3 .
, , .~
- .

guilles .pl,us larges,


,_ sur lequelles les femelles ainsi que quelques méorurauxqui pratiquent
cpeot .mieux;
(1 t“,,,. ture biologique et qui manifestent une forte hostilité
pour une méthode jugent brutale et criminelle.
Les jeunespeuplements sont vulnérablespendant 15
ans. Les3-attaquespeuvent être périodiques et rap- parasites font des dégâts, généralement li-
PrpC?gei. mités sur le pin II notamment :
Les pontes ont lieu sur les branches en août. * de la maladie chancreuse provoquée par CRUME-
Sion së fait en septembre. Et les larves ont une con- NULOPSIS Sp.et qui se traduit par le brunissement,
1sommation
:/ .. importante à partir de janvier. Entre mars le dépérissement et de chancres sur les
et,>avril (en fonction des stations) se produit la rameaux. La maladie apparaÎt surtout pendant les
kymphose dans le sol. étés pluvieux et peut provoquer un fort ralentisse-
ment de croissance en expositions humides.
,Les
, ,. attaques graves sont observées périodiquement
* une bactérie PSEUDOMONASPINIse développe
(tous les 9 à 13 ans suivant les régions et les condi-
surles peuplements déficients et provoque des
tions climatiques) ; ce qui est lié à la régulation des
chancres sur les rameaux et à des bran-
populations : les populations, au-dessus certain
ches. Ces chancres, qui se cicatrisent plus ou
laf fond, sont ravagées par des parasites. Les atta- moins facilement, entrainent la mort des rameaux si-
ques sont moins gravesdans les peuplements fermés
tués au-dessus
où la chenille ne trouve pas de‘conditions favorables
* des attaques de HAEMATLOLMA DORSATA (fami-
pour la nymphose (chaleur indispensable).
Ile des CERCOPIDES) ont été quelquefois obser-
à la main est une technique efficace vées, les piqûres des adultes sur les aiguilles, lors
mais trop coûteuse et pourcelaabandonnéeen des pullulations, provoquent des taches nécroti-
FRANCE. Le traitement par hélicoptère est le seul ques dont la multiplication peut entrainer le jaunis-
pratiqué : sement et le brunissement du feuillage des jeunes
- produits utilisés : pins.
BACTOSPEINE, extrait toxine produite par * le lapin est particulièrementdangereux ; il provoque
bacillus THURINGIENSIS des dégâts importants et les jeunes plants doivent
DlMlLlN appellation commerciale produit être impérativement, pendant 2 ou ans protégés,
dont actif est le DIFLUBENZURON. ce qui augmente considérablement le coût
plantation (voir plus haut).
Le Dimilin est de plus .en plus utilisé :
- coût du traitement (75 g/ha de produit actif soit
300 g/ha de formule commerciale pourle DlMlLlN) USAGES DES FORMATIONS A PIN D’ALEP
... 160 à 250/Francs.
Valorisation des produits
On constate que le coût est tout à fait supportable,
on ne va donc pas se priver de faire le traitement. Dans les formations à pin d‘Alep, de nombreux pro-
duits faisaient, traditionnellement, récol-
Pour être efficace, il doit : te régulière et importante et notamment la résine et
* être appliqué à une période précise du développe- le bois.
ment de ‘la larve,
*,sur de grandes surfaces pour éviter la contamina-
Le pin a été gemmé depuis une époque très
tion de,s
<,-:,:.,
peuplements traités par des papillons ve-
lointaine. Le gemmage dont on voit encore des tra-
+/,J!nant‘;de- zo-nes,;- voisines qui été. ces sur de vieux arbres, notammentdans la région de
Un traitement bien conduit permet à MONTPELLIER, fournissait un revenu appréciable.
taques J&pe dant.5 ou 6 ans.
[:;i .:; “:- ‘r f F , , Le gemmage du pin était réputé plus avanta-
Lë&traifeirijëiits la faune et no- geux que celui du pinmaritime et réclamant moinsde
$arnr;iient 3sur.laifaune gibier.; mal !compris travail (réduction du nombre de “piquages” entre
pac.:lr%?sfsociétés~ +3.ctïasse!qui3y. sònt .trêsihostiles, deux récoltes consécutives).

n
CIHEAM - Options Mediterraneennes

Le rendementdépendait des conditions ment vendue1O0 F/tonne. Elle aété utilisée par un
et de la nature du sol. II était maximum scieur en coffrage.
sur lesterrainscalcairesles plus secs et les plus
La récolte annuelle est très faible de de quel-
chauds, en exposition sud.
ques milliers de m3.
Le gemmage plus rémunérateur en FRANCE à
II malheureusement pas possiblede donner des
cause de laconcurrence des produits de synthèse et
chiffres précis car dans les statistiques de produc-
surtout de celle des résines importéesdu PORTUGAL
tion, regroupées par département,le pin
et de GRECE, et les gemmeurs ont cessé toute acti-
pas individualisé.
vité, même dansle massif des Landes, après suspen-
sion de toute aide publique, en 1976. Les quelques milliers dem3 récoltés sont à comparer
/
aux 350000 m3 de production annuelle, estimationti-
Le pin d‘Alep était utilisé par les scieurs pour faire
de
rée des
la palette et de (forte demande notam-
(IFN) et comprenant le recrutement (passage à la fu-
ment dans la vallée du Rhône oùla production fruitiè-
taie) et (voir tableau donné en an:
re est importante) et notamment des carrelets, piè-
nexe ).
ces de cageots utilisant largement du
bois déroulé. On constate une énorme disproportion !
Cet usage a tendance à disparaître : La production biologique se répartit : -
- le nombredes petites unités fabriquant des embal- - en une augmentation du “stock. Les peuplements
lages diminue et les unités qui demeurent impor- du volu-
tent de plusen plus lescarrelets et plaquettes me ce qui est normal,
du PORTUGAL, - en un prélèvement, non voulu, celui de
- les grosses unités de sciage qui dont on se passerait volontiers,
tent : - en une récolte, “organisée”
qui reste très marginale.
- soit des bois tropicaux, elles sont alors implan-
tées sur le littoral (SETE, PORT LA NOUVELLE, Usages sociaux
PORTST Fôret et urbanisation
des difficultés (politique
de limitation des pays tropicaux en exportation Les formations à pin d’Alep les plus importantes se
de grumes), trouvent dans la Provence calcaire, à proximité des
- soit des petits bois, provenant, de coupes importantes agglomérations urbaines de MARSEILLE,
claircies de peuplementsrésineuxcréésavec TOULON et AIX.
du FFN dans les montagnesbien arrosées Dans cette région, le territoire agricole est relative-
(CEVENNES,MONTAGNENOIRE) ; ellessont ment réduit. II occupe les alluvions fertiles des fonds
implantées en piedmont, en confluent de vallée. de vallée. II est depuis longtemps, soumisà une très
Les unes et les autres dédaignent le pin dont forte
la réputation est mauvaise. Leparcellaire est trèsmorcellé. II existe peu de
Actuellement donc les coupes de pin sont très grands domaines. Ceuxqui existaient ontété déman-
mal valorisées. Elles sont destinées à la papeterie et La
de TARASCON (grosse uni- fluidité du parcellaire a permis une urbanisation rapi-
té de pâte blanchie de 250000 T de pâtepar an ) qui de des terres agricoles et un transfert de la pression
un ra- vers la forêt.
yon de 300 km. Les pouvoirs publics disposent de tout un arsenal ré-
Les coupes sont venduesà 30 Frs/tonne (prix dubois glementaire pour défendrela forêt et notamment des
sur pied) ce qui ne permet pas de rémunérer les tra- plans des sols qui permettent de
vaux sylvicoles et explique, à défaut de les justifier,
les méthodesde conduite des peuplements adoptées à protéger, où toute construction.est interdite.
par les propriétaires sylviculteurs privés (sélection à Cependantlescommunes qui ontuneresponsabilité ,
rebours). importante des POS (encore.
A noter cependant que : plus la réforme portant sur la decentra- l
lisation des pouvoirs ne perçoivent pas tou-
- la formule des ventes groupées mise enplace
jours
clairement du maintien boi- l
dernier par le CRPF de la région PACA, a permis
ses :
de meilleurs prix (60/70 Frs la tonne sur
pied * très combustibles, surtout pour les peuplements à
- coupe dans un peuplement de pin donc objets préoccupation per-
bonne conformation, sur station fertile, récem- manente,

n
-
ClHEAM 86/1
CIHEAM - Options Mediterraneennes
118

* dont les propriétaires (en particulier les collectivi- tout dans les massifs de pin d’Alep offrant un sous-
tés) ne tirent que de très faibles revenus. bois légeretnent ombragé,où la circulation est facile,
Les sont de ce faitsouvent laxistes, incluantdes et où le relief permet une très grande variété
formations forestièrzs dans des zonesconstructibles, raires et de nombreuses découvertes.
ou appliques avec laxisme :aucune mesure Une étude faite récemment a montré que, dans Ja ré-
se contre les constructions clandestines. gion de Basse-Provence :
. .
On voit ainsi apparaÎtre, souvent
le long des pistes pa- - la randonnée est pratiquée essentiellement par des
re-feux qui constituent des moyens privilégiés de pé- “initiés”, la famille (on est randonneur de père
nétration, des “cabanes” provisoires qui, fils) etles mouvements associatifsen sont lesprin-
tion en amélioration, deviennentde confortables mai- cipaux relais,
sons. La révision du PO§ entérine ce “grignotage” de - lesrandonneursse recrutent surtout auprès du
la forêt. secteurtertiaire ( professionslibérales, ensei-
gnants).
Une étude récente confiée à une équipe pluridiscipli-
naire (urbaniste, sociologues, forestiers, etc ...) a Les randonneurs souhaitent disposer
montréunerelation directe entre uneurbanisation spécifiques (itinéraires balisés,refuges, tables
“rampante” bloquée par décision administrative et ... rientation, fléchage) parfaitement intégrés au paysa-
des incendies “accidentels” dévastant de grands ge. Ils sontexigeants sur la qualité de ces équi-
quartiers forestiers. pements.
Unchoix difficile se pose donc à certainescom- Une demande sociale nouvelle apparait prenant un
munes : poids de plus en plus important, celle de
loisir aménagés dans les forêts périurbaines. Cette
- faut-il accompagner la demande, tout
demande émane de larges couches sociales, Le pu-
en préservant paysager zone fo-
blic souhaite trouver en “forêt” une détente de quel-
restière ?
ques heures, en général pour une demi-journée, rare-
- faut-il au contraire se montrer ferme sur la défense
ment une journée sans physique, sans
de la forêt en prenant le risque incendie qui
avoir notamment à de la voiture. II
détruirait ce cherche h protéger !
familial.
Forêts et Loisirs Les forêts de pin de leurs ca-
ractéristiques sont très recherchées.
Les forêts de Provence, notamment les formations à
pin d’Alep proches desgrandesmétropoles de la Face à cette demande, les forestiers de la région mé-
Côte ont toujours demande sociale diterranéenne française ont apporté deux types de
importante i réponses.
- pèlerinages séculaires, a) création par plantations et/ou par enrichissement
- randonnées, (utilisant largement le pin d’Alep) de massifs fo-
- chasse. restiers “paysagers”. ainsi que, dans le ca-
dre de la
Les massifs de la §T BAUME et de laSTE VICTOIRE
ment du Littoral Languedoc Roussilon, trois mas-
sont des lieux de pderinage tres anciens qui regrou-
sifs ont été créés (voir plus haut). Les peuple-
pent, chaque année, des milliers de personnes venant
ments sont encore trop jeunes pour faire
souvent de loin.
fréquentation importante,
La chasse est un rite social intouchable dans le midi b) mise en place spécifiques relative-
de la FRANCE, un acquis sacré de la Révolution. Les ment ponctuels dans la région
relations entre forestiers et chasseurs sont souvent et de NICE/ANTIBES. il notammentdes
difficiles : parcs forestiers de ROQUESHAUTES (près du
THOLONET) STPONS, 25 km de MARSEILLE,
- feux de “chasse” qui améliorent les ressources en
dont le point fort est une abbaye du Moyen âge
nourriture du gibier relayant les feux pastorauxtra-
ditionnels mais qui également facilitent la circula- PUYDOSON.
tion en forêt des chasseurs, A chacun de ces équipements, on cherche 9 asso-
- hostilité des chasseurs aux clôtures, instrument in- cier 3 fonctions :
dispensable pour mettre en place des systèmesde - accueil, parking, pistes de desserte et de raccor-
production modernes, dans le cadre
dement, aires de pique-nique,
ments sylvo-pastoraux rénovés,, - découverte du milieunaturel,sentiersbalisésen
- accroissement des pouplations de lapin commet- boucle, de difficulté croissante,
tant de graves dégâts aux plantations. - information,sentiersbotaniques,panneauxillus-
La randonnée en forêt est une pratique ancienne sur- trant la géologie, la faune, de la forêt ; ceci

- 86/1
CIHEAM - Options Mediterraneennes
119

est de faire passer une information vi- ,Óin d’Alep ne font pas sylviculture am-
sant B modifier le comportement du “consomma- bitieuse à cause du
teur” de la forêt (sensibilisation au danger
Cependant, le pin d’Alepa un rôle écologiquetres im-
die en particulier).
Ces équipements sont conçuset gérés par ils portant. Essencepionnibre qui serégénerefacile-
sont établis souvent dans des forêts propriété des ment, tres frugale, elle est B peu prbs la seule esph-
collectivités locales (communes, départements,ré- ce à
gions) quelquefois soumises depuis peu au régime caires, au sol tres dégradé. Elle joue donc un rôle es-
forestier. sentiel dansla stratégie du forestier en contribuant et
en ouvrant la voie à plus pro-
Les forestiers cherchent B mettre en place des équi- ductives, mais aussi plus exigeantes, et notamment
pements de qualité, utilisant largement des matériaux B des sapins méditerranéens testés sur des essaisde
locaux, parfaitementintégrés aux sites, tenus enper-
manence en état de propreté.
suffit-il B justifier les
Mais ce rôle écologique important
Ces équipements,en général tresponctuels sont énormes moyens financiers, matérielset humains mis
jet polémique assez vive. Certains reprochent enoeuvrepar etparles collectivités locales
aux forestiers, soupçonnés de vouloir fermer les fo-
rêts au public, efficace
pour défendre la forêt contre
ment pas.
- ? Probable-
de “traiter“ une demande sociale impossible
en créant des “abces de fixation et des Le pin d’Alep genere des paysages de grande quali-
“sas de décompression” permettant de réserver la fo- té. II met une remarquable obstination B
rêt “profonde” B une élite méritants. dans les falaises lesplus ingrates. II a été chanté par
les poetes et les écrivains. La grâce de son port, le
Cette argumentation est le fait fraction très mar- vert tendre de son feuillage constituent une parure
ginale de pour la blancheur éclatante des sites calcaires de Pro-
sont tr&s largement appréciés.La fréquentation vence. II a été immortalisé par les plus grands pein-
connaissent apporte démenti B la théo- tres.
rie de noirs et funestes desseins dont les forestiers,
ces mal aimés, seraient les exécutants. La valeur paysagere du pin d’Alepfonde unefonction
sociale qui prend une importance croissante surtout
CONCLUSIONS
dans les forêts périurbaines. La forêt est soumise à
une demande sociale nouvelle : urbanisation, détente
L‘importance économique du pind’Alep est faible,
et randonnée, et se voit affectée valeur patri-
.quelques milliers de m3 sont récoltés chaque année,
monia!e sans cesse élargie.
sans commune mesure avecla production biologique
des formations à pin’ d’Alepévaluée à O00 m3/an Cette approche patrimonialedoit de plus en plus gui-
(pour une surfacede ha). Cettesituation est der le forestier dans son action pour que la forêt de
liée B la mauvaise image de marque du bois de pin pin d’Alep puisse avoir sa place
d’Alep, réputé à tort, caractéristiques du territoire, à la mesure et au niveau des services
technologiques médiocres. En fait les peuplements à rend à la communauté nationale.

& L
CIHEAM - 86/1
.
‘l
. . .
.
CIHEAM - Options Mediterraneennes .
. . .. .
. .

Annexe 1.

Zone où dominent les peuplements très dégradés dontla reconstitution là od elle serajugée utile de-
mandera des travaux importants quien général devront être exécutéssans perspective de rentabili-
t& Cette zone comprend une ((zone rouge))où dominent les peuplements soumis à un risque très
sévkro d’incendie.
Zone oli dominent les peuplements d6gradés qui peuvent se reconstituer d’eux-mêmes ou avec l’ai-
les prot&ge etoù l’on pourra espérer quelque rentabilité des
de d’interventions légères, pourvu qu’on
travaux d’amélioration

-
CIHEAM $611
CIHEAM - Options Mediterraneennes

121

I
I
I I
I ' I
l
1
1 ! I
I I I
l
1
. l
I
- I
I
I I I
I
1 l
I I
! I I

GLACIAL -10 EXTREM. -7 TRES FROID -3 FROID O FíìAIS 3 TEMPEFIE 7 CHAUD 10 TRES CHAUD
FROID

-
. .

CIHEAM 86/1-
CIHEAM - Options Mediterraneennes
122

Annexe 3

Statistiques Pin d Mlep


(Source InventaireForestier National)
.- .
SURFACES (ha)
OBSERVATIONS
Futaie

66

-
F.P.
F*s*
TOTAL
I 995 206
15120
16
32631 1981
986

800
2127
290 4 850
11 6 920 275 200 12 800 Année de Lever : 197
TOTAL 7 960 9210 403 O00 17 650

34
FS.
F.P.
650
8 200 II 360 900
27100' II 16 350
1250 Année de Lever : 1974

I I
TOTAL 8850 388000 17600
450 23200 ' 1350 '

30 13
700
6222
830 450 Année de Lever : 1982
TOTAL 3710 3 570 7280 I 245900 I 14800

07 o
344 I O
27000 II .
1100
o
Année de Lever : 1981
344 I 27000 1

26
FS.
F.P.
300
4 500~~
I
I
137 600
14300 ~~
I
I
5 500
~~
600 Année de Lever : 197

- TOTAL 4 800 151900 6 100


F.S. 2 050 160100 4 400
04 F.P. 5550 ' 187 O00 7 300 Année de Lever: 197576
TOTAL 7 600 347 1O0 11700
F.S. 1O 530 760 11290 332 200 15100
13 F.P. 35 680 6 880 42560 1722400 79 500 Année de Lever : 197

- TOTAL 46 21O 7 640 53 850 2 054 600 94 600

CIHEAM 86/1 -
OPTlONSQ
CIHEAM - Options Mediterraneennes

Annexe 4

Statistiques Pin d'Alep (suite)

SURFACES (ha) VOLUMES ACCROIISSEMENT


Futaie m3 + OBSERVATIONS
Propibtbs Futaie taillis
+
Total RECRUTEMENTn03

F.S. 4 540 7 700 185 900


84 F.P. '
20390 825 O00 100 Année de Lever : 1976 37
TOTAL 24 930 1O1O 900 44 800
4 050 235 900 8 200
83 F.P. 60 500 2 5381O0 113 150 Année de Lever : 1975
TOTAL . 550 2 774 O00 121 350
FS. 790 59 600 2 150
06 F.P. 9 340 625 200 18700 Année de 'Lever : 1976
TOTAL 10130 684 800 20 850
TOTAL
Général ' 191544 8118526 352 531

04 = ALPES DE HAUTE PROVENCE


06 = ALPES MARITIMES
07 = ARDECHE
11 = AUDE
13 = BOUCHES-DU-RHONE
26 = DROME
30 = GARD
34 = HERAULT
65 = PYRENEES ORIENTALES

-
CIHEAM 86jl
CIHEAM - Options Mediterraneennes
124

Annexe 5.

n
~ -
CIHEAM 86/1
CIHEAM - Options Mediterraneennes
1

BIBLIOGRAPHIE

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