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En 1996, l’économie tunisienne s’est dotée d’un système comptable qui était au top niveau. Mais, faute
d’harmonisation avec la fiscalité, les entreprises, dans leur majorité, ont préféré se limiter à adopter les
changements de forme tout en conservant les bases fiscales de la comptabilité.
Depuis l’adoption du nouveau système comptable, la fiscalité a fait quelques efforts, mais les progrès
restent, néanmoins, limités. Les divergences aussi bien conceptuelles que techniques sont toujours
importantes et significatives.
Avec le temps, les comptables n’ont, d’ailleurs, cessé de découvrir l’ampleur qui sépare le nouveau système
comptable de l’époque (aujourd’hui, plutôt ancien) et la pratique fiscale de la comptabilité de sorte que les
applications les plus innovantes du système comptable tunisien sont restées, plus ou moins, sans suite.
Ceci sans compter le fait que « l’ancien nouveau » système comptable est resté inachevé jusqu’à ce jour sur
des questions majeures, parmi lesquelles :
- La comptabilisation de l’IS ;
- Les contrats de location ;
- Les avantages au personnel ;
- L’abandon d’activités.
Dixième anniversaire du système comptable des entreprises – Tunis les 28 et 29 avril 2006 – Par Abderraouf YAICH, Expert-comptable 1/5
Pendant ce temps, le référentiel comptable international qui a inspiré le système comptable tunisien de 1996
a non seulement continué de progresser, mais a accéléré le processus allant jusqu’à entamer la construction
d’un nouveau modèle comptable : la comptabilité à la juste valeur, et une nouvelle approche de
normalisation : la normalisation à base de principes. Le nouveau modèle comptable IFRS s’éloigne
davantage du modèle fiscal du « prix de revient et des créances acquises et dettes certaines » et la nouvelle
approche IFRS s’éloigne aussi de l’approche fiscale basée, du moins en théorie juridique, sur des règles
précises.
La juste valeur affecte un grand nombre de méthodes comptables dont notamment :
- L’évaluation des actifs et des passifs lors de leur prise en compte initiale ;
- L’option pour la réévaluation des immobilisations à la juste valeur comme méthode d’inventaire pour la
présentation dans les états financiers ;
- Les instruments financiers ;
- La présentation à la juste valeur des immeubles de placement ;
- La comptabilité agricole.
En outre, le modèle de la juste valeur privilégie le bilan sur l’état de résultat.
L’étude de l’impact de la fiscalité sur une éventuelle adoption des IFRS nous amène à poser les
questions relatives :
- aux divergences entre les normes comptables tunisiennes (correspondant à la version des IAS de 1996)
et les règles de fiscalité tunisienne,
- aux divergences entre les normes comptables tunisiennes et les IFRS,
- aux divergences entre les IFRS et les règles de fiscalité tunisienne, et
- au rôle que joue la fiscalité dans l’acceptation des normes comptables.
Lors de l’adoption du système comptable des entreprises, nous avons posé le principe suivant régissant
l’organisation des rapports comptabilité/fiscalité :
« - Lorsqu’une règle comptable formulée dans le système comptable des entreprises heurte une autre
règle divergente résultant d’une disposition fiscale expresse, il est fait application du principe de
l’autonomie : la norme comptable appliquée est retraitée pour les besoins de la détermination du
résultat fiscal.
- En revanche, toutes les règles comptables formulées dans le système comptable des entreprises
qui ne heurtent aucune disposition expresse de la réglementation fiscale s’imposent comme règles
communes aux deux matières : comptabilité financière et droit fiscal. »
Cette règle doctrinale en Tunisie est consacrée par un texte en droit fiscal français.
Ce principe posé semble aujourd’hui largement admis bien que sa traduction aussi bien dans la pratique que
dans la doctrine administrative fiscale ne soit ni constante ni systématique.
L’inventaire des écarts entre les référentiels comptables et la fiscalité nous interpelle sur un certain nombre
de questions stratégiques inévitables parmi lesquelles :
- La fiscalité peut-elle continuer à résister avec autant de succès aux principes et règles comptables
pertinents ?
Dixième anniversaire du système comptable des entreprises – Tunis les 28 et 29 avril 2006 – Par Abderraouf YAICH, Expert-comptable 2/5
- Si la fiscalité ne s’aligne pas sur la comptabilité à un niveau qui établit une compatibilité suffisante
des deux disciplines, peut-on maintenir la connexion de la comptabilité avec la fiscalité ou faut-il suivre les
anglo-saxons et opter pour la déconnexion des deux disciplines ?
- Et enfin, ce qui risque d’être le plus probable, peut-on maintenir le statu quo actuel où la comptabilité
normalise et la pratique fiscalise ?
Il existe deux types de divergences entre les référentiels comptables (IFRS et normes tunisiennes) et les
règles de la fiscalité tunisienne.
1- Les divergences dont la résolution est possible par le biais du tableau de détermination du
résultat fiscal et qui se décomposent à leur tour en trois catégories :
b- La catégorie des divergences temporelles (environ 28 divergences temporelles) générant des actifs
et des passifs d’impôt différé (les provisions non déductibles portant sur des charges déductibles, les
amortissements excédentaires non exclus par nature, les profits ou pertes de change non réalisés, etc...). La
fiscalité différée en Tunisie génère essentiellement des actifs d’impôt différé.
c- Les divergences à conséquences complexes tels les contrats de construction dont le traitement
comptable introduit beaucoup d’écarts entre les exercices de rattachement comptables et fiscaux aussi bien
en matière de revenus, de stocks que de charges à payer.
2- Les divergences générant des conséquences de comptabilité financière incompatibles avec les
exigences comptables fiscales (environ 11 divergences) et qui ne peuvent, de ce fait, être résolues par
le biais du tableau de détermination du résultat fiscal.
Concrètement, ceux qui optent pour les traitements comptables générant ce type de conséquences fiscales
définitives, et il faut bien reconnaître qu’ils ne sont pas nombreux, supportent le coût financier du sacrifice
fiscal à caractère irréversible.
- L’actualisation de la valeur des immobilisations payable à terme sans intérêt qui fait perdre le droit
d’amortir la partie du coût d’origine décomposée en charges financières non déductibles ;
- La prise en compte de la valeur résiduelle pour la détermination de la base amortissable qui fait perdre
l’amortissement correspondant ;
Dixième anniversaire du système comptable des entreprises – Tunis les 28 et 29 avril 2006 – Par Abderraouf YAICH, Expert-comptable 3/5
- La réduction de valeur dans le cadre des tests d’impairment : cette réduction n’est pas déductible et fait
perdre la déductibilité de l’amortissement correspondant non constaté ou fait perdre définitivement la
possibilité de déduire la créance passée en pertes si cette réduction ne s’appuie pas sur un procès-verbal de
carence établi sur la base d’une décision de justice ;
- La comptabilisation des contrats de leasing qui fait perdre la déductibilité des loyers et ne permet
aucune déduction au titre des amortissements et des charges financières ;
- Le choix du modèle de la réévaluation pour la présentation des actifs immobilisés qui fait perdre
l’amortissement non comptabilisé ;
- Le modèle de la juste valeur pour les immeubles de placement qui fait perdre l’amortissement non
comptabilisé.
Avant d’envisager les différentes hypothèses de solutions possibles, il convient d’examiner une question
préalable : faut-il développer un référentiel comptable pour les entreprises qui ont des obligations publiques
de divulgation d’information financière (en principe, les IFRS) et un autre référentiel pour les autres
entreprises ou, au contraire, est-il préférable d’avoir un seul référentiel ? Il est probable que le projet
entrepris par l’IASB pour une normalisation différentielle pour les PME pourrait apporter une réponse
satisfaisante. En tout cas, l’existence de deux référentiels comptables dans un même pays est source de
complexité et peut se révéler nuisible pour le développement de la qualité de l’information financière.
La question se pose maintenant, s’il faut maintenir la connexion du résultat comptable avec le résultat fiscal
ou si, au contraire, il faut opter pour la déconnexion des deux disciplines ?
La réponse n’est ni évidente, ni simple. Néanmoins, en tant que praticien, je pense que le maintien de la
connexion, malgré ses difficultés et inconvénients, est préférable dans le contexte tunisien, d’autant que
la culture des deux bilans en Tunisie est historiquement associée à la fraude fiscale et à la falsification
financière.
Mais la solution de la déconnexion ne doit pas non plus être écartée par principe, elle reste une voie
digne d’études approfondies.
L’option pour le maintien de la connexion dans un contexte d’adoption des normes IFRS nécessitera,
néanmoins, que le fisc tunisien se montre prêt à faire beaucoup d’efforts de convergence vers les IFRS à
l’instar de ce que le fisc français entreprend déjà.
La dernière hypothèse, qui s’imposera encore probablement pour quelques années dans la réalité, est
l’hypothèse du maintien du statu quo actuel où la comptabilité normalise alors que la pratique fiscalise.
La sortie de cette situation demandera probablement beaucoup d’efforts mais l’hypothèse de maintien de ce
statu quo pour longtemps me semble la moins bonne en ce qu’elle porte atteinte à la crédibilité à la fois de la
comptabilité et de la fiscalité et en ce qu’elle porte atteinte aussi à la transparence financière et au
développement de la sécurité des transactions et des marchés.
Dixième anniversaire du système comptable des entreprises – Tunis les 28 et 29 avril 2006 – Par Abderraouf YAICH, Expert-comptable 4/5
En conclusion : S’il faut bien reconnaître que la fiscalité a beaucoup contribué au développement de la
comptabilité pour la soumettre, ensuite, à son emprise, ce qui n’aurait pas été possible d’ailleurs sans le
concours des opérateurs économiques et leur arbitrage en faveur des règles comptables fiscales, ce
modèle, qui a réussi à neutraliser en pratique l’essentiel des innovations introduites par le système
comptable 1996, touche aujourd’hui à sa limite.
Alors que la convergence du système comptable tunisien vers les IFRS semble à la fois inévitable et
présenter la solution la plus favorable au développement économique, et bien qu’irréversible cette
convergence restera sans effet concret, sans la convergence de la fiscalité vers les référentiels comptables.
Ce qui importe aujourd’hui, c’est de choisir clairement l’objectif de convergence de la fiscalité vers les
référentiels comptables et de s’engager pour mettre ce projet en oeuvre au concret. Il serait logique,
pour ce faire, de planifier la réalisation du plus possible de convergence fiscalité IFRS en fonction des
contraintes budgétaires même si cela nécessitera une dizaine d’années de progression continue pour y
parvenir.
Annexe : Tableau des divergences entre les référentiels comptables et les règles fiscales tunisiennes.
Dixième anniversaire du système comptable des entreprises – Tunis les 28 et 29 avril 2006 – Par Abderraouf YAICH, Expert-comptable 5/5
Les règles fiscales
et la convergence vers
les IFRS
Abderraouf YAICH
Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS
¾ La comptabilisation de l’IS ;
¾ Les contrats de location ;
¾ Les avantages au personnel ;
¾ L’abandon d’activités
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS
L’actualisation de la valeur des immobilisations payable à terme sans intérêt qui fait
perdre le droit d’amortir la partie du coût d’origine décomposée en charges financières
non déductibles ;
La prise en compte de la valeur résiduelle pour la détermination de la base
amortissable qui fait perdre l’amortissement correspondant ;
La réduction de valeur dans le cadre des tests d’impairment : cette réduction n’est pas
déductible et fait perdre la déductibilité de l’amortissement correspondant non
constaté ;
La comptabilisation des contrats de leasing qui fait perdre la déductibilité des loyers et
ne permet aucune déduction au titre des amortissements et des charges financières ;
Le choix du modèle de la réévaluation pour la présentation des actifs immobilisés qui
fait perdre l’amortissement non comptabilisé ;
Le modèle de la juste valeur pour les immeubles de placement qui fait perdre
l’amortissement non comptabilisé.
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS
Deuxième hypothèse
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS
Conclusion :
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS, A. YAICH
Mode et durée Les plus appropriés pour Les plus appropriés pour Amortissement linéaire
d’amortissement traduire la traduire la selon les taux fixés par
consommation des consommation des arrêté.
avantages économiques avantages économiques
L’amortissement
(non suivie en dégressif est réservé
pratique). aux éléments qui
remplissent certaines
conditions.
Charges reportées Traitement interdit. Activées avec résorption Activation admise avec
selon le rythme de résorption en une ou
consommation des trois ans.
avantages.
(niveau d’usage
dépendant des
résultats pour les
charges reportées).
Frais de recherche - Activation des frais de Très proche de l’IAS 38. Mutisme fiscal sur le
développement et coût développement et des régime des frais de
des brevets créés en coûts des brevets créés (peu suivie en développement.
interne en interne si les pratique).
conditions requises sont L’amortissement des
remplies avec brevets n’est déductible
amortissement. que lorsque ledit brevet
tombe dans le domaine
public.
Les frais de
développement peuvent
être portés en charges
déductibles. Si
activation, la déductibilité
de l’amortissement
devrait être admise mais
l’incertitude persiste.
Dixième anniversaire du système comptable des entreprises – Tunis les 28 et 29 avril 2006 – Par Abderraouf YAICH, Expert-comptable 1/7
Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS, A. YAICH
Opérations sur propres L’opération ainsi que les L’opération ainsi que les La doctrine
titres plus ou moins-values plus ou moins-values administrative consacre
sont portées en capitaux sont portées en capitaux la neutralité fiscale au
propres. propres (sauf exception regard des plus ou
marginale). moins-values sur
(suivie en pratique). opérations sur propres
titres.
Correction d’erreurs Capitaux propres. Capitaux propres. Correction symétrique, si
(largement suivie en correction de charges
pratique). déductibles ou de
produits imposables.
Dixième anniversaire du système comptable des entreprises – Tunis les 28 et 29 avril 2006 – Par Abderraouf YAICH, Expert-comptable 2/7
Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS, A. YAICH
Comptabilisation des Admise comme méthode Obligatoire si les actifs Pratique tolérée mais
charges financières alternative. sont qualifiants et les l’incertitude persiste.
dans le coût des conditions réunies.
immobilisations et (largement suivie en
stocks pratique).
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS, A. YAICH
Fonds commercial Non amortissable mais Amortissable sur 20 ans Amortissement non
acquis test d’impairment (peu pratiqué). déductible.
annuel.
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS, A. YAICH
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS, A. YAICH
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Les règles fiscales et la convergence vers les IFRS, A. YAICH
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