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PREMIERE PARTIE : LOGIQUE

PREMIER CHAPITRE : GENERALITES SUR LA LOGIQUE

I.1. Définition

Toutes les tentatives de définition de l’homme exaltent la grandeur de raison. Celle-ci


est une faculté multifonctionnelle qui permet à l’homme de contourner des difficultés concrètes
et de résoudre des problèmes pratique, de s’organiser (individuellement et socialement),
d’appréhender les lois fonctionnelles du réel, d’accroître sa connaissance, de créer la culture et
de percer les mystères de la vie.

Qui dit raison, évoque le déploiement du Logos et donc de l’Esprit, à travers la pensée
réfléchie, l’entendement bien mené, le bon sens, la réflexion rigoureuse et cohérente, la
conscience méthodiquement guidée. Il dit donc l’exercice de la logique et le fonctionnement
optimal de la raison : le pouvoir et capacité de juger validement, de raisonner correctement.

L’homme a donc intérêt à conduire correctement sa raison, à réfléchir de manière


constante, à juger avec pertinence, à décider de manière judicieuse, à éviter l’égarement.

Notons que la logique est la seule science dont le nom renvoie directement à la raison.
Ce terme logique tire sa source du grec ‘’logos’’ signifiant la raison, et désigne une parole
sensée, un discours cohérent, compréhensible par tous et universellement valable. C’est
pourquoi on peut parler d’un homme logique, c’est-à-dire un homme qui n’entre pas en
contradiction avec ses discours, qui respecte les lois…1

En logique, la raison est donc une faculté spécifiquement humaine qui nous apprend les
lois de la pensée correcte et cohérente. Ainsi, dans le champ de la pensée, notre réflexion et nos
idées ne tiennent debout que si leurs contenus, leurs fonds sont cohérents et valides. En d’autres
termes, pour que notre pensée soit correcte, elle doit être soumise aux lois internes que nous
sommes obligés de suivre. Ces lois ne sont fournies que par la raison.

Partant de cela, la logique est alors la science qui s’occupe des conditions auxquelles la
raison doit obéir pour opérer avec ordre, cohérence et sans erreur dans la recherche et la
démonstration de la vérité. Cette définition se recoupe avec celles que donnent les auteurs ci-
après :

1
A. YELE-YELE, De la déraison à la raison, p. 9
- Aristote : la logique est la science du raisonnement ; c’est l’organon, c’est-à-dire
l’instrument qui doit guider la pensée à la découverte de la vérité.
- Arnauld : la logique est l’art de penser : la logique n’est pas seulement une science,
mais elle est aussi un art, c’est-à-dire une habilité, une technique de bien raisonner ;
- Dirven : la logique est l’étude de la cohérence et la validité des raisonnements. Le
raisonnement est cohérent si les propositions sont connectées rigoureusement ;
- Enfin Mayani : la logique est la connaissance des lois de la raison. C’est ainsi que
pour que la raison opère correctement, elle doit obéir à certaines lois comme le
principe d’identité, le principe de compréhension, d’extension, de contradiction, etc.
I.2. Objet de la logique

Avant de dire ce qu’est l’objet de la logique, faisons remarquer que toute discipline
dispose de deux sortes d’objet :

- Objet matériel : c’est ce que traite une discipline ; une science ; c’est ce sur quoi elle
porte son attention ;
- Objet formel : c’est l’aspect sous lequel une science aborde son objet matériel ; c’est
grâce à son objet formel qu’une science est spécifiée.
En nous basant sur la définition de la raison comme faculté spécifiquement humaine qui
nous apprend les lois de la pensée correcte et cohérente, nous pouvons constater cette dernière
est son objet matériel. C’est-à-dire partant des présupposés logiques, il appert que l’objet
matériel de la logique est la raison. Signalons ici que la raison est prise au sens de l’intelligence,
pensée ou esprit. Compte tenu de l’abstraction de la raison, l’objet formel de la logique est le
raisonnement. Car, le raisonnement est la manifestation extérieure de la raison. Ainsi, le but de
la logique est donc de nous aider à bien raisonner.

I.3. Sortes de logiques

Il importe de ressortir le distinguo entre les deux tendances de la logique qui


correspondent ainsi à ses deux orientations principales. Ces orientations constituent aussi les
deux moments importants du développement de la science à savoir la logique ancienne ou
aristotélicienne et la logique moderne.
a. Logique ancienne
Elle est issue d’Aristote. Elle se caractérise principalement par la teneur philosophique,
la recherche de sens métaphysique d’une part et elle se conçoit comme étant une science
normative d’autre part. Elle fait aussi usage de langage naturel. C’est elle qui constitue l’objet
de ce cours.

b. Logique moderne
Elle fait recours au langage symbolique et rejette le caractère normatif. Elle a tendance
à se constituer en discipline strictement scientifique.

I.4. Division

Partons de raisonnements ci-après :

1. Si les léopards sont des carnivores (V)


Et quelques animaux sont léopards (V)
Alors les léopards sont des carnivores (V)
2. Si le triangle a quatre angles (F)
Et si le triangle est un carré (F)
Alors certains carrés ont quatre angles (V)
Que constatons-nous ?

Nous constatons que quand on démontre la vérité, on peut la rater de deux :

- Soit on raisonne mal sur les données justes ;


- Soit on raisonne bien sur des données fausses ;
Deux sortes de lois s’imposent alors pour réussir :

- Les premières concernent l’accord de l’accord de la pensée avec son objet ;


- Les secondes se rapportent à l’accord de la pensée avec elle-même.
De là, nous retenons que les premières lois visent la matière de la pensée, c’est-à-dire
les données ou les propositions avec lesquelles on raisonne et qui rendent la pensée valable et
elles sont vraies.

Les secondes par contre mettent en évidence la forme de la pensée, c’est-à-dire


l’agencement des propositions. Ainsi, c’est donc en raison de la forme que le raisonnement est
dit correct ou valide ; c’est en raison de la matière qu’il est dit vrai ou faux.
Ceci étant posé, on a l’habitude de diviser la logique classique en deux parties
notamment la logique formelle et la logique matérielle.

a. Logique formelle
Elle considère la cohérence de la pensée, abstraction faite ici de son rapport avec la
vérité. A ce niveau, l’essentiel est que la raison soit en accord avec ses lois internes et qu’elle
ne se contredise pas.

Exemple : tous les hommes sont doux


Or Kakule est homme
Donc Kakule est doux
b. Logique matérielle
Elle s’occupe de la valeur des affirmations, c’est-à-dire leur vérité ou leur fausseté. Ici,
on recourt aux sciences particulières. Notons que de nos jours l’expression logique matérielle
est révolue ; on préfère utiliser méthodologie des sciences, épistémologie ou philosophie des
sciences.

I.5. Nécessité de la logique

Aujourd’hui, la nécessité de la logique est indéniable. Il faut signaler que sans la logique
aucun raisonnement ne tiendrait debout. La logique est très importante pour toute discipline,
car, en tant que science des lois du raisonnement, elle est justement la discipline qui encadre la
raison dans le processus d’acquisition de la connaissance.

La logique est justement la discipline qui a pour objet d’assurer l’encadrement et la


police de la raison. Elle est la science qui détermine les règles garantissant la validité des
opérations mentales que l’homme déploie à travers l’exercice de la raison, dans le processus
d’acquisition de la connaissance et de prise de décision.

I.6. Causes des erreurs dans le raisonnement

Considérée comme le contraire de la vérité, l’erreur est saisie, selon les scolastiques,
comme l’inadéquation de l’intelligence ou de la raison avec son objet. Il est à constater que
lorsque l’esprit humain opère, il néglige souvent ce qu’il pense pour faire aisément, pour courir
plus vite vers les objets nouveaux et plus relevés. Or l’effet d’admettre les expériences mal
comprises et de courir vite à la découverte des faits nouveaux au détriment de ce qu’on peut
découvrir facilement est dénommé ‘’précipitation’’. C’est l’une des causes majeures des erreurs
dans le raisonnement.

Aussi, le fait de porter des jugements à la légère, sans fondement et le fait d’avoir des
idées préconçues est qualifié de ‘’prévention’’. Constatons qu’il existe deux principales causes
d’erreurs dans le raisonnement, à savoir la précipitation et la prévention ou la présomption.

A cette liste, il convient d’ajouter :

- Les abus des a priori : le fait d’admettre comme vérité ce qui devrait d’abord être
vérifié a posteriori ;
- Les fausses observations des faits ;
- Les vices de logique : si l’on commet ces vices sans intentions de mentir, on les
baptise de paralogismes. Mais si l’on fait avec intention de tromper, on les nomme
sophismes ;
- Les pétitions de principe : il s’agit ici de donner comme preuve ce qui devrait être
démontré ou prouvé ;
- Le cercle vicieux : c’est une sorte de pétition de principe. Il y a cercle vicieux, quand
il s’agit de démontrer une chose à partir d’une autre qu’on connait déjà ;
- L’ignorance de la question : c’est lorsqu’on déplace la discussion en démontrant
autre chose que ce qui devrait être mis en question.

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