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Licence Professionnelle
Conduite de projets territoriaux durables
Année 2013-2014
AIX MARSEILLE UNIVERSITÉ
INSTITUT UNIVERSITAIRE DE TECHNOLOGIE
Département Carrières Sociales
Licence Professionnelle
Conduite de projets territoriaux durables
Année 2013-2014
Remerciements
Je tiens enfin à remercier tous les membres de la Direction de l'Action Culturelle qui ont
de près ou de loin participé au bon déroulement de mon stage, que ce soit par leur aide ou
leur sympathie.
Pour son aide quant à la rédaction de ce rapport, merci à ma tutrice de stage Mme Hélène
Garnier.
1
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Résumé
Pour marquer ce nouvel élan politique et promouvoir ses futures actions, la ville de
Marseille souhaite financer et s'investir dans la création d'un festival du livre. Faisant écho aux
nombreux enjeux décelés par le Contrat-Territoire-Lecture, ce nouveau projet culturel est issu
de la recherche d'un concept singulier qui réenchanterait le livre, pour capter un public qui en
est éloigné.
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Abstract
The results of public reading in Marseille is critical: it’s a cultural area that suffers from a poor
network, limited equipments and low attendance. Marseille has been the 2013 European
Capital of Culture. This operation allowed a cultural momentum whose public reading didn’t
benefit from. Therefore, the atractiveness of reading must be developed.
A recent contract involving both the city and the state has been signed in order to boost public
reading by placing book, writing and image culture in the foreground of the cultural life in
Marseille.
To point out this new policy and to promote its future actions, the city of Marseille whishes to
invest in a new book festival. Indeed, this action is in coherence with the many issues
identified by the territory reading contract which the primary purpose is to capture the
public attention.
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SOMMAIRE
Introduction …............................................................................................................................................ 11
7
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Tables des sigles et des abréviations :
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Introduction
Cette politique se traduit notamment par la mise en œuvre du dispositif des Contrats
territoire-lecture (CTL), dont l'objectif est d'instaurer des conventionnements pluriannuels
entre l’État, les collectivités territoriales et les acteurs associatifs pour le développement de la
lecture publique. Les CTL favorisent ainsi l'émergence de synergies locales entre acteurs des
politiques culturelles, éducatives et sociales, en faveur du développement de la lecture, en
particulier dans les territoires les plus déficitaires ou sensibles.
Afin de remplir cette mission, la ville de Marseille, en janvier 2013, a répondu positivement à
la proposition de l’État et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles et a voté le 7
octobre 2013 la mise en place d'un CTL « marseillais ». L'attention de la ville de Marseille vise
prioritairement le développement des publics. Les publics jeunes sont particulièrement
concernés, dans le cadre du développement du goût de la lecture, de la formation du citoyen et
de la prévention et la lutte contre l'illettrisme. Cette attention se porte aussi sur les publics
dits empêchés, c’est-à-dire les personnes hospitalisées, handicapées ou détenues en leur
permettant d’accéder, sous une forme appropriée, aux œuvres et aux livres.
A partir d'un travail de recherche sur les différents festivals littéraires français et
internationaux, ma mission a consisté à réaliser un benchmarking permettant d'analyser
l'offre existante et d'établir de nouvelles perspectives de développement. Ce rapport tentera
donc d'apporter des éléments de réponse à la problématique énoncée. La réflexion débutera
par une présentation générale de la mission, son contexte, son opportunité ainsi que la
méthodologie adoptée. Dans un deuxième temps, seront exposés les différents résultats ainsi
que les réflexions qui y sont liées.
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1. Une mission de stage au cœur d'un nouvel élan politique
La direction centrale
- Musique.
- Arts visuels.
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• Les Archives municipales.
• Le réseau des sept bibliothèques municipales (avec à leur tête l’Alcazar, bibliothèque
du centre-ville.)
• L’Odéon.
• L’Opéra.
2. Le subventionnement aux acteurs culturels qui reçoivent ainsi ce qu’on appelle les
subventions-libéralités. Ces subventions sont attribuées aux différentes associations pour leur
fonctionnement ou pour l’aide à la création de projets.
3. La délégation de service public qui confie la gestion d’une structure à un délégataire. Quatre
structures sont ainsi concernées : la Cité de la Musique, l’Affranchi (salle de musique), le Silo
(salle de spectacle), le Château de la Buzine et anciennement le Mémorial de la Marseillaise
qui vient de repasser en régie directe sous la tutelle du Musée d’Histoire de Marseille.
14
est alors nécessaire de rédiger une convention qui fixe les objectifs à atteindre.
15
grands projets culturels menés par la ville. A ce titre, la conseillère livre-lecture, cinéma-
audiovisuel et arts et traditions populaires, qui a été mon maître de stage durant ces douze
semaines, intervient sur la mise en œuvre d'une politique d'aide financière aux associations
exclusivement, en fonctionnement, en aide au projet et en investissement. La DAC consacre un
budget annuel de 120 000 pour les arts et tradition populaire, 900 000 euros environ pour le
cinéma (dont 830 000 euros pour l'aide au fonctionnement et 70 000 euros pour l'aide au
projets) et 680 000 pour le livre (dont 615 000 euros pour l'aide au fonctionnement et 65 000
euros pour l'aide au projets). Dans ce cadre, elle reçoit les porteurs des projets entre une à
cinq fois par an, permet de créer des passerelles avec les autres projets associatifs, les
structures culturelles de la ville et les autres services de la ville (Musées, bibliothèques…),
travaille les projets à long terme, sur des objectifs évaluables, confronte l'instruction de la ville
avec celles des autres collectivités locales, évalue le bon montant de subvention, accompagne
les projets financés dans leur phase de réalisation.
Dans la cadre de ma mission de stage, j'ai moi-même pris part à la bonne évaluation des
subventions, en créant des tableaux excel (annexe 1) qui permettent de regrouper par secteur
toutes les demandes en financement d'action et en fonctionnement. Pour permettre à la
conseillère culturelle d'avoir une vision plus précise des structures en difficulté financière, j'ai
constitué un tableau de ratios comptables (annexe 2) permettant de calculer pour chaque
association subventionnée la couverture de l'actif immobilisé, l'indépendance financière, les
fonds associatifs en jours de produits d'exploitation, la part d'autofinancement de chaque
structure et la part de la masse salariale dans le total des charges d'exploitation. Grâce à ces
calculs, la situation comptable et la viabilité de chaque association apparaissent précisément,
pour ainsi orienter les financements accordés par la DAC vers des projets culturels et non le
comblement d'un déficit.
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l'ensemble du territoire.Dans le paysage décentralisé de la lecture publique, l'action du
ministère n'est efficace que si la réflexion est menée en partenariat avec les acteurs du secteur,
en premier lieu les collectivités territoriales, les professionnels des bibliothèques, mais
également les acteurs associatifs. Dans ce domaine, l'État ne peut pas agir seul, d'où ces 14
propositions ouvertes à l'ensemble des partenaires. Il s'agit de contribuer en commun au
développement des pratiques de lecture, modernes et traditionnelles, en adaptant les outils et
les services, notamment ceux offerts par le réseau de 16 000 lieux de lecture, et d'augmenter
sa fréquentation.
Ce Contrat s’adresse à toutes les tranches d’âge de la population résidant sur le territoire. Il
cible toutefois plus prioritairement le public jeune, les familles ainsi que les publics dits
« empêchés »1 ou éloignés2 de la lecture.
Il devra s’appuyer sur une étude fine du réseau de lecture publique afin de dégager les futurs
axes des plans d’actions annuels. Les données statistiques fournies par l’INSEE et
l’Observatoire de la Lecture Publique permettent de dresser le constat qu'au regard des
indicateurs socio-économiques et socio-culturels, le réseau de lecture publique demande à
être optimisé.
1
Personnes privées des services offerts par une bibliothèque du fait d’un handicap (mobilité réduite, cécité, etc.) ou d’une impossibilité à se
déplacer (personnes hospitalisées, incarcérées, etc.).
2
Toute personne qui, par son histoire, son niveau de vie, sa mobilité ou sa situation familiale se trouve éloignée de l'offre culturelle
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Afin d'établir au mieux ce contrat, un diagnostic partagé et un schéma directeur sur quinze
ans sont actuellement en cours de réalisation. Un marché à procédure adapté (MAPA) a été
ouvert par la ville, pour trouver un prestataire capable d'assister la maîtrise d'ouvrage pour la
mise en œuvre du CTL. Dans ce contexte, j'ai participé au choix du prestataires. J'ai étudié les
deux offres reçues et assisté aux auditions, pour proposé un tableau comparatif des postulants
(annexe 3). Le prestataire choisi parmi les deux offres proposées est l'agence ABCD, un bureau
d'étude parisien spécialisé en lecture publique.
- Dans un premier temps, il s'agit d'établir un diagnostic partagé dans le contexte métropolitain
Le prestataire doit développer une démarche de diagnostic partagé : processus de travail
participatif demandant un investissement et une adhésion des équipes concernées. La
question du diagnostic partagé nécessite une réflexion commune, une adhésion des équipes et
partenaires dans un objectif minimum commun par : une séance collective de définition des
attentes, des entretiens, des ateliers de travail thématiques et un débat public de restitution.
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Le périmètre du diagnostic partagé comprend :
• Les services de la Ville directement ou indirectement concernés : La Direction de
l'Action Culturelle, la Direction des Bibliothèques, la Direction de l'Action Sociale et la
Solidarité, la Direction de l’Éducation, la Direction de l'Attractivité Économique.
• Les acteurs de la lecture publique
• Les opérateurs associatifs
• Les opérateurs privés impliqués sur cette question.
Le diagnostic a pour objectif d 'évaluer par une analyse comparative l'offre existante sur le
territoire en terme de lecture publique, et de propositions d'actions pour renforcer l'impact de
la lecture et de l'écriture.
• Une cartographie des lieux existants de lecture publique et d'autres lieux référents à la
question du livre et de la lecture.
• L’Analyse de données chiffrées et des documents fournis en partie par la Ville, l’ARL,
l’Arcade, l'AGAM, l’Éducation nationale, par les services compétents du Conseil Général
des Bouches du Rhône ainsi que des documents extraits des bases de données
nationales, en particulier l’observatoire de la lecture publique ; ainsi que de tous autres
services qui permettraient d'enrichir les données
- Dans un second temps, sur la base du diagnostic partagé, il est demandé aux bureau d'étude de
construire un schéma directeur sur 15 ans pour la ville de Marseille
Sur la base du diagnostic partagé, le prestataire doit présenter une proposition de plan
stratégique qui sera soumis au comité de pilotage pour le valider. Ce plan stratégique doit
tenir compte des priorités fixées par l’État notamment en faveur de la jeunesse et des
quartiers prioritaires.
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Les principaux axes de travail du CTL sont les suivants :
• le réseau des bibliothèques (municipales, scolaires, associatives..) : diagnostic des
équipements, forces et faiblesses, des collections, des personnels, de l'action culturelle
l'importance du réseau et la question de son élargissement
• l'élargissement des publics : le public jeune, les familles ainsi que les publics dits
« empêchés » ou éloignés de la lecture.
• la lutte contre l'illettrisme,
• les actions culturelles autour du livre : la place du réseau des bibliothèques dans les
programmations des acteurs du livre marseillais, l'accompagnement des
manifestations littéraires en cohérence avec l'environnement métropolitain et
régionale, la consolidation d'une politique d'aide à l'écriture et de résidences
d'auteurs,
• les nouveaux usages culturels numériques : mise en place d'une stratégie à partir du
réseau des bibliothèques,
la chaîne du livre : mise en place d'un accompagnement : aide à l'écriture, aide à
l'édition et animations du réseau des libraires.
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L'ensemble des bibliothèques de la ville de
Marseille totalise une superficie de 28000 m2.
Par rapport à la moyenne des villes françaises
de plus de 100000 habitants, la Ville de
Marseille présente un déficit en termes de
surfaces de médiathèque d'environ 9400 m2.
Au-delà de ce point de vue quantitatif,
Marseille est aujourd'hui face à un
déséquilibre entre bibliothèque centrale
conséquente et un réseau de proximité qui
semble insuffisant, en particulier dans les
quartier Nord et Est de Marseille.
En terme d'impact, la fréquentation est estimée à plus de 1 000 000 de personnes à l’année et
représente 75 000 inscrits actifs en 2012, soit 8,5 % de la population marseillaise la moyenne
nationale étant de 18% et celle de 5 grandes métropoles françaises de 13 % (le taux de
fréquentation des bibliothèques à Paris est de 14,8% et de 17,6 % à Lyon). Ces usagers actifs
empruntent à l’année 21 documents (total de 1 700 000 prêts annuels dont 50 000
réservations).
Cependant l'impact de la lecture publique à Marseille ne peut être mesuré uniquement d'après
les résultats du réseau des bibliothèques municipales, toutefois il est possible d'affirmer que
la Ville de Marseille doit aujourd'hui adapter ses réponses à des besoins et attentes qui se sont
21
multipliés. La Ville de Marseille doit également anticiper les pratiques de demain, l'évolution
des usages et services en étant aussi réactive et prospective par rapport aux mutations que
connaît l'offre documentaire et ce, en ne perdant pas l'une de ses missions premières qui est
de favoriser l'accès à tous à la culture et aux services de lecture publique.
L'offre culturelle proposée, toute au long de cette année 2013, est particulièrement importante
avec 1895 festivals et événements et plus de 400 expositions.
En 2013, la Ville de Marseille a également inauguré de nouveaux sites pour renouveler son
offre muséale: Le Musée Cantini, le Musée Regards de Provence, le FRAC (Fonds Régional d'Art
Contemporain), le MuCEM, le Musée des Beaux-Arts, le Musée des Arts décoratifs de la Faïence
et de la Mode (Musée Borély) et le Musée d'Histoire Naturelle et le Musée d'Histoire.
Ce bilan montre que Marseille-Provence 2013 fut une opération positive, mais le livre et la
lecture ont été peu représentés au sein de cette programmation dense. En effet, seuls quatre
temps forts littéraires ont été répertoriés (« Les écritures du réel », « Les écrivains en
Provence », « La fabrique des traducteurs » et le festival « Les littorales »). Les lectures ont été
également peu nombreuses (quatre au total : Homère, Rimbaud, Marseille manuscrite et
Lecture sous les arbres), si l'on compare avec la totalité des événements organisés, tous
champs artistiques confondus.
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A la différence des arts vivants et visuels, la littérature et plus généralement le livre
sont peu représentés. Les équipements restaurés ou créés lors de cette opération n'aborde pas
ce domaine culturel et ont faiblement participé au développement de la lecture publique sur
Marseille, aucune bibliothèque n'a été mise à l'honneur, les associations du livre ont été peu
impliquées dans la programmation d'événements et aucun lieu n'a été créé ou dédié au livre
lors de Marseille-Provence 2013.
Ces festivals peuvent être qualifié de micro-festivals, puisqu’ils n'ont pas de fort rayonnement
sur territoire et leur fréquentation est faible. Ce manque d'impact sur le territoire marseillais
et sa population, peut être expliqué d'une part par leur nombre important, certes ces festivals
ont tous leur spécificité mais ils abordent le même champ culturel. De plus, au sein des acteurs
associatifs organisateurs de ces festivals, on constate peu d'échange et de mutualisation des
moyens (humain, matériels..etc.), qui leur permettrait pourtant d'élargir leur public et de
développer plus facilement leur projet. D'autre part, bon nombre de ces festivals abordent un
champ très spécifique de la littérature ou du livre (par exemple : la semaine de la pop-
philosophie). Plus le champ culturel visé est fin, plus les moyen mis en œuvre pour sa
réalisation doivent être important pour toucher un grand nombre de visiteurs. Ensuite,
certains de ces festivals visent un public très spécifique ce qui limite leur fréquentation
(exemple : le festival Laterna Magica qui a choisi d'organiser un festival littéraire pour
enfants). Enfin, la majorité des treize festivals présentés ci-dessus ne mixent pas les
disciplines artistiques, un festival littéraire moderne se doit aujourd'hui d'aborder le livre avec
transversalité en invitant des artistes de tout bord (comédiens, musiciens, danseurs...etc.) ou
en mélangeant rencontres et lectures avec des projections cinématographiques par exemple.
Ce mélange des disciplines permet de promouvoir le livre de façon plus contemporaine en
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s'éloignant des programmations traditionnelles des grands festivals du livre, et permet de
toucher un public plus large qui n'aurait pas forcément été atiré par la programmation
purement littéraire des festivals.
Dans cette démarche, j'ai créé un tableau (annexe 4) regroupant tous les festivals du livre et de
la littérature sur Marseille en intégrant également les dates des festivals littéraires importants
en PACA et en France. Dans ce tableau, chaque festival dispose d'un petit descriptif permettant
de connaître le lieu, l'association qui l'organise et le type d'actions organisées. Le site internet
de chaque association est accessible au moyen d'un lien hypertexte. Ce tableau est utilisé lors
des différentes réunions de la DAC et il a été également transmis à tous les acteurs des
festivals littéraires pour qu'ils aient une meilleure connaissance de leur réseau et des actions
organisées.
24
1.3 Méthodologie adoptée : Le Benchmarking
Le concept d'évaluation comparative fut formalisé en 1989 par Robert Camp. La définition3
énoncée par Robert Camp est la suivante : "Le benchmarking est la recherche des méthodes
les plus performantes pour une activité donnée, permettant de s'assurer une supériorité". En
d'autres termes, le benchmarking se définit comme une démarche de comparaison d'un
processus avec les structures associatives et / ou organisatrices reconnues comme les
meilleures dans ce domaine.
Le benchmarking ou projet d'évaluation comparative, est un processus de fixation d'objectifs,
mais il est aussi le moyen de découvrir les méthodes permettant d'atteindre un niveau de
performance supérieur. C'est certainement là son intérêt fondamental.
Démarche méthodologique
Pour réaliser un benchmarking, cinq phases sont nécessaires :
• La mesure de la performance interne : Phase durant laquelle la DAC évalue son propre
processus et détermine les indicateurs d’évaluation employés pour la comparer au
« concurrents », ce qui permet de mettre en avant les forces et les faiblesses du festival
3
Tiré de Camp Robert C., (1992) Le Benchmarking Pour atteindre l'excellence et dépasser vos concurrents, Paris, Les deditions d'organisation,
230p.
25
à étudier et à suggérer des améliorations.
• Le pré-benchmarking : Il permet d'identifier les « concurrents » maîtrisant le mieux les
processus à analyser. Pour le benchmarking que j'ai réalisé, mon maître de stage et le
DAC se sont basés sur la renommée, la fréquentation et les concepts novateurs des
festivals « concurrents », l'analyse comparative se base donc sur onze festivals
nationaux et internationaux particulièrement rayonnants.
• Le benchmarking ou collecte de données : Il s'agit de collecter les données sur les
différents benchmarkés (je me suis principalement basée sur le site internet de chaque
festival qu'il m'a été demandé d'étudier).
• Le post-benchmarking : Phase consistant à adapter, dans sa propre structure, les
« bonnes pratiques » qui ont été analysées et retenues pour leur pertinence. Pour ce
faire, il est primordial de capitaliser les connaissances récoltées dans une base de
données.
• Observations et ajustements : Phase destinée à estimer les progrès réalisés et à ajuster
les plans d'actions.
Dans le cadre de ma mission à la DAC, il m'a été demandé de travailler sur les trois
premières phases du benchmarking. Mon travail, consistait à analyser le festival « Les
Littorales », festival majoritairement subventionné par la ville de Marseille, sur lequel elle a un
droit de regard. Ensuite, il m'a été demandé d'identifier les festivals les plus pertinents pour
l'analyse, soit en termes d'impacts, soit par leur situation géographique proche de celle de la
Ville de Marseille, soit pour leurs concepts novateurs ou encore pour leur fréquentation
importante.
Ma mission ne concerne pas la phase de post-benchmarking et la phase d'observation des
résultats, j'apporte tout de même mon analyse personnelle du travail réalisé dans la deuxième
partie de ce rapport.
Pour réaliser ce benchmarking, l'étude que j'ai entreprise s'est tout d'abord orientée
vers l'analyse du festival Les Littorales. Le plus ancien festival littéraire de Marseille, le plus
connu des habitants puisque pendant 18 ans l’association « Libraires à Marseille » a organisé,
Lire en Fête au Parc Chanot. Depuis 2008 la manifestation s'est installée sur le Cours
26
d’Estienne d’Orves, le festival est devenu Les Littorales et a amorcé plusieurs changements
afin d'affirmer la présence d’un festival de littérature, complémentaire aux programmations
d’autres acteurs culturels.
Mais malgré ces changements, le festival n'arrive pas suffisamment à se développer pour être
à la hauteur de la deuxième ville de France, et ne touche qu'une infime partie de la population
marseillaise. Dans le cadre de ce benchmarking, je me suis donc penchée sur la fréquentation,
la programmation, les moyens financiers, la communication, l'emplacement, les invités... etc.
J'ai établi un SWOT (Strengths (forces), Weaknesses (faiblesses), Opportunities
(opportunités), Threats (menaces)), afin de rendre compte des forces et des faiblesses de ce
festival. Pour réaliser ce SWOT, je me suis appuyée sur un important dossier créé par la
conseillère culturelle livre-lecture (réunissant bilan et compte de résultats, fréquentation
réelle, compte-rendu d'assemblée générale..etc.) me permettant d'accéder à toutes les
informations non-communiquées sur le site internet de l'association « Libraires à Marseille »
puisque le festival n'a aucun site internet dédié. Pour évaluer la performance et l'impact sur le
territoire du festival « Les Littorales », j'ai également analysé le programme de l'année 2013,
afin d'avoir une vision plus claire de l'environnement, du contenu et des activités proposées
lors de ces trois jours de festival.
Dans un second temps, j'ai réalisé le pré-benchmarking. Afin d’identifier les festivals à
« benchmarker », j'ai regroupé dans un premier temps les festivals les plus renommés. Ensuite
je me suis penchée ensuite, avec l'aide de la conseillère culturelle livre-lecture et le directeur
de l'action culturelle, sur les festivals les plus novateurs en termes de contenu, d'implantation
géographique ou encore pour l'association de plusieurs champs culturels au sein de leur
programmation. J'ai également recherché les festivals les plus actifs de la région PACA en me
basant sur le site de l'Agence Régionale du Livre. Enfin, il m'a été demandé de rechercher des
festivals littéraires internationaux de grande ampleur - pour simplifier ma tâche et éviter les
nombreuses traductions, j'ai cherché des festivals littéraires francophones ayant un
rayonnement international. En accord avec ma maître de stage et le directeur de l'Action
Culturelle, j'ai établi une liste de onze festivals à analyser :
• Le Festival Terre de paroles
• Les Quais du Polar de Lyon
• La Fête du Livre de Bron
• Le Printemps du Livre de Grenoble
• Le Festival Étonnants Voyageurs
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• Le Festival du Livre de Mouans-Sartoux
• Les Correspondances de Manosque
• Le Marathon des Mots
• Le Goût des Autres
• Le Salon international du Livre de Québec
• La Foire du Livre de Bruxelles
Afin d'évaluer au mieux les forces et les faiblesses du festival Les Littorales, il était
nécessaire d'établir une liste d'indicateurs. Cette liste est le fil conducteur du benchmarking,
elle permet de délimiter l'étude, et c'est en fonction de ces différents indicateurs que j'ai pu
établir un tableau comparatif des douze festivals (le festival Les Littorales et les onze festivals
« benchmarkés ».
28
• Typologie des activités programmées (ainsi que leurs nombre) : Conférences ;
Rencontres ; Lectures ; Activités ciblées enfants ou adolescents...etc.
• Les partenariats : Institutionnels (Les collectivités, le CNL, la Sofia...etc.) ; les
partenaires médias ; les partenaires privés.
• Le budget du festival et son financement (information particulièrement difficile à
collecter : seuls cinq festivals sont renseignés)
L'étude de chaque festival s'est organisé autour de ces indicateurs, ils permettent de rendre
compte de la fréquentation (la typologie des publics), de l'environnement (le(s) lieu(x)), du
rayonnement national et international (le nombre total d'invités ; le nombre total d'invités
étrangers ; la brève liste des invités les plus renommés ; les partenaires médias...), du degré
d’investissement des collectivités dans l'organisation (le budget du festival et son
financement et lieu d'organisation) et des démarches mises en œuvre en terme d'accessibilité
à tous les publics (nombre de visiteurs scolaires ; gratuité ou non ; transports et accès).
Pour assurer un rendu optimal du benchmarking, chaque étude de festival est accompagnée
d'un bref descriptif, de la structure organisatrice, de l'historique du festival et des concepts
principaux et novateurs. Ce descriptif permet d'analyser chaque festival dans sa globalité, en
tenant compte de son environnement, il est important de ne pas reproduire l'organisation
d'un « benchmarké » sans l'adapter au contexte de sa propre organisation.
Après avoir établi une fiche descriptive pour chaque festival en fonction des indicateurs, il
était nécessaire d'avoir une vision d'ensemble du benchmarking. Ainsi, j'ai procédé à la
réalisation d'un tableau excel comparatif, répertoriant sur un seul et même document tous les
festivals et tous les indicateurs. Ce tableau permet de se repérer plus facilement et d'établir
rapidement une comparaison.
29
2. Un travail de réflexion, d'analyse, de comparaison
Ces deux ministres des gouvernements, très différents, ont tous les deux travaillé sur cette
question : « rendre accessible au plus grand nombre les œuvres capitales de l'humanité et
d'abord de la France ». La vision de Malraux repose sur l’accès de tous à l’art classique et
« l'élitaire pour tous » afin de placer les français au contact direct des œuvres de l’art dans le
but de créer un véritable choc culturel. En 1981 Jack Lang récemment devenu ministre de la
culture aborde la reconnaissance de la diversité et l’égale dignité de tous les arts, en
particulier l’art contemporain et populaire. Il introduit la notion de médiation dans le paysage
culturel français. Le choc culturel attendu par André Malraux n'ayant pas eu l'impact attendu,
il était primordial d’amorcer une démarche d'éducation artistique dès le plus jeune âge.
La politique culturelle cherche à trouver un équilibre entre ces deux visions afin de reprendre
et d'amplifier les effets de la démocratisation culturelle. Au cours des dernières décennies,
l’analyse du succès et/ou de l’échec de la démocratisation de la culture est devenue un sujet
essentiel. La politique culturelle française s'est orienté vers un renforcement de la
démocratisation culturelle et artistique : l'éducation artistique en milieu scolaire, l'attention
particulière portée sur les médias, l’augmentation du budget culturel de l’État, l’accélération
de la déconcentration des équipements, la création de lieux d'organisation et de création,
l’élargissement du champ d’action, l’abaissement des coûts d’entrée et ceux des biens
culturels pour offrir des tarifs attractifs voire la gratuité.
Mais, au vu des statistiques, plus d’un demi-siècle de cette politique n’a pas réussi à réduire les
inégalités sociales en matière de pratiques culturelles, et malgré le développement
considérable des équipements, des événements et de l’offre culturel en France, l’écart est
encore considérable entre les objectifs en faveur de la démocratisation et la réalité des
résultats atteints.
30
médiation et de l'éducation envers tous les types de public en introduisant les notions de
participation citoyenne, de création partagée et donc de co-construction de projets culturels
avec le public. Pour atteindre ces objectifs deux types d'actions sont apparues :
• La sensibilisation des publics peut être faîte par les nouveaux moyens de
communication. La culture doit profiter du développement technologique considérable,
en créant par exemple des applications permettant d'avoir accès à toute l'offre
culturelle en un seul clic.
• Les lieux culturels doivent également s'adapter à tous les publics. Il est impératif
d’accommoder la programmation des lieux en fonction des modes de vie des publics. Il
faut donc travailler pour les changements de mentalité des artistes, pour que des
spectacles soient organisés en marge des horaires habituels ; faire en sorte que des
spectacles soient organisés en marges des horaires habituels (par exemple en matinée
pour les personnes âgées)
31
Dans le processus de création du futur festival littéraire de grande ampleur, souhaité
par la ville de Marseille, il est primordial d'intégrer ces types d'actions. La volonté de la DAC
de sensibiliser la population marseillaise à la lecture et aux livres et de diversifier les publics
ne peut se faire sans l'implication des habitants dans plusieurs phases du projet. Les lieux
d'organisation de ce futur festival devront également être implantés au plus près des publics
éloignés afin de créer une véritable proximité géographique entre le public et l'événement.
Depuis près de vingt ans , le terme de festival s’est répandu, à l’étranger comme en
France, pour désigner les rencontres publiques où les œuvres littéraires sont lues,
commentées et discutées par des spécialistes, auteurs, critiques, éditeurs, traducteurs. Cette
forme de médiatisation de la lecture s’est d’abord développée, en France, dans les genres dits
de paralittérature – c’est-à-dire situés aux marges de l’institution littéraire –, comme la bande
dessinée et le polar, pour lesquels elle a constitué un mode de légitimation.
Habituellement associée aux arts de la performance (théâtre, musique) et aux arts visuels, la
forme du « festival » peut paraître incongrue s’agissant de la lecture, pratique culturelle la plus
solitaire qui soit. Pourtant, les réunions dédiées à la lecture à voix haute et aux discussions sur
la littérature ne constituent pas un phénomène nouveau. Des salons mondains aux académies,
puis aux cercles d’initiés, ces réunions demeuraient cependant confinées à la sphère privée.
Même si les clubs et cercles littéraires ont peu à peu investi l’espace public des cafés, ils
pratiquaient une stricte sélection des membres de leur communauté.
• Sur le plan culturel, ces festivals, liés à l’actualité littéraire, constituent des lieux de
découverte et d’initiation aux œuvres nouvelles ou à des écrits inédits, en présence ou
non de leurs auteurs. L’intermédiaire, commentateur, critique, traducteur, interprète ou
32
autre, joue un rôle plus ou moins important dans ce parcours initiatique, qui peut
devenir central lorsqu’il s’agit par exemple d’un comédien ou d’un chanteur célèbre. Á
ceci s’ajoute, tout comme les formes antérieures de rencontres, une fonction rituelle à
savoir la croyance dans la valeur de la littérature.
• Sur le plan économique, ils sont, pour les éditeurs, des espaces de promotion et de
vente des ouvrages et constituent de plus en plus, une source nouvelle et
complémentaire de rémunération pour les auteurs, dont les interventions sont
rétribuées (en droits d’auteur), dans un souci de professionnalisation du métier
d’écrivain.
• Sur le plan politique, ils sont conçus tantôt, par les pouvoirs publics, comme une forme
de démocratisation et de décentralisation de l’accès à la culture (fonction qui coïncide
dans le cas de Marseille avec les objectifs du CTL), tantôt, par les militants ou
intellectuels engagés, comme des lieux de débat critique sur des questions de société.
Les manifestations littéraires se différencient selon l’accent mis sur l’une ou l’autre de ces
fonctions, même si elles coexistent dans la plupart des cas : tandis que la fonction économique
prévaut dans les salons et foires du livre, et que les fêtes du livre se donnent pour objectif de
promouvoir la lecture tout en soutenant à ce titre l’industrie du livre, les festivals de littérature
se distinguent des précédents par leur « programmation », c’est-à-dire par une proposition
sélective, tantôt centrée sur un thème, un genre (polar, bande dessinée) ou une région du
monde (festival Étonnants Voyageurs), ou en affirmant un goût littéraire parfois exigeant,
comme le festival Les correspondances de Manosque, ainsi que par leur format, le temps
accordé à la discussion et à la lecture en public, le cadre convivial, la dimension festive, qui
donnent son contenu à la notion de « festival ».
Dans le cadre du CTL, la mise en place d'un festival littéraire répond à plusieurs
objectifs. Il permet d'élargir les publics et de les sensibiliser à domaine culturel pour lequel la
majorité des marseillais ne se sentent pas concernés. Dans un second temps, ce festival pourra
dynamiser la chaîne du livre à Marseille, en impliquant tous les acteurs : des libraires aux
éditeurs, des bibliothèques aux associations culturelles...etc. Ensuite, pour répondre aux
objectifs de participation citoyenne et de création partagée, il devra se construire avec les
habitants en les impliquant dès la phase de création, ce type d'action répond à l'objectif de
lutte contre l'illettrisme en allant au devant des publics les plus éloignés. Enfin, ce festival, s'il
se veut rayonnant et moderne, doit utiliser le numérique et les nouveaux moyens de
33
communication, en créant pour sa diffusion de nouveaux moyens de communication
(ex : création d'une application retraçant la programmation du festival et les temps forts jour
par jour) et en utilisant de nouveaux supports de lecture (ex : les tablettes numériques). Au
sein même de la création du festival il faut diversifier les activités proposées, en utilisant
l'espace public et en le transformant pour l'occasion.
1. Le territoire
Marseille est la 5ème ville de France par sa superficie (dont plus de la moitié est sur un
territoire naturel inconstructible), elle est 2,5 fois plus étendue que Paris et 5 fois plus
étendue que Lyon.
34
2. La démographie
Marseille est la deuxième commune de France par sa population avec 850 636
habitants (INSEE 2011), elle compte actuellement 1 039 739 habitants avec l’ensemble de la
communauté urbaine. Marseille est une ville jeune, en effet, un tiers de sa population a moins
de 30 ans. Riche d’une population d’origines diverses, composée au fil des vagues successives
d’immigration, Marseille compte aujourd’hui 12% de population immigrée.
Cette forte densité aux origines diverses et la jeunesse de la population marseillaise sont deux
aspects caractéristiques de la ville de Marseille. Le futur festival du livre de Marseille devra
donc en tenir compte et s'adapter à ces publics, pour pouvoir répondre à la diversité de leurs
attentes.
3. La situation socio-économique
La cité phocéenne est une ville où de très fortes inégalités sont constatées. En effet,
26 % des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté, 51,5 % des ménages sont non-
imposables et le taux de chômage est de 17 % (contre 10,9 % au niveau national). Ces
inégalités sont très marquées géographiquement, d'importantes disparités existent entre le
Nord et le Sud de la ville, à l’intérieur même de chacun des secteurs administratif.
Cette population pauvre est un facteur important dans la faible fréquentation des dispositifs
culturels de la ville. D'après l'INSEE, la hiérarchie des taux de pratique selon les catégories
socio-professionnelles est pratiquement toujours la même, en dépit de différences de niveau.
Les mêmes catégories sont constamment en haut de la hiérarchie et les mêmes en bas. Les
pratiques culturelles semblent très différenciées selon les catégories sociales. Les cadres, les
professions intermédiaires ont des taux de pratique toujours supérieurs à la moyenne, tandis
que les ouvriers et les agriculteurs ont des taux toujours inférieurs. Les chômeurs ne se
distinguent pas nettement de la moyenne de la population. Parmi les inactifs les différences
sont également marquées : les étudiants ont des pratiques culturelles beaucoup plus
fréquentes que les retraités ou les femmes au foyer.
35
Les pratiques culturelles par CSP en France - 2006
à l'âge adulte (plus de 15 ans) ; au moins une fois au cours des douze derniers mois en %
Étudiant, élève 77 91 41 24 55
Retraité 52 26 29 15 22
Inactif ou femme au 53 34 20 9 18
foyer
Ensemble 58 51 33 17 32
Par ces données, il est possible de conclure que les publics les plus éloignés de la culture sont
les personnes appartenant aux catégories socio-professionnelles les plus basses. Pour pouvoir
permettre à tous les types de population de bénéficier de l’amplification de la dynamique
existante autour de la lecture publique à Marseille, il faudra donc aller au devant de ses
publics en difficultés. En mettant en place des actions en cohérence avec les disparités du
territoire, en tenant compte des inégalités d'accès du public marseillais.
36
l'année.
Le festival « Les Littorales » est aujourd'hui remis en cause par son principal partenaire
la ville de Marseille, qui souhaite la création d'un festival du livre original, avec un concept
fort, porteur de projet dynamique et créatif pour assurer un rayonnement national voir
international à la ville.
37
Ensuite la programmation, n'est presque pas renouvelée, le type d'activités proposé est
identique chaque année et organisé sur le même schéma très classique débats-lectures-
rencontres-tables rondes. Peu de croisement avec d'autres secteurs artistiques n'est organisé
par exemple des performances artistiques, ce qui permettrait pourtant de dynamiser le
festival et attirer un autre type de public. Le lieu d'organisation reste lui aussi le même (le
cours d'Estienne d'Orves), jusqu'à sa décoration (des chapiteaux même si depuis 2013, un
magic mirror est utilisé). Ce manque d'originalité ne permet pas au festival de se distinguer
face aux nombreux festivals du livre français. Pour seul changement l'association thématise
chaque édition, mais ces thèmes sont très généraux, de fait ils sont abordés de façon très
imprécise (prenons l'exemple du thème 2013 : l'invention du réel).
Enfin, le festival ne dégage aucun autofinancement : pour les 228 000 euros de dépenses
nécessaires à l'organisation de 2013, l'association reçoit 228 000 euros de
subventionnement : Le Centre National du Livre (20000 euros), la Sofia (50000 euros), le
Conseil Général des Bouches-du-Rhône (6000 euros) et la ville de Marseille (152000 euros).
La pérennisation du festival est ainsi dépendantes des versements des subventions des
collectivités, chaque baisse impacte la qualité de la programmation, de l'organisation et de la
communication.
Un festival, pour diversifier ses publics, doit avoir un panel d'activités très large. Les
activités ne doivent pas se concentrer seulement sur le livre et la littérature. La
programmation des festivals étudiés abordent majoritairement le livre de façon transversale
en incluant d'autres secteur artistiques et culturels. Cette pluridisciplinarité des
programmations permet d'apporter aux festivals littéraires du dynamisme et suscite
également l'attention des festivaliers pour qui la lecture n'est pas un domaine attirant.
Tout d'abord, l'utilisation du cinéma est très courante dans tous les festivals « benchmarkés ».
Les projections cinématographiques sont utilisées comme un outil pour aborder un thème ou
une problématique ou bien pour conclure un débat ou une lecture. Prenons l'exemple du
festival « Étonnants voyageurs » de Saint-Malo qui prévoit dans sa programmation 103
projections cinématographiques, ou encore « Le printemps du Livre » de Grenoble qui
s'associe avec le festival du film gay et lesbien « Vues d'en face » pour proposer quatre
projections en lien avec le thème du festival littéraire.
38
Ensuite, de nombreux « benchmarkés » utilisent également les arts de la performance, plus
spécifiquement le théâtre et la musique, pour ajouter une valeur de partage et de vivre
ensemble à la lecture. Le théâtre est souvent utilisé pour mettre en scène un texte et le rendre
plus vivant. La musique quant à elle, ajoute une nouvelle dimension à une lecture, elle permet
aux spectateurs de ne pas seulement se laisser guider par une voix mais aussi par une mélodie
en accord avec les temps forts d'un texte.
La « Foire aux livres » de Bruxelles, par exemple prévoit cinq représentations théâtrales mais
aussi quatre spectacles joués par des comédiens à destination du public jeune, ou encore le
festival « Quais du Polar » de la ville de Lyon prévoit quant à lui six représentations.
Pour ce qui est de la musique, de nombreuses lectures musicales ou lectures-concert sont
organisées, comme par exemple le festival « Le Marathon des mots » qui organise trois
lectures -concerts et cinq lectures musicales (lecture accompagnée d'un seul musicien).
Le festival « Étonnants Voyageurs » a proposé pour l'édition 2013, un concept mélangeant
musique, lecture et théâtre, en organisant des spectacles slam et lecture, qui permettent aux
festivaliers d'aborder les mots et littérature sous toutes leurs formes.
La « Fête du Livre » de Bron aborde le champ de la musique de façon très originale, au cours
de ses 14 Cafés littéraires, le festival propose une discussion, en présence des auteurs invités,
autour de la « Face B » de l'écriture d'une œuvre, la référence musicale qui constitue la bande
originale de leur nouveau livre. L’occasion d’entendre ces chansons, d’échanger sur les liens
entre littérature et musique, mais aussi sur les nombreuses influences qui accompagnent
l’écriture d’un roman.
Enfin, le cinéma et les arts de la performance ne sont pas les seuls à être représentés dans les
festivals littéraires. Bon nombre de ces festivals complètent leur programmation avec les arts
visuels. Ainsi, de nombreuses expositions sont organisées en parallèle de la programmation
littéraire pour mettre en image les thèmes et problématiques abordés pendant le festival.
Par exemple, « Le Printemps du livre » de Grenoble propose sept expositions tout public et
quatre expositions à destination du public jeune.
La dimension conviviale donne tout son contenu à la notion de « festival ». Les festivals
« benchmarkés » redoublent d'originalité pour donner à leur programmation un côté festif.
Prenons l'exemple du festival « Les Correspondances » de Manosque qui organise pendant ses
cinq jours des apéros littéraires (lecture d'extraits et rencontres, autour d'un verre, avec les
auteurs invités), des Battles Littéraires (durant la Battle de critiques littéraires les participants
doivent défendre leur livre préféré, tout est possible : lecture d’extraits, mise en scène, slam,
39
prose, etc., le tout en 3 minutes) et des siestes littéraires siestes littéraires (pendant 3 jours :
jeudi, vendredi et samedi, avec possibilité pour les participants de s'allonger et de se prélasser
détendre accompagnés de chansons acoustiques et de lectures).
Le festival « Le Goût des autres » dans la ville du Havre ajoute à sa programmation un concert
(édition 2014 : Emir Kusturica), un bal littéraire (playlist rassemblant des titres musicaux
choisis par cinq auteurs, autour de laquelle ils écrivent une fable commune composée de
textes courts qui seront lus tout au long du bal) accompagné de la der des ders (soupe maison
offerte à la fin du bal pour tous les participants).
La cuisine est aussi un moyen d'ajouter de la convivialité à un festival, « La foire du Livre » de
Bruxelles a créé un « Palais gourmand » sur le lieu d'organisation où des chefs de renom font
des démonstrations culinaires et où il est possible de se restaurer. Cinq rencontres autour de
plusieurs livres de cuisine sont également organisées.
Sur le même principe les « Quais du Polar » à Lyon ajoutent deux ateliers de cuisine à ses
nombreuses activités.
La dimension ludique complète la dimension festive, certains des festivals étudiés permettent
à leur spectateurs de se cultiver tout en s'amusant aux moyens d'ateliers et de jeux.
« Le Salon International du Livre » de Québec organise des quiz littéraires et un concours de
dessins pour les enfants. « Les Correspondances » de Manosque met en place un concours de
boîtes aux lettres décorées. Les « Quais du Polar » à Lyon propose aux festivaliers de participer
à une grande enquête dans la ville, enquête qui prend ses quartiers dans le vieux Lyon sur la
presqu’île et propose un passage dans de nombreux lieux culturels ou insolites.
Pour s'adapter aux mutations apportés par le passage au numérique, la majorité de ces
festivals programment des activités en lien avec les nouveaux supports de lecture. « La Foire
aux Livres » de Bruxelles a créé un pôle numérique composé : d'un espace collectif réservé aux
éditeurs numériques et d'un espace de démonstrations et d'échanges. Ce pôle invite les
festivaliers à s'interroger sur la place du livre face à ces mutations.
La dimension internationale des festivals est très importante, la majorité des festivals
étudiés invitent des écrivains étrangers à participer. Dans un esprit d'ouverture sur le monde
et de partage des connaissances, de nombreuses lectures se font en français et dans la langue
d'origine de l'auteur. Le « Marathon des mots » de Toulouse et le « Printemps du livre » de
Grenoble organisent tous deux des lectures bilingues.
40
Plusieurs festivals mettent un espace à disposition pour honorer un pays ou tout simplement
mettre en lumière la diversité culturelle mondiale. C'est le cas du « Salon International du
Livre » de Québec, dans son espace de la diversité, qui invite les auteurs et les lecteurs à
penser le monde à leur manière et à partager leurs perspectives sur de questions actuelles
comme la globalisation, le racisme, l’exclusion,... et constitue une forme de vivre-ensemble En
2014, l’Espace de la diversité accueillait le Sénégal comme pays invité d'honneur. Sur le même
principe, la « Foire du Livre » de Bruxelles dispose d'un pavillon international qui met un pays
à l'honneur chaque année (édition 2014 : le Royaume-Uni) et abrite un café littéraire, une
vaste librairie anglophone et une exposition.
Le festival « Étonnants voyageurs » prône la dimension internationale, au sein des 10 thèmes
de chaque édition plusieurs pays sont à l'honneur et de nombreux invités étrangers (auteurs,
comédiens, musiciens) participent à chaque édition. Le concept le plus fort de ce festival
réside dans le rayonnement de sa manifestation à travers le monde et ses éditions à l’étranger
nourrissent en retour le festival de Saint-Malo, plusieurs éditions du festival ont eu lieu à
Brazzaville (République du Congo), Bamako (Mali), Port-au-Prince (Haïti), Haïfa (Israël),
Rabat (Maroc).
Les modes de partenariat peuvent eux aussi faire partie des concepts novateurs. Par
exemple, le festival « Les Correspondances » en partenariat avec la fondation La Poste a
disposé une centaine d’installations et de lieux insolites (créés par Jean Lautrey, plasticien et
scénographe) qui invitent les participants à l'écriture. Ouverts à tous, le festival offre papier,
stylos, enveloppes et les courriers sont affranchis par Les Correspondances. Le festival « Quais
du Polar » s'associe quant à lui à la SNCF pour créer le concept de polar à bord : surprises,
animations et polars offerts dans tous les trains, TGV et TER à destination du festival.
41
récemment créé au sein de ses services une cellule dédiée à la recherche de mécènes et
partenaires, soutient les organisateurs du festival dans cette démarche.
Cette grande part d’autofinancement et ce détachement partiel des subventions
institutionnelles permet au festival d'acquérir une certaine indépendance et d'assurer lui-
même sa pérennisation. des subventionnement institutionnels permet au festival d'acquérir
une certaine indépendance et d'assurer lui-même sa propre pérennisation.
Plusieurs choix s'offrent alors à la ville, premièrement la DAC pourrait elle-même devenir la
structure organisatrice. Cette proposition est à mon sens peu réalisable au vu du nombre
insuffisant de personnel dans ses différents services.
Deuxièmement, le réseau des bibliothèques pourrait se charger de la création de ce festival,
mais les différentes bibliothèques du territoire sont affaiblies et ont déjà beaucoup du mal à
assurer le service de lecture publique, il est impensable d'ajouter une charge de travail
supplémentaire à ce réseau en difficulté.
La dernière et seule proposition envisageable aujourd’hui, serait de confier l'opération à une
association culturelle dédiée au festival, qui porterait à elle seule le projet, de sa phase de
création à sa phase de diffusion, dont la ville de Marseille serait le principal financeur.
42
2.3.2 Les moyens financiers
Le budget du festival « Les Littorales » est de 228 000 euros, la ville de Marseille alloue
140 000 euros chaque année à l'association en charge de son organisation. La subvention
accordée représente plus de la moitié du budget total. Mais si l'on compare avec les festivals
étudiés dans le « benchmarking », le budget des « Littorales » est insuffisant pour augmenter
sa taille et son impact sur le territoire.
Le budget des « Littorales » se divise en sept grandes dépenses : 50 000 euros pour la
programmation des invités (rémunération), 20 000 euros pour la communication, 60 000
euros pour la technique, 20 000 euros pour l'organisation du partie de la programmation dans
le Palais Bourse, 60 000 euros pour l'organisation, 6000 euros ont été alloués spécialement
pour Marseille-Provence 2013 et 12000 euros pour l'édition des recueils des années 2010,
2011 et 2012.
Même si l'ensemble des dépenses de ces deux « benchmarkés » ne sont pas citées, il est
possible de conclure que la ville de Marseille doit augmenter le budget qu'elle accorde à
l'organisation d'un festival littéraire. Grâce à ce travail de comparaison, il est possible de
démontrer, par exemple, que les dépenses en communication des « Littorales » ne sont pas
suffisantes pour assurer une bonne médiatisation et que le budget alloué à la programmation
43
est très inférieur aux autres festivals. La DAC doit donc réfléchir à un budget prévisionnel qui
nécessite l'étude de tous les futurs moyens à mettre en œuvre pour réaliser ce festival du livre
au concept fort. A titre d'exemple, la ville de Toulouse subventionne le « Marathon des Mots »
à hauteur de 400 000 euros.
Le directeur de l'Action Culturelle estime que l'édition 2013 des « Littorales » a permis
de fédérer différents acteurs de la chaîne du livre, ce qui est important. Pour autant, il déclare :
« Il convient de retravailler l'événement pour élargir le public qui semble t-il est un public déjà
acquis. Il est nécessaire de trouver un concept, en essayant de penser hors des cadres
habituels pour réenchanter le livre, faire rêver et donner envie de venir à un très large public
non-acquis du livre. Il faut certes impliquer tous les acteurs de la chaîne du livre, mais aussi y
faire entrer d'autres disciplines, réfléchir sur les lieux, les dates et penser à une articulation
entre les actions au long cours, tout long de l'année. »4
4
Citation issue de compte rendu de la réunion du 28/11/2013 à la DAC sur le bilan de l'édition 2013 des « Littorales »
44
Cette proposition de festival va plus loin sur le lieu de l’événement. L'espace public de la ville
de Marseille pourraient servir au festival, du Nord au Sud, la ville et son architecture servirait
d'écran pour projeter les textes écrits par la population marseillaise. Cet aspect du projet
utilisant l'espace public est particulièrement intéressant, les personnes qui ont participé à
l'écriture de ces textes accéderont à une certaine reconnaissance et l'idée d'utiliser
l'architecture comme écran, ajoute une dimension artistique originale au festival.
Ces deux aspects du projet proposé par le porteur, sont en totale adéquation avec les enjeux
du territoire marseillais :
• Par l'implication des habitants dans l'écriture de textes, le festival devient outil de
médiation culturelle.
• Par l'implantation dans l'espace public, le festival devient une forme de ré-
appropriation du territoire par les habitants et s'inscrit dans une démarche de
démocratisation culturelle en allant au plus près des publics et de leurs lieux de vie.
45
46
Conclusion
Pour mettre en lumière ces changements et promouvoir ses futures actions, la ville de
Marseille souhaite financer et s'investir dans la création d'un festival « digne de la deuxième
ville de France ». Le festival actuel, trop peu rayonnant et attractif, ne peut tenir ce rôle. Il
convient alors de réfléchir sur un concept innovant permettant d'élargir les publics et de
répondre aux nombreux enjeux du territoire marseillais.
De ce fait, ma mission de stage s'est inscrite en plein cœur de ce nouvel élan.
Le futur festival du livre, dans ce contexte, devient un outil permettant de mettre en place
efficacement les nouvelles volontés de la politique culturelle de Marseille, en organisant des
actions sur tout le territoire, en mixant les domaines culturels et artistiques dans sa
programmation, en utilisant le numérique, en donnant la possibilité aux marseillais de
s'impliquer dans la totalité du projet, en impliquant tous les acteurs du livre et de la lecture et
en offrant également un cadre convivial, une ambiance, une dimension festive, qui donnent
tout son sens à la notion de « festival ».
47
48
Bibliographie
Essais
• Wallach Jean-Claude (2006), La Culture, pour qui ? Essai sur les limites de la
démocratisation culturelle, Toulouse, Éditions de l'attribut, 120 p.
Documents internes
49
Sites internet
• http://www.librairie-paca.com/l-agenda-des-rencontres/les-Littorales-Marseille
• http://www.etonnants-voyageurs.com/
• http://festival-legoutdesautres.fr/
• http://www.lefestivaldulivre.fr/
• http://terres-de-paroles.com/
• http://flb.be/
• http://printempsdulivre.bm-grenoble.fr/
• http://www.silq.ca/
• http://www.quaisdupolar.com/
• http://www.correspondances-manosque.org/
• http://www.fetedulivredebron.com/
• http://www.lemarathondesmots.com/
50
Table des matières
Introduction …............................................................................................................................................ 11
51
Le territoire …...................................................................................................................... 34
La Démographie …............................................................................................................. 35
La situation socio-économique …................................................................................ 35
2.2.2 Lecture critique du festival les Littorales …............................................................. 36
2.2.3 Identification des concepts novateurs des festivals étudiés …........................ 38
Conclusion ….................................................................................................................................... 47
Bibliographie …............................................................................................................................................................ 49
Table des matières ….................................................................................................................................................. 51
Annexes …....................................................................................................................................................................... 54
52
53
ANNEXES
54
55
ANNEXE 2 : Ratios comptables utilisés