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SERVICE DES EXAMENS DE LANGUE FRANÇAISE RÉSERVÉS AUX ÉTUDIANTS ÉTRANGERS

CENTRE DE PARIS-SORBONNE - SESSION 10 et 11 JUIN 2010

D I P L Ô M E S U P ÉR I E U R D’ ÉT U D E S F R A N Ç A I S E S
3ème degré - Paris-Sorbonne C2++

DISSERTATION
Note sur 20 – durée : 4h00

Dans le chapitre de ses Essais critiques (1964) consacré à


Voltaire et intitulé « Le dernier des écrivains heureux », l’écrivain,
essayiste et critique littéraire Roland Barthes écrit : « Nul mieux
que lui [Voltaire] n’a donné au combat de la Raison l’allure d’une
fête ».

Ce jugement vous semble-t-il s’appliquer à votre lecture


de Candide ?

Université Paris-Sorbonne IV – SELFEE – 10 et 11 juin 2010


SERVICE DES EXAMENS DE LANGUE FRANCAISE RÉSERVES AUX ÉTUDIANTS ÉTRANGERS

CENTRE DE PARIS-SORBONNE - SESSION 10 ET 11 JUIN 2010

D I P L Ô M E S U P ÉR I E U R D’ÉT U D E S F R A N Ç A I S E S
3e degré - C2++

Résumé
Note sur 10 - Durée : 2h30

Vous résumerez ce texte au quart de sa longueur (190 mots, tolérance ± 10%), en


indiquant le nombre de mots que vous aurez utilisés.

LA FORCE DE L’ÉCOLE

A des intervalles fixes, un homme, dans une chambre, rassemble autour de lui des
enfants, des adolescents, des jeunes gens, dix, vingt, trente ou davantage ; pendant une
heure ou deux, il parle et ils écoutent. Cependant ils sont très proches les uns des autres, ils
se voient face à face, leurs coudes se touchent, ils se sentent condisciples, du même âge,
occupés de même ; ils sont en société, et de deux façons, entre eux et avec le maître. Par
suite, ils vivent sous un statut : toute société a le sien, spontané ou imposé ; sitôt que des
hommes, petits ou grands, sont plusieurs et ensemble, dans un salon, dans un café, dans la
rue, ils y trouvent la charte de l’endroit, une sorte de code qui leur prescrit ou interdit tel
genre de conduite ; de même à l’école : une règle expresse, jointe à beaucoup de règles
tacites, y est observée, et compose un moule dont l’empreinte s’enfonce à demeure dans les
esprits et dans les âmes. […] Voilà en abrégé l’institution scolaire. De tous les engins
sociaux, elle est peut-être le plus puissant, le plus efficace ; car, sur les jeunes vies qu’elle
enserre et dirige, elle a trois sortes d’influences, l’une par le maître, l’autre par les
condisciples, la dernière par le règlement.

D’une part, le maître, qui passe pour savant, enseigne avec autorité, et les écoliers, qui
se sentent ignorants, apprennent avec confiance ; ainsi, presque tout ce qu’il leur dit, vrai ou
faux, ils le croient. D’autre part, par-delà sa famille et le cercle domestique, l’élève trouve,
dans le groupe de ses camarades, un petit monde nouveau, différent, complet, qui a ses
façons et ses mœurs, son point d’honneur et ses vices, son esprit de corps, en qui
s’ébauchent des jugements indépendants et spontanés, des divinations hasardées et
précoces, des velléités d’opinion à propos de toutes les choses divines et humaines.

…/…
C’est dans ce milieu qu’il commence à penser par lui-même, au contact de ses pareils
et de ses égaux, au contact de leurs idées, bien plus intelligibles et admissibles pour lui que
celles des hommes faits, partant bien plus persuasives, excitantes et contagieuses ; elles
sont l’air ambiant et pénétrant dans lequel sa pensée lève, pousse et se forme ; il y prend sa
façon d’envisager la grande société d’adultes dont il va devenir un membre, ses premières
notions du juste et de l’injuste, par suite une attitude anticipée de respect ou de révolte, bref
un préjugé : selon que l’esprit du groupe est raisonnable ou déraisonnable, ce préjugé est
sain ou malsain, social ou antisocial. Enfin, la discipline de l’école fait son effet : quel que soit
le régime de la maison, libéral ou autoritaire, […] l’élève entre dans un cadre fabriqué
d’avance. Selon les diversités du cadre, il pratique des exercices différents, il contracte des
habitudes différentes, il se développe ou se rabougrit au physique ou au moral, dans un sens
ou dans le sens contraire. Partant, selon que le cadre est bon ou mauvais, il devient plus ou
moins capable ou incapable d’effort corporel ou mental, de réflexion, d’invention, d’initiative,
d’entreprise, de subordination à un but, d’association volontaire et persistante, c’est-à-dire,
en somme, d’un rôle actif et utile sur le théâtre où il va monter. Notez que […] dans
l’enseignement secondaire et même dans l’enseignement supérieur, la roue scolaire tourne
uniformément et sans arrêt dix heures par jour si l’élève est externe, et vingt-quatre heures
par jour si l’élève est interne, qu’à cet âge l’argile humaine est molle, qu’elle n’a pas encore
pris son pli, que nulle forme acquise et résistante ne la défend contre la main du potier,
contre le poids de la roue tournante, contre le frottement des autres morceaux d’argile pétris
avec elle, contre les trois pressions incessantes et prolongées qui composent l’éducation
publique. Manifestement il y a là une force énorme, surtout si les trois pressions, au lieu de
se contrarier, comme il arrive le plus souvent, s’accordent et convergent pour produire un
certain type d’homme fait, si, depuis l’enfance jusqu’à l’adolescence, à la jeunesse et à l’âge
adulte, les préparations successives se superposent de façon à graver plus au fond et plus
exactement le type adopté, si toutes les influences et opérations qui le gravent, prochaines
ou lointaines, grandes ou petites, internes ou externes, forment ensemble un système
cohérent, défini, applicable et appliqué.

HIPPOLYTE TAINE1,
Les Origines de la France contemporaine. Le régime moderne, livre sixième, l’école (1890).

Nombre de mots : 731

Université Paris-Sorbonne IV – SELFEE -10 et 11 juin 2010

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Philosophe, historien, académicien et critique littéraire français (1828-1893).
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Paris-Sorbonne C2 ++ (3e degré)

VERSION - GREC
Note sur 10

Mérités ou pas, la gloire, la réussite et le succès me délivrèrent très tôt de mes rêves de
gloire, de réussite et de succès […].

Bref, Bonjour Tristesse est un livre qu’on peut lire sans ennui et sans déchéance. Encore une
fois, si son habileté m’épate vaguement, l’affection que lui portent les jeunes gens actuels, les très
jeunes ou les moins jeunes, ceux du moins qui m’en parlent, me parait plus flatteuse que justifiée.
[…]

Que dire de plus sur Bonjour Tristesse, sinon que les soleils de la gloire se changèrent
parfois en commentaires assez odieux, auxquels certains critiques, exaspérés par ce succès, se
laissèrent aller. En fait de soleils, donc, j’appris par quelques journaux que c’était mon père qui avait
écrit mon livre, ou Annabel, ou un vieil auteur payé pour se taire. Je ne fus pas très sensible à ces
commérages, suffisamment cependant pour essayer de les dissiper, pour prouver que j’écrivais
mes livres moi-même et sans qu’ils comportassent d’élément autobiographique. Pendant que les
gazettes calculaient le montant de mes droits d’auteurs et l’usage frivole que j’en faisais, je
m’agaçais, mais in petto. Bonjour Tristesse en tout cas me paya ma première voiture, une jaguar
XK 140, d’occasion mais remarquable, dont je n’étais pas peu fière. Mes parents supportaient plus
ou moins les échos de ma gloire et regardaient cette boule de neige se transformer en une
avalanche à laquelle je me sentais incapable d’échapper.

Extrait de Derrière l’épaule de Françoise Sagan (Plon, 1998)

➝ Les candidats sont priés de préciser sur leur copie la langue qu’ils ont choisie pour la traduction.
➝ Ils doivent donner seulement une traduction d’un mot, d’une expression ou d’une phrase (ne pas
proposer deux ou plusieurs traductions).

Université Paris-Sorbonne IV – SELFEE – 10 et 11 juin 2010


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Paris-Sorbonne C2 ++ (3e degré)

THÈME - GREC
Note sur 10

Παντρευτήκαµε λοιπόν, εκείνος ήταν τότε είκοσι τριών χρονών, φοιτητής της Νοµικής, κι αµέσως
άρχισε να µου πιπιλίζει το µυαλό να κάνουµε παιδί, δε µου το οµολόγησε ευθέως αλλά κατάλαβα ότι
ήθελε να σταµατήσω το χορό. Εγώ τότε ετοιµαζόµουν να δώσω εξετάσεις στην επιτροπή του
υπουργείου για το δίπλωµα, διάβαζα ιστορία της µουσικής, ανατοµία, πήγαινα και κάθε µέρα στη
Σχολή, τη Σχολή Αδάµοφ τελείωσα − Αδαµόπουλο τον λένε κανονικά αυτόν, το έκανε Αδάµοφ για
να επωφεληθεί της αίγλης του ρωσικού µπαλέτου. Καθόλου δεν του άρεσε του Βασίλη που έλειπα
συχνά από το σπίτι, απόκτησε τη συνήθεια να τρώει τα µεσηµέρια στης µάνας του. Μια νύχτα που
καθόµουν στο µπαλκόνι και νόµιζα ότι κοιµόταν, εµφανίστηκε ξαφνικά δίπλα µου.
− Μήπως σ΄ενοχλώ; µου είπε µε ύφος αρκετά επιθετικό.
− Όχι, είπα.
− Όλη µέρα γυρνάς εδώ κι εκεί και τις λίγες ώρες που είσαι σπίτι θέλεις να µένεις µόνη.
− ∆ε γυρνάω εδώ κι εκεί, είπα, πάω στη Σχολή.
− Το ίδιο κάνει.
Ιούνιο του ΄64 πέρασα από την επιτροπή που την αποτελούσαν τρεις χορεύτριες και ενας
ηλικιωµένος ακαδηµαϊκός. Τους χόρεψα το Θάνατο του κύκνου του Σαιν-Σανς. Θεωρήθηκε τόλµηµα
ότι διάλεξα αυτό το κοµµάτι αλλά τα κατάφερα περίφηµα, µε συνεχάρη η επιτροπή, ο ακαδηµαϊκός
µε γλυκοκοίταζε, έλαβα εκ των υστέρων γράµµα του που µου ζητούσε συνάντηση. Ο Αδάµοφ µας
κέρασε παγωτά και πορτοκαλάδες.

Από το µυθιστόρηµα Τάλγκο του Βασίλη Αλεξάκη, Εξάντας 1980.

➝ Les candidats sont priés de préciser sur leur copie la langue qu’ils ont choisie pour la traduction.
➝ Ils doivent donner seulement une traduction d’un mot, d’une expression ou d’une phrase (ne pas
proposer deux ou plusieurs traductions).

Université Paris-Sorbonne IV – SELFEE – 10 et 11 juin 2010

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