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REVUE INTERNATIONALE DES SCIENCES

DE L’EDUCATION ET DE LA FORMATION

Par Victorien BAMOUNI1 et SADIA Martin Armand 2

OPINIONS DES ETUDIANTS EN ASSISTANAT DE DIRECTION SUR


LA RELATION ENTRE COMPETENCE EN FRANÇAIS ET
PERFORMANCE EN DACTYLOGRAPHIE

Résumé :
La présente étude a pour champ d’étude le Centre de Bureautique, de Communication et de Gestion(CBCG)
de Cocody en Côte d’Ivoire. Elle vise à recueillir les opinions des étudiants en Assistanat de Direction sur
la relation entre compétences en français, appelé également Techniques d’Expression Écrite et Orale
(TEEO) et performance en dactylographie, une habileté pertinente de la formation en Brevet de Technicien
Supérieur(BTS), option Assistanat de Direction. À travers une étude sur une population de 2926 stagiaires
que compte l’établissement, l’étude a concerné un échantillon de 26 volontaires pour un effectif de 124
étudiants en 2ème année Assistanat de Direction. Un questionnaire et un entretien semi-directif en focus
group ont été utilisés pour réaliser l’étude.

Mots-clés : Langue d’enseignement- Dactylographie- Formation professionnelle

OPINIONS OF EXECUTIVE ASSISTANTSHIP STUDENTS ON THE


RELATIONSHIP BETWEEN FRENCH PROFICIENCY AND TYPING
PERFORMANCE

Abstract:

This study takes place at Centre de Bureautique, de Communication et de Gestion de Cocody (CBCG) in
Côte d’Ivoire. It questions the opinion of students concerning correlation between the language of
instruction, called here Written and Oral Expression Techniques (TEEO), and typing performance, a basic
skill in the training of students preparing the Higher Technician Certificate(BTS) Course in Management
Assistants. Through a qualitative exploratory survey, and from a population of 2926 trainees in the school,
the study involved a sample of 26 volunteers out of 124 students in second year Assistants of Management.
A semi-directive focus group interview was used to carry out the study.

Keywords: Language of Instruction-Typing-Vocational Training

INTRODUCTION ET POSITION DU PROBLÈME


L’apprentissage est un processus mettant en relation cognition et interaction sociale.
Pour L.Vygotsky (2014, p.113), l’apprentissage dépend donc de l’interaction entre des
variables internes et externes. Ainsi, l’enfant a besoin des systèmes arithmétiques, de la
musique, du dessin et de la langue qui servent d’« objets symboliques », vecteurs pour
établir une relation de médiation ou d’interaction avec la culture, substrat de la
connaissance. Partant de ce postulat et pour vérifier les compétences de leurs élèves, les
pays membres de la Conférence des Ministres de l’Éducation Nationale (CONFEMEN)

1
VICTORIEN BAMOUNI, LABIDI / Université Norbert Zongo – BURKINA FASO / Contact :
victorienbamouni@yahoo.fr
2
SADIA MARTIN ARMAND, Département d’Anthropologie et Sociologie / UAO-Bouaké/ Côte d’Ivoire/
Contact : sadiamartino@yahoo.fr

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ont mis en place le Programme d’Analyse des Systèmes Éducatifs de la CONFEMEN


(PASEC).
Le PASEC2014 (2016, p. 51) conclut qu’en général, lorsque la proportion d’élèves
en difficulté au sein d’un pays est importante en français, elle l’est également en
mathématiques. « La comparaison des performances des élèves en lecture et en
mathématiques en fin de scolarité confirme le constat fait par l’enquête PASEC2014 en
début de scolarité. Il existe des liens étroits entre les performances des élèves dans ces
deux disciplines, dans tous les pays. » La validité du PASEC2014 (2016) n’oblitère pas
le fait qu’il s’intéresse d’une part à des apprenants de l’école primaire et d’autre part à
la formation de base. Autrement dit, il omet l’enseignement technique et professionnel.
Pour sa part, K. J.-C. D. Kouadio (2016, pp. 51-52) étudie le français dans cet ordre
d’enseignement. Il relève que les étudiants reconnaissent l’importance du français dans
leurs études. Cependant, leur intérêt n’est pas conforme à cette conscience exprimée. Il
propose donc de concevoir des programmes tenant compte des besoins réels des
apprenants dans leurs domaines respectifs. Dans cette veine, nous avons choisi d’étudier
la relation entre la langue d’enseignement et le développement de compétences en
dactylographie chez des étudiants en Assistanat de Direction au Centre de Bureautique,
de Communication et de Gestion de Cocody.
La dactylographie est un objet de recherches établi. Ainsi, D. Gardey (1998, p.77)
relève que dans l’histoire, la standardisation a plus préoccupé les économistes, les
fabricants et les formateurs, principaux acteurs de la dactylographie. Les qualités
ergonomiques des types de claviers ont donc été minorées, sinon ignorées alors qu’elles
déterminaient la vélocité des dactylographes. Pour sa part, P. A. David (1998, pp. 10-
11) se donne pour objectif d’étudier une polémique portant sur l’efficacité de deux types
de claviers : le Dvorak et le Qwerty. Il montre qu’au plan scientifique, aucune donnée
empirique ne vient prouver la supériorité d’un type de clavier sur l’autre. L’imposition
du clavier QWERTY a plutôt été déterminée par la nécessité économique de réduire les
frais de formation de nouvelles dactylographes, leurs devancières ayant déjà développé
leur expertise sur ce type de clavier. Quant à T. A. Salthouse (1985, p.271), il montre
que le déterminant majeur de la vitesse de frappe d’un opérateur est la quantité de
simultanéité ou de chevauchement des frappes. La vitesse est mesurée du stimuli de
l’opérateur à l’exécution de la frappe. En d’autres termes, plus les étapes vont se
chevaucher, plus le dactylographe va traiter simultanément un nombre important de
caractères et donc augmenter sa vitesse de frappe. S. Legrand-Lestremau et al. (2006, p.
90) ont également mené une étude sur la vitesse de frappe. Pour eux, « La frappe de
transcription reposerait sur trois grandes étapes de traitement: l’encodage du texte à
taper, sa transformation en programmes moteurs et, enfin, l’exécution de ces
programmes. Ces étapes distinctes s’enchaînent, se chevauchent lorsque le ou la
dactylographe saisit un texte. Il semble donc que les opératrices aient trouvé un moyen
de surmonter leurs limites perceptives et motrices grâce au processus d’anticipation. »
Au total, dans la recherche de déterminants de la vitesse, les chercheurs investiguent
la relation entre la performance en dactylographie et l’anticipation (S. Legrand-
Lestremau et al., 2006), le chevauchement des opérations, la transformation du
processus psychologique en application (T.A. Salthouse, 1985), le type de claviers (P.A.
David, 1998) ou encore la standardisation (D. Gardey, 1998).

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Cependant, ces chercheurs omettent d’interroger la relation entre la langue


d’enseignement et la performance en dactylographie. Concrètement, l’anticipation,
reconnue comme un déterminant de la performance en dactylographie, ne peut-elle pas
être facilitée par les habiletés dans la langue d’apprentissage ? Autrement dit, les
compétences linguistiques de l’opératrice ne seraient-elles pas sollicitées ?
Aussi, notre étude vise à recueillir les opinions des étudiants en Assistanat de
Direction relativement à l’influence des aptitudes dans la langue d’enseignement sur la
performance en dactylographie. Ensuite, ces étudiants classeront les compétences
spécifiques évaluées en français selon leur degré d’influence dans la performance en
dactylographie.

I. MÉTHODOLOGIE

2.1. Site et participants à l’enquête


L’étude porte sur de jeunes adultes : les étudiants en 2ème année de BTS Assistanat
de Direction. S’il est établi chez les élèves de l’école primaire que la maîtrise de la
langue française influence l’apprentissage des autres disciplines (PASEC2014, 2016),
on pourrait s’interroger sur la situation chez de jeunes adultes.
La population cible de notre étude est l’ensemble des étudiants ou stagiaires du
CBCG de Cocody. L’échantillon de volontaires effectivement étudié obéira aux
critères ci-après :
- Être étudiant au CBCG de Cocody ;
- Être inscrit en deuxième année de Brevet de Technicien Supérieur, option
Assistanat de Direction.
Les volontaires qui se sont prêtées à cette étude étaient au nombre de 27 sur un
effectif de 124 étudiants en 2 BTS AD recensés par le rapport de rentrée de l’année
académique 2018-2019. Toutefois, une fiche a été annulée car l’étudiant n’a pas
répondu pas à toutes les questions. Ainsi, après cette annulation, l’effectif a été finalisé
à 26 volontaires pour mener la recherche.

2.2. Collecte des données


Dans le cadre de cette étude, nous avons opté pour la méthode d’enquête avec
triangulation des techniques, l’enseignement technique et la formation professionnelle
(ETFP) étant un domaine peu investigué en Côte d’Ivoire.
Les techniques de collecte de données sont le questionnaire et l’entretien par focus
group. Premièrement, le questionnaire a été administré. Deuxièmement, nous avons
procédé à l’entretien semi-directif par le biais du groupe qui a été le lieu de
concrétisation de la méthode qualitative.

2.3. Analyse des données


2.3.1. L’analyse de contenu

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L’analyse de contenu est l’option choisie pour traiter les données recueillies dans
le cadre de l’étude. Notre analyse s’est subdivisée en trois temps. D’abord, nous avons
parcouru les réponses selon les items identifiés. Ce premier tri nous a permis d’établir
les catégories qui ont servi à dresser un premier bilan. Elles ont été induites du contenu
recueilli et des mots-clés. Les catégories retenues lors de ce second tri relèvent des
justifications. Nous avons trois regroupements principaux qui nous permettent de
classer les réponses fournies. Nous avons procédé à une seconde validation après cette
discussion et ces clarifications. Le taux de concordance quant aux réponses à retenir a
été, cette fois, nettement supérieur à celui de la première validation. Le fait de clarifier
les catégories et de nous entendre sur une manière de classer et de hiérarchiser les
réponses a donc permis de valider de façon satisfaisante les catégories retenues pour
explorer des indicateurs d’études ultérieures.
2-3-2- L’analyse statistique des réponses
Elle a consisté en l’exploitation des questionnaires. Le premier item portait sur
l’effet global des compétences en Techniques d’Expression sur la performance en
dactylographie. L’analyse statistique aura consisté en un décompte des occurrences de
réponses pour chacune des 3 propositions : 1- Très important ; 2- Important ; 3- Peu
important.
La deuxième série de questions a porté sur les compétences spécifiques isolées à
partir des tests du PASEC2014 (2016) et du CECRL(2001). Elle visait d’une part à
identifier les aptitudes spécifiques des Techniques d’Expression à mobiliser pour être
performant en dactylographie et d’autre part à hiérarchiser lesdites aptitudes à partir
des scores. L’analyse statistique a ainsi consisté en un décompte d’abord consigné dans
un tableau de distribution, puis à représenter les résultats à l’aide de figures.

II. RÉSULTATS
Les résultats obtenus portent sur les deux techniques de recueil des données. Les
graphiques élaborés à l’issue des tableaux de distribution des informations fournies par
les étudiants en 2 BTS AD au CBCG de Cocody sont immédiatement suivis des
approfondissements issus de l’entretien semi-directif.

3.1. Les opinions des étudiants sur l’importance du français dans la performance en
dactylographie

Figure 1 : Diagramme circulaire montrant l’opinion des étudiants sur le niveau d’importance de la
maitrise du français dans la performance en dactylographie.

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Les résultats montrent une occurrence presque exclusive des réponses dans la
proposition « très important » : c’est ce qu’en pensent 92.59 % des enquêtés. L’item
ayant recueilli les autres suffrages est « important ». Il compte pour 7.41 %.
Lors de l’entretien semi-directif qui s’en est suivi, à la question : Pourquoi avez-
vous répondu « très important » ou « important » ?, les réponses les plus significatives
sont : « Il est important de comprendre le français avant tout. » Pour d’autres, « Le
français est à la base de tout » ; un autre a répondu : « Tout ce que nous faisons est en
français » quand un autre a estimé que « Sans le français, on ne peut rien faire. »
Les enquêtés sont unanimes sur l’importance des TEEO dans la performance en
dactylographie. Si cette discipline est fondamentale pour la performance en
dactylographie, quelle importance peut-on accorder aux rubriques qui la composent ?
Pour répondre à cette interrogation, nous nous appuierons sur les résultats suivants.

3.2. Les opinions des étudiants sur les degrés d’influence des compétences en français
3-2-1- L’opinion des étudiants sur l’importance de l’aptitude à la lecture sur la
performance en dactylographie

Figure 2 : Figure montrant l’opinion des étudiants sur l’importance de la lecture dans la performance en
dactylographie.

La figure relative à l’aptitude à la lecture révèle que sur les 26 personnes de


l’échantillon, 13 estiment que cette compétence vient en première position. Pour elles,
il est prioritaire de savoir lire pour être performant en dactylographie. Les autres

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réponses se distribuent entre l’ordre 4 (7 réponses), l’ordre 2 (4 réponses) et l’ordre 3


(02 réponses).
La clarification issue du focus group qui s’en est suivie a permis de recueillir
comme motivations : « Chaque étudiant doit lire son fascicule pour recopier à
l’ordinateur les textes à la vitesse imposée par la consigne » ; « Il faut pouvoir
connaître ce qu’on lit » ; « On ne peut pas recopier ce qu’on ne peut pas lire.»

3-2-3-L’opinion des étudiants concernant l’influence de l’aptitude en orthographe sur


la performance en dactylographie

Figure 3 : Figure montrant l’opinion des étudiants concernant l’influence de l’aptitude en orthographe
sur la performance en dactylographie

La capacité à écrire sans faute vient en deuxième position avec 10 réponses. Les
étudiants classent cette habileté en 3ème et 4ème positions à suffrage égal (6 votes
pour chacune). Les justifications lors de l’entretien ont fait ressortir que : « Quand on
fait des fautes, on perd des points, donc l’orthographe est très importante » ; « si on
sait déjà écrire le mot, on est plus rapide » ; « Quand on connaît le mot, on le tape
plus rapidement. »
3-2-4-L’opinion des étudiants concernant l’influence du vocabulaire sur la
performance en dactylographie

Figure 4 : Figure relative à l’opinion des étudiants concernant l’influence du vocabulaire sur la
performance en dactylographie.

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Le niveau de vocabulaire vient en 3ème, 4ème et 2ème positions avec


respectivement 13, puis 9 et 4 comme suffrages. Pour les étudiants interrogés : « On
écrit plus facilement un mot qu’on utilise souvent » ; « Un mot dont on connaît le sens,
on l’écrit plus facilement. »
3-2-5-L’opinion des étudiants concernant l’influence de la compréhension des textes
sur la performance en dactylographie

Figure 5 : Figure relative à l’opinion des étudiants concernant l’influence de la compréhension des textes
sur la performance en dactylographie.

Les données recueillies notent que 17 étudiants sur 26 enquêtés accordent une
importance majeure à la compréhension des textes. En effet, 9 personnes croient que
c’est la compétence principale tandis que 8 votent pour le deuxième rang des
indicateurs proposés.
Pour expliquer les motivations de leurs choix, ils avancent dans l’entretien que :
« On écrit plus rapidement ce qu’on comprend » ; « Comprendre, c’est le début de
tout » ; « Quand on comprend un texte, on peut même anticiper certains mots ».
3-2-6-L’opinion des étudiants concernant l’influence d’une autre aptitude sur la
performance en dactylographie

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Figure 6: Figure relative à l’opinion des étudiants concernant l’influence d’une autre compétence en
français sur la performance en dactylographie.

Pendant la présentation de la fiche d’entretien qui a précédé son administration, les


étudiants ont été appelés à préciser cette autre aptitude. Dès lors, trois étudiants ont
proposé « performance personnelle », « maîtrise du clavier » et « rapidité ». On
remarquera que l’entretien a reformulé la première proposition comme « aptitude
naturelle », la deuxième « la technique » et la troisième étant justement notre variable
dépendante qu’est la performance en dactylographie. Il en résulte que dans les trois
cas, il s’agissait d’évoquer des déterminants qui sortaient du cadre de l’orientation de
la présente étude.
De façon nette, l’autre indicateur issu du français et qui devait être évoqué
concurremment aux autres items explorés est classé en 5ème position par 24 étudiants
sur les 26 qui constituent l’échantillon.
La raison révélée par l’entretien est que s’il s’agit de TEEO, les indicateurs proposés
couvrent les champs essentiels.
Un commentaire comparatif des données recueillies pour l’ensemble des items
exploités révèle ceci :
- L’aptitude à la lecture est classée en première position ;
- La compréhension des textes occupe le deuxième rang ;
- Les compétences en orthographe sont proposées en troisième position ;
- Le niveau de vocabulaire se classe 4ème ;
- L’autre compétence en TEEO est la dernière dans le classement.

III. DISCUSSION ET CONCLUSION


La présente étude s’est fixé comme objectif de recueillir les opinions des étudiants
en Assistanat de Direction sur la relation entre compétences en français et performance
en dactylographie. Cet objectif général a été subdivisé en objectifs spécifiques qui
étaient de vérifier l’effet des compétences en Techniques d’Expression sur la
performance en dactylographie ; répertorier les aptitudes spécifiques des TEEO qui
sont importantes en dactylographie et classer ces différentes aptitudes selon leur

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pertinence en dactylographie. Au vu des réponses, l’importance de la discipline TEEO


est reconnue déjà dans cette étude exploratoire. Cette discipline influence donc la
performance en dactylographie. Si dans les études sur la performance en
dactylographie, l’anticipation (S. Legrand-Lestremau et al., 2006), le chevauchement
des opérations, la transformation du processus psychologique en application (T.A.
Salthouse, 1985), le type de claviers (P.A. David, 1998) ont été jusque-là privilégiés,
les résultats de notre étude montrent que la langue est un déterminant pertinent à
investiguer. En outre, nous observons que notre étude rejoint partiellement les
conclusions du PASEC2014(2016) et les travaux de L.Vygotsky(2014). En effet, le
PASEC2014 (2016) relevait qu’il existe un lien positif entre l’acquisition des
compétences en langue et en mathématiques à l’école primaire. Quant à notre étude,
elle nous fournit des données initiales sur la part de la langue d’enseignement dans la
formation professionnelle, spécifiquement en Assistanat de Direction. L. Vygotsky
(2014) avait postulé que l’homme apprend par des objets symboliques parmi lesquels
figurait la langue. Pour lui, la langue était au départ de l’apprentissage. Notre étude
aboutit donc au même résultat que lui. Cependant, nous allons plus loin en nous
intéressant spécifiquement à l’enseignement professionnel et ici, à la performance en
dactylographie. Cela est une avancée vers l’analyse du rapport de la langue à
l’apprentissage de compétences psychomotrices professionnelles. On observe
également que les résultats de notre étude confirment la pertinence de la
compréhension et la lecture comme items identifiés par le PASEC2014(2016).
Cependant, ils infirment la compréhension de l’oral. En clair, pour les enquêtés, rien
de ce qui est relatif à l’oral n’est pertinent dans le cadre de la dactylographie.
Concernant le CECRL(2011, pp. 82-101), il s’appesantit sur l’écoute ou
compréhension orale, la lecture ou compréhension écrite, l’écriture ou expression
écrite et l’expression orale. Notre étude confirme également les aptitudes à la lecture
et à la compréhension des textes qui sont évalués par le CECRL(2001, pp. 82-101).
Cependant, elle remet en cause la compréhension et l’expression orales répertoriées
par le Cadre Européen. De plus, nos travaux montrent la pertinence des items que nous
avons proposés pour le questionnaire. En effet, toutes les habiletés que nous avons
identifiées ont été validées par les enquêtés. Enfin, l’absence de proposition pour
nommer l’autre compétence en TEEO montre la pertinence de la liste d’indicateurs
que nous avons proposée. Deux conséquences principales peuvent être tirées de ces
résultats. D’une part, les items proposés pour vérifier la corrélation entre les
compétences en TEEO et la performance en dactylographie sont pertinents. Ils vont
au-delà des items proposés par les tests du PASEC et du CECRL pris comme
références. D’autre part, les résultats de notre étude permettent de hiérarchiser les
habiletés identifiées, ce que ne font pas les études citées ci-dessus. Les objectifs de
notre étude ont donc été atteints. Par conséquent, des hypothèses peuvent être
construites autour de ces indicateurs pour mener une étude empirique pour rechercher
avec des instruments de mesures éprouvés, la corrélation entre les TEEO et la vitesse
en dactylographie.
Toutefois, cette étude a connu des limites. Au plan de l’échantillon, les volontaires
provenaient majoritairement de deux classes de 2 BTS sur les 4 que comptait
l’établissement. Pour les études à venir, les grilles d’évaluation de la performance en
dactylographie utilisées par les enseignants pourraient être mieux éprouvées afin de

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tester leur fiabilité avant de constituer des instruments pour nos études scientifiques.
Quant à l’échantillon, il devra être plus représentatif de la population concernée.
Mieux, les enseignants peuvent être associés aux futures recherches. Enfin, l’étude
devra être longitudinale et même, s’étendre à d’autres établissements.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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| 2011, mis en ligne le 30 juin 2011, consulté le 17 juillet 2020. URL :
http://journals.openedition.org/ilcea/1067 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ilcea.1067
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