Annuaire
international
de l'éducation
VOLUME XLIV - 1994
DÉVELOPPEMENT,
CULTURE ET ÉDUCATION
Préparé pour le
Bureau international d'éducation
par L. F. B. Dubbeldam (dir. publ.)
Centre pour l'étude de l'éducation
dans les pays en développement (CESO)
T. Ohsako
Bureau international d'éducation
Le Thành Khôi
Université Paris-V, France
P. Batelaan
Association internationale pour
l'éducation interculturelle
S. Churchill
Institut d'études
pédagogiques de l'Ontario
K. P. Epskamp
CESO
F. M. Bustos
Université de Valle, Colombie
i (i i G. R. Teasdale
Université Flinders de
yyLcESO l'Australie du Sud
Volumes parus dans la série Annuaire international de l'éducation et disponibles
également en anglais :
Publié en 1995
par l'Organisation des Nations Unies
pour l'éducation, la science et la culture
7, place de Fontenoy, 75700 Paris, France
ISBN: 92-3-203038-1
3
stimuler les préoccupations actuelles de l'éducation dans des domaines
comme le pluri- ou multiculturalisme, l'interculturalisme, l'identité et le
changement culturel.
Disons enfin, et surtout, que le BIE ne remerciera jamais assez les auteurs
de cet ouvrage pour leurs contributions à ses divers chapitres, leur étroite
collaboration avec son maître d'œuvre et avec le Bureau pour le mener à fin
et à bien.
Nous tenons cependant à rappeler à nos lecteurs que les idées et les
opinions exprimées dans ces pages sont celles des auteurs et ne reflètent pas
nécessairement les vues de l'UNESCO. Par ailleurs, les appellations qui y
sont employées et la présentation des données qui y figurent n'impliquent,
de la part de l'Organisation, aucune prise de position quant au statut
juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant
à leurs frontières ou limites.
4
Table des matières
5
Chapitre X L'éducation et la survie des petites cultures
autochtones p. 215
G. R. Teasdale
Appendice Documentation de la quarante-troisième session de la
Conférence internationale de l'éducation, Genève,
14-19 septembre 1992 p. 246
6
CHAPITRE I
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Annuaire international de Véducation
LE DÉVELOPPEMENT
La croissance démographique
Au cours de la seconde moitié de ce siècle, la population mondiale est
passée de 2,5 milliards de personnes en 1950 à environ 6,2 milliards
actuellement, et la majorité d'entre elles vivent dans les pays à bas revenu.
En matière d'éducation, cela signifie que le nombre des apprenants, et
notamment celui des enfants, s'est énormément accru. En Afrique, en Asie
et en Amérique latine, les jeunes de 0 à 14 ans constituent quelque 40% de
la population. En Amérique du Nord et en Europe, ce chiffre est inférieur à
25%. En outre, le mouvement migratoire des zones rurales vers les villes
s'est beaucoup intensifié. En 1950, les deux tiers de la population vivaient
dans des zones rurales tandis que, à présent, c'est la situation inverse qui
prévaut au Brésil, en Colombie et au Mexique. On estime qu'en l'an 2000
8
Comment définir le développement, la culture et l'éducation ?
La stagnation économique
Au cours des années 70 et 80, la stagnation économique a frappé la plupart
des pays, et plus particulièrement — une fois encore — les pays les plus
pauvres. Au cours des quinze dernières années, nombre d'entre eux ont été
écrasés par le fardeau de la dette et les programmes d'ajustement. Il en a
résulté une diminution des budgets de l'éducation et des activités culturel-
les.
Le chômage
Les deux problèmes mentionnés ci-dessus ont eu pour conséquence un
accroissement du nombre des chômeurs. Voilà qui remet en question le
programme d'enseignement de l'éducation formelle: quelles sont les quali-
fications de base dont les jeunes ont besoin pour survivre, pour répondre
aux besoins de la société et pour profiter des chances qu'elle leur offre? La
recherche d'un emploi rémunéré et d'une vie meilleure chasse encore de
nombreuses personnes vers les centres urbains, métropoles dont la popula-
tion se chiffre en millions. Dans ces villes, un grand nombre de personnes
vivent au-dessous du seuil de la pauvreté, et sont privées d'accès aux offres
d'emploi et aux services sociaux, dont le système scolaire officiel.
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Annuaire international de l'éducation
La violence
Nombre de pays sont victimes de l'occupation et de la guerre civile depuis
des années; ces phénomènes engendrent la mort d'un grand nombre de
personnes, la destruction des bâtiments et des équipements scolaires, et
l'apathie des survivants. Le système d'éducation s'effondre et on peut se
demander quelles perspectives restent encore à ces enfants qui ont tant
souffert sur le plan physique et mental. D'autres pays se plaignent d'une
aggravation de la criminalité et de la violence à l'école. Que peut faire
l'éducation face aux autres puissances, de nature politique ou économique,
qui utilisent la violence à leurs fins propres et aux dépens des autres ?
La migration
Poussés par les disparités économiques et la violence, des migrants et des
réfugiés économiques se déplacent en d'énormes courants d'un endroit à un
autre, souvent sans grand espoir d'avenir. La résistance à rencontre de ce
flux s'accroît dans de nombreux pays, engendrant, entre autres conséquen-
ces, une recrudescence du racisme. Cependant, l'histoire a montré que
nombre de cultures se sont enrichies des compétences et des valeurs des
groupes d'immigrants.
L'environnement
La rapidité de la croissance démographique, l'industrialisation et l'utilisa-
tion de sources d'énergie raréfiées ont soulevé des discussions quant à la
préservation du milieu naturel. Certains programmes éducatifs se sont
emparés de la question et l'ont introduite à l'école, mais il reste beaucoup à
faire pour obtenir des résultats appropriés.
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Comment définir le développement, la culture et l'éducation?
La santé
Dans de nombreux pays, la santé de la population — notamment celle des
enfants — est menacée par la pauvreté, par la pénurie ou l'inadéquation de
la distribution alimentaire et de la fourniture des services médicaux, et par la
violence. En outre, certaines maladies comme le SIDA se sont propagées
d'une manière inquiétante et menacent des millions de personnes tandis que
d'autres, que l'on croyait maîtrisées, ont réapparu, tel le paludisme, d'une
part à cause de la pauvreté et d'autre part parce que les vecteurs de la
maladie sont immunisés contre les remèdes existants.
Le gouvernement
La démocratie et le respect des droits civils sont une source croissante de
préoccupation. Dans maints endroits, les avantages octroyés par les services
gouvernementaux et la protection du droit sont l'apanage de groupes
restreints et privilégiés.
11
Annuaire international de l'éducation
cas, la question qui doit (ou qui devrait) se poser est la suivante : « Comment
se comporter avec les autres?» Pour y répondre, on s'interroge sur les
relations « interculturelles » (interaction entre les cultures de divers pays) et
sur les relations « multiculturelles » (interaction entre les groupes issus de
diverses cultures au sein d'un même pays). On a vu que ce phénomène a des
conséquences très importantes sur les plans culturel, politique, économique,
social et éducatif.
Au cours de la préparation de la quarante-troisième session de la
Conférence internationale de l'éducation de septembre 1992 et des réunions
de travail s'y rapportant, les représentants des États membres de l'UNESCO
ont soulevé certaines questions qui les intéressaient particulièrement au vu
de la situation de leur pays. En outre, des experts revenant de divers pays
ont été invités à présenter un essai sur des questions spécifiques. Certains
d'entre eux ont été priés de participer à la réalisation du présent exemplaire
de l'Annuaire international de l'éducation car leur sujet d'études avait paru
important au cours des débats de la conférence.
Etant donné que les participants à ces débats ont donné des interprétations
très diverses du concept de la culture et de celui de l'éducation, le chapitre
suivant est consacré à ce point particulier. Les auteurs n'étaient pas tenus
d'adopter les définitions données dans ce chapitre, notamment si leurs
interprétations ne sont pas radicalement différentes. L'idée fondamentale est
que l'éducation constitue le véhicule principal du développement culturel.
D'une part, elle préserve la culture, d'autre part, elle favorise l'évolution
culturelle. C'est un processus d'apprentissage total et permanent. L'école
d'aujourd'hui constitue une partie substantielle de l'apport éducatif, bien
que, en termes de développement culturel, elle ne soit pas toujours la plus
importante. Pour que l'éducation soit harmonieuse, ses divers acteurs
doivent agir de concert. Diverses formes et fonctions de l'éducation au
service du développement culturel sont illustrées par des exemples. On se
penche notamment sur le concept du réseau comme instrument d'apprentis-
sage, qui se révèle particulièrement utile en matière d'éducation multicultu-
relle et d'éducation interculturelle: ainsi, le programme des Écoles asso-
ciées de l'UNESCO.
Le chapitre III met en lumière les questions soulevées au cours de la
discussion2 et permet également d'inscrire l'ordre du jour de la réunion
dans le contexte de conférences et de débats antérieurs portant sur le même
sujet ou sur des sujets connexes. Le concept de culture a joué un rôle majeur
aux Nations Unies et notamment à l'UNESCO depuis le tout début de leur
existence, non seulement en termes de préservation du patrimoine culturel,
mais aussi au cœur des débats sur les thèmes essentiels, comme la liberté,
les droits de l'homme, le respect mutuel des systèmes de valeurs et les
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Comment définir le développement, la culture et l'éducation ?
13
Annuaire international de l'éducation
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Comment définir le développement, la culture et l'éducation ?
NOTES
1. Voir World development report, 1992, «Development and the environment» [Rapport sur le
développement mondial 1992, «Développement et environnement»], Washington, D.C.,
Banque mondiale, 1992.
2. Voir aussi le Rapport final de la Conférence internationale sur l'éducation, 43e session,
UNESCO (ED/BIE/CONFINTED 43/6 Prov), Genève, 19 septembre 1992; et le numéro 5,
9e série, novembre 1992 de Communication/Communicación, UNESCO/BIE.
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CHAPITRE II
Développement, culture
et éducation
Leo F. B. Dubbeldam
LA CULTURE
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Développement, culture et éducation
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Annuaire international de l'éducation
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Développement, culture et éducation
LES SOUS-CULTURES
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Annuaire international de Véducation
L'IDENTITÉ CULTURELLE
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Développement, culture et éducation
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Annuaire international de l'éducation
LA COMMUNICATION
L'expression
Les individus expriment leurs sentiments et communiquent les uns avec les
autres de multiples manières. Ils ont mis au point tout un éventail de
moyens de communication qui leur permet d'exprimer leurs idées, leurs
sentiments, leurs normes et leurs valeurs; par exemple, les signes physi-
ques, le son, la langue, les symboles, les écritures et les graphiques. D'où le
mime, la danse, le théâtre, les contes, la littérature, la radio, la télévision et
la communication électronique. Grâce à sa créativité et à ses compétences
particulières, l'individu apprend à maîtriser tous les éléments de la matière,
du silex à l'atome. En travaillant le bois, en peignant, en travaillant le verre,
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Développement, culture et éducation
Le langage
On exprime ses idées et on communique avec les autres membres de sa
communauté par le langage. Ce dernier permet aussi de transmettre les
connaissances, les valeurs et les idées aux autres, et, par là même, de
transmettre la culture.
La langue est le reflet de la culture d'une communauté donnée. Ainsi,
lorsqu'une société dépend très fortement d'une certaine récolte pour se
nourrir, ses membres savent en distinguer les divers aspects et les identifier
avec plusieurs mots, alors que d'autres sociétés n'en emploient qu'un seul
pour ce type de récolte. Ainsi, les Hollandais n'emploient qu'un mot pour
dire «patate douce», tandis que certaines sociétés en emploient plusieurs
douzaines. Le flamand et l'anglais n'ont qu'un mot pour dire «riz», mais
d'autres langues comme le bahasa indonésien ou le souahéli ont un mot
pour désigner le riz dans le champ, un autre pour le riz cru et un autre
encore pour le riz bouilli.
Il existe beaucoup de différences dans la diversité des mots que l'on
emploie pour évoquer les relations familiales, et elles reflètent des compor-
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Annuaire international de l'éducation
tements différents envers certains parents. Les mots n'ont pas la même
valeur dans diverses langues et cela devient évident lorsqu'on parle de
concept comme «l'autorité», «la démocratie». La valeur d'un mot comme
«enseignant» dans diverses langues varie considérablement en termes de
respect et d'autorité6. Par ailleurs, des mots à consonance technologique et
la terminologie utilisée dans les sciences naturelles (comme «puissance»)
provoquent des malentendus dans les processus d'apprentissage. Au fil de
l'évolution des cultures, la langue s'adapte à la nouvelle situation, de
nouveaux mots sont créés, d'autres sont dépassés et disparaissent. Certains
changements sont rapides mais, dans d'autres cas, l'assimilation de mots et
de concepts linguistiques demande beaucoup de temps et d'efforts.
Tous les individus sont socialisés dans une langue — celle qu'utilisent
leurs parents, leur famille et la communauté. Par l'élargissement des
contacts entre les communautés, les individus en rencontrent d'autres qui
parlent une langue différente. Lorsque l'individu est en présence de cultures
ou de sous-cultures dominantes en termes de nombre ou de puissance, il doit
impérativement apprendre une ou plusieurs autres langues. Il y parvient
parfois par des contacts informels, bien qu'en général les langues étrangères
sont une matière essentielle de l'éducation formelle. L'une des raisons
susceptibles d'empêcher la scolarisation d'un enfant est le fait qu'il ne
comprend pas l'enseignement. En outre, même s'il apprend à parler et à
comprendre la deuxième langue, il n'est pas certain qu'il puisse assimiler
les valeurs qui lui sont inhérentes. Et lorsqu'il y parvient, cela ne
l'oblige-t-il pas, dans une certaine mesure, à trouver un équilibre entre deux
cultures ou à sauter de l'une à l'autre selon les circonstances?
On touche là l'un des graves problèmes de l'éducation interculturelle ou
multiculturelle.
La communication orale
La communication orale est la plus ancienne qui existe entre les êtres
humains. Elle se confond avec la communication quotidienne au sein d'une
communauté. Dans le cadre de l'élargissement des cercles de communica-
tion dans le monde, elle joue un rôle essentiel dans les contacts avec les
étrangers. C'est l'instrument le plus important du processus de socialisation.
Et c'est aussi l'instrument par excellence de la transmission de l'histoire,
des valeurs et des normes. Dans presque toutes les sociétés, on raconte des
histoires. Le conte est un divertissement, une activité sociale. Entre le
conteur et son audience, une affinité se crée. Le conteur assume souvent un
rôle éducatif, puisqu'il informe l'audience de la nature des choses, du passé
mythologique, de la religion, de l'histoire ou de la vie quotidienne. Les
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Développement, culture et éducation
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Annuaire international de l'éducation
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Développement, culture et éducation
LE DÉVELOPPEMENT ET LE CHANGEMENT
Étant donné que la culture se transmet d'une génération à l'autre, et que tous
ses éléments sont liés entre eux, il est aisé d'y voir un processus
conservateur. Et en fait, au moins jusqu'à récemment, le processus de
socialisation et l'éducation qui lui était associée se voulaient conservateurs.
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Développement, culture et éducation
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Développement, culture et éducation
L'ÉDUCATION
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Développement, culture et éducation
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Développement, culture et éducation
Les exemples sont légion de peuples qui ont considéré les autres, dont la foi
était différente de la leur, comme des païens ou des gentils, en ignorant tout
de leur croyance ou en les condamnant. L'histoire nous enseigne que
nombre de gens ont été rejetés sur le plan social et même physiquement
éliminés parce qu'ils avaient des croyances religieuses différentes. En cela,
l'histoire coloniale ne diffère pas beaucoup des journaux d'aujourd'hui.
C'est ainsi qu'on a détruit un nombre incalculable de concepts, d'idées
culturelles et de méthodes pédagogiques très valables, ou du moins on les a
négligés de telle sorte qu'ils n'ont pu contribuer au développement du
peuple concerné ni s'ajouter au patrimoine international des connaissances
et des idées. Une grande partie de l'éducation et de la connaissance
autochtone est par conséquent inconnue de l'ensemble de la communauté.
Ce n'est que récemment que l'on s'est penché sur ce type de connaissances
et de philosophie, et que l'on cherche à en comprendre l'utilité, que ce soit
par respect ou par intérêt scientifique10.
Une meilleure connaissance des systèmes d'apprentissage indigènes dans
les sous-cultures favoriserait certainement la conception de programmes
éducatifs à l'intention de ces populations, ce qui est particulièrement
important si, pour une raison ou une autre, elles n'ont pas accès au système
d'éducation formelle national. Cette étude favorise également la compré-
hension de la manière dont les enfants et les adultes apprennent afin que les
méthodes utilisées ensuite dans les classes puissent en bénéficier. Des
programmes spécifiques favoriseraient l'établissement d'un lien entre la
culture scolaire et la culture populaire, permettant ainsi le développement
culturel de ces populations.
Autre problème de l'éducation: les manquements aux valeurs par les
«autres» sont souvent décrits de façon extensive, que ce soit à l'école ou
dans les conversations quotidiennes, tandis que le même comportement au
sein du groupe est nié ou tout simplement passé sous silence. Témoin, la
discrimination raciale. Presque tous les groupes culturels et sous-culturels
s'insurgent contre la discrimination raciale et pourtant on la trouve presque
partout. Il en va de même pour la discrimination à l'égard de l'un ou l'autre
sexe. Qui veut bien admettre qu'il ou elle pèche par pensée ou par action
contre l'égalité des sexes? Pourtant, la pratique indique que cela arrive
partout dans le monde.
Pour résoudre ce type de problème social, la première mesure à prendre
est de sensibiliser avec autant de délicatesse que possible les personnes à ce
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Annuaire international de l'éducation
L'ÉDUCATION ET LA CULTURE
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Développement, culture et éducation
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Annuaire international de Véducation
Chinua Achebe (1964, p. 55-56) a fait du grand prêtre d'un village nigérian le
héros de l'un de ses romans. Ce personnage dit à l'un de ses fils, qu'il envoie à
une école du voisinage :
«Je veux que l'un de mes fils se joigne à ces gens et qu'il soit mon œil parmi
eux. S'il n'y a rien de spécial, tu reviendras. S'il y a quelque chose, alors tu
m'en rapporteras ma part à la maison. » Et pour justifier sa décision d'envoyer
l'un de ses fils à l'école, il dit à la mère de l'enfant: «... Ne sais-tu pas que,
dans la maison d'un grand homme, il doit y avoir des gens qui suivent toutes
sortes de pratiques étranges?... Dans une telle maison, quelle que soit la
musique que joue le tambour, il doit y avoir quelqu'un qui sache danser.»
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Développement, culture et éducation
que la gestion quotidienne était encore aux mains des organisations privées.
En principe, la communauté locale n'exerçait aucune influence sur les
affaires scolaires. Le seul choix qui restait encore parfois aux membres de
cette communauté était d'inscrire leurs enfants à l'école ou non. Le système
et le programme d'enseignement étaient la plupart du temps des copies
conformes de ceux qui prévalaient dans la métropole. Certains efforts ont
pourtant été faits pour introduire des matières dont les responsables de
l'éducation estimaient qu'elles étaient plus pertinentes pour les populations
locales. Ces populations s'y sont parfois opposées, notamment les parents,
car elles craignaient que cette adaptation du programme d'enseignement
n'empêche leurs enfants d'accéder à l'école secondaire ou à des niveaux
supérieurs. Beaucoup d'entre eux craignaient que le temps consacré à des
matières supplémentaires comme l'agriculture ou l'artisanat ne prenne sur le
temps nécessaire à l'étude des matières fondamentales, notamment la
lecture, l'écriture, l'arithmétique et la langue «nationale».
Après l'accession à l'indépendance, les systèmes scolaires formels se sont
perpétués, même si certains pays ont fait des efforts pour nationaliser les
écoles et le programme d'enseignement. Les emplois nouvellement créés,
notamment dans l'administration, offraient des salaires permettant à ceux
qui les recevaient de vivre dans ce qui leur semblait être du luxe, et ils
conféraient beaucoup de prestige. La vie dans la capitale semblait très
attrayante. Ainsi, tous les emplois vacants trouvèrent preneur et le problème
de l'abandon scolaire conduisant au chômage devint une préoccupation
croissante pour les autorités. Pourtant, il s'avérait absolument impossible
d'enrayer la migration vers les villes. C'est alors que de nouvelles sous-
cultures urbaines virent le jour et que les systèmes d'éducation reflétèrent
davantage les besoins de la sous-culture urbaine que ceux des populations
des zones rurales. Le but des élèves était donc d'obtenir le diplôme le plus
élevé possible pour avoir accès à un emploi rémunéré et, le cas échéant, à la
poursuite des études dans l'ancienne puissance coloniale. La langue de cette
dernière demeurait d'ailleurs le véhicule de l'instruction et les manuels
scolaires étaient fondés sur une culture étrangère plutôt que sur les cultures
nationales ou locales.
À cause du déclin de l'économie, de la croissance du chômage, de la
qualité défaillante de la scolarité et d'une démographie galopante, de moins
en moins de jeunes furent à même de trouver un emploi bien rémunéré dans
les villes. Les ruraux et les groupes dont la sous-culture était différente de
celle du groupe dominant furent de plus en plus nombreux à remettre en
question l'utilité de la scolarité offerte et, dernièrement, dans certains
endroits, les inscriptions à l'école diminuèrent. De toute évidence, l'école ne
répond pas aux besoins des sous-cultures locales et les élèves qui quittent
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Annuaire international de l'éducation
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Développement, culture et éducation
«C'est idiot.»
«Pourquoi est-ce idiot? Lorsque j'aurai fini mes études, je ne reviendrai qu'en
visite de temps en temps. Pense à tous tes camarades de classe. Tu es le seul à
avoir eu la chance de pouvoir étudier en Amérique. Pourtant tu es encore le
seul sans voiture, sans maison, même sans emploi. Et pourquoi ? Parce que tu
as voulu revenir à Lomo. »
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Développement, culture et éducation
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Annuaire international de l'éducation
Aux niveaux les plus bas, IMPACT utilisait la langue maternelle et, plus
tard seulement, la ou les langues nationales. L'enseignant d'IMPACT
appelé «surveillant de l'instruction» avait pour assistants des enseignants
itinérants, des aides non professionnels accomplissant les activités de
routine de l'école, des tuteurs volontaires (en principe des élèves du lycée),
des enseignants du programme et, enfin et surtout, des parents et des
membres de la communauté faisant office de conseillers techniques. Ce type
de programme permet d'ancrer l'école dans la culture locale grâce à la
contribution des ressources locales. En encourageant la prise de conscience
culturelle, l'école favorise un épanouissement plus harmonieux de la culture
locale.
D'autres expériences s'adressent plus particulièrement à la population
adulte et visent à l'amélioration de ses compétences techniques, académi-
ques ou sociales. La «maîtrise du pouvoir» est un élément essentiel des
objectifs de nombreux programmes. Quant à l'alphabétisation, elle fait
partie d'un grand nombre de programmes conçus pour les adultes, ainsi le
Projet Delsilife14 qui a été lancé alors que le monde prenait de plus en plus
conscience que l'école ne profitait jamais à ceux qui en avaient le plus
besoin, à savoir les populations des zones défavorisées, en grande majorité
dans la plupart des pays d'Asie du Sud-Est. Ce projet était centré sur
l'épanouissement des personnes. Leur participation active à la prise de
décisions, à l'identification des besoins et des problèmes, à la planification,
à la mise en œuvre et à l'évaluation des programmes d'apprentissage faisait
partie intégrante de la méthode. Si le processus éducatif vise à favoriser la
prise de conscience des besoins et des problèmes de la communauté, il a
également pour objectif d'intéresser l'individu à sa qualité de vie et de
chercher à accroître ses capacités intellectuelles et ses compétences pour lui
permettre de modifier son environnement. Enfin, l'éducation lui permet de
faire ses propres choix en matière d'action, et d'améliorer sa qualité de vie
en devenant autonome.
Les projets cités précédemment ont pour objectif non pas l'enseignement
de compétences particulières (professionnelles ou techniques), mais unique-
ment, ou presque, l'amélioration des compétences utiles à la vie quotidien-
ne, des techniques d'apprentissage, de la prise de décisions, de la prise de
conscience et de la confiance en soi de l'individu.
Les débats sur la décentralisation distinguent assez peu les divers
éléments qui doivent être décentralisés. Il en résulte une certaine confusion
parce que le système d'éducation a des aspects très divers. Or, il semble que
ce soit une question subsidiaire. S'agissant de l'éducation des enfants, des
jeunes et des adultes, on peut se demander qui accomplira le mieux une
tâche donnée. En outre, si l'on envisage l'éducation du point de vue du
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Développement, culture et éducation
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Développement, culture et éducation
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Développement, culture et éducation
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CONCLUSIONS
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Développement, culture et éducation
encore, l'enseignement scolaire ne sera efficace que s'il est appuyé par les
autres moyens d'éducation, à savoir les matériels de lecture, la radio, la
télévision, et par les hommes politiques et les chefs religieux.
Puisque les gouvernements manquent de ressources, les programmes
d'éducation non formelle pourraient constituer une solution de rechange. On
pourrait envisager, par exemple, des cours de formation ou des séminaires
qui doteraient des groupes d'apprenants de compétences spécifiques pour
l'emploi, ou encore des programmes favorisant l'épanouissement de l'indi-
vidu dans le domaine social et dans celui des arts. Cependant, il faut pour
cela pouvoir compter sur des parrains ou sur des participants capables de
contribuer eux-mêmes aux coûts de cet enseignement. Étant donné que les
participants à la plupart de ces programmes veulent acquérir des compéten-
ces applicables dans de nouvelles situations afin de s'adapter au change-
ment, cette éducation formelle exerce une influence plus directe et plus forte
sur le changement culturel.
Il semble bien que ce soit l'éducation informelle qui joue le rôle le plus
important, au moins en termes de coûts. Nombre d'expériences éducatives
recherchent la participation et l'appui de la communauté. L'avantage ne se
mesure pas seulement en termes de dépenses moindres, mais il réside aussi
dans le fait que les apprenants acquièrent des connaissances, des compéten-
ces et des idées plutôt négligées par le système d'éducation formelle qui se
fonde sur les besoins culturels et les intérêts des groupes dominants au
niveau national. De cette manière, la pertinence de l'éducation et du
développement culturel dans un pays donné relève d'un plus large éventail
de sources.
Par ailleurs, il semble que la communication orale et la compréhension
personnelle résistent, même sous des régimes oppressifs. Ce sont là
d'importants canaux d'éducation informelle qui survivent même au système
formel dominant.
D'une part, on découvre un intérêt croissant pour l'éducation informelle
au niveau communautaire et sous-culturel, et, d'autre part, la communica-
tion internationale, sous la forme d'informations qui passent par les médias,
ainsi que la mobilité accrue des individus deviennent d'importants instru-
ments de ce type d'éducation. Les gens se rencontrent, au sein de cercles de
plus en plus larges dans leur propre pays, et ils traversent les frontières
nationales, politiques et culturelles, apprenant ainsi les uns des autres. À cet
égard, on découvre l'utilité du travail de réseau.
L'éducation formelle, c'est-à-dire l'école, peut certainement influencer le
développement culturel. Et elle le fera si les compétences et les comporte-
ments qu'elle enseigne sont applicables dans la partie non traditionnelle de
la vie quotidienne et si, par le truchement d'un apprentissage informel
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Annuaire international de l'éducation
NOTES
1. Voir Kater (1984, p. 20) et Camilleri (1986, p. 8)
2. Etude en préparation de la quarante-troisième session de la Conférence internationale de
l'éducation sur le thème: «L'apport de l'éducation au développement culturel», Genève,
14-19 septembre 1992, ED/BIE/CONFINTED/43/Q/91, Genève, 12 juin 1991.
3. Ainsi, pendant la seconde guerre mondiale, lorsque les Pays-Bas étaient occupés par
l'Allemagne, l'envahisseur faisait fréquemment référence à un passé au cours duquel
Hollandais et Allemands avaient des racines germaniques communes, ainsi qu'aux héros de
la grande époque maritime de la Hollande dont beaucoup avaient combattu avec succès
contre les Britanniques (voir, par exemple, les timbres postaux de cette époque).
4. Au niveau sous-culturel, les entreprises commerciales font appel à une identification avec
des héros ou des personnalités issues de sous-cultures particulières pour promouvoir de la
musique, des boissons ou d'autres biens, ou encore elles se réfèrent à certains types de
comportement afin de vendre leurs produits.
5. Voir à cet égard la publication d'une étude de groupe effectuée par le Ministère de
l'éducation en Guinée-Bissau (1982, Educafrica, n° 8).
6. Par exemple, la terminologie utilisée pour signifier des caractéristiques particulières
d'autres cultures est souvent trompeuse. Une étude a été effectuée pour comparer les
cultures thaïlandaise et américaine (Fieg, 1989). Cette étude identifie un certain nombre de
caractéristiques montrant qu'une culture contraste avec l'autre. Elle décrit également des
traits culturels communs. Elle montre en particulier qu'il est très risqué d'étiqueter certains
éléments ou aspects culturels. Par exemple, même si l'on peut dire que ces deux cultures
sont très individualistes, elles le sont d'une manière différente. Ainsi, la culture thaïlandaise
minimise en général l'individualisme au profit de l'harmonie du groupe, y compris des
liens de famille particulièrement intimes ainsi que les bonnes relations interpersonnelles
{op. cit., p. 32-33). Autant dire que le même mot ne se réfère pas aux mêmes phénomènes
dans les deux sociétés.
7. Voir Syed Altaf Gauhar (1981, p. 72): «S'agissant de la reconstruction du système
d'éducation dans le monde musulman, c'est à l'âme musulmane qu'il revient de définir non
seulement ses méthodes d'enseignement et de formation, ses programmes d'études et ses
procédures d'évaluation, mais aussi la politique et le fonctionnement des médias tels les
journaux, les agences de presse, les émissions de radio, les programmes de télévision, les
films et les autres moyens audiovisuels.»
8. Il y a peu de différences entre ces deux termes. Le changement indique une différence entre
deux situations dans un temps relativement court, et peut-être dans le sens d'une
amélioration ou d'une dégradation. Le développement est souvent compris comme un
processus progressif vers une meilleure situation. Nous croyons, quant à nous, que le
développement, lui aussi, peut aller soit dans un sens positif soit dans un sens négatif.
54
Développement, culture et éducation
9. Le terme «occidental» ne peut être employé qu'avec prudence, notamment s'il s'agit
d'éducation. En effet, si l'on étudie les systèmes d'éducation dans les pays «occidentaux»,
c'est-à-dire en Europe, en Amérique du Nord ou en Australie, on constate des différences
fondamentales. Non pas tant dans la forme que dans les objectifs, les méthodes d'enseigne-
ment, le style, les matières enseignées et les examens. Il est vrai que nombre de spécialistes
de l'éducation et de pédagogues qui ont influencé l'évolution de l'école sur le plan
international au cours du siècle dernier ont vécu dans ces pays ; mais il faut rappeler
également que ces systèmes ont absorbé maints éléments culturels provenant d'autres
sociétés.
10. Voir, par exemple, les publications de Luis Rojes Aspiazu (1980), Gershom N. Amayo
(1984) et A. Kater et al. (1988). Voir aussi le chapitre XI de cet ouvrage.
11. Voir Dubbeldam, Boeren et Hoppers, 1990, p. 4.
12. Voir Oltheten et ai, Epskamp, 1984, et L. Alberto Alfonso, 1988.
13. IMPACT — Instructional Management by Parents, Community and Teachers (Gestion de
l'éducation par les parents, la communauté et les enseignants).
PAMONG — Pendidikan Anak Oleh Masyarakat Orangtua dan Guru, voir Socrates,
1986.
14. Le titre complet du projet est le suivant: «Mise au point d'un système d'intervention
éducative coordonné pour l'amélioration de la qualité de la vie des pauvres des régions
rurales par l'autonomie». Quatre pays, à savoir l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines et
la Thaïlande, ont participé à ce projet. Il n'a pas été appliqué en Malaisie (voir Socrates,
1990).
15. Noel McGinn, «Cultures of policy and cultures of networking» [Culture des politiques et
culture des réseaux], NORRAG News, n° 13, décembre 1992, p. 11.
16. Leo F. B. Dubbeldam, «Networking and institutional development» [Réseaux et dévelop-
pement institutionnel], document élaboré pour l'atelier NORRAG sur les politiques et les
cultures du travail de réseau, Oxford, septembre 1993, 8 p.
17. Voici par exemple certains réseaux internationaux : ERNESA — Education Research
Network for Eastern and Southern Africa [Réseau de recherche en éducation pour l'Afrique
de l'Est et du Sud] ; ERNWACA — Educational Research Network for West and Central
Africa [Réseau de recherche en éducation pour l'Afrique de l'Ouest et centrale];
NORRAG — Northern Research Review and Advisory Group [Étude sur la recherche
nordique et Groupe de conseil] ; REDUC — Red de Información y Documentación en
Educación para America Latina y el Caribe [Réseau d'information et de documentation en
éducation pour l'Amérique latine et les Caraïbes]; SEARRAG — South East Asian
Research Review and Advisory Group [Recherche dans le Sud-Est asiatique et Groupe de
conseil] ; SERI — The Southern Educational Research Initiative [Initiative de recherche en
éducation dans le Sud]. Il en existe d'autres, également aux niveaux nationaux.
RÉFÉRENCES
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Vargas Llosa, Mario. 1990. The storyteller [Le conteur]. New York, Penguin books. 246 p.
58
CHAPITRE III
59
Annuaire international de l'éducation
60
Les objectifs politiques de l'éducation culturelle.
Inciter l'enfant à respecter ses parents, son identité culturelle, sa langue et ses valeurs, les
valeurs nationales du pays où il vit, le pays d'où il vient et les civilisations autres que la
sienne.
61
Annuaire international de l'éducation
L'article 30 met l'accent sur le droit des enfants, des minorités ou des
populations indigènes de vivre conformément à leur propre culture et de
pratiquer leur langue et leur religion :
Dans les États où existent des minorités ethniques religieuses ou linguistiques ou des
indigènes, un enfant appartenant à l'une de ces minorités ou un enfant indigène pourra exercer
le droit, en communauté avec les autres membres de son groupe, de vivre selon sa culture, de
professer et de pratiquer sa religion, et de pratiquer sa langue.
Selon la Déclaration sur l'environnement et le développement adoptée par la
Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement
(Rio de Janeiro, 3-14 juin 1992), il existe un lien étroit entre la protection de
l'environnement et un développement durable.
Le principe 4 de la déclaration affirme que : « Pour favoriser un dévelop-
pement durable, la protection de l'environnement doit faire partie intégrante
du processus de développement et ne doit pas être envisagée séparément. »
Le principe 22 de la même déclaration fait référence à l'importance de la
culture des peuples indigènes et de leur coopération dans la gestion de
l'environnement.
Les populations indigènes et leurs communautés, ainsi que d'autres communautés locales, sont
essentielles dans la gestion et le développement de l'environnement étant donné leurs
connaissances et leurs pratiques traditionnelles. Les États doivent donc tenir compte de leurs
intérêts, de leurs identités et de leurs cultures, et favoriser leur participation effective à
l'avènement d'un développement durable.
Une conférence internationale encourage les échanges et la coopération
internationale. C'est dans cet esprit qu'a été convoquée la quarante-
troisième session de la Conférence internationale de l'éducation (CIE) à
Genève en 1992 sur le thème de la «Contribution de l'éducation au
développement culturel». Cette session de la CIE, centrée sur les relations
entre l'éducation et la culture, a débattu de l'élaboration de politiques
coordonnées au service du développement éducatif et culturel, de la
dimension culturelle que l'éducation devrait prendre en compte, du rôle de
l'éducation dans le développement culturel et artistique, de la coopération
entre divers contributeurs potentiels à l'éducation comme l'école, la com-
munauté et la société, et des nouvelles responsabilités des enseignants à
l'égard des aspects culturels et interculturels de l'éducation.
Ce document met en lumière les discussions de la conférence portant sur
la relation entre l'éducation et la culture, les objectifs culturels de l'éduca-
tion dans les États membres, les politiques coordonnées au service du
développement éducatif et culturel, les innovations dans le domaine de
l'éducation culturelle et multiculturelle, la coopération régionale et interna-
tionale enfin dans ce domaine. Les sources d'information utilisées sont des
documents de conférence (la Recommandation, les documents de travail, les
62
Les objectifs politiques de Véducation culturelle
63
Annuaire international de l'éducation
Il faut non seulement que la culture soit enseignée d'une manière cognitive
(information, connaissance), mais encore qu'elle favorise la coexistence
avec diverses autres cultures et populations et, comme le déclarait un
délégué à la conférence: «qu'il soit bien entendu que l'apprentissage d'une
autre culture ne s'arrête pas à la connaissance ou à la tolérance. Cela ne
suffit pas. L'éducation multiculturelle a pour mission d'aider tout un chacun
à apprécier et à connaître d'expérience l'essentiel des autres cultures».
L'éducation ne doit pas se contenter de dispenser des connaissances
livresques à propos de la culture; elle doit s'efforcer de mettre les
apprenants en contact avec d'autres cultures, de favoriser leurs expériences
64
Les objectifs politiques de l'éducation culturelle
65
Annuaire international de l'éducation
66
Les objectifs politiques de l'éducation culturelle
— établir une paix, une coopération et une entente culturelle durables entre
les peuples d'Europe;
— cultiver le patrimoine européen commun des valeurs politiques, cultu-
relles et morales qui est le fondement de la société civilisée : droits de
l'homme, démocratie pluraliste, tolérance, solidarité et respect de la
loi;
— promouvoir un progrès économique et social durable tout en éliminant
les disparités et en préservant l'environnement;
— doter l'Europe d'une envergure suffisante pour qu'elle assume ses
responsabilités à l'égard du reste du monde .
Dans cette dynamique d'élargissement de la dimension européenne de
l'éducation, plusieurs pays d'Europe orientale ont décrit les efforts qu'ils
consentent actuellement pour favoriser la transition nationale de la politique
culturelle centralisée vers la diversité et le pluralisme culturels.
Nombre de pays africains lient étroitement la question de l'identité
culturelle à celle du développement national. Pour eux, la pertinence
culturelle de l'éducation est essentielle. Le Nigéria s'efforce de promouvoir
un «système d'éducation sain sur le plan académique, et pertinent sur le
plan culturel». Autre illustration de la réalité de la région, la République-
Unie de Tanzanie insiste sur la «promotion du souahéli, qui est la langue
nationale, et sur la mise au point de programmes d'enseignement dont le
contenu et l'organisation sont tanzaniens». Le Burkina Faso, quant à lui, l'a
dit clairement, l'identité culturelle est une question cruciale pour l'Afrique,
non seulement parce que c'est un objectif premier de l'éducation, mais aussi
parce qu'elle est un élément d'unification dans le développement national.
Pourtant, l'apport de l'éducation au développement culturel semble susciter
des sentiments contradictoires dans les pays africains. C'est en tout cas ce
67
Annuaire international de l'éducation
Les États membres qui ont participé à la conférence sont convenus que tous
les pays sont plus ou moins multiculturels et, par conséquent, que le contenu
éducatif de la diversité culturelle et le pluralisme sont pertinents et
respectés, mais il n'en reste pas moins que les priorités politiques soulevées
par cette question dépendent directement de la composition culturelle du
pays.
Pour les sociétés essentiellement multiculturelles comme l'Australie, le
Canada, l'Inde et la Malaisie, la diversité culturelle et le pluralisme sont une
réalité, et les politiques d'éducation multiculturelle y sont orientées vers un
multiculturalisme national. L'éducation des minorités culturelles et linguis-
tiques y est prioritaire, qu'il s'agisse de populations indigènes, de minorités
établies de longue date, d'immigrants, de migrants ou de réfugiés.
Les rapports nationaux donnent des exemples de ces groupes culturels
minoritaires : aborigènes et insulaires de Torres Strait (Australie) ; minorités
frisonnes (Pays-Bas); populations Saami (Norvège); minorités hongroises
et allemandes (Roumanie); minorités d'origines allemande, ukrainienne,
biélorusse (Pologne); minorités non germanophones de travailleurs turcs
68
Les objectifs politiques de l'éducation culturelle
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Annuaire international de ï éducation
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Les objectifs politiques de l'éducation culturelle
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Les objectifs politiques de l'éducation culturelle
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Les objectifs politiques de l'éducation culturelle
L'ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE
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Annuaire international de l'éducation
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Les objectifs politiques de l'éducation culturelle
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Annuaire international de Véducation
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Les objectifs politiques de l'éducation culturelle
Mécanisme de coordination
La création d'un ministère unique chargé à la fois de l'éducation et de la
culture permet de coordonner ces deux secteurs. D'après les réponses au
questionnaire de la conférence, plusieurs pays (Arabie Saoudite, Argentine,
Chili, Finlande, France, Indonésie, Israël, Japon, Kenya, Liban, Lesotho,
Malawi, Namibie, Philippines, République-Unie de Tanzanie, Zambie) ont
confié l'éducation et la culture à un seul ministère. Certains de ces pays font
savoir que cette mesure facilite la coordination entre les programmes
éducatifs et culturels, et qu'elle améliore leur efficacité et leur coût-
efficacité. Ils font part aussi des inconvénients qu'elle présente. Ainsi, les
restrictions budgétaires portent en général sur la culture, et les programmes
éducatifs ont toujours la préséance sur les programmes culturels.
Il y a d'autres moyens d'organiser les secteurs éducatifs et culturels au
niveau ministériel. Ainsi l'Autriche a créé le Ministère fédéral de l'éduca-
tion et des arts, et l'Inde, les Départements de l'éducation et de la culture,
qui font tous deux partie du Ministère de la mise en valeur des ressources
humaines de l'Union gouvernementale.
De nombreux autres pays font état d'une coordination interministérielle
qui passe en principe par la création d'une commission ou de structures
équivalentes. Ainsi le Bénin a créé la Commission nationale des ressources
humaines qui coordonne l'éducation et la culture. Les Émirats arabes unis
convoquent la Commission des politiques éducatives, dont sont membres
les départements chargés de la surveillance des affaires culturelles et de
l'éducation. Le Japon a instauré un conseil consultatif au sein du Ministère
de l'éducation, de la science et de la culture, dont les membres sont des
spécialistes de l'éducation et de la culture. Quant à la Fédération de Russie,
elle coordonne ses politiques éducatives et culturelles grâce aux commis-
sions pertinentes du Conseil suprême. En 1988, la France a créé un Haut
Comité de l'éducation artistique, présidé par le Ministre de l'éducation et de
la culture. La Commission nationale de l'Argentine pour la Décennie
mondiale pour le développement culturel, composée de membres issus de
plusieurs secteurs (sciences, technologie, santé, culture, etc.), coordonne les
activités liées à la culture, à la science, à la technologie et à la communica-
tion. La République de Corée coordonne ses politiques culturelles et
éducatives grâce à son Conseil de planification économique. En Australie,
le Bureau des affaires multiculturelles du département du premier ministre
et du cabinet coordonne les politiques et les stratégies culturelles et
éducatives qui ont trait aux affaires multiculturelles.
83
Annuaire international de Véducation
Partenariat
Les autres ministères ou les autres départements sont des partenaires très
importants. Les ministères chargés de la jeunesse et des sports, de l'environ-
nement, du commerce, de l'économie, des affaires étrangères, de l'informa-
tion et de l'intérieur sont des partenaires essentiels au niveau ministériel.
Les pouvoirs locaux (conseil provincial de l'éducation, gouvernement
local), les universités, le secteur privé (les conseils d'entreprise, les
fédérations économiques), les ONG, les associations (les syndicats d'ensei-
gnants), les groupes communautaires (parents, dirigeants locaux, organisa-
tions artistiques, organisations de jeunes) et les médias sont aussi, selon les
États membres, des partenaires essentiels.
84
Les objectifs politiques de Véducation culturelle
NOTES
85
CHAPITRE IV
L'éducation interculturelle
par Le Thành Khôi
86
L'éducation interculturelle
87
Annuaire international de Véducation
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L'éducation interculturelle
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Annuaire international de l'éducation
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L'éducation interculturelle
INTERCULTURALITÉ ET INTERDISCIPLINARITÉ
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Annuaire international de l'éducation
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L'éducation interculturelle
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Annuaire international de l'éducation
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L'éducation interculturelle
95
Annuaire international de l'éducation
Même quand on est plein de bonne volonté, les choses ne sont pas si simples. On s'aperçoit
que pour pousser des gens à creuser un puits, il faut qu'ils n'aient plus peur du dragon
souterrain; pour les amener à exterminer les moustiques, il faut les convaincre qu'il n'y a
aucune impiété à saupoudrer l'autel des ancêtres de poudre insecticide. Il faut répéter des
millions de fois la phrase: faites bouillir l'eau avant de la boire (Le Thành Khôi, 1992,
p. 145).
À l'école moyenne, certains pays pratiquent déjà l'enseignement intégré des
sciences de la nature (physique, chimie, biologie, technologie) et même des
sciences sociales (histoire, géographie, économie, sociologie), ce qui facilite
l'approche interdisciplinaire. C'est au niveau de l'enseignement secondaire
et supérieur qu'elle est le plus difficile à organiser du fait de sa nouveauté,
des traditions monodisciplinaires, du nombre des enseignants, de la com-
plexité à l'aborder.
96
L'éducation interculturelle
les recherche pour les faire épouser par le mouvement de son outil, il
en dégagera un carré, un disque ou une pièce en demi-lune selon le sens
des veines et indépendamment d'un modèle préconçu. «Raisonner, c'est
chercher la structure formelle de la réalité pour y adapter l'action»
(L. Vandermeersch). On voit la différence entre cette conception et la
conception européenne. Elle est aussi efficace pour agir sur le monde si l'on
pense à la réussite économique du Japon, et plus récemment de la
République de Corée, de Taiwan, de Hongkong, de Singapour, de la Chine
même, tous pays de civilisation chinoise ou ayant reçu les influences
chinoises (Corée, Japon).
Dans la perspective d'une formation de la personne, Venseignement
littéraire doit moins se concentrer sur l'histoire, la critique et l'esthétique
des genres et des écoles que sur la signification humaine des grandes œuvres
de la littérature nationale et mondiale. C'est en elles que l'adolescent
découvre les multiples aspects de la nature humaine, ses caractéristiques
universelles et ses variations dans l'espace et dans le temps, c'est par un
dialogue constant avec elles qu'il approfondit et affine sa propre personna-
lité. C'est pourquoi l'analyse fouillée de quelques œuvres majeures est de
plus de profit qu'un cours d'histoire littéraire agrémentée de morceaux
choisis, si bien choisis soient-ils. La comparaison de textes nationaux et de
textes étrangers sur des thèmes semblables apporte un enrichissement
supplémentaire : le mot « humanisme » prendra son plein sens lorsque, à côté
de Shakespeare, Molière, Tolstoï, Goethe et Cervantes, seront enseignés les
Jatakas indiens, les Rives du lac de Lo Pen, Y Histoire de Kiêu du Viet Nam
ou les littératures orales de l'Afrique.
L'«enseignement littéraire» s'articulera avec celui de l'histoire, de la
géographie, des institutions économiques, sociales et politiques, qui prépa-
rent l'individu à l'insertion dans son milieu, puis dans la société internatio-
nale. Il importe que l'adolescent connaisse, à sa sortie de l'école, les
mécanismes de fonctionnement de l'État, afin d'exercer pleinement ses
droits et ses devoirs, qu'il ait une notion des grands problèmes mondiaux
dont lui parlent la presse, la radio, la télévision, et à la compréhension
desquels l'auront déjà préparé l'histoire et la géographie. Celles-ci devront
abandonner le point de vue événementiel, nationaliste et même raciste,
qu'on rencontre encore, pour se placer résolument dans une perspective
universelle, seule conception possible à une époque où les progrès de la
science créatrice et destructrice ont rendu solidaires les nations et les
hommes.
La géographie et l'histoire auront à montrer l'étroite interdépendance des
phénomènes physiques et humains, des civilisations et des peuples. Si
l'échantillonnage et l'étude régionale intéressent l'enfant parce qu'ils lui
97
Annuaire international de l'éducation
parlent de faits à portée de sa main (la localité qu'il habite, ses cultures, ses
industries), de telles méthodes, même situées dans le cadre d'un État,
demandent beaucoup de temps et risquent d'exagérer l'attention accordée
aux questions provinciales aux dépens d'un point de vue mondial. C'est
pourquoi il faut mettre l'accent sur la géographie et l'histoire générales, qui
transcendent les frontières politiques — dont elles auront établi le caractère
conventionnel —, examinent à l'échelle du globe les phénomènes de
population, de production et de consommation, ceux de communications, de
transports et d'échanges, étudient les guerres et les paix, les mouvements
religieux et idéologiques, les rencontres de civilisations.
Géographie et histoire se complètent heureusement, car l'une s'efforce
d'appréhender ce qu'il y a de permanent dans les conditions d'adaptation de
l'homme à son milieu (compte tenu des changements techniques), l'autre
raconte et explique son évolution en fonction de ses propres créations et de
l'apport d'autres cultures. L'histoire nationale développe chez l'enfant
l'amour de la patrie et le prépare au rôle futur de citoyen, mais elle doit lui
montrer aussi bien ce que sa patrie a reçu du monde que ce qu'elle lui a
donné. Dans la plupart des manuels, de quelque pays que ce soit, l'orgueil
national l'emporte sur la vérité historique: les contacts entre États s'y
réduisent à la guerre, dont on rejette la responsabilité sur autrui ou qu'on
justifie par quelque «mission civilisatrice», 1'«infériorité» des autres
peuples ou la «défense de la liberté». Il ne s'agit pas de nier les guerres et
les conflits internationaux, il s'agit de les expliquer de la manière la plus
objective possible et, en même temps, d'exposer l'importance beaucoup
plus grande que revêtent, pour la vie et le développement des peuples, les
emprunts culturels qu'ils ne cessent de se faire. Pour que l'enfant prenne
conscience du patrimoine commun de l'humanité, il est bon que l'histoire
lui soit présentée dans son unité, comme un ensemble cohérent, dans un
ordre logique (c'est-à-dire ici chronologique) et non comme une juxtaposi-
tion d'«histoires» particulières ainsi que lui en donne l'impression le
découpage des programmes.
L'histoire mondiale montre qu'aucune culture n'est «pure», que les plus
grandes civilisations se sont construites en empruntant à d'autres civilisa-
tions qui les ont fécondées. En Asie, le Japon a importé de Chine, par le
truchement de la Corée, l'écriture, le bouddhisme, le confucianisme et des
institutions politiques. La Chine a été vivifiée par le bouddhisme indien tout
comme le Viet Nam et les deux autres pays. L'Islam a repris l'héritage grec
et l'a retransmis à l'Europe au Moyen Âge, en y ajoutant ses propres
contributions philosophiques, scientifiques et techniques.
En Europe, les deux supports de toute civilisation avancée, l'écriture et le
papier, sont originaires d'Asie. L'alphabet grec, transmis aux Latins par les
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À l'école, on l'a dit, elle ne doit pas constituer une discipline supplémen-
taire, mais imprégner toutes les autres. Cela signifie que l'horaire ne doit
pas être augmenté, mais aménagé pour que la littérature, l'histoire, la
géographie, les arts, etc., fassent une place à d'autres cultures que la culture
nationale. L'aménagement se ferait selon le critère de compréhension du
présent et du passé qui explique le présent. Dans les classes où sont
représentées plusieurs cultures, c'est à elles que l'enseignant consacrerait le
plus d'attention, en utilisant toute la documentation, écrite et audio-visuelle,
dont il dispose, en faisant parler les enfants et, éventuellement, les parents.
À l'école maternelle et primaire, l'effort serait surtout de sensibilisation. Il
serait prolongé au niveau moyen et secondaire par un approfondissement
des questions.
Trois problèmes se posent: la préparation du matériel didactique, en
particulier des manuels; le rôle des médias; la formation des enseignants.
LE MATÉRIEL DIDACTIQUE
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annonce le décès de sa grand-mère ne se perd jamais dans un silence gêné. Là encore on s'initie
«au respect de l'intime de l'autre»[...]. L'ouverture de l'école, l'apprentissage de la tolérance à
la difficulté de vivre se forment aussi par la présence de quelques enfants handicapés. Enfin
l'école a su s'ouvrir aux parents qui «sont conviés régulièrement à des fêtes, invités à faire
partager leur culture, par des contes ou des plats traditionnels par exemple» (N. Michaux,
1991, p. 14).
RÉFÉRENCES
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L'éducation interculturelle
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(ED-86/WS/78.)
113
CHAPITRE V
Ce chapitre est destiné avant tout à susciter un débat sur les rapports entre la
dynamique culturelle contemporaine et les processus de scolarisation. Dans
nos sociétés complexes, on peut observer un certain nombre de domaines où
les tensions sont considérables.
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Les défis des systèmes éducatifs face à la dynamique culturelle contemporaine
Industrie de la culture
Enfin, l'extraordinaire dynamique culturelle contemporaine a multiplié et
diversifié les institutions et les agents impliqués ; les moyens de communi-
cation amènent des confrontations entre des cultures jusqu'alors restées
distantes; l'ensemble de ces cultures est devenu un produit manufacturé
grâce à 1'«industrie culturelle», ce que d'aucuns identifient parfois à la
«culture de masse», de sorte que le scolaire ne représente plus qu'un
secteur — certes stratégique — au sein de la nouvelle constellation
culturelle contemporaine. La culture ne se fait plus par le biais des seules
institutions faisant partie des «systèmes éducatifs» qui la diffusent de
moins en moins. D'autres institutions (la radio et la télévision, les sectes et
les forces armées, la publicité, les industries du loisir et du tourisme)
«éduquent», «forment» ou «cultivent» de façon plus efficace, plus
constante, plus systématique que la totalité des institutions scolaires — y
compris les «extrascolaires» — avec leurs bataillons d'enseignants complè-
tement dépassés par les crises successives (Coombs, 1965 et 1985). À cette
coupure progressivement instituée, dans tous les pays, entre la culture et
l'ensemble de ce qui forme la «culture contemporaine» s'ajoute, dans les
pays du Sud, l'opposition — construite selon les dichotomies caractéristi-
ques de la pensée occidentale — entre la «tradition» et la «modernité», et
entre la culture1 (anthropologique) et le «développement».
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sociale, effective et symbolique, d'un groupe sur un autre (ou d'une couche
sociale sur une autre). Si les modèles de la culture d'érudition qui ont été
importés sont, en plus, présentés comme supérieurs aux modèles indigènes,
il en résulte une dépréciation de ces derniers. Ainsi, le fait d'être bien
informé sur les cultures étrangères par l'entremise du cinéma, du théâtre ou
de la musique peut être, selon les cas, un enrichissement ou, au contraire,
mener à une déculturation indigène.
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NOTES
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Les défis des systèmes éducatifs face à la dynamique culturelle contemporaine
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130
CHAPITRE VI
L'éducation interculturelle
au service du développement
culturel: l'apport de la
formation des enseignants
Pieter Batelaan
INTRODUCTION
131
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L'éducation interculturelle au service du développement culturel
Cependant, les opinions y sont fondées sur des principes universels tels
qu'ils sont énoncés dans les traités, déclarations et recommandations
pertinents des Nations Unies et de l'UNESCO, ce qui, nous l'espérons, le
rendra accessible et utile à un public plus vaste.
Tant que les enfants se sentiront aliénés dans les écoles à cause d'une
organisation et d'un enseignement fondés sur la tradition de la culture
académique (qui reflète en fait la culture du ou des groupes dominants de la
société), les taux d'abandon scolaire continueront de s'accroître. L'instaura-
tion d'une politique d'égalité des chances est indispensable si l'on veut que
l'école joue un rôle important dans le développement culturel des person-
nes, des groupes et des sociétés. L'éducation interculturelle doit faire face à
la fois à la diversité et à l'inégalité. Ce sont les deux revers d'une même
médaille. Nombre de programmes dont l'objectif est l'égalité des chances, y
compris certains programmes antiracistes, ne tiennent pas compte de la
diversité culturelle. Par ailleurs, certains programmes multiculturels dont
l'objectif est la compréhension mutuelle entre diverses cultures font fi de
l'inégalité sociale et économique. Pour promouvoir la diversité culturelle, il
faut faire beaucoup plus qu'enseigner d'«autres» cultures. L'égalité des
chances exige elle aussi beaucoup plus que d'offrir à tout un chacun le
même accès à l'éducation. Elle signifie aussi l'égalité d'accès à la participa-
tion au processus d'apprentissage, ainsi que la reconnaissance et la valida-
tion des connaissances et des compétences (y compris la langue) que les
enfants possèdent déjà.
L'éducation interculturelle comprend:
— la promotion de la compréhension interculturelle et internationale ;
— la reconnaissance et le respect des différences culturelles ;
— les questions touchant aux droits de l'homme et à la citoyenneté
(responsabilités humaines) ;
— l'octroi de chances égales (le système d'éducation devrait être sans
exclusif) ;
— des stratégies assurant l'égalité d'accès aux processus d'apprentissage
afin de permettre l'égalité dans les résultats.
En dépit de tous les documents produits par les organisations internationa-
les, dont l'UNESCO, des recommandations adoptées par les gouvernements
nationaux, parfois même en dépit de la législation nationale, l'éducation
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L'éducation interculturelle au service du développement culturel
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Annuaire international de l'éducation
Celui qui ne peut pas se développer sur le plan personnel est à la merci
des producteurs de la culture populaire de masse. Par ailleurs, on ne saurait
isoler le développement économique du développement culturel; l'émanci-
pation englobe aussi l'épanouissement de l'identité culturelle de chacun.
Le développement culturel à tous les niveaux dépend de l'équilibre des
différents objectifs de l'éducation.
136
L'éducation interculturelle au service du développement culturel
ceux-ci sont tous dérivés des mêmes valeurs, sous-jacentes aux activités de
nombreuses organisations intergouvernementales, dont les Nations Unies,
l'UNICEF, l'UNESCO, la Conférence pour la sécurité et la coopération en
Europe (CSCE) et le Conseil de l'Europe.
Il est toujours surprenant de constater que les responsables du développe-
ment de l'éducation ou de l'élaboration des politiques institutionnelles ne
font presque jamais référence aux conventions et aux résolutions internatio-
nales envers lesquelles les gouvernements se sont engagés. C'est pourquoi
nous tenons à citer ici une partie de cette législation internationale :
Article 29. Les États parties conviennent que l'éducation de l'enfant doit viser à:
a) Favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement de ses dons et
de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités ;
b) Inculquer à l'enfant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et des
principes consacrés dans la Charte des Nations Unies ;
c) Inculquer à l'enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs
culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays
duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne ;
d) Préparer l'enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un
esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d'égalité entre les sexes et d'amitié entre
tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d'origine
autochtone ;
e) Inculquer à l'enfant le respect du milieu naturel.
Article 30. Dans les Etats où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques ou
des personnes d'origine autochtone, un enfant autochtone ou appartenant à une de ces minorités
ne peut être privé du droit d'avoir sa propre vie culturelle, de professer et de pratiquer sa propre
religion ou d'employer sa propre langue en commun avec les autres membres de son groupe.
La Recommandation sur l'éducation pour la compréhension, la coopération
et la paix internationales et l'éducation relative aux droits de l'homme et
aux libertés fondamentales, adoptée par la Conférence générale de l'UNES-
CO à sa dix-huitième session (Paris, 19 novembre 1974), comprend les
aspects culturels :
Article 17. Les États membres devraient promouvoir, aux diverses étapes et dans les divers
types d'éducation, l'étude des différentes cultures, de leurs perspectives et des modes de vie
différents de façon à favoriser l'appréciation mutuelle de leurs particularités respectives, ainsi
que l'étude de leurs influences réciproques. Cette étude devrait attribuer notamment l'impor-
tance voulue à l'enseignement des langues, des civilisations et du patrimoine culturel d'autres
pays afin de promouvoir la compréhension internationale et interculturelle.
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L'éducation interculturelle au service du développement culturel
139
Annuaire international de l'éducation
sage intégré (Batelaan, 1993), j'ai affirmé que les méthodes d'apprentissage
intégré devraient être utilisées dans le cadre de l'éducation interculturelle ou
que l'apprentissage intégré devrait s'efforcer de répondre aux critères de
l'éducation interculturelle. Le développement de l'éducation interculturelle
exige une approche globale. L'éducation, qu'elle soit interculturelle, multi-
culturelle ou antiraciste, se préoccupe en tout premier lieu du contenu,
c'est-à-dire qu'elle veut répondre à la question de savoir ce qu'il faut
enseigner ou ce que les élèves doivent apprendre.
L'apprentissage intégré consiste d'abord à savoir comment enseigner ou
comment organiser l'apprentissage. «L'apprentissage intégré est une solu-
tion idéale au problème qui consiste à fournir aux élèves provenant de
divers groupes ethniques la possibilité d'interactions non superficielles et
intégrées» (Slavin, 1990, p. 35).
Dans les travaux des spécialistes concernant l'apprentissage intégré, dont
ceux de Slavin et Johnson et Johnson, il n'y a aucune référence explicite aux
conséquences de la diversité au sein de la classe. Les trois auteurs visent de
meilleurs résultats pour les élèves les moins performants dans les situations
traditionnelles d'apprentissage ou d'enseignement, mais leurs travaux ne
font pas allusion à l'essence de l'inégalité qui existe au sein de la classe du
fait des différences qui prévalent entre les élèves sur le plan social,
académique ou du statut. « Si on laisse les caractéristiques du statut opérer
sans contrainte au sein de la classe, l'interaction des enfants ne fera que
renforcer les préjugés avec lesquels ils sont entrés à l'école» (Cohen, 1986,
p. 31). Les travaux de Cohen sont très importants pour l'éducation
multiculturelle et l'éducation interculturelle parce qu'ils traitent explicite-
ment de l'inégalité au niveau de la classe. Ses travaux sont également
importants du point de vue du thème de la présente publication, car leur
objectif est la participation de tous les enfants — indépendamment de leur
milieu socio-économique, culturel, linguistique ou de leur statut en tant
qu'élève — à l'interaction, condition indispensable du développement
culturel.
140
L'éducation interculturelle au service du développement culturel
formation, qu'elle soit initiale ou sur le tas, constitue l'un des facteurs
essentiels de la qualité de l'enseignement dispensé.
L'évaluation de la formation des enseignants en Suède, effectuée par une
commission de l'IAIE (Batelaan, dir. publ., 1992), que nous avons déjà
mentionnée a permis de conclure que, en dépit d'une politique gouverne-
mentale relativement favorable, l'éducation interculturelle n'y occupe
qu'une position marginale. D'après leur expérience, les membres de la
commission estiment qu'il en va de même dans la plupart des pays
d'Europe. Il n'existe pas de définition claire de l'engagement de l'ensei-
gnant envers la responsabilité qu'il exerce à l'égard de la communauté et de
la société dans son ensemble. Or, en l'absence d'un tel engagement, les
institutions éducatives sont vulnérables aux pressions exercées par le
marché de l'éducation. Ainsi, dans toute l'Europe, l'enseignant du cycle
supérieur subit des pressions pour s'orienter davantage vers le marché. Or
cette tendance n'est pas le résultat d'une discussion de fond sur l'objectif de
l'éducation pour la société, elle découle exclusivement de la pression
économique. Quand on parle de «marché» dans ce contexte, il s'agit de
«clients» qui souhaitent «acheter» des qualifications au bénéfice des
employeurs. De sorte que les institutions doivent à présent devenir attrayan-
tes pour les élèves. Certains «traits» de l'éducation ont un «statut» plus
élevé que d'autres. Le danger de cette orientation étroite vient du fait que les
fonctions culturelles émancipatrices et pédagogiques de l'éducation dans
une société démocratique pourraient disparaître ou être marginalisées, au
profit de la seule fonction économique de l'éducation. Les institutions
d'enseignement supérieur, et notamment les instituts de formation des
enseignants, devront relever ce défi à l'avenir: accorder davantage d'impor-
tance aux besoins de la société, et en particulier au développement culturel.
La marginalisation de l'éducation interculturelle dans la formation des
enseignants pourrait être le fruit de la marginalisation des fonctions
émancipatrices, culturelles et pédagogiques de l'éducation.
Autre facteur important: l'organisation des instituts de formation d'ensei-
gnants. L'éducation interculturelle exige une approche interdisciplinaire.
Les universités et autres institutions d'enseignement supérieur, y compris
celles qui assurent la formation des enseignants, sont organisées en facultés
et en disciplines. Les fonctionnaires en poste dans ces sections doivent leur
position à la discipline dont ils sont spécialistes. Ils n'ont donc aucun intérêt
à favoriser la mise au point de cours « interdisciplinaires » tant que personne
ne se plaint du côté des responsables des ressources financières, et tant que
ceux qui sont chargés du contrôle de la qualité ignorent l'importance de la
diversité sociale et culturelle dans la société.
141
Annuaire international de l'éducation
142
L'éducation interculturelle au service du développement culturel
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144
CHAPITRE VII
INTRODUCTION
145
Annuaire international de l'éducation
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Les enseignants, auxiliaires du développement culturel
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Annuaire international de l'éducation
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Les enseignants, auxiliaires du développement culturel
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Les enseignants, auxiliaires du développement culturel
doivent déjà faire face, ces modifications sont tenues de prendre en compte
l'aspect pratique de la question. Inversement, les enseignants qui sont
conscients de leur rôle culturel peuvent prendre et prennent effectivement
des mesures concrètes dans leur travail quotidien afin d'adapter les
programmes d'études aux besoins des apprenants ayant des acquis culturels
différents, même lorsque cela n'est pas officiellement favorisé (et parfois en
dépit de la désapprobation des autorités).
Lorsqu'une décision prise par une instance supérieure a pour objet de
mettre l'accent sur les aspects culturel et interculturel de l'éducation, les
enseignants doivent également faire face à des changements superficiels tels
que l'ajout d'une unité ou deux à un cours ou à un programme. Lors de
discussions antérieures menées dans le cadre de mes recherches — à titre
d'exemple, celles qui étaient en relation avec le projet des Écoles associées
de l'UNESCO —, les enseignants et les éducateurs ont mis l'accent sur la
nécessité d'examiner le sens opérationnel de la culture tel que défini dans le
programme d'enseignement prescrit plutôt que par rapport à un cours ou à
une unité d'étude, exclusivement. Selon les situations, ils ont soulevé des
questions différentes :
a) Objectifs nationaux en matière d'instruction. Dans le programme d'ensei-
gnement, la définition de la culture s'appuie souvent sur le fait que
l'école est au service de la nation et devrait, à ce titre, promouvoir une
seule culture ou un point de vue culturel unique. Parfois, ce point de vue
est exprimé sur le plan de la promotion du développement économique
national, et l'ensemble de l'enseignement est perçu par rapport aux
résultats que les diplômés auront obtenus. Les réponses apportées par
certains pays à l'étude du BIE mentionnée ci-dessus ont clairement
montré que l'objectif culturel de l'instruction était d'encourager le
développement d'un héritage national culturel (unique) ou d'un héritage
culturel d'obédience islamique. Par opposition, dans les réponses fournies
par certains pays occidentaux, l'assertion selon laquelle le contenu du
programme serait essentiellement centré sur l'Europe est parfois considé-
rée comme acquise, donc ni remise en question ni explicitée. Seule une
infime partie des administrations a mentionné de façon explicite les
tentatives menées pour diminuer les tendances eurocentriques du pro-
gramme.
b) Contenu du terme « culture » dans le programme officiel. Dans certains
contextes de l'éducation, le programme assimile la culture à l'enseigne-
ment de la musique, des beaux-arts et de certains domaines des sciences
de l'homme, en particulier la vraie ou la bonne littérature. Bien qu'ils
reconnaissent la valeur de ces domaines, les enseignants montrent que
cette définition de la culture est loin d'être moderne.
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Annuaire international de l'éducation
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Les enseignants, auxiliaires du développement culturel
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Les enseignants, auxiliaires du développement culturel
supprimera pas le fait que, dans leur travail quotidien, la plupart des
enseignants doivent faire face à la culture sous toutes ses facettes.
Pour mieux expliquer ce qui suit, nous tenterons de nous en tenir le plus
fidèlement possible au «sens opérationnel» de la culture touchant les
enseignants, et nous distinguerons leurs rôles de leurs responsabilités dans :
a) le développement d'un héritage culturel national et le fait de le faire
découvrir, cela étant en général un objectif clé du programme officiel ; b) le
développement des capacités artistiques et esthétiques des élèves, souvent
dans le cadre de l'enseignement des beaux-arts et des disciplines littéraires;
c) la coordination et le développement de la culture actuelle d'un pays, en
particulier le développement culturel des communautés dont les membres
sont directement servis par l'école individuelle; d) l'apport d'une éducation
qui encourage la sensibilisation à l'interculturalité; et e) l'adaptation de
l'éducation aux besoins des groupes dont les cultures ou modes de vie sont
différents de ceux du groupe culturel majoritaire ou dominant du pays.
Les rôles des enseignants tendent à varier de façon significative selon le
sujet qu'ils enseignent. Par ailleurs, il est important d'exploiter les éventuel-
les convergences entre les différentes matières afin de garantir une certaine
harmonie de ce développement. Dans l'enseignement primaire, où le maître
est responsable de l'enseignement d'un ensemble de disciplines ou de sujets
d'étude, il est souvent possible d'utiliser l'enseignement d'une matière pour
renforcer les connaissances acquises dans une autre. Dans l'enseignement
supérieur, la spécialisation des enseignants ne facilite pas une telle coordi-
nation. Cependant, ce genre de consolidation entre les différents domaines
du programme peut avoir un effet considérable.
Dans presque tous les pays, on attribue aux enseignants un rôle de tout
premier plan pour ce qui est de garantir que les citoyens connaissent les
grandes lignes de l'héritage culturel national et les domaines principaux de
la culture estimés nécessaires à tout citoyen. Une telle culture comprend
normalement la connaissance d'une ou de plusieurs langues officielles, la
sensibilisation aux structures sociales et aux traditions contemporaines
nationales, des connaissances de base dans des disciplines académiques
estimées nécessaires pour une participation effective à la vie communautai-
re. Généralement parlant, cette culture constitue ce que l'on appelle
officiellement la «culture nationale», celle qui représente la composante
155
Annuaire international de Véducation
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Les enseignants, auxiliaires du développement culturel
Jusqu'à présent, l'auteur n'a pu rencontrer un seul éducateur qui ait exprimé
sa satisfaction face à la qualité de l'enseignement artistique et esthétique
offert aux élèves moyens dans le système public éducatif de leur pays. Par
ailleurs, presque tous les programmes éducatifs nationaux accordent peu
d'attention à l'objectif qui est d'offrir aux élèves l'occasion de développer
leurs propres talents artistiques et d'apprécier les créations artistiques des
autres. Lorsqu'ils se trouvent en face de choix difficiles, certains pays
traitent l'art et l'enseignement esthétique de la même façon que, il y a peu,
on gérait l'accès à l'enseignement, en ne le rendant accessible qu'à très peu
d'élèves, sélectionnés, lorsque cela était possible, sur la base de leurs
exceptionnelles aptitudes et de leur intérêt. Nul doute que, pour ce qui est de
l'enseignement formel et considérant le manque de ressources, cette
situation est susceptible de demeurer constante dans de nombreux pays,
s'agissant de diverses disciplines liées à l'appréciation de l'art et de
l'esthétique.
Par ailleurs, il est évident que les enseignants peuvent jouer, et souvent
exprimer une certaine bonne volonté à jouer, un rôle plus dynamique pour
promouvoir l'enseignement artistique et esthétique. Des entretiens révèlent
qu'ils regrettent souvent leur propre manque de préparation, sujet d'interro-
gation lié à la formation des enseignants. De plus, ils font remarquer trois de
leurs contraintes principales : a) des emplois du temps officiels qui laissent
peu de temps pour l'enseignement de matières autres que les disciplines
académiques de base ; b) les préoccupations des élèves et des parents en ce
qui concerne les examens dans les matières académiques ne comportant pas
de questions artistiques et esthétiques; et c) le manque de ressources
matérielles. Malgré les contraintes graves auxquelles elles doivent faire
face, les écoles sont parfois capables d'obtenir des résultats remarquables en
développant un enseignement artistique et esthétique, en grande partie en
créant des liens entre l'école et la communauté. Pour qu'une telle stratégie
soit efficace, les objectifs de l'enseignement doivent être adaptés à la
capacité de mobilisation des ressources communautaires. Ainsi, lorsque
l'enseignement artistique est exclusivement pratiqué par rapport à la
conception étroite des beaux-arts, il peut exclure la participation de la
communauté environnante qui a encore une tradition artistique vivace;
cependant, l'acceptation de cette compréhension artistique, qui peut être
développée à travers d'autres formes d'expression, laisse la porte ouverte au
recours à des individus talentueux, habiles en artisanat et dans d'autres
domaines de la culture populaire.
157
Annuaire international de l'éducation
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Les enseignants, auxiliaires du développement culturel
Canadien, l'auteur connaît bien cette situation extrême et négative où, dans
plusieurs cas, le développement de l'enseignement formel des populations
indigènes a souvent eu, dans nos pays, un effet opposé. Plutôt que de
contribuer au développement de leurs communautés, l'enseignement a eu
pour effet de favoriser la désintégration des piliers sociaux et culturels
traditionnels de la communauté, sans proposer de substitut adéquat.
L'exemple le plus significatif est celui de l'instruction qui se développe
dans les régions rurales du monde entier. Le développement rapide de
l'alphabétisation va rarement de pair avec la réalisation d'efforts pour
préserver les traditions culturelles et littéraires orales qui peuvent s'éteindre
sans laisser de trace en une ou deux générations à peine. Ainsi, on ne peut
s'empêcher de s'interroger sur certains articles de journaux apparus à
l'occasion, qui décrivent comment, dans un coin perdu du globe, des
linguistes enregistrent les paroles de l'un des derniers utilisateurs d'une
langue qui n'existera plus après sa mort.
Malheureusement, malgré l'attention occasionnelle que les médias ou les
politiciens leur accordent, la plupart des cultures indigènes du monde sont
étouffées par l'envahissante culture des sociétés modernes, souvent aidées
en cela par l'enseignement formel. Les observateurs contemporains analy-
sent fréquemment cette substitution culturelle comme étant le prix à payer
pour le progrès et le développement. La diffusion de l'enseignement
publique universel comme pilier du développement est devenu un dogme
reconnu par tous pour tout effort de développement. Il existe pourtant une
contradiction logique dans le fait d'accepter que le développement d'un
peuple implique 1'eradication de sa culture. En fait, de nombreux pays ont
connu l'échec et subi des frustrations parce que le développement de
l'instruction n'avait pas stimulé le développement économique ni même agi
efficacement dans la promotion de l'alphabétisation des populations indigè-
nes et des communautés dont la culture diverge très largement de celle de la
norme nationale. Il est possible que l'enseignement public, y compris
certains programmes d'alphabétisation, soit inefficace pour promouvoir le
développement national s'il est imposé comme culture unique dont le rôle
est d'éradiquer ou de remplacer les cultures communautaires déjà existan-
tes9. Inversement, une attention plus particulière devrait être accordée à la
nécessité de mettre en place une école nationale qui se base sur l'adaptation
des cultures communautaires à une relation de dualité culturelle, c'est-à-dire
en acceptant le fait que les apprenants aient tous une culture que l'éducation
doit respecter.
Les exemples que nous venons de citer ne remettent pas en question la
valeur de l'éducation moderne mais attirent l'attention sur la nécessité de
créer une relation pertinente entre les activités culturelles menées à l'école
159
Annuaire international de l'éducation
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Les enseignants, auxiliaires du développement culturel
161
Annuaire international de l'éducation
que l'on a appelé un héritage culturel national, souvent défini par rapport à
un point de vue culturel dominant unique. Les enseignants eux-mêmes
partagent fréquemment une grande part de l'opinion courante, et s'ils
veulent promouvoir la compréhension culturelle, ils doivent chercher à
surmonter les limites de leurs propres perspectives et maîtriser leur rôle de
stimulant des esprits jeunes pour que ces derniers abordent le monde de
façon saine. Parallèlement, les matériels pédagogiques tels que les manuels
scolaires évoluent très lentement, ce qui a pour résultat qu'un grand nombre
de ressources disponibles peuvent présenter des stéréotypes négatifs des
cultures différentes et des groupes culturels.
L'un des supports les plus efficaces du travail des enseignants dans le
domaine de l'éducation interculturelle est de créer une atmosphère de
coopération à l'école au sein de laquelle les objectifs de l'éducation
interculturelle deviennent un problème commun à plusieurs enseignants.
L'auteur a personnellement observé cela dans plusieurs des Écoles associées
de l'UNESCO, implantées dans différents pays, où l'initiative interne avait
favorisé une atmosphère de coopération en matière d'éducation intercultu-
relle. Lorsque ces écoles bénéficient du soutien des autorités nationales,
elles peuvent devenir des centres modèles concrets, au cœur d'un réseau de
communication qui favorise la diffusion de meilleures méthodes d'ensei-
gnement aux maîtres d'autres écoles. Les Écoles associées de l'UNESCO
prouvent que, avec un soutien minimal, l'objectif d'une meilleure compré-
hension interculturelle aux niveaux national et international sert de motiva-
tion pour que les enseignants mettent en place des activités complémentai-
res, et permet d'expérimenter de meilleures méthodes d'enseignement dans
leurs propres classesl0.
Actuellement, seuls quelques pays se sont préparés à intégrer complète-
ment l'éducation interculturelle dans la formation préalable des maîtres. A
l'avenir, le développement des compétences des enseignants dans ce
domaine dépendra du système de formation en service et du type d'aide
mutuelle relatif aux méthodologies d'innovation utilisées dans les écoles
telles que les Écoles associées. Parallèlement, des efforts acharnés doivent
être consentis pour développer ces concepts dans les centres de formation et
les facultés d'éducation qui préparent de nouvelles générations d'ensei-
gnants.
162
Les enseignants, auxiliaires du développement culturel
Dans tous les pays du monde, il existe des citoyens qui présentent certains
types de différences culturelles par rapport au courant culturel dominant de
l'instruction, ce qui les met dans une position désavantageuse lorsqu'on
analyse leurs résultats dans le système d'enseignement public. Nous
qualifierons ces groupes de «populations spéciales» afin d'éviter l'emploi
d'une terminologie qui pourrait suggérer qu'ils sont responsables des
difficultés qu'ils rencontrent en matière d'éducation11. Dans un passé assez
récent, la plupart des pays géraient les populations spéciales en utilisant des
mécanismes de sélection tels que les examens, afin de les écarter le plus tôt
possible des écoles les plus prestigieuses et du système scolaire en
général12. Cette tendance demeure largement répandue, en partie à cause du
rôle capital que les examens et les tests jouent dans le processus d'enseigne-
ment et d'apprentissage. Néanmoins, des tendances contraires d'une certai-
ne importance ont été mises en évidence dans un passé récent, chacune étant
liée à un concept différent de développement culturel.
Étant donné que le nombre potentiel de populations spéciales est presque
infini, nous limiterons ici nos remarques à l'examen de deux types de
besoins culturels reconnus qui se sont développés petit à petit. Le premier se
rapporte aux personnes considérées comme des handicapées sur un plan
physique ou intellectuel non lié à des antécédents ethnoculturels : infirmité
physique, handicap visible, dysfonctionnement intellectuel et problèmes
relatifs à ce dysfonctionnement. Le second se rapporte aux différences
ethnoculturelles.
Parce que le handicap est rarement considéré comme un problème culturel
et que cette question n'a fait l'objet de l'attention générale que tout
récemment, nous soulignerons uniquement les données du problème culturel
tel qu'il se présente actuellement. Grâce à la création d'institutions spéciali-
sées, de nombreux systèmes éducatifs ont été mis au service des personnes
considérées comme gravement handicapées, celles qui souffrent d'un
handicap moindre étant généralement intégrées dans le système scolaire
public à travers un type d'éducation spéciale qui implique, la plupart du
temps, de séparer ces élèves de ceux qui ne souffrent pas de ce handicap
pendant une grande partie de la journée ou même toute la journée. Pour un
certain nombre de raisons, plusieurs des pays les plus industrialisés ont
commencé à rejeter les procédures qui tendent à séparer l'éducation des
populations spéciales et tentent de les intégrer dans le système classique (ce
processus est appelé, dans certains pays anglophones, intégration d'enfants
retardés ou surdoués dans la vie scolaire normale)B.
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Annuaire international de l'éducation
CONCLUSIONS
Dans notre étude sur le rôle des enseignants comme artisans de moyens
propres à faciliter le développement culturel, nous avons essentiellement
mis en exergue les aspects pour lesquels le corps enseignant et les
programmes officiellement prescrits pour les études exercent une action
170
Les enseignants, auxiliaires du développement culturel
NOTES
1. Les écoles qui bénéficient d'un financement privé mais dont les orientations pédagogiques
sont formellement réglementées par l'État sont, par conséquent, incluses; cependant,
l'éducation postsecondaire et informelle, et l'éducation non réglementée sont exclues. Les
rôles éducatifs des familles, médias et institutions parapubliques et privées ne sont, par
conséquent, pas au centre de cet article. Toutefois, le lecteur devra noter que, dans la
plupart des analyses qui vont suivre, l'auteur utilise le terme «école» dans son sens abstrait
pour faire référence aux contextes de l'enseignement et de l'apprentissage. Les remarques
effectuées s'appliquent donc dans le contexte de l'éducation informelle (par exemple, en
dehors des établissements scolaires) pourvu qu'ils répondent à la condition d'être
réglementés par l'État, comme les campagnes d'alphabétisation menées dans les zones
rurales.
2. Il est courant de parler de « sous-cultures » en utilisant des termes tels que sous-culture des
pauvres, sous-culture des jeunes, sous-culture de la classe ouvrière, etc., pour faire
référence à la variété de groupes culturels que l'on peut trouver dans les États ou localités,
comme si chacun d'entre eux dérivait d'une culture unique qui chapeaute les autres. Je
préfère percevoir chaque individu comme étant un participant à un ensemble de commu-
nautés ayant à des degrés divers des caractéristiques (culturelles) communes. Par exemple,
l'identité familiale est généralement à l'origine des centres d'intérêt culturels individuels, et
la famille représente, à ce titre, une communauté culturelle. Il est également possible de
parler de culture scolaire pour faire référence soit à l'atmosphère particulière d'une école,
soit, collectivement, au type de structure culturelle mise en place par des écoles
spécifiques: la culture scolaire d'une école professionnelle peut être différente de celle
d'une école secondaire réservée à l'élite.
3. La littérature sociologique «occidentale» s'est essentiellement appuyée sur l'analyse de la
culture dans la relation entre l'instruction et le processus scolaire. Il existe peu de synthèses
ayant fait autorité en ce qui concerne les nombreuses et diverses écoles de pensée qui sont
apparues ces trois dernières décennies (voir Jean-Claude Forquin, École et culture : le point
de vue des sociologues britanniques, Bruxelles, de Boeck, 1989), synthèses qui, même si
elles ne se concentrent que sur un pays, apportent des idées sur les développements
théoriques largement partagées par d'autres pays.
4. Dans cette discussion, nous qualifierons toutes ces formes d'adaptation de l'enseignement
d'«interculturelles», et nous utiliserons l'adjectif «multiculturelle» comme un terme
171
Annuaire international de Véducation
descriptif neutre faisant référence à un pays ou à une situation/une école, au sein desquels
de nombreuses cultures sont présentes.
5. Les artistes étaient très souvent des travailleurs acharnés. Cependant, dans une société
européenne au sein de laquelle la vaste majorité de la population était constituée de
fermiers ou de paysans, et les petites populations urbaines, d'individus des classes
ouvrières et de prestataires de services qui faisaient les travaux manuels ou les travaux de
l'artisanat, les «beaux-arts» constituaient un centre d'intérêt réservé à l'aristocratie, du
moins dans la mesure où ses membres étaient les consommateurs des produits finis. Bien
que de nombreuses femmes se soient adonnées à la pratique des beaux-arts, leurs travaux
étaient rarement considérés comme dignes d'être appréciés comme de l'art par le public. La
fabrication des vêtements était rarement considérée comme tel, sauf dans le cas des
tapisseries sorties d'ateliers comme les Gobelins, en France, dont la création entière était le
fait d'un petit nombre d'hommes; la réalisation du motif et le choix minutieux des
couleurs, sur lesquelles reposait l'effet que l'artiste voulait rendre, étaient confiés à d'autres
personnes dont on estimait le travail de moins bonne qualité et que l'on reléguait, par
conséquent, au rang d'artisanat.
6. Voir les premiers travaux de Paulo Freire, Pedagogy of the oppressed, New York, Seabury
Press, 1968. (Traduction française: Pédagogie des opprimés, suivi de Conscientisation et
révolution, Paris, F. Maspero, 1974.)
7. Selon l'usage à l'UNESCO et dans les autres organisations internationales, on attribue à
tous les responsables de l'éducation d'un État donné le qualificatif d'autorités nationales.
Dans de nombreux États membres, la prise de décisions en matière d'éducation peut être
partagée entre des instances qui vont, à travers divers niveaux intermédiaires de l'adminis-
tration, du ministère national et des responsables élus au bas de l'échelle, à l'école et aux
enseignants à titre individuel. La référence faite ici aux «autorités éducatives nationales»
s'applique à tous ces responsables, qui prennent des décisions sur ce qui devrait être
enseigné et la façon de l'enseigner, établissant de ce fait les lignes directrices des activités
des enseignants.
8. Dans la plupart des pays, les tentatives d'utilisation de tels médias comme vecteurs
importants de l'enseignement des matières ordinaires sont généralement limitées aux
faibles populations bénéficiant d'un certain type d'éducation à distance; l'utilisation très
répandue d'un tel moyen durant une partie importante de la journée dans les classes
«moyennes» demeure une proposition utopique dans la plupart des pays; cependant, sa
mise en place impliquerait non pas une nouvelle approche de ce que l'on appelle
«éducation relative aux médias», mais une restructuration fondamentale de l'instruction
telle qu'elle se présente aujourd'hui, y compris dans tous les aspects se rapportant au rôle
de l'éducation.
9. Les programmes d'alphabétisation sont rarement perçus comme des programmes de
remplacement. Cependant, lorsqu'ils sont combinés avec d'autres forces de travail de la
société, ils peuvent servir de moyen par le biais duquel une tension complémentaire est
créée en ce qui concerne les cultures et styles de vie traditionnels. Il n'en demeure pas
moins que les programmes d'alphabétisation sont souvent mis en place pour développer
l'alphabétisation dans les langues que les apprenants concernés ne possèdent pas comme
une langue maternelle et sont susceptibles de comprendre peu ou pas du tout.
10. Un inventaire de modèles types d'utilisation du développement du programme d'études
scolaire comme facteur stimulant l'adoption de nouvelles approches de l'éducation
interculturelle est fourni dans: S. Churchill, «Teaching about world issues in UNESCO
Associated Schools», dans: Robert Harris (dir. publ.), The teaching of contemporary world
issues, Paris, UNESCO, 1986. Le lecteur notera que ces approches peuvent être facilement
adaptées dans les écoles qui ne sont pas membres du réseau des Écoles associées.
172
Les enseignants, auxiliaires du développement culturel
11. La terminologie a été empruntée à une étude de l'OCDE intitulée «The finance,
organization and governance of education for special populations». Voir The education of
minority groups. An enquiry into problems and practices offifteeen countries, Centre for
Educational Research and Innovation, Organisation de coopération et de développement
économiques. Aldershot, Royaume-Uni, Gower, 1983.
12. Melvyn I. Semmel, Jay Gottlieb et Nancy M. Robinson, «Mainstreaming: perspectives on
educating handicapped children in the public school», dans: David C. Berliner (dir. publ.),
Review of educational research (American Educational Research Association) (Washing-
ton, D.C.), 1979, n° 7 p. 223-279.
13. Ibid.
14. Au Canada, par exemple, les organisations des malentendants ont mené des campagnes de
grande envergure pour la reconnaissance de leurs besoins linguistiques, campagnes qui ont
donné lieu à des changements dans le langage des signes qui est enseigné dans certaines
institutions.
15. Je résume très brièvement une situation des plus complexes. Voir: Stacy Churchill, The
education of linguistic and cultural minorities in the OECD countries, Clevedon,
Royaume-Uni, Multilingual Matters, 1986.
16. Pour les questions liées à l'éducation, voir: Isabel Kaprielian-Churchill et Stacy Churchill,
The pulse of the world: refugees in our schools, a guide for educators, Toronto, Oise Press,
1994.
17. Il est rappelé au lecteur que le terme «autorités nationales» fait ici référence à toutes les
instances responsables depuis le principal, ou le directeur d'école, jusqu'aux instances
nationales.
18. Voir, ci-dessus, la remarque de la note 14.
173
CHAPITRE VIII
Le rôle de l'éducation
dans le développement
artistique et culturel
Kees P. Epskamp
174
Le rôle de l'éducation dans le développement artistique et culturel
considère qu'ils devraient être regroupés, et ceci même si une approche plus
logique suggère qu'ils n'ont absolument rien de commun, et qu'ils n'appar-
tiennent ni au même contexte ni à la même époque. Au début du siècle,
certains anthropologues occidentaux considéraient l'approche associative
d'organisation et d'analyse de notre monde comme significative d'une
«mentalité primitive», caractéristique de personnes originaires d'Afrique,
d'Asie ou d'Amérique latine, c'est-à-dire de personnes incapables de penser
de façon logique/causale, comme tout Occidental a appris à le faire.
Les théories sur la «mentalité primitive» ont aujourd'hui perdu leur sens.
La notion de «façon de penser primitive» a été utilisée par Lévi-Strauss
dans l'élaboration de ses notions concernant l'«esprit du sauvage». D'après
Lévi-Strauss (1978, p. 13), il faut faire une distinction entre la façon de
penser scientifique et la «logique du concret», entre ceux qui préfèrent
communiquer surtout à l'aide d'images et de symboles et ceux qui prennent
en considération et se servent des informations que leur fournissent leurs
sens.
Cependant, toutes les expressions telles que «mentalité primitive» ou
«esprit sauvage» défendent la notion que le noble sauvage vit dans son
propre monde et regarde ce qui l'entoure avec la naïveté d'un enfant. Ces
images vont encore plus loin puisqu'elles nous amènent à associer ces
cultures exotiques avec un mode de vie pur et intact, très proche de la nature
et en harmonie avec celle-ci.
Cette façon naïve de percevoir le monde n'est pas uniquement associée à
un environnement primitif ou «enfantin», mais il est aussi typique du
monde que les artistes se créent au sein de la société. En fait, en se servant
du potentiel que leur offre la méthode associative, les artistes sont censés
projeter 1'«image» de leur propre monde dans l'esprit du public. L'artiste
transforme un morceau de bois ou de pierre, une toile vierge ou encore une
scène de théâtre en une œuvre d'art.
L'approche associative de perception et d'analyse du monde a été
longtemps associée à la façon de penser des femmes, parce que, par leur
«nature», les femmes étaient censées percevoir leur environnement de
façon plus émotionnelle que les hommes.
C'est pour cette raison que l'on s'attend à ce que, d'une façon générale,
les femmes, les enfants, les artistes et les peuples primitifs voient le monde
d'une manière différente de celle adoptée par un homme occidental adulte
dont la façon caractéristique de voir le monde est logique et causale. C'est
cette méthode de pensée, d'analyse et d'organisation qui a permis l'élabora-
tion de la technologie moderne, sans laquelle la plupart des pays de
l'hémisphère Nord seraient encore des nations agricoles pauvres.
175
Annuaire international de Véducation
176
Le rôle de l'éducation dans le développement artistique et culturel
177
Annuaire international de l'éducation
pratique ne cherche pas à faire des élèves des artistes mais à les sensibiliser
aux techniques artistiques, et cela, d'après Bateson (1973, p. 439), à
plusieurs niveaux — conscient, inconscient et externe — pour ensuite les
apprécier dans leur ensemble.
Dans le système éducatif hollandais, l'éducation artistique se subdivise en
trois parties: les arts visuels, le théâtre et la musique. D'après Demirbas et
Rabbae (1990, p. 13), l'éducation artistique qu'offre le système éducatif
officiel a pour objet de développer chez l'élève une personnalité plus forte,
une plus grande créativité et de transmettre le savoir pour qu'il/elle participe
pleinement à la vie sociale et culturelle. Cela correspond exactement aux
trois objectifs principaux du système éducatif hollandais : épanouissement
personnel, intégration à la société et à la culture, orientation et préparation
au marché du travail, y compris dans le domaine des arts.
178
Le rôle de l'éducation dans le développement artistique et culturel
179
Annuaire international de l'éducation
RETOUR AU DÉBUT
D'après Nketia (1975, p. 59-60), rien jusqu'à présent ne suggère que, dans
l'Afrique subsaharienne de l'époque précoloniale, l'art ait été organisé de
façon formelle et systématique, ni sur une base institutionnelle. L'apprentis-
sage des enfants se faisait dans un contexte social où ils étaient en contact
permanent avec la musique, la danse, les mascarades, etc. L'apprentissage
organisé n'était pas très développé. Il arrivait parfois qu'un percussionniste
ou un chanteur soit envoyé chez un maître, mais, en premier lieu, les enfants
apprenaient les techniques artistiques de base par l'observation et l'imita-
tion.
Dans la vie de tous les jours, un enfant africain était rarement privé de ce
type d'expérience. Dès le berceau, il s'accoutumait aux chants et aux danses
de sa mère. Puis, la musique, la danse et les représentations venaient
prendre une part importante dans l'éducation informelle des enfants à
mesure qu'ils passaient par des groupes d'âge et qu'ils traversaient l'adoles-
cence. Étant donné que chaque famille ou « maison » tendait à se spécialiser
dans la maîtrise d'un instrument, les enfants étaient amenés à apprendre ces
techniques dès leur plus jeune âge.
Les « devoirs » des enfants étaient souvent corrigés de façon pratique. Le
maître de percussion chez les Akan du Ghana, par exemple, scandait sur son
instrument les rythmes que l'enfant apprenait en mettant ses mains sur les
omoplates de celui-ci pour acquérir les facultés motrices nécessaires à
l'utilisation d'un tambour parlant (Nketia, 1975, p. 61).
Cette méthode physique d'enseignement existe aussi à Bali, en Indonésie,
et sert à la formation des danseurs. D'après Bateson (1973, p. 87), ce type
d'enseignement par mémorisation musculaire qui permet à l'enfant de
réaliser les mouvements appropriés est particulièrement fréquent lors des
cours de danse. Schechner (1985, p. 213-214) décrit ainsi la façon dont un
professeur « manipule » son élève :
180
Le rôle de l'éducation dans le développement artistique et culturel
J'ai eu l'occasion d'observer Kabul, le gourou de Batuan, à Bali, tandis qu'il se tenait derrière
une petite fille de huit ans environ, et qu'il lui manipulait les poignets, les mains et les épaules
à l'aide de ses propres mains, le torse à l'aide de son corps et les jambes à l'aide de ses genoux
et de ses pieds. Il se servait d'elle comme d'une marionnette et lui transmettait directement sa
propre façon de danser [...]. Cette méthode d'« acquisition directe» par manipulation, imitation
et répétition est paradoxale dans la mesure où la «créativité» de l'artiste ne se développe
qu'une fois que celui-ci a assimilé les mouvements par cœur.
Il en résulte que la créativité artistique, forme d'expression personnelle, ne
peut se développer qu'après l'apprentissage des techniques. Dans ce
contexte, la connaissance d'un métier n'est autre que la capacité à se servir
d'instruments, tandis que l'expression est la capacité à communiquer, à
«dire» quelque chose au public ou à une communauté plus vaste. L'appren-
tissage de ces techniques ne se fait pas uniquement grâce à des techniques
de manipulation, mais également en développant une meilleure compréhen-
sion entre professeurs et élèves et en leur apprenant à observer attentive-
ment la technique d'artistes adultes. C'est de cette façon qu'ils acquièrent
un meilleur contrôle de leur art, ce qui, d'après Grallert (1991, p. 262), est
l'élément essentiel de tout programme de formation des enfants, programme
dans lequel le fait de réaliser un produit fini, raffiné, est considéré comme le
résultat majeur.
Cela se révèle particulièrement vrai dans un contexte où le processus
d'apprentissage est de plus en plus formel, avec ses exercices à faire de
façon régulière et sa «logique» basée sur la pratique. À la suite de cela,
l'élève découvre de lui-même ce qu'il est en train d'apprendre, tandis que
les expériences artistiques nouvelles sont réservées à ceux qui possèdent
l'expérience ainsi qu'aux maîtres, sages et avisés. Ils sont les seuls à
pouvoir modifier l'héritage culturel transmis de génération en génération.
Cela est en opposition complète avec la tradition euro-américaine contem-
poraine, qui cherche à développer le plus possible l'originalité et la
créativité chez les jeunes artistes. Comme le dit Schechner (1985, p. 229),
les critiques occidentaux ont un goût prononcé pour les interprétations
nouvelles de textes anciens. Donc, d'après lui (ibid), «une interprétation
nouvelle est une façon de mettre en avant les tendances progressives d'un
texte apparemment ancien, dans le sens de démodé ou obsolète».
Cette phrase reflète bien les différentes attitudes existant entre chaque
culture «vivante» quant au rôle du professeur. D'après Schechner, de
nombreux acteur de théâtre, en Asie, subviennent à leurs besoins en
enseignant, et cela dans trois buts différents: a) assurer le développement
personnel de l'artiste en tant qu'homme de spectacle; b) transmettre la
connaissance de l'art de représentation; et c) «éduquer» le public. La
différence majeure entre les traditions occidentales et orientales réside dans
le fait que les premières n'accordent pas beaucoup de valeur à l'enseigne-
181
Annuaire international de Véducation
ment des traditions passées : « Ceux qui ne peuvent pas donner de représen-
tation enseignent», tandis que, dans la plupart des sociétés orientales,
l'enseignement constitue le couronnement d'une carrière artistique (Schech-
ner, 1985, p. 225).
Il y a là une différence évidente entre la façon dont chaque société marque
du respect pour les maîtres es arts. Dans les sociétés orientales, les élèves ne
sont pas censés poser des questions, et le fait d'émettre des doutes quant à
un art est considéré comme un manque de respect. En Occident, en
revanche, les élèves qui souhaitent devenir des artistes sont appelés à
s'exprimer sur ce qu'ils attendent de leurs professeurs. D'après Barthes
(1977, p. 197), un élève occidental attend d'un professeur: a) qu'il l'aide à
mener à bien sa formation professionnelle; b) qu'il remplisse son rôle
d'autorité scientifique, instruite et qualifiée; c) qu'il révèle les techniques et
les secrets qui feront de l'élève un maître, en l'aidant à passer avec succès
les étapes finales de son initiation (des examens, par exemple); d) qu'il ait
un rôle de maître (ou gourou) incitant à la réflexion; e) qu'il soit le
représentant d'un «courant d'idées», d'une «école», d'un héritage intellec-
tuel; f) qu'il initie l'élève à la complexité du langage et de la terminologie
propres à cette profession; g) qu'il fasse comprendre les règles inhérentes
aux étapes finales de la formation; et h) qu'il l'aide à remplir des lettres
d'inscription, des demandes de bourse, ou encore qu'il écrive des lettres de
recommandation destinées à un futur employeur.
«La culture constitue l'âme de notre peuple. Sans âme et sans art, notre
peuple ne peut survivre.» Ainsi s'exprimait Proeung Chhieng, directeur de
la faculté de danse de l'École des Beaux-Arts de Phnom Penh (Cambodge),
lors d'un entretien avec Van Vegchel (1990, p. 10). Bien que le peuple
cambodgien n'ait pas connu la paix depuis plus de vingt ans, ce conserva-
toire situé dans la capitale reçoit environ six cents étudiants en danse,
musique et arts visuels.
Dans le passé, c'est l'aristocratie, les moines et les grands propriétaires
terriens qui se chargeaient de se faire les mécènes des artistes cambodgiens.
Cependant, avec la prise de pouvoir de Pol Pot, la majorité de la noblesse
cambodgienne fut massacrée, ainsi que leurs fonctionnaires et leurs proté-
gés, dont les artistes faisaient partie. Des milliers d'artistes furent arrêtés,
incarcérés dans des camps, torturés et tués. Les costumes et les instruments
furent détruits, ainsi que des manuscrits, des livres et des partitions. C'est
182
Le rôle de l'éducation dans le développement artistique et culturel
183
Annuaire international de Véducation
seraient sans doute enseignées séparément, telles que, par exemple, le dessin
et la peinture, les travaux manuels et la musique. Ce programme a été
réalisé par le Conseil national pour l'éducation afin d'aborder les arts avec
une méthode pédagogique plus flexible. Cette initiative se base sur le fait
que, dans la société traditionnelle mélanésienne, il n'existe pas de sépara-
tion entre celui qui construit un tambour et le percussionniste, entre celui
qui sculpte un masque et celui qui le porte, entre le costumier et le danseur,
entre le compositeur et le chanteur, et ainsi de suite.
Pour pouvoir former des professeurs qualifiés dans ce domaine, il fallait
définir une éducation artistique au niveau tertiaire. L'École nationale des
arts vit le jour à Port Moresby, en 1975. Dans tout le Pacifique, ce fut le
premier centre de formation artistique mis en place au niveau de l'enseigne-
ment supérieur. D'après Thompson (1989, p. 48-49), une grande partie du
travail qui y est effectué est originale, bien que la formation que l'on y
reçoit soit de plus en plus formelle. La plupart des personnes qui y suivent
une formation sont à cheval entre le passé et le futur, et c'est pour cette
raison que l'«art contemporain» produit par cet institut est synonyme de
continuité, et que l'évolution artistique y suit son cours.
À l'inverse de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la plupart des pays en
développement n'ont pas adopté un programme de formation artistique
conventionnel; leur programme est une copie du système mis en place
autrefois par les colons. C'est le cas de la plupart des systèmes d'enseigne-
ment des pays d'Afrique du Nord, tels que la Tunisie, l'Algérie et le Maroc.
Au Maroc, les écoles de musique sont sous la juridiction du Ministère de la
culture, et le programme d'enseignement, tout comme les méthodes pédago-
giques, ressemble fortement à celui des pays européens.
Il existe cependant un établissement, l'Ecole de musique de la médina de
Fez qui a une méthode d'enseignement différente, et privilégie encore la
méthode traditionnelle. Cette école est publique, n'a pas d'affiliations
religieuses, et la plupart des professeurs enseignent comme il leur fut un
jour enseigné, c'est-à-dire à travers la tradition orale, et en s'appuyant sur la
mémoire et les moyens mnémotechniques pour assimiler les rythmes.
D'après Loopuyt (1990, p. 6), les élèves se réunissent trois fois par semaine
pour des séances d'entraînement de deux heures. Lors de la première
séance, ils sont censés connaître les vers d'un poème du XVIIIe siècle par
cœur, et les récitations collectives servent d'«échauffement» pour la voix et
l'esprit. Cela est réalisé de façon efficace, lors de Yiqa qui associe
battements de mains et récitation. Le programme de formation se poursuit
donc de façon progressive.
Après avoir assimilé Yiqa, les élèves apprennent à se servir du petit
tambour d'accompagnement. Au bout de deux ans, ils peuvent enfin étudier
184
Le rôle de l'éducation dans le développement artistique et culturel
185
Annuaire international de l'éducation
CONCLUSIONS
186
Le rôle de l'éducation dans le développement artistique et culturel
187
Annuaire international de l'éducation
NOTES
RÉFÉRENCES
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189
CHAPITRE IX
Le développement culturel
par l'interaction entre l'éducation,
la communauté et la société
F. M. Bustos
CONSIDÉRATIONS PRÉALABLES
190
Le développement culturel par l'interaction entre l'éducation, la communauté et la société
L'ACCÉLÉRATION
191
Annuaire international de l'éducation
LE VILLAGE PLANÉTAIRE
Les progrès continus des femmes, s'agissant de faire respecter leurs droits et
leur participation à la plupart des activités humaines, constituent un autre
changement dans la société. Leur présence et leur participation active sont
tout à fait remarquables dans les domaines de l'éducation et de la culture.
Cependant, dans certains pays, il y a encore beaucoup à faire, notamment
dans les zones rurales.
192
Le développement culturel par l'interaction entre l'éducation, la communauté et la société
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Annuaire international de Véducation
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Le développement culturel par l'interaction entre l'éducation, la communauté et la société
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Le développement culturel par l'interaction entre l'éducation, la communauté et la société
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Annuaire international de l'éducation
198
Le développement culturel par l'interaction entre l'éducation, la communauté et la société
spirituel, telles que le respect des droits de l'homme et la solidarité entre les
pays, les groupes et les individus. L'internationalisation de la société, la
disparition progressive des frontières nationales par suite de la création de
grands blocs économiques et de l'invasion des médias, ainsi que la maîtrise
du temps et de la distance, devraient élargir le regard de l'individu sur le
monde, et ces disciplines devraient l'inspirer dans ce sens.
L'enseignement esthétique et artistique ne se limite pas à ces matières ou à
ces activités du programme d'enseignement officiel, dont l'objectif est
l'acquisition par l'élève d'un certain sens esthétique et artistique. La
formation en matière d'art et de créativité a aussi d'importants effets
éducatifs et formatifs. Elle crée chez l'élève un équilibre entre les processus
cognitifs du raisonnement et les processus créateurs de l'imagination et de
l'épanouissement de l'esprit.
Comme l'affirme l'un des paragraphes de la Recommandation de la CIE:
«L'éducation artistique doit favoriser l'accès à différentes manifestations
culturelles, qu'elles soient de caractère local, national, régional ou universel,
de manière à faire apprécier la diversité des valeurs et des significations
qu'elle véhicule. Elle pourrait constituer une étape de la formation ultérieure
aux professions artistiques» (par. 18).
L'intégration de ces activités dans le programme d'enseignement — chose
courante dans les pays industrialisés et les classes aisées des pays
pauvres — suscite des difficultés dans les pays en développement à cause de
la pénurie d'enseignants qualifiés et de matériel didactique, à l'exception
peut-être des activités de type local et folklorique. Dans ces conditions, leur
valeur pédagogique est limitée.
La participation d'artistes professionnels de la région aux activités
artistiques de l'école est un choix que l'on mentionne fréquemment, mais
dont l'application est très difficile (sauf dans certains pays). On peut aussi
utiliser, à des fins éducatives, les locaux, le personnel, le matériel et
l'équipement appartenant à des organisations ou à des groupes locaux.
Les activités culturelles complémentaires ou de soutien sont conçues pour
renforcer le travail formateur effectué en classe dont l'objectif est d'aider les
élèves à comprendre et à apprécier leur patrimoine culturel. Parmi les plus
enrichissantes, citons les visites aux musées et sur les lieux historiques,
culturels ou scientifiques, guidées par les enseignants de ces disciplines au
programme. Ces activités, qui mettent l'élève en contact avec la réalité des
faits, ont une grande valeur pédagogique.
Elles sont pourtant confrontées à des limitations et à des difficultés qui
tiennent à leur organisation, au transport de groupes importants d'élè-
ves — notamment lorsqu'il s'agit d'écoles isolées et pauvres — sans parler
199
Annuaire international de l'éducation
200
Le développement culturel par l'interaction entre l'éducation, la communauté et la société
201
Annuaire international de l'éducation
Dans les pays pauvres, les régions isolées, les zones rurales défavorisées
et les zones urbaines marginales, ce type d'activité constitue probablement
le principal mécanisme d'interaction culturelle entre l'école et la commu-
nauté.
Une mise en œuvre appropriée de ces activités et de ces programmes offre
aux institutions éducatives et culturelles, ainsi qu'aux communautés, la
possibilité de relever un défi, celui d'agir. De notre point de vue, en voici
les principaux effets bénéfiques :
— La perspective interdisciplinaire que ces activités confèrent au program-
me d'enseignement officiel est un élément important de la participation
active de l'éducation au développement culturel de la communauté, et
elle remplace avantageusement la fragmentation et le manque d'articu-
lation des dimensions culturelles acquises à partir de quelques matières.
Pourquoi ajouter de nouvelles matières au programme d'enseignement?
Il suffit de revoir l'approche et le contenu des matières actuelles, et de
les doter d'objectifs culturels. Outre ces aspects éducatifs — harmonisa-
tion et articulation d'éléments confluents —, cette vision interdiscipli-
naire favorise la rationalisation des ressources et du temps.
— L'intégration de la composante culturelle au processus éducatif formel
(préscolaire, élémentaire, secondaire et supérieur). À chaque niveau, la
composante a des objectifs et des connotations spécifiques, et elle peut
s'exprimer par divers actions et programmes. En fait, au fur et à mesure
que l'on atteint les niveaux supérieurs, les activités culturelles de l'école
s'élargissent, deviennent plus complexes et plus diversifiées.
— L'harmonie et la complémentarité entre les activités éducatives du
programme d'enseignement officiel et les activités hors programme,
puisqu'elles sont à l'origine d'expériences mutuellement enrichissantes.
L'une sans l'autre, elles sont toutes deux incomplètes.
— La participation effective des populations à ces activités, qu'il s'agisse
des animateurs ou des participants, ou encore de personnes affligées de
limitations diverses tels les handicapés, les analphabètes, les immigrants
et les réfugiés.
— La participation active et croissante des femmes comme utilisatrices et
agents, non seulement pour des raisons d'équité sociale mais aussi parce
que leur position stratégique est unique, s'agissant d'inculquer et de
transmettre des valeurs à leurs enfants.
— Compte tenu de la tendance actuelle à la destruction de la nature et à la
dégradation de l'environnement, il est bon de donner à certaines de ces
activités culturelles une perspective écologique à moyen et à long terme
afin de rendre la vie sur terre plus saine et plus agréable.
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Le développement culturel par l'interaction entre l'éducation, la communauté et la société
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Annuaire international de l'éducation
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Le développement culturel par l'interaction entre l'éducation, la communauté et la société
d'eau, des services sanitaires et des écoles. Parfois, ces populations sont très
largement dispersées dans des zones isolées de la jungle, ne disposent
d'aucuns moyens de transport ou de communication, comme en Amazonie.
Dans d'autres cas, elles vivent au sein d'un groupe ethnique dominant, mais
sont souvent en proie à la discrimination et à la subordination, et elles ne
disposent que de terres à faible capacité productive.
Leurs écoles, si elles en possèdent, sont inadéquates et fréquemment
inspirées des modèles urbains. Par ailleurs, les limitations de la langue
maternelle de ces populations, comme le fait qu'elle n'a aucune structure
grammaticale écrite, leur rendent plus difficile encore la satisfaction de leurs
propres besoins et le respect de leur modèle culturel. Ajoutons qu'elles
manquent d'équipements, d'enseignants dûment formés et de matériel
didactique.
Pourtant, ces communautés disposent de certaines ressources : leur sens
communautaire, d'abord, leur sens de l'unité culturelle, de l'interdépendan-
ce individuelle et collective, et leur conscience d'avoir hérité d'organisa-
tions et de services qui appartiennent à la structure communautaire. Grâce à
ces éléments, les relations entre l'école et la communauté, la culture et
l'éducation sont souvent solides, claires et précises.
Néanmoins, ces populations demeurent vulnérables à la domination
culturelle, et notamment à l'invasion des médias, que beaucoup ont déjà
subie, ainsi qu'à 1'affluence des styles de vie introduits par les nouveaux
venus et par les voisins des villes alentour.
Très souvent, les cultures les plus avancées ou les plus urbanisées
trouvent un certain exotisme ou un folklore suranné à l'expression culturelle
de ces groupes. Il n'empêche, les mouvements autochtones dont l'objectif
est de sauvegarder et de renforcer leur culture grâce à l'école commencent à
faire entendre leur voix dans diverses parties du monde. Ils sont notamment
motivés par la sauvegarde de leur langue et de leurs coutumes, et par la
création d'écoles capables de satisfaire leurs besoins.
Dans ces jeunes pays en développement, situés notamment en Amérique
latine et en Afrique, et peut-être aussi en Asie, les situations économiques,
sociales, éducatives et même culturelles des zones rurales et des zones
urbaines sont très différentes; au sein de ces régions, les différences sont
visibles et elles ont des implications évidentes sur d'éventuelles articula-
tions entre l'école et la communauté à des fins culturelles. On pourrait
décrire ainsi la situation :
Dans les banlieues ou zones des pays en développement où vivent des
groupes à haut revenu, les conditions de vie, les comportements et même les
valeurs ne diffèrent pas beaucoup de ceux des populations plus riches des
pays industrialisés. Les enfants fréquentent des écoles privées de choix, bien
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Annuaire international de l'éducation
206
Le développement culturel par l'interaction entre l'éducation, la communauté et la société
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Annuaire international de l'éducation
d'Amérique, notamment dans les États qui accueillent une très forte
migration hispanique.
STRATÉGIES
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Le développement culturel par l'interaction entre l'éducation, la communauté et la société
Projets
La planification et la gestion des activités culturelles entre les écoles et les
communautés peuvent se traduire par un lancement de projets. De telles
initiatives impliquent la fixation d'objectifs précis, l'identification des
ressources et le partage des responsabilités. Ce qui permet, en outre, de
surveiller et d'évaluer les mécanismes qui doivent être créés.
209
Annuaire international de l'éducation
L'impact des médias sur la société est l'un des événements les plus
importants de l'histoire moderne. Pourtant, leur impact sur l'enfance et sur
l'adolescence, leurs effets psychoéducatifs et leur potentiel éducatif sont des
questions controversées. On a beaucoup étudié et débattu du phénomène
dans les pays industrialisés, et les conclusions sont parfois conflictuelles.
Compte tenu du fait que les médias sont un élément de la culture et un
véhicule extrêmement efficace de diffusion des informations et des valeurs
culturelles, ils exercent forcément une influence sur les jeunes, non pas
seulement d'un strict point de vue culturel, mais aussi d'un point de vue
éthique, social, scientifique et humaniste.
De toute évidence, ils constituent un instrument que l'on peut utiliser à
bon ou à mauvais escient, selon les objectifs que l'on se fixe.
Les avantages
Voici les avantages le plus fréquemment mentionnés :
— La rapidité et l'opportunité avec lesquelles l'information scientifique ou
culturelle est communiquée contrastent avec la lenteur de la mise à jour
du contenu des programmes d'enseignements scolaires. Le phénomène
est particulièrement évident dans les zones urbaines ou rurales margina-
les des pays en développement. Le déséquilibre qui sévit entre la
210
Le développement culturel par l'interaction entre l'éducation, la communauté et la société
Les inconvénients
L'utilisation des médias à des fins éducatives et culturelles présente aussi
des inconvénients tels que :
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Annuaire international de l'éducation
212
Le développement culturel par l'interaction entre l'éducation, la communauté et la société
213
Annuaire international de Véducation
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ment culturel. Genève, septembre (ED/BIE/CONFINTED 43/3).
214
CHAPITRE X
INTRODUCTION
215
Annuaire international de Véducation
ALTRUISME OU MUTUALISME?
216
L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
Le défi que nous devons relever est donc de travailler avec les groupes
indigènes dans un climat d'égalité et de respect mutuel, étant donné que
notre survie à long terme pourrait bien dépendre de notre capacité à profiter
de leur sagesse. Les difficultés d'ordre général créées par les sociétés
modernes ont peu de chance d'être résolues par un surcroît d'information et
une plus grande capacité technologique, mais plutôt, comme le plaide
l'écologiste Paul Ehrlich de l'Université de Stanford, par des solutions
«quasi religieuses». Ehrlich pense que les problèmes de l'Occident se
retrouvent dans la manière dont nous percevons nos rapports avec le reste de
la nature et dans la façon dont nous appréhendons « notre rôle dans le grand
dessein des choses» (cité par Knudtson et Suzuki, 1992, p. xxiv). Les
peuples autochtones, forts de leurs vues globales et spirituelles du monde,
ont beaucoup à nous apprendre à cet égard. Partant d'une perspective
environnementaliste, c'est aussi le point de vue de David Suzuki: «Mon
expérience auprès des peuples autochtones m'a convaincu [...] de la force et
de la pertinence de leurs connaissances et de leur façon de considérer le
monde à une époque où une ecocatastrophe mondiale est imminente»
(Suzuki, 1992, p. xxxv). On pourrait soutenir le même argument d'un point
de vue social, politique et même économique. Mais, si nous voulons
apprendre quelque chose des cultures autochtones, nous devons assurer leur
survie avant qu'il ne soit trop tard.
PAR OÙ COMMENCER?
217
Annuaire international de l'éducation
Pacifique, parrainé par l'UNESCO, s'est tenu à Rarotonga dans les îles
Cook. Il réunissait des représentants de groupes autochtones d'Australie, de
Nouvelle-Zélande et des pays insulaires du Pacifique Sud afin d'examiner le
rôle de l'éducation dans le développement des petites cultures. Un thème
extraordinairement puissant émergea, qui fut clairement exprimé dans le
préambule des recommandations du séminaire: «Si "l'éducation pour le
développement culturel" doit avoir un sens, la question de savoir qui a la
haute main sur le système éducatif, qui en est le propriétaire est cruciale
[...]. Les cultures autochtones doivent être maîtresses de tous les aspects de
l'éducation de leur peuple» {Voices in a seashell, 1992, p. 6).
Pour les peuples non indigènes, il s'agit d'une leçon difficile à apprendre.
Les cultures dominantes, tant à l'échelon national qu'international, ont
quelque difficulté à relâcher leur emprise. Pendant trop longtemps, ils ont
considéré, à tort, comme supérieurs leurs propres systèmes, leurs propres
méthodes. Pourtant, si l'on veut que les peuples autochtones soient
véritablement libres de revivifier, de maintenir et de développer leur culture,
il leur faut disposer d'une entière et véritable maîtrise de tous les aspects de
leur vie et de la vie de leurs enfants. Effectivement, cela nécessite la
reconnaissance de leurs droits antérieurs — en tant que tout premiers
occupants — de propriété et d'autorité sur leurs terres et sur leurs territoires,
car l'autodétermination dans le domaine éducatif est liée à des questions
plus vastes d'autorité politique, de droit foncier et d'autonomie financière.
Ce qui s'est traduit dans les recommandations du séminaire de Rarotonga
qui évoquent le partage par tous des «droits, des responsabilités et des
ressources de la nation d'une manière juste et mutuellement bénéfique» et,
ailleurs, de la nécessité pour les cultures autochtones d'avoir la «garantie
absolue qu'aucun veto ne puisse être exercé par aucun autre groupe
culturel» {Voices in a seashell, 1992, p. 6-8). Pour commencer, donc, la
survie des petites cultures dépend du fait que leurs membres aient pleine
propriété et autorité, non pas seulement sur l'éducation, mais sur tout autre
processus social, politique et économique qui influence directement leur
vie.
L'IMPORTANCE DE LA LANGUE
218
L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
219
Annuaire international de l'éducation
nous le voulions, nous devions rassembler les nôtres et assumer une responsabilité collective.
C'est ainsi que nous avons entrepris cinq projets pilotes qui ont, dès leur naissance, plongé les
enfants dans la langue maorie pendant huit heures par jour. Pourquoi avons-nous réussi ? Parce
que les Maoris étaient maîtres du programme et ont eux-mêmes pris toutes les décisions
concernant son fonctionnement. Il reposait sur le principe de la propriété, sur le fait que les
Maoris sont capables de conduire leur propre barque (Tawhiwhirangi, 1992, p. 1).
Le mouvement a célébré son dixième anniversaire durant le dernier
trimestre de 1992. À cette époque, il entretenait pas moins de six cent
quatre-vingts centres à travers la Nouvelle-Zélande, et poursuivait sa
croissance. La responsabilité collective a restitué le pouvoir aux parents, aux
familles, aux communautés.
Le Kohanga Reo de Green Bay, dans la banlieue d'Auckland, est repré-
sentatif de la plupart des centres. La description qui suit donne une brève
idée de ses traits distinctifs.
220
L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
heurt et sans bruit du comportement des enfants pendant que se déroulait leur
assimilation aux mœurs de la société maorie. Un enseignement culturel direct se
mettait aussi en place. Contes et chants d'action absorbaient complètement les
enfants, même parmi les plus jeunes. La joie et le plaisir qu'ils éprouvaient
crevaient les yeux. Des garçonnets imitaient le maître pendant qu'il les entraînait
dans une danse qui s'accompagnait d'expression faciale, de mouvements de la
main, de rythme corporel. C'était là un exemple évident de techniques tradition-
nelles, acquises par observation et par imitation.
L'anglais est banni dans le Kohanga Reo. Bien que certains enfants soient
exposés à peu de langue maorie, chez eux le niveau de chaleur et de bienvenue au
sein du «nid» leur permet de s'adapter et d'apprendre rapidement. On espère
que, en accordant à ces jeunes enfants un début aussi solide et aussi positif, ils
seront fortement empreints de langue et de culture maories tout au long de leur
vie. On espère aussi que la participation des parents et des membres de la
communauté au Kohanga Reo renforcera leur connaissance du maori, et encoura-
gera son utilisation plus étendue dans les activités domestiques et de proximité.
Comme nous quittions le Kohanga Reo et alors que nous avions remis nos
chaussures et longions le jardin de plantes alimentaires, nous sommes restés avec
la forte impression que nous avions là un centre vibrant qui apportait une
contribution significative, en particulier en insistant sur l'emploi de la langue
indigène, à l'identité culturelle d'une nouvelle génération d'enfants maoris.
(Adapté de Teasdale, 1993, p. 8.)
221
Annuaire international de l'éducation
RECONCEPTUALISER L'ÉDUCATION
L'idée de l'école est une invention occidentale qui remonte à l'Europe des
Lumières, à l'avènement de la science moderne et à la révolution industriel-
le. C'est une idée qui a fait son chemin dans la plupart des autres cultures du
monde avec une remarquable force de pénétration. Pourtant, l'école n'offre
pas nécessairement la façon la plus efficace de transmettre la connaissance
scientifique contemporaine, et encore moins la connaissance et les valeurs
des petites cultures indigènes. Il importe donc que ceux qui arrêtent les
politiques de l'éducation permettent aux groupes autochtones de repenser
l'école dans le cadre de leurs propres paramètres culturels. C'est donc faire
fausse route que de suggérer que la conformité à l'idée européenne de
l'école est une condition préalable pour s'instruire efficacement dans la
culture dominante comme dans la culture autochtone. Divers groupes
aborigènes d'Australie se sont forgés depuis quelques années d'autres
modèles d'éducation, non sans avoir connu au début une importante
opposition de la part du gouvernement. Nous pouvons beaucoup profiter de
leurs expériences.
L'ÉCOLE YIPIRINYA
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L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
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Annuaire international de l'éducation
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L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
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Annuaire international de Véducation
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L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
contextes où les élèves sont issus de deux ou de plusieurs cultures ? Ici les
choses se compliquent. Et pourtant on peut y arriver, comme en témoignent
les changements très remarquables qui se produisent dans de nombreuses
écoles de Nouvelle-Zélande.
En 1988 a eu lieu une transformation de tout premier ordre du système
d'enseignement néo-zélandais à l'initiative du Ministre de l'éducation
(Lange, 1988). Au centre des réformes, il convient de placer le transfert des
responsabilités pédagogiques aux communautés locales. La nature bicultu-
relle de la société néo-zélandaise a été soulignée dans les documents de
réforme qui prônaient la sensibilité culturelle dans le cadre d'une «Associa-
tion entre égaux » :
Le partenariat implique l'incorporation des styles et des procédures d'organisation d'autres
cultures dans le travail quotidien de l'institution [...]. Les conséquences d'un manque de
sensibilité culturelle peuvent être considérables. Les institutions consacrées à l'étude ont été
très peu hospitalières envers les valeurs culturelles échappant au courant principal - et sans un
sentiment de sécurité concernant la valeur de leur culture, les individus peuvent subir un
déséquilibre personnel et social qui rend l'apprentissage difficile, sinon impossible {Adminis-
tering for excellence, 1988, p. 4-5).
227
Annuaire international de l'éducation
Nous avons adapté notre processus d'enseignement et d'apprentissage pour prendre en compte
le génie multiculturel de ce pays (cité par Teasdale, 1993, p. 17).
Le programme met un grand accent sur taha Maori, notant qu'il devrait
infiltrer tous les aspects de la vie scolaire : « Les valeurs maories telles que
aroha [l'amour, le souci d'autrui], manaakitanga [l'hospitalité], prendre des
décisions par accord général, reconnaître le droit à chaque personne
d'exprimer une opinion, et respecter la contribution de chacun sont
soulignés» (Tihe Mauri Ora !, 1990, p. 12). Il procède ensuite à décrire
comment cela peut s'accomplir dans la pratique:
Architecture. On suggère que taha Maori peut être traduit dans l'architectu-
re et l'environnement de l'école ; par exemple, en utilisant des panneaux
tissés ou des sculptures sur bois, en plantant les terrains d'arbres et
d'arbustes, ou en développant un marae en lieu de cérémonie et
d'accueil.
Portes ouvertes. L'organisation de l'école et sa direction doivent accorder
soutien, encouragement et hospitalité à tous les nouveaux venus et
visiteurs. Cela devrait aller de la salle des professeurs jusqu'aux salles
de classe. Ces dispositions devraient aussi inclure une politique d'ou-
verture entre l'école et sa communauté.
Emploi du temps. L'emploi que l'école fait du temps, si l'on veut qu'il
reflète taha Maori, doit être flexible, et cela aura des conséquences pour
établir les horaires. On peut lire dans le document du programme
l'importante déclaration qui suit:
Pour les Maoris, le temps n'a ni commencement ni fin. À la différence d'autres
perceptions du temps, il n'est pas linéaire: il se déplace en cercle. Le présent et le passé
sont tantôt proches, tantôt éloignés. Ce qui implique que les cours doivent être considérés
comme cycliques, et que les professeurs devraient revisiter ce qui a déjà eu lieu, puis se
diriger vers quelque aspect encore inexploré jusqu'à ce qu'enfin l'ensemble soit au
complet (Tihe Mauri Ora .', 1990, p. 12).
Étude en collaboration. Cela devrait être un trait partagé par toutes les
écoles qui adoptent taha Maori. Des dispositions doivent être prises
pour que les élèves puissent travailler en collaboration, par groupes de
diverses tailles. Les professeurs doivent reconnaître et récompenser les
succès du groupe plutôt que les succès individuels dans un esprit de
non-concurrence. Tous les individus formant un groupe doivent voir
leur apport reconnu, estimé.
Apprentissage global. L'approche maorie de l'étude est globale. Le nouveau
programme a par conséquent des implications pour la globalité de ce qui
est appris dans chaque classe puisque la langue et la culture maories
doivent s'insérer parmi tous les autres sujets. Le document sur le
228
L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
229
Annuaire international de l'éducation
de nous, il lança un défi en forme de brin de feuilles d'un arbre particulier. Nous
avons été défiés en trois fois. Nous ne pouvions procéder qu'après avoir
correctement accepté le défi. Nous nous sommes avancés lentement les yeux
baissés. En approchant du marae, nous nous sommes arrêtés pour penser aux
morts, à ceux qui ont foulé la terre avant nous. Puis nous voilà sur nos sièges
d'honneur, et l'art oratoire de se manifester par des discours en langue maorie,
pleins de force, de poésie, de puissance d'évocation. Parmi les orateurs, il y avait
des anciens et des parents maoris, des élèves, des maîtres, des visiteurs aussi bien
maoris que pakehas. Tous s'étaient rassemblés pour cet effort commun de
bienvenue où se brassaient discours, chants, danses, rires et camaraderie. Nous
eûmes à ce stade un sentiment d'«appartenance», puisque nous étions acceptés
par la communauté scolaire en son sein.
Avant tout et en premier lieu, cette école n'a qu'une règle, celle de la
non-violence. Cela signifie qu'aucun membre de la communauté scolaire,
personnel ou étudiant, ne commettra un acte de violence physique ou verbale
contre une autre personne ou contre les biens de l'école. Tout conflit entre
membres de la communauté est traité avec le secours de petits comités de
médiateurs. Quand ces conflits ont lieu entre le personnel et les élèves ou entre
élèves et élèves, le comité médiateur compte toujours des élèves parmi ses
membres. L'intention est d'instaurer à Tikipunga une philosophie de paix et de
compréhension interculturelle qui touche tous les contextes et tous les types de
rapport, indépendamment de l'âge, du sexe, de la culture, de la classe sociale, de
la condition physique ou de la capacité intellectuelle des individus concernés.
L'école insiste peu, relativement parlant, sur le développement de supports
pédagogiques, de matériel d'enseignement et de ressources bibliothécaires. Elle
s'emploie plutôt à l'intériorisation d'idées, de valeurs, de comportements et à la
capacité de les vivre.
Pour les élèves maoris, la participation de la whanau [la famille étendue], des
kaumatua [les anciens] et d'autres membres de la communauté maorie aux
activités scolaires de tous les jours a été essentielle à leur pleine participation à la
vie de l'école secondaire Tikipunga. L'absentéisme, le vandalisme, les bagarres,
l'échec scolaire, la résistance à l'étude diminuent à vue d'œil. Le personnel tout
entier et les élèves sont encouragés à soigner, à partager leur expérience scolaire
et à en jouir. La plupart y arrivent. Le moral du personnel est exceptionnellement
élevé ; celui des élèves le suit de près.
Le développement le plus novateur de Tikipunga a été, probablement, sa
manière radicale d'appliquer le programme d'enseignement. Le programme
hiérarchisé et compartimenté des écoles secondaires de Nouvelle-Zélande sem-
blait tout à fait inadéquat aux besoins, aux aspirations, aux attentes de la plupart
des élèves et de leurs familles. Il y avait un important décalage entre le
programme national, à caractère formel, orienté vers les examens et conditionné
par les sujets, et les besoins des jeunes en fin de scolarité dans la communauté
bilingue et biculturelle de Whangarei.
230
L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
231
Annuaire international de l'éducation
fin de chaque année, par exemple, l'école organise une distribution des éloges,
plutôt qu'une distribution des prix, qui récompense les réussites, quelle qu'en
soit l'importance ou l'apparente insignifiance — pour les activités scolaires,
extrascolaires et communautaires.)
2. Le fait que l'école opère sur la base d'une philosophie qui veut que chaque
groupe culturel fonctionne efficacement dans la culture de l'autre; que cette
solution des conflits soit la responsabilité de tous les membres de la
communauté scolaire; et que cette non-violence soit soulignée à tout
moment.
3. L'insistance sur le respect de l'individu; sur la forte participation des parents
et de la communauté; et sur les relations humaines positives au sein des
groupes et entre les groupes — enfants, enseignants, personnel des services
auxiliaires, parents, chefs de la communauté, anciens.
4. L'efficacité avec laquelle l'école aborde l'application du programme qui
privilégie l'autonomie individuelle et la responsabilité de l'apprenant; la
nature globale de la connaissance; et la nécessité pour l'apprentissage d'être
utile et en accord avec la vie des élèves. Ainsi, on attend des élèves qu'ils
aient de l'autodiscipline et qu'ils surveillent leurs propres études. L'emploi de
l'évaluation basée sur le niveau est également important ici. Son objectif est
non pas de découvrir ce que l'élève ne sait pas, mais de repérer et de
documenter les résultats des études de manière constructive et affirmative.
5. La structure de gestion non hiérarchisée et démocratique de l'école, fondée sur
la philosophie de taha Maori, et qui souligne la prise de décision consensuelle,
la négociation, la coopération et le respect de la contribution de chacun.
(Adapté de Teasdale, 1993, p. 18-22.)
232
L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
LA QUESTION DU PROCESSUS
À supposer que les membres d'une petite culture autochtone soient devenus
maîtres de leur éducation, qu'ils aient réussi à développer des programmes
qui se réfèrent à leur propre communauté et à reconceptualiser l'éducation
en termes de leurs propres paramètres culturels, ils se trouveront encore
devant l'une des questions les plus intimidantes qui soient, celle du
processus. En fait, certains observateurs soutiennent que les différences
entre les processus indigène et moderne d'acquisition de la connaissance
sont si importantes qu'ils en paraissent incompatibles. La plupart des petites
cultures autochtones s'appuient sur des processus informels, l'apprentissage
se déroulant dans le contexte des activités quotidiennes. Il s'agit, pour une
grande part, d'un processus inconscient d'observation, d'imitation et de jeu
de rôles, par opposition à l'instruction verbale et formelle des sociétés
modernes industrialisées. Traditionnellement, les enfants de la plupart des
cultures autochtones apprennent au gré des situations concrètes de la vie
réelle, à travers des approximations, par la persévérance et par la répétition.
Ce qui marque un contraste avec l'apprentissage moderne qui a lieu dans le
contexte peu naturel de l'école, implique la pratique d'activités structurées
artificiellement en vue d'un objectif futur, insiste assez fortement sur la
mise en séquence des capacités, sur l'usage d'éléments individuels, et exige
qu'on privilégie l'analyse et l'efficacité (Harris, 1984, 1990; Teasdale et
Teasdale, 1992).
En Australie, on a prêté une attention considérable à la question du
processus. Les cultures des Australiens aborigènes traditionnels et celles des
sociétés industrielles sont vraisemblablement aussi dissemblables que possi-
ble. L'idée que l'aborigène se fait du monde est que la terre, les gens, la
nature et le temps forment un tout cohérent. La signification repose sur la
totalité et la relativité. La dimension spirituelle sert de force d'intégration et
s'insinue dans tous les aspects de la vie. Comme l'écrit Christie (1985,
p. 11) : «Toutes les notions occidentales de quantité — de plus ou de moins,
des nombres, de la pensée mathématique et positiviste — non seulement
sont sans rapport avec le monde des aborigènes, mais lui sont contraires
[...]. Une conception du monde où la terre, les esprits, les gens et les arbres
ne se prêtent pas, d'une certaine manière, à l'analyse scientifique. » Dans ce
genre de système, toutes les questions concernant la vérité ou la croyance
ont déjà trouvé leur réponse dans les lois et dans le rêve. Ce qui a des
implications profondes sur les processus d'apprentissage:
On n'attend pas d'un apprenant aborigène qu'il analyse ou interroge le fondement des
croyances, même quand il y a dissonance. Leur système est un système «clos» où les relations
de cause à effet ont une explication religieuse plutôt que «rationnelle». Cela est en contraste
233
Annuaire international de Véducation
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L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
LE SENS NÉGOCIÉ
235
Annuaire international de l'éducation
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L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
HISTORIQUE
Milingimbi est une petite île aux larges des côtes de la terre d'Arnhem, en
Australie du Nord, à trois cents miles de Darwin. Elle compte mille habitants.
Jadis les aborigènes parlaient leurs propres langues tribales. Il y a environ
dix-huit langues différentes en usage à Milingimbi, mais, bien qu'elles soient des
dialectes, nous nous comprenons. Peu de langues traditionnelles sont pratiquées
aujourd'hui. Celles qu'on entend à Milingimbi sont divisées en deux principaux
groupes d'égale importance: le groupe dhuwa et le groupe yirritja.
À Milingimbi, l'école suit le programme et la politique du Département de
l'éducation du Territoire du Nord. Le département attend de chaque maître, qu'il
soit yolngu (aborigène) ou balanda (européen), qu'il applique les politiques de
toutes les écoles, aborigènes ou européennes.
En 1973, le Gouvernement australien a permis officiellement l'enseignement
bilingue. Milingimbi étant une école à deux langues, la plupart des membres du
personnel enseignant s'y allient pour développer dans l'école leur propre
programme et leurs propres politiques. La politique de développement des
programmes est élaborée par des commissions des programmes qui combinent du
personnel balanda et yolngu. Leur travail consiste aussi à aider les autres
enseignants de l'école à voir à quel niveau se trouvent les enfants et quels genres
de techniques d'apprentissage ils ont pratiquées auparavant. La raison principale
qui nous porte à élaborer le document sur le programme est de considérer les
ressources scolaires pour choisir ce qu'il faut réaliser de meilleur pour notre
école. Ce que propose l'enseignement dans cette école, c'est d'avoir des objectifs
adéquats et de prendre en considération ce que la communauté trouve important
pour les enfants d'apprendre à ce moment-là. La plupart des domaines concer-
nant les disciplines ont un programme scolaire qui couvre le tronc commun du
programme retenu par le Territoire du Nord.
Le programme bilingue de Milingimbi a commencé en 1973 ; il constituait, à
l'époque, l'une des quatre écoles pilotes du Territoire du Nord. La communauté
décida que le gupapuynu serait la langue adoptée par l'école pour le programme
naissant. L'école de Milingimbi bénéficia d'une accréditation provisoire au cours
de 1985, puis, en 1988, le Programme bilingue de Milingimbi fut pleinement
accrédité.
237
Annuaire international de l'éducation
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L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
Les objectifs à long terme concernant les contenus du programme DMG sont
généralement déterminés par le coordinateur responsable pour que les maîtres
puissent appliquer les stratégies d'enseignement dans le contexte de la salle de
classe. Les enseignants ont un rôle important à jouer dans l'épanouissement des
connaissances de l'enfant.
Pour élaborer les programmes au bénéfice des aborigènes, ceux qui comptent
le plus sont les enseignants autochtones. Ils bénéficient de l'aide de leurs
homologues balandas pour la préparation et la mise en forme du matériel
d'enseignement. Les stratégies importantes concernant le programme apparais-
sent au moment où l'on songe à élaborer des programmes d'enseignement qui
pourraient «marcher» dans le contexte de la salle de classe. Le programme en
question permettra aussi aux élèves de se lancer, en dehors de la classe, dans une
expérience pratique embrassant diverses techniques d'alphabétisation.
On pousse dès le début les parents à participer. Les élèves seront encouragés
puisqu'ils devront participer à une approche nouvelle et créatrice du programme.
Ce qui leur donnera le sens des responsabilités leur permettant de diriger leur
propre vie afin d'être en mesure de participer activement à la création d'un avenir
positif et productif.
Le programme est dirigé par le personnel yolngu, lui-même coordonné par
l'instituteur-linguiste et F instituteur-linguiste en formation. L'équipe yolngu est
responsable d'une planification de dix semaines et de l'enseignement du
programme avec l'aide des membres de la communauté. Les Yolngus et la
communauté ont décidé que 50% du programme serait yolngu et 50% balanda.
Le premier se déroule tous les jours de 10 h 00 à 12 h 30. Les enfants sont
groupés, selon les besoins des sujets enseignés, par appartenance tribale, par sexe
ou par groupe d'âge.
De la même façon, les leçons ont lieu selon les sujets enseignés. Par exemple,
pour les leçons de langue, les enfants restent dans les classes où ils reçoivent
l'enseignement de membres de la communauté; parfois on les emmène en
excursion pour qu'ils pratiquent l'observation et l'expérience directes.
L'objectif du programme est d'enseigner aux enfants à lire et à écrire dans leur
propre langue, et d'apprendre les aspects culturels de la langue des Yolngus. Une
des stratégies adoptées pour enseigner la lecture et l'écriture aux enfants est
d'entourer la salle de classe de matériel écrit, d'affiches, de gros livres, de
matériels audio-visuels, etc.
Les sujets enseignés le sont toujours à partir d'une perspective culturelle, et les
enfants apprennent en regardant, en écoutant, en notant. Ils apprennent à écrire en
observant et en imitant les modèles. Ils assimilent de nombreux aspects de la
connaissance culturelle, étudient leur propre langue et, avant tout, ont l'occasion
de comprendre la culture des Balandas à travers leur propre héritage culturel.
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Annuaire international de l'éducation
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L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
241
Annuaire international de l'éducation
EN RÉSUMÉ
Il est clair que la question du processus est, pour les peuples indigènes, une
affaire complexe. Les aborigènes d'Australie, entre toutes les autres petites
cultures autochtones, sont ceux qui s'y sont le plus impliqués aussi bien
dans le domaine théorique que dans le domaine pratique. Les écrits des
Yirrkalas et les représentations visuelles des Walungurrus, par exemple,
représentent des tentatives particulièrement bien nourries et raffinées de
théorisation des deux systèmes de connaissance, et de leurs modes de
transmission. Ce qui n'empêche pas la plupart des éducateurs aborigènes de
reconnaître qu'ils ont encore beaucoup de chemin à faire pour élaborer des
contenus et des processus d'enseignement qui atteignent un équilibre
efficace entre l'acquisition des connaissances modernes fonctionnelles et la
conservation et le développement des langues et des cultures aborigènes.
CONCLUSIONS
242
L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
243
Annuaire international de l'éducation
RÉFÉRENCES
244
L'éducation et la survie des petites cultures autochtones
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implementation of the 1974 Recommendation Concerning Education for Internatio-
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ganma curriculum in Yolngu schools [Rapport intérimaire sur le projet: vers un
programme ganma dans les écoles yolngus]. Yirrkala, Territoire du Nord, Austra-
lie.
245
APPENDICE
Documents de la quarante-troisième
session de la Conférence internationale
de l'éducation,
Genève, 14-19 septembre 1992
Le thème de cet Annuaire est tiré Les lecteurs qui désirent en
de la quarante-troisième session de prendre connaissance peuvent les
la Conférence internationale de obtenir auprès de :
l'éducation (CIE), et nombre des
textes reproduits ici on été fournis Unité de documentation
sous leur forme originale à la et d'information
conférence. Les pages qui suivent Bureau international d'éducation
livrent d'ailleurs la liste de toute Case postale 199
la documentation qui y a été 1211 Genève 20, Suisse
présentée: réponses au
questionnaire, documents de Ces documents sont au prix de
travail, documents d'information, 2 francs suisses la microfiche pour
rapports nationaux des États les collections complètes (par
membres de l'UNESCO. conférence) et de 3 francs suisses
Le Bureau international la microfiche pour les documents
d'éducation veille, depuis 1973, à isolés (certains documents
ce que les documents de la CIE occupant plus d'une microfiche),
soient disponibles en microfiches plus le port et l'emballage. Pour
dans sa Série internationale de des renseignements plus détaillés
rapports sur l'éducation (SIRE). se référer à l'adresse ci-dessus.
246
REPONSES AU Jamahiriya; Oman; Qatar; Saudi
Arabia; Sudan; Syrian AR; Tunisia;
QUESTIONNAIRE United Arab Emirates; Yemen - moral
education; civic education
Microfiche: SIRE/02595 (5MF)
[SURVEY ON THE CONTRIBUTION
OF EDUCATION TO CULTURAL [SURVEY ON THE CONTRIBUTION
DEVELOPMENT: REPLIES FROM OF EDUCATION TO CULTURAL
MEMBER STATES OF THE AFRICA DEVELOPMENT: REPLIES FROM
REGION] MEMBER STATES OF THE ASIA
Geneva, UNESCO :IBE, 1993. 24 AND THE PACIFIC REGION]
documents. Replies to questionnaire Geneva, UNESCO :IBE, 1993. 16
ED/BIE/CONFINTED/43/Q/91. (various documents. Replies to questionnaire
texts in eng, fre, spa) ED/BIE/CONFINTED/43/Q/91. (various
DESCRIPTEURS: cultural development; texts in eng, fre)
education and development; cultural DESCRIPTEURS: cultural development;
policies; cultural background; education and development; cultural
intercultural programmes; multicultural policies; cultural background;
education; modern language instruction; intercultural programmes; multicultural
aesthetic education; art education; education; modern language instruction;
cultural interrelationships; teacher aesthetic education; art education;
education; literacy programmes; basic cultural interrelationships; teacher
education; Angola; Benin; Botswana; education; literacy programmes; basic
Burkina Faso; Burundi; Central African education; Australia; China; Cook
Republic; Côte d'Ivoire; Equatorial Islands; Democratic People's Rep. of
Guinea; Ethiopia; Ghana; Guinea; Korea; Fiji; India; Indonesia; Iran
Kenya; Lesotho; Malawi; Mali; (Islamic Republic); Japan; Malaysia;
Mauritania; Namibia; Nigeria; Senegal; Pakistan; Papua New Guinea;
Swaziland; Uganda; United Republic of Philippines; Republic of Korea; Sri
Tanzania; Zambia; Zimbabwe - moral Lanka; Thailand - moral education;
education; civic education civic education
Microfiche: SIRE/02594 (7MF) Microfiche: SIRE/02596 (6MF)
247
Germany; Israel; Italy; Luxembourg;
Malta; Netherlands; Norway; Poland;
Portugal; Romania; Russian Federation;
San Marino; Spain; Sweden;
Switzerland; Turkey; Ukraine;
Yugoslavia - moral education; civic
education
Microfiche: SIRE/02597 (9MF)
248
DOCUMENTS DE Final report. Paris, UNESCO :IBE, 1993.
1 v. (various pagings). (eng; also in ara,
LA CONFÉRENCE chi, eng, fre, rus, spa)
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