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LAWRENCE THOMAS EDWARD (1888-1935)

Thomas Edward Lawrence est essentiellement connu


pour son action auprès des tribus arabes pendant la
Première Guerre mondiale, ce qui fit de lui un héros
presque légendaire et lui valut le surnom de Lawrence
d'Arabie.
Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d’Arabie, né à
Tremadoc (en) (Caernarfonshire) dans le nord du pays
de Galles le 16 août 1888 et mort près de Wareham
(Dorset) le 19 mai 1935, est un officier et écrivain
britannique.
Pendant la Première Guerre mondiale, les reportages du
journaliste américain Lowell Thomas firent la notoriété
de T. E. Lawrence, officier de liaison britannique durant
la grande révolte arabe de 1916-1918. Après la guerre,
la version abrégée de son témoignage sur cette
campagne, Les Sept Piliers de la sagesse, qui en décrit
le caractère aventureux, fut un succès de librairie. La
version intégrale, publiée cinquante ans après sa mort,
confirma son talent littéraire.
David Lean a réalisé en 1962 le film Lawrence d’Arabie, avec Peter O'Toole dans le rôle-titre,
remportant un immense succès et sept oscars.

Lawrence en uniforme de l'armée britannique (1918).


Avant-guerre
Ses parents sont d’ascendance anglaise et irlandaise. Son père,
Thomas Chapman (en), 7e baronnet, de Westmeath, en Irlande,
avait quitté sa femme pour vivre avec la gouvernante de ses filles,
Sarah Junner, qui portait aussi le nom de son père illégitime,
Lawrence. Thomas Edward Lawrence est le deuxième de leurs cinq
fils. Ils habitèrent un temps Dinard, en France, puis séjournèrent à
Langley, près de la New Forest avant de se fixer à Oxford.
Lawrence étudie au Jesus College à Oxford et se passionne pour
l'histoire. Durant les étés 1907 et 1908, il parcourt la France à
bicyclette et visite des forteresses médiévales (Château Gaillard,
Coucy, Provins, Avignon, Aigues-Mortes, Carcassonne, Bonaguil,
Châlus, Chinon, Fougères…), et la cathédrale de Chartres. En
1909, il voyage au Liban et en Syrie pour étudier les châteaux bâtis
par les croisés, notamment le Krak des Chevaliers, la forteresse de Margat et le qal'at Salah El-Din.
De retour en Angleterre, il obtient son diplôme avec mention après avoir rédigé un mémoire sur
L’Influence des croisades sur l’architecture militaire européenne à la fin du xiie siècle. Cette thèse
établit que les croisés ont implanté dans les défenses castrales de leurs États le donjon roman à quatre
faces conçu en Europe avec des modifications. Ils n'ont pas ajouté de contreforts comme c'était
souvent le cas en France durant le xiie siècle, mais ont placé ce que l'on appelle des pierres à bossage
(demi-sphères en saillie destinées à dévier les projectiles et quartiers de roc projetés par les
mangonneaux). Lawrence montre que la différence principale vient de la rareté du bois au Levant,
qui a obligé les constructeurs à séparer les étages par des plafonds en pierre, alors qu'en Occident on
établissait encore des planchers en bois.
Un temps, Lawrence songea à accepter un poste
d'enseignant sur la poterie médiévale, mais
abandonna rapidement cette idée et préféra
occuper un poste d’archéologue au Moyen-Orient.
En décembre 1910, il partit pour Beyrouth, puis
Jbail (Byblos), où il apprend l'arabe auprès des
enseignantes de l'American Mission School. Il
participe ensuite aux fouilles de Karkemish près
de Jerablus, au sud de l’actuelle Turquie, sous les
ordres de D. G. Hogarth et R. Campbell-
Thompson. Un archéologue promis à un brillant
avenir, Leonard Woolley, qui se fera connaître par
la suite grâce à la découverte d'Ur, en Chaldée,
partagera un peu plus tard avec lui la joie des
découvertes.
À la fin de l’été 1911, il retourne au Royaume-Uni
pour un bref séjour et revient dès novembre au
Moyen-Orient afin de travailler brièvement avec
Williams Flinders Petrie à Kafr Ammar en Égypte.
Il retourne à Karkemish travailler avec Leonard
Woolley, continue de visiter régulièrement le
Moyen-Orient afin d’y mener des fouilles jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Ses
nombreux voyages en Syrie, sa vie partagée avec les Arabes, à porter leurs vêtements, apprendre leur
culture, les rudiments de leur langue et de leurs dialectes, allaient s’avérer des atouts inestimables
durant le conflit.
En janvier 1914, sous couvert d’activités archéologiques, Woolley et Lawrence sont envoyés par
l’armée britannique en mission de renseignements dans la péninsule du Sinaï. Lawrence visite
notamment Aqaba et Pétra. De mars à mai, Lawrence retourne travailler à Karkemish. Après
l’ouverture des hostilités en août 1914, sur le conseil de S. F. Newcombe (en), Lawrence décide de
ne pas s’engager immédiatement. Il attend octobre pour le faire car la Grande-Bretagne entend ne pas
provoquer la Turquie. Elle attend que cette dernière entre dans le conflit.
La Révolte arabe

T. E. Lawrence (chapeau gris), Sir Herbert Samuel (casque colonial blanc) et l'émir Abdullah à l'aérodrome d'Amman en 1921.

Faysal à la conférence de paix de Paris, 1919


Une fois engagé, il est nommé au Caire, où il
travaille pour les services de renseignements
militaires britanniques. Sa très bonne
connaissance des Arabes en fait un agent de
liaison idéal entre les Britanniques et les forces
arabes. En juin 1916, il est envoyé dans le désert
afin de rendre compte de l’activité des
mouvements nationalistes arabes. Durant la
guerre, il combat avec les troupes arabes sous le
commandement de Fayçal ibn Hussein, un fils
d'Hussein ibn Ali (chérif de La Mecque) qui
mène une guérilla contre les troupes de l’Empire
ottoman.
La contribution principale de Lawrence à l’effort
britannique consiste à convaincre les Arabes de
coordonner leurs efforts afin d’aider les intérêts
britanniques. Il persuade notamment les Arabes
de consolider leurs positions sur les côtes du
Hedjaz, à Rabigh et Yenbo, et de ne pas chasser
tout de suite les Ottomans de Médine, forçant
ainsi les Turcs à conserver de nombreuses troupes pour protéger la ville. Les Arabes harcèlent le
chemin de fer du Hedjaz qui approvisionne Médine, immobilisant davantage de troupes ottomanes
pour protéger et réparer la voie et empêchant ainsi l'ennemi de disposer de renforts contre les Anglais
dans le Sinaï puis en Palestine. En 1917, après la prise d'El-Ouedj, la route du nord s'ouvre à Fayçal
et à ses hommes. Lawrence organise une action commune entre les troupes arabes et les forces de
Auda Abu Tayi, chef des Howeitat, jusqu’alors au service des Ottomans, contre le port stratégique
d’Aqaba, et ce sans prendre l'avis de l'État-major anglais du Caire qui a déjà organisé une opération
amphibie pour tenter de s'emparer de la place mais qui ne pouvait espérer la conserver si l'on ne
prenait pas en même temps le contrôle de la voie menant d'Aqaba à Maan où stationnait une
importante garnison ottomane. La nouveauté, ici, c'est que Lawrence n'a pas accepté de suivre la
logique de Fayçal, qui préférait, comme Aouda, une opération combinée terre-mer, à l'exemple de ce
qui s'était passé pour la prise d'El-Ouedj, et l'idée de Lawrence a été de ne venir que par l'intérieur
des terres, ce qui a créé la surprise, et une surprise totale (les travaux de J. Wilson et F. Sarindar
montrent que Lawrence a su trouver le moyen de convaincre Fayçal et Aouda). De fait, le 6 juillet
1917, Aqaba tombe aux mains des Arabes. En novembre, Lawrence échoue dans sa tentative de faire
sauter à la dynamite l'important viaduc de Tell el-Shehab, sur le Yarmouk, affluent du Jourdain. Un
peu plus tard, il aurait été appréhendé par les Turcs à Deraa alors qu’il menait une mission de
reconnaissance déguisé en Arabe. Il ne semble pas être reconnu, bien que sa tête ait été mise à prix.
Le gouverneur de Deraa, le général Hajim Bey (en turc, Hacim Muhiddin Bey), lui aurait infligé des
sévices, notamment sexuels ; il serait parvenu malgré tout à s’échapper. Certains biographes comme
Richard Aldington, Suleiman Moussa, Desmond Stewart, François Sarindar, ont émis des doutes à
propos de cet épisode chacun pour des raisons différentes, tandis que d'autres comme Jeremy Wilson
et John Mack estiment qu'il faut croire Lawrence. Un an plus tard, le 1er octobre 1918, Lawrence
participe à la prise de Damas, libérée par des troupes anglo-australiennes, après avoir aidé à remporter
l'une des seules batailles rangées livrées par les Bédouins à Tafilah (en) puis avoir talonné les
colonnes turques en retraite.
Lawrence porte le costume arabe, monte à chameau, adopte nombre de coutumes locales et devient
bientôt proche du prince Fayçal. Vers la fin de la guerre, il cherche sans succès à convaincre ses
supérieurs de l’intérêt de l’indépendance de la Syrie pour le Royaume-Uni et notamment par le
détournement des Arabes des seuls principes religieux pour l'investissement dans une logique
politique à la façon des États modernes (« Il était bon, pour la Révolte arabe, d'avoir à changer sitôt
de caractère au cours de sa croissance. Nous avions travaillé désespérément à labourer un sol en
friche, tentant de faire croître une nationalité sur une terre où régnait la certitude religieuse, l'arbre de
certitude au feuillage empoisonné qui interdit tout espoir. »). Néanmoins, il ne soutenait pas le projet
du chérif Hussein de La Mecque de créer un grand royaume arabe comprenant le Hedjaz, la Jordanie,
l'Irak et la Syrie. Pour lui, chacun de ces États devait être enfermé dans ses frontières propres : c'était
l'intérêt des Britanniques de morceler le Moyen-Orient, même si, dans la logique de Lawrence, la
Syrie devait acquérir une réelle indépendance. En juillet 1920, la colonne française du général
Mariano Goybet, précédant le général Henri Joseph Eugène Gouraud, bat les troupes chérifiennes à
la Bataille de Khan Mayssaloun et chasse Fayçal de Damas, brisant l’espoir de Lawrence de libérer
durablement la Syrie, même si lui-même au fond reconnut plus tard que « …si nous gagnons la guerre,
les promesses faites aux Arabes seraient un chiffon de papier… », faisant allusion aux accords secrets
Sykes-Picot.
Pour ses actions d'éclat au cours du premier conflit mondial le lieutenant-colonel Lawrence reçut les
distinctions suivantes :
• Compagnon de l’ordre du Bain (4 juin 1917)
• Compagnon du Distinguished Service Order (13 mai 1918)
• 3 citations (16 mars 1916, 7 octobre 1918 et 15 décembre 1919)
• Chevalier de la Légion d’honneur (27 mai 1916)
• Croix de guerre 1914-1918 (18 avril 1918)
Critiques françaises

Ni la gloire de T. E. Lawrence, ni sa Croix de guerre française reçue en 1918, n'empêchèrent le


lieutenant-colonel Brémond, chef de la mission française au Hedjaz, de contester ses mérites. Cet
officier, chargé d'organiser, pour les troupes musulmanes que mobilisait la France, un pélerinage à la
Mecque et de fournir des armes et des conseillers techniques aux fils du chérif Hussein, voit l'effort
de Lawrence marginaliser sa mission. Les Bédouins, dont Lawrence flatte l'esprit d'indépendance,
voient en ce chef d'un détachement d'« indigènes » commandés par des Français le représentant d'une
puissance dominatrice. Brémond transmet à ses supérieurs une appréciation très péjorative de
Lawrence, et le décrira dans Le Hedjaz dans la guerre mondiale, publié en 1931 : « indiscipliné », «
insolent », « tenue négligée », affirme qu'il « parle un arabe plus qu'approximatif », « dilapide le
trésor de Sa Majesté pour soudoyer les tribus », « méprise les Arabes », « est viscéralement
francophobe »… Cependant, d'autres officiers français ont participé à la guerilla des Arabes aux côtés
de l'officier anglais, tandis que les négociateurs français partagent secrètement le Levant avec les
Britanniques.

Jacques Bergier et Pierre Nord reprendront un point de vue marqué par la rivalité franco-britannique
en 1967, reprenant les affirmations de Richard Aldington dans Lawrence of Arabia: a biographical
enquiry, de 1955 traduit en français sous le titre Lawrence l'imposteur : « Le travail par Lawrence en
tant qu’agent a été de très mauvaise qualité et nullement comparable à celui qui fut accompli, à la
même époque et dans la même région, par le capitaine français Collet, dont on a beaucoup moins
parlé. Mais Lawrence d’Arabie était un grand écrivain et son livre, Les Sept Piliers de la Sagesse,
restera dans la littérature anglaise. Il a su créer un mythe qui fut ensuite soigneusement entretenu».

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