ECHANGEURS
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I- Introduction
Un échangeur de chaleur, comme son nom l’indique, est un appareil destiné à transmettre la
chaleur d’un fluide à un autre. Dans les échangeurs les plus courants, les deux fluides sont
séparés par une paroi à travers de laquelle, les échanges se font par conduction. La
transmission de chaleur fluide-paroi se fait essentiellement par convection. Le rayonnement
n’intervient de manière sensible que s’il existe des différences de température très importante
entre un fluide semi-transparent et la paroi. Dans certain appareils, l’échange de chaleur est
associé à un changement de phase de l’un des deux fluides. C’est le cas des condenseurs, des
évaporateurs, des bouilleurs, des tours de refroidissement etc. dans notre cas, on ne s’intéresse
qu’aux échangeurs à fluides séparés et sans changement de phase.
Un des modèles les plus simples d’échangeurs est constitué de deux tubes coaxiaux. L’un des
deux fluides s’écoule dans le tube central et l’autre dans l’espace annulaire. Les deux fluides
circulent dans le même sens ou en sens contraire. Avec ce type d’échangeur, il est difficile
d’avoir des surfaces d’échange assez importantes. Pour remédier à cet inconvénient, on utilise
généralement un faisceau de tubes dans une enveloppe unique, (généralement de forme
cylindrique) appelée calandre ; l’un des fluides circule dans les tubes, l’autre à l’intérieur de la
calandre, autour de ces tubes. Avec cette configuration, des chicanes de formes variées,
disposées perpendiculairement à l’axe de la calandre, permettent d’augmenter le temps de
séjour du fluide caloporteur. Ces chicanes ont l’avantage de favoriser la turbulence c'est-à-
dire d’augmenter l’échange de chaleur. Par contre, elles ont pour effet d’augmenter les pertes
de charges au sein de l’échangeur. Ce genre de disposition est le plus utilisé pour les
échangeurs liquide/liquide. La compacité maximale (surface d’échange par mètre cube),
obtenue avec cette configuration est de l’ordre de 500 m2 / m3.
Pour certaines applications, une autre famille d’échangeurs, particulièrement utilisés dans
l’industrie agro-alimentaire, est celle des échangeurs à plaques.
Pour les échangeurs gaz/liquide ou gaz/gaz, la faible densité des gaz impose, si l’on veut
rester au niveau acceptable de perte de charge, que l’on réduise la vitesse d’écoulement des
deux fluides. Or, la réduction de la vitesse à pour effet de réduire le coefficient de convection
fluide/paroi, ce qui nécessite une augmentation de la surface d’échange. Pour de tels
échangeurs, les surfaces d’échange adoptées sont trép souvent constituées de plaques où les
deus fluides circulent alternativement entre elles. Les ailettes brasées sur les plaques ont pour
effet d’augmenter la surface d’échange et en même temps de favoriser la turbulence.
C’est de loin le type d’échangeur le plus répandu mais la part qu’il représente ne cesse de
diminuer au profit de configurations plus efficaces. Dans ce type d’échangeurs, l’un des
fluides circule dans un réservoir autour de tubes qui le traversent tandis que l’autre fluide
circule à l’intérieur des tubes. Le modèle le plus simple sera constitué d’un réservoir dans
lequel sera plongé un serpentin. Le modèle le plus courant est constitué d’un faisceau de
tubes traversant un réservoir de manière longitudinale. On parle alors d’échangeur
multitubulaire. Des parois bien placées permettent de forcer la circulation du fluide à travers
les tubes de manière à ce qu’il effectue un ou même plusieurs aller-retour.
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1-1 Echangeurs tubulaires coaxiaux
Dans cette configuration, l’un des fluides circule dans le tube central tandis que l’autre circule
dans l’espace annulaire entre les deux tubes. On distingue deux types de fonctionnement selon
que les 2 fluides circulent dans le même sens ou en sens contraire. Dans le premier cas on
parle de configuration en co-courant (parfois appelé à tort en parallèle). Dans le deuxième cas,
on parle de configuration en contre-courant. On trouve assez souvent ce type d’échangeurs
dans l’industrie frigorifique en particulier pour les condenseurs à eau ou encore les groupes de
production d’eau glacée.
Ces échangeurs sont utilisés depuis de nombreuses années dans les sous-stations de chauffage
urbain (eau surchauffée ou vapeur), pour la production d’eau chaude sanitaire et pour de
nombreuses applications industrielles nécessitant des pressions élevées ; ils sont toutefois de
plus en plus concurrencés par les échangeurs à plaques décrits dans le paragraphe suivant.
Ils sont constitués soit d’un tube unique (serpentin), soit d’un faisceau de tubes branchés en
parallèle enfermés dans une enveloppe appelée calandre (coque).
Des chicanes sont placées dans la calandre (coque) pour augmenter la turbulence et
l’efficacité de l’échange.
Les tubes sont en général métalliques (acier, cuivre, inox, etc.) et le fluide chaud ou agressif
passe en général dans les tubes afin de minimiser les pertes de chaleur.
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Ces échangeurs ne sont pas très intéressants pour les échanges thermiques entre deux liquides.
On a vu que le coefficient de transfert par convection liquide - paroi dépendait de Re0,8 donc
de la vitesse v0,8.
Il n'est donc pas rentable de vouloir augmenter les vitesses de circulation à l'extérieur des
tubes où la vitesse, à débit égal, est beaucoup plus faible qu'à l'intérieur. La vitesse à
l'extérieur des tubes limite donc toujours la valeur du coefficient de transfert global.
Par contre ces échangeurs prennent tout leur intérêt pour des échanges vapeur - liquide. Le
coefficient de transfert par convection vapeur - paroi lors d'une condensation est plus élevé
que dans le cas d'un transfert liquide - paroi où il n'y a pas de changement de phase. Il ne
dépend pas directement de la vitesse de la vapeur : on peut donc faire circuler sans
inconvénient la vapeur autour des tubes et bénéficier d'une vitesse élevée du liquide à
l'intérieur des tubes.
Dans ce type d’échangeurs, l’un des fluides circule dans une série de tubes tandis que l’autre
fluide circule perpendiculairement autour des tubes. Dans la plupart des cas, c’est un liquide
qui circule dans les tubes tandis que c’est un gaz qui circule autour. Les tubes sont presque
toujours munis d’ailettes qui permettent d’augmenter le flux de chaleur échangée en
augmentant la surface d’échange. L’exemple type de ce modèle d’échangeur est le radiateur
de refroidissement qu’on trouve à l’avant de la plupart des véhicules à moteur.
2- Echangeur à plaques
Les échangeurs à plaques sont constitués de plaques formées dont les alvéoles constituent les
chemins empruntés par les fluides. les plaques sont assemblées de façon que le fluide puisse
circuler entre elles. La distribution des fluides entre les plaques est assurée par un jeu de joints
de telle sorte que chacun des deux fluides soit envoyé alternativement entre deux espaces
interplaques successifs.
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Les fluides peuvent ainsi échanger de la chaleur à travers les plaques. La figure 5 illustre le
fonctionnement d’un tel échangeur. L’avantage principal de ce type d’échangeur est la
compacité. En effet, on voit bien que ce dispositif permet une grande surface d’échange dans
un volume limité, ce qui est particulièrement utile lorsque des puissances importantes.
Ils sont constitués d'un empilement de plaques rainurées entre lesquelles circulent
alternativement l'un ou l'autre liquide. Ils présentent l'avantage d'offrir des coefficients de
transfert globaux élevés même avec des vitesses de liquide faibles grâce à une forte
turbulence.
Ils complètent donc bien les échangeurs tubulaires dans le cas d'échanges liquide - liquide. Ils
présentent de plus des surfaces d'échange élevées pour un encombrement minimal. Le
démontage des plaques pour le nettoyage est également aisé. Par contre ils sont la cause de
pertes de charges importantes ce qui augmente leur coût de fonctionnement.
Remarque
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Figure 7 : échangeurs à modules
L’approche théorique est réalisée en régime permanent et en faisant les hypothèses suivantes :
P = K S Tm (1)
Où m représente le débit massique (kg/s) et Cp la chaleur spécifique (J/kg K), les indices f et
c sont relatifs aux fluides froid et chaud et les indices s et e à l’entrée et à la sortie de
l’échangeur.
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On considère les cas des échangeurs à courants parallèles et de même sens (antiméthodiques
ou à co-courant) et ceux de sens contraire (méthodiques ou à contre-courant).
Dans ces deux configurations, il est possible en faisant un bilan thermique sur une tranche
élémentaire, puis en intégrant sur toute la longueur de l’échangeur, de calculer l’écart de
température moyen entre les fluides chaud et froid. On trouve ainsi :
( (3)
Calcul du coefficient K
(4)
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hc et hf sont calculés avec les formules de convection forcées pour des températures de fluides
moyennes et Rec et Ref sont les résistances thermiques d’encrassement dont les valeurs typiques
sont données dans le tableau 1.
1
Dans le cas d’échangeurs à plaques, les valeurs recommandées sont beaucoup plus faibles
(environ 10 fois)
Calculer les surfaces d’échange pour des échangeurs à courants parallèles de même sens et de
sens contraire avec les données suivantes :
K = 300 W/m² K
EXERCICE 2 :
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K = 300 W/m² K S = 20 m2
Ces deux exercices illustrent les limites de la méthode du DTLM : dans l’exercice 1, qui
correspond à un dimensionnement, le calcul est direct mais pour l’exercice 2, le calcul est
obligatoirement itératif.
Dans ce cas, le problème est beaucoup plus complexe car les températures de sortie sont
variables selon la position du fluide dans l’échangeur. Plusieurs configurations sont possibles
selon que chaque fluide est libre de se mélanger (fluide brassé) ou bien au contraire est
canalisé (fluide non brassé).
Bien que l’expression de ΔTm ait été calculée pour certains cas, on utilise souvent des abaques
donnant un coefficient correctif F tel que :
P = K S F Tm (5)
F est donné par les abaques des figures 3 et 4 et ΔT m est calculé comme pour un échangeur à
courant parallèle et de sens contraire.
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Figure 11: Echangeur à courants croisés - 1 fluide brassé et 1 fluide non brassé
Dans certains cas, la méthode du DTLM requiert un calcul itératif. La méthode des NUT
permet par contre le plus souvent un calcul direct.
(6)
On démontre assez facilement que pour des échangeurs à courants parallèles, l’efficacité est
essentiellement fonction de deux paramètres NUT et C définis de la manière suivante :
Les expressions donnant l’efficacité dans différentes configurations sont résumées dans le
tableau 3.
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Tableau 3 : Efficacité de quelques échangeurs
On pourrait penser que cet avantage par rapport a la méthode du DTLM est mineur si on
prend en considération le développement actuel du calcul formel et des solveurs de plus en
plus utilisés ; toutefois, l’expérience montre que ces outils ont souvent des difficultés avec la
fonction DTLM, l’approche NUT étant plus stable.
On peut également utiliser des abaques qui donnent directement ε en fonction de NUT
(figures 12 et 13)
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Figure 13 : Efficacité d’un échangeur à courants parallèles et de sens contraires
en fonction de NUT et de C
EXERCICE 3 : Reprendre l’exercice 2 en utilisant la méthode des NUT. On voit ainsi que
dans ce cas, la méthode des NUT est beaucoup plus rapide que celle du DTLM.
4- Applications
Nous allons examiner plus particulièrement deux types d’échangeurs très répandus en Génie
Climatique, les échangeurs tubulaires et les échangeurs à plaques.
Figure 14 : Echangeur à
Calandres.
Figure 15 : Echangeur à
calandres (double parcours)
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Toutefois, chaque fabricant utilisant son propre schéma d’écoulement (forme et nombre des
chicanes, tubes à double parcours, etc...), il sera souvent plus précis d’utiliser les abaques
fournis par chaque constructeur.
Je vais exposer la méthode donnée par Alfa-Laval, seule société donnant à ce jour, des
informations suffisantes pour mener à bien un dimensionnement.
(12)
On voit donc que pour un fluide et une température moyenne fixés, le coefficient h n’est
fonction que de la perte de charge ΔP.
En effet, à une valeur de ΔP ce-cs fixée correspond une valeur de vitesse de fluide et donc un
coefficient h fixé et ce, quelque soit le nombre de plaques puisqu’on a une série de plaques en
parallèle (si on néglige la perte de charge dans les distributeurs) comme indiqué sur la figure
16.
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De plus, si on a le même fluide et les mêmes débits de part et d’autre on a :
ΔPce-cs = ΔPfe-fs
Après avoir ainsi calculé le coefficient K en se fixant une perte de charge maximale
admissible, le dimensionnement se fait en calculant le DTLM puis en utilisant l’équation (2)
pour obtenir la surface d’échange. On choisit ensuite le type de plaques en respectant les
valeurs limites de débits et de NUT indiqués dans le tableau 6.
EXEMPLE
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fluide 2: eau, 150000 kg/h, 25/40°C
Calcul de DTLM :
Estimation des pertes de charge : on va prendre ΔP 1 = 100 kPa coté acide (plus fort débit) et
on va estimer les pertes de charge coté eau.
En fait, ΔP2 = 20kPa en tenant compte des différences de propriétés entre l’eau et l’acide.
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Calcul de la surface d’échange
L’échangeur type AM20 peut ainsi convenir et comme chaque plaque fait 0,79 m 2, il faut
28/0,79 = 35,4 soit 36 plaques de surface d’échange auxquelles il faut rajouter les 2 plaques
terminales ; la solution est donc :
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