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INTRODUCTION

Le cahier descriptif de la filière de droit prescrit, pour


l’étude de la matière de droit commercial primaire, les
notions d’actes, de profession et de fonds
commerciaux.
L’étude de ces notions nécessite, en préliminaire, la
définition du droit commercial.

Préliminaire :
Définition du droit commercial
Comme toute autre branche juridique, le droit
commercial est avant tout une partie du droit objectif
de tout pays.
Pour le cas du Maroc, le droit commercial est
l'ensemble des règles qui tracent le model de conduite
sociale auquel doivent se conformer à titre
obligatoire, les commerçants, et de façon générale les
auteurs d'actes commerciaux. Chaque règle de cette
branche du droit est un dispositif normatif en matière
de conduite commerciale. Les commerçants et auteurs
d'actes commerciaux qui ne s'y conforment pas se
retrouvent en situation anormale par rapport à la loi, et
encourent des sanctions à cause de cela.
Il importe plus cependant de définir la matière
commerciale en tant qu'objet du droit en question. Il
convient aussi d’avoir un aperçu sur les sources du
droit en question et sur l’état de fait de son application.

Chapitre I :
Description du droit commercial

Le droit commercial est reconnu par son objet qui est


le commerce.
Il est également reconnu par ses sujets qui sont
principalement, le commerçant avec ses actes et
activités de même que ses instruments professionnels
et les procédures auxquelles il peut être soumis.
Au titre des instruments professionnels du
commerçant, le droit commercial s’intéresse aux effets
de commerce, aux contrats commerciaux, au fonds de
commerce et aux sociétés commerciales.
Les procédures relatives aux commerçants sont
principalement celles dites de prévention des difficultés
financières et de redressement ou de liquidation des
entreprises en difficultés.

Section 1 :
Objet du droit commercial

Certainement que l’objet du droit commercial est une


matière économique. Celle-ci étant l'utilisation
intelligente et non pas instinctive, collectivement et
individuellement par l'être humain, des ressources
disponibles pour satisfaire les besoins actuels et
prévisibles de façon à résoudre ensemble les
problèmes de rareté et d'injustice.
A ce titre, il faut examiner la notion de commerce des
points de vues économiste et juriste.

Sous-section 1 :
Définition économique du commerce.

Les économistes répartissent l’économie en quatre


secteurs dits primaire, secondaire, tertiaire et
quaternaire.
Le secteur primaire est celui où l’activité de l’agent
économique se limite à cueillir et extraire les produits
de la nature.
Suivant la croyance officielle du Maroc ces produits
sont l’œuvre des mains de Dieu.
Ils constituent selon l’interprétation rachidienne de la
loi sacrée, une propriété collective et non pas
sultanienne. Le revenu de cette propriété collective
dite jibare est collecté par l’institution bayte al male qui
est en fait une banque de tous indépendante du
pouvoir public.
Pour traiter ensemble le problème de rareté avec celui
d’injustice, la loi sacrée fait obligation à cette banque
de prendre en charge les nécessiteux, les pauvres, et
les débiteurs défaillants, entre autres démunis.
Elle doit leur distribuer des allocations, des prêts sans
intérêts et les inciter à créer des coopératives
ouvrières de production.
Rien n’empêche la banque de tous de s’associer
aussi avec ceux qui veulent créer des entreprises
commerciales, industrielles et agricoles.
Le secteur secondaire est celui où l’activité du même
agent s’étend à la transformation des produits de la
nature.
Suivant l’interprétation rachidienne, l’agent
économique acquiert la propriété de ces produits avec
l’autorisation des gérants de la banque de tous. Il doit
le faire en ajoutant une valeur nouvelle auxdits
produits. L’ajout de valeur nouvelle est effectivement le
fondement du droit de propriété des produits de la
nature.
Transformés, façonnés ou simplement réunis et mis à
disposition, ces produits sont, selon la croyance
officielle du Maroc, l’œuvre des mains humaines.
Le secteur tertiaire est celui où l’activité consiste en
une prestation de service loin de toute interaction dans
la production naturelle ou humaine des biens. C’est le
cas par exemple des activités de transport, de
courtage, de commission, de banque et d’assurance.
Enfin le secteur quaternaire est celui de l’informatique.
Il se dit aussi secteur du monde virtuel que la
révolution technologique permet d’exploiter.
Suivant l’interprétation rachidienne de la loi sacrée, les
activités des secteurs tertiaire et quaternaire sont
librement exploitables sans besoin d’obtenir l’accord
des gérants de la banque de tous. Elles ne doivent
cependant pas donner lieu à l’usure ou la débauche, ni
à l’échange de valeurs inexistantes.
Du point de vue économiste, le commerce est
l’ensemble des activités du secteur tertiaire auxquelles
s’ajoutent aussi celles du secteur quaternaire.
1- Qu’est ce que le commerce du point de vue
économique ?

Sous-section 2 :
Définition juridique du commerce

Les juristes affirment qu’au regard de la loi, le


commerce est plutôt l'une des trois formes possibles
de l'activité économique.
Ces formes étant le service, le travail et le commerce.
En tant que tel, le commerce ne se limite pas aux
activités des secteurs tertiaire et quaternaire ; il s’étend
à toute l’économie.
Les juristes expliquent que c’est pour tenir compte du
problème d’injustice et non pas seulement celui de
rareté, que la loi tient compte de la différence entre ces
trois formes.
Effectivement, la loi considère que l'activité
économique sous forme de service consiste à utiliser
les ressources disponibles comme précité mais de
façon désintéressée.
C’est le cas du service familial régit par le code la
famille, comme des services caritatifs et publics régit
par le droit administratif.
La convoitise du revenu donne cependant à l’activité
économique un but intéressé dans sa forme de travail.
Avec cette forme, l’agent économique utilise les
ressources disponibles comme précité non par amour,
par charité ou par obligation publique, mais pour être
rétribué de son effort physique ou intellectuel ou des
deux à la fois.
Selon la loi, le travail ainsi défini, englobe aussi bien
l’activité du travailleur salarié devant exécuter son
travail sous l’autorité et la direction d’un patron, que
celle du chef de micro-entreprise.
De la même façon que le code du travail du 11
septembre 2003 régit le travail sous l’autorité du
patron, le dahir du 28 juillet 1963 régit le travail en
dehors de toute soumission à quelque patron que ce
soit.
En effet, l’article 2 du dahir du 28 juillet 1963 qualifie
travailleur le chef de micro-entreprise, qu’il nomme
d’ailleurs de façon impropre artisan, en disant que
c’est « le travailleur manuel, professionnellement
qualifié, soit par un apprentissage préalable, soit par
un exercice prolongé du métier.
L’artisan exerce son activité pour son compte, seul ou
avec le concours des membres de sa famille,
d’associés, d’apprentis ou d’ouvriers dont le nombre
ne dépasse pas dix.
La force motrice éventuellement employée pour ses
fabrications ne peut pas être supérieure à dix chevaux.
Il assure personnellement la production et la
commercialisation des produits qu’il confectionne, et
exerce sa profession soit dans un local d’entreprise,
soit à son domicile ».
A la différence du service, l'activité économique
consiste dans sa forme commerciale à utiliser les
ressources disponibles comme précité, de façon
intéressée ; et à la différence du travail, elle se fait non
pour obtenir la rétribution de l’effort physique ou
intellectuel déployé, mais pour bénéficier du capital
investi.
Cette forme d’activité ne se limite certainement pas au
secteur tertiaire. Elle s’étend au secteur primaire et
secondaire avec le secteur quaternaire.
Dans tous les secteurs économiques, l’activité
commerciale est exploitable par les personnes
physiques comme par les personnes morales sous
l’une de ses deux formes connues qui sont l’entreprise
commerciale et les affaires.
Une certaine confusion des statuts professionnels doit
être signalée au niveau du secteur primaire à propos
des exploitations faites par les personnes physiques.
Les chefs d’entreprises individuelles de même que les
hommes d’affaires de ce secteur sont dits agriculteurs,
ce qui s’applique aussi à leurs activités les excluant
ainsi du domaine de droit commercial selon certains.
Par obligation à une répartition aristocratique des
métiers, des rôles et des activités, certains auteurs
continuent de penser que les activités agricoles et
artisanales, avec les professions libérales et les
entreprises publiques, doivent être exclues du
domaine de droit commercial.
2- Qu’est ce que le commerce du point de vue
juridique ?
Section 2 :
Sujets du droit commercial

Les sujets du droit commercial sont légalement


déterminés par le code de commerce sans y être
limités. Par exemple, les sociétés commerciales, les
tribunaux de commerce de même que les chambres
de commerce sont des sujets de droit commercial que
le code n’évoque pas.
L’article 1er du code de commerce marocain dit qu’il
constitue une loi qui s’applique aux commerçants et
actes de commerce ; mais en fait ses sujets sont
beaucoup plus variés.
Pour déterminer le critère de commercialité des actes
et des commerçants, le code en question définit
l’activité commerciale. Il distingue par ailleurs entre les
catégories d’actes se produisant dans le cadre de
l’activité. Ces actes pouvant être commerciaux par
nature, par la forme, par accessoires ou mixtes.
Certains actes ont retenu l’attention particulière du
législateur. Ils font l’objet d’une réglementation
spéciale à titre de contrats commerciaux. Il s’agit des
contrats de nantissement, d’agence commerciale, de
courtage, de commission, de crédit-bail, de transport et
des contrats bancaires de façon générale.
Le code de commerce envisage par la même occasion
les catégories de commerçants.
Ces derniers pouvant être des personnes physiques
ou morales, sachant que les personnes physiques
peuvent faire profession de commerce en qualité de
chefs d’entreprises ou d’hommes d’affaires.
Ils sont tous tenus à certaines obligations
professionnelles et comptables sachant que
fiscalement, les personnes morales doivent payer
l’impôt sur les sociétés alors que les hommes d’affaires
et les chefs d’entreprises payent l’IGR.
Le code de commerce s’intéresse de façon particulière
aux instruments de la profession commerciale qui sont
les effets de commerce, le fonds de commerce et la
société. Il n’évoque cependant que les deux premiers
en définissant chacun d’eux et en déterminant leurs
régimes d’utilisation.
Enfin le code de commerce réglemente les procédures
applicables aux commerçants rencontrant des
difficultés financières en faisant la distinction entre le
cas de difficultés prévisionnelles et celui de cessation
des paiements. Il envisage à ce propos une procédure
de prévention des difficultés et une autre de
redressement et de liquidation judiciaires.
Par ailleurs, même si le code ne les évoque pas, les
sociétés commerciales doivent être considérées
comme un sujet de ce droit.
L’étude du régime de constitution, de fonctionnement
ainsi que du démantèlement des sociétés
commerciales fait effectivement partie du droit
commerciale. Il en est de même pour le régime
d’émission et de cessions des actions et des
obligations en bourse, ainsi que pour les opérations de
concentration comme la fusion, la scission et l’apport
partiel d’actifs.
L’organisation des chambres de commerce et leurs
compétences, de même que celles des tribunaux de
commerce font également partie de l’étude du droit
commercial.

Section 3 :
Sources du droit commercial.
Les sources du droit commercial sont celles-là même
de toutes les règles du droit c’est-à-dire la loi, le
règlement, la coutume, la doctrine, la jurisprudence et
la pratique.
La principale loi faisant source du droit commercial est
le code de commerce de 1996. Est également une
source du droit commercial le DOC de même que le
code de la famille.
Les règles du DOC s’appliquent en matière
commerciale au niveau du régime juridique des
contrats, et les règles du code de la famille intéressent
la capacité juridique des auteurs d’actes commerciaux.
Le règlement qui émane du gouvernement dans la
forme de décrets et d’arrêtés ministériels est une
source importante en matière commerciale. La
coutume l’est également. Mais ce sont les pratiques
dites aussi usages commerciaux qui font la source la
plus importante du droit commercial que ce soit au
niveau local à l’intérieur du pays ou au niveau
international.
D’ailleurs, la chambre de commerce international à
Paris est très active dans ce domaine. Elle codifie un
très grand nombre d’usages internationaux.
En plus des usages internationaux on constate en
matière de commerce international ce qu’on appelle
des INCOTERMS.
Ce sont des règles d’usage internationaux relatives
aux contrats commerciaux comme par exemple c’est le
cas d’EXWORKS, et aux droits et obligations des
acheteurs et des vendeurs internationaux de façon
générale.
On peut aussi prendre comme exemple
d’INCOTERMS le régime du F.O.B qui veut dire Free
On Board. C’est un régime du contrat de vente
internationale qui rend le vendeur responsable de la
chose vendue jusqu’à bord du bateau. Ce n’est que
lorsque la chose vendue est placée à bord du bateau
que l’acheteur en devient responsable.
3- Qu’elle est la source la plus importante du droit
commercial ?

Section 4 :
Etat de fait de la justice commerciale

Malgré l’existence des tribunaux de commerce, qui


sont des instances judiciaires de droit commun
spécialisées, c’est plutôt par voie d’arbitrage, en
particulier en matière de commerce international, que
les commerçants se fournissent en service de justice.
De façon général, l’arbitrage est le moyen de mettre fin
au litige loin du tribunal. Il se produit à l’initiative des
parties qui acceptent la sentence d’un arbitre
institutionnel ou ad hoc qu’ils choisissent et dont ils
s’engagent à exécuter la décision.
L’arbitrage institutionnel est l’œuvre de juge de
tribunaux sollicités pour agir en qualité d’amiable
compositeur selon l’équité. Le président du tribunal de
commerce et les autres juges de ce même tribunal
peuvent effectivement être saisis par les parties en tant
qu’arbitres et non pas des magistrats. Dans ce cas, le
juge peut intervenir pour trancher le conflit selon
l’équité sans pour autant être obligé de se conformer à
la loi. Il n’a pas besoin de se conformer à la loi car sa
décision n’obéit pas au contrôle d’une autre juridiction.
La sentence arbitrale institutionnelle est rendue en
dernier ressort et possède l’autorité de la chose jugée.
Le juge qui rend la sentence arbitrale institutionnelle
ordonne son exécution après la remise d’une copie du
jugement à chacune des parties et en conserve
également une copie en minute.
A l’inverse de l’arbitre institutionnel, l’arbitre ad hoc est
celui que les parties choisissent à l’extérieur du
tribunal. Il peut être un commerçants ou non. Dans
tous les cas, la sentence arbitrale rendue par un
arbitre ad hoc peut être l’objet de recours en justice
devant le tribunal.
L’arbitrage se fait en exécution d’un compromis ou
d’une clause compromissoire.
Dans le cas du compromis, les parties décident de
recourir à l’arbitrage après la naissance du litige. Elles
conviennent de commun accord de soumettre leur
différend à un arbitre déterminé.
La clause compromissoire est par contre une clause
préventive du contrat. Elle envisage le cas de
naissance du litige avant qu’il ne se produise en
précisant que le différend sera exposé au jugement
d’un arbitre institutionnel ou ad hoc selon le cas.
4- Traitez de l’état de fait de la justice
commerciale ?

Chapitre II :
Etat de fait du droit commercial

Le droit commercial est une branche nouvelle et


évolutive qui malheureusement s’applique au Maroc
en opposition avec le droit économique.
Avec toutes ses sous-branches, le droit commercial
marocain ne s’applique qu’aux activités économiques
de forme commerciale effectuées par le secteur privé.
Les mêmes activités obéissent au droit dit économique
quand elles sont effectuées par le Makhzen.
Le droit commercial marocain n’est pas façonné pour
s’appliquer à une économie de droit. Il s’applique plutôt
suivant le model d’économie hybride qui obéit dans sa
partie minime au marché et dans l’autre partie majeur
au Makhzen.
Section 1 :
Modèles de droit commercial

Le dynamisme économique n’a pas été sans influence


sur le droit commercial ; celui-ci se diversifia suivant
les modèles économiques.
On distingue en effet, entre le droit du commerce libre
au marché dans les modèles libéraux, et le droit du
commerce dirigé par l’Etat dans les modèles
socialistes.
Traditionnellement on oppose les modèles libéral et
socialiste l’un à l’autre sans évoquer leur différence
tous deux avec le model rachidien de l’islam.
Ce dernier est un model économique où le traitement
du problème de rareté ne se fait pas au dépend de
celui d’injustice comme en système libérale. Le
problème d’injustice n’est pas non plus traité au
dépend de celui de rareté comme en système
socialiste.
Le La loi sacrée traite les deux problèmes de façon
équilibrée.
Pour réaliser la justice économique, elle impose à
l’Ouma de collecter tous les revenus des richesses
naturelles dites jibare avec l’aumône dite sadaqate
dans une banque de tous qui sert à prendre en charge
les personnes en besoin.
En vue de réaliser l’abondance et le confort, la loi
sacrée libère par ailleurs l’initiative privée et autorise la
propriété privée des valeurs ajoutées aux produits de
la nature.
L’ajout de quelque valeur nouvelle que ce soit à ces
produits doit se faire avec l’accord des gérants de la
banque de tous. Ces derniers sont admis à soustraire
tout bien jibare à la propriété privée quand ils estiment
qu’il doit rester collectif pour le besoin de la justice.
Il s’agit certainement d’un model où l’économie n’est
pas celle de l’Etat comme voulue par les socialistes, ni
celle du marché comme voulue aussi par les libéraux.
C’est plutôt l’économie de droit, dans laquelle la loi
unanime s’applique à tous les agents économiques sur
pied d’égalité sans distinction ni dispense ou immunité
aucune.
Le droit commercial rachidien constituerait ainsi la
branche économique du droit objectif musulman.
Il s’agit du droit de l’activité économique, sans
distinction si elle est publique, privée, nationale ou
multinationale.
Il en résulte que les activités du secteur public comme
celles du secteur privé se trouvent toutes soumises
aux mêmes règles quand elles revêtent la forme
commerciale.
L’Etat rachidien n’a pas autrement dit le droit de
soustraire ses activités lucratives au droit commercial
pour se donner le privilège de droit public. Il doit se
soumettre aux mêmes règles applicables aux
particuliers en matière de concurrence, de
concentration, de fiscalité, de comptabilité, de
procédure, et de compétence judiciaire entre autre.
A la différence du model rachidien, le droit de l’activité
économique se conçoit différemment dans les
modèles libéral et socialiste. Les modernistes
ensemble avec les frangistes musulmans qui
proposent l’un ou l’autre de ces deux modèles tiennent
à distinguer entre le droit qui s’applique à l’activité
économique suivant la nature de l’agent économique.
Lorsque cet agent est l’Etat, abstraction faite si c’est
un Etat démocratique, totalitaire ou de tutelle
sultanienne ou imamite, ils préfèrent parler du droit
économique.
Lorsque l’agent économique est un particulier, ils
disent alors que c’est le droit commercial.
Les modernistes avec les frangistes disent que le droit
économique ainsi conçu est l’ensemble de voies de
droit de la mise en application de la politique
économique de l’Etat et des personnes de droit public.
Il détermine les pouvoirs publics compétents pour
prendre les décisions économiques, et les moyens de
les exécuter.
Ainsi est-il dans les pays d’économie dirigée, le seul le
droit applicable ; le droit commercial n’y existe pas.
Dans les pays de système hybride, comme ceux des
Etats de tutelle sultanienne ou imamite, le droit
économique se limite à réglementer le secteur public,
avec les finances de l’Etat, et les interventions
publiques dans le secteur privé. Il détermine les
pouvoirs qui adoptent les plans économiques, le
régime juridique des entreprises publiques, celui des
institutions monétaires et financières, de la fiscalité et
de la comptabilité des entreprises, de l’organisation
administrative de la profession commerciale, et le
régime d’incitation et de promotion de l’initiative privée.
En parallèle à cela, le droit commercial s’y occupe des
actes et des activités commerciaux des particuliers. Il
regrouperait alors les règles relatives au statut du
commerçant, aux actes commerciaux, et aux
instruments commerciaux en particulier les effets de
commerce, les sociétés commerciales et le fonds de
commerce.
Le droit commercial déterminerait aussi le régime
juridique des actes commerciaux et les procédures
commerciales de protêt, de redressement et de
paiement collectif.
Nos rachidiens font observer que le législateur
marocain fait du code de commerce adopté en 1996
une loi relative aux activités économiques sans
préciser qu’il doit s’agir d’activités du secteur privé. Il
pourrait alors être présenté comme le droit de l’activité
économique sous forme commerciale abstraction faite
de la nature de son auteur.
Nos modernistes et nos frangistes contestent
cependant cela. Ils prétendent que ce code évoque les
activités économiques en tant que professions
commerciales, c’est-à-dire uniquement telles des
activités du secteur privé.

5- Comment le droit commercial se diversifie-t-il


suivant les modèles économiques ?

Section 2 :
Sous-branches du droit
commercial

Dans son évolution incessante, le droit commercial se


diversifia en droit interne et international, et se divisa
aussi en sous-branches.
Au titre des sous-branches du droit commercial on
compte principalement le droit d’entreprise et le droit
des affaires, mais le droit du crédit, le droit des
assurances, le droit du transport, le droit maritime, le
droit aérien, le droit du commerce électronique et
même le droit des sociétés sont autant de sous-
branches du droit commercial.
Il convient d’examiner la différence entre le droit
d’entreprise et celui des affaires qui tous deux se
confondent pour certains avec le droit commercial lui-
même.
Sous-section 1 :
Droit d’entreprise

En tant que sous branche du droit commercial, le droit


d’entreprise est l’ensemble des règles de ce dernier
qui s’appliquent aux activités des chefs d’entreprises
sans celles des hommes d’affaires. C’est autrement dit
le droit relatif à l’activité économique se produisant
dans un cadre d’entreprise.
L’entreprise elle-même se défini comme une forme
d’organisation qui implique la réunion d’au moins trois
éléments, qui sont le travail, la gestion et le capital.
Elle se distingue de la simple activité, laquelle est une
organisation qui peut exister sans l’élément du travail.

L’homme d’affaires qui est normalement celui qui


exploite une activité et non pas une entreprise, est par
définition un commerçant se contentant d’unir la
gestion à son capital, en se passant de tout salarié
pour réaliser ses affaires.
Le chef d’entreprise, doit, cependant, en plus de la
gestion de son capital, être patron d’au moins un
travailleur.
Par opposition au droit des affaires, le droit
d’entreprise engloberait ainsi les règles relatives à la
création d’entreprises nouvelles, à leur organisation,
cession, redressement et cessation.
Il regrouperait en plus, les règles relatives aux
relations des patrons avec leurs salariés, et des chefs
d’entreprises entre
6- Qu’est ce que le droit d’entreprise ?

Sous-section 3 :
Droit des affaires

En opposition avec le droit d’entreprise, celui des


affaires regroupe toutes les règles relatives aux
contrats commerciaux.
L’étude de ces contrats devant se faire par l’approche
du cadre ou des circonstances habituelles dans
lesquelles ils se produisent.
Ainsi par exemple, pour un contrat de transport, on doit
examiner le cas des chefs d’entreprises et des
hommes d’affaires qui s’en servent pour leurs
déplacements d’affaires ou de leurs marchandises, et
aussi celui des non commerçants qui le font pour le
besoin de la vie civile.
Il va de soit que le régime n’est pas le même pour les
uns et les autres.
La même remarque est également valable pour les
contrats d’assurance, de commission, de prêt et
autres.
Il n’empêche que l’étude du droit des affaires se
désintéresse de la situation juridique de l’auteur de
l’acte, et aussi des structures juridiques au moyen
desquelles il opère.
A la différence du droit commercial, l’étude du droit des
affaires n’a pour objet ni le statut des commerçants, ni
l’organisation administrative de la profession
commerciale. Elle ignore aussi le régime de création
du fonds de commerce, celui de fonctionnement des
sociétés commerciales et celui des procédures de
prévention et de redressement judiciaires.
On peut dire en conséquence que le droit des affaires
est l’ensemble des règles par lesquelles se réalisent
les contrats commerciaux. Son étude est en fait
l’étude du régime juridique commun aux différents
actes commerciaux en plus du régime spécial de
chaque contrat commercial.
7- Qu’est ce que le droit des affaires

Titre I : L’acte de commerce

Etant objet d’une profonde discorde de doctrine, la


notion légale d’acte de commerce n’est certainement
pas facile à cerner en droit marocain.
Malgré la clarté de la loi, d’aucuns continuent en effet
d’ignorer la réforme faite par l’adoption de la définition
formaliste du commerce.
Nombreux sont les auteurs marocains qui prétendent
que le législateur n’a fait que remplacer la définition
objective par la définition subjective qui toutes deux
étaient reconnues inefficace de l’aveu de tous.
Sous-titre I : Notion légale d’acte de commerce
Vu les divergences de point de vue rachidien d’un
côté, frangiste et moderniste de l’autre, la notion légale
d’acte de commerce au Maroc est controversée.
Chapitre I : Problème de définition de l’acte de
commerce
La définition légale d’acte de commerce en droit
marocain est précise ; pourtant les commentateurs
l’interprètent chacun suivant ses convictions d’école.

Section 1 : Notion juridique d’acte commercial


Les savants juristes de toutes les écoles
contemporaines estiment qu’il faut tenir compte de la
différence entre le sens civil et le sens commercial de
la notion d’acte commercial.
En application de la terminologie civiliste, l’acte de
commerce serait en principe un acte juridique, c’est-
à-dire l’acte d’une volonté privée ou public qui
consentirait à créer une situation ou une position
juridique. Il s’agirait uniquement du contrat
commercial.
Suivant la terminologie commercialiste par contre, le
vocable acte de commerce englobe outre les actes
juridiques proprement dits, des faits juridiques
également.
Est un acte de commerce au sens du droit commercial
non seulement le contrat, mais aussi le fait matériel du
commerce.
Tout le problème est cependant de savoir comment
qualifier commercial un contrat ou un fait matériel.
En dépit de la précision législative en cette matière, la
doctrine diverge à ce propos entre trois définitions
possibles. Il s’agit des définitions subjective, objective
et formaliste.
8- Qu’est ce qu’un acte commercial du point de vue
juridique ?

Section 2 :
Précision législative.

Contrairement à l’ancien code de commerce, la


réforme de 1996 n’a pas défini les actes de commerce
par une liste limitative.
Le législateur s’est effectivement contenté de citer
dans l’article 6 des exemples de ce qu’il considère
actes commerciaux en application d’un critère précis
expressément retenu dans cet article.
La preuve qu’il applique expressément le critère de
commercialité des actes dans l’article 6 est dans les
articles 9 et 10 du même code. Dans l’article 9 il dit :
« Indépendamment des dispositions des articles 6 et 7
ci-dessus, sont réputés actes de commerce… » et dit
aussi dans l’article 10 «sont également réputés actes
de commerce, les faits et actes accomplis par le
commerçant… ».
L’article 6 précité, dit clairement que : « …la qualité de
commerçant s’acquiert par l’exercice habituel ou
professionnel des activités suivantes :… ». Il nomme
activité chacun des exemples d’actes commerciaux
qu’il donne ; et c’est précisément cela le critère de
commercialité des actes.
Aucun acte ne peut être déclaré commercial en
application de la loi marocaine que s’il est en forme
d’activité commerciale. De même tout acte ayant la
forme d’activité commerciale est par définition
commercial en application de la loi marocaine.
C’est du moins ce qui doit être tiré de l’article premier
qui dit que le nouveau code est une loi qui : « régit les
actes de commerce et les commerçants ».
Alors, la question doit être posée de savoir si cela ne
signifie pas que le législateur n’applique pas la
définition rachidienne du droit commercial.
Contrairement à ce que peuvent penser les
commentateurs modernistes et frangistes, la question
n’est effectivement pas tranchée à leur bénéfice par
les dispositions de l’article 1er quand il dit du code de
commerce que c’est une loi qui régit les commerçants
en plus des actes de commerce.
Certes qu’en parlant de commerçants, il adresse les
dispositions du code au secteur privé, mais en parlant
aussi des actes de commerce il vise nécessairement
tout acte accompli dans la forme d’activité
commerciale abstraction faite de la qualité de son
auteur. Il suffit seulement de remarquer que l’article 1er
précité ne dit pas que le code de commerce est une loi
qui régit les actes de commerce faits par les
commerçants. C’est évident ainsi, que notre code de
commerce régit tous actes de commerce, y compris
ceux qui ne seraient pas faits par des commerçants.
La question se pose légitimement ainsi à propos des
actes accomplis dans la forme d’activités
commerciales dans le secteur public, de même que
celles du secteur agricole et des professions libérales.
9- Comment la loi marocaine définit-elle l’acte de
commerce ?

Chapitre II : Définition subjective

Dans la chronologie d’histoire, la définition subjective


du commerce est la plus ancienne. Elle a été l’œuvre
d’aristocrates protestants, allemands et britanniques.

Section 1 :
Origine aristocratique de
la définition subjective.

La définition subjective du droit commercial s’explique


par le contexte aristocratique de sa naissance. Elle a
été élaborée par des juristes protestants, allemands et
britanniques au début de l’ère moderne.
Faut-il rappeler qu’à cette époque, ces deux nations
européennes menaient la révolution industrielle en
concomitance au changement démocratique non
violent.
Les monarques protestants d’Allemagne et
d’Angleterre ont abolis le féodalisme sans évincer la
noblesse au pouvoir.
Ils ont libérés les roturiers pour les faire fondre dans le
peuple désormais associé au pouvoir démocratique.
A ce moment les nobles issus de l’aristocratie ont
continué de former l’intelligentsia et les leaderships de
la nation. Ils étaient la majorité des professeurs
universitaires, des magistrats, des officiers de l’armée,
et des fonctionnaires civils.
Ils étaient la majorité des leaders politiques, des gens
de lettres, et de professions libérales.
Les aristocrates étaient surtout les principaux
propriétaires fonciers agriculteurs en particulier.
Dans les traditions ancestrales des européens en
général, le commerce comme l’artisanat était une vile
activité laissée aux roturiers sans honneurs.
Les roturiers allemands et anglais ont facilement
accepté leur rang second, loin derrière les aristocrates.
Ils s’imposèrent aussi facilement, toutefois, en tant que
classe bourgeoise ou du moins prolétaire.
Libérés de la corvée par les monarques protestants,
les anciens roturiers artisans et commerçants ont
effectivement été les principaux auteurs de la
révolution industrielle.
Les menuisiers, forgerons, maçons, armuriers,
tisserons etc. ont reçu d’énormes commandes de la
part d’administrations publiques civiles et militaires. Ils
n’ont pu satisfaire lesdites commandes que par
l’adoption du mode de production industriel.
Les artisans ont commencé par appliquer le système
de division du travail en engageant un grand nombre
de travailleurs qui s’associaient dans la confection d’un
seul produit en s’occupant chacun d’une partie de ce
produit.
Ce système permit à la majorité des artisans de
s’enrichir énormément. Ils ont cessé d’être paysans en
créant des bourgs où ils s’y installèrent avec leurs
travailleurs ; ainsi naquît la bourgeoisie.
Les premiers bourgeois allemands et britanniques
eurent l’idée d’engager des ingénieurs chargés de
résoudre les problèmes de production et de
productivité. Ils déclenchèrent la révolution industrielle
avec ses retombées commerciales.
Appelés à se prononcer sur le droit applicable aux
actes de production industrielle, de négoce, de
transport, de banque, d’assurance, de manufacture, de
spectacle public etc., les docteurs du droit protestant
de même que les magistrats et les députés n’ont pas
pu voir la vérité en face. Ils étaient aveuglés par leur
esprit d’aristocrate.
Les premiers juristes allemands et britanniques ont
ainsi considéré que le droit en question était relatif aux
activités d’une classe sociale qui traditionnellement
n’est pas noble. Il ne devait pas en conséquence
s’appliquer aux activités publiques et civiles qui ont été
traditionnellement réservées à la classe des nobles.
Ces derniers étaient les agents du monarque
incarnant l’Etat ; ils étaient ses fonctionnaires publics.
Les nobles allemands et britanniques étaient aussi la
majorité des gens de professions libérales médecins,
architectes, avocats, notaires etc. Ils étaient aussi les
propriétaires fonciers qui possédaient les domaines
agricoles, les mines, les forêts, les châteaux etc.
Ces activités devaient rester nobles et ne pouvaient
pas être assimilées à celles des bourgeois issus de la
classe roturière. Elles ont été exclues du domaine
commercial.
Ainsi le commerce fut défini comme ensemble,
l’apanage, l’affaire et la profession de commerçants qui
ne pouvaient pas être l’Etat, les fonctionnaires publics,
les agriculteurs, les promoteurs immobiliers, les
propriétaires de mines, de forêts, et de façon générale
les propriétaires fonciers.
Les commerçants ne pouvaient pas être non plus des
médecins, des avocats, des notaires, des architectes
etc. et de façon générale des gens de profession
libérales.
10- Traitez de l’origine aristocratique de la définition
subjective du droit commercial ?

Sous-section 2 :
Inefficacité de la définition
subjective.
La définition subjective enseigne que le
commerce se définit par la qualité de la personne qui
s’en occupe. La commercialité des actes résulterait
autrement dit de la qualité professionnelle de leur
auteur : le commerçant(1).
Celui-ci doit en principe obéir à un statut légal
déterminant les conditions spéciales d’accès à la
profession et les obligations professionnelles qui en
découlent. Il est aussi soumis à l’occasion
des actes qu’il accomplit à un régime juridique spécial.
L’ensemble du statut et du régime en question
constituerait, alors, le droit commercial.
La critique a mis en évidence l’inefficacité de cette
théorie, en démontrant qu’elle ne permet pas de
déterminer avec précision les personnes auxquels le
droit commercial doit s’appliquer(2).
Effectivement, la question demeure posée de savoir
comment distinguer le commerçant de celui qui ne l’est
pas.
L’expérience des systèmes protestants démontre qu’il
faut recourir à des palliatifs pour dépasser cette
difficulté.
Les juges ont été rendus compétents pour inscrire les
commerçants au registre du commerce. Ils ont été
ainsi rendus responsables de décider qui sont
commerçants et qui ne le sont pas.
Les magistrats devaient prendre leurs décisions au cas
par cas, sur le fondement des allégations des
requérants, et non pas en application de critères
généraux.
La théorie subjective buta alors sur le problème de
savoir comment distinguer un acte dont l’exercice
professionnel confère la qualité de commerçant, de
l’acte qui ne permet pas cela(3).
Dans les pays qui appliquent la théorie subjective, les
juges continuent d’ailleurs de décider que l’exercice
professionnel des actes relevant de l’agriculture, de
l’artisanat ou des professions libérales, ne donne pas
accès à la profession commerciale.
Pourtant, ces mêmes juges ne nient pas que ces actes
deviennent commerciaux lorsqu’ils sont accomplis, à
titre d’activité principale, par des sociétés
commerciales.
Ils reconnaissent que le changement de la forme
d’exploitation individuelle en exploitation institutionnelle
rend l’acte commercial. Au même moment, ils refusent
d’admettre que l’accroissement de l’exploitation
agricole en entreprise individuelle puisse en faire une
activité de commerce.
11- Comment jugez-vous la définition subjective de
l’acte de commerce ?
Chapitre III : Définition objective
La définition dite objective a été présentée comme une
solution aux inefficacités de la théorie subjective. Ses
auteurs n’ont cependant pas pu échapper à la
répartition aristocratique des rôles, des métiers, des
professions, des activités et des actes.
Section 1 : Contexte de la définition objective.
Pour faire face à l’insuffisance de la théorie
subjective, le premier législateur laïc dut, en 1807,
définir les actes de commerce et les commerçants par
des textes généraux et récusa le critère de l’exercice
professionnel(1).
Toutefois, malgré le changement révolutionnaire, le
premier législateur laïc ne put se libérer de la culture
aristocratique. Il réglementa le commerce en
respectant la répartition des rôles, des professions,
des activités et des actes suivant l’ancien régime.
La culture française est à ce sujet identique à celle
d’Allemagne et de Grande Bretagne.
Les roturiers français qui ont réussi la révolution de
1789 en liquidant physiquement la noblesse, n’ont pas
pu se libérer de l’héritage aristocratique.
Le droit commercial continue jusqu’à présent, d’être
selon les auteurs français, un ensemble de règles
applicables aux actes déclarés commerciaux par la loi.
Celle-ci tiendrait compte d’une nature inhérente aux
actes commerciaux pour les qualifier ainsi.
Aucune différence n’est constatée en comparaison
avec les actes rendus commerciaux en Allemagne et
en Grande Bretagne.
De la même façon que les tribunaux allemands et
britanniques, la loi française met hors du domaine du
droit commercial les activités économiques
traditionnellement réservées à la noblesse, en les
qualifiant civiles.
L’agriculture, les professions libérales et les
entreprises publiques ne font pas partie du commerce
en droit français.
12- Quel a été le contexte de naissance de la
définition objective des actes commerciaux ?
Section 2 :
Inefficacité de la définition
objective.
La définition légale du commerce ne serait efficace que
si elle met à la disposition du juge un critère commun
qui lui permette d’appliquer la commercialité aux actes
inconnus au moment de sa promulgation.
Ce critère n’est certainement pas dans l’essence des
actes considérés. L’expérience démontre l’impossibilité
de cerner une quelconque essence intrinsèque
rendant les actes commerciaux.
Ceux qui prétendent le contraire n’ont pas pu
déterminer les actes de commerce autrement que par
leur énumération sur des listes limitatives. 
Toutes les listes établies par les législateurs jusqu’à
présent, se révèlent insuffisantes.
Les partisans de cette définition ne réussissent pas à
déterminer les ingrédients de cette soi-disant nature.
Ils avouent qu’il s’agit d’un mystère dont seul le
législateur peut connaître le secret(2).
D’aucuns ont tout de même essayé de dépasser
l’insuffisance de la loi en cette matière. Ils ont prétendu
que la liste légale relative aux actes de commerce
n’était pas limitative, et que les juges et la doctrine
peuvent l’élargir par le moyen d’analogie à tous les
autres actes commerciaux inconnus au moment de la
rédaction de la loi.
C’est une prétention mise en échec par l’absence de
critère commun aux actes déclarés commerciaux par
la loi(3) .
Celle-ci a retenu en même temps le critère de
spéculation, de forme d’entreprise et d’effet de
commerce, en plus de l’entremise et la médiation.
Devant cette multiplicité de critères, seule l’analogie
avec chacun des cas légaux, permet d’étendre la
commercialité aux actes non cités dans la liste légale.
Plus de deux siècles de cette analogie ont, cependant,
démontré que la solution n’est pas bonne ; le résultat
étant très maigre. Les magistrats n’ayant pu intégrer
dans le champ d’application du droit commercial, qu’un
nombre réduit d’actes, par rapport à ceux qui doivent y
être normalement.
Par exemple, on a pu soumettre au régime
commercial, tous les effets de commerce par analogie
avec le cas de la lettre de change, les assurances
terrestres, par analogie avec les assurances
maritimes, le transport aérien avec le transport
terrestre, et enfin les entreprises d’édition avec les
entreprises de manufactures.
Les activités immobilières, d’extraction de minerai, de
pierres, de sable, et des eaux minérales ; ainsi que les
activités d’élevage, de la pêche, et de l’agriculture
industrielles sont restées en dehors du domaine du
droit commercial, faute de moyen d’analogie.
13- Expliquez l’inefficacité de la définition objective
de l’acte de commerce ?

Chapitre IV :
Définition formaliste
Nos rachidien peuvent affirmer qu’avec le nouveau
code adopté en 1996, le législateur du Maroc a franchi
le pas décisif de rénovation rachidienne du droit
commercial marocain.
Il aurait décidé selon eux d’abandonner la théorie du
droit colonial dite objective, et refuserait en même
temps d’appliquer la théorie du droit protestant dite
subjective.
Section 1 :
Originalité de définition législative du commerce
Nul doute que les rédacteurs du nouveau code ont
considéré que le droit commercial est un droit des
activités commerciales, et non pas d’actes isolés ou de
professions. Ils ont ainsi appliqué une définition
formaliste, sachant que la notion d’activité est d’abord
une forme. Elle signifie non pas la profession comme
on pourrait le penser, mais l’organisation suivant
laquelle les actes sont accomplis.
Les articles du nouveau code de commerce évoquent
la notion d’acte de commerce et de profession
commerciale, uniquement à l’occasion de la
détermination du régime juridique pour le premier, et le
statut légal pour la seconde. Quand il s’agit de
déterminer les actes et la profession en eux même, les
textes utilisent la notion d’activité.
Ainsi, l’article 6 précité, dit-il clairement que : « …la
qualité de commerçant s’acquiert par l’exercice
habituel ou professionnel des activités suivantes :… ».
Il énumère par la suite une longue liste d’activités qui
doivent servir d’exemple aux juges pour définir les
actes de commerce comme il le leur permet dans
l’article 8.
En application de l’article 8 précité, les juges ne
peuvent plus refuser d’étendre l’application du droit
commercial aux actes nouveau. Ils doivent toutefois
s’assurer qu’il s’agit d’activité commerciale et non pas
d’actes isolés.
Les juges n’ont pas besoin de vérifier que l’acte
nouveau soit accompli dans le cadre d’une profession
commerciale car non seulement le législateur a-t-il
abandonné la définition objective, mais il a aussi
repoussé la définition subjective.
C’est évident que le législateur marocain abandonne la
définition objective de l’acte commercial, dans la
mesure où il retient expressément le critère formaliste
de commercialité.
Prétendre l’inverse, serait dire que l’acte commercial et
la forme commerciale d’activité sont une même chose
au regard du législateur.
Certainement que dans un but précis, celui-ci emploie
le terme « activité » et non pas celui d’acte dans
l’article 6 précité. Il ne peut pas ignorer la différence
entre ces deux termes, car il a lui même fait la
distinction entre leur sens dans les articles 9 et 10
précités.
Le législateur marocain a également refusé d’appliquer
la théorie dite subjective. Dire le contraire, serait
prétendre qu’il ne fait pas non plus de différence entre
les notions de profession et d’activité. Cela aurait été
trop maladroit de la part des rédacteurs du code de
commerce.
Ils ne peuvent pas utiliser le terme activité pour parler
de profession. La maladresse est plutôt dans le fait de
ne pas observer que l’article 6 précité distingue
expressément, et en toute clarté, entre la profession et
l’activité.
Effectivement, tous les textes qui évoquent l’activité
commerciale, la présentent comme une réalité
distincte de la profession commerciale.

14- Qu’est ce qui fait l’originalité de la définition


législative de l’acte commercial en droit marocain ?
Section2 :
Différence entre l’activité et l’acte

Les notions d’activité et d’acte sont indubitablement


différentes.
Le terme activité signifie l’action de se donner du
mouvement organisé par l’accomplissement d’actes
déterminés.
C’est autrement dit une action organisée qui se réalise
par des agissements multiples centrés vers le même
but.
Déjà à ce plan, on peut constater la différence avec la
notion d’acte. Celui ci se réalise par une seule action
voire un seul geste ; et se fait toujours de façon isolée
des autres actes du même auteur, même s’ils sont
semblables.
Par exemple, une personne qui répète plusieurs fois
par jour un même acte, n’est pas censée exercer une
activité si elle n’avait pas entrepris une organisation
préalable de ses agissements. C’est pratiquement le
cas de toute personne qui ne prédestine pas les
moyens dont elle dispose et met en œuvre, à
l’accomplissement répété d’un même ou plusieurs
actes.
Par exemple, une personne peut être contrainte par
les événements à répéter un même acte de commerce
plusieurs fois pendant une semaine, un mois, ou
même des années. Cela peut être le cas de celui qui
veut acheter une voiture d’occasion pour l’usage
domestique mais qui se trouve obligé de changer cinq
voitures peu de temps après l’acquisition de chacune
d’elles.
Il se pourrait en effet que l’intéressé découvre après
l’utilisation pendant un mois que la voiture achetée
n’est pas la bonne pour son usage domestique.
Dans le même cas, la chose achetée peut être une
maison, et la répétition des opérations d’achat et de
vente peut s’étendre sur des années, car il faut en
moyenne une année d’utilisation de la maison pour
savoir si elle est convenable ou non.
Dans ces cas, la personne concernée ne sera pas
auteur d’une activité commerciale, car elle n’a fait que
conclure plusieurs actes d’achat et de vente de façon
répétée certes, mais en dehors d’organisation
préalable.
Par contre, quand on démontre que l’intéressé s’était
organisé pour répéter les actes qu’il a accomplis, il
devient évident qu’on est devant l’exercice d’une
activité.
C’est le cas par exemple quand l’acheteur des voitures
d’occasion se déclare prêt à les revendre au moment
de leurs achats, et quand il engage des courtiers et se
met à traiter avec les gens du métier tel un
professionnel.
On constate dès lors que ce qui compte pour que
l’activité existe n’est pas le nombre de fois de
répétition des actes, mais c’est plutôt l’organisation
préalable en vue de leur répétition.
15- Expliquer la différence entre les notions d’activité
et d’acte ?

Section 3 :
Différence entre l’activité et la profession.

Les notions d’activité et de profession sont également


différentes l’une de l’autre.
Il faut se garder de les confondre ; la profession étant
au regard de la loi une qualité personnelle, alors que
l’activité est l’organisation suivant laquelle les actes du
professionnel sont accomplis.
En tant que qualité personnelle, la profession est une
occupation source de revenu pour son auteur. Elle
diffère des occupations de loisir qui ne sont jamais des
professions.
Le constat de la différence entre les notions de
profession et d’activité commerciale n’est pas
nouveau. La jurisprudence protestante a depuis fort
longtemps reconnu la commercialité des actes dans
certains cas, alors même que leurs auteurs n’étaient
pas des commerçants. Elle écartait ainsi la théorie
subjective, pour appliquer celle d’activité commerciale.
Parmi les cas où la commercialité des actes est
reconnue en dehors de l’exercice professionnel, on
peut citer l’exemple du non commerçant, qui devient
propriétaire de l’affaire commerciale par l’effet d’une
dévolution successorale, sans pour autant avoir
l’intention d’en continuer l’exploitation.
Le propriétaire de l’affaire commerciale a le choix dans
cet exemple, entre la vente, la location-gérance ou
l’apport en société de son affaire. Toutes ces
alternatives nécessitent qu’il maintienne l’activité de
son commerce, en attendant l’arrivé du repreneur.
Or, si on applique dans ce laps de temps la théorie
subjective, on est forcé d’admettre que tous les actes
accomplis en l’occurrence sont civils. Cela procurerait
certes davantage de protection au nouveau
propriétaire, mais les partenaires de l’affaire seront
lésés pour autant.
Aussi, et par équité à l’égard des partenaires, les
magistrats protestants ont de tous temps admis la
commercialité des actes accomplis dans le cadre
d’affaires organisées, malgré tous changements qui
affecteraient leurs propriétaires.
Ce constat a attiré l’attention des commentateurs du
droit protestant sur la valeur juridique de l’activité
commerciale. Ces juristes ont élaboré, alors, à partir
de l’idée d’activité, une théorie relative à l’organisation
commerciale indépendamment de la notion de
l’exercice professionnel.
Les auteurs germaniques et anglo-saxons ont pu ainsi
élaborer la théorie d’entreprise.
De nos jours, nous pouvons par ailleurs, prendre
argument des cas où les actes de commerce sont
accomplis par l’Etat et les collectivités locales. Dans ce
cas, la profession de commerçant est inexistante, mais
les actes de l’activité publique sont commerciaux. Ils
ne le sont certainement pas en application de la
théorie objective ; ce sont plutôt des actes accomplis
dans le cadre de l’activité commerciale exercée par un
non commerçant.
Il résulte clairement de ces exemples, que la notion
d’activité commerciale n’est pas synonyme de la
profession commerciale, et qu’elle n’exprime pas une
qualité subjective de celui qui accompli les actes ; elle
désigne plutôt la forme dans laquelle ces actes se
produisent.
16- Expliquez la différence entre les notions d’activité
et de profession ?

Sous-titre II :
Catégories d’actes commerciaux.

Compte tenu de la définition formaliste du commerce


en droit marocain, on doit revoir la classification
traditionnelle des actes commerciaux.

Chapitre I :
Classification traditionnelle
d’actes de commerce

Traditionnellement, les auteurs ont distingué entre des


actes de commerce par nature, des actes
commerciaux par la forme, des actes mixtes et des
actes de commerce par accessoire.
Avec la réforme du code de commerce, il paraît que
c’est la théorie des actes formels qui gagne de
l’importance, et que la loi renie même les actes de
commerce par nature.
Il convient de distinguer désormais entre les actes
principaux de l’activité et les actes accessoires au lieu
des actes de commerce par nature et le reste.
Section 1 :
Les actes commerciaux par nature

Ce sont des actes qui de l’avis unanime, sont


commerciaux. En application de la théorie subjective,
ils ont été reconnus comme tel par tous les magistrats,
et suivant la théorie objective, ils ont été définis par les
listes légales.
Dans l’une et l’autre théorie, ces actes se caractérisent
par le fait de conférer à leur auteur la qualité de
commerçant quand il les exerce à titre habituel.
L’idée des actes de commerce par nature est en
opposition avec la théorie formaliste qui ne reconnaît
la commercialité pour les actes et les professions qu’à
travers des formes déterminées.
La théorie formaliste considère que toute profession
n’est commerciale que si elle s’exerce dans la forme
d’activité. Par ailleurs, l’acte ne peut être commercial
que s’il est accompli dans le cadre d’activité ou encore
si c’est un effet de commerce.
Ainsi, l’acte qui serait commercial par nature en
application des théories objective et subjective peut
être déclaré civil en application de la théorie formaliste.
Mieux encore, des actes civils par nature, comme
l’élevage de bétail ou la plantation d’agrumes, peuvent
être déclarés commerciaux quand ils sont accomplis
dans la forme d’activité commerciale.
On doit reconnaître que la théorie formaliste convient
plus que les théories objective et subjective pour tenir
compte du caractère économique du droit commercial.
Elle se base sur une forme d’exploitation qui peut être
commune à tous les secteurs économiques.
Par ailleurs, l’application de cette théorie ne contredit
en rien les textes légaux qui parlent des actes de
commerce, dans la mesure où ces textes peuvent
parfaitement ne concerner que les actes formels.
C’est évident que le droit commercial marocain rénové
nie la théorie des actes de commerce par nature, et
considère que la commercialité découle de la forme de
l’exploitation, et non pas d’une nature intrinsèque aux
actes comme l’avaient prétendu les théories objective
et subjective qui, toutes deux se sont révélées
inefficaces.
17- Qu’est ce qu’un acte de commerce par nature ?

Section 2 :
Les actes commerciaux par la forme

Ce sont les actes dont la commercialité résulte non


pas d’une valeur intrinsèque ou par emprunt à la
qualité professionnelle de l’auteur, mais de la forme
dans laquelle ils se produisent(1). Le législateur a
retenu deux formes différentes qui confèrent
indépendamment de tous autres facteurs, la qualité
commerciale aux actes(2). Il s’agit des formes
d’activité et d’effet de commerce.

Sous-section 1 :
La forme d’effet de commerce

Le principe de commercialité formelle de l’effet de


commerce est appliqué dans l’article 9 du code de
commerce qui dispose : « Indépendamment des
dispositions des articles 6 et 7 ci-dessus, sont réputés
actes de commerce :
• la lettre de change ;
• le billet à ordre signé même par un non-commerçant
lorsqu’il résulte d’une transaction commerciale ».
Par ailleurs le livre III du code de commerce intitulé
des effets de commerce réglemente en plus de la lettre
de change et du billet à ordre, le chèque entre autres
moyens de paiement.
Les effets de commerce sont soit des moyens de
crédit ou des moyens de paiement, ou des deux à la
fois. Ce sont des documents écrits relevant du régime
des actes abstraits qui ne peuvent être valables que
par des conditions de forme très strictes.
Le papier formant effet de commerce doit comporter
avec précision un certain nombre d’indications
exigées par la loi, tantôt sous forme de chiffres, tantôt
par des lettres.
C’est en considération de cette forme uniquement que
le législateur déclare commerciales les opérations de
paiement ou de crédit qui sans l’utilisation du papier en
question seraient civiles.
Par exemple le paiement du loyer par un étudiant au
moyen d’une lettre de change constitue un acte de
commerce pour lui même, et aussi pour le loueur
même s’il n’est pas commerçant.
En précisant que les effets de commerce sont des
actes de commerce indépendamment des dispositions
des articles 6 et 7, le législateur déclare clairement
qu’il n’exige pas la forme d’activité pour eux.
18- Qu’est ce qu’un effet de commerce ?

Sous-section 2 :
Forme d’activité commerciale

Le nouveau code de commerce ne définit pas


expressément l’activité commerciale ; il le fait plutôt au
moyen d’une liste énonciative, et charge en
conséquence la doctrine et la jurisprudence de déceler
sa volonté implicite.
L’article 6 précité donne des exemples d’activités
pouvant avoir la forme d’entreprise ou d’affaires. Elles
sont toutes cependant caractérisées par le but lucratif
et la taille commerciale.
Ainsi, la forme d’activité commerciale doit-elle se
définir en considération de ces deux conditions.
Le commerce est l’activité intéressée qui procure un
revenu supérieur à ce que reçoivent les travailleurs en
moyenne. Le surplus du revenu étant dû
principalement à l’association du capital à l’effort
personnel de façon à augmenter la capacité
économique de son auteur par rapport aux travailleurs.
Dès lors, il ne suffit pas de démontrer qu’il y a
organisation préalable en vue de répéter un ou
plusieurs actes dans un but lucratif, pour dire qu’on est
en présence d’une activité commerciale. Ce serait
admettre qu’il n’est plus besoin de distinguer entre les
activités de travail et de commerce.
La distinction s’impose par la nature différente de ces
activités suivant leurs tailles.
La taille d’activité commerciale est nécessairement
plus importante que celle du travail.
On observe même que la loi assimile au travail toute
activité économique de taille minuscule même quand
elle est intéressée par le gain et le profit. C’est le cas
des activités dites micro-entreprises.
La loi le dit expressément à l’occasion de la définition
des métiers traditionnels conçus par le dahir du 28
juillet 1963 tels des micro-entreprises artisanales(1).
Ces dernières sont déclarées activités civiles.

19- Traitez de la commercialité de l’activité


commerciale ?

Chapitre II :
Classification nouvelle des actes de commerce

L’application de la théorie formaliste doit entraîner un


changement de la classification des catégories d’actes
commerciaux.
Il faudra désormais distinguer entre :
- Des actes principaux qui seraient chacun l’objet
principal d’une activité commerciale ;
- Des actes de commerce par accessoire qui sont
accomplis accessoirement aux actes principaux ;
- Des actes mixtes.

Section 1 : Les actes principaux

En application de la définition formaliste, l’acte de


commerce est soit un effet de commerce ou un acte
répété de façon organisée et intéressée.
Nous avons eu l’occasion de voir que les effets de
commerce englobaient tous les moyens de paiement
et ou de crédit autres que la monnaie fiduciaire et le
troc.
Il s’agit principalement du chèque, de la lettre de
change, du billet à ordre, et aussi des bons de caisse,
des warrants et des factures protestables.
L’acte répété de façon organisée et intéressée fait par
ailleurs, acte principal de commerce chaque fois qu’il
constitue une activité commerciale. Il doit se produire
dans un cadre d’affaires ou d’entreprise.
Dans ces conditions, l’acte considéré est réputé
commercial par la forme même s’il est civil par nature.
Ainsi, doit-on en principe traiter comme une activité
commerciale l’exploitation agricole qui emploie un
effectif supérieur à dix salariés, ou réalise un chiffre
d’affaire égal à la moyenne minimale pour les
entreprises commerciales. Il doit en être de même
pour les professions libérales.
C’est effectivement le critère qui convient pour
l’application de l’article 8 du code de commerce, lequel
permet l’assimilation d’activités nouvelles à la liste des
exemples donnés par l’article 6.
Il faut observer que le principal intéressé par
l’application de ce critère qui est l’administration fiscale
semble rester indifférente jusqu’à nos jours.
Elle n’a pas jusqu’à présent tenter d’interpréter le droit
commercial dans le sens qui élargirait l’imposition du
revenu commercial aux exploitations agricoles et aux
professions libérales.
Quoi qu’il en soit, il n’existe pas de liste limitative des
actes principaux de commerce. Un certain nombre
d’exemples de ces derniers est fourni par les articles 6
et 7 du code de commerce.
Parmi ces exemples figure le négoce, le service de
location, la promotion immobilière, l’exploitation et la
prospection minière, l’industrie et l’artisanat, le
transport, la banque, l’assurance, l’entremise, le
service d’entrepôt et d’emmagasinage, l’impression et
l’édition, le bâtiment, l’agence, la fourniture, le
spectacle, la distribution, les postes et
télécommunication, la navigation aérienne maritime ou
fluviale.

20- Qu’est ce qu’un acte principal d’activité


commerciale ?
Section 2 :
Les actes de commerce par accessoire
La théorie des actes commerciaux par accessoire fut
élaborée jadis par la doctrine et la jurisprudence sur le
fondement du paragraphe 6 de l’article 2 de l’ancien
code.
Celui-ci comptait parmi les actes commerciaux : « -
Toutes obligations entre négociants, marchands et
banquiers»(1)
Désormais, c’est l’article 10 du code nouveau qui
consacre expressément cette catégorie d’acte et
détermine le principe de leur régime juridique. Il
dispose que : « sont également réputés actes de
commerce, les faits et actes accomplis par le
commerçant à l’occasion de son commerce, sauf
preuve du contraire ».
En application de cet article, tous ce qui est en rapport
avec l’activité du commerçant doit être considéré
comme un acte commercial même si de l’avis unanime
il serait un acte administratif, un acte civil, un quasi-
délit ou un quasi contrat(2).
Ainsi, la demande du passeport, le renouvellement de
la carte d’identité nationale, le changement du nom, de
domicile, de voiture, et même le mariage ou la
candidature aux élections professionnelles,
municipales ou législatives peuvent tous être
considérés comme des actes de commerce s’ils sont
en rapport avec l’activité de l’intéressé.
Le législateur n’a pas déterminé un degré précis du
rapport qui doit exister entre l’acte et le commerce ;
mais par l’utilisation du terme «à l’occasion », il semble
vouloir appliquer la présomption de commercialité à
tous les agissements du commerçant.
On observe un durcissement de la théorie des actes
accessoires en comparaison avec la position de la
doctrine et de la jurisprudence sous l’ancien code.
Les auteurs et les magistrats convenaient que tous les
agissements du commerçant ne devaient pas être
soumis à la présomption de commercialité(3). Les
actes et faits relevant du statut personnel, de l’action
politique ou associative, avaient le bénéfice du doute
en ce sens qu’il incombait à celui qui prétend qu’ils
sont accessoires à l’activité commerciale, d’établir le
lien les unissant à cette dernière.
Cette règle est inversée par l’article 10 précité, qui
précise que sauf preuve du contraire, les actes
accomplis à l’occasion du commerce sont réputés
commerciaux. Sachant que la nature des choses fait
qu’on soupçonne toujours les commerçants de lier
tous leurs actes et faits à leur commerce, la
présomption établie par l’article 10 précité, joue en
principe contre eux.
C’est au commerçant qu’il incombe, a priori, d’établir la
preuve que les actes de sa vie civile, administrative, et
politique n’ont pas de lien avec son commerce.
Il doit d’abord déclarer sur l’honneur qu’il agit en
dehors de ses affaires et sans rapport avec elles. Cette
déclaration ne doit pas être contredite par des
événements qui établiraient un lien direct avec le
commerce.
L’application de la théorie des actes accessoires est
utile pour permettre aux partenaires non commerçants
d’opposer aux commerçants le régime de droit
commercial. Elle peut être aussi utile dans les
procédures de redressement et de liquidation judiciaire
pour déterminer les fautes de gestion commises par le
débiteur failli.
21- Qu’est ce qu’un acte accessoire d’activité
commerciale ?
Section 3 :
Les actes mixtes

Contrairement au code de 1913 qui n’avait nullement


évoqué la catégorie des actes mixtes, l’article 4 du
nouveau code détermine le principe du régime de ces
actes et reconnaît leur nature hybride.
L’article 4 précité dispose que : «  lorsque l’acte est
commercial pour un contractant et civil pour l’autre, les
règles du droit commercial s’appliquent à la partie pour
qui l’acte est commercial, elles ne peuvent être
opposées à la partie pour qui l’acte est civil, sauf
disposition spéciale contraire ».
De la première lecture de cet article on peut déduire
que l’acte mixte n’est pas une catégorie à part, car il
peut s’agir de n’importe quel acte conclu entre un
commerçant agissant dans le cadre de son activité, et
un non commerçant(1).
L’article précité ne parle que des actes qui peuvent
être en même temps commerciaux et civils, mais il faut
envisager aussi le cas des actes qui seraient aussi
commerciaux et administratif.
22- Qu’est ce qu’un acte mixte ?
I : La mixité de l’acte civil.
En cas de mixité d’un acte civil, le commerçant doit
accepter les régimes de droit civil dans ses rapports
avec l’autre partie.
Toutefois, dans la mesure où la loi n’envisage
l’impossibilité d’application du droit commercial à la
partie civile que dans le cas où cela se ferait par
opposition avec elle, il est clair que rien ne doit
empêcher cette dernière d’abandonner ce privilège, et
demander que lui soit appliqué le droit commercial. (2)
Les difficultés d’application des règles de droit civil et
de droit commercial aux
actes mixtes n’ont pas été toutes résolues par l’article
4 précité.
Dans le même cas d’espèce, et pour chacune des
questions soulevées, le tribunal doit appliquer les
règles de droit civil et de droit commercial
respectivement aux deux parties à moins qu’il ne
s’avère que les deux branches de droit prévoient
l’application d’une même règle au problème posé.
Les solutions du droit commercial ne sont pas toutes
différentes de celles du droit civil ; mieux encore, on
est arrivé à déterminer, un par un, les cas où les règles
des deux disciplines sont différentes.
Ils sont au nombre de quatre en droit marocain, et
concernent : la preuve, la prescription, la solidarité, et
la compétence judiciaire.
On dit dans ces cas que les actes mixtes obéissent à
un régime dualiste, en opposition avec le régime des
règles unitaires qui s’appliquent dans le reste des cas.

23- Traitez de la mixité d’un acte civil ?

II : La mixité de l’acte administratif.


Lorsque le commerçant traite avec un tiers pour qui
l’acte serait administratif, il ne peut s’agir pratiquement
que d’un établissement public de l’administration
centrale ou locale.
En principe, le tribunal doit non seulement empêcher
que soient opposées à l’administration publique les
règles de droit commercial, mais doit appliquer au
commerçant lui-même les règles de droit administratif.
Au cas où la preuve démontre que l’acte de
l’administration publique est un contrat de droit privé,
comme par exemple les contrats dit d’administration,
on se retrouve devant un acte mixte régi par les
dispositions de l’article 4 précité.
24- Traitez de la mixité de l’acte administratif ?

Sous titre III :


Les régimes commerciaux des actes.

Les actes commerciaux obéissent à des régimes


différents suivant leurs formes et suivant le contexte de
leur conclusion.
On peut distinguer dans ce cadre entre trois régimes
juridiques différents : normal, mixte, et spécial.
Le régime normal réunit l’ensemble des règles qui
s’appliquent de façon commune à tous les actes de
commerce quand ils se réalisent dans leur cadre
normal.
Ce cadre étant les affaires traitées entre commerçants.
Il s’agit autrement dit du droit qui s’applique de façon
commune aux chefs d’entreprises, aux hommes
d’affaires et aux sociétés commerciales.
En plus de ce régime normal, on doit distinguer le
régime spécial relatif aux actes ayant la forme d’effets
de commerce, du régime composite relatif aux actes
mixtes.

Chapitre I :
Le régime normal de droit commercial.

Les hommes d’affaires comme les chefs d’entreprises


individuelles et les sociétés commerciales obéissent
dans leurs relations entre eux à ce qui constitue le
droit commun du commerce.
C’est un droit opposé à celui du droit commun à tous
et qui se constitue des règles du DOC.
Le régime normal de droit commercial concerne
particulièrement les actes effectués par les
commerçants dans leurs relations entre eux, et le
paiement collectif des créanciers du commerçant
défaillant.

Section 1 :
Le régime des actes du partenariat commercial

A la différence du DOC, le droit commercial prévoit


pour les commerçants entre eux un régime spécial de
preuve, de prescription, de solidarité, et de
compétence judiciaire.
Pour la preuve des actes et des faits l’article 334 du
code de commerce applique le principe de liberté. Il
dispose : « En matière commerciale la preuve est libre.
Toutefois, elle doit être rapportée par écrit quand la loi
ou la convention l’exigent ».
Sauf lorsque la loi exige l’écriture pour l’établissement
du contrat, les commerçants sont admis dans leurs
relations internes à utiliser l’aveu, le témoignage, les
présomptions et le serment pour prouver leurs droits,
quelque soit la valeur de ce contrat.
De son côte l’article 335 du code de commerce
applique le principe de solidarité entre les
commerçants qu’ils soient débiteurs d’une même dette
ou créanciers d’un même droit. Il dispose  : « En
matière commerciale, la solidarité se présume ».
Le sens de solidarité voulu dans cet article est
déterminé par le DOC. L’article 154 du DOC précise
que : « l’obligation est solidaire entre les créanciers,
lorsque chacun d’eux a le droit de toucher le total de la
créance, et le débiteur n’est tenu de payer qu’une
seule fois à l’un d’eux. L’obligation peut être solidaire
entre les créanciers, encore que la créance de l’un soit
différente de l’autre, en ce qu’elle est conditionnelle ou
à terme, tandis que la créance de l’autre est pure et
simple ».
L’article 166 ajoute à cela aussi : « Il y a solidarité
entre les débiteurs lorsque chacun d’eux est
personnellement tenu de la totalité de la dette, et le
créancier peut contraindre chacun des débiteurs à
l’accomplir en totalité ou en partie, mais n’a droit à cet
accomplissement qu’une seule fois ».
En matière de prescription, l’article 5 du code de
commerce dispose : «  Les obligations nées, à
l’occasion de leur commerce, entre commerçants et
non commerçants, se prescrivent par cinq ans sauf
disposition spéciales contraire ».
On sait que la prescription en droit se dit de
l’écoulement du temps qui a pour effet d’éteindre
l’action qui naît de l’obligation.
L’article 371 du DOC dit à ce sujet que : «  La
prescription pendant le laps de temps fixé par la loi
éteint l’action naissant de l’obligation ».
Enfin, En application de l’article 5 du dahir du 8 janvier
1997 portant création des tribunaux de commerce, les
commerçants doivent se pourvoir devant les tribunaux
de commerce.
Les juges siégeant au tribunal de commerce ont
compétence exclusive pour connaître des affaires
commerciales entre commerçants.
Le dahir précité n’accorde pas de choix aux
commerçants pour intenter leurs actions devant un
autre tribunal.
25- Traitez du régime normal de droit commercial
pour les actes commerciaux ?
Section 2 :
Le régime du paiement collectif.

A la différence du DOC qui ne prévoit pas de régime


pour le paiement collectif des créanciers du débiteur
défaillant, le code de commerce soumet le
commerçant en état de cessation des paiements à ce
genre de régime.
Tout homme d’affaires, chef d’entreprise individuelle ou
société commerciale qui se trouve incapable de faire
face à son passif exigible par son actif disponible peut
être judiciairement déclarée en état de cessation des
paiements.
C’est le tribunal de commerce qui a compétence de
déclarer cet état du commerçant défaillant.
Il lui applique par la même occasion une procédure de
redressement par un plan judiciaire, selon le cas de
continuation ou de cession afin d’apurer le passif sans
besoin de liquider de tous ses biens.
Rien n’empêche le tribunal de décider la liquidation de
tous les biens du débiteur dans une procédure de
liquidation judiciaire quand les solutions de
redressement s’avèrent impossibles.
Dans toutes ces solutions judiciaires, les créanciers du
commerçant sont collectivement payés.
Ils le sont suivant un plan d’apurement du passif dans
les solutions de continuation et de cession ; et au marc
le franc au prorata de leurs créances suivant leurs
rangs, dans la procédure de liquidation judiciaire.

26- Traitez du régime normal de droit commercial


pour le paiement collectif ?
Chapitre II
Le régime composite

C’est le régime des actes mixtes. Il est composé de


règles du régime normal, à côté de règles du droit civil
ou administratif.
Les règles du régime composite sont en principe
toutes unitaires lorsque l’acte est en même temps
commercial et administratif.
Le régime de preuve, de prescription ou autre ne peut
suivre pour les deux parties à la fois que les règles
administratives.
L’opposition entre le droit commercial est administratif
ne pose aucune difficulté, et le législateur n’a d’ailleurs
même pas évoqué ce genre d’actes mixtes.
L’article 4 du code de commerce se contente en effet
de n’évoquer que les actes mixtes du genre où le droit
commercial se trouve en opposition avec le droit civil.
Il précise que sauf disposition spéciale contraire, les
règles du droit commercial ne peuvent pas être
opposées à la partie pour qui l’acte est civil. L’article 4
précité donne ainsi la solution des cas où les règles du
droit civil diffèrent de celles du droit commercial.
Malgré que la plupart des règles des deux branches
soient identiques, des différences sont recensées
dans notre droit au niveau du régime de preuve, de
solidarité, de prescription, et de compétence judiciaire.
Dans plusieurs exemples de droit comparé, des
différences entre le droit civil et le droit commercial
sont également constatées au niveau du régime de
mise en demeure, du taux d’intérêt moratoire, et des
clauses compromissoires.
Dans tous ces cas, les règles du régime composite ne
sont pas unitaires en ce sens que le juge doit appliquer
à chaque partie des dispositions différentes.
On dit alors que ce sont des règles dualistes.

27- Que signifie le régime composite de droit


commercial ?

Section 1 :
La preuve de l’acte mixte

Les règles dualistes du régime de preuve résultent des


articles 334 du code de commerce et l’article 443 du
code des obligations et des contrats.
L’article 334 précité dispose : « En matière
commerciale la preuve est libre. Toutefois, elle doit être
rapportée par écrit quand la loi ou la convention
l’exigent ».
L’article 443 précité dispose « Les conventions et
autres faits juridiques ayant pour but de créer, de
transférer, de modifier ou d’éteindre des obligations ou
des droits, et excédant la somme ou la valeur de dix
mille dirhams ne peuvent être prouvés par témoins. Il
doit en être passé acte authentique ou sous seing
privé, éventuellement établi sous forme électronique
ou transmis par voie électronique. »
 Ces deux articles contiennent des dispositions
contradictoires. Alors que le premier établit la liberté de
preuve pour les commerçants, le second exige
l’écriture pour la preuve des actes civils dont la valeur
dépasse une somme déterminée. Sachant qu’en
application de l’article 4 du code de commerce les
dispositions de l’article 334 de ce même code sont
inopposables aux personnes pour lesquelles les actes
sont civils, la preuve des actes mixtes obéit forcement
à des règles dualistes.
Ainsi, le commerçant doit se munir au préalable d’un
écrit pour établir les engagements du non
commerçant.
Il doit s’agir d’un écrit au sens du droit civil, c’est à dire
un document rédigé au nom du défendeur, et signé par
lui même.
Le document peut être une feuille de papier, ou même
un fichier informatique, dans la mesure où la signature
électronique est validée.
Sans papier notarié ou sous seing privé, signé de la
main ou de façon télégraphique ou encore
électronique, le commerçant ne peut pas prouver ses
droits contre le non-commerçant par un autre moyen
écrit que suivant le régime prévu par l’article 438 du
code des obligations et des contrats.
Celui-ci dispose : « les registres et papiers
domestiques, tels que les lettres, notes et papier
volants, écrit de la main de la partie qui les invoque ou
signé par elle, ne font pas foi en faveur de celui qui les
a écrits.
Ils font foi contre lui :
1°) Dans tous les cas où ils énoncent formellement un
paiement reçu par le créancier ou un autre mode de
libération ;
2°) Lorsqu’ils contiennent la mention expresse que la
note a été faite pour suppléer le défaut de titre en
faveur de celui qui y est dénommé ».
La loi envisage aussi le cas où il n’y a pas un acte
écrit proprement dit, mais seulement un
commencement de preuve par écrit. A ce sujet l’article
447 dispose : « les règles ci-dessus reçoivent
exception lorsqu’il existe un commencement de preuve
par écrit.
On appelle ainsi tout écrit qui rend vraisemblable le
fait allégué, et qui est émane de celui auquel on
l’oppose, de son auteur, ou celui qui le représente. Est
réputé émaner de la partie tout acte dressé à sa
requête par un officier public compétent, dans la forme
voulue pour faire foi ainsi que les dires des parties
consignés dans un acte ou décision judiciaire régulier
en la forme ».
L’article 448 du même code allège cependant la
charge faite au commerçant en application de l’article
4 du code de commerce et de l’article 443 du code des
obligations et des contrats en permettant la preuve par
témoins de façon exceptionnelle. Il dispose : «  - La
preuve testimoniale est recevable, par exception aux
dispositions ci-dessus :
1°) Toutes les fois que la partie a perdu le titre qui
constituait la preuve littérale de l’obligation ou de la
libération en conséquence d’un cas fortuit, d’une force
majeure, d’une soustraction frauduleuse ; le cas des
billets de banque et des titres au porteur est soumis à
des règles spéciales ;
2°) Lorsqu’il n’a pas été possible au créancier de se
procurer une preuve littérale de l’obligation ; tel est le
cas des obligations provenant des quasi-contrats et
des délits et quasi délits, et celui où il s’agit d’établir
une erreur matérielle commise dans la rédaction de
l’acte , ou des faits de violence, simulation, fraude ou
vol dont l’acte est entaché, ou bien, entre
commerçants, dans les affaires où il n’est pas d’usage
d’exiger des preuves écrites.
L’appréciation des cas où il n’a pas été possible au
créancier de se procurer une preuve écrite est remise
à la prudence du juge ».
A défaut d’écrit, et à moins de bénéficier d’une
présomption légale qui en application de l’article 453 :
« dispense de toute preuve celui au profit duquel elle
existe », la partie pour qui l’acte est commercial ne
peut établir ses droits, contre celle pour qui l’acte serait
civil, ni par témoins, ni par présomption simple ou par
serment, lorsque la valeur des droits excède dix milles
dirhams.
La situation diffère cependant dans la position inverse.
Vu la rédaction de l’article 4 du code de commerce qui
parle de l’inopposabilité uniquement dans le cas où
elle se fait en direction de la partie pour qui l’acte est
civil, on peut soutenir que le silence de la loi sur
l’opposabilité du droit civil au commerçant signifie un
choix accordé à la partie civile.
Celle-ci peut opter pour l’application du droit civil ou du
droit commercial selon son intérêt, car si le
commerçant ne peut pas lui opposer le droit
commercial, il n’a pas le moyen de se soustraire à
l’emprise du droit commercial.
On peut considérer que l’inopposabilité prévue par
l’article 4 précité est un avantage fait par la loi à la
partie pour qui l’acte est civil est non pas une
obligation pour elle. Elle peut donc l’abandonner pour
demander l’application du droit commercial, si elle le
trouve plus avantageux.
L’abandon de cet avantage peut se faire avant la
naissance du litige par une clause contractuelle,
comme il peut se produire en cours du procès.
28- Traitez le régime de preuve d’actes mixtes ?

Section 2 :
La solidarité

Le régime dualiste de la solidarité résulte des articles


153 à 180 du code des obligations et des contrats et
de l’article 335 du code de commerce.
L’article 153 du code des obligations et des contrats
dispose que : «la solidarité ne se présume pas ; elle
doit résulter de l’acte constitutif ou de la loi, ou être la
conséquence nécessaire de la nature de l’affaire.
Cependant, lorsque plusieurs personnes stipulent une
seule prestation conjointement et par le même acte,
elles sont censées avoir stipulé solidairement, si le
contraire n’est exprimé ou ne résulte de la nature de
l’affaire ».
Pour ce qui des débiteurs, l’article 164 du même code
dispose que : « la solidarité entre débiteurs ne se
présume point ; elle doit résulter expressément du titre
constitutif de l’obligation, de la loi, ou être la
conséquence nécessaire de la nature de l’affaire ».
L’article 335 du code de commerce dispose de son
côté que : « En matière commerciale, la solidarité se
présume ». Il inverse ainsi le principe consacré au
code des obligations et des contrats pour la matière
civile, et crée en conséquence un dualisme au niveau
du régime composite des actes mixtes.
Le dualisme s’impose en particulier lorsque des
commerçants et des non-commerçants réunis, se
trouvent tenus à la même dette ou titulaire de la même
créance à l’encontre d’un seul débiteur.
En pareille situation, la solidarité a lieu de droit entre
les personnes pour lesquelles la créance ou la dette
serait commerciale.
On ne peut pas cependant opposer aux autres cette
même solidarité que si elle est expressément stipulée
dans l’acte ou si elle résulte de la loi, ou encore quand
elle est la conséquence nécessaire de la nature de
l’affaire.
29- Traitez le régime de solidarité en cas d’acte
mixte ?

Section 3 :
La prescription

Le dualisme dans le régime de prescription résulte


des articles 371 à 392 du code des obligations et des
contrats, et de l’article 5 du code de commerce.
Le principe de prescription est le même pour les
obligations civiles et commerciales ; il en est de même
aussi pour le régime des droits créés par la
prescription, des cas de son inopposabilité, de rupture
et de son interruption.
Le régime diffère cependant au niveau du délai.
A ce propos, l’article 387 du code des obligations et
des contrats dispose que : «Toutes les actions
naissant d’une obligation sont prescrites par quinze
ans, sauf les exceptions ci-après et celles qui sont
déterminées par la loi dans les cas particuliers ».
A l’opposé, l’article 5 du code de commerce dispose :
«  Les obligations nées, à l’occasion de leur
commerce, entre commerçants et non commerçants,
se prescrivent par cinq ans sauf disposition spéciales
contraire ».
Ainsi, le régime composite des actes mixtes est-il
nécessairement dualiste.
L’article 5 précité se trouvant en opposition avec les
textes du code des obligations et des contrats qui
prescrivent des délais de prescription plus long pour
les obligations civiles des non-commerçants.
Il ne faut pas penser que l’article 5 du code de
commerce soumet les actes mixtes à une règle
unitaire en matière de prescription lorsqu’il dit que « …
entre commerçants, ou entre commerçants et non
commerçants,… » car il ajoute in fine : «  sauf
dispositions spéciales contraires ».
Or les textes de droit civil relatifs au délai de
prescription sont autant de dispositions spéciales
contraires qui peuvent être invoquées en faveur des
non-commerçants dans les actes mixtes.
Ce qu’il faut plutôt comprendre de la rédaction de
l’article 5 précité c’est qu’il écarte la possibilité pour le
commerçant d’éviter la prescription quinquennale dans
l’acte mixte alors que le non-commerçant en bénéficie.
Ce dernier peut opposer au commerçant la
prescription de cinq ans si les textes civils ne lui
donnent pas le droit aux délais plus courts de un an et
de deux ans prévus par les articles 388 et 389
précités ; par contre, le commerçant ne peut lui
opposer que le délai de quinze ans en application de
l’article 387 précité.
30- Traitez du régime de prescription pour les actes
mixtes ?
Section 4 :
La compétence judiciaire

En application de l’article 5 du dahir du 8 janvier 1997


portant création des tribunaux de commerce, les juges
siégeant au tribunal de commerce ont compétence
exclusive pour connaître des affaires commerciales.
Le dahir précité n’accorde pas de choix aux
justiciables pour intenter leur action devant un autre
tribunal. Toutefois, quand il s’agit d’un acte mixte, il est
difficile de refuser ce choix à la partie pour qui l’acte
est civil.
Le droit d’option de la partie civile peut être établi par
l’interprétation a contrario de l’alinéa 3 de l’article 5
précité qui prévoit la possibilité pour le commerçant
d’insérer une clause dans le contrat pour s’arroger le
droit d’ester en cas de besoin devant la juridiction
commerciale.
Cette précision donnée par la loi révèle nettement que
le commerçant peut être amené devant une autre
juridiction que le tribunal de commerce. Or cela ne
peut pratiquement avoir lieu qu’à l’occasion d’un acte
mixte.
On doit observer qu’en application de l’alinéa 1er de
l’article 5 du dahir précité, la partie pour qui l’acte mixte
est civil n’a pas besoin d’une clause similaire pour
exercer son droit d’ester devant le tribunal de
commerce tant que la cause de l’action peut être
qualifiée comme un contrat commercial.
Ainsi, le régime de la compétence judiciaire se révèle
dualiste en ce sens que sauf clause contractuelle le
commerçant n’a pas le droit d’option entre la
juridiction civile et commerciale, alors que la partie
civile détient ce droit de la loi.
Tels sont les cas où le régime composite des actes
mixtes est dualiste en droit marocain. Dans les pays
étrangers, on y trouve aussi le cas de la mise en
demeure, de la clause compromissoire et du taux de
l’intérêt moratoire.
31- Traitez du régime de compétence judiciaire pour
les actes mixtes ?

Section 5 :
La mise en demeure

C’est le fait d’avertir le débiteur de la nécessité


d’exécuter son engagement, faute de quoi il serait
sujet à un procès judiciaire.
Ce sont les articles 254 a 267 du code des obligations
et des contrats qui en droit marocain fixent les règles
de la mise en demeure.
Ces articles s’appliquent sans distinction en matière
civile et commerciale, aussi est-il certain qu’en cas
d’acte mixte le régime applicable est unitaire.
Dans plusieurs systèmes étrangers par contre, la mise
en demeure est libre en matière commerciale alors
qu’en matière civile elle doit suivre des formes
particulières.
32- Traitez du régime de mise en demeure pou les
actes mixtes ?

Section 6 :
Le taux d’intérêt moratoire

C’est l’intérêt dû par le débiteur pour cause de retard


de paiement provoqué par le recours à un procès
judiciaire afin de l’obliger à exécuter ses engagements.
Il ne s’agit pas de mettre en œuvre une clause pénale,
mais c’est un intérêt que la loi impose pour compenser
le créancier victime d’un débiteur récalcitrant et de la
lenteur du service judiciaire.
Le régime de cet intérêt a été connu pour la première
fois dans notre droit avec la rénovation du service
judiciaire. Comme la prescription, il peut être rendu
légitime sur le fondement du prétexte du bon
fonctionnement de l’appareil judiciaire.
L’intérêt qu’il prescrit en faveur du créancier n’est pas
un prix de loyer de la somme d’argents due, mais il est
plutôt un dédommagement fixé par la loi pour
compenser le créancier des pertes que lui provoquerait
la lenteur du service judiciaire.
Ainsi qualifié, l’intérêt moratoire ne tombe pas sous le
coup de l’interdiction prescrite par le droit sacré et
confirmée par l’article 870 du code des obligations et
des contrats.
Le taux de cet intérêt a été fixé à six pour cent par le
dahir du 16 juin 1950 sans distinction aucune entre les
procès civils et les procès commerciaux.
A l’extérieur du pays, plusieurs législations retiennent
des taux différents en faisant généralement augmenter
celui du procès commercial par rapport au civil. 

33- Traitez du régime d’intérêt moratoire des actes


mixtes ?

Section 7 :
La clause compromissoire

C’est la clause par laquelle les parties conviennent


d’éloigner du tribunal le litige éventuel qui naîtrait dans
leur relation.
Elles s’engagent en contrepartie cependant à
soumettre leur différend à des arbitres.
Le recours aux services des arbitres peut être convenu
aussi après la naissance du litige si le contrat ne le
prévoyait pas.
Dans ce cas, la convention constitue un compromis et
non pas une clause compromissoire.
Le compromis et la clause compromissoire sont régis
par les articles 306 à 327 du code de procédure civil
qui ne font pas de distinction entre les différends civils
et commerciaux.
L’article 5 in fine du dahir du 8 janvier 1997 confirme
d’ailleurs expressément le caractère unitaire du régime
des actes mixtes à propos recours à l’arbitrage.
Notre droit est ainsi différent de certains systèmes
étrangers qui interdisent les clauses compromissoires
dans les contrats civils.

34- Traitez du régime de clause compromissoire dans


les actes mixtes ?

TITRE II :
Le commerçant

Les hommes d’affaires, les chefs d’entreprises


individuelles et les sociétés commerciales sont soumis
au même statut légal de la profession.
Il s’agit de textes épars déterminant les conditions
d’accès à la profession et d’acquisition de la qualité de
commerçant avec les obligations professionnelles.
Sous-titre I :
Catégories de commerçants

Les commerçants peuvent être répartis en trois


catégories selon qu’ils sont des chefs d’entreprises
individuelles, des hommes d’affaires ou des personnes
morales.
Chapitre I :
Le chef d’entreprise individuelle.

Le chef d’entreprise individuelle est celui qui exploite


seul son activité sans s’associer avec des tiers et en
dehors de toute structure sociale.
A l’opposé de l’homme d’affaires, le chef d’entreprise
individuelle est par ailleurs un commerçant qui exploite
son activité dans la forme d’entreprise.
L’entreprise est effectivement une forme d’exploitation
de l’activité commerciale qui nécessite la réunion et
l’agencement de trois éléments qui sont le capital, la
gestion et le travail.

35- Qu’est ce qu’un chef d’entreprise ?

Section 1 :
Les éléments d’entreprise
L’organisation d’entreprise nécessite la réunion et
l’agencement de trois éléments qui sont le capital, le
travail, et la gestion.
Ces trois éléments doivent être composés de façon à
fonctionner ensemble dans un même but. Celui-ci
étant la production de biens ou la prestation de service
pour occuper une part sur le marché à la recherche de
bénéfices.
En tant qu’élément d’entreprise, le travail englobe tout
effort humain manuel ou intellectuel contribuant à la
production et rétribué indépendamment des résultats
de l’exploitation.
Par cette caractéristique l’élément travail se distingue
de la gestion qui est rétribuée par les résultats
d’exploitation.
La gestion proprement dite est l’action menée par le
propriétaire d’entreprise pour faire fonctionner celle-ci,
assurer sa continuité et sa croissance, et la redresser
en cas de besoin.
Quand les résultats sont bénéficiaires, il gagne tous
les bénéfices après déduction des impôts et des frais
d’exploitation ; mais en cas de déficit, son effort se
trouve perdu à l’inverse des travailleurs qui ont
toujours droit à leurs salaires.
Quant au capital qui est le troisième élément de
l’entreprise, il inclut l’argent frais utilisé pour
l’exploitation, le mobilier d’équipement, et les
installations immobilières.

36- Qu’est ce qu’une entreprise ?

Section 2 :
Commercialité de l’entreprise.
La commercialité de l’entreprise ne dépend pas que de
son but, elle est également liée à sa taille.
En raison de ses éléments, l’entreprise ne peut pas
avoir un but désintéressé ; la réunion et l’agencement
du capital avec le travail et la gestion se font toujours
dans un but lucratif.
Il n’empêche que l’entreprise peut ne pas avoir la taille
d’activité commerciale ; c’est le cas de la micro-
entreprise.
Le dahir du 28 juin 1963, toujours en vigueur, définit la
micro entreprise à l’occasion de la définition du métier
traditionnel.
L’article 2 de ce dahir dit en définissant l’artisan qu’il
est : « le travailleur manuel, professionnellement
qualifié, soit par un apprentissage préalable, soit par
un exercice prolongé du métier. L’artisan exerce son
activité pour son compte, seul ou avec le concours des
membres de sa famille, d’associés, d’apprentis ou
d’ouvriers dont le nombre ne dépasse pas dix. La force
motrice éventuellement employée pour ses
fabrications ne peut pas être supérieure à dix chevaux.
Il assure personnellement la production et la
commercialisation des produits qu’il confectionne, et
exerce sa profession soit dans un local d’entreprise,
soit à son domicile ».
Suivant cet article, lorsque le nombre des salariés
dépasse la dizaine, il n’est plus permis de dire que le
local et le matériel sont pour le travailleur manuel qui
en est propriétaire un simple outil de travail. Car à
partir de onze salariés, l’intéressé n’est plus un
travailleur au regard de la loi; il devient commerçant(1).
En tout état de cause, on doit admettre que si la
qualité d’utilisateur de l’outil change par suite au
changement de la composition de cet outil, c’est que
celui-ci change aussi de nature. Après avoir été un
outil de travail, il devient outil de commerce.
Il en est nécessairement ainsi pour ce dernier, car c’est
de lui que l’utilisateur obtient la qualité de commerçant.
Rappelons que l’outil de travail utilisé par l’artisan
réunit suffisamment d’éléments pour être une
entreprise, pourtant, il ne confère pas à l’activité
exercée ni à son auteur la qualité commerciale. Cela
nous permet de dire qu’en dehors de l’artisanat aussi,
l’utilisation des mêmes éléments ne suffit pas toute
seule pour créer la nature commerciale de l’activité
exercée. Pour ce faire, il faudrait plutôt utiliser l’outil de
commerce tel qu’il a été implicitement distingué de
l’outil de travail par l’article 2 du dahir de 1963 précité.
En considération de la définition légale de la micro
entreprise, on peut dire que les personnes nommées,
jadis, petits commerçants, doivent être nommés,
désormais, journaliers du commerce, et doivent être
rapprochés des artisans plutôt que des commerçants.
Faute d’avoir l’outil de commerce qui est l’entreprise
commerciale, et faute d’être hommes d’affaires, les
journaliers du commerce ne peuvent pas avoir la
qualité de commerçant au regard de la loi.
Nos magistrats sont d’ailleurs appelés à se prononcer
sur le critère de commercialité des actes; s’ils
admettent que celui-ci est l’activité, ils doivent définir
celle-ci. Pour cela, ils devront éviter de confondre
l’entreprise commerciale avec la micro-entreprise qui
est l’outil de travail de l’artisan tel qu’il a été défini par
l’article 2 du dahir du 28 juin 1963.
A partir de cette distinction, les magistrats pourront
aussi définir au moyen de l’analogie, la catégorie des
hommes d’affaires.
37- Qu’est ce qu’une micro entreprise ?

Chapitre II :
l’homme d’affaires.

A la différence du chef d’entreprise, l’homme d’affaire


est un commerçant qui n’a pas en même temps la
qualité de patron. Il ne doit pas s’agir en principe d’un
journalier du commerce.
A l’instar de l’entreprise, la taille des affaires doit être
aussi commerciale.
Section 1 :
Activité de l’homme d’affaires
L’activité commerciale exploitée sans l’élément de
travail est par définition celle d’un homme d’affaires.
Les hommes d’affaires peuvent se passer des salariés
pour gagner leur vie en gérants eux mêmes leurs
investissements.
C’est le cas par exemple des négociants, des
courtiers, des agents d’affaires, des commissionnaires,
etc.
Un marchand de blé, de tissu ou de fournitures
scolaires par exemple peut exploiter son activité en se
contentant de conclure les contrats d’achat, de vente,
de transport, de dépôt en magasin généraux,
d’entreprise, de fourniture, et de tous autres contrats
commerciaux sauf ceux de travail.
Il peut même se passer de secrétaire et de chauffeur
en conduisant lui-même sa voiture, et en organisant
lui-même ses emplois du temps, ses rencontres, et ses
contacts.
Comme tout autre commerçant, l’homme d’affaires
utilise nécessairement les instruments de la profession
qui sont les effets de commerce et le fonds de
commerce.
En tant qu’activité commerciale, les affaires ainsi
définies doivent toutefois avoir la taille de commerce ;
il ne doit pas s’agir d’un simple travail.

38- Qu’est ce qu’un homme d’affaires ?

Section 2 :
Commercialité des affaires
Les affaires ne sont certainement pas toutes
commerciales au regard de la loi, dans la mesure où
celle-ci applique la condition de la taille pour distinguer
le commerce du travail.
De la même façon que la loi distingue expressément
entre le chef d’entreprise et le travailleur utilisant une
micro-entreprise, les tribunaux doivent distinguer les
hommes d’affaires des travailleurs journaliers du
commerce.
L’esprit de la loi n’est certainement pas de traiter sur
pied d’égalité un marchand de fournitures scolaires en
gros et un marchand de bonbons devant une école.
Les deux font certainement des affaires, mais le
premier le fait en qualité d’homme d’affaires alors que
le second le fait en tant que journalier du commerce.
La situation pour cet exemple de marchand de
bonbons est identique à celle des marchand
ambulants, des épiciers, des taxieurs, des
camionneurs, des télé-boutiquiers, et somme toutes
tous ceux qu’on appelle petits commerçants.
Certes que la loi ne distingue pas expressément entre
petits et grands commerçants, mais elle le fait pour le
commerçant et le travailleur.
De la même façon que les chefs de micro-entreprises,
en tant que travailleurs journaliers du commerce, les
petits commerçants doivent être exclus de la catégorie
de commerçant.
Il n’est pas effectivement pas logique que la loi exclu le
chef de la micro-entreprise de la catégorie de
commerçants sous prétexte qu’il est travailleur sans
faire de même pour les journaliers du commerce.
Même si la loi ne le dit pas, la distinction entre le
journalier du commerce et l’homme d’affaires doit avoir
lieu au moyen du chiffre d’affaires.
Afin de faire justice aux journaliers du commerce, le
pouvoir exécutif doit procéder à des études statistiques
pour connaître la moyenne du chiffre d’affaires
minimum des entreprises commerciales afin de
l’appliquer aux hommes d’affaires.
Ce chiffre minimum doit être égal à la moyenne du
chiffre d’affaires réalisé par les entreprises qui
emploient onze salariés et une force motrice de onze
chevaux.
39- Traitez de la commercialité des affaires ?
Chapitre III :
La personne morale

En tant que personnes morales, les sociétés


commerciales sont une catégorie de commerçants à
part.
Pour mieux les connaitre, il convient d’exposer la
théorie de personnalité morale et de passer en revu
les formes de sociétés commerciales.

Section 1 :
Personnalité morale
A l’inverse de la personne physique, la personne dite
morale n’existe qu’intellectuellement. C’est le
groupement de personne qui se détache juridiquement
des membres le composant lorsque ledit groupement
dispose d’un moyen commun pour exprimer sa volonté
collective.
A ce propos, les auteurs font souvent l’opposition entre
deux théories l’une de la réalité et l’autre dite de la
fiction.

40- Qu’est ce qu’une personne morale ?

Sous-section 1 :
Théorie de la réalité.
Les auteurs allemands ont été les premiers à soutenir
que les personnes morales ne sont pas simple fiction,
mais réalité existante. Ils ont établi qu’à partir du
moment où l’on se trouve en présence d’un organisme
possédant des droits, tenu à des obligations, et
capable de les exercer et les exécuter même si c’est
par l’intermédiaire d’organes artificiels, le doute n’est
plus permis sur sa réalité.
L’application de cette théorie a été faite pour la
première fois en droit public à partir de l’idée de nation
et s’est étendue au droit privé avec l’idée d’institution.
Les spécialistes du droit public allemands ont constaté
que l’Allemagne devait être considérée comme une
seule entité possédant la personnalité juridique au
regard du droit international même si elle se divisait en
plusieurs Etats et minorités éparpillées au delà des
frontières internationales avec la France, l’Autriche et
la Pologne.
Ils ont observé que l’Allemagne est une seule race qui
a toujours agi comme un seul homme. Elle combattit
les romains, embrassa le christianisme, se convertit
par la suite au protestantisme et fit la révolution
industrielle et le modernisme. L’Allemagne a toujours
possédé la même langue et une volonté collective. Elle
a toujours disposé de moyens d’expression collectifs
pour défendre les intérêts communs des allemands.
Pour cela, elle est une personne de droit public
international. C’est en son nom que Bismarck et après
lui Hitler d’ailleurs agirent sur la scène internationale.
Au niveau du droit privé, les auteurs allemands ont
utilisé l’idée d’institution pour élaborer leurs arguments
sur la réalité de la personne morale. Constatant que
l’institution dans le cas des entreprises individuelles
constitue une universalité juridique, et qu’elle forme
comme telle un patrimoine autonome et indépendant
pour une seule personne physique ; les auteurs
allemands ont soutenu que pour un groupement de
personnes physiques, l’institution doit dépasser le
stade de patrimoine autonome et accéder au statut de
personne indépendante.
Avec le groupement de personnes physiques,
l’institution acquiert une volonté indépendante de celle
des individus composant le groupement; c’est la
volonté collective qui s’exprime par la voix commune
du groupement.
41- Traitez de la théorie de réalité de la personne
morale ?
Sous-section 2 :
Théorie de la fiction.

N’étant pas une seule race avec une seule langue, les
auteurs français de droit public n’ont pas pu voir en
leur nation une personne réelle. Ils ont été obligés au
dix-huitième siècle de confondre la nation avec l’Etat.
Les philosophes et auteurs français de droit public ne
pouvaient pas faire autrement car la France n’a jamais
été une même race avec une seule langue. Ce fut
plutôt le même pays d’au moins une dizaine de
peuples unifiés par l’Etat du Roi français. Pour cela
ont-ils dit que la nation n’existe pas en dehors de
l’Etat, définissant celui-ci non pas comme une
personne morale mais comme le pouvoir de la nation.
Lorsque le législateur laïc appliqua le régime des
organismes publics et des sociétés commerciales, en
les traitant comme des personnes de droit, les auteurs
français n’y ont vu qu’un expédient. Ils ont soutenu que
la personnalité juridique est attribuée dans ces cas à
des êtres fictifs et non pas réels. Il n’empêche que la
cour de cassation française dut reconnaître que la
personne morale existe là où existe un groupement
doté d’une volonté collective et disposant de moyen
commun pour exprimer cette volonté afin de défendre
ses intérêts. Il en résulte une unanimité laïco-
protestante pour définir la personne morale.
Les savants juristes laïcs et protestants en sont venus
ainsi à dire que c’est un groupement doté de volonté
exprimée par une voix commune. Par l’expression de
sa volonté, le groupement exprime en même temps
son intelligence et acquiert ainsi la capacité d’exercer
les droits qui lui sont reconnus. Il réunit autrement dit
les conditions nécessaires à l’existence de la
personnalité juridique qui sont le patrimoine et la
capacité juridique. Il peut jouir en conséquence des
autres attributs, qui sont le nom et le domicile.
42- Traitez de la théorie de fiction de la personne
morale ?

Section 2 :
Formes des sociétés commerciales

D’après les textes légaux, sont commerciales : les


personnes morales qui revêtent la forme de société en
nom collectif, à responsabilité limitée, en commandite
simple ou par actions, ou de société anonyme(1).

Sous-section 1 :
La forme de société en nom collectif

La société en nom collectif est commerciale par la


forme. Elle est conclue, sans condition légale de
capital minimum, par des associés qui se trouvent à
partir de la signature des statuts solidairement et
indéfiniment responsables du passif social à l’égard
des tiers.
Entre eux, ils ne sont tenus chacun que
proportionnellement à la part d’intérêt qui lui revient
dans la société.
Ces sociétés sont conclues intuitu personae, d’où la
nécessité de leur dissolution en cas de départ d’un
associé pour quelque cause que ce soit.
Les droits des associés sont dits parts d’intérêts. Ils ne
sont jamais représentés par des titres négociables.
Leur cession nécessite l’accord de tous les associés
ce qui donne nécessairement lieu à la conclusion d’un
nouveau contrat de société avec le cessionnaire.
Ce qui caractérise cependant le plus ce genre de
société, c’est son effet sur la qualité professionnelle
des associés; ils deviennent tous commerçants du seul
fait de l’entrée dans la société bien même que l’objet
de celle-ci n’est pas commercial(1).
43- Qu’est ce qu’une société en nom collectif ?

Sous-section 2 :
La forme de société en commandite

C’est la société conclue par des personnes qui


habilitent d’autres cocontractants à exercer tous les
pouvoirs d’associés et d’en assumer toutes
responsabilités, et qui en même temps s’engagent à
ne pas s’immiscer dans la gestion de la société.
Ainsi, les personnes habilitées par les autres sont dans
la même situation que celle des associés en nom
collectif. Ils sont déclarés commerçants du seul fait de
la signature des statuts de la société, et sont
solidairement et indéfiniment responsables du passif
social. La loi les nomme associés commandités (art .
20 du dahir du 13 février 1997).
Le reste des associés sont nommés commanditaires;
ils ne deviennent pas commerçants par l’effet de
l’appartenance à la commandite, et ne sont par ailleurs
responsables du passif social que dans la limite de
l’apport qu’ils ont fait à la société.
Lorsque leurs droits dans la société sont représentés
par des actions, on dit que la société est une
commandite par actions. Faute de cela, la commandite
est dite simple(2).
44- Qu’est ce qu’une société en commandite simple ?
45- Qu’est ce qu’une société en commandite par
actions ?

Section 3 :
La forme de société à responsabilité limitée

C’est la société qui peut être conclue entre cinquante


personnes au plus avec un capital minimum de cent
milles dirhams.
Les associés reçoivent en contrepartie de l’apport des
parts sociales qui ne peuvent pas être représentées
par des titres négociables.
Elles ne peuvent être cédées à des tiers qu’avec le
consentement de la majorité des associés
représentant au moins les trois quarts des parts
sociales.
Par ces conditions, la S.A.R.L ne peut être
pratiquement conclue qu’entre personnes qui se
connaissent et qui se font mutuellement confiance.
Pourtant, les associés ne sont responsables dans
cette société que dans la limite de l’apport qu’ils lui
font. En plus, la société ne les couvre point de la
qualité de commerçants.

46- Qu’est ce qu’une SARL ?

Section 4 :
La forme de société anonyme

C’est une société commerciale par la forme qui doit


être conclue par cinq associés au moins, sans limite
du nombre maximum, mais avec un capital d’au moins
trois cent milles dirhams, et si la société fait
publiquement appel à l’épargne ce chiffre est relevé à
trois millions de dirhams(2).
La S.A peut être conclue entre personnes qui ne se
connaissent pas; les droits des associés étant
représentés par des titres négociables dits actions.
Les actionnaires peuvent en principe céder librement
leurs titres aux tiers sans besoin d’obtenir l’accord
d’autres actionnaires. Chacun d’eux n’étant en effet
responsable que dans la limite de l’apport représenté
par l’action qu’il détient.
Enfin, comme dans la S.A.R.L, les actionnaires ne sont
pas commerçants du seul fait de la détention
d’actions(3).

47- Qu’est ce qu’une SA ?

Sous-titre II :
Les voies d’accès à la profession commerciale

L’accès à la profession de commerçant passe par les


conditions exigées aux articles 6, 7 et 11 du code de
commerce pour les personnes physiques.
Le dahir du 13 février 1997 relatif aux sociétés
commerciales fixe des conditions différentes pour les
personnes morales.

Chapitre I :
L’exercice professionnel

A la différence des personnes morales, les personnes


physiques n’acquièrent la qualité de commerçant que
par l’exercice effectif des activités commerciales.
L’article 6 du code de commerce précise qu’elles
doivent le faire à titre habituel ou professionnel(4).

Section 1 : Notion d’exercice professionnel 

C’est un procédé d’acquisition de la qualité de


commerçant rendu possible par l’organisation publique
et parapublique de la profession commerciale.
Dans le cadre de cette organisation, la régularisation
administrative de la situation du commerçant est un
moyen suffisant pour le couvrir de la qualité de
commerçant.
En effet, l’exerce de toute activité commerciale
nécessite l’accomplissement d’un minimum de
formalités administratives en vue de régulariser la
situation du commerçant.
Or, ces formalités suffisent à elle seules pour avoir la
qualité de commerçant. Celle-ci découle en
l’occurrence de ce que l’article 6 du code de
commerce appelle l’exercice professionnel.
L’esprit de cet article invoque nettement le cas de
premier établissement du commerçant par la reprise
d’une entreprise préexistante. En parlant de l’exercice
professionnel, il vise clairement le cas de la personne
qui sans avoir été commerçant auparavant, décide de
faire profession de ce métier en achetant une
entreprise.
Par cet achat l’intéressé devient instantanément chef
d’entreprise, et se retrouve sans doute dans la
profession. Il est censé exercer l’activité commerciale
professionnellement à partir de la première heure où il
a acquis l’entreprise.
Certes qu’il faudra attendre longtemps pour pouvoir
certifier qu’il exerce habituellement l’activité
considérée, mais cela n’empêche pas qu’il est, au
regard de la loi, professionnel du commerce depuis le
début.
Il en est ainsi car le repreneur aura certainement
accompli des formalités relatives à l’exercice de la
profession au moment de l’achat de l’entreprise.
Il est effectivement des formalités officielles que nul
commerçant ne peut éviter sauf quand il est dans une
situation irrégulière.
Parmi ces formalités on peut citer l’inscription au
registre du commerce, la déclaration fiscale, l’obtention
de l’autorisation administrative d’ouverture de
l’entreprise, etc.
D’ailleurs, la lecture attentive de l’article 11 du code de
commerce confirme cela. Cet article
dispose que : « toute personne qui, en dépit d’une
interdiction, d’une déchéance ou d’une incompatibilité,
exerce habituellement une activité commerciale, est
réputée commerçant ».
Il faut remarquer que ces dispositions ne parlent que
de l’exercice habituel ; elles n’évoquent pas le cas de
la personne qui malgré l’interdiction, la déchéance ou
l’incompatibilité exercerait professionnellement une
activité commerciale.
En vérité, l’article 11 précité ne peut pas envisager le
cas de l’exercice professionnel car il est impossible en
l’occurrence. On ne peut pas imaginer l’administration
publique satisfaire aux demandes d’immatriculation et
d’autorisation de l’activité commerciale d’une personne
interdite, déchue, ou en état d’incompatibilité avec la
profession commerciale.
Par l’interprétation a contrario de l’article 11 précité on
peut affirmer que l’exercice professionnel de l’activité
commerciale tel qu’il est impossible pour les
personnes interdite, déchues ou incompatibles, est un
état qui résulte de l’accomplissement des formalités de
régularisation administrative de la profession.
48- Traitez des conséquences de la régularisation
administrative d’activité commerciale ?
Section 2 :
L’exercice professionnel effectif

L’inscription au registre de commerce en qualité de


propriétaire de l’entreprise, la déclaration fiscale et
administrative n’ont pas pour conséquence
automatique l’octroi de la qualité de commerçant.
En principe la qualité de commerçant s’acquiert par
l’accomplissement volontaire des formalités de
régularisation avec l’intention de l’exercice
professionnel.
Lorsque cette intention fait défaut, les formalités de
régularisation ne donnent pas lieu à l’exercice
professionnel.
C’est le cas par exemple de la personne qui se trouve
subitement propriétaire d’une affaire commerciale et
refuse de la conserver, ou ne peut le faire.
Certainement que le seul moyen pour cette personne
pour ne pas devenir chef d’entreprise est de concéder
son affaire en location-gérance, ou de la vendre.
Il ne fait pas de doute dans ce cas que dans la période
séparant la date d’acquisition de l’entreprise et la date
de sa cession ou sa mise en location, le propriétaire
n’a pas exercé habituellement le commerce et n’a pas
eu non plus l’intention de le faire professionnellement.
Cela ne le libère pas pour autant de la nécessite de
régulariser sa situation en tant qu’auteur d’une activité
commerciale.
Il serait trop injuste cependant de le qualifier
commerçant à cause de cette régularisation qui n’a été
rendue nécessaire que par le besoin de cessation de
l’activité.
Par ailleurs, la situation du repreneur ne doit pas être
comparée avec celle de la personne qui choisit la voie
de la création d’entreprise nouvelle. Cette création
nécessite généralement une période de premier
établissement qui peut aller jusqu’à deux ans.
Pendant cette période, le créateur de l’entreprise n’est
pas un véritable professionnel du commerce, même s’il
a déclaré son intention de le devenir.
En effet, il est occupé par le démarrage de son activité
plutôt que par l’exercice proprement dit de celle-ci.
Sachant que la plupart des projets d’entreprises ne
dépassent jamais cette phase, et ne démarrent donc
jamais, la question doit être posée de savoir si les
créateurs malchanceux d’entreprises nouvelles, sont
des commerçants.
Par équité, on doit répondre à la négative, car celui qui
échoue dans son projet de créer une entreprise
nouvelle n’a fait que tenter d’exercer le commerce à
titre professionnel.
Il reste cependant à savoir si l’on ne dira pas que par
cette tentative, la personne intéressée a eu l’occasion
d’exercer le commerce à titre habituel.
49- Que signifie l’exercice professionnel effectif de
l’activité commerciale ?
Chapitre II :
L’exercice habituel

C’est le second procédé d’acquisition de la qualité de


commerçant qui implique un exercice effectif de
l’activité commerciale.

Section 1 :
Conditions d’exercice effectif du commerce

Trois conditions doivent se réunir pour qu’il y ait


exercice effectif du commerce.
Il doit y avoir une activité commerciale, l’autonomie de
cette activité, et l’indépendance de son exploitation par
le commerçant(5).
L’exercice effectif du commerce est un état de fait qui
peut être établi par tout moyen de preuve possible.
De prime abord, l’intéressé doit apporter la preuve qu’il
s’agit d’une activité de commerce. L’accomplissement
des actes en dehors de la forme d’activité comme c’est
le cas des effets de commerce par exemple, ne
confère jamais à son auteur la qualité de commerçant.
Par ailleurs, l’activité considérée doit être autonome. Il
doit s’agir d’une affaire organisée à part; avec sa
propre comptabilité et son capital que lui affecte le
propriétaire.
L’autonomie de l’activité fait défaut lorsqu’elle est
l’accessoire d’une autre activité non commerciale.
C’est le cas par exemple de l’Etat et des collectivités
locales qui exercent des activités commerciales
accessoirement à leur activité principale qui est le
service public.
L’exercice du commerce n’a pas lieu non plus dans
l’exemple des gens de professions libérales, des
agriculteurs, et des gens de métiers traditionnels qui,
pour le besoin ou à l’occasion de leurs activités,
s’adonnent à des opérations de commerce.
Enfin, il doit s’agir bel et bien du commerce de la
personne qui se veut commerçant. Pour que cela soit,
l’auteur de l’activité doit l’exercer avec indépendance.
Il doit autrement dit apporter la preuve qu’il accomplit
les actes de son activité pour son propre compte, à
ses risques et périls. S’il ne le fait qu’au titre de salarié
ou mandataire, il ne peut pas être commerçant(1).
50- Que signifie l’exercice effectif du commerce ?

Section 2 :
Notion d’exercice habituel

Il s’agit d’une notion déjà connu sous l’empire du


l’ancien code de commerce qui dans son article 1er
définissait le commerçant en disant que c’est la
personne « qui exerce les actes de commerce et en
fait sa profession habituelle ».
Les commentateurs de cet article ont expliqué qu’en
tant qu’occupation de la personne, la profession
commerciale résultait de la répétition des actes de
commerce même en dehors de toute organisation.
D’aucuns ont même appliqué dans ce domaine une
analogie avec la notion de crime d’habitude en disant
qu’il suffit de répéter trois fois le même acte de
commerce pour qu’il y ait profession habituelle.
Désormais, ces explications sont inadmissibles sous
l’empire du nouveau code de commerce. La définition
légale de la profession commerciale n’est plus la
même. Il ne suffit plus d’exercer des actes de
commerce à titre d’occupation habituelle ; il faut plutôt
exercer une activité à titre habituel.
Dès lors, ce qui doit compter en premier lieu n’est plus
le nombre de fois de répétition des actes de
commerce, mais l’organisation dans le cadre de
laquelle la répétition des actes est envisagée.
En principe, cela suppose l’exploitation de l’activité
pendant un temps qui suffit au regard de la loi pour
créer l’habitude.
On passe ainsi du critère numérique qui s’appliquait au
nombre de fois de répétition de l’acte de commerce, à
celui du temps pendant lequel l’habitude d’exercer
l’activité se crée.
Faute de détermination légale de ce temps, on doit
admettre que les juges de fond détiennent un pouvoir
d’appréciation souverain au cas par cas pour décider
s’il y a ou non un exercice habituel de l’activité
commerciale.
Ceci devrait en principe résoudre le problème des cas
d’échec de projets de création d’activités nouvelles.
Les juges peuvent décider que l’exercice de l’activité
pendant la phase constitutive d’un projet qui échoue
ne suffit pas pour l’acquisition de la qualité de
commerçant, car il n’aura pas été fait pendant le temps
suffisant pour en créer l’habitude.
Cela permettra aux malchanceux d’échapper à la
procédure de liquidation de biens, car l’échec de leurs
projets se traduit souvent par leur faillite. En échappant
à cette procédure, ils conservent la chance de
recommencer leur tentative avec beaucoup plus
d’expérience et de prudence, ce qui est en soit une
garantie pour le progrès de la nation.
51- Que signifie l’exercice habituel d’activité
commerciale ?

Sous-titre III :
Les empêchements de la profession commerciale

L’accès à la profession commerciale est légalement


impossible pour certaines personnes qui pourtant en
auraient l’aptitude morale et matérielle.
Il en est ainsi pour cause d’âge, de statut professionnel
et de nationalité étrangère qui sont des empêchements
légaux et constituent comme tels des cas
d’interdiction.
Les fonctions religieuse et politique sont aussi des
empêchements moraux ; ils constituent des cas
d’incompatibilité.
Chapitre I :
L’interdiction pour cause d’âge

L’interdiction de la profession commerciale aux


personnes pour cause d’âge est envisagée par le
régime d’incapacité.
Section 1 :
Le régime d’incapacité

Avant de passer l’âge de dix huit ans, les Marocaines


et marocains sont frappés de minorité légale. La loi ne
leur reconnaît pas la pleine capacité juridique. Celle-ci
étant l’aptitude de recevoir les droits et de les exercer.
(2)
L’aptitude de recevoir les droits est dite capacité de
jouissance. Elle est reconnue à toute personne
juridique même en gestation, et même pour les
personnes morales. Elle demeure acquise jusqu’au
décès pour les premières et la dissolution pour les
secondes.
L’aptitude d’exercer les droits est dite capacité
d’exercice. Cette capacité est acquise pour les
personnes morales à partir de leur formation.
La capacité d’exercice des personnes physiques
passe cependant par plusieurs phases avant de
devenir parfaite.
Dans un premier temps, elle fait totalement défaut;
c’est la phase du non discernement ou de l’enfance qui
s’étend entre la naissance et l’âge de douze ans.
A partir de douze ans, les personnes atteignent l’âge
de discernement qui en deçà de l’âge de quinze ans
ne confère que la capacité d’exercice des actes de
conservation.
Dès l’âge de quinze ans le mineur peut exercer des
actes d’administration et des actes de disposition mais
avec l’autorisation du représentant légal, et
l’autorisation du tribunal dans certains cas.
L’autorisation du représentant légal ou du tribunal
demeure exigée sans distinction entre les actes civils
et les actes de commerce jusqu’à l’âge de majorité
légale.
Toutefois, le mineur peut être libéré de cette
autorisation avant la majorité s’il est émancipé.
L’émancipation peut avoir lieu par une décision du
tribunal homologuant la décision d’émancipation
rendue par le conseil de famille, par le représentant
légal ou par le tuteur(1).
Le dépassement de l’âge de dix huit ans, pas plus que
l’émancipation ne sont pas de nature à rendre la
personne pleinement capable de conclure des actes
juridique quand elle souffre de tares mentales.
Les personnes sans raison de même que les retardés
demeurent incapables tant qu’elles ne guérissent pas.
Toutefois, ceux et celles qui seraient déclarés fous,
sont soumis au régime de tutelle. La totalité de leurs
actes doivent être accomplis par leurs tuteurs.
Par contre, les retardés sont déclarés prodigue ce qui
les soumet au régime de curatelle.
Dans ce dernier, le ou la prodigue ont le pouvoir de
conclure tout contrat, sauf qu’ils doivent le faire avec
l’accord du curateur.
Exception faite des actes de la vie courante, comme
l’achat de légumes au marché, des commissions dans
une épicerie et le journal au kiosk, les actes du
prodigue ne sont valables que par l’entérinement du
curateur.

52- Traitez du régime d’incapacité juridique au regard


du droit commercial ?

Section 2 :
L’aptitude à la profession

En matière de capacité de jouissance et d’exercice on


peut dire que le régime est le même pour les actes
commerciaux et civils. Les actes accomplis pendant la
phase de non discernement n’ont pas d’existence
juridique, ils sont dit-on absolument nuls.
Pendant la phase de discernement, les actes
d’administration et de disposition en particulier ont une
existence juridique incertaine pourrait-on dire, car s’ils
ne sont pas absolument nuls. Ils ne sont pas
absolument valide non plus.
Le représentant légal ou le tuteur peuvent les annuler
à tous moment, et le mineur lui-même peut en
demander annulation en justice après sa majorité.
Ils sont dit-on frappés d’une nullité relative.
Avec l’émancipation qui logiquement peut être obtenu
par le mineur à partir de l’âge de quinze ans, l’accès à
la profession commercial lui est ouvert.
Le mineur émancipé est effectivement apte à devenir
commerçant, s’il exerce une activité commerciale à
titre habituel ou professionnel. Il se trouve alors tenu
aux obligations professionnelles des commerçants et
encours comme la procédure du paiement collectif des
créanciers en cas de cessation des paiements.
A l’inverse de l’émancipé, le prodigue n’est pas apte à
acquérir la qualité de commerçant même si la loi ne le
dit pas.

53- Traitez de la condition d’aptitude juridique à


l’exercice de la profession commerciale ?
Chapitre II : La fonction publique

En tant qu’empêchement de la profession


commerciale, la fonction publique pose le problème de
l’étendue de cet empêchement.

Section 1 : Position du problème

Certainement que l’interdiction du commerce aux


fonctionnaires publics civils et militaires préserve la
discipline au sein de l’appareil public. Elle protège
cependant le plus la liberté de concurrence sur le
marché.
Que ce soit dans un model d’économie libérale,
socialiste ou rachidienne, toute liberté donnée aux
fonctionnaires publics de commercer à titre d’hommes
d’affaires ou de chefs d’entreprises aggrave l’injustice.
Leurs pouvoirs et autorités avec les contacts qu’ils ont
dans les différentes administrations leur donnent
l’avantage par rapports aux autres commerçants non
fonctionnaires, qui pourtant pourraient être plus
efficace qu’eux.
La gravité du problème s’accentue au fur et à mesure
que le rang du fonctionnaire s’élève dans la hiérarchie,
et devient extrême pour le cas du chef d’Etat.
Les écoles de droit sont en profonde discorde sur la
nature de la fonction du chef d’Etat.
Les modernistes avec les frangistes soutiennent qu’il
s’agit d’une fonction politique de magistrature suprême
de même nature dans les Républiques et les
monarchies.
A la différence, toutefois, des frangistes qui ne voient
pas de mal à ce que le Roi et le Président comme le
premier ministre, les ministres et les parlementaires
exercent le commerce à titre habituel si ce n’est
professionnel, les modernistes y voient un cas
d’incompatibilité.
Les responsables politiques au plus haut niveau de la
nation auraient selon eux, le devoir moral de ne pas
être commerçants de droit ou de fait.
En opposition avec les uns et les autres, les rachidiens
soutiennent que la loi sacrée fait de la fonction
publique de Président et de Roi un empêchement de la
profession commerciale.

54- Traitez du problème posé par la fonction publique


en matière de commerce ?

Section 2 :
Nature de la fonction publique en droit marocain

La fonction publique résulte de l’engagement (tajnid)


civil ou militaire au service de l’Ouma sous l’ordre du
Makhzen.
L’engagement en question a lieu, selon nos rachidiens,
par l’intronisation du Roi en tant qu’agent principal du
Makhzen.
Le reste des fonctionnaires civils et militaires le sont
par la décision de nomination prise par le Roi ou par
ses subordonnés dans la limite de leurs compétences.
Nos modernistes ensemble avec nos frangistes, ne
sont certainement pas d’accord que le Roi soit soumis
au statut de la fonction publique.
L’acte de bayäa par lequel l’Ouma intronise le Roi
n’est pas pour eux un acte d’engagement de celui-ci
dans la fonction de chef suprême du Makhzen.
C’est plutôt un acte d’allégeance au Roi en qualité de
propriétaire de l’Etat pour les modernistes, ou en tant
que théocrate pour les frangistes.
Le Roi du Maroc se trouverait ainsi dispensé du statut
de la fonction publique. Par extension, les agents
fondés de pouvoir royal comme les princes et
princesses et les conseillers royaux entre autres, se
trouvent dispensés aussi dudit statut.
Nos rachidiens ne peuvent pas nier qu’ils refusent
d’accorder cette dispense au Roi, et aux agents fondé
de pouvoir royal.
Ils soutiennent en effet, qu’en sa qualité d’agent
suprême du Makhzen engagé par l’Ouma marocaine
pour assurer la fonction de juge principal, le Roi du
Maroc n’en demeure pas moins soumis au statut de la
fonction publique.
De la même façon que tous les fonctionnaires du
Makhzen, le Roi, les princes et princesses, les
conseillers royaux entre autres fondés de pouvoir
royal, sont selon les rachidiens, interdits d’exercer le
commerce à titre habituel ou professionnel.
Mieux encore, ils ne peuvent pas être dispensés pour
le faire, car la loi ne prévoit la dispense que par voie
d’autorisation accordée au fonctionnaire de rang
inferieur par le ministre qui le préside.
On doit observer que la loi ne détermine pas quelles
personnes sont fondées de pouvoir royal, mais
traditionnellement ce sont en plus des princes et
princesses et des conseillers royaux, les gouverneurs
et les walis.
C’est évident alors que si les tribunaux administratifs
arrivaient à faire appliquer l’interdiction du commerce
aux moins aux gouverneurs et walis et aux conseillers
royaux, cela protégerait certainement la liberté
économique des particuliers.
C’est effectivement au niveau de cette catégorie de
fonctionnaire que la confusion d’entreprises et
d’affaires privées avec la gouvernance a lieu.
En matière de gouvernance des biens publics et de
gestion des biens privés, les fondés de pouvoir royal
sont dans une situation incomparable avec celle du
Roi.
Il faut se garder, selon les rachidiens, de confondre les
activités du Roi en tant que gérant des biens dits
royaux, et les activités de sa vie privée.
La gestion par le Roi du Maroc des biens royaux, dit
aussi biens de la famille royale, s’inscrit dans le cadre
des activités de gouvernance royale du secteur public.
La gouvernance qui est l’utilisation des pouvoirs
politiques, économiques, financiers et administratifs
est censée faire partie des compétences royales dans
le cadre de sa fonction de chef suprême du Makhzen
pour les biens royaux.
Traditionnellement, les biens royaux sont une propriété
publique du Makhzen incarné par le Roi et non pas la
propriété privée de celui-ci. Ils sont confiés à la gestion
du cabinet royal qui en concède actuellement une
grande partie à l’ONA.
Les rachidiens ne cachent pas leur désire de donner
au parlement un droit de regard sur la gestion des
biens royaux par le cabinet royal afin d’assurer la
nation sur le sort de ses biens.
A la différence du Roi, les fondés de pouvoir royal
peuvent posséder en privé des entreprises et gérer
aussi affaires loin du contrôle du cabinet royal. Etant
situés au dessus de la loi à cause de la dispense
royale qu’ils font valoir, rien ne garantit qu’ils
s’abstiennent par gentillesse d’utiliser les pouvoirs
politiques, administratifs, économiques et financiers
qu’ils détiennent pour gérer leurs entreprises et affaires
privées.

55- Quelle doit être la nature de la fonction de chef


d’Etat par rapport au droit commercial ?

Section 3 :
Régime de l’interdiction
Les modernistes et les frangistes soutiennent que
l’interdiction faites aux fonctionnaires marocains civils
et militaires, d’exercer l’activité commerciale ne
concerne pas le Roi. Par voie de conséquence, les
agents fondés de pouvoir royal bénéficient aussi de
cette dispense.
N’étant pas fonctionnaires publics, ces derniers ne
sont pas sujets possibles de l’article 15 du dahir du 8
novembre 1958 relatif au statut général de la fonction
publique.
Cet article précise qu’il « est interdit à tout
fonctionnaire d’exercer à titre professionnel une
activité privée lucrative de quelque nature que ce
soit ».
D’autres textes ont prescrit ce même régime dans
certaines professions libérales notamment celles
d’avocat (art.70 du dahir du 8 novembre 1979) et de
notaire traditionnel (art. 15 du dahir du 6 mai 1982).
Ces articles interdisent l’exercice professionnel sans
parler de l’exercice habituel des activités lucratives. Il
en résulte que l’exercice habituel de quelque activité
lucrative que ce soit ne peut être interdit aux
fonctionnaires et gens des professions libérales que
par une disposition spéciale.
Ceci est par exemple le cas de l’exercice habituel des
activités agricoles.
En principe, rien n’empêche le fonctionnaire, l’avocat
ou le notaire traditionnel de gérer une exploitation
agricole dont il serait propriétaire. Il doit toutefois
s’abstenir d’exercer cette activité à titre professionnel.
Les rachidiens ajoutent à cela qu’il doit s’abstenir aussi
de l’exploiter sous la forme commerciale.
La situation est différente pour le cas de l’activité
commerciale. En plus de l’interdiction de l’exercice
professionnel par l’article 15 du dahir du 8 novembre
1958 précité, le code de commerce en interdit
l’exercice habituel ; il le fait toutefois de façon implicite.
L’interdiction de l’exercice habituel de la profession
commerciale résulte pour les fonctionnaires publics de
l’article 11 du code de commerce qui l’a rendu similaire
à l’exercice professionnel. Il le fait ainsi entrer dans le
champ d’application de l’article 15 du dahir du 24
février 1958 précité.

56- Traitez de la qualité de fonctionnaire public en


tant qu’empêchement d’accès à la profession
commerciale ?

Chapitre III :
L’extranéité

La condition des étrangers au Maroc est régit en


matière commerciale par le dahir du 15 septembre
1993 qui appliquât la démarocanisation.
Avec la mondialisation de droit du commerce marocain
en application des conventions adoptées dans le cadre
de l’OMC, et aussi la mondialisation de fait par la
possibilité pour tous d’exploiter les activités
électroniques du secteur quaternaire, la relation des
étrangers avec le droit commercial marocain se trouve
remise sous l’empire du dahir du Dahir du 9 ramadan
1331 sur la condition civile des étrangers.

Section 1 :
Démarocanisation du commerce

En application du dahir du 15 septembre 1993, la


qualité d’étranger n’est légalement plus un obstacle
pour l’accès à la profession commerciale.
Ceci n’est pourtant pas le cas dans la presque totalité
des pays du monde. Le libéralisme dont fait montre le
législateur marocain est nouveau ; il a été précédé
d’une période d’interdiction quasi-totale.
L’interdiction eut lieu en application du plan de
marocanisation en 1973. Avant cette date, les
étrangers résidants au Maroc possédaient prés de 16
milliards de francs d’investissements. Illustrant cela, le
ministre du commerce déclarait en 1970 « à l’heure
actuelle, prés de la moitié de notre patrimoine
industriel est encore contrôlée par des groupes
d’entreprises français »(1). 
Les premières mesures de marocanisation ont
concerné à cette époque l’activité de la représentation
exclusive des marques étrangères. Par décision
ministérielle rendue au mois de mars 1971, le capital
des sociétés exploitant les activités précitées devait
passer, à concurrence de 50%, à des associés de
nationalité marocaine(1). Le conseil d’administration
de ces sociétés devait aussi être composé dans la
proportion de deux tiers au moins, de personnes
physiques de nationalité marocaine.
La décision ministérielle précitée stipulait aussi que les
concessions des marques étrangères devaient toutes
être faites à des personnes de nationalité
marocaine(2). En date du 2 mars 1973, le législateur
marocain intervint pour étendre l’application de la
décision précitée à d’autres activités.
Le dahir du 2 mars 1973 relatif à certaines activités
des étrangers au Maroc dressa une liste d’activités
rendues interdites aux étrangers. Il a déterminé par
ailleurs les conditions de marocanité des sociétés
commerciales.
Pour ces dernières, la loi exigea que 50% du capital
social au moins soit détenue par des associés de
nationalité marocaine, et que la majorité des membres
du conseil d’administration, le président de ce conseil
et l’administrateur délégué soient tous de nationalité
marocaine.
Cela n’a toutefois été que pour les S.A. Pour les
S.A.R.L et les S.N.C, la loi a exigé que tous les
associés soient marocains.
Ces conditions de la marocanisation ont atteint à partir
de 1973 mille huit cents colons. Pensant que le péril
occidental est écarté, le législateur marocain abrogea
le dahir du 2 mars 1973 par celui du 15 septembre
1993.

57- Traitez de la démarocanisation des professions


commerciales ?

Section 2 :
Mondialisation du commerce
marocain

Etant conçu pour fonctionner dans un champ universel


en application du protocole IP, l’internet prête
certainement sa nature internationale au commerce
électronique.
Toute transaction par voie d’internet est effectivement
sensée se produire au monde virtuel, lequel ne
connait pas de frontières, ni champ limitée
d’application territoriale de la loi.
La question de connaitre la loi applicable à ce
commerce se pose alors avec acuité, car tout contact
ayant lieu par voie d’internet se produit au Maroc et au
même moment en dehors du Maroc même lorsque
tous les éléments le concernant sont marocains.
Deux marocain qui au Maroc traitent une affaire par
voie d’internet, le font certainement de la même façon
que deux étrangers qui traitent leur affaire à l’extérieur
du Maroc.
Pour les uns et les autres, le lieu de conclusion du
contrat n’est pas seulement le lieu physique de
conclusion du contrat mais c’est aussi le monde virtuel
tout entier. A travers ce monde les marocains qui
agissent au Maroc le font en même temps à l’extérieur
du pays, et les étranger le font en même temps au
Maroc.
On sait que le dahir du 9 ramadan 1331 sur la
condition civile des étrangers complété par le dahir de
démarocanisation du 15 septembre 1993 donne aux
étrangers presque les mêmes droits que pour les
marocains en matière de profession commerciale.
Toutefois, la liberté de commerce au Maroc que ce soit
par voie directe ou par internet, de l’intérieur ou de
l’extérieur du pays, et de la part de marocains ou
d’étranger, n’est pas absolue.
Elle a pour limite l’ordre public marocain et les règles
de police interne.
 Par ordre public marocain, on entend les règles
impératives qui font échec au dispositif des lois
étrangères et des conventions internationales.
Effectivement, le commerce électronique ne peut
conduire à l’application d’une loi qui méconnaît
certains droits ou qui accorde plus de droits qu’il n’est
permis au Maroc.
Serait jugée contraire à l’ordre public, et par voie de
conséquence interdite au Maroc toute activité
commerciale électronique d’un étranger si elle choque
les  bonnes mœurs ou la sûreté de l’Etat, ou si elle
s’oppose aux règles impératives de police.
Ainsi, le commerce électronique d’armes, de
stupéfiant, de boissons spiritueuse, de substances
vénéneuses, de même que les activités de
proxénétisme, de jeu de hasard, de publication
pornographique, diffamatoire des personnes etc. sont
tous interdits au Maroc par application de l’ordre
public.
Est également interdite, par application des règles de
police, toute exploitation commerciale en forme de
click and mortar des activités sujettes à autorisation
administratives comme la banque et l’assurance, ou à
la possession de diplôme comme la pharmacie.
58- Traitez du problème de mondialisation du
commerce marocain ?
Sous-titre IV :
Les obligations professionnelles du commerçant

L’acquisition de la qualité de commerçant entraîne


sans distinction pour la personne morale et la
personne physique un certain nombre d’obligations
justifiées par les nécessités d’organisation
administrative, comptable et financière de son activité.
Chapitre I :
Les obligations d’ordre administratif.

Au titre des obligations professionnelles d’ordre


administratif, le commerçant doit s’inscrire au registre
du commerce, payer la patente, la TVA et selon le cas
l’IGR ou l’IS.
Section 1 :
Inscription au registre du commerce

En application de l’article 37 du nouveau code de


commerce, tout commerçant est tenu de faire déclarer
sa profession auprès du tribunal de première instance.
Toute déclaration est enregistrée sur un registre
local dont un double est envoyé à l’office marocain de
la propriété industrielle qui tient le registre central.
La déclaration doit contenir toute information utile
sur le commerçant. Elle est destinée à renseigner les
tiers ; tout intéressé pouvant en obtenir extrait.

59- Traitez de l’obligation professionnelle de s’inscrire


au registre du commerce ?

Section 2 :
La contribution fiscale.

En application du dahir du 21 novembre 1989, les


personnes physiques qui exercent au Maroc leurs
activités de commerçants sont soumises à l’impôt sur
le revenu professionnel au titre de l’impôt général sur
le revenu.
Les personnes morales commerciales sont soumises à
l’impôt sur les sociétés par le dahir du 21 décembre
1986.
En plus de L’I.G.R. et de L’I.S., l’exercice de la
profession commerciale donne l’occasion d’application
des taxes d’importation ou d’exportation, de la taxe sur
la valeur ajoutée , de la patente, et d’autres droits dont
en particulier les droits de timbres.
Les jurisconsultes et les magistrats ont admis depuis
très longtemps la légitimité des impôts dans le foyer de
l’islam à condition toutefois qu’ils soient servis au
trésor d’une autorité commandité par le peuple
musulman pour l’exercice du pouvoir public.
Des auteurs sultaniens fondaient la légitimité de l’impôt
sur l’état de nécessité qui justifie l’atteinte aux biens
des citoyens par l’ordre du sultan(3). D’autres ont
fondé cela par l’analogie avec la dîme(4).
Suivant la pensée rachidienne, la légitimité de l’impôt
au foyer de l’islam est plutôt fondée par la conduite du
saint prophète Mohammade et le droit positif de la
Sainte Première République islamique.
Le saint prophète de Dieu a effectivement donné par
sa conduite des exemples d’application d’impôts sur le
revenu agricole qui doivent être suivis et développés
par l’Ouma.
A la différence des agriculteurs, les commerçants de
l’époque ont bénéficié de l’exonération fiscale pour
cause de carence du service de police dans les
déserts.
En raison de cela, les notions d’évasion et de fraude
fiscale par les activités de contrebande et autres, n’ont
pas été évoqués par les anciens jurisconsultes.
En ce moment de rénovation du droit musulman, la
question se pose à propos du fondement
d’incrimination de fraude et d’évasion fiscales par tels
actes.
De prime abord, les commerçants marocains ne
peuvent plus prétendre que le seul droit dont ils sont
légitimement redevables est la dîme. Ils n’y a plus de
raison pour les exonérer du kharaj.
Le Makhzen a déployé un effort considérable pour leur
garantir le service de police en plus d’autres encore, à
tous moments et à tous endroits du pays.
Comparés aux agriculteurs d’antan, ils sont de loin
dans de meilleures conditions. L’analogie inspire dans
ce cas l’assujettissement des commerçants au même
régime que celui des agriculteurs quant aux impôts.
La règle ainsi obtenue par l’analogie doit être
renforcée par des sanctions contre les contrebandiers,
et les coupables d’évasion ou de fraude fiscales. Le
principe de la sanction est d’ailleurs consacré par la
parole de Dieu relativement à tous actes de rétention,
de soustraction ou d’utilisation sans autorisation, d’un
bien public ou à vocation publique.
Les actes en question sont nommés « ghouloul » qui
se traduit rétention sans juste droit.
C’est évident que le commerçant qui ne paie pas l’IGR
ou L’IS, les droits de douane ou toutes autres taxes,
retient sans droit des sommes d’argent qui ont
vocation d’être des deniers publics. C’est le crime du
ghouloul en soit.

60- Traitez de l’obligation fiscale du commerçant ?

Chapitre II :
Les obligations d’ordre financier et comptable.

Les obligations professionnelles d’ordre financier et


comptable ont pour but l’organisation de l’activité du
commerçant.
Section 1 :
L’obligation financière

Pour des raisons de police monétaire et fiscale, la


plupart des pays obligent les commerçants à utiliser le
service bancaire pour tenir leurs caisses notamment.
Ainsi, certains pays obligent les commerçants, sous la
menace d’amendes fiscales, d’effectuer les paiements
supérieurs à certaines sommes au moyens de
chèques ou par virements bancaires.
Les commerçants au Maroc sont désormais tenus de
cette obligation en application de l’article 18 du
nouveau code de commerce.

61- Traitez de l’obligation financière du commerçant ?

Section 2 :
L’obligation comptable

En application de l’article 1er du dahir du 25 décembre


1992, tout commerçant est dans l’obligation de tenir
une comptabilité dans les formes prescrites par la loi.
L’article 4 du dahir précité exige du commerçant dont
le chiffre d’affaires dépasse sept millions et demi de
dirhams qu’il établisse en plus un manuel pour décrire
l’organisation comptable de son entreprise.
Telle qu’elle résulte des prescriptions faites par le dahir
du 25 décembre 1992, la comptabilité se compose
d’un livre journal, d’un livre d’inventaire, et des états de
synthèse(1).
Sous-section 1 :
Le livre journal

C’est un document sur lequel sont enregistrés


chronologiquement, et en termes comptables, tous les
mouvements affectant l’actif et le passif de l’entreprise.
Les enregistrements ont lieu jour par jour, et opération
par opération. Ils doivent, chacun, préciser l’origine, le
contenu et l’imputation du mouvement ainsi que les
références de la pièce justificative qui l’appuie.
Les écritures du livre journal doivent être reportées sur
un registre dit grand livre, qui a pour objet de les
enregistrer selon le plan de comptes du commerçant.
L’article 3 du dahir précité précise que le livre journal et
le grand livre peuvent être détaillé, selon le besoin, en
plusieurs registres sous forme de journaux auxiliaires
et livres auxiliaires.
Les écritures portées sur les livres et journaux
auxiliaires doivent être centralisées une fois par mois
sur le livre-journal et le grand livre.

62- Qu’est ce que le livre journal du commerçant ?

Sous-section 2 :
Le livre d’inventaire

En application de l’article 5 du dahir précité, le


commerçant doit au moins une fois par an, à la fin de
l’exercice, établir l’inventaire des éléments actifs et
passifs de l’entreprise.
L’inventaire ainsi effectué est enregistré année après
année sur un livre dit d’inventaire.

63- Qu’est ce que le livre d’inventaire de commerce ?

Sous-section 3 :
Le livre des copies de lettres.

En application de l’article 26 du code de commerce, le


commerçant doit tenir ce qui est pratiquement nommé
livre des copies de lettres.
Ce livre contient par ordre chronologique toutes les
pièces justificatives des enregistrements faits sur le
livre journal et celui d’inventaire.
Le livre des copies de lettres doit être tenu
indépendamment de ces derniers, car ceux-ci ne
peuvent, en application du dahir du 25 décembre
1992, contenir que les références des pièces en
question.
L’article 26 précité dispose, par ailleurs, que le
commerçant doit conserver ce livre pendant au moins
dix ans.
Contrairement au livre journal et au livre d’inventaire,
aucune forme particulière n’a été prescrite dans le
dahir de 1992 pour la tenue du livre des copies de
lettres.
Ce dahir exige par contre que les deux premiers soient
cotés et paraphés par le greffier du tribunal de
première instance du siège de l’entreprise, et que
chaque livre reçoive un numéro répertorié par le
greffier sur un registre spécial.
64- Qu’est ce que le livre commercial des copies de
lettres ?

Sous-section 4 :
Les états de synthèse.

Sur le fondement des enregistrements comptables et


de l’inventaire, le commerçant doit, à la clôture de
chaque exercice, établir des états de synthèse
annuels.
L’article 9 du dahir du 25 décembre 1992 précise que
ces états comprennent le bilan, le compte de produits
et charges, l’état des soldes de gestion, le tableau de
financement, et l’état des informations
complémentaires.
Les entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur ou
égal à sept millions et de demi de dirhams sont
toutefois dispensées d’établir l’état des soldes de
gestion, le tableau de financement et l’état des
informations complémentaires.
A : Le bilan
C’est un état comptable qui fait connaître à la date de
l’inventaire la structure du patrimoine commercial et sa
situation nette.
Il est divisé en deux parties; la partie gauche ou actif,
correspond aux biens affectés au commerce ; la partie
droite ou passif, comporte d’une part les dettes à
l’égard de tiers, et d’autre part le passif dit interne ou
encore situation nette laquelle s’entend du capital, des
réserves, des résultats de l’exercice etc.
B : Le compte des produits et charges

C’est un état comptable qui récapitule les produits et


les charges de l’exercice, sans qu’il soit tenu compte
de leur date d’encaissement ou de paiement.
C : L’état des soldes de gestion

Il décrit la formation du résultat net, et celle de


l’autofinancement.
D : le tableau de financement

C’est un document qui met en évidence l’évolution


financière de l’entreprise au cours de l’exercice en
décrivant les ressources dont elle a disposé et les
emplois qu’elle en a effectués.
E : L’état d’informations complémentaires

C’est un document qui complète et commente


l’information donnée par le bilan, le compte de produits
et charges, l’état des soldes de gestion, et le tableau
de financement.
Les états de synthèse forment un tout indissociable.
Ils doivent donner une image fidèle des actifs et
passifs ainsi que de la situation financière et des
résultats de l’entreprise.
Ensemble avec le livre journal et celui d’inventaire, les
états de synthèse constituent un outil de gestion de
l’entreprise. Ils permettent au chef d’entreprise d’établir
ses comptes prévisionnels, et de décider en
conséquence de ce qui doit être fait en cas
d’insuffisance ou d’excédent.
Ils lui permettent aussi de connaître
approximativement le bénéfice net probable, et de
négocier en connaissance de cause quand il décide de
vendre son entreprise.
En dehors de cela, la comptabilité permet au
commerçant de disposer d’un moyen de preuve fiable.
L’article 19 du code de commerce dit que la
comptabilité régulièrement tenue est admise par le
juge pour faire preuve entre commerçants à raison des
faits de commerce.
L’article 20 précise, par ailleurs, que la comptabilité
même irrégulièrement tenue peut être opposée comme
preuve par les tiers contre le commerçant; sachant que
le tribunal peut ordonner la présentation ou la
communication des documents comptables, et que si
le document correspond à un double qui se trouve
entre les mains de la partie adverse, il constitue plaine
preuve en sa teneur.
65- Décrivez les états de synthèse annuels du
commerçant ?

TITRE III :
Le fonds de commerce

La notion de fonds de commerce est née à l’ère


moderne par suite à la révolution industrielle. Elle a été
adoptée en droit musulman par les codes sultaniens
Ottoman, Alaouite et autres.
Les rachidiens ne s’y opposent pas.
La loi dit que le fonds de commerce est un bien
meuble incorporel utilisé par le commerçant en vue de
constituer une clientèle nécessaire à une exploitation
commerciale ou industrielle.
Contrairement à ce qu’il en était sous l’empire de
l’ancien code, la loi parle désormais du fonds de
commerce; elle le définit et en fixe la composition.
Les textes relatifs au fonds de commerce
reconnaissent la variété des éléments le composant.
Ils font notamment la différence entre des éléments
corporels et d’autres incorporels (art 80 du C.C.).
La jurisprudence et la doctrine avait déjà sous l’ancien
code conclu que la réunion des éléments précités
constitue un bien incorporel, et forme une universalité.
En tant que tel, le fonds de commerce peut faire l’objet
de plusieurs opérations juridiques comme la cession,
la vente, la location-gérance, le nantissement et
l’apport en société.

Chapitre I :
Elément du fonds de commerce.

Les éléments du fonds de commerce sont corporels et


incorporels.
Section 1 :
Les éléments corporels
Ce sont pratiquement les éléments par la disposition
desquels le commerçant commence pour créer le
fonds de commerce. Ils lui permettent de débuter
l’exercice de son activité, sachant que ce sont aussi
des biens qu’il peut renouveler sans cesse sans que
cela n’ait d’effet sur la clientèle ou sur la valeur du
fonds.
1 - Les agencements

Les entreprises de services, ainsi que celles de


distribution, utilisent le plus souvent, à côté d’éléments
incorporels, des meubles qui leur servent dans
l’activité sans qu’on puisse les qualifier de
marchandises ou de matériel et outillage. Ce sont des
équipements qui facilitent l’accueil des clients, la
présentation des marchandises, et le travail du
personnel. Ceci s’applique normalement aux chaises,
bureaux, rayons d’exposition, vitrines mobiles, appareil
de téléphone, etc.
2 - Le matériel et outillage

Il s’agit des équipements sans lesquels la production


des biens ou la prestation des services ne peut avoir
lieu. A ce niveau la distinction se fait avec les
installations. Ces dernières comprennent les
immeubles et les meubles définitivement fixés ou
rattachés aux immeubles (1). Par exemple on qualifie
d’outillage et matériel : Les véhicules d’un transporteur,
le mobilier d’un hôtel, les machines d’un industriel, les
ordinateurs du banquier etc.
3 - Les marchandises

Ce sont tous les objets destinés à être vendus y


compris les stocks de matières premières destinés à
être travaillés(2).
66- Quels sont les éléments corporels du fonds de
commerce ?
Section 2 : Les éléments incorporels

Parmi les moyens utilisés par le commerçant pour


exploiter son commerce ou son industrie il y a les
éléments incorporels. Ce sont des valeurs qui n’ont
pas une consistance tangible quoiqu’elles puissent
être matérialisées par des chiffres, des certificats, et
des images. IL s’agit de la clientèle, l’achalandage, le
nom, l’enseigne, le droit au bail et les droits de
propriété industrielle, commerciale et artistique.
1 - Clientèle et achalandage

La clientèle et l’achalandage sont pratiquement et


intellectuellement indissociables. Ils représentent «  à
la fois une valeur résultant des relations existantes
entre le fonds et les personnes qui y achètent des
marchandises ou des services qu’offre l’exploitant, et
une faculté que possède le fonds d’attirer et de retenir
les acheteurs »(1).
La clientèle et l’achalandage sont matérialisés par le
chiffre d’affaires dont la moyenne représente une
valeur d’évaluation du fonds de commerce dite droit à
la clientèle. En principe, il ne peut y exister de fonds de
commerce sans droit à la clientèle (art 80, al 1 du
C.C.). Ce principe concerne toutes les activités et
toutes les entreprises, minuscules fusent-elles. En
application de ce principe, le fonds de commerce ne
peut pas être vendu, loué, ou mis en société sans le
droit à la clientèle, c’est-à-dire que le commerçant ne
peut pas vendre le fonds et décider en même temps
de conserver la clientèle. Il ne peut pas non plus
vendre le fonds dont la clientèle est inexistante; la
jurisprudence décide même que le fonds n’existe pas
lorsqu’il n’y a pas de clientèle, et lorsqu’elle n’est pas
cessible(2) .
Le droit à la clientèle est protégé par l’action en
concurrence déloyale.

67- Que sont la clientèle et l’achalandage ?

2 - Le nom commercial

C’est l’appellation sous laquelle une personne exerce


son activité commerciale. Ainsi il remplit une fonction
opérationnelle, en constituant un moyen et un support
publicitaires à l’adresse de la clientèle laquelle s’en
sert pour repérer les lieux de vente et les agences
ainsi que pour reconnaître les produits. A cause de
cette fonction commerciale du nom, celui-ci devient
une valeur patrimoniale même s’il est un attribut de la
personnalité juridique du commerçant; et en tant que
tel, il peut être vendu, louer ou mis en société(3).
68- Qu’est ce que le nom commercial ?

3 - L’enseigne

Dans les entreprises industrielles et de distribution, le


nom commercial peut être insuffisant pour permettre
aux clients de reconnaître les produits du commerçant.
D’où le besoin à l’enseigne commerciale, c’est-à-dire
une image ou dénomination qui permet au public
d’individualiser le fonds et de distinguer les produits.
L’enseigne est soumise au même régime juridique que
celui du nom commercial; elle est protégée par l’action
en concurrence déloyale lorsqu’elle est utilisée par des
tiers aux fins de confusion de la clientèle(4). Lorsque
l’enseigne prend la forme d’une image, elle peut être
protégée aussi comme création originale en tant que
dessin et modèle.
69- Qu’est ce que l’enseigne commerciale ?

4 - Le droit au bail

C’est la créance du locataire contre le propriétaire des


lieux où s’exerce le commerce. La créance procure au
commerçant un droit de jouissance des lieux en
question. Ce droit n’existe que si le commerçant est
locataire, s’il est propriétaire ou usufruitier du local où il
exerce son commerce ou son industrie, le fonds ne
comprend pas de droit au bail. Etant un droit de
créance, le droit au bail est cessible. Il peut être cédé
séparément, ou avec le fonds de commerce. En raison
de l’importance du bail commercial pour l’exploitation
commerciale, le législateur l’a doté d’un régime
juridique particulier(1). Ce régime est consacré par le
dahir du 24 mai 1955 relatif aux baux d’immeubles ou
de locaux loués à usage commercial, industriel ou
artisanal. En application de ce dahir, le bail du local est
valable sans condition de forme. Par l’effet du contrat
écrit ou verbal, le locataire détient un droit au
renouvellement qu’il lui est possible d’invoquer, et que
peuvent le faire également ses cessionnaires et ayant
droit. Pour ce faire, il faut toutefois, justifier d’une
jouissance consécutive du local pendant au moins
deux ans si le bail a été établi par écrit. Cette durée est
prolongée à quatre années si le bail est verbal. le refus
de renouvellement du bail par le loueur donne lieu à
une indemnité d’éviction pour compenser le préjudice
qui atteint le locataire du fait de la disparition du droit
au bail de son fonds de commerce. Aucune indemnité
n’est cependant due lorsque le loueur justifie d’un motif
grave et légitime à l’encontre du locataire et lorsqu’il
établit que l’immeuble doit être totalement démoli pour
cause d’insalubrité ou d’insécurité. L’article 11 du dahir
précité accorde quand même un droit de priorité au
locataire pour reprendre le bail du local après sa
reconstitution en cas de démolition. Pour avoir ce droit
de priorité, le locataire doit en aviser le bailleur au plus
tard dans les trois mois qui suivent son départ du local.
70- Qu’est ce que le droit au bail commercial ?

5-Les droits de propriété industrielle,


commerciale, et artistique.

Il s’agit de monopoles accordés au commerçant pour


l’exploitation de marques, de brevets d’invention, de
dessins et modèles, ou de licences d’exploitation(2).
Les marques sont des signes qui distinguent les
produits d’un commerçant de ceux de ses concurrents
jouant ainsi le rôle de l’enseigne. La marque déposée,
c’est-à-dire enregistrée auprès de l’office marocain de
la propriété industrielle dans les conditions du dahir du
23 juin 1916 relatif à la protection de la propriété
industrielle, est protégée, par une action en
contrefaçon ou en usurpation outre l’action en
concurrence déloyale, pour une durée de vingt années
renouvelable. Le dahir précité organise aussi la
protection des inventions utilisées dans le commerce
ou l’industrie. La protection à lieu au moyen de la
technique du brevet, c’est-à-dire une attestation
délivrée par le ministre du commerce et de l’industrie
sans garantie que l’invention est valable, et par le
dépôt à l’office marocain de la propriété industrielle.
Dans ces conditions, l’invention est protégée par une
action en contrefaçon et des sanctions pénales
frappant l’auteur de ce crime. Toutefois, au bout de
quinze ans, l’invention tombe dans le domaine public
et devient ainsi possible à être exploitée par tous. Pour
être brevetée l’invention doit être industrielle, nouvelle,
et inventive. Elle peut être un produit, un procédé de
fabrication, une application ou une combinaison de
moyens connus(1). L’article 25 du dahir de 1916
précité en exclu cependant les places et combinaisons
de crédit ou de finances et les Le dahir précité évoque
aussi les dessins et modèles industriels et les
découvertes contraires à l’ordre public et aux bonnes
mœurs; et enfin les compositions pharmaceutiques ou
remèdes(2).
Fait bénéficier d’une protection légale durant une
période de cinquante ans à partir de leur dépôt auprès
de l’office marocain de la propriété industrielle. Le
terme dessin s’applique dans ce domaine à toute
disposition de couleurs ou de traits représentant des
images. Par contre Le modèle se constitue à partir
d’assemblage de matières formant volume comme
celui d’une carrosserie, d’un bijou ou d’un élément de
mobilier.
Dans les activités sujettes à autorisation administrative
tel les débits de boissons, les agences de voyages et
les entreprises de transport routier, l’autorisation prend
la forme d’une licence d’exploitation, qui en raison de
son caractère objectif, doit être liée au fonds de
commerce tel un des éléments incorporels (article 80
du C.C).
71- Que sont les droits de propriété industrielle,
commerciale, et artistique ?
Chapitre II :
Opérations juridiques sur le fonds de commerce

En tant que bien meuble incorporel le fonds de


commerce peut être l’objet de plusieurs opérations
juridiques dont l’apport en société, la location gérance,
la vente et la cession.
Section 1 :
Apport du fonds de commerce en société.

L’apport du fonds de commerce en société constitue


du point de vue de la gestion une opération de
restructuration juridique de l’entreprise qui passe en
l’occurrence de la forme individuelle à la forme sociale.
Cette opération peut avoir pour motif la limitation de la
responsabilité, la conjugaison des capacités
financières du commerçant avec celles d’autrui, ou la
possibilité de faire appel public à l’épargne pour
financer l’entreprise. Elle se réalise par la constitution
d’une société nouvelle qui reçoit le fonds en apport, ou
par l’apport du fonds à une société préexistante qui
opère à cette occasion une augmentation de capital(1).
Dans l’un et dans l’autre cas, le commerçant apporteur
perd la propriété du fonds; celui-ci devenant un
élément actif du patrimoine de la société. Le
commerçant reçoit de la société non pas un prix, mais
des droits sociaux représentant son apport. Ces droits
lui permettent de participer aux assemblées des
associés, et de prendre part éventuellement à la
gestion. La mise en société du fonds de commerce est
une opération grandement dangereuse pour les
créanciers de l’entreprise individuelle. Elle fait
dégrader la valeur de leur gage général, c’est-à-dire le
patrimoine du commerçant, à concurrence du montant
de la valeur du fonds de commerce, en réduisant cette
dernière valeur à des droits sociaux. C’est ainsi que
pour protéger les créanciers contre les restructurations
qui ont pour motif de frauder aux droits des créanciers,
le législateur est intervenu avec une réglementation
spéciale de l’apport du fonds de commerce en
société(2). Aux termes de l’article 104 du code de
commerce, lorsque le fonds est mis en société, les
formalités prévues pour les contrats de vente de fonds
de commerce sont également requises. La publicité de
l’acte d’apport ouvre aux créanciers de l’apporteur un
délai pour faire connaître leur qualité de créanciers et
les sommes qui leurs sont dues. Dans les quinze jours
qui suivent le délai de déclaration des créances, les
associés, autres que l’apporteur du fonds de
commerce, ont la possibilité de former une demande
en annulation de l’apport ou même de la société.
Le juge saisi de la demande en annulation en apprécie
souverainement l’opportunité. Quand il ne fait pas droit
à cette demande, la société devient solidaire avec le
débiteur du passif déclaré. Les droits des créanciers
sont ainsi préservés malgré que le fonds soit sorti du
patrimoine du débiteur. En effet, ils obtiennent le droit
de poursuivre la société en paiement de leurs
créances en plus de la poursuite du débiteur initial.
72- Traitez du régime d’apport de fonds de commerce
en société ?

Section 2 :
Location-gérance du fonds de commerce

Avant la réforme du 1er Août 1996 la location-gérance


était un contrat innomé. Désormais, elle constitue un
contrat nommé et réglementé par le code de
commerce.
Sous-section 1 :
Définition de location-gérance

Il s’agit du contrat par lequel le propriétaire du fonds en


concède totalement ou partiellement la location
moyennant une redevance sous forme de loyer ou de
quote-part des bénéfices, ou des deux à la fois; le
locataire du fonds effectuera l’exploitation pour son
propre compte et à ses risques et périls (article 152 du
C.C).
La location gérance ne doit pas être confondue avec la
location de l’immeuble qui sert pour exploiter le fonds
de commerce. Cette dernière donne lieu au droit au
bail qui rentre dans la composition du fonds.
La gérance libre est une location qui s’applique au
fonds lui même et non pas seulement au droit au bail.
Par ailleurs la gérance libre ne doit pas être confondue
avec la gérance salariée. Dans cette dernière, le
propriétaire du fonds de commerce en confie la
gérance à un salarié qui peut être employé ou
mandataire.
Le gérant salarié est un employé du propriétaire
lorsqu’il effectue la gestion sous l’autorité et le contrôle
du propriétaire, et reçoit en contrepartie une
rémunération sous forme de salaire ou de traitement
fixé indépendamment du chiffre d’affaires.
Il est mandataire cependant lorsqu’il agit en
représentation du propriétaire moyennant une
commission sous forme de pourcentage dans les
bénéfices ou sur le chiffre d’affaires.
A la différence du gérant employé, le gérant
mandataires conserve une grande indépendance dans
l’exercice de son travail; il effectue la gestion loin de
toute direction ou contrôle du propriétaire.
On doit observer que le gérant mandataire peut être
considéré comme un commissionnaire; cela ne suffit
pas cependant pour le couvrir de la qualité de
commerçant quoiqu’il gère un fonds de commerce, car
il ne constitue pas en tant que telle une entreprise de
commissions.
73- Qu’est ce que la location-gérance du fonds de
commerce ?

Sous-section 2 :
Régime juridique de location-gérance

A l’inverse du gérant salarié, le gérant libre ou locataire


est par définition un commerçant. Ainsi, il doit
supporter toutes les obligations professionnelles des
commerçants (article 153 du C.C). Dans sa relation
avec le propriétaire du fonds, le locataire-gérant obéit
aux règles relatives à la location de biens meubles, et
aux clauses convenues entre eux(2); il obéit
également aux dispositions des articles 152 à 158 du
nouveau code de commerce. Ces dispositions
établissent des conditions spéciales pour la formation
du contrat de gérance libre, et lui font également
produire des effets spéciaux en plus des effets de droit
commun.
A : Formation du contrat
En plus des conditions de droit commun, le contrat de
location-gérance doit être publié au Bulletin officiel et
dans un journal d’annonces légales. Cette publication
doit être accompagnée d’une modification de
l’inscription personnelle du bailleur au registre du
commerce afin d’y insérer la mention expresse de la
mise en gérance libre. Au cas où le bailleur décide de
se retirer du commerce, il doit se faire radier du
registre du commerce. Mis à part cette exigence
spéciale de forme, le législateur marocain ne stipule
pas d’autres conditions.
B : Effets de la gérance libre

La location-gérance entraîne des effets à l’égard du


bailleur, du preneur ou locataire, et aussi à l’égard des
créanciers du bailleur.

a : Effet à l’égard du bailleur

Par la mise du fonds en gérance libre le bailleur se


trouve tenu de l’obligation de livraison du fonds en plus
des obligations de garantie des vices cachés, et de
l’éviction. Ainsi, comme dans le cas de la vente, il doit
en particulier s’abstenir de concurrencer le locataire
l’exploitation du fonds. Par ailleurs, la mise du fonds en
gérance fait perdre au bailleur la qualité de
commerçant lorsqu’il ne conserve pas une autre
activité commerciale. Elle lui épargne également
l’accession à la profession commerciale au cas ou il se
retrouve propriétaire du fonds de commerce sans avoir
été commerçant auparavant, comme c’est le cas par
exemple pour un héritier qui hériterait d’un fonds de
commerce et ne voudrait pas devenir commerçant, ou
qui ne le pourrait pas pour une raison quelconque.
b : Effets à l’égard du gérant

En qualité de locataire, le gérant doit s’abstenir de


modifier l’objet de l’activité exploitée au moyen du
fonds. Il doit également s’acquitter de la redevance
due au bailleur et déclarer à tous ses partenaires sa
qualité de locataire-gérant.
c : Effets à l’égard des créanciers

En application de l’article 152 du code de commerce,


les créanciers du bailleur dont les créances ne sont
pas encore devenues exigibles peuvent requérir
l’exigibilité immédiate de leurs créances. Ils doivent
introduire cette demande, à peine de forclusion, dans
le délai de trois mois à compter de la date de la
publication du contrat de location-gérance. La
demande des créanciers est instruite par le tribunal de
grande instances lequel doit s’assurer en particulier
que les créances dont l’exigibilité immédiate est
requise ont pour cause l’exploitation du fonds, et que
la mise en gérance de ce dernier est de nature à porter
préjudice aux créanciers. La location-gérance produit
par ailleurs un effet spécial dans la relation avec les
tiers titulaires de créances nées de l’exploitation du
fonds de commerce pendant les six premiers mois. En
application de l’article 155 du code de commerce, le
bailleur du fonds est solidairement responsable avec le
locataire-gérant des dettes précitées.
74- Traitez du régime juridique de location-gérance
du fonds de commerce ?

Section 3 :
La vente du fonds de commerce

L’application du régime juridique de vente au fonds de


commerce a nécessité du législateur certaines
adaptations afin de tenir compte de l’importance que
représente le fonds pour le vendeur et pour ses
créanciers aussi(2).
On sait qu’en application du principe de l’unité et de
l’universalité du patrimoine, les créanciers
commerciaux comme les créanciers civils ont pour
gage général tous les actifs du commerçant.
Or, le fonds de commerce constitue généralement le
bien le plus important de tout commerçant, c’est-à-dire
qu’il est pratiquement l’essentiel du gage des
créanciers.
La vente du fonds est donc de nature à léser les
intérêts des créanciers; c’est pourquoi le législateur
pose des conditions de validité de la vente du fonds en
plus des conditions générales prévues par le code des
obligations et des contrats.
IL fait produire aussi au contrat de vente du fonds de
commerce des effets spéciaux.
Sous-section 1 :
Régime de vente du fonds

Pour être valable dans les rapports des parties et dans


les relations avec les tiers, la vente du fonds de
commerce doit réunir certes les conditions de droit
commun, mais aussi elle doit être conforme aux
dispositions des articles 81 à 103 du nouveau code de
commerce. Ces règles s’appliquent à la forme du
contrat, et exigent la rédaction d’un écrit qui doit être
publié.

a : L’acte écrit


En application de l’article 81 du code de commerce, le
vendeur est tenu de rédiger l’acte de vente du fonds
de commerce. La rédaction pouvant être faite sous
seings privés ou par un notaire.
Elle doit énoncer la date de la vente, les noms,
prénom, et domicile de l’acheteur et du vendeur, la
nature et le siège du fonds, l’indication des
succursales et leurs sièges le cas échéant, et enfin le
prix de vente.
L’acte de vente doit mentionner également l’état des
inscriptions des privilèges et nantissements pris sur le
fond, et s’il y a lieu, le bail, sa date, sa durée, le
montant du loyer actuel, le nom et l’adresse du bailleur
et enfin l’origine de la propriété du fonds de commerce.
Le prix doit être ventilé, c’est-à-dire réparti sur les
différents éléments du fonds de commerce. La
ventilation étant nécessaire pour fixer l’assiette du
privilège du vendeur sur tous les éléments du fonds.
En effet, lorsque l’acte de vente énumère les éléments
du fonds et la cote part de chacun d’eux dans le prix
d’ensemble, le vendeur est en droit, en cas de
défaillance de l’acheteur à son obligation de payer le
prix, d’exécuter sa créance sur tous les éléments du
fonds par préférence à tous les autres créanciers de
l’acheteur.
A défaut de ventilation du prix, la vente est valable,
mais le privilège du vendeur ne porte que sur le nom et
l’enseigne commerciale, et sur le droit au bail et
l’achalandage.
On doit observer que lorsque le fonds comprend des
brevets d’inventions, des marques de fabriques ou des
dessins et modèles qui on été déposes, le vendeur doit
rédiger un écrit de leur vente indépendamment de
l’écrit de vente des autres éléments du fonds (article
90 du C.C).
Il faut observer aussi que lorsque aucun écrit n’a été
dressé, la vente du fonds de commerce reste tout de
même valable dans les rapports du vendeur avec
l’acheteur, en tant qu’acte commercial, et elle peut
être, établie par tous les moyens.
Cependant, elle ne peut être d’aucune manière
opposée aux créanciers du vendeur; ce dernier ne
peut pas non plus prétendre à un quelconque privilège
sur le fonds en cas de défaillance de l’acheteur.

b : Publicité de la vente

L’acte de vente du fonds de commerce doit être publié


suivant une procédure déterminée par la loi. Cette
procédure ouvre aux créanciers la possibilité de faire
opposition au paiement du prix et de faire une
surenchère aussi(1).
Les formalités de publicité
Au plus tard, dans le quinzième jour de la date de sa
rédaction, l’acte de vente doit être déposé au
secrétariat du tribunal de 1ère instance.
L’écrit déposé est soit le double du sous-seing privé,
soit une expédition de l’acte notarié.
Le secrétaire-greffier du tribunal concerné inscrit l’acte
déposé au registre du commerce sous forme d’extrait.
Il fait publier cette inscription, sans délai et aux frais
des parties, au bulletin officiel, et dans la feuille des
annonces judiciaires de chaque chef-lieu de tribunal.
Cette publication doit être renouvelée à la diligence de
l’acquéreur entre le huitième et le quinzième jour.
75- Traitez du régime d’établissement de l’acte de
vente du fonds de commerce ?
L’opposition et la surenchère des
créanciers

A partir du jour de la publication faite à la diligence de


l’acquéreur, et pendant les quinze jours suivants; tout
créancier du vendeur peut, par une lettre
recommandée adressée au secrétariat du tribunal,
faire opposition au paiement du prix.
Les oppositions ont pour effet de faire geler le prix
entre les mains de l’acheteur; il en devient responsable
et n’a plus le droit de le verser au vendeur(2).
A l’issue de la période des oppositions, c’est-à-dire
quinze jours après la seconde publication de l’acte de
vente, la situation ne sortira pas d’être l’une de deux :
ou bien le prix est supérieur ou égal à la somme des
créances des opposants, ou bien il en est inférieur.
Lorsque le prix suffit pour payer les droits des
créanciers opposants, le vendeur peut, après un délai
de dix jours, faire cantonner les oppositions. Pour cela,
il lui faudra obtenir du président du tribunal de 1ère
instance statuant en référé l’autorisation de toucher le
prix.
Le président du tribunal ne peut accorder telle
autorisation que si le vendeur fait consigner à la caisse
de dépôt et de consignation, ou entre les mains d’un
séquestre, une somme suffisante pour régler les
créances des opposants(3).
Au cas où le prix est inférieur à la somme des droits
des créanciers opposants la possibilité de surenchère
est ouverte à ces derniers. Chacun des créanciers
opposant peut, dans les trente jours qui suivent la
dernière publication de l’acte de vente, faire une
surenchère du sixième sur le prix convenu entre
l’acheteur et le vendeur.
L’intervention du créancier surenchérisseur a lieu par
une demande adressée au tribunal, et dans laquelle il
requière la mise en vente du fonds aux enchères
publiques en offrant de porter l’enchère au sixième du
prix retenu pour les éléments incorporels.
A défaut d’enchères plus élevées que celle de
l’intervenant, il est déclaré adjudicataire.
76- Traitez du droit d’opposition et de surenchère des
créanciers en cas de vente du fonds de commerce?
Sous-section 2 :
Effets de vente du fonds

La vente du fonds de commerce produit des effets à


l’égard du vendeur et d’autres effets à l’égard de
l’acheteur. Ces effets comprennent des obligations et
des garanties.
En concluant la vente du fonds de commerce, le
commerçant s’oblige à le livrer à l’acheteur et à
garantir à ce dernier les vices cachés et l’éviction; il
supporte aussi une obligation de non concurrence vis-
à-vis de l’acheteur.
De son côté, le vendeur bénéficie d’un privilège légal
et d’une action résolutoire.
A : Obligations du vendeur

Le contrat de vente du fonds de commerce est un


contrat consensuel en ce sens qu’il produit ses effets à
dater de sa conclusion et non pas à partir du moment
de sa publication.
Ainsi la propriété du fonds se transmet à l’acheteur à
partir de la conclusion du contrat.
Sachant que le fonds est un bien incorporel, il n’est
pas besoin que l’acheteur en prenne possession pour
affirmer son droit de propriété à l’égard des tiers; nous
avons vu que la publicité de l’acte suffisait pour cela.
Toutefois, le transfert de propriété qui a lieu par le seul
effet de la vente ne s’applique qu’au fonds dans son
ensemble. Le transfert de la propriété de chacun des
éléments composant le fonds obéit, le cas échéant au
régime le concernant.
Par exemple, l’acheteur doit prendre possession des
éléments corporels, il doit veiller à ce que la cession
du droit au bail soit signifiée au propriétaire de
l’immeuble, et pour les brevets d’inventions, les
dessins et modèles et les marques de fabriques, il lui
faut procéder à une inscription à l’office marocain de la
propriété industrielle.
Etant tenu de l’obligation de livraison, le vendeur doit
en principe prêter son concours à l’acheteur pour
réaliser tout cela.
Après la possession effective de tous les éléments du
fonds, le vendeur peut être mis en cause s’il s’avère
que l’un des éléments est affecté d’un vice qui en
réduirait considérablement la valeur.
Il peut être mis en cause aussi si des tiers venaient à
contester les droits de l’acheteur sur le fonds pour des
raisons qui tiennent au vendeur. Le vendeur ne doit
pas chercher à évincer lui même l’acheteur après la
vente du fonds, ce qui crée pour lui une obligation de
non concurrence(1).
Cette obligation l’empêche notamment de faire quoi
que ce soit qui serait de nature à lui permettre de
reprendre son ancienne clientèle.
B : Garanties du vendeur
Les garanties du vendeur consistent en un privilège
légal et une action résolutoire.
1 - Privilège de vendeur
C’est le droit du vendeur d’être payé de sa créance du
prix avec priorité en cas de défaillance de l’acheteur. Il
obtient un rang avancé par rapport aux autres
créanciers .Le privilège doit être inscrit au greffe du
tribunal de 1ère instance ; il permet au vendeur de
faire saisir le fonds en quelque main qu’il se trouve. Il
s’éteint par le paiement intégral du prix de vente du
fonds(1).
2 - L’action résolutoire 
Au lieu de faire saisir le fonds et d’exécuter son
privilège, le vendeur qui le souhaite, peut en cas de
défaillance de l’acheteur requérir la résolution de la
vente. Il aura ainsi la possibilité de reprendre en main
son fonds de commerce, mais il lui faudra remettre à
l’acheteur ce qu’il aurait touché à titre de prix.
L’action en résolution obéit aux conditions de droit
commun et aux conditions spéciales du code de
commerce. Cette action est liée au privilège du
vendeur; elle doit être mentionnée au moment de
l’inscription de celui-ci, et elle s’éteint par son
extinction(2).
77- Quels sont les effets de la vente du fonds de
commerce à l’égard du vendeur ?

Fait par Chakib Abdelhafid


à Oujda le 03/03/2012
Table des matières

INTRODUCTION 1
Préliminaire : Définition du droit commercial 1
Chapitre I : Description du droit commercial 1
Section 1 : Objet du droit commercial 2
Sous-section 1 : Définition économique du commerce.
2
Sous-section 2 : Définition juridique du commerce 4
Section 2 : Sujets du droit commercial 6
Section 3 : Sources du droit commercial. 8
Section 4 : Etat de fait de la justice commerciale 9
Chapitre II : Etat de fait du droit commercial 10
Section 1 : Modèles de droit commercial 11
Section 2 : Sous-branches du droit commercial 14
Sous-section 1 : Droit d’entreprise 14
Sous-section 3 : Droit des affaires 15
Titre I : L’acte de commerce 15
Sous-titre I : Notion légale d’acte de commerce 15
Chapitre I : Problème de définition de l’acte de
commerce15
Section 1 : Notion juridique d’acte commercial 17
Section 2 : Précision législative. 17
Chapitre II : Définition subjective 19
Section 1 : Origine aristocratique de la définition
subjective. 19
Sous-section 2 : Inefficacité de la définition subjective.
21
Chapitre III : Définition objective23
Section 1 : Contexte de la définition objective. 23
Section 2 : Inefficacité de la définition objective. 24
Chapitre IV : Définition formaliste 26
Section 1 : Originalité de définition législative du
commerce26
Section2 : Différence entre l’activité et l’acte 28
Section 3 : Différence entre l’activité et la profession.
29
Sous-titre II : Catégories d’actes commerciaux. 31
Chapitre I : Classification traditionnelle d’actes de
commerce31
Section 1 : Les actes commerciaux par nature 32
Section 2 : Les actes commerciaux par la forme
33
Sous-section 1 : La forme d’effet de commerce 33
Sous-section 2 : Forme d’activité commerciale 34
Chapitre II : Classification nouvelle des actes de
commerce35
Section 1 : Les actes principaux36
Section 2 : Les actes de commerce par accessoire
37
Section 3 : Les actes mixtes 39
I : La mixité de l’acte civil. 40
II : La mixité de l’acte administratif. 41
Sous titre III : Les régimes commerciaux des actes.
42
Chapitre I : Le régime normal de droit commercial.
42
Section 1 : Le régime des actes du partenariat
commercial 42
Section 2 : Le régime du paiement collectif. 44
Chapitre II :Le régime composite 45
Section 1 : La preuve de l’acte mixte 46
Section 2 : La solidarité 49
Section 3 : La prescription 50
Section 4 : La compétence judiciaire 51
Section 5 : La mise en demeure 52
Section 6 :Le taux d’intérêt moratoire 53
Section 7 : La clause compromissoire 54
TITRE II : Le commerçant 54
Sous-titre I : Catégories de commerçants 55
Chapitre I : Le chef d’entreprise individuelle. 55
Section 1 :Les éléments d’entreprise 55
Section 2 : Commercialité de l’entreprise. 56
Chapitre II : l’homme d’affaires.58
Section 1 : Activité de l’homme d’affaires 58
Section 2 : Commercialité des affaires 59
Chapitre III : La personne morale 61
Section 1 : Personnalité morale 61
Sous-section 1 : Théorie de la réalité. 61
Sous-section 2 : Théorie de la fiction. 62
Section 2 : Formes des sociétés commerciales 63
Sous-section 1 : La forme de société en nom collectif
64
Sous-section 2 : La forme de société en commandite
64
Section 3 : La forme de société à responsabilité limitée
65
Section 4 : La forme de société anonyme 66
Sous-titre II : Les voies d’accès à la profession
commerciale 67
Chapitre I : L’exercice professionnel 67
Section 1 : Notion d’exercice professionnel  67
Section 2 : L’exercice professionnel effectif69
Chapitre II : L’exercice habituel 71
Section 1 : Conditions d’exercice effectif du commerce
71
Section 2 : Notion d’exercice habituel72
Sous-titre III : Les empêchements de la profession
commerciale 73
Chapitre I : L’interdiction pour cause d’âge 74
Section 1 : Le régime d’incapacité 74
Section 2 : L’aptitude à la profession 76
Chapitre II : La fonction publique 77
Section 1 : Position du problème 77
Section 2 : Nature de la fonction publique en droit
marocain 78
Section 3 : Régime de l’interdiction 80
Chapitre III : L’extranéité 82
Section 1 : Démarocanisation du commerce 82
Section 2 : Mondialisation du commerce marocain
84
Sous-titre IV : Les obligations professionnelles du
commerçant 85
Chapitre I : Les obligations d’ordre administratif.85
Section 1 : Inscription au registre du commerce 86
Section 2 : La contribution fiscale. 86
Chapitre II : Les obligations d’ordre financier et
comptable. 88
Section 1 : L’obligation financière 88
Section 2 : L’obligation comptable 89
Sous-section 1 : Le livre journal 89
Sous-section 2 :Le livre d’inventaire 90
Sous-section 3 : Le livre des copies de lettres. 90
Sous-section 4 : Les états de synthèse. 91
TITRE III : Le fonds de commerce 93
Chapitre I : Elément du fonds de commerce. 94
Section 1 : Les éléments corporels 94
Section 2 : Les éléments incorporels 95
Chapitre II : Opérations juridiques sur le fonds de
commerce100
Section 1 : Apport du fonds de commerce en société.
100
Section 2 : Location-gérance du fonds de commerce
101
Sous-section 1 : Définition de location-gérance 102
Sous-section 2 : Régime juridique de location-gérance
103
Section 3 : La vente du fonds de commerce 105
Sous-section 1 : Régime de vente du fonds 106
Sous-section 2 : Effets de vente du fonds 109

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