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Summary
This article deals with the conjugation of Lingala verbs. It presents the
different components of verbal unit in Lingala before talking, stape by stape,
about the succession of ordinary verbs in Lingala, the expression of simple
tenses in this language, the auxiliaries marking compound tenses and serial
verbs that modify the meaning of ordinary verbs in their conjugation. Here, the
author makes a clear distinction between auxiliant, auxilied and serial verbs.
He argues that a verbal syntagm may contain a maximum of six verbs. He
identifies kozala "to be", kosíla "to finish", kobanda "to start", kotíkala "to
stay" and kozela "to wait" as the 5 main auxiliaries in Lingala. He also retains
three serial verbs in this language, namely: kosí(la) "to finish", kolinga "to
want", komeka "to try".
2
Introduction
Langue bantoue du groupe C30 bangui-ntomba (Cf. Guthrie 1948, Bastin 1978),
le lingala est une langue commerciale née entre Makandza et Mbandaka du
contact entre les langues congolaises de la zone C et les langues coloniales
(portugais, anglais et français). Hulstaert G (1989) pense qu’il est principalement
issu du bobangi, la langue principale des trafiquants à travers la région à la fin du
XIVème siècle.
Le lingala est une importante véhiculaire transfrontalière jouissant du statut de
langue nationale en République du Congo et en RDC (Kouarata et Louango
2007). Utilisé comme langue d’instruction en RDC, le lingala connait une forte
expansion. Il s’est bien diffusé à travers le monde par le biais de la musique
congolaise et du commerce international. La carte qui suit délimite la zone
d’expression du lingala.
Aujourd’hui, cette langue est enseignée tant dans des classes d’alphabétisation
que dans des universités en Afrique (RDC, Congo, Rwanda…) et en occident
(Université de Gent).
On distingue plusieurs dialectes1 et niveaux de langue lingala. Dans cette étude,
nous nous basons sur le lingala de la chanson congolaise des années 1980- 1990,
donc le lingala courant parlé à Kinshasa et Brazzaville.
1. Méthodologie
Cette étude se situe dans le cadre de la morphologie et la syntaxe synchronique
du lingala. Ici, nous nous basons non seulement sur notre compétence de
locuteur, mais aussi et surtout sur des chansons de Luambo Makiadi, de
Rochereau Tabuley et des bantus de la capitale.
1
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lingala#Dialectes
4
Exemples 1
2
a. kotángisa « faire lire » ko -táng- is- a
PREF-RAD- EX-FIN
b. komíbomisa « se faire tuer » ko- mí -bom- is- a
PREF-PREF-RAD-EX-FIN
c. komíbomisela « se faire faire tuer » ko- mí -bom- is- el-a
PREF-PREF-RAD-EX-FIN
Par préfixes verbaux, il faut entendre tout morphème ou tout composant verbal
qui se place avant le radical verbal. Dans cette série, nous avons les marqueurs de
sujet, d’objet et du futur (FUT) simple.
2
Comme on peut déjà le constater au vu des exemples ci-dessus, en lingala, les verbes à l’infinitif
commencent par ko- et se terminent par -a
5
animé vs inanimé. Le tableau qui suit présente les différents préfixes marqueurs
de sujet en lingala.
Sujet Préfixe
Outre le changement de ton3, ces préfixes sont invariables quel que soit le temps
ou le mode de conjugaison. Même en cas de double préfixation, ils se placent
toujours en début de verbe.
En lingala courant, l’objet est indiqué soit par un pronom personnel, soit par un
préfixe objectal5 (-N-, -ko-, -mo-, -to-, -bo-, -ba-) qui se place entre le marqueur
de sujet et le radical verbal. Dans des cas de triple préfixation, il se place
immédiatement avant le radical, donc en troisième position.
Exemples 3 a. akotosálisa6 « il nous aidera » a- ko - to -sál- is- a
SG3-FUT-PL1-travailler-CAUS-FIN
L’usage des préfixes objectaux se fait de plus en plus rare en lingala courant.
Seul le préfixe - mí- qui renvoie à soi-même ou qui exprime la réflexibilité (REF)
résiste et est encore régulièrement employé dans la chanson congolaise.
Exemples 4 a. koboma « tuer » ko -bom- a
INF -tuer- FIN
b. komíboma « se tuer » ko-mí-bom- a
INF-REF -tuer- FIN
c. namíboma « je vais me tuer » na -mí- bom- a
SG1-REF- tuer -FIN
d. omíboma « tu vas te tuer » o- mí- bom- a
SG2-REF-tuer- FIN
e. amíboma « il va se tuer » a -mí-bom- a
SG3-REF- tuer-FIN
De tous les temps de conjugaison que l’on trouve en lingala, le futur (FUT)
simple est le seul qui est marqué par un préfixe (-ko-). Quel que soit le nombre
de préfixes constituant l’unité verbale, ce préfixe se place immédiatement après
le marqueur de sujet, donc en deuxième position.
Exemples 5
a. akoboma « il tuera » a- ko-bom- a
SG3-FUT-tuer- FIN
3
Ces préfixes portent un ton haut quand le verbe est au subjonctif. Dans cette langue, le subjonctif est
donc marqué par le ton haut.
4
Certains chercheurs utilisent le terme d’infixe pour ces éléments. Etant donné qu’ils apparaissent avant
le radical, nous préférons parler de préfixe dans ce cas.
5
En lingala classique, ces préfixes objectaux varient selon la classe nominale de l’objet. Aussi avons-
nous respectivement les formes –mó-, -bá-, -mó-, -mí-, -lí-, -má-, -é-, -bí-, -é-, -í-, -ló- et -bó- pour les
classes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 et 14.
6
Akotosálisa Phrase extraite de la chanson religieuse (catholique) intitulée Mokonzi ngáí nayambí.
7
ou -CV-
7
Le thème verbal correspond au verbe ôté de tout préfixe.
8
8
Le futur proche exprime une action qui va se réaliser dans les instants qui suivent.
9
Le passé lointain exprime ici, une action qui s’est produite des années plus tôt.
10
Le récent exprime une action qui s’est produite moins de 24 heures avant le discours. Il correspond au
passé composé du français.
11
En lingala, le plus-que-parfait exprime une action accomplie quelques jours avant le discours et dont les
effets ne suivent plus à ce jour.
12
Le passé antérieur exprime en lingala, une action accomplie des années avant le discours et dont les
effets ne suivent plus à ce jour.
13
Comme dit plus haut, seul le futur éloigné est marqué par le préfixe -ko-
10
Telles sont les questions auxquelles nous nous proposons de répondre dans la
section 3 qui suit.
14
Du fait qu’il n’y a pas assez d’espace, nous donnons le découpage des phrases et leur glosage juste au
dessous desdites phrases.
11
Exemples 12
a. nasí nakangí « j’ai déjà fermé »
na-sí na-kang- í
SG1-ACC SG1-fermer-REC
15
Il sied de préciser ici, que le subjonctif est marqué par un ton haut sur le préfixe marquant le sujet.
16
Du fait qu’il n’y a pas assez d’espace, nous donnons le découpage des phrases et leur glosage juste au
dessous desdites phrases.
14
Exemples 13
a. namekí nákanga « j’ai essayé de fermer »
na-mek-í ná-kang-a
SG1-essayer-REC SG1.SUB-fermer-FIN
Exemples 14
a. nalukí nábénda « j’ai essayé de tirer »
na-luk-í ná-bénd-a
SG1-chercher-REC SG1.SUB-tirer-FIN
Le tableau qui suit présente les différents verbes sériels que l’on trouve en
lingala, tout en précisant ce que chacun d’eux exprime et ce qu’ils
introduisent.
Outre ces verbes sériels qui sont réduits à une fonction grammaticale, on peut
trouver des cas de succession avec flexion sur les verbes concernés dans le cadre
de la narration ou de l’énumération d’une suite d’actions menées. Dans ce cas,
tous les verbes sont conjugués au même temps, même mode et concervent leurs
sens originels.
Exemple 1517.
nakeí, nakótí, natúní, nayèbì, nalukí, nazwí, namelí pé nazóngí
na-ke-í, na-kót-í, na-tún-í, na-yèb-ì, na-luk-í, na-zu-í, na-mel-í pé na-zóng-í
SG1-aller-REC, SG1-entrer-REC, SG1-demander-REC, SG1-savoir-REC, SG1-chercher-REC,
SG1-trouver-REC, SG1-boire-REC et SG1-revenir-REC
« Je suis allé, je suis entré, j’ai demandé, j’ai su, j’ai cherché, j’ai trouvé,
j’ai bu et je suis rentré. »
Exemples 16
a. tosí tolingá tómeka kobóya kotíka kosála
to-sí to-ling-á tó-mek-a ko-bóy-a ko-tík-a ko-sál-a
PL1-avoir.déjà PL1-vouloir-PASL PL1-essayer-FIN INF-refuser-FIN INF-laisser-FIN INF-travailler-FIN
« Nous avons déjà failli essayer de refuser de cesser de travailler. »
17
Pour cet exemple 15, faute d’espace, nous donnons la transcription orthographique en première ligne, le
découpage morphologique en deuxième ligne, les gloses en troisième et quatrième ligne et la traduction
française ou la signification entre guillemets en cinquième ligne.
16
Conclusion
Au vu de ce qui précède, nous retenons que l’unité verbale, en lingala,
est constituée d’un (1), deux (2) ou trois (3) préfixes, d’un radical, d’une
(1), deux (2) ou trois (3) extensions et d’un suffixe. Les personnes de
conjugaison et les sujets sont marqués par une série de sept (7) préfixes
qui ne varient pas quel que soit le temps de conjugaison (Cf. tableau 1). A
l’exception du futur (Cf. Exemples 4), les temps simples sont marqués
par une série de cinq (5) suffixes (Cf. tableau 3). Le radical verbal peut
porter jusqu’à trois (3) extensions qui permettent d’en modifier le sens
(tableau 2). Dans cette langue, les temps composés sont marqués par une
série de six (6) auxiliaires (Cf. tableau 4). On y distingue quatre (4)
verbes sériels dont trois (3) introduisent le subjonctif et un (1) marque
l’accompli (Cf. tableau 5).
Dans un syntagme verbal, on peut trouver au maximum six (6) verbes
dont trois (3) à l’infinitif (Cf. exemples 16). A travers cette étude, nous
estimons avoir apporté une importante contribution à connaissance du
verbe, de la conjugaison et des auxiliaires en lingala.
Références