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Le scandale de la création de Déserts, le 2 décembre 1954 à Paris, le révéla pour une nouvelle génération de
compositeurs classiques (dont Iannis Xenakis et Bruno Maderna) et populaires (comme Frank Zappa) qui
reconnurent en lui, bien plus qu'un « précurseur », un modèle à suivre et l'un des grands innovateurs du
e
XX siècle avec Stravinsky, Henry Cowell, Bela Bartok et Anton Webern.
Les idées de Varèse sur les rapports entre musique et cinéma, très en avance sur les goûts et les habitudes de
son temps, sont aujourd'hui appliquées jusque dans le domaine des séries télévisées.
Sommaire
1 Biographie
1.1 Enfance et formation
1.2 De la Schola Cantorum au Conservatoire
1.3 Quatre rencontres décisives
1.3.1 Debussy
1.3.2 Busoni
1.3.3 Karl Muck et Richard Strauss
1.3.4 Romain Rolland
1.4 En Amérique
1.4.1 Composition d'Amériques
1.4.2 Création de l'International Composers' Guild
1.4.3 Le scandale d'Hyperprism
1.5 Retour en France
1.5.1 Créations et scandales parisiens
1.5.2 Ionisation
1.6 Retour en Amérique
1.6.1 Ecuatorial
1.6.2 Étude pour Espace : Un long silence…
1.7 Déserts et la gloire
1.7.1 Composition de Déserts et retour en France
1.7.2 Le scandale de la création de Déserts
1.7.3 Entretiens avec Edgar Varèse (Georges Charbonnier)
1.7.4 Le Poème électronique
1.8 Dans la nuit
1.8.1 Reconnaissance internationale
1.8.2 Nocturnal
1.8.3 La mort
2 Œuvres
3 Esthétique
4 Postérité
5 Bibliographie
5.1 Écrits d'Edgar Varèse
5.2 Ouvrages généraux
5.3 Monographies
6 Cinéma
7 Notes et références
8 Liens externes
Biographie
Enfance et formation
Debussy
Busoni
Romain Rolland
Il passa ses premières années aux États-Unis à rencontrer les principaux acteurs de la musique américaine,
promouvant sa vision de nouveaux instruments de musique électronique, dirigeant des orchestres, et créant
le New Symphony Orchestra, qui eut une existence éphémère. C'est à peu près à cette période que Varèse
commença à travailller sur Amériques, qui fut achevée en 1921. Dans cette œuvre Varèse est
particulièrement attentif à donner corps à la matière sonore protéiforme : il transforme des masses sonores en
couleurs timbrales, jeux d’interactions réciproques déliés de l’emprise d’un système. Il lui fallait pour cela
intégrer de nouveaux concepts de sonorité qui transforment les paramètres classiques de la musique en
catégories plus larges, donc en « champs ».
2
C’est après l'achèvement de cette œuvre que Varèse fonda l’International Composers' Guild , (Association
Internationale des Compositeurs), dédiée à l’interprétation de nouvelles œuvres de compositeurs américains
et européens, et pour laquelle il composa nombre de ses pièces pour instruments d’orchestre et voix, comme
Offrandes en 1922, Hyperprism en 1923, Octandre en 1924, et Intégrales en 1925.
Composition d'Amériques
Le scandale d'Hyperprism
Retour en France
Ionisation
En 1928, Varèse retourna à Paris pour modifier certaines parties d’Amériques en y incluant les ondes
Martenot qui venaient d’y être inventées. Il composa en 1931 sa plus célèbre œuvre non électronique
intitulée Ionisation. On présente souvent Ionisation comme la première pièce écrite pour percussions
uniquement : ceci est une erreur insidieusement installée et entretenue par Varèse lui-même (cf. Alejo
Carpentier). Si on fait abstraction d'un « Interlude » écrit par Chostakovitch pour l’opéra Le Nez ainsi que
Ritmica V (1929) d’Amadeo Roldán, la première œuvre pour percussions seules de la musique savante
occidentale est un extrait du ballet Ogelala de Schulhoff: la danse du crâne datant de 1925. Bien qu’écrite
pour des instruments existants, Ionisation fut conçue comme une recherche de nouveaux sons et de
nouvelles méthodes pour les créer. En 1933, alors que Varèse était toujours à Paris, il écrivit à la Fondation
Guggenheim et aux Laboratoires Bell dans l’espoir d’obtenir des fonds pour développer un studio de
musique électronique. Sa composition suivante, Ecuatorial, terminée en 1934, contenait des parties pour
thérémines, et Varèse, anticipant une réponse favorable à sa demande de fonds, retourna aux États-Unis pour
y créer sa musique électronique.
Retour en Amérique
Ecuatorial
Varèse écrivit Ecuatorial pour deux thérémines, voix de basse, vents et percussions au début des années
1930. Il fut créé le 15 avril 1934, sous la direction de Nicolas Slonimsky. Puis Varèse quitta New York, où il
avait vécu depuis 1915, et se rendit à Santa Fe, San Francisco et Los Angeles. Lorsque Varèse revint en
1938, Léon Theremin était rentré en Russie. Ceci désespéra Varèse, qui avait espéré travailler avec
Theremin à une amélioration de l’instrument. Varèse avait aussi présenté le thérémine lors de ses voyages
dans l’est, et en avait fait une démonstration le 12 novembre 1936 lors d’une conférence à l’université du
nouveau Mexique à Albuquerque.
Lorsque vers la fin des années 1950, Varèse fut contacté par un éditeur pour publier Ecuatorial, il ne restait
que très peu de thérémines, et il décida donc de réécrire ces parties pour ondes Martenot. Cette nouvelle
version fut créée en 1961.
Déserts et la gloire
À Paris, Varèse enregistra une série de huit entretiens avec Georges Charbonnier, qui les présenta aux
3
auditeurs de la RTF du 5 mars eu 30 avril 1955 . Selon Odile Vivier, « ces émissions présentèrent un Varèse
si vivant que ses amis insistèrent pour qu'on les publie, mais il refusa, souhaitant les reprendre, les
approfondir ». Une transcription écrite fut publiée, en effet, cinq ans après la mort du compositeur, mais il
lui manque le mordant de l'enregistrement original avec « sa voix chaleureuse, véhémente, à l'image de
l'homme » 3.
Ces entretiens eurent une grande importance pour la diffusion des idées de Varèse auprès d'un large public
d'auditeurs. Les sujets abordés par Varèse et Charbonnier étaient les suivants :
Le scandale de la création de Déserts, ce qui permit au compositeur de donner une leçon aux spectateurs
du concert du 2 décembre 1954, mais aussi de revenir sur son parcours professionnel en Allemagne, en
Amérique et en France,
Varèse - le spectateur
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Auditeurs et critiques, où Varèse met encore en perspective les prétentions des milieux musicaux parisiens,
dans un contexte d'ouverture internationale, et le manque de compétence de certains critiques
professionnels,
L'auditeur et la musique,
La musique percutante, où est abordée la question de l'abandon des instruments à cordes et de l'orchestre
dans la musique moderne, et l'intérêt présenté par les percussions et la technique de l'enregistrement,
L'aide au créateur, où le compositeur souligne l'importance du mécénat musical, en particulier pour les
pouvoirs politiques,
Opéra, Image et musique, où Varèse évoque ses projets d'œuvres scéniques, et la possibilité de réaliser un
film sur Déserts.
Dans un grand compte-rendu historique de l'opéra, Varèse ne manque pas de rendre hommage au « colosse »
Monteverdi :
Varèse - Monteverdi
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Varèse - Wagner
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Les deux derniers sujets sont l'objet d'une lecture plutôt que d'un entretien — plus techniques, plus difficiles,
mais auxquels Varèse tenait particulièrement :
Physique et musique, où sont évoquées les possibilités offertes aux compositeurs en termes d'acoustique,
Son organisé - Art-science, idée fondamentale de Varèse qui n'oubliait pas l'importance de la musique dans
le Quadrivium des philosophes du Moyen Âge. Il conclut, non sans élégance, avec un autre de ses « mots
d'ordre » : « Le dernier mot est : Imagination. »
Le Poème électronique
En 1958, le Concret PH (Parabole - Hyperbole) de Iannis Xenakis, courte pièce de deux minutes, servit
d’interlude pendant le concert au pavillon Philips de l’exposition universelle de Bruxelles : il préparait les
auditeurs au Poème électronique d’Edgard Varèse. L’espace sonore redistribué jouait alors un rôle bien plus
important qu’un simple médium, qu’un support de l’œuvre : il y accède au rang de paramètre de la
composition. Varèse avait appelé de ses vœux une telle intégration ; dès Hyperprism (1923) il parvenait à
créer une musique qui intègre la composante spatiale pour une nouvelle dimension de la représentation, pour
une musique spatialisée.
Dans la nuit
Reconnaissance internationale
Nocturnal
Œuvres
Un grand sommeil noir (1906), sur un poème de Paul Verlaine, pour soprano
et piano (une version orchestrale a été réalisée par Antony Beaumont)
Amériques (1921), pour grand orchestre.
Offrandes (1921), pour soprano et orchestre de chambre.
Edgar Varèse dans les années Hyperprism (1922-23), pour percussions et vents.
1960. Octandre (1923), pour octuor à vent et cordes (flûte, hautbois, clarinette,
basson, cor, trompette, trombone et contrebasse)
Intégrales (1924-25), pour petit orchestre et percussions.
Arcana (1926-27), pour grand orchestre.
Ionisation (1931), pour 13 percussionnistes. Au moins 2 versions pour 6 percussionnistes en ont été
proposées. La première par Georges Van Gucht pour Les Percussions de Strasbourg, du vivant de Varèse
qui a donné son accord et la deuxième, en 2002 par Georges Bœuf pour 'Symblêma' dont le directeur
(Frédéric Daumas) a écrit (08.07.03) :"Cette dernière version est également pour 6 percussionnistes. Elle
respecte scrupuleusement la partition originale et a été conçue de manière à conserver la spatialisation du
son de la version à 13.
Ecuatorial (1934), pour chœur, 4 trompettes, 4 trombones, piano, orgue, deux ondes Martenot et
percussions.
Densité 21,5 (1936), pour flûte seule.
Tuning Up (1947), pour orchestre (reconstruction et édition Chou Wen-chung, 1998)
Dance for Burgess (1949) pour orchestre.
Déserts (1954), pour instruments à vent, percussions et bande magnétique.
Poème électronique, pour bande magnétique (1958).
Nocturnal (1959-61) pour soprano, chœur et orchestre (inachevé).
Nuit sur un poème de Henri Michaux, pour soprano, vents, contrebasse et percussions (inachevé).
Esthétique
Varèse avait posé assez tôt les jalons d'une nouvelle éthique de la recherche musicale. Il voulait que la
rigueur de la recherche maintînt une fermeté artistique déliée de tout a priori théorique. On cite souvent son
propos, devenu fameux parce que visionnaire, qui à lui seul récapitule l’état de quête dans lequel sont
plongés depuis lors les compositeurs :
« Music, which should be alive and vibrating, needs new means of expression and science alone can infuse it
with youthful sap... I dream of instruments obedient to thought and which, supported by a flowering of
undreamed timbres, will lend themselves to any combination I choose to impose and will submit to the
exigencies of my inner rhythm. »
« La musique, qui doit vivre et vibrer, a besoin de nouveaux moyens d'expression, et la science seule peut lui
infuser une sève adolescente... Je rêve d'instruments obéissant à la pensée et qui, avec l’apport d’une
floraison de timbres insoupçonnés, se prêtent aux combinaisons qu’il me plaira de leur imposer et se plient à
l’exigence de mon rythme intérieur. »
Postérité
Edgard Varèse a eu une influence certaine sur plusieurs groupes pop-rock américains des années 1960
4
(Grateful Dead, Jefferson Airplane, Soft Machine) et plus particulièrement sur la musique de Frank Zappa .
Celui-ci découvre Ionisation alors qu'il était encore adolescent. Il apprécie tellement l'œuvre de Varèse, qu'il
considère comme le « plus grand compositeur vivant », que l'année de ses seize ans il téléphone au
compositeur, vivant alors à New York pour lui exprimer son admiration 5.
Bibliographie
Ouvrages généraux
(en) Barry Miles, Zappa, Grove Press, 2004, 464 p. (ISBN 9780802117830), p. 25-26
(en) Henry Miller, The Air-Conditioned Nightmare, New York, New Directions, 1945 (ISBN 0-8112-0106-6)
(en) Nicolas Slonimsky, Perfect Pitch, New York, Oxford University Press, 1988, 263 p.
(ISBN 0-19-315155-3)
(en) Nicolas Slonimsky, Lexicon of musical invective, New York, W.W.Norton & Company, 1953, 325 p.
(ISBN 0-393-32009-X)
Monographies
Fernand Ouellette, Edgard Varèse, Paris, Seghers, 1966, 337 p. (ISBN 2-267-00810-6)
Hilda Jolivet, Varèse, Ed. Hachette (1973)
Odile Vivier, Varèse, Paris, Seuil, coll. « solfèges », 1987 (ISBN 2-02-000254-X)
Alejo Carpentier, Varèse vivant, Paris, Le Nouveau Commerce, 1980
Felix Meyer et Heidy Zimmermann, Edgard Varèse, composer, sound sculptor, visionary, Boydell Press /
Paul Sacher Foundation / Musée Tinguely, 508 pages abondamment illustrées (2006)
Cinéma
À noter l'unique apparition d'Edgard Varèse au cinéma, dans le film muet américain Docteur Jekyll et M.
Hyde de John S. Robertson (1920, avec John Barrymore dans le rôle-titre), où il tient un petit rôle de policier
qui ne figure pas au générique.
Notes et références
1. Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 10/5639/1883, état civil complet tel qu’il figure sur
l’acte : Edgard Victor Achille Charles Varese (consulté le 2 janvier 2013)
2. Marc Honegger, Dictionnaire de la musique : Tome 2, Les Hommes et leurs œuvres. L-Z, Bordas, 1979, 1232 p.
(ISBN 2-04-010726-6), p. 1137
3. Odile Vivier, p. 158.
4. Barry Miles, p. 25-26
5. Barry Miles, p. 36
Liens externes
Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel (http://viaf.org/viaf/59271121) •
International Standard Name Identifier (http://isni-url.oclc.nl/isni/0000000121351342) •
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Gemeinsame Normdatei (http://d-nb.info/gnd/118626116) •
Bibliothèque nationale de la Diète (http://id.ndl.go.jp/auth/ndlna/01058438) •
WorldCat (http://www.worldcat.org/identities/lccn-n-50-44963)
(fr) Varèse et le "Thereminvox" (http://sonhors.free.fr/panorama/sonhors3.htm)
(fr) Edgard Varèse (http://brahms.ircam.fr/composers/composer/3262) sur le site de l'Ircam
(fr) Extraits d’archives sonores d’œuvres de Edgard Varèse
(http://www.musiquecontemporaine.fr/fr/search?
disp=all&query=Edgard+Var%C3%A8se&exp_inl=on&exp_aud=on&so=ta), sur
ContemporaryMusicOnline (portail de la musique contemporaine).