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Introduction

Apparu au XIXe siècle, le réalisme est un courant littéraire visant à dépeindre avec la plus
grande exactitude la réalité des rapports sociaux, ainsi que l’influence de l’argent, de l’ambition et
l’apparence. Une des figures les plus représentatives de ce mouvement est Gustave Flaubert, comme
en témoigne Madame Bovary.
Publié en 1857, ce roman, condamné pour outrage aux bonnes moeurs, nous présente les
errances d'Emma Bovary, mariée à un officier de santé, dont le sentimentalisme exacerbé et les rêves
de grandeur la pousseront à plusieurs reprises à l’adultère, puis par désespoir, au suicide.
L’extrait proposé ici, situé au sixième chapitre de la première partie de l’oeuvre, est une
réminiscence des années de couvent d’Emma, où cette dernière se remémore ses lectures de
prédilection, ainsi que les héros et héroïnes qui ont nourri son imaginaire.
Comment la description des lectures d’Emma permet-elle au lecteur d’en apprendre plus sur
ses fantasmes et sur sa vision de l’amour?
Flaubert présente ici de manière ironique la vision de l’amour courtois à travers l’idéalisation
des Chevaliers, avant de railler le romantisme moyenâgeux de l’auteur Walter Scott, pour finir avec
une présentation des figures historiques ayant nourri les rêves de la jeune fille.

I La Description Ironique de l’Amour Courtois

- énumération de termes du même lexique: « amours », « amants », « amantes »: insiste sur


l’importance de l’amour dans ce type d’oeuvre. Paronomase: accentue l’importance excessive
accordée à l’amour
- registre pathétique: «  dames persécutées s’évanouissant  »: l’auteur se moque de la
représentation des femmes.
- champ lexical de la violence: «  tue  » «  crève  », + parallélisme: montre l’invraisemblance
des péripéties: c’est une fausse terreur qui est inspirée aux jeunes filles
- «  forêts sombres, troubles du coeur  »: métaphore des tourments des jeunes filles à la
puberté => serments, sanglots, larmes et baiser: exagération des émotions
- accumulation des clichés de l’amour courtois: « nacelle au clair de lune, rossignols dans les
bosquets »: Flaubert les présente comme des illusions
- descriptions des chevaliers, présentés par « messieurs » en italique: accentue leur dimension
de fantasme. Antithèse+parallélisme+Comparaisons: accentue le caractère frictionnel des
chevaliers, impossibles à trouver dans la vraie vie. Le PVG «  vertueux comme on ne l’est pas  »
accentue cette idée.
- « qui pleurent comme des urnes »: cette comparaison révèle ‘ironie de Flaubert à l’égard
de l’amour courtois, et établit une rupture qui s’oppose aux descriptions précédentes.
- métaphore péjorative: « Emma se graissa donc les mains à cette poussière »: cela montre
que la jeune fille a perdu son temps à idéaliser les hommes comme des Chevaliers

II La Satire du Romantisme Moyenâgeux

-« Walter Scott »: écrivain anglais romantique, ayant connu un grand succès avec le roman
historique Ivanhoé => symbolise le rejet du Romantisme par Flaubert.
- « elle s’éprit de choses historiques »: symbolise le côté niais et naïf d’Emma
- champ lexical du moyen-âge: poursuit la description du premier mouvement
- « châtelaines au long corsage »: idéal féminin auquel s’identifie Emma
- « vieux manoir » + « trèfle des ogives »: description du château: métaphore de la prison, où
la jeune fille attend son preux chevalier
- «  le coude sur la pierre et le menton sur la main  »: description du mouvement figé:
assimilation des jeunes filles à des statues: caractère statique
- « cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir »: archétype du preux chevalier,
avec opposition entre les couleurs du blanc et du noir: symbolise l’appréhension d’une jeune fille
devant un homme. Ici, Flaubert tourne en ridicule l’idéal de l’amour courtois qui avait connu un
renouveau avec le roman de Walter Scott.

III Les Figures Historiques de l’Imaginaire d’Emma

- Accumulation de femmes illustres de l’Histoire, qui constituent des «  vénérations


enthousiastes »: hyperbole montrant l’admiration éperdue d’Emma pour ces femmes:
- toutes ces femmes ont en commun une fin tragique ou une réputation sulfureuse:
fin tragique, femmes martyres => cela augure la fin tragique de Mme Bovary: assimilation entre ces
femmes et l’héroïne du roman
- «  comme des comètes sur l’immensité ténébreuse de l’histoire  » métaphore au registre
lyrique qui montre à quel point ces femmes sont un repère, une référence pour Emma
- Accumulation de figures masculines, « sans aucun rapport entre eux »: ceci est une nouvelle
critique de l’auteur envers son héroïne, qui mélange toutes les sources, sans discernement.
Figures masculines: Rois ou des Chevaliers: constituent un aboutissement du fantasme d’Emma: le
chevalier idéalisé est devenu roi.
- « le souvenir des assiettes peintes où Louis XIV était vanté »: confère une qualité d’idole au
Roi-Soleil, accentuant le ridicule de la réflexion d’Emma

Conclusion
- Synthèse
- Dans la suite de l’histoire, le premier amant d’Emma, Rodolphe, sera une personnification du
fantasme du preux Chevalier, vivant dans un domaine, montant à cheval, apparement noble,
ténébreux et fougueux. Cependant , la réalité viendra prouver à Emma que cela reste un idéal,
impossible à atteindre dans la vie réelle.

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