années 1950. Il se définit comme « un partenariat commercial dont l’objectif est de promouvoir
l’équité dans le commerce mondial [et] qui contribue au développement durable en offrant de
meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs
marginalisés ».
Afin de coordonner les différentes initiatives, des structures de mise en réseau ont été créées dans
les quatre coins du monde. Au niveau international, l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable
(OMCE ou WFTO) en 1989, puis l’organisme de labellisation Fairtrade International en 1997
marquent une certaine progression de la filière équitable et des idées qu’elle véhicule. En France, on
peut citer la création de l’association Minga en 1999 qui regroupe citoyens et structures
professionnelles.
Si elle a nettement gagné en notoriété depuis ses débuts, cette alternative économique reste
cependant très minoritaire au sein des pratiques commerciales internationales. D’autant plus que
son image est parfois récupérée par des acteurs économiques peu scrupuleux qui n’ont de but que
de faire un maximum de profits, méprisant ainsi les principes fondateurs de la philosophie équitable.
En effet, les prix fixés au niveau mondial pour les matières premières et les produits agricoles sont
extrêmement bas et fluctuants, donc ils ne permettent pas aux producteurs de ces pays d’avoir un
revenu décent au regard du travail fourni. Ils sont finalement imposés par les grands opérateurs –
multinationales ou spéculateurs – pour s’assurer une grande marge de bénéfices.
Voici un exemple assez parlant : entre 1999 et 2001, le prix du café au Pérou a chuté de 50% alors
que celui d’un paquet de grains moulus n’a pas changé en Europe. Dès lors, les petits producteurs
locaux se sont trouvés contraints de vivre dans des conditions de sous-développement inadmissibles.
Sachant que 75% de la production mondiale de café est consommée par les pays importateurs, on
devine que la chute des prix dans les pays exportateurs n’a d’intérêt que pour les grandes
multinationales.
De manière plus générale, les échanges entre le Nord et le Sud sont complètement inégalitaires. Le
commerce équitable appelle donc à rééquilibrer ces rapports commerciaux, en permettant
notamment aux pays en développement de mettre en place des réseaux de ventes locaux. De cette
façon, plutôt que de consacrer leur activité à satisfaire les habitudes de consommation des pays
occidentaux, ils pourraient assurer leur propre souveraineté alimentaire, économique et politique.
L’une des premières conditions d’un échange équitable est celle de la fixation d’un juste prix qui
correspond au travail effectué et à la qualité du produit, permettant au producteur et à sa famille de
vivre dignement. Il doit non seulement couvrir les coûts de production, mais aussi assurer de bonnes
conditions sociales et sécuritaires aux travailleurs. Cela inclut le principe d’égalité entre les sexes,
ainsi que le strict encadrement de la participation des enfants au travail de production afin de veiller
à leur bien-être, à leur condition éducative et à leur besoin de jouer, conformément aux droits de
l’enfant.
Les producteurs doivent avoir une certaine autonomie et, pour instaurer une relation de confiance, il
est nécessaire de respecter un principe de transparence sur la fixation des prix et les conditions de
production, mais également un principe de traçabilité des produits pour les consommateurs. Prenons
l’exemple du chocolat : dans le système classique, le cacao est difficilement traçable en raison du
nombre d’intermédiaires entre la plantation et la consommation finale. Ce circuit gigantesque, s’il est
économiquement profitable pour certains, pose des problèmes à la fois sociaux et
environnementaux.
Aussi, dans la logique équitable, il est primordial de réduire ce type de circuit afin permettre une
réelle transparence et de favoriser une économie sociale et solidaire plus en phase avec les valeurs
démocratiques, tant pour les producteurs locaux que pour les consommateurs.
Une régulation du commerce international par la prise en compte de ses effets sur les conditions
sociales et écologiques serait fortement souhaitable, mais pour le moment les instruments juridiques
en ce sens sont quasi-inexistants. Nous l’avons vu, il existe tout de même de nombreuses
organisations œuvrant à cet objectif. Le label Symbole des Petits Producteurs (SPP) par exemple, dont
les normes sont définies par les producteurs eux-mêmes, certifie les produits qui respectent ces
exigences.
Elles sont loin d’être majoritaires dans les étals, mais elles permettent d’aiguiller les consommateurs
qui souhaiteraient acheter des produits équitables. Car ces derniers ont un rôle important à jouer
malgré l’inertie du droit international : en identifiant les labels qui sont le plus en accord avec leurs
convictions, ils peuvent soutenir directement des initiatives et donc contribuer à leur
développement.
Choisir des produits agricoles – café, chocolat, maca, sucre, maté – cultivés en harmonie avec la
préservation de l’environnement, sans pour autant négliger le pendant social de la production,
permet d’amorcer les rouages vertueux d’un commerce plus équitable, et ce quel que soit le
comportement des grands opérateurs du système marchand conventionnel.