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Denis Branque
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Jacques Monnet
Gaiatech, 22 rue Antoine Chollier, 38170, Seyssinet, France, monnet.jacques@wanadoo.fr
Saïd Taïbi
LOMC CNRS UMR 6294, Université Le Havre Normandie, Le Havre, France
RÉSUMÉ : Les ouvrages en terre sont compactés à l'optimum Proctor avec un degré de saturation entre 80 et 98% et nécessitent le
développement d’un modèle théorique capable de simuler les chemins de séchage et d’humidification. L’approche proposée est une
modélisation physique des sols non saturés. La forme de la courbe de rétention est alors une conséquence des hypothèses physiques.
L’approche se base sur un modèle d’assemblage de particules sphériques. Elle détermine le volume unitaire du ménisque en
humidification et les diamètres de bulle en percolation et en nucléation au séchage. Un modèle de sol uniforme est présenté. Son
utilisation est étendue aux sols à granulométrie étalée. Le modèle utilise 7 paramètres physiques. Le résultat du modèle est comparé à
la courbe de rétention expérimentale d’un sol à granulométrie étalée, le limon de Livet-Gavet.
ABSTRACT: Earthwork constructions are compacted to Proctor optimum with a degree of saturation between 80 to 98% and require
the development of a theoretical model able to simulate the drying and wetting paths. The proposed approach is a physical modeling
of unsaturated soils. The shape of the retention curve is then a consequence of the physical assumptions. The study uses an assembly
model of spherical particles.. It determines the unit volume of the meniscus wetting and bubble diameters percolation nucleation at
drying. A uniform soil model is presented and its use is extended to large size distribution particles soils. The model uses 7 physical
parameters. It is compared to the experimental retention curve of one soil with wide particle size distribution, the Livet-Gavet silt.
MOTS CLEFS: Courbe de rétention, Modèle, Granulométrie étalée, Limon
1. INTRODUCTION - en considérant l’organisation des particules sphériques de
sol en agencement élastique avec la présence de ménisques aux
Les ouvrages en terre sont compactés dans un état proche de points de contact en humidification ou de bulles en percolation.
l'optimum Proctor avec un degré de saturation entre 80 à 98% et Il n'y a alors pas nécessaire de choisir à priori des formes
un sol non saturé. Pour obtenir une estimation précise de l'état particulières des courbes de rétention, qui sont une conséquence
final de densité du sol, il est nécessaire de modéliser le des hypothèses physiques. Un modèle uniforme (Monnet et a.,
compactage du sol le long d'un trajet de mouillage et de séchage. 2017) a été construit avec un seul diamètre de particules du sol.
De plus, lorsque l’ouvrage de terrassement est achevé, il Cet article développe l'utilisation du modèle aux sols à
supporte des cycles de séchage et d’humidification liés à granulométrie étalée en prenant en compte l’effet
l'action du climat. Ces contraintes hydromécaniques nécessitent d’enchevêtrement des particules de diamètre différent avec la
le développement d’un modèle théorique capable de simuler les théorie de De Larrard (1999), de l’eau adsorbée proposé par
chemins de séchage et d’humidification du sol dans la relation Frydman et Baker (2009), de la présence d’un front de
degré de saturation, indice des vides, succion. L’objectif de la saturation séparant les particules fines saturées des particules
recherche est de développer un modèle théorique représentant plus grosses non saturées, de la surface spécifique des grains
correctement la réalité et dont les paramètres soient accessibles (Santamarina et al., 2002). Le modèle utilise seulement 8
à partir des essais courants de géotechnique de telle façon que la paramètres physiques (Table 1) et des hypothèses physiques
prise en compte de la succion puisse être faite dans les calculs simples. Le résultat du modèle est comparé à la courbe de
des ouvrages en terre par les bureaux d’études. rétention expérimentale du limon de Livet-Gavet (2m-2mm).
Il existe plusieurs façons de modéliser les courbes de
rétention et l’effet du cycle : 2. EXPRESSION DE LA COURBE DE RETENTION
- par des corrélations expérimentales. Cette approche a eu THEORIQUE POUR LE SOL NON-SATURE
beaucoup de succès avec les modèles de Brooks et Corey
(1964), de Van Genuchen (1980) pour les courbes monotones et 2.1. Hypothèses
de Pasha et al. (2016) pour les cycles
- par la modélisation physique de l’écoulement de l’eau De nombreux auteurs (Salager, 2007) ont mentionné l'existence
dans les capillaires des sols non saturés en bidimensionnel avec de quatre zones de saturation, chacune avec un comportement
des capillaires cylindriques (Li et Wardlaw, 1986; Mason at distinct. Cette organisation est reprise dans la conception de
Morrow, 1991), ou des capillaires de section triangulaire notre modèle, en grande partie basé sur les travaux de
(Tuller et al. ,1999). Boutonnier (2007) :
- en considérant la courbe granulométrique comme une - Domaine D1 : s ≥ sair et Sr ≤ Srair et uw≤0 : La phase gazeuse e
donnée entrante globale de la modélisation (Chin et al. , 2010 ; ) st continue dans le sol. Cet état donne une succion s plus élevée
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Proceedings of the 19th International Conference on Soil Mechanics and Geotechnical Engineering, Seoul 2017
que la succion d’entrée d'air sair et un degré de saturation Sr plus calcul du volume du ménisque est réalisé avec une hypothèse de
faible que le degré de saturation d'entrée d'air Srair rotation autour de l'axe horizontal passant par le centre des deux
- Domaine D2 : s ≤ sair et Srair ≤ Sr ≤ Sre et uw≤0: Dans ce domai particules (Fig. 2) et une symétrie horizontale par rapport au
ne, l'air ne peut plus circuler librement. L'air est occlus dans le plan CE de contact des particules. Le volume du ménisque
sol en contact avec les particules. Le degré de saturation est inf (éq.(4) est défini en fonction du volume du tronc de cône (éq.(5),
érieur au degré de saturation pour une succion nulle Sre. La succ le volume de l'air (éq.(6) et le volume des particules (éq. (7).
ion augmente les forces de contact intergranulaire. La pression Le volume du ménisque a été simulé par un modèle Solid-
de l'eau interstitielle est négative works® permettant le calcul du volume du ménisque, et de le
- Domaine D3 : Sre < Sr < 1 et uw >0 : L'air est occlus dans l'éch comparer avec la valeur analytique du ménisque (éq.(4). La
antillon de sol. Il est constitué de bulles d'air indépendantes du comparaison montre que les relations analytiques permettent de
squelette. Les forces capillaires sont sans effet sur les forces de retrouver le volume du ménisque du modèle Solidworks®.
contact entre les particules du sol. Le domaine D3 correspond à 2. (4)
des pressions interstitielles positives avec un degré de saturatio 1
n inférieur à 1. . . . . (5)
3
- Domaine D4 : Sr = 1 et uw >0 : L'air est dissout dans l'eau. Le (6)
sol est saturé. La limite entre les domaines D3 et D4 correspond . . . 2. . /3
à une pression interstitielle positive et un degré de saturation 1 (7)
. . . 1 . 2 . 3.
égal à 1. 3 2 2
. 1⁄ 1⁄ (1)
α 2. . 1 (2)
(3) Figure 3: Arrangement Octaédrique; e = 0,470; 8 contacts; 8 ménisq
. . 2. . . ues
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Technical Committee 106 / Comité technique 106
Pour le chemin d’humidification, le modèle considère des Le modèle théorique est organisé du diamètre le plus grand au
ménisques indépendants à chaque contact dont les rayons plus petit avec n diamètres différents Di pour les particules du
augmentent avec la teneur en eau. Lorsque les ménisques se sol. Le symbole C est la compacité qui correspond au volume
rejoignent en coalescence, on suppose que la succion reste solide de l'échantillon de sol. Elle est reliée à la porosité
inchangée. On passe alors du domaine D1 au D2. (éq.(14). La compacité relative de la classe i est noté Ci (éq.(14).
Sur le chemin de séchage pour un sol à granulométrie étalée, Ri correspond au refus relatif en volume sur le tamis de
on considère que la nucléation ne se produit pas, les petites diamètre Di (éq.(15). Pour une densité unique pour tous les
particules prenant la place disponible dans les espaces. agrégats, ce terme est le refus massique.
Pour un mélange de 3 parties, si la classe 2 est dominan
2.5. Influence de l’eau adsorbée te, ses grains sont soumis à un effet de décompactage exerc
ée par les petits grains de classe 3 et par un effet de paroi lié aux
Le modèle suppose qu’une couche d’eau adsorbée d’épaisseur
gros grains de classe 1. Dans ce cas, la compacité du mélange
ha se positionne à la surface Sa des grains. La teneur en eau
est donnée par (éq.(16). La densité relative à la masse volumiq
correspondante est donnée par (éq.(8). La succion s (en kPa)
est donnée par la relation (éq.(9) de Frydman et Baker (2009). ue des grains correspond au coefficient i (éq.(17).
La surface spécifique des grains est déterminée par la relation ⁄ 1 (14)
(éq.(10) de Santamarina et al. (2002) avec Av le nombre
d’Avogadro et AMB (1.3.10-18m²/molécule) la surface couverte R C C M M (15)
par une molécule de Bleu.
1 1 . . 1 1
. . (8) (16)
10 ⁄ . ⁄ (9)
1 .
0,01. ⁄ 319.87 . . (10)
⁄ (17)
. 1⁄ 1 . (18)
(19)
1 1 . (20)
(21)
⁄ . . .
⁄ . / (22)
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Proceedings of the 19th International Conference on Soil Mechanics and Geotechnical Engineering, Seoul 2017
4. CONCLUSION
Une nouvelle théorie est présentée pour la courbe de rétention
du sol le long des chemins de séchage et de mouillage. Elle
explique la différence entre ces deux chemins par la saturation
des particules de sol avec des ménisques d'eau au mouillage et
par l'apparition de bulles d'air qui percolent au séchage..
Ce nouveau modèle utilise seulement 8 paramètres
physiques constants (minéralogie, indice des vides, courbe
granulométrique, angle de mouillage, tension superficielle de
l'eau, épaisseur de l'eau adsorbée, la valeur de bleu de
méthylène, degré de saturation pour une succion nulle) qui
peuvent être facilement définis et ne nécessitent pas de
paramètres mathématiques. Ce modèle détermine la courbe de
rétention pour les sols peu plastiques. Il est économique car il
n’utilise que des tests géotechniques de routine. Il permet un
accès rapide aux résultats après environ 15 minutes de calcul.
Ce modèle sera étendu aux argiles plastiques à très plastiques.
Figure 5: Comparaison expérience théorie Livet-Gavet; pour 25 coups
de dame Proctor, e=0,477 et 0,531; c=0° séchagec=5 ° mouillage
5. REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient l'ANR pour son soutien au projet
TerreDurable par le contrat VILD 00401 du programme ANR
Bâtiments et Villes Durables
6. REFERENCES
Brooks R., Corey A. (1964) Hydraulic properties of porous media.
Hydro. pap. n°3, Civ. Eng. Dept. Colorado State Univ. Fort Collins.
Boutonnier, L. (2007). Comportement hydromécanique des sols fins
proches de la saturation. Cas des ouvrages en terre : coefficient B,
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INPG Grenoble, 2007
Chin K.B., Leong E.C., Rahardjo H. (2010). A simplified method to
estimate the soil-water characteristic curve, Can. Geotech J., 47,
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De Larrard, F. (1999). Structure granulaire et formulation des bétons,
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Frydman S., Baker R. (2009) Theoretical Soil-Water Characteristic
Figure 6: Comparaison du diamètre théorique des pores et des résultats Curves based on Adsorption, Cavitation and a Double porosity
de porosimétrie au mercure - Sable-Limoneux de Livet Gavet, e= 0.482 model, Int. Journal of Geomech., ASCE, Nov.-Dec., p.250-257
Li Y., Wardlaw N.C.(1986) Mechanisms of nonwetting phase trapping
Table 1 : Les 8 paramètres physiques du calcul (w) en during imbibition at slow rates, J. Coll. Interf. Sci., ,109, 476-486.
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limon ting liquid in irregular triangular tubes, J. Colloid Interface
s p Ep c Tc VBS ha Sre Sci., ,141(1), 262-274
10-5 cm3/ Monnet J. , Boutonnier L. (2012) Calibration of an unsaturated Air-
kN/m3 GPa deg. kN/m 100g nm Water-Soil model, Arch. of Civil and Mech. Eng., 12, 493-499.
27 0.2 96 0d 7.28 0.43 0.6 0.91 Monnet J., Boutonnier L., Mahmutovic D., Taibi S. (2017), A
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Pasha A.Y, Khoshghalb A., Khalili N. (2016) A void ratio dependant
3. RESULTATS water retention curve model including hydraulic hysteresis, E-
UNSAT, Paris
La simulation de l'expérience sur un limon de Livet-Gavet est Salager, S. (2007). Etude de la rétention d’eau et de la consolidation des
sols dans un cadre thermo-hydro-mécanique, Thèse Univ. Sc. et
faite pour un chemin de drainage et d'humidification. Tech. Languedoc.
L'échantillon est constitué des grains compris entre 2m-2mm. Santamarina, Klein, Wang, Prencke (2002) Spécific surface: détermina-
Seule la partie inférieure à 80m est prise en compte dans le tion and relevance, Can. Geot. Journal, 39, 233-241
calcul. Le poids volumique du sol sec est de 18,1kN/m3 (e = Taibi S. (1994), Comportement mécanique et hydraulique des sols
0,531). Le calcul permet de déterminer le volume relatif des soumis à une pression interstitielle négative – étude expérimentale
vides (éq. (22) et de le comparer à la courbe de porosimétrie au et modélisation, Thèse Ecole Centrale Paris
mercure (Fig. 6). Les principaux diamètres de pore sont bien Tuller M., OR D., Dudley L.M.(1999) Adsorption capillary condensa-
retrouvés avec un écart maximum de 4m. La comparaison est tion in porous media liquid retention and interfacial configurations,
faite aussi pour la relation entre la succion et le degré de Wat. Resourc. Res, 35(7), 1949-1964.
Van Genuchen (1980), -A closed form equation for predicting the
saturation (Fig.5). Les paramètres du modèle théorique sont hydraulic conductivity of unsaturated soils, Soil Scienc.Soc. Am. J.,
indiqués (Tab.1). Le nouveau modèle est proche mais inférieur Vol.44, p.892-898
à l'expérience sur le chemin de séchage. La différence entre la
nouvelle théorie et l'expérience à 50% de saturation est de
l'ordre de 140kPa sur le chemin de mouillage et de 570kPa au
séchage.
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