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Octobre 2010 - n°182

Version française

RACINES
&
TUBERCULES
http://passionfruit.cirad.fr

Tomate d’hiver 2010-11 :


2e partie de campagne bien chargée

Evaluation des impacts environnementaux :


éviter la crise de confiance

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The taste of Morocco

Cherry
Tomatoes
You will just love them
... and ask for more !

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Que les temps sont durs pour les opérateurs intermédiaires européens de la
filière fruits et légumes frais ! Réunis mi-septembre en conclave annuel à Palma de Mallorca,
ils ont évalué les dégâts de la mondialisation et du modernisme sur leur métier. Un peu dépités, un peu
masochistes, ils ont arpenté leur filière qui s’est transformée, au fil des ans, en véritable chemin de croix :
explosion des normes de distributeurs, législation phytosanitaire restrictive, promotion des circuits alterna-
tifs de distribution, baisse de la valeur et de la consommation, dénonciation des pratiques par les ONG,
etc. Le ton du communiqué de presse, préparé par leur organisation professionnelle, laisse penser que les
plaies sont ouvertes et que le temps n’est pas encore à la cicatrisation face à une gangrène galopante : la
mise en cause de l’utilité du maillon intermédiaire. Certes, les « à quoi sert-il ? » ou pire « il ne fait que
consommer de la marge sans créer de valeur ajoutée » sont d’un grand classi-
© Guy Bréhinier

que. Plus grave, le « vive le retour du lien entre producteur et consommateur »


est une image d’Epinal qui commence à s’ancrer dans les consciences. Exit
donc les marges et les parasites. C’est beau, c’est éthique et c’est, cerise sur
le gâteau, sans doute écologique. Que demander de plus ! La vie est tellement
simple et le fleuve si tranquille.
Petit retour sur terre : le consommateur, qui est dans son immense majorité
urbain, exige le zéro défaut tant sanitaire que qualitatif ainsi qu’une offre
diversifiée au prix le plus bas possible. Pour ce faire, il se repose en toute
inconscience sur le commerce et ses opérateurs. Mince ! C’est certes moins
noble mais par contre très efficace. Ainsi son alimentation ne viendra jamais du
jardin de son voisin. Evidence que, heureusement, le consommateur moyen et
citadin n’aura pas à reconnaître… d’ailleurs connaît-il seulement son voisin ?
Denis Loeillet

Editeur
Cirad
TA B-26/PS4
S ommaire
En direct des marchés
34398 Montpellier cedex 5
France p. 2 SEPTEMBRE 2010
Tél : 33 (0) 4 67 61 71 41 • Avocat : Coup de vent sur les avocats en Nouvelle-Zélande — Variété du mois :
Fax : 33 (0) 4 67 61 59 28
Email : odm@cirad.fr
l’Ettinger — Saison avocat d’été 2010 en Europe : un bilan positif, malgré des
http://passionfruit.cirad.fr volumes très soutenus.
Directeur de publication • Banane : Les Etats-Unis, très loin devant — Marché mondial : des lendemains
Hubert de Bon difficiles — Le 19e cyclone de la saison s’abat sur la bananeraie de St Vincent.
Directeurs de la rédaction
Denis Loeillet et Eric Imbert
• Agrumes (orange, petits agrumes et pomelo) : Retour à une récolte d’agrumes
moyenne en Espagne — Un site web grand public pour prévenir la propagation
Rédactrice en chef du greening et du chancre citrique aux Etats-Unis — Variété du mois : la
Catherine Sanchez
Naveline — Les portes du marché japonais s’ouvrent aux pomelos de Turquie et
Infographie à ceux des zones d’Australie non indemnes de mouche des fruits — Bientôt la fin
Martine Duportal
des cartons d’emballage ?
Iconographie
Régis Domergue • Exotiques : Le Kenya en visite à Rungis — Prévision de campagne 2010-11 du
litchi de Madagascar : une production tardive.
Site internet
Unité multimédia (Cirad) • Fret maritime & vie de la filière : Un nouveau directeur général pour
Chef de publicité AGREXCO Limited — Catherine Guichard, déléguée générale du Coleacp, est la
Eric Imbert nouvelle Présidente du Forum Européen de la Recherche Agricole pour le
Abonnements
Développement — Dur dur pour l’ananas ! — « La saga de la banane — Vers
Christian Clouet des filières durables et équitables ».
Traducteur Le point sur...
Simon Barnard
p. 13 • Tomate d’hiver
Imprimeur
Pure Impression Une deuxième partie de campagne 2010-11 bien chargée !
Rue de la Mourre Cécilia Céleyrette
Espace Com. Fréjorgues Est p. 16
34130 Mauguio, France • Evaluation des impacts environnementaux
Deux versions
Objectif : éviter la crise de confiance
française et anglaise Denis Loeillet
ISSN Dossier du mois proposé par Samir-David Ayata
Français : 1256-544X
Anglais : 1256-5458 p. 20 RACINES & TUBERCULES
CPPAP • Racines et tubercules exotiques : un marché ethnique de poids
Français : 0711 E 88281 • Fiche produit : igname
Anglais : 0711 R 88282
• Fiche produit : manioc
© Copyright Cirad • Fiche produit : patate douce
Tarif abonnement annuel • Fiche produit : taro (eddoe, dasheen, macabo)
210 euros HT • Caractéristiques générales
11 numéros par an • Maladies et ravageurs
• Transformation après-récolte
Prix de gros en Europe
p. 51 SEPTEMBRE 2010
Crédit photo couverture : Guy Bréhinier

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n°182 Octobre 2010 1


En direct des marchés

Avocat
Septembre 2010
Le marché du Hass s’est progressivement Avocat — Nouvelle-Zélande — Exportations par destination
allégé, après une période de fort approvi- Tonnes 2002-03 2003-04 2004-05 2005-06 2006-07 2007-08 2008-09 2009-10
sionnement en août. Pourtant, les apports Total 6 153 5 505 6 092 14 389 4 186 13 257 7 721 12 707
sud-africains, péruviens et le complément Australie 4 665 4 958 5 542 12 989 3 904 9 066 6 976 10 764
Japon 204 328 278 957 144 1 174 550 1 247
d’offre kenyan ont été nettement supé-
Etats-Unis 1 192 117 131 61 0 2 603 2 257
rieurs à la moyenne. Cependant, la cam- Singapour 13 5 13 121 100 83 72 250
pagne chilienne a démarré très progressi- Corée du Sud 39 56 95 116 15 165 68 101
vement et tardivement, les premiers volu- Autres 40 41 33 145 23 166 53 88
mes soutenus ayant été réceptionnés Source : douanes néo-zélandaises
seulement en fin de mois en raison de la
faiblesse de la récolte. En conséquence,
l’approvisionnement global a été sensible- Coup de vent sur les avocats Saison avocat d’été
ment déficitaire, notamment durant la en Nouvelle-Zélande. La tour- 2010 en Europe : un

ier
réhin
deuxième quinzaine. Ainsi, le mouvement mente qui a touché mi-septembre la bilan positif, malgré

uy B
de remontée des cours amorcé mi-août baie de Plenty, région septentrionale des volumes très

©G
s’est poursuivi durant la majeure partie du de l’île du Nord où se concentre envi-
ron 60 % du verger, a provoqué la soutenus. L’appro-
mois. Le ralentissement de la demande
lié au niveau élevé atteint par les prix de perte d’environ 10 % de la récolte. visionnement du
détail a conduit à une stabilisation fin Les volumes attendus, déjà modérés marché communau-
septembre. Le marché des variétés ver- en raison d’une alternance négative taire durant la saison
tes, toujours faiblement alimenté, est de production, sont estimés à 3 mil- d’été 2010 a vraisemblable-
resté satisfaisant. lions de colis de 5.5 kg, soit 16 500 t ment égalé le niveau record de
contre environ 22 000 t en 2009-10 et 110 000 t établi en 2008. Si l’on en
18 600 t en moyenne ces quatre der- croit les statistiques professionnelles,
Avocat - France - Prix im port les exportateurs péruviens auraient
nières années. Cette baisse aura des
2.8 répercussions sur l’approvisionne- signé leur plus grosse campagne de
ment du marché local et sur l’export, tous les temps, avec des envois vers
2.4 l’UE de 13.5 millions de colis de 4 kg,
2.0
orienté à 85-90 % vers l’Australie.
contre 11.5 à 12.5 millions de colis
euro/kg

1.6 Source : ReeferTrends les deux saisons précédentes. La


1.2 campagne sud-africaine figurerait elle
0.8 Variété du mois : l’Ettinger. aussi parmi les plus larges, avec des
C’est une variété issue du Fuerte et envois dépassant vraisemblablement
0.4
sélectionnée en Israël à Kefar Malal. les 12 millions de colis, alors qu’ils se
0.0 situaient entre 9 et 12 millions ces
Elle est principalement cultivée dans
O N D J F M A M J J A S ce pays. L’arbre est très fertile, vigou- quatre dernières saisons. Seul le
09/10 08/09 07/08 reux et à port érigé. Les fruits sont Kenya régresserait légèrement avec
similaires à ceux du Fuerte. L’épi- environ 3 millions de colis, contre 5
derme, vert brillant, fin et plus ou millions en 2009. Pour autant, le
Par rapport à moins lisse, est sujet aux problèmes marché s’est particulièrement bien
Prix moyen
moyenne des tenu, grâce à un bon étalement des
P Variétés mensuel de taches de liège
2 dernières volumes et aux actions de promotion
R euros/colis
années
et tend à coller à
mises en place tant par le Pérou
I la pulpe. Celle-ci
(Royaume-Uni, France) que par
X Vertes 5.00-5.50 -4% est fondante et
sans fibres et l’Afrique du Sud. Le prix moyen de
Hass 7.50-8.00 + 27 % présente de campagne calculé par notre observa-
bonnes quali- toire affiche, avec 6.25 euros/colis
tés organo- toutes variétés confondues, un ni-
V Comparaison
leptiques. veau équivalent à la moyenne des
O Variétés mois
moyenne des quatre dernières années.
L précédent
2 dernières
Source : CIRAD
U années Sources : professionnelles, CIRAD
M Vertes
E
= +3%
S Hass = -8%

Comparaison Cumul /
moyenne
Origines moyenne des Observations cumul des
mois
2 dernières 2 dernières
précédent
V années années
O
L Apports soutenus, en particulier en Hass, notamment par rapport à la saison
U
Afr. du Sud = + 60 %
dernière qui avait été écourtée.
+5%
M Net déclin des apports en Hass en début de mois, mais volumes demeurant
E Pérou + 16 %
supérieurs à la moyenne.
+ 21 %
S
Démarrage beaucoup plus tardif et beaucoup plus progressif qu’en 2009 en
Chili - 75 % - 75 %
raison d’une récolte limitée (gel et alternance négative de production).
Pic d’apports. Volumes nettement supérieurs à ceux des saisons
Kenya = + 73 %
précédentes en Hass, mais demeurant modérés.
+ 13 %

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2 Octobre 2010 n°182


En direct des marchés

Banane
Septembre 2010
Le mouvement d’amélioration du marché Banane : les Etats-Unis, Marché mondial de la banane :
ressenti durant la deuxième quinzaine très loin devant. La consomma- des lendemains difficiles. La sai-
d’août s’est interrompu dès début sep- tion américaine de banane son des cyclones est quasiment ter-
tembre. Si la demande s’est montrée confirme son rebond : sur les minée et, sur la vingtaine qui ont
plutôt lente en France du fait de la prolon- huit premiers mois de 2010, elle traversé l’océan Atlantique, aucun
gation des saisons de fruits concurrents a pris 20 % ! Les importations n’a ravagé les grandes origines qui
et de marges de distributeurs élevées, les ont augmenté de 16 % et les approvisionnent le marché mon-
ventes ont été d’un très bon niveau dans réexportations (essentiellement dial. Pourtant, les opérateurs n’ont
certains grands pays de consommation vers le Canada) ont baissé de pas été épargnés. En cause, la
comme l’Allemagne. Les arrivages des 8 %. Le Guatemala, 1er four- conjoncture économique bananière :
origines dollar ont poursuivi la progres- nisseur, revient à son meilleur la demande en Europe est molle, l’of-
sion entamée en août et ont été particu- niveau, près de 780 000 tonnes. fre au plus haut et le marché chaoti-
lièrement soutenus. Les exportateurs Même tendance pour le Costa Rica que. Les indicateurs avancés que sont
costariciens, qui disposaient d’un poten- qui, après une année 2009 en nette les prix import sur les marchés polonais
tiel moyen, ont privilégié le marché améri- baisse (effets de dégâts climatiques et russe montrent un marché très dépri-
cain. A l’inverse, les arbitrages équato- majeurs), dépasse à nouveau le mé. Mi-octobre, on signalait un ni-
riens ont été favorables au marché com- demi-million de tonnes. La veau de 7 euros/carton en Pologne
munautaire, malgré un potentiel export Colombie est stable à et de 9 USD/carton en Russie (CIF
modéré du fait d’une météo défavorable. 300 000 tonnes. D’une ma- St Petersburg). Les producteurs
De plus, la production colombienne a nière générale, on peut d’ores d’Equateur parlent, sans y croire
culminé à un niveau historiquement haut, et déjà annoncer une année vraiment, de se mettre en grève. On
20 % au dessus de la moyenne. Par ail- 2010 record. Le contraste est cite un prix d’achat bord champ de
leurs, les apports des autres origines ont saisissant avec l’UE-27 où les l’ordre de 2 USD/carton, loin, très loin
également été extrêmement lourds. Les importations sont stables (+ 1 %). A du prix minimum garanti de 5.4 USD/
volumes martiniquais et guadeloupéens y regarder de plus près, cette atonie carton. La Banque centrale du Guate-
ont été très supérieurs à ceux des années cache des tendances divergentes par mala peste contre la baisse des revenus
précédentes, marquant le retour de la type d’origine. Les fournisseurs dollar bananiers (- 20 % sur le 1er semestre).
production à une saisonnalité normale (NPF) perdent quelques volumes (- Le Costa Rica annonce la fermeture de
après trois années atypiques en raison du 23 000 tonnes) alors que les ACP plantations qui ne seraient pas renta-
cyclone de 2007. La hausse saisonnière font un bond de 10 % ! La Républi- bles. Les producteurs français affichent
africaine, qui s’est poursuivie jusqu’à la que dominicaine s’installe à la des revenus en baisse de 25 à 30 %.
fin du mois, a été plus marquée que les 1ère place des fournisseurs avec Ceux des Canaries exigent une aide
autres années. Enfin, les volumes du 205 000 tonnes mises en marché au transport maritime. Les produc-
Surinam ont également été très lourds sur huit mois. L’Afrique n’est pas teurs africains dénoncent l’augmenta-
tout comme ceux des Canaries, malgré la en reste avec la Côte d’Ivoire en tion des coûts intermédiaires et la
mise en place d’un contingentement dès forte croissance (+ 11 %) ainsi baisse du prix de vente. La réunion
le début du mois. Les cours ont commen- que le Ghana (+ 50 %). En Amé- de l’Acorbat, qui aura lieu du 8 au 12
cé à fléchir dans toute l’Europe à partir du rique du Sud, le Surinam (+ 29 novembre à Medellin (Colombie),
milieu du mois, d’autant que les marchés %) est toujours en plein dévelop- sera le bon moment pour le secteur
d’Europe de l’Est n’ont pas pu jouer le pement. Les Petites Antilles (Ste de la banane de faire une introspection
rôle d’amortisseur en raison d’arrivages Lucie, St Vincent et la Dominique) et peut-être de se rappeler qu’un autre
directs. Le prix moyen mensuel européen glissent dangereusement. monde bananier était possible...
affiche néanmoins un niveau supérieur à
la moyenne malgré l’importance des volu- Source : CIRAD Source : CIRAD
mes réceptionnés. Banane - Janvier à août 2010 (provisoire)
Ecart
en tonnes 2007 2008 2009 2010
2010/2009
Importations par l'UE-27 3 116 687 3 243 934 2 996 983 3 033 915 +1%
EUROPE — PRIX IMPORT ALDI
NPF 2 541 657 2 664 591 2 373 907 2 350 649 -1%
Septembre Comparaison ACP Caraïbes & autres 287 771 233 969 288 778 324 032 + 12 %
2010 moyenne des
mois ACP Afrique 287 260 345 374 334 297 359 234 +7%
2 dernières
euro/colis précédent Importations par les Etats-Unis 2 406 382 2 343 289 2 036 424 2 446 136 + 20 %
années
Sources : USDA, EUROSTAT
13.05 +8% +7%

Europe - Prix im port Aldi (GlobalGap) EUROPE — PRIX DETAIL


14.8 Septembre 2010 Comparaison
13.3 14.5 15.9 moyenne des
14.2 13.3 Pays Septembre
12.5 13.1 type euro/kg 3 dernières
E 12.1 2009
euro/colis

U années
R France normal 1.40 + 13 % +5%
O promotion 1.15 +7% +3%
P Allemagne normal 1.12 +1% 0%
E discount 0.96 +3% +3%
UK (en £/kg) conditionné 1.23 0% + 10 %
J F M A M J J A S O N D vrac 0.77 - 15 % -5%
Espagne plátano 1.71 -1% -4%
2010 2009 2008
banano 1.41 -2% -4%
Photos © Régis Domergue

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n°182 Octobre 2010 3


ON RECONNAî T
LES FRUITS
DE QUALITÉ À
LEUR COURONNE

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En direct des marchés

Banane
Etats-Unis - Prix vert (spot) Le 19e cyclone de la saison
15.5 s’abat sur la bananeraie de St
E 15.2 15.0 16.7 Vincent. Il a fallu attendre l’un des
T 14.8 15.3 17.2 tout derniers cyclones de la saison
15.915.3
A pour avoir des dégâts significatifs sur
T
USD/colis

la bananeraie de l’arc caraïbe. Le


S
cyclone Tomas est passé entre St
U Vincent et Ste Lucie à la toute fin du
N mois d’octobre 2010. Les vents ont
I également été soutenus en Martini-
S que. Selon notre partenaire Reefer-
J F M A M J J A S O N D Trends, près de 1 000 hectares de
2010 2009 2008 bananeraie ont été détruits à St Vin-
cent, pour un dommage estimé à 25
millions de USD. On y déplore aussi
USA — PRIX IMPORT des morts et des dégâts importants
Septembre Comparaison aux infrastructures qui, selon les
2010 moyenne des autorités locales, pourraient s’élever
mois
2 dernières
USD/colis précédent
années
Banane - Exports vers l'UE
15.31 -4% +5%
au total entre 300 et 400 millions de
300 USD. C’est un nouveau coup dur,
notamment pour le secteur bananier
Russie - Prix vert à St Vincent. Cette origine était déjà
250 sur une pente descendante en ter-
15.3 17.0 16.3 mes de volumes exportés de ba-
15.8 nane, avec seulement 8 000 tonnes
USD/colis

R
11.7
15.3 200 en 2009, soit la moitié du chiffre de
U 10.8
2006. Il faut remonter au début de
S 10.3
000 tonnes

8.4 l’OCM Banane, en 1993, pour trouver


S
I un volume export conséquent de
150
E 58 000 tonnes. On redoute que St
Vincent suive les pas de la Jamaïque
qui semble avoir définitivement aban-
100
J F M A M J J A S O N D donné le marché de la banane export
2010 2009 2008
et ceci depuis 2008. Sur les huit pre-
miers mois de l’année 2010, les ex-
50 portations de St Vincent se sont éle-
RUSSIE — PRIX IMPORT vées à 2 900 tonnes, contre 4 500
Septembre Comparaison tonnes sur la même période de 2009.
moyenne des 0 A l’heure du bouclage du numéro, on
2010 mois
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009

2 dernières ne connaît pas l’étendue des dégâts


USD/colis précédent
années à Ste Lucie et à la Martinique. Le
11.71 +8% +4% cyclone Tomas se dirige actuelle-
Ste Lucie Martinique ment sur Haïti et la République domi-
St Vincent Rép. dom.
nicaine.
Espagne - Prix vert platano* Sources : EUROSTAT, CIRAD Sources : ReeferTrends, CIRAD

C
A 15.2 15.4 15.4
euro/colis

N 12.1 14.5
A 11.1 11.6 12.7
9.5
R
I EUROPE — VOLUMES IMPORTES — SEPTEMBRE 2010
E
S Comparaison
Origine cumul 2010 par
J F M A M J J A S O N D Août 2010 Septembre 2009
rapport à 2009
2010 2009 2008 Antilles + 11 % +7%
Cameroun/Ghana -2% +6%
CANARIES — PRIX IMPORT* Surinam + 62 % + 29 %
Septembre Comparaison Canaries + 11 % + 11 %
2010 moyenne des Dollar : + 13 % +2%
mois
2 dernières
euros/cois précédent Equateur + 17 % +2%
années
Colombie* + 17 % +1%
12.74 - 17 % - 25 % Costa Rica +1 % +2%
* équivalent colis 18.5 kg * total toutes destinations
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n°182 Octobre 2010 5


En direct des marchés

Orange
Septembre 2010
Le marché est resté très satisfaisant mal- Variété du Retour à une récolte
gré une certaine fragilisation. L’approvi- mois : la d’agrumes moyenne en
sionnement en orange à jus s’est élargi, Naveline. Espagne. La remontée de la pro-
notamment en raison du pic d’apports de Cette orange à des- duction espagnole d’agrumes ne
l’Afrique du Sud. Malgré un déclin pré- sert, de forme ronde à sera pas aussi forte qu’attendu. Le
coce de la saison argentine, les volumes ovale, est surmontée phénomène physiologique d’alter-
globaux réceptionnés ont été nettement d’un ombilic très dé- nance de production a joué favora-
supérieurs à ceux de 2009, tout en res- veloppé. La peau, blement, mais les conditions météo-
tant inférieurs à la moyenne biennale. Par d’une texture granu- rologiques ont elles été défavorables
ailleurs, les stocks étaient pratiquement leuse, est peu durant la période cruciale de la
vides en début de mois. Ainsi, face à une épaisse et assez bien nouaison et l’été s’est montré particu-
demande relativement molle mais de colorée. La chair est lièrement sec. Ainsi, la récolte de
saison, les cours se sont seulement éro- croquante, fine et as- petits agrumes resterait inférieure
dés et ont conservé un niveau nettement sez peu juteuse. Les d’environ 5 % à la moyenne, le retour
supérieur à la moyenne. cultivars précoces à une production normale de clémen-
(Naveline) et tardifs tine de saison (Nules) étant contreba-
(Navelate, Lane Late) lancé par une récolte demeurant
qui en sont issus per- légèrement déficitaire en clémentine
mettent au groupe des précoce et en hybrides tardifs. Quoi-
Navel d’être présent que en nette progression par rapport
d’octobre à mai sur à la saison passée, la récolte d’o-
les marchés de l’hé- range demeurerait elle aussi en
misphère Nord. baisse d’environ 5 % par rapport à la
moyenne. Les volumes s’annoncent
Orange - France - Prix im port Source : CIRAD d’un bon niveau en Valencia, mais
restent plutôt déficitaires en ce qui
1.1
1.0 concerne le groupe des Navel. Le
0.9 Un site web grand public citron est le seul groupe à afficher un
0.8 niveau de production supérieur d’en-
0.7 pour prévenir la propagation
euro/kg

0.6 viron 5 % à la moyenne, notamment


0.5 du greening, du chancre citri- grâce au retour à une bonne récolte
0.4 que et du citrus blackspot aux en Verna. Le profil de calibrage est
0.3 actuellement moyen à faible pour
0.2 Etats-Unis.
0.1 « Save our citrus ». Cet appel au toutes les familles d’agrumes.
0.0
secours est aussi le nom d’un site Sources : professionnelles, Direction de l’Agriculture
O N D J F M A M J J A S web lancé par l’USDA pour sensibili- de Valencia, de Murcia et d’Andalousie
09/10 08/09 07/08 ser le grand public aux mesures à
prendre pour protéger la production
locale d’agrumes du greening et du
Prix moyen Par rapport à chancre citrique : identification des
mensuel moyenne des symptômes de ces trois maladies,
Type
P euros/colis 2 dernières risques liés au transport de fruits et
R 15 kg années de matériel végétal, etc. Tout cela en
I Orange musique puisque les internautes ont
X de table nd nd
la possibilité de surfer en écoutant
Orange une liste de titres faisant évidemment
à jus 11.50-12.00 + 21 %
tous référence aux agrumes. L’heure
est grave mais « the show must go
Comparaison on »...
V
moyenne des
O Type mois
2 dernières
L précédent saveourcitrus.org
U années
M Orange + 31 %
de table
E
S Orange -8%
à jus

Comparaison Cumul /
Variétés moyenne
par moyenne des Observations cumul des
V mois
origines 2 dernières 2 dernières
O précédent
années années
L
U Navel
M d’Afr. du Sud + 31 % Volumes déclinants et modérés, mais supérieurs à la moyenne. +9%
E
S Valencia Pic d’apports nettement supérieur à celui de 2009, mais inférieur à la
d’Afr. du Sud -9% -7%
moyenne.
Valencia Déclin précoce de la campagne en milieu de mois. Volumes inférieurs à la
d’Argentine -5% -1%
moyenne.

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6 Octobre 2010 n°182


En direct des marchés

Pomelo
Septembre 2010

© Eric Imbert
L’approvisionnement global du marché mondiaux et exporte environ 130 000
déjà modéré s’est encore allégé. D’une t par an, principalement vers l’Europe
part, le déclin de la campagne d’Afrique de l’Est. Pour autant, le goût des
du Sud s’est poursuivi et les volumes sont consommateurs japonais pour des
restés déficitaires de 20 % par rapport à pomelos très sucrés laisse penser
la normale. D’autre part, les apports des que les envois de cette origine de-
origines d’intersaison ont été modérés : vraient rester limités.
volumes du Michoacán limités, retard des
Sources : professionnelles, CIRAD
livraisons du Yucatán et de Cuba et
quasi-absence du Honduras. Dans ce
contexte, les niveaux de l’offre ont été en
phase avec la demande. Les prix ont été Bientôt la fin des cartons
fermes et supérieurs à la moyenne pour Les portes du marché d’emballage ? Un cadre plastique,
toutes les origines. japonais s’ouvrent aux deux films du même matériau et c’en
pomelos de Turquie et à ceux est fini des plateaux carton ! C’est la
La campagne israélienne a débuté préco- solution proposée par une société
des zones d’Australie non
cement en fin de mois, dans un contexte israélienne, Eco Pack, et mise en
de marché favorable. indemnes de mouche des oeuvre en Afrique du Sud par Gra-
fruits. Le Japon, deuxième marché ham Barry de XLnT Citrus company.
du pomelo au monde après l’UE, Cette innovation brevetée, réalisée
avec des volumes importés d’environ en matériaux totalement recyclables
200 000 t, n’a pas ignoré les efforts ou réutilisables, surfe sur la vague
des filières citricoles de ces deux verte. Elle permet aussi d’économiser
pays pour se conformer aux strictes de l’énergie, tant dans la phase de
Pom elo - France - Prix im port mesures de protection sanitaire en fabrication de l’emballage que dans
vigueur à ses frontières. Fin juin, la celle du transport, car les emballages
1.1 liste des régions d’Australie pouvant sont plus légers et permettent d’opti-
exporter vers ce marché s’est élargie miser le chargement avec moins de
1.0
au profit des zones non indemnes de place perdue dans les palettes. En-
0.9 mouche des fruits, sous réserve du fin, le marketing n’est pas laissé à
euro/kg

0.8 respect d’un protocole sanitaire in- l’écart car les films sont imprimables
cluant un traitement au froid. L’Aus- selon les désirs du client. Cerise sur
0.7
tralie produit environ 10 000 t de le gâteau, ou plutôt sur la palette : la
0.6 pomelo par an, principalement dans coiffe et les cornières sont aussi en
0.5 les états de Victoria et du New South matériaux recyclables.
O N D J F M A M J J A S
Wales. Ainsi, l’objectif affiché par
Judith Damiani, responsable de Ci- Source : XLnT citrus
09/10 08/09 07/08 trus Australia, est relativement mo-
deste : 4 000 t/an à moyen terme. Fin
septembre, c’était au tour des pro-
Par rapport à ducteurs turcs d’obtenir l’accès à
Prix moyen ce marché potentiellement très
moyenne des
P Type mensuel
rémunérateur. Ces derniers de-
R euros/colis 2 dernières
eq. 17 kg années vront eux aussi respecter un
I protocole très strict incluant un
X
traitement au froid, l’inspection
Pomelo d’été 16.32 + 28 % et la certification des vergers
par les autorités turques et
un contrôle in situ réalisé par
V Comparaison des contrôleurs japonais. La
O moyenne des
Turquie figure parmi les dix
L Type mois premiers pays producteurs
2 dernières
U précédent
années
M
E
S Pomelo d’été -2%

Comparaison Cumul /
moyenne
Origines Observations cumul des
V mois
moyenne des
2 dernières
O précédent
2 dernières
années
L années
U
M
E
S Afr. du Sud +6% Campagne en déclin, volumes déficitaires. -8%

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n°182 Octobre 2010 7


Dole, la différence
par la qualité et la fraîcheur

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Cour d’Alsace - Bât. C6A - 94619 Rungis Cedex France - Tél. : 01 56 34 26 26 - Fax : 01 56 34 26 99
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www.dole.fr — Dole France SAS est une société du groupe COMPAGNIE


FRUITIERE
En direct des marchés

Mangue Litchi
Septembre 2010 Septembre 2010
Septembre a été par des conditions de En septembre, le litchi d’Israël a achevé
vente assez satisfaisantes. L’essentiel de progressivement sa campagne de com-
l’approvisionnement a été assuré par le mercialisation. Son cours est resté soute-
Brésil avec des mangues Tommy Atkins et nu aux Pays-Bas, avec même un raffer-
l’Espagne avec le démarrage de la cam- missement en fin de campagne compte
pagne des Osteen. En première quinzaine tenu de l’offre réduite. Les prix enregis-
du mois, les derniers lots de Kent du Mexi- trés sur le marché belge étaient nette-
que étaient écoulés à des prix soutenus. ment inférieurs (1.50 à 2.25 euros/kg), en
Israël arrivait également en fin de campa- raison de la qualité médiocre des fruits et
gne, mais la vente de ses fruits se pour- de la faible demande pour ce produit. La
suivait jusqu’en fin de mois avec des volu- commercialisation s’achevait d’ailleurs
mes toutefois en forte régression (Keitt). plus rapidement sur ce marché. En
La reprise des expéditions du Sénégal France, les prix oscillaient entre 3.50 et
complétait la fourniture globale du mar- 4.00 euros/kg en première quinzaine du
ché. Les modifications d’approvisionne- pagne 2006-07, la plus tardive de la dé-
mois et fléchissaient ensuite autour de
ment se déroulaient de telle sorte que les cennie, le premier navire étant arrivé le 19
3.25 à 3.50 euros/kg. A partir de fin août
volumes réceptionnés restaient à un ni- décembre. L’ouverture officielle de la cam-
et jusqu’à fin septembre, quelques lots de
veau à peu près identique. Seules les pagne était intervenue le 4 décembre afin
litchi d’Espagne étaient mis en vente,
Tommy Atkins connaissaient un fléchisse- de tenir compte de la maturité des fruits
notamment sur le marché français où ils
ment de cours, du fait de leur domination mais également des élections présidentiel-
se sont écoulés entre 8.50 et 10.00 eu-
sur le marché mais également d’une cer- les. Selon les informations disponibles à
ros/kg sur les marchés de gros. Quelques
taine désaffection des acheteurs pour ce ce jour, l’ouverture de la campagne bateau
lots de la même origine ont également été
produit. Par effet inverse, les autres varié- pourrait avoir lieu vers les 28-29 novembre
ponctuellement commercialisés sur d’au-
tés profitaient d’une meilleure demande et les premiers fruits seraient livrés en
tres marchés européens à prix élevés.
favorisant le maintien de prix plus fermes Europe vers les 15-16 décembre compte
(Keitt, Osteen, Kent). Dans ce contexte, tenu des délais de chargement et d’ache-
LICHI — PRIX IMPORT SUR LE minement.
les fruits des origines sortantes (Israël, MARCHE HOLLANDAIS — en euros/kg
Sénégal) voyaient leur cours s’effriter Semaines
légèrement compte tenu de la disparité 2010
35 36 37 38 L’étude des campagnes précédentes a
qualitative des produits mis en marché. En Par bateau
amené les opérateurs malgaches à res-
fin de mois, la progression sensible des treindre une fois encore les volumes ex-
Israël 4.00 5.00 5.00-5.50 5.25
volumes expédiés par le Brésil était rapi- portés vers le marché européen, aux envi-
dement suivie d’une importante dégrada- rons de 17 000 à 18 000 tonnes, afin de
tion de leur prix de vente. Ces volumes tenter de mieux les valoriser. La campa-
pesaient sur le marché et orientaient le gne devrait démarrer par l’affrètement de
Prévision de campagne 2010-11 deux navires conventionnels de charge
prix des autres variétés vers un léger flé-
chissement. du litchi de Madagascar : une pro- identique, avant de passer à la
duction tardive. Le litchi sera quasiment phase conteneurs début 2011. La réduc-
En seconde quinzaine de septembre, les absent des marchés européens en octobre. tion totale des tonnages et l’aspect tardif
quantités livrées par l’Espagne progres- Cette rupture d’approvisionnement précède de la production devraient induire une
saient fortement, amenant un tassement le démarrage de la campagne d’exportation mise en marché à un niveau de prix sem-
généralisé des cours. En marge des Os- de l’océan Indien, qui s’annonce une nou- blable à celui de l’année dernière. Il est
teen, cette origine expédiait également velle fois compliquée du fait de l’aspect tardif vraisemblable que le premier navire ac-
quelques lots de Tommy Atkins et d’Irwin de la production dans la majorité des origi- coste dans un port méditerranéen pour
qui se valorisaient à un niveau de prix nes. Le manque de précipitations dans les faciliter la livraison rapide des fruits avant
supérieur. zones de production de Madagascar retarde les fêtes de fin d’année. Le second pour-
le grossissement des fruits. Ainsi, pour la rait être dirigé vers les Pays-Bas. Ces
Le marché de la mangue avion est resté informations restent sujettes à confirma-
seconde année consécutive, le retard de
faiblement approvisionné tout au long du
production entraînera une mise en marché tion à l’approche du démarrage effectif de
mois. Le cours des Kent du Brésil s’est
des envois par bateau proche des fêtes de la campagne, tant on sait la variabilité que
rapidement élargi, compte tenu de la dis-
fin d’année. Au vu de la croissance des peuvent apporter les aspects logistiques
parité de coloration et de maturité des
fruits, une analogie est établie avec la cam- dans cette filière. A suivre…
fruits réceptionnés. Des lots complémen-
taires de Kent d’Egypte se sont vendus
autour de 3.80-4.00 euros/kg.
MANGUE — PRIX IMPORT SUR LE MARCHE FRANCAIS — en euros
Moyenne Moyenne
MANGUE — ESTIMATIONS DES Semaines 2010 35 36 37 38 39
sept. 2010 sept. 2009
ARRIVAGES — en tonnes Par avion (kg)
Brésil Haden/Palmer 3.50-3.80 3.50-3.80 3.50-4.50 - 4.00-4.25 3.60-4.10 3.00-3.10
Semaines Brésil Kent - 4.00 3.50-4.00 3.50-4.50 4.00-4.50 3.65-4.15 3.50-3.80
35 36 37 38 39
2010
E Israël Kent 3.50-4.20 - - - - 3.50-4.20 3.25-3.70
U Israël Shelly/Kasturi 3.50-4.00 3.50-3.80 - - - 3.50-4.90 2.30-2.75
Par avion
R Par bateau (colis)
O Brésil 10-15 20-30 30-50 30-40 30-40 Brésil Tommy Atkins 4.00-4.50 4.00-5.00 3.50-5.00 3.20-4.00 3.20-3.50 3.60-4.40 4.75-5.75
P Brésil Keitt - - - 4.50-5.00 4.50-5.00 4.50-5.00 -
E Sénégal - 5 - - - Brésil Kent - 6.00-6.50 5.50-6.00 5.50-6.00 5.50-6.00 5.60-6.10 -
Mexique Kent 5.00-6.50 - - - - 5.00-6.50 -
Israël 15-20 15-20
Sénégal Kent - 5.50-6.50 5.00-6.00 4.00-5.00 4.00-5.00 4.60-5.60 4.60-5.25
Par bateau Israël Keitt 6.00-7.00 5.50-6.50 4.50-6.00 4.00-6.00 3.00-5.00 4.60-6.10 4.50-5.50
Par camion (colis)
Brésil 1 120 1 690 1 520 2 330 2 680 Espagne Osteen 8.00-11.00 8.00-9.00 7.00-9.00 7.00-8.00 6.50-8.00 7.30-9.00 6.50-8.00

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n°182 Octobre 2010 9


En direct des marchés

Ananas
Septembre 2010
Septembre a été marqué par la faiblesse Le Kenya en visite à Rungis. n’exporte pas de banane comme la
de la demande pour l’ananas. Malgré la A l’occasion de la mission commer- Côte d’Ivoire ou le Cameroun, mais
reprise de l’année scolaire, la demande ciale franco-kenyane qui s’est dérou- s’est attaché à développer ses expé-
pour le Sweet est restée très faible. Les lée du 21 au 23 septembre 2010, une ditions d’avocat (15 000 tonnes en
prix jugés encore élevés ainsi que la dis- délégation composée de personnali- 2009), qui constituent l’essentiel de
ponibilité de fruits de saison à bas prix ont tés et d’opérateurs kenyans s’est ses exportations fruitières. Mais c’est
contribué au manque d’engouement pour rendue sur le marché international de sans doute par ses envois de légu-
le fruit. L’absence d’opérations de promo- Rungis. Conduite par la ministre de mes que le pays se distingue vrai-
tion n’a pas non plus favorisé les ventes. l’Agriculture et l’ambassadrice du ment. Près de 60 % de ses exporta-
Par ailleurs, l’offre de Sweet en prove- Kenya à Paris, elle a visité le secteur tions vers l’Europe sont composées
nance d’Amérique latine était très désé- des fruits et légumes et celui des de haricot vert (35 000 tonnes en
quilibrée, avec une plus grande propor- fleurs et plantes. Ensuite, une ren- 2009), complétées par des quantités
tion de fruits de petit calibre pour lesquels contre avec les prin- moindres de pois (1 000
il n’y avait pas de demande. La forte pres- cipaux importateurs tonnes de mangetout et
sion sur les ventes de ces petits fruits a français de produits sugar snap) et de légu-
connu son point culminant au cours de la kenyans, les repré- mes asiatiques. Le
semaine 38, durant laquelle on trouvait sentants du minis- haricot kenyan est
des lots mis en vente en PAV. Bien que tère français de depuis longtemps
l’offre générale de Sweet soit restée limi- l’Agriculture et du devenu une réfé-
tée tout au long du mois, la baisse des marché de Rungis a rence sur les
cours s’est poursuivie à cause des nom- été organisée. A marchés euro-
breuses méventes de fruits de petit cali- cette occasion, l’im- péens et se
bre. portance accordée par décline par
le gouvernement ke- une gamme
L’offre en Cayenne est restée très faible nyan aux exportations de de produits
tout au long du mois. Cela lui a permis de produits frais sur le mar- tant en vrac
s’écouler plus facilement grâce à quel- ché français a été souli- que préemballés,
ques petites opérations de promotion, gnée. Le développement des éboutés ou non. Sur les
avec des cours qui sont restés relative- échanges s’avère crucial pour 35 000 tonnes annuellement
ment stables. conforter l’économie de ce pays expédiées vers l’UE, 61.5 % le sont
d’Afrique orientale de 38.6 millions à destination du marché britannique,
La situation a été plutôt bonne sur le mar- d’habitants. Au cours des discus- 17.5 % des Pays-Bas, 12.5 % de la
ché de l’ananas avion. Les ventes de sions, l’accent a été mis sur la volon- France, 5.5 % de la Belgique et
Cayenne sont restées fluides à des cours té des autorités kenyanes de favori- 2.5 % de l’Allemagne.
stables, même si quelques problèmes de ser les partenariats d’entreprises
qualité ont affecté des origines comme le pour renforcer le maillage existant. Le Kenya dispose de réels atouts
Cameroun (fruits trop verts). En revanche, pour ses productions et exportations
les ventes de Pains de sucre du Bénin Si le Kenya n’arrive qu’en quatrième vers les marchés extérieurs. La diver-
ont eu beaucoup plus de mal à se relan- position parmi les fournisseurs d’Afri- sité de ses zones pédoclimatiques
cer, les clients restant marqués par les que sub-saharienne de fruits et légu- autorise la production de produits
nombreux soucis qui ont affecté l’origine mes du marché européen, loin der- tempérés comme tropicaux. Ses
depuis juin, que ce soit la qualité hési- rière l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire infrastructures logistiques, avec des
tante ou l’offre pléthorique. Les prix sont et le Cameroun, il reste un important aéroports internationaux et le port de
donc restés fluctuants, entre 1.80 et 2.00 partenaire sur certains segments de Mombassa situés au coeur de l’Afri-
euros/kg. marché. Les importations européen- que de l’Est, lui permettent d’avoir un
nes en provenance du Kenya se rayonnement intéressant vers les
Sur le marché de l’ananas Victoria, les distinguent de celles des autres pays marchés de consommation.
ventes tout au long du mois ont été diffici- d’Afrique précédemment cités par la
Source : Pierre Gerbaud
les, malgré une offre globale assez ré- nature de ses spécialités. Le Kenya
duite. Les opérateurs ont souvent peiné à
écouler le peu de fruits mis en marché
d’une semaine à l’autre car la demande
ANANAS — PRIX IMPORT EN FRANCE — PRINCIPALES ORIGINES
était très faible.
Semaines 2010 35 36 37 38 39

Par avion (euro/kg)


Cayenne lisse Bénin 1.80-1.90 1.80-1.90 1.80-1.90 1.80-1.90 1.80-1.90
Cameroun 1.70-1.90 1.70-1.90 1.70-1.90 1.70-1.90 1.80-1.90
ANANAS — PRIX IMPORT
Ghana 1.75-1.85 1.75-1.85 1.75-1.85 1.75-1.85 1.75-1.90
Côte d’Ivoire 1.80-1.90 1.75-1.85 1.80-1.85 1.75-1.85 -
Semaines
E 35 à 39
Min Max
Victoria Réunion 3.00-3.80 3.30-3.70 3.30-3.50 3.30-3.50 3.30-3.50
U Maurice 3.00-3.50 3.00-3.30 3.00-3.30 3.00-3.30 3.00-3.30
R Par avion (euro/kg)
O Par bateau (euro/colis)
P Cayenne lisse 1.70 1.90 Cayenne lisse Côte d’Ivoire 6.00-9.00 6.00-9.00 6.00-8.00 6.00-8.00 6.00-8.00
E Victoria 3.00 3.80
Sweet Côte d’Ivoire 5.00-10.00 5.00-10.00 4.00-8.00 4.00-8.00 5.00-8.50
Par bateau (euro/colis) Cameroun 5.00-10.00 5.00-10.00 4.00-8.00 4.00-8.00 5.00-8.50
Cayenne lisse 6.00 9.00 Ghana 5.00-10.00 5.00-10.00 4.00-8.00 4.00-8.00 5.00-8.50
Sweet 4.00 10.00 Costa Rica 7.50-10.00 7.00-8.50 6.00-8.00 6.00-8.00 6.00-7.50

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10 Octobre 2010 n°182


En direct des marchés

Fret
Septembre 2010
Après un mois d'août intense, avec un Dur dur pour l’ananas ! Un nouveau directeur géné-
marché équilibré et des retours TCE bien Le secteur de l’ananas ral pour AGREXCO Limited.
au-dessus de la moyenne, le marché de frais est dépressif de- David Bondi a succédé début sep-
l'affrètement a été décevant en septem- puis des mois. Ce que tembre à M. Tirosh à la direction
bre. Il n'a pas été possible de conserver tous ont annoncé de- générale d’AGREXCO en Israël. Agé
les niveaux d'activité ni la tendance à la puis des années, ar- de 63 ans, M. Bondi exerçait aupara-
hausse malgré la reprise du commerce de rive : l’offre de Sweet vant une fonction similaire chez
volaille des Etats-Unis vers la Russie. s’est développée dans DHL Express Israël et chez Dun

© Guy Bréhinier
de très nombreux pays & Bradstreet.
L'association d'un prix de sortie assez alors que le marché
élevé en Equateur et des marchés bana- mondial a, au mieux, Source : AGREXCO
niers transatlantiques faibles ou faiblis- stagné. Et ce n’est pas
sants n'a pas encouragé la spéculation de la dernière attaque Catherine Guichard, délé-
la part des opérateurs. Au contraire, la contre les grands guée générale du Coleacp, est
majorité des volumes de fruits non- industriels du
secteur qui rendra la nouvelle Présidente du Fo-
programmés a été vendue aux opérateurs
par les multi-nationales sur une base FOB le produit plus rum Européen de la Recher-
Costa Rica et Colombie. Et bien que ceci attractif aux che Agricole pour le Dévelop-
ait contribué à réduire la pression à la yeux des pement. Elle a pour mission de
production en Amérique Centrale et en consommateurs. porter la voie du secteur de l'entre-
Amérique du Sud, rien ne s'est passé sur L’association de prise dans la recherche agricole pour
les marchés de la Méditerranée qui conti- consommateurs Consumers Interna- le développement et de dynamiser la
nuent de lutter sous le poids d'un fardeau tional qui regroupe près de 80 orga- recherche européenne pour le déve-
de banane qui semble sans solution. nisations à travers toute l’Europe, a loppement.
lancé début octobre 2010 un nou-
Le mois a été marqué par une insurrec- veau pavé dans la mare. Le repor- Source : CIRAD
tion brève de la police en Equateur, qui a tage tourné au Costa Rica, relayé par
effrayé la nation et résulté en une brève le quotidien anglais The Guardian, « La saga de la banane —
dénonce les conditions de vie des
panne de l'ordre public et la suspension Vers des filiè-
de la récolte et de l'emballage des fruits. ouvriers et des pratiques culturales
peu respectueuses de l’environne- res durables et
Septembre a également été le mois de la
transition des conditions El Niño de l'hiver ment. Il oppose à ce système tradi- équitables »,
dernier à celles fraîches et revigorantes tionnel celui du commerce équitable un ouvrage écrit
d'une Niña dans le Pacifique. Pendant un (fair trade) qui procure bonheur et par Alistair Smith,
épisode de La Niña, les alizés sont plus prospérité à ses acteurs. On regrette fondateur de Ba-
forts que d'habitude et les eaux froides le traitement manichéen du sujet. Le nana Link, asso-
qui bordent habituellement les côtes de bien et le mal sont clairement mon- ciation qui a pro-
l'Amérique du Sud s'étendent vers le mi- trés du doigt. Le message est clair et mu le commerce
lieu du Pacifique équatorial. efficace. Le risque est que le équitable et dura-
consommateur ne le comprenne que ble dans la filière
Les épisodes La Niña sont accompagnés trop bien et que ce soit l’ensemble du banane. Editions
d'une baisse de l'humidité de l'air au- secteur qui, au final, en paye les Charles Léopold
dessus des eaux océaniques plus fraî- conséquences. Mayer, 284 pages,
ches, avec comme résultat moins de pluie 21 euros.
Source : CIRAD
le long des côtes de l'Amérique du Nord
et du Sud et de l'Équateur et davantage
de pluie dans l'extrême ouest du Pacifi-
que. Si le phénomène se confirme, il
pourrait signer l'arrêt de la saison des
cyclones cette année et, plus inquiétant
pour les opérateurs de reefers, réduire la
production de bananes d'Equateur au
début de l'année prochaine.

MARCHES SPOT Grands reefers Petits reefers


US Cents / Cubft x 30 jours
US Cents / Cubft x 30 jours

Moyennes mensuelles 175 150 2010


2010 2009
150 2009 125 2008
2008
R US$cents/cubic foot Grands Petits 125 100
E x 30 jours reefers reefers 100
75
E 75
F 50 50
Septembre 2010 47 58
E
R 25 25
Septembre 2009 29 52 0 0
1 5 9 131721 25293337414549 1 5 9 131721 25293337 414549
Septembre 2008 33 46 Semaines / Source : Reefer Trends Semaines / Source : Reefer Trends

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n°182 Octobre 2010 11


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LE POINT SUR...

Tomate d’hiver
Une deuxième partie
de campagne 2010-11 bien chargée !

Un intérêt toujours progressé de 42 % par rapport veaux de prix. Pourtant, le


croissant du à 2008-09 (106 600 t), celles développement des exporta-
d’Israël de 20 % (26 048 t), tions marocaines, bien qu’un
marché européen celles de Tunisie de 80 % peu plus tardif (10 à 15 jours) a
(9 950 t) et celles du Sénégal été aussi rapide qu’en 2008-
La progression des importa- de 25 % (8 400 t). Certaines 09, avec des apports qui pla-
tions extra-communautaires origines encore peu présentes fonnaient encore à 65 t par
s’est un peu infléchie lors sur le marché européen ont semaine sur le marché de gros
de la dernière campagne, également fait une percée re- Saint-Charles (Perpignan) en
La campagne 2009- non pas en raison d’une marquée, comme la Jordanie semaine 40, mais atteignaient
moindre demande, mais qui a envoyé 6 900 t de tomate déjà 2 600 t en semaine 42 et
10 a de nouveau du fait des intempéries et sur l’UE, soit + 127 %. 6 400 t en semaine 45. Cepen-
durement éprouvé des problèmes sanitaires dant, contrairement à l’année
(Tuta absoluta), ren- précédente, le développement
les producteurs de contrés notamment par de l’offre a été freiné par la
tomate d’hiver qui les producteurs maro-
Une campagne forte présence espagnole et la
cains. Elles auraient ainsi
font face chaque atteint un total de 2009-10 parasitée ! baisse rapide des niveaux de
prix, ce qui a entraîné dès le 21
année à 454 000 t, toutes origines octobre 2009 la mise en place
confondues, une hausse La campagne 2009-10 a été
d’importants particulièrement chaotique et
de l’ETM (Equivalent Tarifaire
de 1 % seulement sur Maximum), qui s’est maintenu
désordres 2 00 8- 09 , d’ ap r ès l es émaillée de multiples diffi-
durant pratiquement tout le
climatiques chiffres provisoires des cultés, en Espagne comme au
mois de novembre. Les planta-
douanes européennes Maroc. Ainsi, septembre a été
récurrents, tions espagnoles ont en effet
(période d’octobre à marqué au Maroc par une forte
été avancées de quinze jours
favorisant encore et mai). concurrence entre les marchés
afin de permettre aux plants de
export, par ailleurs moyenne-
toujours la pression bien s’enraciner avant les
Les importations en pro- ment orientés à cette période
grands froids de l’hi-
sanitaire. Pour venance du Maroc ont de l’année (crise en fruits d’é-
reculé de 18 % (266 000 té), et le marché local où la
autant, les conjonction de la forte de-
tonnes), revenant ainsi
producteurs au niveau d’il y a trois mande en pleine période
n’abandonnent pas ans. De même, les en- de Ramadan et du déficit
vois espagnols ont été consécutif aux ravages
la lutte et testent limités du fait des intem- exercés par Tuta abso-
cette année encore péries (682 000 t, chiffres lua sur la production
provisoires des douanes estivale (plein champ)
de nouvelles européennes d’octobre à a fait grimper les ni-
stratégies, alors que mai). S’ils ont été supé-
les négociations rieurs de 12 % à ceux de
2008-09 en raison d’une Tom ate - Im portations extra UE-27
commerciales se forte présence en tout
début de campagne 500
poursuivent autour
(novembre et décembre),
de la Méditerranée ils ont quand même été 400
en vue de libéraliser inférieurs de 20 % à ceux
000 tonnes

de 2007-08. En revan- 300


les échanges. che, la moindre pression
de ces origines a permis 200
aux autres pays méditer-
ranéens de gagner de nouvel- 100
les parts de marché et de pour-
suivre voire d’accélérer leur 0
développement. Ainsi, les im-
2000-01 2002-03 2004-05 2006-07 2008-09
portations communautaires en
provenance de Turquie ont Source : douanes européennes - octobre à mai

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n°182 Octobre 2010 13


LE POINT SUR...

Tom ate - Maroc - Evolution de la Valeur Forfaitaire à l'Im portation sur le m arché européen

1.50
1.40
1.30 Prix entrée conventionnel
1.20
1.10
euros/kg

1.00 92% prix entrée


0.90
0.80
0.70 VFI 2009-10
0.60
0.50
0.40 VFI 2008-09
0.30
0.20

5 mars
16
21
26
31

10
15
20
25
30

10
15
20
25
30
4 jan
9
14
19
24
29

8
13
18
23
28
11 oct

5 nov

5 déc

3 fév
ver, qui avaient provoqué d’importantes pertes janvier, obligeant les producteurs à arracher
l’année précédente. Les températures particu- de très nombreux plants. Les volumes sont
lièrement élevées de l’automne 2009 ont en- donc demeurés réduits jusqu’à la fin de la
traîné un développement sensible de la pro- campagne, d’autant que de nouvelles pluies
duction, notamment dans la zone d’Almeria en (semaine 7) ont encore renforcé la pression
novembre. Le marché ne s’est progressive- sanitaire, le tri atteignant jusqu’à 75 % de l’of-
ment assaini qu’en décembre, avec l’arrivée fre en février, et provoqué des dégâts impor-
du froid qui a ralenti les productions marocai- tants, notamment dans l’archipel des Cana-
nes et espagnoles, et l’approche des fêtes de ries. Les cours ont donc progressé régulière-
fin d’année qui a stimulé la demande. Le mar- ment, avec une tension particulièrement mar-
ché a ensuite basculé à cause des pluies dilu- quée fin mars pour les fêtes pascales.
viennes de la semaine 52 qui ont provoqué
d’importantes inondations en Espagne comme
au Maroc. Elles ont conduit à un développe-
ment important des parasites (Botrytis, Tuta
absoluta, mildiou) qui s’est encore intensifié Nouveau décalage
avec la hausse des températures à la mi- de la production
espagnole en 2010-11
© Eric Imbert

Les producteurs espagnols ont à nouveau dû


procéder à des ajustements pour cette nou-
velle campagne et les restructurations se pour-
suivent avec la création de « super coopérati-
ves » et de partenariats avec des opérateurs
nord-européens. Le calendrier de plantation a
été décalé sur l’ensemble de la zone d’Almeria
d’environ 2 à 3 semaines afin d’éviter l’engor-
gement du début de campagne et de limiter la
pression sanitaire. Certains parasites, comme
Tuta absoluta qui a entraîné d’importants dé-
gâts ces deux dernières années, paraissent
sous contrôle. Toutefois, il semble que la pro-
duction doive actuellement faire face à une
recrudescence d’attaques de TYLCV (Tomato
Yellow Leaf Curl Virus). Causées par les fortes
chaleurs de la fin de l’été, elles auraient occa-
sionné des pertes importantes dans plusieurs
exploitations (200 ha dans la zone de Níjar) où
de 20 à 50 % de la production aurait été tou-
chés, la résistance des variétés n’étant pas
absolue. Ainsi, seulement 70 à 80 % des plan-
tations étaient réalisées fin septembre. Les
surfaces devraient globalement être stables
dans la zone d’Almeria, bien que l’on enregis-
tre encore des baisses de production dans
certaines zones (- 5 % dans la zone de Níjar),
notamment en petite segmentation au profit
des courgettes et des concombres. De même,
les surfaces sont globalement stables aux
Canaries, voire en légère baisse, mais grâce à

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14 Octobre 2010 n°182


LE POINT SUR...

Les plantations semblent cependant avoir été

© Eric Imbert
mieux échelonnées cette année.

Il ne devrait pas non plus y avoir d’évolution


pendant cette campagne en ce qui concerne le
contingent à droits nuls, même si le processus
de négociation de l’accord euro-
méditerranéen, stoppé ces derniers mois avec
le Maroc, a été officiellement relancé le 16
septembre dernier avec l'adoption du projet de
la nouvelle proposition par les commissaires
européens. Le processus devrait en effet être
assez long puisque le Conseil dispose de deux
mois pour accepter cette proposition qui sera
ensuite examinée par le parlement européen
avant de revenir devant le Conseil, sachant
que, contrairement aux précédents, cet accord
entraîne une libéralisation réciproque des
échanges. L'entrée en vigueur de l'accord
n'est d'ailleurs pas prévue avant la mi-2011 au
plus tôt.

Des accords signés


pour les autres origines,
mais des potentiels réduits

Les négociations ont toutefois repris de la


vigueur avec plusieurs pays du Bassin médi-
terranéen en fin d’année 2009. Elles ont ainsi
abouti à un accord avec l’Egypte qui prévoit la
suppression totale des droits ad valorem à
la modernisation des structures (hausse des
l’importation pour cette origine en ce qui
rendements) et aux moyens de lutte sanitaire
concerne la tomate, entre le 1er novembre et
mis en place, la production devrait être supé-
le 30 juin à compter de juin 2010, sans contin-
rieure à celle de l’an dernier, qui était en
gent et avec un prix d'entrée minimum. De
baisse de 16 % par rapport à 2008-09 en rai-
même, un accord a été entériné avec Israël
son des dégâts liés à l’invasion de l’archipel
dans le cadre de ces négociations bilatérales,
par Tuta absoluta. Les producteurs de la zone
lui permettant d’exporter 28 000 t de tomate
de Murcie espèrent également une hausse de
cerise et 5 000 t de tomates autres à droits
la production après les pertes enregistrées l’an
nuls durant toute l’année à compter du 1er
dernier, qui se sont traduites par une baisse de
janvier 2010. Le premier accord présenté par
13 % des exportations.
le Maroc dans le cadre des négociations bila-
térales fin 2009 prévoyait une augmentation
progressive du contingent marocain à droits
nuls, qui passerait de 233 000 t actuellement à
Bon potentiel attendu au Maroc, 285 000 t en 2014, y compris les contingents
mais pas de nouvel accord additionnels. Ces préférences seraient accor-
dées sur le même calendrier qu’aujourd’hui,
En revanche, on n’attend pas de réelle évolu- soit d’octobre à mai, avec un prix d’entrée
tion au Maroc. Les surfaces seraient globale- identique à celui de l’accord actuellement en
ment stables (5 000 ha dont 4 600 ha sous vigueur.
serre) pour une production estimée à 800 000
t, dont 17 % de tomate cerise. Le début de Cependant, la pression parasitaire s’est inten-
campagne a été un peu allégé suite aux fortes sifiée au Proche-Orient ces dernières semai-
chaleurs de fin août où des températures de nes, provoquant, avec les fortes chaleurs de la
plus de 45°C ont affecté les premiers bou- fin de l’été 2010, une baisse importante de la
quets. Néanmoins, le nombre de nou- production. Les premiers dégâts significatifs
veaux metteurs en marché ne cesse de pro- attribués à Tuta absoluta ont été décelés en
gresser en Europe, entraînant une forte de- janvier sous serres en Turquie, touchant au
mande sur cette origine. On attend donc de moins 25 % de la production. Sa présence a
bons volumes à partir de la deuxième moitié également été révélée très récemment en
d’octobre, mais surtout en novembre, d’autant Egypte, en Jordanie et en Irak où elle aurait
que les producteurs ont particulièrement inves- entraîné d’importants dégâts
ti dans la lutte contre la mineuse de la tomate
qui ne paraît pas avoir causé beaucoup de Cécilia Céleyrette, Infofruit
dégâts sur les productions de plein champ. c.celeyrette@infofruit.fr

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n°182 Octobre 2010 15


LE POINT SUR...

Evaluation des impacts environnementaux

Objectif : éviter la crise de confiance

I
l n’est pas nécessaire de
rappeler combien les ques-
tions environnementales façon-
ISO 14 040-44 (cf. encadré).
Par exemple, l’Ademe (Agence
de l'Environnement et de la
mariages souvent étranges et
parfois contre nature. Il est
évidemment périlleux et com-
nent de plus en plus les dis- Maîtrise de l'Energie) a retenu plexe de résumer en quelques
cours et aussi les actes. cette méthode dans le cadre lignes plus de cent présenta-
Comme on l’a souvent du projet français d’affichage tions et autant de posters.
rapporté et dénoncé environnemental des produits Nous utiliserons la métaphore
La conférence
dans nos colonnes, de grande consommation, un du verre à moitié vide et du
internationale sur certaines filières font des nombreux projets mis sur verre à moitié plein pour dé-
l’Analyse du Cycle l’objet d’une attention les rails par le Grenelle de crire nos impressions. Car si
toute particulière. Ainsi, l’environnement. Nous revien- l’approche globale prônée par
de Vie dans l’agro- les filières fruits et légu- drons dans nos prochaines l’ACV est intéressante voire
alimentaire est mes en général et celles éditions sur les enjeux et l’état indispensable, les praticiens de
d’importation en particu- d’avancement de ce dossier, cette méthode et les données
l’occasion, tous les lier sont souvent visées. hautement stratégique pour de base qui servent à calculer
deux ans, de faire Les raisons sont multi- les impacts ne sont pas irrépro-
ples : les fruits et légu- chables, loin de là…
un bilan sur les mes sont des produits
méthodes d’analyse frais basiques de notre
et les études alimentation, un fruit sur
deux consommés en La plupart des
Le verre
concrètes qui Europe est importé, le incertitudes
existent dans le transport se fait parfois à moitié vide
secteur. On a pu
sur de très longues dis- sont liées aux
tances, la production
facteurs
Sans doute débordés par le
constater que les nationale de chaque succès et l’engouement pour
chercheurs en
Etat membre européen
est souvent forte et bien
d’émission qui ces sujets, les organisateurs
n’ont pas su choisir entre le
évaluation organisée en termes de sont anciens, congrès scientifique et la foire
lobbying, une frange de commerciale. La tribune a été
environnementale
consommateurs fait inadaptés, parfois donnée à des profes-
sont sur des fronts
extrapolés,
l’amalgame entre local sionnels du « greenwashing »
pionniers et que et durable, les groupes ou écoblanchiment. Expliquant
l’industrie a
de pression ont une
certaine audience, etc.
estimés, etc. qu’il était trop fastidieux et coû-
teux de réaliser une ACV par
tendance à avancer Bref, le secteur est en produit, pour ensuite la faire
ligne de mire pour des certifier et enfin attendre sa
sur ces sujets à un raisons qui vont du légi- parution dans les journaux
rythme plus rapide time questionnement scientifiques, une transnatio-
que les concepts ou environnemental jusqu’à l’ensemble des acteurs de nos nale suisse de l’agroindustrie
la défense d’intérêts filières fruits et légumes, qui dit préférer faire certifier d’a-
les méthodes. Les économiques particu- s’annonce comme particulière- bord un modèle qui servira
enjeux en termes liers. ment complexe. ensuite pour toutes leurs gam-
mes. Les produits seront ainsi
d’accès au marché Tous les groupes d’inté- Revenons pour le moment à la certifiés par procuration un par
sont énormes et la rêts appuient désormais méthode ACV et aux données un. Peu importe d’ailleurs que
leurs discours sur des qu’elle est susceptible de pro- les données permettant de
pression sur la études d’impacts envi- duire. La grand-messe des paramétrer le modèle soient
recherche est forte. ronnementaux. Parmi « ACVistes » mondiaux dans le erronées, voire même inexis-
les méthodes suscepti- domaine de l’agroalimentaire tantes. C’est de l’ordre du dé-
bles de fournir des infor- s’est tenue à Bari (Italie), du 22 tail !
mations, l’Analyse du Cycle de au 24 septembre dernier. Ce
Vie (ACV) apparaît comme fut l’occasion en quelques jours Mais le plus démoralisant dans
incontournable. C’est un instru- d’explorer cet univers, qui mêle l’affaire ne sont pas les agisse-
ment standardisé par la norme recherche et industrie dans des ments de ces quelques-uns qui

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16 Octobre 2010 n°182


LE POINT SUR...

tordent le concept pour le rendre compatible


avec leur politique marketing. Cela a toujours
existé. Le plus gênant, voire le plus grave,
c’est le manque de confiance qui peut se dé-
gager, au final, des études ACV actuelles. Si
Une définition l’on considère en première approche, et avec
un grand élan d’optimisme, que la méthode est
de l’ACV commune à tous et appliquée selon les règles
de l’art, on peut douter par contre des données
et des modèles qui servent à calculer les im-
L’Analyse du Cycle de Vie ou ACV est pacts environnementaux. En effet, les résultats
une méthode d'évaluation environne- proposés affichent des incertitudes qui frisent
mentale qui permet de quantifier les le ridicule. Le très sérieux papier de L. Milà-i-
impacts d'un produit (qu'il s'agisse Canals pour le compte de la société Unilever
d'un bien, d'un service voire d'un pro- est édifiant sur ce point. L’étude a porté sur
cédé) sur l'ensemble de son cycle de l’impact en termes de gaz à effet de serre
vie, depuis l'extraction des matières (GES en équivalent CO2) de la fabrication et
premières qui le composent jusqu'à de la consommation de soupes déshydratées
son élimination en fin de vie, en pas- dans différentes régions du globe. Les résul-
sant par les phases de distribution et tats montrent une variabilité qui va parfois du
d'utilisation. Outil normalisé et recon- simple au double. Les exemples dans ce sens
nu, l'ACV est la méthode la plus abou- sont légion. La méthode n’est pas en cause.
tie en termes d'évaluation globale et Le chercheur qui a mené cette étude est un
« ACViste » reconnu par ses pairs. Employé
multicritère. Elle résulte de l'interpré-
de la société, il a eu accès au process et a pu
tation du bilan quantifié des flux de faire un inventaire précis. Nous sommes bien
matières et d’énergies liés à chaque ici au coeur de la problématique. La plupart
étape du cycle de vie des produits, des incertitudes sont liées aux facteurs d’émis-
exprimée en impacts potentiels sur sion qui sont anciens, inadaptés, extrapolés,
l'environnement. estimés, etc.
Source : ADEME
On comprend ainsi mieux l’enjeu actuel que
sont les bases de données. Tous les pays et
toutes les filières souhaitent détenir et rensei-
gner les bases de données. L’idée étant qu’on
n’est jamais mieux servi que par soi-même et
qu’il est plus intéressant pour un opérateur,
voire une filière, d’apporter sa propre expertise
plutôt qu’elle vienne du concurrent. La France,
par exemple, au travers de l’Ademe, a fédéré
les instituts techniques agricoles et les centres
de recherche (Cirad, Inra) autour du projet
Agribalyse pour concevoir une base de don-
nées publique.

Si l’intensité des impacts sur l’environnement


est le prochain critère de choix permettant
d’être référencé en grande surface ou acheté
par les consommateurs, la production d’études
et de référentiels devient, pour un acteur éco-
nomique, un enjeu économique fort. La tenta-
tion de l’écoblanchiment comme celle du déni-
grement environnemental de son concurrent
n’est alors jamais bien loin. Surtout quand on
peut démontrer tout et son contraire. On vient
d’évoquer les incertitudes liées aux facteurs
d’émissions. On peut aussi citer l’extrême
diversité des systèmes rencontrés pour un
même produit. Les présentations d’ACV sur
l’ananas, l’une au Costa Rica et l’autre au
Ghana, sont intéressantes de ce point de vue,
et seulement de celui-là d’ailleurs. La variabili-
té des résultats présentés selon les types de
systèmes de production est phénoménale.
Pour le Ghana, l’acidification et l’eutrophisation
varient de 1 à 8 entre les plantations A et B et
l’érosion du simple au double. Dans le cas du
Costa Rica, l’empreinte carbone varie de 90 g
à 580 g éq CO2 par kilo d’ananas livré aux
Etats-Unis.

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n°182 Octobre 2010 17


LE POINT SUR...

L’excellente étude sur les pommes et kiwis


proposée par les chercheurs néozélandais est
une sorte de synthèse des limites des études
Qu'est-ce actuelles. Elle montre que les résultats sont
très différents si l’on change de méthode de
qu'un facteur calcul (PAS 2050 contre ACV) ou si l’on ne
tient pas compte du facteur année (via l’évolu-
d'émission ? tion du rendement ou la prise en compte des
paramètres climatiques). L’incertitude est aus-
si énorme sur les émissions de polluants dues
Un facteur d'émission est un coefficient mul- au transport maritime, montrant par là-même
tiplicateur qui permet de calculer — ou tout une nouvelle fois le besoin impérieux de réfé-
au moins d'estimer avec une certaine marge rentiels justes (base de données, gamme de
d'erreur — la quantité de polluant émise du systèmes de production, etc.).
fait d'une activité humaine. A titre d'exemple,
le fait de rouler un kilomètre en voiture né- On peut aussi regretter la confusion volontaire
cessite en moyenne — et avec une certaine ou involontaire entre impacts sur l’environne-
marge d'incertitude liée au poids du véhi- ment et durabilité, certains passant de l’un à
cule, à la puissance de son moteur, à sa l’autre sans que les aspects économiques,
sociaux et sociétaux ne soient pris en compte.
vétusté, etc. — la combustion d'une quantité
C’est un des enjeux majeurs des prochaines
de combustible contenant 50 grammes de
années que de concevoir des méthodologies
carbone (de 40 grammes en périphérie loin- permettant d’évaluer les impacts sur la durabi-
taine à 70 grammes en centre ville, en fai- lité totale ou globale de tel ou tel investisse-
sant la moyenne entre les émissions d'un ment, technique, organisation, etc. Peu d’équi-
moteur essence et celles d'un moteur die- pes sont pour l’instant sur les rangs. En
sel). Le facteur d'émission dû à la seule France, on peut citer l’initiative de diverses
combustion du carburant est donc de 50 institutions de recherche de Montpellier, re-
grammes équivalent carbone (équivalent C). groupées au sein du pôle Elsa (Environmental
A cela, il faut ajouter les émissions asso- Lifecycle and Sustainability Assessment) (cf.
ciées à la fabrication du véhicule, rapportées FruiTrop n°169), qui ambitionnent de dévelop-
au kilomètre parcouru (environ 11 g eqC) et, per des méthodes couvrant les différentes
enfin, les émissions « amont » du combusti- dimensions de la durabilité.
ble, c'est-à-dire celles dues à son extraction,
à son raffinage et à son transport (environ 8
g eqC). On aboutit donc au facteur d'émis-
sion tout compris d'un kilomètre parcouru en Le verre
voiture d’environ 70 g eqC. Il existe des fac-
à moitié plein
teurs d’émissions pour les autres classes
d’impacts étudiées : eutrophisation en équi-
Les critiques ainsi formulées sont en grande
valent NO3, acidification potentielle en équi- partie liées à la jeunesse de cette science qui
valent SO2, etc. se développe depuis à peine plus de vingt ans.
Le chemin parcouru est immense et la vitalité
de ce champ d’étude est grande et promet-
Source : calculateurcarbone.org
teuse. Les scientifiques ont bien sûr tous com-
pris les limites de l’exercice et travaillent à
améliorer la fiabilité des résultats et à intégrer
davantage la variabilité des systèmes étudiés.
Par exemple, dans le domaine des fruits et
légumes, l’approche pluriannuelle sera désor-
mais mieux prise en compte. Par ailleurs, le
colloque de Bari a permis de voir émerger une
réflexion très poussée sur des impacts jus-
qu’alors peu évalués, faute de méthodologie
adéquate, comme par exemple les impacts sur
l’eau. On peut penser qu’à court terme une
méthodologie complète sera ainsi proposée.
Les échanges sur la biodiversité et son éva-
luation ont aussi été très fructueux dans un
domaine qui semblait jusqu’à présent hors
d’atteinte. On a pu également constater les
initiatives qui montent dans le domaine des
bases de données, dans la prise en compte
des produits tropicaux ou encore la sortie d’un
nouveau code de bonne conduite en ACV. Le
colloque a enfin été l’occasion de montrer
combien l’attelage agroindustriels-recherche
est important dans la conduite des études

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18 Octobre 2010 n°182


LE POINT SUR...

d’impacts, mais aussi dans le développement


des méthodes. Il faut juste que chacun reste à
sa place. On peut aussi saluer la petite révolu-
L’ACV sociale tion qui fait que les aspects « éco-socio » sont
aujourd’hui devenus des thèmes de débat à
comme incitation part entière. Une session complète a d’ailleurs
été consacrée au sujet. La prochaine édition
à la réflexion sur les de cette manifestation se tiendra en 2012 à
Rennes (France). On peut être certain des
motivations de l’ACV progrès qui seront alors enregistrés dans tous
les domaines.

Initialement, l’ACV avait pour but de porter Outil de communication ou outil de défense
son attention sur les impacts négatifs non- d’un secteur, il semble que nous ayons perdu
intentionnels causés à l’environnement (Udo l’objectif premier de l’ACV : comparer deux
de Haes et al., 2002). Elle n’avait pas pour technologies, deux systèmes proches, afin
ambition d’évaluer la durabilité au sens le d’identifier pour chaque type d’impact
plus communément admis, à savoir compre- (acidification, eutrophisation, érosion, biodiver-
nant une dimension environnementale, so- sité, etc.) des « hot spots », que l’on peut qua-
ciale et économique. lifier de « fuites les plus importantes vers l’en-
vironnement », pour ainsi faire des choix dans
la conception des produits fabriqués, livrés et
Néanmoins, de par sa portée ambitieuse
consommés. C’est le principe de la rétro- et de
(analyse multicritères, holistique, globale,
l’écoconception. Les tables de la loi ACV sont
etc.), l’ACV est devenue un outil commun, trop souvent piétinées par des utilisateurs qui
adopté à la fois par les communautés institu- voient dans cette méthode une possibilité de
tionnelles, scientifiques et professionnelles. reverdir leur image ou de déverdir l’image du
Compte tenu des pressions et enjeux à l’é- concurrent. L’affrontement parfois trop sim-
gard du développement durable, les attentes pliste entre « produire et consommer local » et
des utilisateurs ont évolué envers cet outil « produire ailleurs et consommer ici » en est la
qui semble pouvoir particulièrement bien y conséquence. On a l’impression que l’outil, au
répondre. départ réservé à des chercheurs ou des pro-
fessionnels avertis, s’est vu réapproprié, sans
Ainsi l’intégration formelle des impacts so- le mode d’emploi, par l’industrie et les sociétés
ciaux et économiques et l’articulation des de consultance pour en faire bien souvent une
différentes évaluations apparaissent comme grande machine à laver environnementale. Le
un enjeu fort des prochaines années en corpus des études augmente à un rythme qui
termes de développement méthodologique. n’a rien à voir avec la production de méthodes,
Cela ne sera pas possible sans une ré- de mesures d’émissions, etc. Prenons garde à
flexion sur le cadre conceptuel, théorique et ce que les fondations arrivent à soutenir en-
core la tour de Babel qui est en train d’être
méthodologique sous-tendant l’ACV.
construite. Il n’est pas nécessaire de rappeler
comment cette aventure-là s’est terminée,
L’engouement étant tel, il est donc de la lorsque ses habitants n’ont plus parlé la même
responsabilité de la communauté scientifi- langue
que ACV de réfléchir aux objectifs de cet
outil, afin qu’il puisse répondre de façon Denis Loeillet, CIRAD
pertinente et cohérente aux attentes logi- denis.loeillet@cirad.fr
quement suscitées.
Source : CIRAD-Unité de Recherche
Systèmes Bananes et Ananas

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n°182 Octobre 2010 19


V oici une opportunité de lever le voile sur
une filière mal connue et silencieuse, émi-
nemment liée au marché ethnique. Les
racines et tubercules exotiques repré-
sentent cependant un volume non
négligeable sur le marché européen,
avec des importations annuelles
évaluées entre 80 000 et 100 000
tonnes. Si manioc, igname et taro
répondent à une demande éma-
nant principalement des popula-
tions d’origine étrangère instal-
lées en Europe, la patate douce
s’avère plus proche de nos habi-
tudes alimentaires et pourrait
constituer une passerelle vers les
autres racines et tubercules, dont
l’aspect massif peut freiner
la consommation.

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20 Octobre 2010 n°182


Un dossier proposé par Sommaire
Samir-David Ayata
p. 22 Racines et tubercules exotiques : un marché
ethnique de poids

p. 28 Fiche produit : igname

p. 32 Fiche produit : manioc

p. 35 Fiche produit : patate douce

p. 38 Fiche produit : taro (eddoe, dasheen, macabo)

p. 45 Caractéristiques générales

p. 47 Maladies et ravageurs

p. 50 Transformation après-récolte

Photos du dossier © Guy Bréhinier

© Eric Imbert

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n°182 Octobre 2010 21


LES DOSSIERS DE

Racines et tubercules exotiques


Un marché ethnique de poids

L es racines et tubercules exotiques


(manioc, patate douce, igname et taro)
sont parmi les plus anciennes plantes cultivées. ,
Ils ont été de tous temps la base de l’alimentation
de nombre de populations et jouent aujourd’hui
encore un rôle primordial dans les pays les plus
pauvres, contribuant ainsi grandement à la sécuri-
té alimentaire.

Selon la FAO, la production annuelle de racines et


tubercules exotiques représentait plus de 400
millions de tonnes en 2008. Une très faible propor-
tion de ce tonnage global est destinée à alimenter
le marché européen, mais elle est toutefois loin de
représenter des volumes et un chiffre d’affaire
dérisoires.

Ce dossier porte exclusivement sur l’igname


(Dioscorea spp.), le manioc (Manihot esculenta),
la patate douce (Ipomoea batata) ainsi que le
taro au sens élargi (Colocasia esculenta et Xan-
thosoma sagittifolium). Nous ne prenons en
compte que les parties souterraines des produits
et uniquement sous leur forme fraîche.

Racines et tubercules :
de quoi parle-t-on ?

La dénomination « plantes à racines et tubercu-


les » est très générique. Elle englobe un large
éventail d'organes de stockage souterrains. On
dénombrerait parmi eux 38 racines ou assimilés
(carotte, manioc), 23 tubercules (pomme de terre,
igname), 14 rhizomes (gingembre), 11 cormes
(taro). En revanche, les cultures avec tige ou
pseudo-tige renflée (poireau, chou-rave), même
souterraines (betterave), ne sont pas concernées.
Les cultures considérées sont toutes vivrières,
mais à des niveaux différents, puisqu’il peut s’a-
gir d’aliment de base, de légume, de matière pre-
mière industrielle ou encore de condiment.

Les racines et tubercules dits « exotiques » dans


nos cultures occidentales s’opposent aux
« conventionnels » que peuvent être les pommes
de terre, carottes et autres cultivées dans nos
régions. Ils se démarquent ainsi par leur origine
étrangère, tant historique (l’origine de leur domes-
tication) que culturelle (les coutumes qui leur sont
associées) ou encore géographique (leur région
de production).

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22 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

Leur nomenclature est particulièrement diversifiée Les racines et tubercules peuvent se cultiver à bas
selon leur origine. En outre, on relève l’existence niveau d'intrants, ce qui contribue à en faire une
d’homonymies contradictoires, entraînant une source importante de revenu et d'emploi dans les
difficulté à relier les noms botaniques de chaque zones marginales, en particulier pour les fem-
produit avec les dénominations commerciales, mes. Ces produits ont également des débou-
qu’il s’agisse de noms de genres ou de variétés. chés dans l’alimentation animale ou dans
Ainsi, le nom anglais de l’igname est « yam », qui l’industrie de transformation en tant que
signifie également patate douce aux Etats-Unis. matière première (amidon, etc.). Ce sont
Autre exemple : « couche-cousse » et « cuscus » aussi des cultures commerciales. Cer-
désignent deux ignames différentes. Enfin, le tains pays sont d’ailleurs connus pour
terme « taro » est utilisé pour les tubercules d’ara- en exporter des volumes importants,
cées, soit trois produits différents : l’eddoe, le das- comme le Brésil, le Ghana, le Costa
heen et le chou-caraïbe. Rica, etc.

Des cultures d’intérêt Des productions exotiques

Cultivés sur près de 33.5 millions d’hectares pour Les statistiques de la FAO nous rensei-
un tonnage annuel de près de 407 millions de gnent sur les principaux pays produc-
tonnes en 2008, les racines et tubercules exoti- teurs qui se situent majoritairement en
ques représentent une part importante des légu- zones tropicales. L’igname serait ainsi
mes produits mondialement. principalement produite au Nigeria (31.0
millions de tonnes en 2008), en Côte d’Ivoire
Dans de nombreuses zones, en particulier dans (5.2 millions de tonnes), au Ghana (3.7 millions
les régions tropicales humides, ils furent la base de tonnes), au Bénin (1.9 million de tonnes) et au
de l’alimentation des populations avant l'introduc- Togo (0.6 million de tonnes).
tion des céréales. De nos jours, ils sont la se-
conde culture vivrière en quantité dans les pays Le manioc serait surtout cultivé au Nigeria (44.6
en développement. millions de tonnes en 2008), en Thaïlande

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n°182 Octobre 2010 23


LES DOSSIERS DE

© Samir-David Ayata

continent américain, avec une focalisation vrai-


semblable en Amérique latine. Les populations de
ces mêmes continents consomment plus de 99 %
des patates douces et les tubercules d’igname
frais sont consommés à 97 % en Afrique.

Selon la FAO, la production mondiale annuelle de


racines et tubercules exotiques dépasse celle de
la pomme de terre. L’importance de ces volumes
pourrait passer inaperçue dans nos cultures occi-
dentales, étant donné la faible place qu’ils oc-
cupent dans notre alimentation où ils sont consi-
dérés comme produits ethniques et s’adressent
majoritairement à certaines parties de la popula-
tion.

Ces productions n’en restent pas moins très im-


portantes et une proportion, certes modeste mais
non négligeable, entre dans les échanges interna-
tionaux. Les statistiques européennes indiquent
ainsi que l’Union européenne à 27 importe annuel-
lement 23 700 tonnes de racines de manioc et
55 500 tonnes de patate douce. Ces tonnages
représentent respectivement un chiffre d’affaire de
14.6 et 35.7 millions d’euros par an.

Des origines commerciales


multiples

Les origines des ignames commercialisées sur le


marché européen correspondent partiellement aux
principaux pays producteurs, à savoir le Brésil, le
(27.6 millions de tonnes), au Brésil (25.9 Ghana et la Côte d’Ivoire. Les ignames d’origine
millions de tonnes), en Indonésie (21.6 française, produites dans le Loir-et-Cher ou le Lot,
millions de tonnes) et en République sont présentes dans des proportions beaucoup
démocratique du Congo (15.0 millions moins importantes.
de tonnes).
L’UE importe la quasi-totalité de ses racines de
Les principaux pays producteurs de pa- manioc du Costa Rica (environ 90 %). Le reste
tate douce sont la Chine (85.2 millions de provient d’Equateur et du Cameroun considérés
tonnes en 2008), loin devant le Nigeria comme des origines de report, les cultivars propo-
(3.3 millions de tonnes), l’Ouganda (2.6 sés pouvant alors être différents. Avec 97 800 t
millions de tonnes), l’Indonésie (1.9 produites en 2008 selon la FAO, le Costa Rica
million de tonnes) et le Vietnam n’est pourtant que le 52 e producteur mondial,
(1.5 million de tonnes). après le Niger ou encore la République domini-
caine. L’Équateur produit également du manioc
Les statistiques relatives au taro sont plus destiné à l’exportation, mais il est de moindre qua-
confuses et imprécises. La production lité. Le Brésil quant à lui produit un manioc de
d’eddoe semble se concentrer en Afri- qualité, mais essentiellement voué à sa consom-
que (Nigeria, Ghana, Cameroun) ainsi mation propre. Enfin, les productions africaines
qu’en Chine. Les cinq principaux pays sont globalement moins compétitives : le manque
producteurs de macabo réaliseraient d’organisation des filières locales tire à la baisse le
96 % du tonnage mondial. Il s’agirait de rapport qualité-prix des produits en augmentant le
Cuba (plus de la moitié de ce tonnage), du coût d’approche avant expédition.
Venezuela, de la République dominicaine, du
Pérou et du Panama. Le dasheen n’est pas réfé- Les origines des patates douces rencontrées sur
rencé individuellement. le marché européen ne correspondent pas aux
principaux pays producteurs, mais proviennent
d’Égypte, d’Afrique du Sud, des États-Unis, d’I-
sraël, du Brésil et du Honduras, et aussi de quel-
Un marché méconnu ques origines africaines.

Les racines et tubercules exotiques sont excessi- Le Costa Rica assure, avant le Brésil, la majeure
vement peu consommés en Occident. Ainsi, la partie des exportations d’eddoe vers l’Europe. La
quasi-totalité du manioc frais produit mondiale- domination de l’origine costaricienne s’est faite
ment est consommée en Afrique, en Asie ou sur le avec le temps. Ce pays s’est en effet rapidement

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24 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

organisé autour de la production d’eddoe, ce qui Les marchandises sont ensuite stockées ou non
lui a permis de gagner des parts de marché. par les importateurs, avant d’être convoyées et
réparties vers leurs premiers lieux de revente. Il
Le dasheen commercialisé en Europe provient s’agit en général des marchés de grossistes au-
majoritairement de la zone caraïbe. On trouve près desquels les détaillants viennent s’approvi-
également des produits du Costa Rica, du Hondu- sionner. Les importateurs effectuent également
ras et d’Égypte. Les Antilles françaises sont la des livraisons directes à destination de centrales
principale origine à destination de la France. d’achat de la grande distribution.

Le mode de transport maritime implique de lon-


Le Costa Rica, non référencé par les données gues durées d’entreposage et de transport. Il faut
officielles de production de chou-caraïbe, truste la en effet compter environ deux semaines entre
quasi-totalité des parts de marché export à desti- l’Amérique centrale et les Pays-Bas, sans
nation de l’Union européenne. Il s’agit d’ailleurs de tenir compte des temps de chargement,
l’unique origine présente de façon significative sur des aléas météorologiques, etc. Ce
le marché français. On recense néanmoins le mode de transport nécessite donc une
Cameroun avec des produits importés par avion, logistique particulière, mais aussi une
mais on parle alors de macabo. planification à long terme étant donné
les délais de réservation de conteneurs
auprès des armateurs. Tous les racines et
tubercules exotiques considérés ici se
prêtent à ce mode de transport, hormis
Circuits d’importation : certains dasheens frais, physiologique-
la prépondérance ment trop évolutifs pour tolérer de lon-
du fret maritime gues périodes d’acheminement.

La capacité de conservation des racines et tuber- L’autre mode d’approvisionnement est le


cules permet de les transporter par bateau. Ainsi, fret aérien. Il se situe à un tout autre niveau
les principaux pays européens importateurs di- de tonnage annuel et s’adresse à un type
rects sont les Pays-Bas, la France, le Royaume- différent de clientèle (haut de gamme), de
Uni et la Belgique, qui possèdent tous des ports marchandise (à haute valeur ajoutée) et
marchands de dimension internationale situés sur de marché (dont le marché spot). Le fret
le « rail du Nord » européen que sont les voies aérien permet d’envisager des transports
maritimes desservant les façades de la Manche et de lots de dimensions moindres, où la pa-
de la Mer du Nord. Les ports à conteneurs de lette est l’unité de compte. Il représente une
Rotterdam (Pays-Bas), de Felixstowe (UK), du

© Eric Imbert
Havre (France) et d’Anvers (Belgique) traitent ainsi
la grande majorité des racines et tubercules impor-
tés par bateau, qui font fréquemment l’objet de
réexpéditions intra-communautaires, notamment
les marchandises déchargées à Rotterdam. Les
ignames et taros, qui suivent plus ou moins les
mêmes routes maritimes, ont l’un ou l’autre de ces
pays pour destination. Les Pays-Bas traitent la
majorité du manioc et les patates douces sont le
fait du Royaume-Uni.

Les producteurs de racines et tubercules expor-


tent rarement eux-mêmes leurs récoltes. Elles
sont généralement collectées localement par des
intermédiaires spécialisés. Les marchandises
peuvent ainsi changer de mains plusieurs fois
avant d’être regroupées en lots conséquents et
préparées pour l’exportation. Ces préparatifs impli-
quent ou non des interventions de tri et de cali-
brage, de traitement post-récolte, de conditionne-
ment individuel et en unité de vente, pouvant être
réalisées dans les pays de production. L’unité de
compte au stade exportation est le conteneur ma-
ritime de 20 ou 40 pieds, d’une contenance équi-
valente à 10 ou 20 palettes standard.

Ainsi pris en charge dans les pays d’origine par


des sociétés d’exportation, les produits transitent
majoritairement et préférentiellement, pour des
raisons de coût, par voie maritime. Le principal
port de débarquement européen est celui de Rot-
terdam.

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n°182 Octobre 2010 25


LES DOSSIERS DE

solution pour l’acheminement rapide de marchan- La patate douce reste tout de même le plus occi-
dises fragiles, de lots de faible volume ou de pro- dentalisé de ces produits, puisqu’on la trouve as-
duits ayant difficilement accès au transport par sez facilement en grande surface, bien que ce soit
bateau, comme certaines origines africai- souvent dans la limite de quelques pièces canton-
nes. Il est notamment utilisé pour les nées à un unique type variétal.
dasheens antillais ou les patates
douces camerounaises. Evidem- D’une manière générale, la grande distribution
ment, le fret aérien engendre travaille assez peu les racines et tubercules exoti-
généralement un surcoût logis- ques. Elle ne les incorpore souvent que partielle-
tique qui se répercute sur le ment aux gammes que l’on rencontre en grande et
prix de vente. moyenne surface. Ces produits ont toutefois un
débouché dans la grande distribution située dans
les zones de chalandise à forte population immi-
grée. On trouve également peu de ces produits
Des prix de gros dans le secteur de la RHD.
relativement
Globalement, des volumes supérieurs sont com-
stables mercialisés lors des fêtes de fin d’année ou autres
fêtes religieuses. Cela s’explique notamment par
D’après les différentes la plus forte demande exercée par la grande distri-
sources consultées, on s’a- bution qui ne travaille habituellement pas ces pro-
perçoit que les prix des raci- duits et cherche à augmenter la diversité de ses
nes et tubercules fluctuent étals à ces périodes. Néanmoins, et étant donné
assez peu. Au stade de gros, les quantités mises en rayon, on pourrait penser
le manioc se vend entre 1.0 et qu’il s’agit davantage d’un rôle de
1.1 euro/kg, l’eddoe entre 1.5 et « représentation » sur les étals que d’un réel élar-
1.7 euro/kg, l’igname entre 1.2 et gissement de gamme.
2.0 euros/kg selon l’espèce et la pro-
venance, et la patate douce entre 1.0 et
1.5 euro/kg, le prix étant alors davantage
fonction de l’origine que du type variétal.
Des consommateurs
bien ciblés
Circuits de distribution : L’ethnicité des racines et tubercules exotiques
la proximité importés dans l’UE est due à la clientèle particu-
lière de ces produits, qui est issue de l’immigration
À l’instar des autres produits ethniques, les raci- et culturellement liée aux grands foyers mondiaux
nes et tubercules exotiques sont surtout distribués de consommation.
par des détaillants, qu’il s’agisse de commerces
de proximité ou de plein vent. De plus, ces Les débouchés européens des ignames sont
magasins sont majoritairement tenus par des fortement fonction des espèces considérées. Ain-
personnes issues de l’immigration et s’a- si, les ignames blanches (poona) trouvent en
dressent principalement à une clientèle grande majorité acquéreur parmi les populations
d’origine proche si ce n’est identique. En d’origine afro-antillaise. Les ignames de Chine
outre, ils sont plutôt localisés dans des sont fortement demandées par des consomma-
régions et des secteurs à la population teurs d’origine asiatique, bien qu’une part non
métissée. On peut prendre pour exemple négligeable soit également revendue dans les
la région parisienne avec ses magasins, Antilles françai ses. Les ignames cousse-
voire ses supermarchés asiatiques très couche quant à elles sont plutôt consommées par
localisés dans le XIIIe arrondisse- les populations africaines. Enfin, les ignames jau-
ment, son quartier commerçant nes trouvent plus facilement acquéreur parmi la
afro-antillais de Château-Rouge population antillaise.
(XVIIIe), ses boutiques indo-
pakistanaises de la gare du Le manioc frais est majoritairement destiné à une
Nord (Xe), ses marchés de clientèle afro-antillaise. Les volumes mis en mar-
plein vent de Montreuil ou de ché dans l’UE sont réguliers. En revanche, la de-
Saint-Denis ou encore ses mande générale diminue durant l’été, en même
commerces variés de Belle- temps qu’augmente la consommation de produits
ville (XXe). Il existe ainsi une frais de saison. De la même manière, les périodes
certaine géographie des pro- de fêtes musulmanes sont synonymes d’augmen-
duits ethniques, avec une tation de la demande en manioc.
consommation et donc une
commercialisation de détail forte- La patate douce est certainement le produit le
ment concentrées dans les grandes plus connu de la population occidentale. Peut-être
agglomérations. Pour le consommateur est-ce dû à sa consommation historique dans tout
souhaitant se procurer ces produits, il est dès le Bassin méditerranéen, aussi bien en Europe
lors nécessaire de se tourner vers les grands cen- (péninsule ibérique, sud-est français, Italie) qu’au
tres urbains. Maghreb, en Ég ypte et a u Proche-Orient

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26 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

(notamment Israël). Quoi qu’il en soit, ce produit La consommation de chou-caraïbe


semble avoir franchi une étape supplémentaire semble plutôt saisonnière. Les popula-
dans le processus d’appropriation par nos socié- tions d’origine afro-antillaise sont en
tés occidentales. La demande en patate douce a effet plus fortement demandeuses à
en effet connu un développement important ces Noël et Pâques.
dernières années, notamment réalisé au travers
du type variétal à chair orange qui se prête à des
cuisines très diverses. Ce produit s’adresse doré-
navant à tout le monde par l’intermédiaire de la
grande distribution. Ainsi, les patates douces sont Une consommation
certes préférentiellement consommées par des en perte de
populations originaires d’Afrique noire, du Mag- vitesse ?
hreb, du Moyen-Orient, d’Asie (du Sud, de l’Est et
du Sud-Est) et des Antilles. Mais elles suscitent
tout de même un intérêt auprès d’une clientèle La consommation de
assez peu concernée par son ethnicité. Nous en manioc, d’igname et
voulons pour preuve sa mise en avant désormais de taro a connu une rela-
courante dans les ouvrages culinaires. tive diminution au cours des
deux dernières décennies. Cette tendance semble
L’eddoe est probablement le plus cosmopolite des s’expliquer par un certain désintéressement de la
part des jeunes générations. Les consommateurs
trois taros étudiés. Il est aussi bien demandé par
issus de l’immigration de seconde ou troisième
les populations asiatiques (y compris indo-
génération semblent ainsi moins enclins à cuisiner
pakistanaises), qu’afro-antillaises, voire latino-
américaines. Les volumes commercialisés restent ces légumes et leur préfèrent des produits plus
stables sur l’année. simples de préparation, comme le riz ou les pâtes,
lorsqu’il ne s’agit pas de plats préparés.
La grande majorité de la clientèle du dasheen est
d’origine afro-antillaise. Historiquement, la période Encore une fois, la patate douce semble néan-
du ramadan avait une influence sur la demande moins se détacher de cette tendance, en trouvant
qui émanait notamment des populations d’origine de nouvelles parts de marché auprès de consom-
comorienne, majoritairement musulmanes. La fin mateurs pas nécessairement initiés à la culture du
du jeûne se ressentait alors positivement sur les produit
ventes de ce produit. Cette forte demande n’est
plus aussi marquée et le calendrier des ventes est Samir-David Ayata
à présent plus régulier.

© Samir-David Ayata

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n°182 Octobre 2010 27


LES DOSSIERS DE

Fiche produit

L’igname
Dioscorea spp
(famille des Dioscoreaceae)
Noms usuels : igname (français), yam (anglais),
ñame (espagnol)

surtout aux Antilles cultivées dans la région de Blois, sous


et plus particulière- l’appellation « Ignames de France».
ment en Jamaïque. Leurs tiges rondes et lisses présentent
Elles sont très fragiles des feuilles cordiformes, disposées de
du fait de leur oxyda- manière opposée. Leurs tubercules al-
tion rapide. Leur longés arborent de très nombreuses
conservation est ainsi radicelles, ce qui leur donne un aspect
assez courte. Le marché européen hérissé. Bien que relativement fins, ces
les propose plutôt en période de derniers sont de grande dimension et
fêtes de fin d’année. peuvent dépasser le mètre. La variété
A propos d’igname de Chine cultivée en France
Les variétés de D. rotundata donnent produit des bulbilles aériennes pouvant
des ignames les « ignames blanches » du Brésil et servir à la multiplication.
d’Afrique (Ghana, Côte d’Ivoire, etc.).

L
Elles ont une dormance importante. L’espèce D. alata est originaire de Pa-
e genre Dioscorea, auquel appar- Leur conservation est plutôt aisée sous pouasie-Nouvelle-Guinée, connue chez
tient l’igname, comprend plus de 600 réserve qu’elles soient récoltées à matu- les anglophones sous le nom de
espèces. La grande majorité d’entre elles rité. Les ignames blanches d’Afrique sont « greater yam » ou « water yam ». Ses
sont tropicales. Une petite dizaine seule- également appelées ignames « clin- tiges sont de section carrée et ailée
ment sont domestiquées et régulière- clin », « poona » (on trouve les dénomi- (alata veut dire ailée). Ses tubercules
ment cultivées comme plante alimen- nations anglaises « puna » et « pona »), peuvent être de taille très importante,
taire. ou encore « assawa ». Les ignames jusqu'à deux mètres de long, et peser
blanches brésiliennes peuvent se trouver jusqu’à 40 kg. Le rendement moyen
La culture de l’igname est très ancienne, sous la dénomination « igname negro », reste néanmoins de 3 à 5 kg par plante,
quelle que soit son espèce. Une récente en référence à leur peau sombre. Elles dans un laps de temps de 6 à 9 mois.
étude australienne a ainsi montré son se rapprochent assez de leurs homolo- Les tubercules de ces variétés présen-
utilisation en Papouasie-Nouvelle-Guinée gues ouest-africaines, si ce n’est qu’elles tent une importante variabilité de forme.
il y a 10 000 ans. Sa domestication dans sont produites de façon intensive sur La couleur de la chair est blanche à vio-
la zone, c'est-à-dire son intégration dans limons profonds. Elles sont technique- let foncé. La forme et la taille des feuilles
les pratiques culturales, remonterait à ment de très bonne qualité, mais les varient également fortement. Les igna-
7 000 ou 6 500 ans. consommateurs principalement africains mes « cuscus » (et uniquement sous
leur reprochent parfois leur chair trop cette orthographe) sont une dénomina-
La diversité variétale à l’intérieur de cha- ferme. tion commerciale anglaise, correspon-
que espèce peut être importante. Diosco- dant à certaines variétés de l’espèce.
rea alata, D. cayenensis et D. rotundata Les ignames les moins chères appartien- Cette homologie porte parfois à confu-
sont les principales espèces cultivées et nent probablement à l’espèce amazo- si on ave c les ign ame s « c ou sse -
représentent à elles seules plus de 95 % nienne D. trifida. On trouve parmi elles couche », de l’espèce D. trifida présen-
de la production mondiale. Les autres les ignames « cush-cush » ou « cousse- tée précédemment. L’importation de ce
espèces travaillées, sans considération couche », encore appelées « yampi » ou produit passe rarement par le circuit
d’importance relative, sont D. esculenta, « indian yam ». Elles présentent des formel.
D. trifida et D. opposita. Nous tâcherons tiges quadrangulaires, des feuilles à 3 ou
ici d’en présenter quelques-unes. 5 lobes et produisent des tubercules Il existe d’autres espèces d’ignames
relativement petits, souvent piriformes cultivées originaires du Pacifique,
D. cayenensis et D. rotundata forment le (en forme de poire) mais nombreux. L’i- comme D. esculenta (« lesser yam »
groupe des ignames de Guinée (guinea gname « couche-couche » présente la pour « petite igname »), D. transversa
yam), originaire d’Afrique. D. cayenensis qualité la moins intéressante, notamment (« Waël ») et D. nummularia, ou bien
est à chair jaune et à cycle long (11 à du fait de sa faible tenue à la cuisson. provenant d’Afrique comme D. dumero-
12 mois), alors que D. rotundata est à tum (« bitter yam ») et D. bulbifera
chair blanche et à cycle plus court (8 à Les ignames « de Chine » appartiennent (« aerial yam »). Dans l’ensemble, ces
9 mois). Toutes deux ont une tige ronde à l’espèce D. opposita, également productions conservent un caractère
et épineuse, ainsi que des feuilles cordi- connue sous le nom de D. batatas. Il régional et ne sont pas échangées sur
formes (en forme de coeur). s’agit de la seule espèce adaptée aux les marchés internationaux. Certaines
climats tempérés. Ces ignames ont d’ail- ignames sauvages peuvent également
Les D. cayenensis sont les très appré- leurs été introduites en France dans le revêtir une importance, particulièrement
ciées « ignames jaunes », produites courant du XXe siècle et y sont toujours en période de pénurie alimentaire.

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28 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

Descriptif

L es ignames sont des plantes


herbacées annuelles à lon-
gues tiges volubiles et grêles qui
Le tuteurage des plantes influe
positivement sur le rendement en
tubercules.
croissent en s’enroulant sur divers
supports. Les feuilles de formes Dans les régions tropicales humi-
variées ont un développement des, l’igname revêt une importance
alterne et des nervures bien mar- comparable à celle de la pomme
quées. Les espèces sont dioïques de terre en régions tempérées. Les
(fleurs mâles ou femelles sur des tubercules découpés se mangent
pieds séparés). La plante produit cuits à l’eau, rôtis ou encore frits.
un à cinq tubercules, dont le poids En Afrique de l’Ouest, le plat d’i-
peut atteindre 5 kg. Les tubercules gname par excellence est le foutou
d’igname, issus d’un épaississe- ou igname pilée, une pâte élasti-
ment du rhizome, sont de forme que — qui rappelle par sa
très variable : sphérique, allongée, texture les gnocchis de
voire branchue. La chair des princi- pomme de terre —
pales espèces cultivées est géné- obtenue par un
ralement blanche. Il existe cepen- pilage vigoureux
dant des espèces à chair jaune ou dans un grand
encore rose. Certaines produisent mortier de bois
de la dioscorine, un alcaloïde toxi- des tubercules
que détruit par la cuisson. préalablement
cuits à l’eau.
La culture de l’igname est principa- Dans cette région
lement réalisée en zone de sa- (Nigeria, Bénin surtout), on produit
vane. Sa production requiert des aussi de la farine d’igname à partir
sols légers et bien drainés. Les de tubercules précuits et séchés
plantes sont exigeantes en eau, (cossettes). Cette farine sert à
chaleur et photopériode : les jours préparer une pâte colorée, plus ou
déclinants sont favorables à la moins marron, appelée « amala »,
croissance des tubercules. Ces et un couscous très apprécié
derniers sont généralement récol- comme snack, nommé « wassa-
tés après 5 à 11 mois de culture. wassa ».

Pays fournisseurs
et calendrier

Il n’existe pas vraiment de calendrier pour ces


produits qui sont commercialisés toute l’année. Il
est toujours possible de se tourner vers une
origine ou une variété de report si nécessaire.
Offre et demande sont régulières, mais la de-
mande est néanmoins plus importante lors des
périodes de fêtes que sont Noël et Pâques. On
peut alors voir varier les parts de marché de
chaque variété. On observe en revanche une
certaine saisonnalité des produits en termes de
qualité qui s’explique par la physiologie des
ignames. Ainsi, en été, la production et les
stocks africains arrivent à leur terme et peu de
produits de cette origine sont présents sur le
marché. En outre, beaucoup d’ignames présen-
tent un germe à cette période. On notera cepen-
dant que le développement du bourgeon termi-
nal est peu préjudiciable à la qualité du produit
s’il est enlevé tôt. Cette particularité est d’ailleurs
souvent bien perçue par les consommateurs qui
voient là un gage de vitalité du tubercule.

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n°182 Octobre 2010 29


LES DOSSIERS DE

Volumes importés dans l’UE


La base de données EUROSTAT ne consacre pas de rubrique
indépendante à l’igname. Les rubriques existantes cumu-
lent l’igname avec toute une gamme d’autres produits
et ne permettent donc pas d’évaluer directement
son poids commercial sur le marché européen. Si
l’on ne retient que le volume des principales ori-
gines fournissant le marché, les tonnages im-
portés en Europe seraient de l’ordre de 600
tonnes. Ces quantités semblent largement en
deçà d’une évaluation plus empirique qui
rapprocherait les volumes importés de
ceux du manioc, environ 20 000 tonnes/
an. Cet ordre de grandeur semble plus
conforme à la réalité du marché récem-
ment observée.

Les statistiques de la FAO relatives à


l’exportation d’igname sont malheureu-
sement partielles. Les données les plus
récentes concernent l’exercice 2007. Il
en ressort que les pays fortement expor-
tateurs entre 2000 et 2007 ont été le
Costa Rica, le Brésil, la Jamaïque, le
Ghana et la Côte d’Ivoire.

Selon la FAO, la moyenne annuelle des importations mondiales


sur la période 2005-2007 était de 42 200 tonnes, à mettre en
relation avec une production mondiale estimée à 49 millions de
tonnes/an sur la même période, dont 93 % en Afrique de
l’Ouest. Le commerce international ne concernerait donc que
moins d’un pour mille de la production.

Prix de gros
Le prix de gros des ignames sur le
marché français se situerait entre
1 250 et 2 000 euros/t selon les es-
pèces considérées. Ces cotations du
Service des Nouvelles du Marché
(SNM) ne concernent que les pro-
duits ghanéens, ivoiriens et brési-
liens. Entre juin et août 2010, nos
propres relevés hebdomadaires indi-
quent un prix supérieur : de 1 350 à
2 200 euros/t au stade de gros.

Ignam e - France - Prix de gros

2.5

2.0
euros/kg

1.5

1.0
Brésil
0.5 Ghana
Côte d'Ivoire
0.0
janv.-07 juil.-07 janv.-08 juil.-08 janv.-09 juil.-09 janv.-10

Source : SNM

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30 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

Colisage et calibrage
L’igname est généralement conditionnée en
cartons télescopiques de 15, 20, 22 voire 25
kg, les moins fréquents étant les unités de
25 kg. Les colis de 15 kg sont propres aux
ignames françaises. Les colis contiennent
généralement une quinzaine de tubercules,
le plus souvent emballés individuellement
dans un papier kraft, hormis les ignames de
France.

Les ignames sont calibrées selon diverses


catégories allant du XS au XL. Les pièces
pèsent ainsi communément de 800 g à 2 kg.
Bien que la clientèle apprécie les ignames
de calibre moyen (environ 1 kg), les calibres
sont assez peu pris en compte.

Post-récolte
Dans l’ensemble, les ignames ne font pas l’objet de
traitements réalisés en post-récolte. Hormis les produits
brésiliens, elles ne reçoivent pas de traitement anti-
germinatif.

L’igname est très sensible aux températures basses qui


lui sont préjudiciables. La température de stockage
généralement recommandée est de 16°C (+/- 1°C).

IGNAME
Valeur nutritionnelle

Nutrition Protéines
2.0-4.0
(% poids frais)
Fibres
Les réserves des racines d’igname 0.6
(% poids frais)
sont sous forme amylacée. La ma- Vitamine A
tière sèche représente en moyenne 117
(mg/100 g/poids frais)
30 % du poids total et contient au Vitamine C
moins 70 % d’amidon (teneurs varia- 25
(mg/100 g/ poids frais)
bles selon les espèces). Minéraux
0.5-1.0
(% poids frais)
Apports énergétiques
440
(kJ/100 g/poids frais)

Réglementation
L’igname ne fait l’objet d’aucune norme spécifi-
que du Codex Alimentarius. Concernant les
limites maximales de résidus, il est néces-
saire de se reporter à la réglementation sur
le manioc. Cette dernière est en effet extra-
polée à l’igname.

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n°182 Octobre 2010 31


LES DOSSIERS DE

Fiche produit

Le manioc
Manihot esculenta Crantz
(famille des Euphorbiaceae)
Noms usuels : manioc, cassave (Antilles, Guyane),
cassava, tapioca (anglais), yuca (espagnol)

Historique

L e bassin amazonien
est l’aire de domestica-
tion du manioc, zone de fai-
ble altitude où il est connu
depuis 7 000 ans. Au XVIe siècle,
les Portugais ont introduit l’espèce
en Afrique. Elle a ensuite atteint l’Asie
au cours du XVIIIe siècle. De nos jours, le
manioc est présent dans toutes les régions
tropicales et subtropicales. C’est une culture
rustique ayant la capacité de croître sur des terres
dégradées et peu fertiles. Le manioc préfère les
pluviométries supérieures à 1 000 mm/an, mais
on le cultive de plus en plus dans des régions
plus sèches où il est en expansion rapide,
comme le Sahel en Afrique (jusqu'à 400 mm/an).
Il est alors cultivé dans des environnements plus
favorables (bas-fonds, jardins arrosés).

Descriptif

L e manioc est un arbuste dont la


taille varie de 1 à 4 mètres. La
plante est monoïque (fleurs mâles ou
Leur faible profondeur, ainsi que leur
position relativement horizontale,
permettent une récolte beaucoup plus
ble à la cuisson, généralement par
rouissage artisanal, avant leur trans-
formation en divers produits secondai-
femelles séparées mais sur la même aisée que dans le cas de plantes is- res (attiéké en Côte d'Ivoire, gari et
plante) et principalement allogame sues de semis. lafou dans le golfe du Bénin, chikwan-
(sujet à fécondation croisée entre gue en Afrique centrale, etc.). Seules
individus). À l’état naturel, les espèces Les variétés de manioc sont classées les racines fraîches issues de variétés
sauvages se propagent par voie selon leur teneur en composés cyan- douces sont importées en Europe.
sexuée. Le manioc est multiplié par hydriques (HCN), qui les rend plus ou
voie végétative à partir de boutures moins amères. Les racines des varié- Les feuilles sont également fréquem-
nodales (tronçons de tige avec 2 ou 3 tés douces (HCN inférieur à 50 mg/kg ment consommées dans certains
noeuds). Les tubercules ou plutôt les de pulpe) peuvent être cuits directe- pays et sont importées congelées en
racines, parties les plus consommées ment. Par contre, ceux des variétés Europe. Une petite production de
du manioc, proviennent du gonflement dites amères (HCN supérieur à 80 manioc existe en France pour la ré-
des racines traçantes de la plante. mg) nécessitent un traitement préala- colte de feuilles fraîches.

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32 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

Une légende indienne...


Qu’il soit brut ou transformé, le manioc connaît une grande diversité de
noms selon les régions du monde, les langues et les dialectes considérés.
Ces noms sont d’autant plus divers que la culture du manioc est répandue
dans toute la zone intertropicale. Le nom manioc proviendrait des indiens
Tupi-guarani. Selon une de leurs légendes, Mani était une petite indienne à
la peau très blanche, fille d’un chef guerrier, qui mourut à l’âge d’un an. Sur sa
tombe apparut une plante inconnue que personne n’osa arracher, jusqu’au jour
où la terre fendue laissa apparaître une racine dans laquelle on crut reconnaître le
corps de l’enfant. Considérée comme étant d’origine divine, la plante fut alors
nommée « Mani-so-ho », qui veut dire « chair de Mani ». En attribuant au manioc une origine
divine, cette légende montre l’importance qu’il revêtait pour les populations l’ayant domestiqué.

Pays fournisseurs et calendrier


L’Union européenne importe près de 90 % de son manioc frais
du Costa Rica. La part restante provient essentiellement d’Equa-
teur et du Cameroun, lorsque les produits costariciens sont
moins compétitifs ou viennent à manquer.

La commercialisation est prise en charge dans le pays de pro-


duction par des sociétés d’exportation, voire des importateurs.
Les racines de manioc transitent par voie maritime jusqu’aux
ports européens spécialisés. Le premier port de débarquement
est Rotterdam qui expédie vers les marchés de gros. Le calen-
drier d’arrivage du manioc est relativement linéaire, hormis entre
janvier et février lorsque le Costa Rica réduit ses expéditions.

Volumes importés dans l’UE


Les importations annuelles de racines fraîches de manioc de l’UE ont plus
que doublé en quelques années, passant de 11 500 tonnes de 2000 à 2004
à 23 700 tonnes de 2007 à 2009, pour une production mon-
diale de 235 millions de tonnes par an, dont près de la
moitié en Afrique (source FAO).

Selon EUROSTAT, la France a importé 3 500 ton-


nes par an de racines de manioc de 2007 à 2009,
dont 1 600 tonnes en direct. Depuis 2000, les im-
portations ont augmenté d’un tiers. La faiblesse ap-
parente de l’importation directe s’explique par la struc-
ture de la filière manioc : la très grande majorité des importations européen-
nes est prise en charge par des sociétés néerlandaises, qui reçoivent la mar-
chandise aux Pays-Bas avant de la revendre à leurs partenaires européens.

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n°182 Octobre 2010 33


LES DOSSIERS DE

Prix de gros Manioc du Costa Rica - France - Prix de gros

2.0
De 2007 à 2009, les importations françaises de
manioc ont représenté 2.7 millions d’euros par
an. Au début de la décennie, cette valeur n’é- 1.5
tait en moyenne que de 1.8 million d’euros par

euros/kg
an (EUROSTAT). Le prix de gros du manioc
1.0
sur le marché français a peu fluctué au cours
de la dernière décennie, sauf peut-être entre le
premier mois de 2008 et février 2009 où il a 0.5
connu une hausse importante (+ 40 %). Ce prix
moyen a ensuite diminué au cours de l’exer-
0.0
cice 2009, pour revenir à un niveau plus classi-
que d’un euro le kilogramme, prix encore d’ac- déc.-99 déc.-01 déc.-03 déc.-05 déc.-07 déc.-09
tualité en 2010 (SNM). Source : SNM

Colisage et calibrage

Le manioc est généralement conditionné en cartons


télescopiques de 18 à 22 kg, le plus fréquent étant
peut-être celui de 20 kg. Ces colis contiennent ap-
proximativement une trentaine de pièces.

Il n’y a pas de réelle considération de calibre des


racines. Tout du moins, l’offre de gros n’en tient pas
compte. En effet, le calibre varie peu et n’est pas mis
en avant par les importateurs. Au stade de gros,
même si l’on retrouve des variations de taille au sein
d’un même colis, le calibre moyen est souvent identi-
que quel que soit le lot. La notion de calibre n’est pas
abordée au cours des transactions. D’ailleurs, les
Post-récolte emballages ne mentionnent pas cette information.

Pour l’exportation, les racines de manioc sont


trempées dans un bain de paraffine liquide afin
d’éviter leur desséchement et leur détérioration au
contact de l’air. Ce traitement permet une conser-
vation de plus d’un mois, contre quelques jours
Réglementation
seulement pour les racines non paraffinées. Le
traitement n’est pas préjudiciable au consomma- Le manioc doux fait l’objet d’une
teur : il ne présente pas de toxicité particulière et norme spécifique du Codex Ali-
est éliminé lors de l’épluchage. mentarius : Codex Stan 238-
2003, amendée en 2005.

Le manioc est concerné par une


centaine de limites maximales de
résidus, qui sont également d’ap-
MANIOC plicables à nombre d’autres raci-
Valeur nutritionnelle nes et tubercules tropicaux ne
faisant pas l’objet de LMR spécifi-
Protéines
(% poids frais)
0.5-2.0 Nutrition ques.
Fibres
1 Le manioc est généralement
(% poids frais) Les réserves des raci- stocké entre 0 et 5°C durant son
Vitamine A nes de manioc sont
17 transport jusqu’au lieu de vente.
(mg/100 g/poids frais)
sous forme amylacée. Les racines paraffinées peuvent
Vitamine C
50 La matière sèche repré- se conserver encore deux semai-
(mg/100 g/ poids frais)
sente 35 % du poids nes à 20°C.
Minéraux
0.5-1.5 total et est composée à
(% poids frais)
90 % d’amidon.
Apports énergétiques
600
(kJ/100 g/poids frais)

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34 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

Fiche produit

La patate douce
Ipomoea batata
(famille des Convolvulacées)
Noms usuels : patate douce (français),
sweet potato (anglais), camote, batata (espagnol),
kumara (dans le Pacifique)

Historique

L a patate douce provient du conti-


nent américain. Son centre de di-
versification est localisé entre le Mexi-
analyse de leurs grains d'amidon a ré-
vélé que les tubercules de cette époque
étaient beaucoup plus petits que ceux
que (péninsule du Yucatan) et le Vene- que nous connaissons aujourd’hui.
zuela. Les plus anciens vestiges de
patate douce séchée auraient été re- La culture de la patate douce n’est pas
trouvés au Pérou, dans les grottes du restée longtemps cantonnée à l’Améri-
Canyon Chilca et dateraient de plus de que tropicale. La plante était en effet
8 000 ans. D’autres restes de tubercu- cultivée dans les îles du Pacifique
les de patate douce ont été mis au jour (Polynésie et Nouvelle-Zélande) avant
sur un site archéologique de la vallée de l’arrivée des Européens, attestant de
Casma, toujours au Pérou. Ils dateraient contacts plus anciens entre civilisations
de 11 à 17 siècles avant notre ère. Une amérindienne et polynésienne.

Descriptif

e genre Ipomoea
regroupe ap-
proximativement 400
L chair blanche, à peau rouge et chair jaune ou encore à
épiderme et chair orange. Les types à chair orange sont
relativement moins sucrés.
espèces. On trouve par-
mi celles-ci des plantes La plante supporte mal les températures inférieures à
volubiles (s’enroulant autour 10°C. Le zéro de végétation (température minimale né-
d’un support), des ar- cessaire au développement et à la croissance du végé-
bustes et des arbres. tal) est d’ailleurs situé à 15°C. L’optimum de température
Le genre est principa- est compris entre 21 et 28°C. La tubérisation a lieu en
lement représenté dans les jours courts et est inhibée en jours longs (éclairement
régions tropicales ou subtropicales, où plusieurs espèces supérieur à 14 heures). La plante peut se cultiver en
sont cultivées, comme le liseron d’eau (Ipomoea aquati- altitude, jusqu’à 1 200 m, mais les cycles végétatifs sont
ca), particulièrement consommé en Asie du Sud-Est. alors allongés, jusqu’à six mois au lieu de quatre à cinq
mois.
La patate douce, Ipomoea batata, est une herbacée pé-
renne cultivée comme plante annuelle. Selon les varié- Les utilisations d’Ipomoea batata sont nombreuses. Les
tés, les tiges rampantes peuvent être étalées ou dres- tubercules de patate douce peuvent se consommer
sées et varier d’un à cinq mètres en longueur. De diamè- bouillis, braisés, en purée, en gratin, en frites, etc. Ils
tre relativement faible (de 3 à 10 mm), elles s’enracinent servent également à la confection de gâteaux.
lorsque les noeuds sont au contact du sol. Les feuilles
sont plus ou moins découpées et leur coloration varie du Les tubercules peuvent servir à l’élaboration de farine et
vert clair au violet foncé. d’amidon destinés à l’industrie, notamment au Japon et
en Corée. Ils ont également des débouchés dans l’ali-
La patate douce est cultivée pour ses tubercules (en fait mentation animale (porcs et bovins essentiellement). Les
des racines tubérisées), de forme sphérique à allongée feuilles peuvent être consommées comme les épinards
et de couleur variable. La coloration de la chair et de la (brèdes) ou être valorisées en fourrage. En Extrême-
peau est une caractéristique variétale. On trouve ainsi Orient, on consomme comme des légumes-feuilles les
des variétés à épiderme et chair de couleur blanche, à extrémités des tiges qui sont particulièrement bien pour-
épiderme rouge et chair blanche, à épiderme violet et vues en vitamines A et B2.

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n°182 Octobre 2010 35


LES DOSSIERS DE

Pays fournisseurs et calendrier


Les principaux pays producteurs de Patate douce — Union européenne — Calendrier d’approvisionnement
patate douce sont la Chine (80.5 mil-
lions de tonnes en 2008), loin devant le J F M A M J J A S O N D
Nigeria (3.3 millions de tonnes), l’Ou- Egypte
ganda (2.6 millions de tonnes), l’Indo- Afr. du Sud
nésie (1.9 million de tonnes) et le Viet-
nam (1.5 million de tonnes), avec un Israël
total de 106 millions de tonnes au ni- Honduras
veau mondial (FAO, 2010). Ces pays, Chine
avec le même classement, étaient déjà Calendrier très large — Origines de report
Brésil
les principaux producteurs en 2000. De
2000 à 2008, la production mondiale a
décliné de plus de 20 %, pour passer de 139 à La patate douce est le seul produit de ce dos-
106 millions de tonnes, principalement en raison sier à présenter un réel calendrier d’importa-
de la forte baisse de production chinoise (- 28 % tion, qui est relativement bien étoffé étant don-
sur la période). Les autres pays producteurs ont né la diversité des origines approvision-
dans l’ensemble accru leurs tonnages. nant le marché. L’alternance saison-
nière entre pays de production
Les origines rencontrées sur le marché européen permet la présence simultanée
ne correspondent pas aux principaux pays pro- d’au moins trois origines, sans
ducteurs. Il s’agit de l’Égypte, de l’Afrique du Sud, considération de types varié-
des États-Unis, d’Israël, du Brésil et du Honduras. taux. Le recours aux origines
chinoise et brésilienne s’expli-
La patate douce est aussi cultivée en Europe. que particulièrement lorsqu’une
L’Espagne, le Portugal, la Grèce et l’Italie produi- des variétés est absente du
sent en tout 67 000 tonnes destinées au marché marché.
local.

Volumes importés dans l’UE


L’origine des patates douces importées est exclusivement
extra-européenne. De 13 000 tonnes en 2000 et 23 500
tonnes en 2004, les importations annuelles de l’UE sont
passées à 55 500 tonnes de 2007 à 2009. Elles ont été en
moyenne de 38 000 tonnes pour le Royaume-Uni, 12 500
tonnes pour la France, 10 300 tonnes pour les Pays-Bas et
1 000 tonnes pour la Belgique. La France est ainsi bien
positionnée sur le marché de la patate douce, puisqu’elle
traite près du quart des marchandises importées dans l’UE.

Colisage et calibrage
La patate douce est généralement conditionnée en car-
tons télescopiques ou plateaux de 6 à 10 kg. Les petits
conditionnements sont majoritairement utilisés pour les
patates à chair orange. Les colis contiennent un nombre
très variable de pièces, allant d’une dizaine à une soixan-
taine. Partiellement nettoyés, les produits peuvent pré-
senter un certain nombre de bourgeons en débourre-
ment, généralement selon leur âge. Les tubercules peu-
vent se conserver plus d’un mois en conditions de stoc-
kage. On trouve six calibres : S, M, L1, L2, XL et XXL.
Les pièces pèsent ainsi de 150 à plus de 900 grammes.

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36 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

Prix de gros Patate douce - France - Prix de gros

1.9 Egypte
Sur la période 2007-2009, la valeur des patates douces Afr. du Sud
importées par l’UE était estimée à 35.7 millions d’euros 1.7 Israël
par an, alors qu’elle n’était que de 16.9 millions d’euros 1.5

euros/kg
entre 2000 et 2004 (EUROSTAT). Toute chose étant 1.3
égale par ailleurs, le chiffre d’affaires a progressé moins
rapidement que les volumes, ce qui se traduit par une 1.1
érosion du prix sur dix ans. 0.9
0.7
Toujours entre 2007 et 2009, les statistiques européen-
nes indiquent des importations françaises de patate 0.5
douce pour un montant moyen de 9.3 millions d’euros janv.- juil.- janv.- juil.- janv.- juil.- janv.- juil.- janv.-
par an. De 2000 à 2004, il était de 5.1 millions d’euros 06 06 07 07 08 08 09 09 10
par an (+ 83 % de 2000 à 2009).
Source : SNM
Le SNM cote régulièrement trois origines de patate
douce sur le marché de Rungis, sans distinction de type
variétal. Il suit ainsi les produits sud-africains, israéliens et égyptiens. Les produits brésiliens sont également référen-
cés, mais à une fréquence moindre. La période 2000-2010 met en lumière des variations mensuelles assez importan-
tes pour les produits sud-africains et israéliens. Leurs cours ont ainsi fluctué de manière assez systématique sur la
décennie, avec un prix de gros variant sur une année de 1 210 à 1 460 euros/t pour les produits sud-africains et de
1 230 à 1 490 euros/t pour les israéliens.

Les variations de prix des produits sud-africains sont probablement les plus systématiques. Elles semblent coïnci-
der avec le début et la fin de campagne, qui commence en mars et se termine fin octobre. Ces variations pour-
raient ainsi trouver une explication dans une baisse qualitative progressive des produits, récoltés en début
d’année puis conservés plus ou moins longtemps en chambre froide le temps d’être commercialisés.

Post-récolte
Les patates égyptiennes semblent ne pas subir de
traitement anti-germinatif, puisqu’elles sont les
seules à parfois présenter des rejets importants.
Les rejets pouvant être observés sur d’autres
origines, notamment l’Afrique du Sud et les
Etats-Unis, sont particulièrement peu vigoureux.

La température de stockage généralement recom-


mandée est de 13°C. La température optimale de
conservation avoisine 13 à 14°C (avec 85 à 90 %
d’humidité relative). En dessous de 10°C, le
risque de détérioration est important.

Réglementation
La patate douce ne fait l’objet d’aucune
PATATE DOUCE norme spécifique du Codex Alimenta-
Valeur nutritionnelle rius. Concernant les limites maxima-

Nutrition
les de résidus, il est nécessaire de
Protéines se reporter à la réglementation sur
1.0-3.0
(% poids frais) le manioc. Cette der-
Fibres nière est en effet
1
(% poids frais) En plus de l’amidon,
extrapolée à la
Vitamine A les tubercules
900 patate douce.
(mg/100 g/poids frais) contiennent des dex-
Vitamine C trines, des sucres et
35
(mg/100 g/ poids frais) du béta-carotène en
Minéraux proportions variables.
1
(% poids frais)
Apports énergétiques
500
(kJ/100 g/poids frais)

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n°182 Octobre 2010 37


LES DOSSIERS DE

Fiche produit

Les taros
Colocasia esculenta L. (famille des Araceae)
Xanthosoma sagittifolium (L.) Schott (syn. X. violaceum) (famille des Araceae)

Historique

L es taros au sens large font partie


de la famille botanique des Araceae
et peuvent présenter une grande varia-
pent sur le corme principal (partie sou-
terraine de la tige) qui lui n’est pas
consommé. Chez le dasheen, au
bouillis ou en gratin,
tandis que les limbes
peuvent être préparés en
bilité de noms. Le terme taro rassemble contraire, c’est le corme principal, de la soupe. Xanthosoma bra-
en fait deux genres distincts : les Colo- grosseur d’un melon, qui est utilisé. siliense est une espèce
casia d’origine asiatique et les Xantho- parente du macabo, appe-
soma d’Amérique tropicale. Quelle que Dans le commerce, le terme cocoyam lée « calalou » ou encore
soit leur aire de domestication, les taros (on trouve aussi malanga) désigne l’es- « herbage ». Elle est exclu-
au sens large s’inscrivent parmi les plus pèce américaine Xanthosoma sagittifo- sivement cultivée pour ses
anciennes plantes cultivées. C’est ainsi lium, dont on consomme également les feuilles (limbe et pétiole),
que l’on a retrouvé des traces de culture cormes secondaires en forme de poire connues pour être riches en
en Asie, remontant à plus de 10 000 allongée. vitamines A et C.
ans. La plante y était alors cultivée en
terrasses irriguées. Le chou-caraïbe ou Les taros sont la base de l’alimentation Les aracées ne connaissent pas que
macabo était quant à lui cultivé sur le pour de nombreuses populations à tra- des débouchés alimentaires. On re-
continent américain dès l’ère précolom- vers le monde. En effet, plus de 400 trouve souvent le terme « aracées co-
bienne. millions de personnes les consomment. mestibles » par opposition aux aracées
Ils sont cultivés essentiellement pour ornementales. On notera toutefois que
Les dénominations commerciales eddoe leurs organes souterrains (de réserve), les principales aracées d’ornement,
et dasheen que l’on trouve en France se mais les parties aériennes sont égale- comme l’anthurium (Anthurium spp.) ou
réfèrent à l’espèce asiatique Colocasia ment consommées, qu’il s’agisse de l’arum de nos jardins (Zantedeschia
esculenta. Ces deux types de taro sont jeunes pousses ou des feuilles dans aethiopica), ne sont pas comesti-
morphologiquement très différents. leur intégralité. Dans le cas des feuil- bles. Les Xanthosoma viola-
Chez l’eddoe (ou taro japonais), on les, on distingue les limbes des pétio- ceum, au beau feuillage viola-
consomme les cormes secondaires, de les. À l’instar du céleri-branche, les cé, sont de plus en plus fré-
la grosseur d’un kiwi, qui se dévelop- pétioles peuvent être consommés quents dans les jardineries.

TARO
Valeur nutritionnelle

Protéines
1.5-3.0
(% poids frais)
Fibres
0.5-3.0
(% poids frais)
Vitamine A
0-42
(mg/100 g/poids frais)
Vitamine C
10
(mg/100 g/ poids frais)
Minéraux
0.5-1.5
(% poids frais)
Apports énergétiques
400
(kJ/100 g/poids frais)

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38 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

Fiche produit taro

L’eddoe
Colocasia esculenta L.
(famille des Araceae)
Noms usuels : eddoe, madère (Antilles), songe maurice
(Réunion), arouille carri (Maurice), taro bourbon
(Nouvelle-Calédonie), eddoe, taro (anglais)

Descriptif

C hez les taros (Colocasia escu-


lenta) ou colocases de type
eddoe, les plantes dépassent rare-
la coloration du feuillage varie du vert
très clair au violet très foncé, de ma-
nière homogène ou non. Les feuilles
Les taros présentent à l’état cru un
caractère irritant par contact et par
ingestion, dû à une forte concentra-
ment un mètre de haut. Les feuilles peuvent présenter des lignes ou des tion de cristaux d'oxalate de calcium.
sont cordiformes et peltées taches. Les couleurs des pétioles et Une cuisson adéquate permet de les
(s’insérant au tiers inférieur du limbe, des limbes peuvent également varier. éliminer, conférant ainsi une innocuité
comme le font les feuilles d’anthu- totale au produit préparé.
rium). Les limbes sont de dimension Chez l’eddoe, seuls les cormes se-
variable, de 30 à 80 cm de long et de condaires sont consommés. Le L’eddoe est d’une grande importance
20 à 50 cm de large. Les pétioles, corme principal, trop fibreux, peut socio-économique dans le Sud-Est
robustes, sont jointifs à la base de la alors servir à régénérer des plants. asiatique, ainsi que dans les îles du
plante. Ils sont également de lon- La chair de l’eddoe est blanche et Pacifique. À l’instar des pommes de
gueur très variable (de 30 à 150 cm), son goût rappelle celui de la pomme terre, les eddoes sont consommés
selon la variété et les facteurs pédo- de terre, quoique cependant moins cuits, généralement bouillis, frits ou
climatiques. Pour les mêmes raisons, sucré. encore en purée.

Pays fournisseurs et calendrier


L’approvisionnement du marché européen en eddoe est as-
suré par deux origines prépondérantes : le Costa Rica et le
Brésil. Les cormes brésiliens sont généralement plus gros
que ceux d'Amérique centrale et plus appréciés par le mar-
ché. Les produits costariciens sont fréquemment appelés
« ñampi ».

La plante se cultive toute l’année vu son ab-


sence de dormance. Il est néanmoins recom-
mandé de mettre en place la culture en début
de saison des pluies. Les tubercules peuvent
être stockés plusieurs semaines après récolte.
De ce fait, l’offre est relativement stable et les
arrivages sont réguliers sur les marchés d’impor-
tation, que ce soit en qualité ou en quantité.

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n°182 Octobre 2010 39


LES DOSSIERS DE

Volumes importés dans l’UE


La base de données EUROSTAT ne
consacre pas de rubrique indépendante Prix de gros
aux taros quels qu’ils soient. Il sont
probablement comptabilisés dans une
rubrique cumulant d’autres racines et Les cotations « taro » du SNM
tubercules. Sur le marché français, les concernent en réalité l’eddoe.
taros représentent les plus faibles volu- Cette source d’information suit ainsi
mes des racines et tubercules exoti- trois origines : le Brésil, le Costa Rica et la
ques considérés ici. Les quantités com- Chine (depuis 2007 pour cette dernière). Le
mercialisées seraient de 3 à 5 fois infé- SNM indique un prix de gros d’environ
rieures à celles du manioc, des igna- 1 500 euros/t. Il ressort certaines fluctuations
mes ou autres du prix mensuel selon les origi-
patates douces, nes (sauf pour la Chine). Ainsi,
Eddoe - France - Prix de gros les prix de gros des produits
soit une estima-
tion autour de brésiliens et costariciens suivent
4 000 à 6 000 2.0 parfois une certaine rythmicité à
tonnes au ni- l’année, avec des cours plutôt
1.8 haussiers d’octobre à mars et
veau européen.
plutôt en baisse d’avril à sep-
euros/kg

1.6
tembre.
1.4
Nos relevés de prix hebdoma-
1.2 Brésil daires sur le marché de Rungis
Costa Rica indiquent des prix de gros supé-
1.0 rieurs durant la période estivale :
janv.- janv.- janv.- janv.- janv.- janv.- janv.- janv.- janv.- janv.- de 1 700 à 1 800 euros/t.
01 02 03 04 05 06 07 08 09 10

Source : SNM

Colisage et calibrage Post-récolte


L’eddoe est généralement conditionné en Il n’est pas fait usage de pro-
cartons télescopiques de 10 ou 15 kg. La duits phytosanitaires de post-
quantité d’eddoe par carton, selon le cali- récolte. La température de
bre et le poids commercial, varie de 50 à stockage généralement re-
150 pièces. commandée est de 10°C avec
85 à 90 % d’humidité relative.
Les eddoes se présentent tous sous la L’eddoe est sensible aux bas-
même forme : leurs cormes sont nettoyés ses températures (inférieures
(brossés) et exempts de radicelles. Les à 7°C) qui provoquent des
tubercules dormants se conservent quel- lésions dues au froid (chilling
ques semaines, dès lors que les variables i n j u r y) , c o m m e l e p i t t i n g
d’hygrométrie, de luminosité et de tempé- (piqûres). Elles augmentent

Nutrition
rature sont maîtrisées. De par sa nature également la sensibilité aux
(organe de réserve et de conservation), maladies de post-récolte, prin-
c’est un produit robuste, à condition qu’il cipalement liées au dévelop-
soit récolté à maturité. Les cormes peu- Les cormes présentent des réserves pement de champignons.
vent se conserver plus d’un mois à 10°C, amylacées. Leur teneur en matière sè-
ce qui permet leur transport par voie mari- che avoisine les 30 %. Le produit pré-
time. Ils se prêtent également très bien à sente également une excellente digesti-
la congélation. On peut trouver des lots bilité, grâce au faible diamètre de ses
dont les cormes présentent un bourgeon grains d’amidon. On trouve d’ailleurs des
terminal gonflé, signe d’un début de germi- produits dérivés des cormes de Coloca-
nation, qui devient préjudiciable passé un sia parmi les aliments hypoallergéniques
certain niveau de développement. destinés aux malades et nourrissons.
Les tubercules sont calibrés selon quatre Réglementation
catégories : S, M, L ou XL, mais ses piè-
ces pèsent le plus couramment de 100 à L’eddoe ne fait l’objet d’aucune norme spécifique du Codex Alimentarius.
200 g. D’une manière générale, les cali- Concernant les limites maximales de résidus, il est nécessaire de se reporter à
bres supérieurs sont mieux valorisés. la réglementation sur le manioc. Cette dernière est en effet extrapolée à l’eddoe.

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40 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

Fiche produit taro

Le dasheen
Colocasia esculenta L. (famille des Araceae)
Noms usuels : dasheen, madère (Guadeloupe), dachine
ou chouchine (Martinique, Guyane), songe (Réunion,
Mayotte), taro d’eau (Nouvelle-Calédonie), old
cocoyam, taro (anglais)

Descriptif Volumes importés


dans l’UE
L e dasheen est également un corme de Coloca-
sia esculenta. Il se distingue de l’eddoe par son
type variétal. Les parties aériennes sont de même Sous la nomenclature de « taro (cocoyam) » en anglais et de « taro
aspect que celles du type eddoe, mais le dévelop- (colocase) » en français, FAOSTAT estime la production à plus de
pement des plantes peut être plus important. 11 millions de tonnes en 2007, les plus gros producteurs étant le
Contrairement aux eddoes qui sont sensibles à Nigeria (5 millions de tonnes), le Ghana (1.7 million de tonnes), la
l’excès d’eau et nécessitent des sols bien drai- Chine (1.64 million de tonnes) et le Cameroun (1.2 million de ton-
nants, les dasheens peuvent se cultiver en sol inon- nes), suivis de la Papouasie Nouvelle Guinée (285 000 t), de Mada-
dé, souvent au milieu des rizières. gascar (240 000 t) et du Japon (173 200 t). Il est cependant très
probable que dans les trois premiers pays africains une grande par-
Chez le dasheen, on consomme les cormes primai- tie de cette production concerne en fait le macabo ou chou-caraïbe
res. Les cormes secondaires étant difficilement (Xanthosoma).
valorisables, leur production n’est pas recherchée.
Le dasheen se présente sous plusieurs formes, Les statistiques européennes ne référençant pas le dasheen ni les
selon son degré d’humidité. On trouve ainsi généra- taros en général en tant que tels, il est difficile d’estimer les volumes
lement des dasheens « frais », à l’humidité impor- importés en Europe.
tante, mais aussi des « secs », dont l’apparence et
la texture se rapprochent plus fortement de celles Le dasheen est plutôt un produit de niche, globalement peu échan-
de l’eddoe. Les cormes ont une chair blanche par- gé à l’international, même si la demande est assez stable. Ainsi, les
fois mouchetée de rouge. Les traces d’insertion des sociétés d’importation le commercialisent en parallèle avec d’autres
cormes secondaires restent visibles sur le produit. produits dont les volumes sont plus conséquents, comme par exem-
ple le manioc, permettant dès lors de remplir un conteneur maritime.
À l’état cru, le dasheen présente une importante D’une manière générale, les volumes exportés restent faibles : com-
toxicité due à la présence de cristaux d’oxalate de paré aux autres aracées, le produit est souvent indisponible.
calcium, toxicité qui disparait à la cuisson. De la
même manière que l’eddoe, on le prépare bouilli, Les caractéristiques de fraîcheur et d’humidité du dasheen font que
frit ou encore en purée. les cormes évoluent rapidement, soit en germant, soit en se dessé-
chant. Certains dasheens extra-frais venant de la zone caraïbe tran-
Le dasheen est d’une grande importance économi- sitent de manière privilégiée par voie aérienne. Les produits égyp-
que dans la zone pacifique, le sud-est asiatique et tiens peuvent être transportés par bateau en raison de leur plus
aux Antilles. grande proximité des marchés européens. Le dasheen séché se
prête très bien au transport maritime. Ce dernier type de produit est
toutefois peu présent sur le marché, en particulier français, sauf
lorsque le produit frais vient à manquer.

Pays fournisseurs
et calendrier
Les dasheens commercialisés en France proviennent quasi
exclusivement de la zone caraïbe. Les Antilles françaises
(Guadeloupe et Martinique) sont la principale origine. On
trouve également des produits du Costa Rica, du Hondu-
ras ou encore d’Égypte. Le dasheen ne connaît pas de
dormance, il est donc possible de le cultiver toute l’année.
Cependant, on recommande de le planter en début de
saison des pluies. Son calendrier de production est régulier.

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n°182 Octobre 2010 41


LES DOSSIERS DE

Prix de gros
Les statistiques officielles ne proposent pas
d’informations relatives au prix de gros du das-
heen. Néanmoins, des relevés de prix hebdoma- Colisage et calibrage
daires sur le marché de Rungis au cours des
derniers mois nous permettent d’avancer un prix
indicatif compris entre 3 000 et 3 900 euros/t. Le dasheen est généralement conditionné en cartons de
15 à 20 kg. La quantité par colis, selon le calibre et le
poids commercial, varie dans l’ensemble de 10 à 20 piè-
ces. Les cormes sont protégés par des feuilles plastiques
opaques pour une bonne conservation de l’humidité.

Les dasheens commercialisés en cormes frais sont net-


toyés (brossés) sans excès afin de préserver leur couche
d’humidité, garante de leur fraîcheur. Ils arborent fréquem-
ment des couronnes de jeunes radicelles. Les dasheens
secs se présentent de la même manière que les eddoes.

La durée de commercialisation du dasheen frais, une fois


arrivé en Europe, n’excède pas la semaine. Le dasheen
sec est quant à lui un produit robuste. À l’instar de l’eddoe,
les cormes secs peuvent se conserver plusieurs semaines
à une dizaine de degrés, ce qui facilite d’autant plus leur
acheminement par voie maritime.

Les tubercules de dasheen ne sont pas calibrés et les


cormes peuvent être de taille très variable au sein d’un
même colis. Les pièces pèsent ainsi généralement de
600 g à près de 2 kg.

Post-récolte
Il n’est pas fait usage de
produits phytosanitaires de
post-récolte. La tempéra-
ture de stockage recom-
mandée est de 10°C.

Nutrition Réglementation
Le dasheen ne fait l’objet d’aucune
Les cormes sont riches en norme spécifique du Codex Alimenta-
amidon et la teneur en ma- rius. Concernant les limites maxi-
tière sèche avoisine les 30 %. males de résidus, il est nécessaire
de se reporter à la réglementation
sur le manioc. Cette dernière est
en effet extrapolée au dasheen.

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42 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

Fiche produit taro

Macabo, chou-caraïbe, malanga, cocoyam


Xanthosoma sagittifolium (L.) Schott (syn. X. violaceum) (famille des Araceae)
Noms usuels : malanga, chou caraïbe (Antilles), macabo (Cameroun), new cocoyam,
yautia (anglais), taro tania (espagnol)

Descriptif

L e macabo (ou chou-caraïbe ou


malanga ou encore cocoyam)
est le tubercule de Xanthosoma
leurs de différencier aisément Xan-
thosoma et Colocasia lorsque les
plantes sont en végétation. Les
France, selon que leurs cormes
sont à chair blanche (malanga blan-
ca) ou à chair blanche mouchetée
sagittifolium. Contrairement au pétioles sont robustes et jointifs à la de rouge (red cocoyam). Le red
dasheen, ce sont les cormes se- base de la plante. La coloration cocoyam se distingue également
condaires qui sont consommés. verte du feuillage peut être plus ou par la teinte rose de ses germes.
L’apparence de la plante se rappro- moins prononcée. Les plantes peu-
che fortement de celle du Colocasia vent dépasser deux mètres de hau- Le chou-caraïbe ou macabo est
esculenta. Le chou-caraïbe est un teur. irritant à l’état cru, du fait de la pré-
végétal herbacé d’origine amazo- sence de cristaux d'oxalate de cal-
nienne. Les feuilles sont cordifor- Les macabos sont de forme plus cium dans ses tissus. Les cormes
mes et sagittés (s’insérant dans le allongée que les cormes des colo- de macabo se consomment donc
prolongement de la nervure cen- cases. On dénombre deux variétés cuits : bouillis, frits ou en purée.
trale). Ce caractère permet d’ail- de macabo commercialisées en

Pays fournisseurs
et calendrier

Le Costa Rica truste la quasi-totalité


des parts de marché export à destina-
tion de l’Union européenne. Il s’agit
d’ailleurs de l’unique origine significati-
vement présente sur le marché.

Il n’existe pas réellement de calendrier


de production du macabo car, à l’instar
des autres aracées, les exigences de Volumes importés dans l’UE
la plante ne nécessitent pas d’élaborer
un calendrier particulier de plantation
ou de récolte. Il est cependant conseil- Ce produit a une forte importance économique dans toute l’Amérique
lé de mettre en place la culture en centrale, dans certaines régions d’Amérique du Sud (Venezuela, Pé-
début de saison des pluies. Les tuber- rou), ainsi que dans la partie équatoriale de l’Afrique. Néanmoins,
cules se conservent aisément plu- FAOSTAT ne recense que la production américaine de chou-caraïbe,
sieurs semaines après récolte. principalement de Cuba, du Venezuela, de République dominicaine et
du Pérou, sous la dénomination de « Taro (yautia) » en anglais et de
« chou-caraïbe » en français.

La production était estimée en 2007 à 415 000 tonnes, les pays pro-
duisant le plus étant Cuba (207 000 t), le Venezuela (80 000 t), le Sal-
vador (52 000 t) et le Pérou (30 000 t). Toutefois, les données relati-
ves à l’import-export ne correspondent manifestement pas à la réalité
du commerce et Eurostat le regroupe avec d’autres produits similaires.

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n°182 Octobre 2010 43


LES DOSSIERS DE

Prix de gros
Les statistiques officielles ne proposent pas
d’informations relatives au prix de gros du
macabo. Néanmoins, des relevés de prix
hebdomadaires sur le marché de Rungis
nous permettent d’avancer un prix indicatif
compris entre 1 800 et 2 800 euros/t.

Post-récolte
Il n’est pas fait usage de Colisage et calibrage
produits phytosanitaires de
post-récolte. La température
de stockage recomman- Le chou-caraïbe est généralement conditionné en
dée est de 10°C. cartons télescopiques de 15 ou 18 kg. Le nombre de
pièces par colis, selon le calibre et le poids commer-
cial, varie de 50 à 120.

Les macabos, qu’ils soient de type blanc ou rouge,


se présentent tous sous la même forme : leurs cor-
mes sont nettoyés (brossés) et exempts de radicel-
les. Les cormes présentent très fréquemment un à
plusieurs bourgeons latéraux gonflés. Dans une cer-
taine limite, cet élément n’est pas nécessairement
préjudiciable. Ce produit robuste peut se conserver
plus d’un mois à 10°C, ce qui permet de l’exporter
par fret maritime.

Les tubercules sont calibrés selon quatre catégories :


S, M, L et XL. Les pièces pèsent ainsi communément
de 150 à 350 g. D’une manière générale, les calibres
supérieurs sont mieux valorisés. Les cormes de ma-
cabo présentent une relative variabilité de formes : ils
sont souvent de courbure variable et le diamètre
entre les parties supérieures et inférieures des cor-
mes est rarement homogène.

Nutrition
Les réserves des cormes
sont de type amylacé.
Leur teneur en matière
sèche avoisine les 30 %.
Réglementation
Le chou-caraïbe fait l’objet d’une
norme spécifique du Codex Ali-
mentarius : CODEX STAN 224-
2001, amendée en 2005. Les limi-
tes maximales de résidus du maca-
bo correspondent à celles du manioc.

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44 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

Racines et tubercules tropicaux


Caractéristiques générales

par Philippe Vernier

L es plantes à racines et tubercules ont comme caractéristi-


ques communes d’être cultivées pour leurs organes souter-
rains et reproduites de façon végétative par bouturage. La produc-
Igname
(D. alata)
tion est en effet orientée vers les organes de réserve souterrains
(racines ou tubercules) et non les graines issues de la fécondation Nordeste
de fleurs, comme chez les céréales par exemple. Cette décon- Brésil
nexion de la fécondation rend la production plus stable et moins
sujette aux aléas climatiques. En effet, la pollinisation des fleurs
est toujours une période sensible pour une plante et un stress
hydrique à cette période peut compromettre la récolte de façon
irrémédiable. La production de racines et de tubercules est au
contraire un processus continu. Un manque d’eau à une période
du cycle va certes ralentir l’accumulation de réserves, mais non
l’annuler. Un retour des pluies permettra au processus de repartir.
Au final, sauf sécheresse totale et prolongée, il y aura toujours
une production, alors qu’une sécheresse mal placée de quelques Manioc
semaines peut anéantir une récolte de céréales. Ainsi, c’est bien
l’introduction de la pomme de terre au XVIIe siècle qui a permis
d’éradiquer les disettes auparavant récurrentes en Europe.

La multiplication végétative entraîne une reproduction à l’identique


(clonage), les plantes restant génétiquement identiques au fil des
campagnes agricoles, sauf en cas de mutations somatiques très
rares. Cette caractéristique fait qu’il est facile de conserver les
traits de chaque variété, sans risque de dégénérescence comme
c’est le cas chez les plantes à graines (céréales) où une variété
peut aisément dériver si elle est contaminée par du pollen étran-
ger. Chez les plantes à pollinisation croisée (fleurs femelles et
mâles séparées), le risque est important et oblige à mettre en
place un système semencier complexe pour garantir la pureté
variétale (maïs). Chez les plantes à racines et tubercules ce ris-
que n’existe pas, mais la situation n’est pas pour autant idyllique
et le mode de multiplication végétatif apporte d’autres contraintes.

Contrepartie de cette stabilité génétique, l’adaptation en cas de


changement de l’environnement (apparition de nouvelles mala-
dies, changement climatique) oblige à repasser par la voie sexuée
pour créer de nouvelles variétés mieux adaptées. Ces plantes
ayant souvent perdu de leur fertilité naturelle, cette voie est plus Patate douce
compliquée que pour les plantes à graines.

Une bouture étant un fragment de végétal, elle est généralement


riche en eau donc périssable, volumineuse et lourde, et aussi plus
difficile à stocker et à transporter. A l’inverse, les graines sont
petites et à faible teneur en eau et leur conservation peut facile-
ment atteindre plusieurs années. La nature des boutures qui ser- Chou caraïbe
vent à la plantation varie selon l’espèce.
en Haïti
L’autre problème apporté par la multiplication végétative est la (Xanthosoma
transmission beaucoup plus importante de bio-agresseurs. En sagittifolium)
effet, si les graines transmettent peu les virus ce n’est pas le cas ou macabo
des boutures. De même, ce type de matériel transporte plus faci- au Cameroun
lement toutes sortes de parasites (nématodes, champignons,
insectes, etc.) et est plus compliqué à traiter que les graines en
raison de son volume et de sa périssabilité.
Photos© Philippe Vernier

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n°182 Octobre 2010 45


LES DOSSIERS DE

Racines et tubercules tropicaux — Bouturage et conservation

Espèce Type de bouture Conservation Remarques

Igname Morceaux de tubercules, petits Conservation possible de 1 à 6 mois, 1 à 5 t/ha, jusqu'à un tiers de la
tubercules (200 à 500 g). y compris après le début de la production. Forte concurrence avec
germination (si dégermage). la production. Investissement en
boutures onéreux. Les morceaux de
tubercules donnent une germination
très étalée dans le temps (levée
hétérogène).

Manioc Fragment de tige de 20 à 40 cm. Boutures de tiges ligneuses, bonne Production et récolte continues toute
résistance. Quelques semaines au l’année. Pas de concurrence avec la
sec et à l’ombre. production des racines.

Patate douce Boutures de tiges vertes avec 2 à Tiges vertes. Peu résistantes. Pas de concurrence avec la
3 feuilles. Quelques jours avec protection. production de tubercules. Nécessité
de cycles continus (3 ou 4 par an).
En pays à hivers froids (USA),
stockage des graines et mise en
germination sur couche pour la
production de boutures.

Taro : Têtes des cormes (dasheen), Faible si têtes de cormes, plusieurs Concurrence partielle avec la
colocase et macabo cormes secondaires (dasheen, semaines si tubercules ; 1.5 à 3 production. Le prélèvement des têtes
macabo) ou petits tubercules tonnes/ha de boutures. de cormes fragilise les cormes de
(eddoe). consommation.

Photos© Philippe Vernier

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46 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

Racines et tubercules tropicaux


Maladies et ravageurs

par Philippe Vernier

L es bio-agresseurs peuvent attaquer soit les parties aériennes (tiges, feuillages),


soit les parties souterraines des plantes. Dans le premier cas, les capacités photo-
synthétiques de la plante seront réduites, entraînant une perte de production. Dans le
second cas, c’est la qualité du produit consommé qui pourra être atteinte.

Igname — Maladies et ravageurs


Bio-agresseurs Remarques Dégâts Stratégies de lutte
Viroses Mosaïque Plusieurs types de Décoloration et • Variétés résistantes.
Yam Mosaic Virus virus impliqués, déformation des • Utilisation de semenceaux issus
Mosaïque (YMV), Yam Mild souvent en feuilles, baisse de de plantes saines.
Mosaic Potyvirus interaction. rendement, D.
(YMMV), rotundata souvent plus
Cucumovirus (CMV) susceptible que D.
alata.
Taches brunes Taches brunes dans
internes les tubercules, surtout
Internal Brown Spot sur D. alata aux
(ISBV) Caraïbes.

Champignons Anthracnose Attaque surtout les Taches foliaires. • Rotations culturales.


foliaires Complexe de ignames de l’espèce Réduction du • Détruire les lianes après attaque.
champignons dont D. alata. rendement. Destruction • Eviter l'irrigation par aspersion en
Anthracnose Colletotrichum si attaques sévères. cas de vent.
gloeosporioides • Traitement fongicide du feuillage.

Autres taches Impact localement fort Taches foliaires.


foliaires sur D. rotundata. Réduction du
Alternaria, Curvularia rendement. Destruction
cercospora, si attaques sévères.
Sclerotum rolfsii,
Rhizoctonia

Pourriture des Pourritures humides Pourritures internes Pourriture, suintement, • Eviter les blessures à la récolte.
tubercules Botryodiplodia durant le stockage, odeur fétide. • Trier et séparer les tubercules
theobromae, entrant par les Baisse de valeur blessés.
Rhizopus nodosus et blessures d'insectes commerciale. • Appliquer de la cendre de bois sur
autres et d'outils à la récolte. les blessures des tubercules.
• Désinfection, aération et
Pourriture verte Se développe en Taches pulvérulentes ventilation des lieux de stockage.
Penicillium spp. surface durant le verdâtres. Baisse de • Rotation culturale, laisser plusieurs
stockage sur les valeur commerciale. années entre deux cultures
parties blessées d'igname.

Nématodes sur Nématodes à lésion Infestation par les Petites fentes sur la • Choix rigoureux des semenceaux.
tubercules Scutellonema bradys, tubercules et le sol. peau des tubercules, Eliminer tout matériel contaminé
Pratylenchus coffea, Favorisés par prolongées sous (galles, lésions, fentes de
l’irrigation. l’épiderme par des nématodes).
Nématodes Attaques plus fortes taches noires. • Eliminer les adventices hôtes des
vers la tête du Baisse de valeur nématodes.
tubercule. commerciale et • Rotation des cultures. Eviter les
semencière. cultures sensibles aux nématodes
(solanacées pour Meloïdogyne).
Nématodes à galles Plutôt sur igname D. Galles en surface des
• Planter comme précédent des
Meloidogyne spp. alata. tubercules.
plantes à effet nématifuge-
Baisse de valeur
nématicide (crotalaire, arachide,
commerciale et
etc.).
semencière.
• Thermothérapie (trempage des
semenceaux dans l’eau chaude).
Photos© Philippe Vernier

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n°182 Octobre 2010 47


LES DOSSIERS DE

Manioc — Maladies et ravageurs

Bio-agresseurs Remarques Dégâts Stratégies de lutte

Viroses Apparition de souches plus Décoloration et déformation du • Création


Mosaïque africaine du virulentes en Afrique, feuillage, baisse de la de variétés
manioc (African Cassava transmission par vecteurs production de racines. Les résistantes.
Mosaic Disease - ACMD), (insectes) et boutures. feuilles mosaïquées sont • Sélection des
stries brunes du manioc souvent préférées pour être boutures sur
(Cassava Brown Streak Virus consommées ! plantes saines.
- CBSV), etc.

Mosaïque

Flétrissement bactérien Transmission par le matériel Dépérissement des parties Prévention :


(Cassava Bacterial Blight - de plantation. aériennes, baisse de • matériel de plantation sain,
CBB) production. • destruction des plantes atteintes après
la récolte,
• désinfection des outils de coupe.

Pourriture des racines Nombreux champignons Coloration brune de la chair • Sur Phytophthora : thermothérapie des
impliqués : Fusarium, des racines, odeur fétide. boutures (immersion pendant 49 mn à
Phytophthora, 49°C).
Pythium, Sclerotium, etc. • Contrôle biologique : Trichoderma
(champignons antagonistes).

Parasites Introductions involontaires Forts dégâts sur le feuillage, • Chimique : à risque et onéreuse.
Cochenilles farineuses d’Amérique latine, arrêt de croissance, pertes de • Lutte biologique par introduction
(Phenacoccus manihoti), pullulations épisodiques. rendement. d’entomophage : une guêpe
acariens verts (Epidinocanis lopezi) contre la
cochenille, un acarien prédateur du
Brésil contre l’acarien vert. Succès
variable selon les pays en Afrique.

Cochenilles

Patate douce — Maladies et ravageurs

Bio-agresseurs Remarques Dégâts Stratégies de lutte

Viroses du feuillage Transmission souvent Rabougrissement des tiges, • Utilisation de variétés résistantes.
(divers complexes viraux) par insectes (puceron, mosaïques et nanisme du • Sélection de boutures saines.
aleurode/mouche feuillage, craquelures sur les • Protection contre les insectes vecteurs.
blanche). tubercules.

Champignons Gale (Scab) Taches foliaires, pertes de • Rotation des cultures.


sur tiges et tubercules rendement jusqu'à 60 %. • Traitement fongicide des boutures et
du feuillage.
Fusariose vasculaire Jaunissement du feuillage puis
flétrissement.

Insectes souterrains Charançons : Euscepes Galeries dans les tubercules qui • Pièges à phéromones pour attirer les
batatae et Cylas deviennent impropres à la vente. mâles et les détruire.
formicarius

Nématodes à galles Meloïdogyne, Galles sur les tubercules. • Eviter les cultures sensibles aux
Rotylenchulus nématodes dans la rotation
(solanacées).
Photos© Philippe Vernier

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48 Octobre 2010 n°182


LES DOSSIERS DE

Taros : colocase (Colocasia escuelenta) et macabo (Xanthosoma sagittifolium) — Maladies et ravageurs

Bio-agresseurs Remarques Dégâts Stratégies de lutte

Viroses Dasheen Mosaic Réduction parfois Décoloration en mosaïque sur • Assainir les cultures dès l'apparition
Virus (DMV) sur importante du le feuillage. des premiers symptômes par
colocase et macabo rendement. l'arrachage des plants infectés.
• Contrôler les vecteurs (pucerons).

Complexe viral ABVC est fatal aux Les feuilles deviennent


Alomae Bobone taros. Très peu de chétives, vert foncé, restant
Virus Complex variétés résistantes. froissées.
(ABVC)

Champignons Flétrissure des N’attaque pas les Petites taches circulaires sur • Elimination par brûlage des feuilles
feuilles de taro macabos. les feuilles qui s’agrandissent infestées.
(Phytophthora jusqu'à destruction parfois • Traitement fongicide.
colocasiae) totale de la récolte. • Isoler les parcelles des autres
champs de taro.
© Philippe Vernier • Mais surtout utilisation de variétés
résistantes.

Phytophthora

Pythium spp. Le champignon est Pourrissement des cormes • Eviter les sols engorgés ou mal
favorisé par surtout sur macabo, parfois drainés.
l’hydromorphie du sur colocase. • Plantation sur billons (macabo).
sol. • Utilisation de boutures saines.
• Utilisation de cultivars tolérants.
• Traitement fongicide.
• Précédent bananier favorable.

Insectes Scarabée (Papuana La proximité des Les larves (vers blancs) • Utiliser des boutures propres (sans
spp.) sur colocase défriches forestières creusent des galeries dans trace de sol).
et des bords de les cormes, dépréciant leur • Lutte biologique avec champignon
rivière favorise la valeur commerciale. entomo-pathogène.
reproduction du • Rotation des cultures.
scarabée. • Jachère nettoyante avec Glycine
wightii pendant 2 ans.

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n°182 Octobre 2010 49


LES DOSSIERS DE

Racines et tubercules tropicaux


Transformation après-récolte

par Philippe Vernier

L es racines et tubercules sont des


produits relativement périssables et
pondéreux, car riches en eau. Aussi, à
bilité. Ces procédés sont très divers et
très répandus dans le cas du manioc où
les variétés dites amères demandent
rine, purée instantanée, chips, congéla-
tion. Une meilleure connaissance des
propriétés fonctionnelles de leur amidon
côté des préparations culinaires à partir une détoxification pour éliminer les leur ouvre de plus en plus de débou-
des produits frais et consommées sous composés cyanhydriques, moins répan- chés dans l’industrie agroalimentaire :
différentes formes classiques (bouillie, dus chez les autres tubercules. résistance au froid intéressante pour les
rôtie, frite, pilée), il existe toute une préparations congelées, aux hautes
gamme de transformations traditionnel- Ces produits font également l’objet de températures pour les aliments nécessi-
les visant à stabiliser le produit pour nombreuses transformations de type tant une bonne stérilisation (petits pots
prolonger sa conservation et sa disponi- industriel : extraction de l’amidon, fa- pour bébé).

Racines et tubercules tropicaux — Transformation après-récolte

Régions
Techniques Produits Remarques
d’origine

Manioc Séchage Cossettes puis mouture en Afrique Séchage à l’air libre après épluchage.
farine. Cossettes très attaquées par les
charançons.
Semoule grillée Farinha : râpage, pressage, Brésil Nombreuses variantes régionales :
tamisage, cuisson toastage, farinha seca branca fina, farinha seca
éventuellement broyage. grossa amarela, farinha de agua, farinha
mixta do para, goma (amidon), farinha
de tapioca, tucupi.

Gari : même procédé que la Togo Diffusion régionale en Afrique de


farinha, mais fermentation plus l’Ouest.
prononcée de la pâte (3 à 6
jours) avant pressage.
Produit humide Attiéké : couscous frais précuit Côte d’Ivoire Demande à l’exportation pour les
fermenté et roulé de manioc. marchés ethniques en Europe.
Pâte fermentée Chikwangue : bâtonnets de Afrique centrale
pâte élastique enroulés dans (Congo)
des feuilles de bananier.
Amidon fermenté Amidon aigre : amidon Brésil (polvilho Utilisé pour la fabrication des pains au
panifiable obtenu par azedo), fromage (pao de queijo, pan de yuca).
fermentation spontanée et Colombie
séchage au soleil. (amidon agrio)

Igname Séchage : pré- Cossettes (produit très dur) Nigeria, Bénin En transformation traditionnelle, le
cuisson des pouvant se conserver. Après séchage se fait en période d’harmattan
tubercules et séchage mouture en farine, diverses (saison d’air très sec, HR<20%). Des
rapide, sinon préparations sont possibles : améliorations possibles portent sur le
développement de pâte élastique (amala), produit séchage solaire pour s’affranchir des
moisissures roulé (wassa-wassa), beignet, aléas climatiques.
etc.

Patate douce Séchage Farine : séchage au soleil en Afrique de l’Est Les cossettes peuvent être directement
cossettes après épluchage, bouillies et réduites en purée. Les
découpes en rondelles, broyage variétés à chair orange sont riches en
et mouture. bêta-carotène.

Taro Pâte semi-liquide, Poi : obtenu par cuisson sous Hawaï et Transformation très populaire chez les
fermentée acide pression, pilage, tamisage fin et Polynésie Polynésiens. Parfois enrichie de coco
fermentation lactique. râpé.

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50 Octobre 2010 n°182


PRIX DE GROS EN EUROPE — SEPTEMBRE 2010

Prix de gros en Europe


Septembre 2010

UNION EUROPEENNE — EN EUROS


Allemagne Belgique France Pays-Bas UK
ANANAS Avion CAYENNE LISSE GHANA kg 2.10
VICTORIA AFRIQUE DU SUD Carton 11.50 11.00
MAURICE Carton 10.50
MAURICE kg 3.10
REUNION kg 4.00
Bateau MD-2 COSTA RICA Carton 10.00 8.43 6.58 6.54 9.59
COSTA RICA kg 1.20

AVOCAT Avion TROPICAL BRESIL Carton 12.80


REP. DOMINICAINE Carton 11.40
Bateau EDRANOL AFRIQUE DU SUD Carton 7.25
FUERTE AFRIQUE DU SUD Carton 7.50
HASS AFRIQUE DU SUD Carton 9.25 8.03 9.00 7.19
CHILI Carton 9.25
KENYA Carton 7.61
PEROU Carton 6.50 8.03
NON DETERMINE AFRIQUE DU SUD Carton 5.69 7.25
RYAN AFRIQUE DU SUD Carton 7.25 7.50 7.50

BANANE Avion PETITE COLOMBIE kg 6.50


EQUATEUR kg 5.00
ROUGE EQUATEUR kg 4.88
Bateau PETITE COLOMBIE kg 3.57
EQUATEUR kg 1.75

CARAMBOLE Avion MALAISIE kg 4.14 4.50 4.14


Bateau MALAISIE kg 2.85

CHAYOTE Avion NON DETERMINE COSTA RICA kg 1.53 1.25

DATTE Bateau MEDJOOL AFRIQUE DU SUD kg 8.30 8.40


ISRAEL kg 6.00 7.86 8.00 7.00
MEXIQUE kg 8.40
NON DETERMINE ISRAEL kg 2.50
TUNISIE kg 3.40 2.08

GINGEMBRE Bateau BRESIL kg 1.81 2.17 2.26


CHINE kg 1.73 1.93 2.50 2.19
THAILANDE kg 2.23

GOYAVE Avion BRESIL kg 5.50


THAILANDE kg 6.75 6.75

GRENADILLE Avion JAUNE COLOMBIE kg 8.00


NON DETERMINE COLOMBIE kg 4.75 5.88 5.50
VIOLETTE AFRIQUE DU SUD kg 5.25
KENYA kg 4.75
ZIMBABWE kg 5.10 5.25

IGNAME Bateau COTE D'IVOIRE kg 1.35


GHANA kg 1.60 1.50

LIME Avion MEXIQUE kg 3.80


Bateau BRESIL kg 1.02 1.12 1.26
MEXIQUE kg 1.00 1.44 1.31 1.43

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n°182 Octobre 2010 51


PRIX DE GROS EN EUROPE — SEPTEMBRE 2010

UNION EUROPEENNE — EN EUROS


Allemagne Belgique France Pays-Bas UK
LITCHI Bateau ISRAEL kg 5.50

MANGOUSTAN Avion THAILANDE kg 8.00 6.50


VIETNAM kg 8.08

MANGUE Avion KENT BRESIL kg 4.80 3.83


NAM DOK MAI THAILANDE kg 7.90
PALMER BRESIL kg 3.38
Bateau ATKINS BRESIL kg 1.07 1.00 1.25 1.33
KEITT BRESIL kg 1.31
KENT BRESIL kg 1.65
SENEGAL kg 1.46 1.38
PALMER BRESIL kg 1.10
Camion OSTEEN ESPAGNE kg 2.20 2.20

MANIOC Bateau COSTA RICA kg 1.32 1.25 1.04

MELON Bateau CANTALOUP BRESIL kg 1.60 1.74


GALIA BRESIL kg 1.65
ISRAEL kg 1.50
HONEY DEW BRESIL kg 0.96
COSTA RICA kg 0.88
PASTEQUE BRESIL kg 0.80

NOIX DE COCO Bateau COSTA RICA Sac 15.50


COTE D'IVOIRE Sac 12.50 10.33 8.92
REP. DOMINICAINE Sac 11.99

PAPAYE Avion FORMOSA BRESIL kg 3.22


BRESIL kg 3.45 2.79
Bateau BRESIL kg 2.85
EQUATEUR kg 2.00 2.00

PATATE DOUCE Bateau BRESIL kg 1.50


EGYPTE kg 1.54 1.25
ETATS-UNIS kg 1.25
ISRAEL kg 1.25

PHYSALIS Avion PRE-EMBALLE COLOMBIE kg 5.63 8.33


Bateau COLOMBIE kg 4.17 5.25 5.42

PITAHAYA Avion JAUNE ISRAEL kg 7.00


ROUGE EQUATEUR kg 8.00
ISRAEL kg 3.13 7.00
THAILANDE kg 5.67
VIETNAM kg 6.17 6.50

PLANTAIN Bateau COLOMBIE kg 1.00 1.14


EQUATEUR kg 1.00

RAMBOUTAN Avion INDONESIE kg 8.00


VIETNAM kg 6.75 6.75

TAMARILLO Avion COLOMBIE kg 5.90

Note : selon calibre

Ces prix ont été calculés à partir d'informations mensuelles transmises par le Market News Service du Centre de Commerce International de l'ONU à Genève.
Market News Service (MNS), Centre du Commerce International, CNUCED/OMC (CCI), Palais des Nations, 1211 Genève 10, Suisse
T. 41 (22) 730 01 11 / F. 41 (22) 730 09 06

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52 Octobre 2010 n°182


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