Vous êtes sur la page 1sur 11

REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROUN

Paix – Travail – Patrie Peace – Work – Fatherland

ECOLE NATIONALE SUPERIEURE POLYTECHNIQUE DE


DOUALA

Cours: AGITATION ET MELANGE

Dr. KAMENI MICHEL

Filière : Génie procédé et Génie chimique

Année académique 2020/2021


PLAN DU COURS AGITATION ET MELANGE

Chapitre 1 : Généralité sur les mélanges


Chapitre 2 : Différents mobiles d’agitation
Chapitre 3 : Grandeurs caractéristiques des agitateurs
Chapitre 4 : Critères de sélection des agitateurs

Introduction générale
Il est difficile d’imaginer un procédé industriel dans lequel il n’y ait au moins un système
de mélange, soit la dissolution de phases miscibles ou l’agitation de différentes phases
immiscibles. Ainsi, on trouve des opérations de dissolution de solides en liquides ou
liquides en liquides, de formation de suspensions de solides en liquides ou de bulles de
gaz en liquides. On peut citer certainement une liste non exhaustive des secteurs
industriels concernés tel que : La chimie et la pétrochimie, l’industrie pharmaceutique
humaine et animale, l’agroalimentaire, le cosmétiques, la fabrication métallurgiques, le
domaine nucléaire, la production et le traitement des eaux….etc.
Les opérations de mélange sont donc trop compliquées à caractériser et à analyser d’une
manière scrupuleuse. Les chercheurs ont lié cet ordre de difficulté à deux facteurs
importants : l’un regroupe les phénomènes hydrodynamiques de l’écoulement (laminaire
et turbulent), les caractéristiques géométriques et énergétiques, la viscosité et la
température des substances ainsi que la nature rhéologique des différentes phases.
L’autre facteur consiste à prendre en considération, la teneur et la nature des composants
du mélange qui ont un rôle prépondérant sur les résultats obtenus en fin d’opération de
mélange. A noter dans ce contexte que l’ordre de difficulté devient assez important quand
il s’agit de l’agitation de fluides ou de substances concentrés là où les comportements
non Newtoniens (viscoélastique et viscoplastique) font leur apparition.
Le rôle des agitateurs mécaniques ainsi que leur choix dépendent toujours du processus
et du mélange à agiter. Les industriels subdivisent les processus en deux catégories : une
qui nécessite des mouvements intenses (brassage, homogénéisation, maintien en
suspension), et l’autre catégorie impliquant la génération de la dispersion d’une phase
dans une autre (mise en contacte gaz-liquide, émulsification, dispersion liquide-liquide).
Les mélangeurs performant en matière d’homogénéisation ont donc une excellente
capacité de mise en mouvement de fluide, alors que ceux destiné aux opération de
génération de dispersion ont de bonne caractéristique de dissipation énergétique.
En ce qu’il concerne l’opération de transfert thermique, l’agitation a pour but d’uniformiser
la température au sein du mélange. Ce transfert est effectué par contact du milieu avec
un serpentin interne ou la double enveloppe de la cuve, l’intensité de ce transfert est
étroitement liée à la structure des écoulements autour de ces surfaces d’échange.
Dans cette liste non exhaustive, le rôle de l’agitateur apparait comme intimement lié au
type d’opération à réaliser. Le choix du type d’agitateur apparait d’ores et déjà comme un
élément clé de la réussite du procédé. A la fin de ce cours, l’apprenant doit être à mesure
de faire le choix du type d’agitateur approprié en fonction de la nature du système à agiter
et des résultats escomptés.
CHAPITRE 1 : GENERALITE SUR LES MELANGES
En génie des procédés, le mélange est une opération unitaire qui implique la manipulation
d'un système physique hétérogène dans le but de le rendre plus homogène. L’étude du
mélange est essentielle pour réguler un procédé. Le mélange permet souvent de contrôler
l’efficacité des réacteurs chimiques. C’est à dire qu’il permet de contrôler le transfert de
masse, la réaction et ultérieurement les propriétés des produits désirés afin d’affecter le
rendement, la qualité et les coûts de production des produits désirés.
Des exemples familiers incluent :
- Le pompage de l'eau dans une piscine pour homogénéiser la température de l'eau,
- L’agitation de la pâte à crêpes pour éliminer les grumeaux (désagglomération),
- Avec un équipement approprié, il est possible de mélanger un solide, un liquide ou un
gaz dans un autre solide, liquide ou gazeux : un fermenteur de biocarburant peut
nécessiter le mélange de microbes, de gaz et de milieu liquide pour un rendement
optimal,
- La production de comprimés pharmaceutiques nécessite le mélange de poudres
solides.

1- Différentes échelles du mélange


Le mélange se définit comme étant la réduction de l’inhomogénéité dans un volume
d’étude. Cette inhomogénéité peut être reliée à une concentration, à une phase ou même
à une température. Mélanger consiste donc à réduire les différences des propriétés dans
un volume. Mais, un mélange parfait n’existe pas car, le degré d’homogénéisation dans
un volume est relatif à l’échelle et au point de vue de l’étude. Notons ici que le mélange
s'effectue à trois échelles différentes :

 Macromixing: le mélange est effectué à la plus haute échelle de mouvement du


fluide dans la cuve et est caractérisé par le temps de mélange global;
 Mésomixing: le mélange s'effectue à une échelle plus petite que le mouvement
général précédent, c'est-à-dire à des tailles inférieures au diamètre de la cuve.
Le mélange à cette échelle se rencontre principalement aux points d'alimentation des
réacteurs par exemple ;
 Micromixing: le mélange s'effectue à des plus petites échelles du mouvement du
fluide jusqu'à la diffusion moléculaire. Le mélange à l'échelle micro est la principale
limitation des réactions chimiques.
Par exemple, une émulsion est considérée mélangée à l’échelle méso/macroscopique
tandis qu’un mélange dans un réacteur chimique est considéré mélangé à l’échelle
microscopique (à cause que la réaction se déroule au niveau moléculaire). Un milieu
homogène correspond donc à un milieu dont les particules sont à la fois bien dispersées
et bien distribuées. Il est par ailleurs important de ne pas confondre le mélange avec
l’agitation qui est la mise en mouvement d’un fluide dans une cuve agitée. Le mélange
implique plutôt l’imbrication de plusieurs phases originalement séparées, le but du
mélange étant de rendre ces différentes phases homogènes les unes par rapport aux
autres, soit à avoir une bonne dispersion et une bonne distribution des phases. La Figure
ci-dessus présente les différents cas de mélange possibles.

Figure : Cas de dispersion et distribution en mélange

Un bon mélange, soit une bonne distribution et une bonne dispersion confère aux
différentes phases la meilleure surface de contact entre elles.
 Un mélange est hétérogène s’il comporte au moins deux phases, c’est à dire s’il
est possible de distinguer à l’œil nu au moins deux de ses constituants.
Par exemple l’eau et l’huile forment des mélanges hétérogènes car l’huile forme une
couche distincte de celle de l’eau.
 Un mélange est homogène s’il ne comporte qu’une seule phase, c’est à dire qu’il
n’est possible de différencier aucun constituant à l’œil nu.
Par exemple l’eau minérale est un mélange homogène car on ne peut pas distinguer les
minéraux dissous de l’eau.

2- Classification de mélange
Le type d'opération et les équipements utilisés lors du mélange dépendent de l'état des
matériaux à mélanger (liquide, semi-solide ou solide, gaz) et de la miscibilité des
matériaux traités.
2.1. Mélange liquide-liquide
Un liquide mélangé avec un autre liquide peut :
 Soit former un mélange homogène et dans ce cas les deux liquides sont dits
miscibles entre eux
 Soit former un mélange hétérogène et dans ce cas les deux liquides sont dits non
miscibles entre eux
En résumé
 Deux liquides miscibles → mélange homogène
 Deux liquide non miscibles → mélange hétérogène
Le mélange de liquides se produit fréquemment dans l'ingénierie des procédés. La nature
des liquides à mélanger détermine l'équipement utilisé. Le mélange monophasé a
tendance à impliquer des mélangeurs à faible cisaillement et à haut débit pour provoquer
un engloutissement du liquide, tandis que le mélange multiphase nécessite généralement
l'utilisation de mélangeurs à haut cisaillement et à faible débit pour créer des gouttelettes
d'un liquide en laminaire, turbulent ou transitionnel. Un exemple quotidien du mélange
liquide-liquide serait l'ajout de lait ou de crème au thé ou au café. Les deux liquides étant
à base d'eau, ils se dissolvent facilement l'un dans l'autre. L'impulsion du liquide ajouté
est parfois suffisante pour provoquer suffisamment de turbulence pour mélanger les deux,
car la viscosité des deux liquides est relativement faible. Le mélange dans un liquide plus
visqueux, tel que le miel, nécessite plus de puissance de mélange par unité de volume
pour obtenir la même homogénéité dans le même laps de temps.

2.2. Mélange solide-solide


Deux solides forment toujours un mélange hétérogène s’ils sont à l’état solide lors du
mélange, par contre si le mélange est obtenu par solidification d’un mélange de liquides
alors il est possible d’obtenir un mélange homogène (c’est par exemple le cas des
alliages).
- Deux corps initialement solides → mélange hétérogène
- Solidification d’un mélange homogène de deux solides fondus → mélange homogène
Un exemple de processus de mélange solide-solide : à chercher

2.3. Mélange liquide-solide


Lorsqu’un mélange solide-liquide peut-être homogène alors on dit que le solide est
soluble dans le liquide.
Attention, il existe toujours une proportion limite maximale de solide que l’on peut
dissoudre dans un liquide, quand cette limite est dépassée une partie du solide ne se
dissout plus et l’on obtient alors un mélange hétérogène.
Lorsqu’un solide ne peut pas se dissoudre du tout dans un liquide (ou lorsque cette
proportion est très faible) alors ce solide est dit insoluble dans ce liquide.
En résumé
 Liquide + solide soluble en proportion inférieure à la limite → mélange homogène
 Liquide + solide soluble en proportion supérieure à la limite → mélange
hétérogène
 Liquide + solide insoluble → mélange hétérogène

Le mélange liquide-solide est généralement effectué pour mettre en suspension des


solides grossiers à écoulement libre ou pour briser des grumeaux de fins solides
agglomérés. Un exemple du premier cas est le mélange de sucre granulé dans de l’eau ;
un exemple de ce dernier cas est le mélange de farine ou de lait en poudre dans de l'eau.
Dans le premier cas, les particules peuvent être mises en suspension (et séparées les
unes des autres) par un mouvement de masse du fluide ; dans le second, le mélangeur
lui-même (ou le champ de cisaillement élevé à proximité) doit déstabiliser les grumeaux
et les faire se désintégrer. Un exemple de processus de mélange solide-liquide dans
l'industrie est le mélange de béton, où le ciment, le sable, les petites pierres ou le gravier
et l'eau sont mélangés en une masse homogène auto-durcissante, utilisée dans l'industrie
de la construction.

2.4. Mélange gaz-solide


C’est le cas par exemple de la fluidisation. Le mélange gaz-solide peut être effectué pour
transporter des poudres ou de petites particules solides d'un endroit à un autre, ou pour
mélanger des réactifs gazeux avec des particules solides de catalyseur. Dans les deux
cas, les tourbillons turbulents du gaz doivent fournir une force suffisante pour suspendre
les particules solides, qui autrement coulent sous la force de gravité. La taille et la forme
des particules sont une considération importante, car différentes particules ont des
coefficients de traînée différents et les particules faites de différents matériaux ont des
densités différentes. Une opération unitaire courante utilisée par l'industrie des procédés
pour séparer les gaz et les solides est le cyclone, qui ralentit le gaz et fait décanter les
particules.

2.5. Mélange liquide-gaz


Tout comme les solides il est possible de dissoudre certains gaz dans certains liquides
(et en particulier dans l’eau). Les gaz qu’il est possible de dissoudre dans un liquide sont
dits solubles dans ce liquide tandis que les autres sont dits insolubles.
Dans la plupart des cas la limite de solubilité des gaz est nettement plus faible que celle
des solides. Il est également possible de disperser de fines particules de liquide dans un
gaz, on obtient alors un mélange hétérogène particulier appelé aérosol.
En résumé
 liquide + gaz soluble (sous limite de solubilité) → mélange homogène
 liquide + gaz soluble (au-delà de la limite de solubilité) → mélange hétérogène
 liquide + gaz insoluble →mélange hétérogène
 gaz + particules liquides → mélange hétérogène (aérosol)
Le mélange liquide –gaz peut être réalisé suivant 2 techniques:
a- Agitation
On utilise cette technique dans des procédés de fermentation, d'aération d'eaux
résiduaires (agitation lente), d'oxygénation ou d'ozonisation.
Le rôle de l'agitateur est double : il crée une dispersion du point de vue physique et une
absorption du point de vue chimique.
b- Mélangeur statique
Cette technique est utilisée, par exemple, pour la désinfection au chlore ou à l'ozone
d'eaux potables ou de piscine. Ici, seul le liquide est en mouvement, et, suivant le régime
d'écoulement le mélange s'opère par fractionnement et déplacement, transfert radial et
par inertie.

2.6. Mélange multiphase


Le mélange multiphase se produit lorsque les solides, les liquides et les gaz sont
combinés en une seule étape. Cela peut se produire dans le cadre d'un processus
chimique catalytique, dans lequel les réactifs liquides et gazeux doivent être combinés
avec un catalyseur solide (tel que l’hydrogénation); ou en fermentation, où les microbes
solides et les gaz dont ils ont besoin doivent être bien répartis dans un milieu liquide.

3. Mécanismes de mélange
Deux dimensions différentes peuvent être déterminées dans le processus de mélange :
le mélange par convection et le mélange par diffusion. Dans le cas d'un mélange par
convection, le matériau dans le mélangeur est transporté d'un endroit à un autre. Ce type
de mélange conduit à un état moins ordonné à l'intérieur du mélangeur. Avec le temps, le
mélange devient plus aléatoire. Après un certain temps de mélange, l'état aléatoire ultime
est atteint. Habituellement, ce type de mélange est appliqué aux matériaux à écoulement
libre et grossier.
L’une des limites de ce type de mécanisme est le démélange des composants, car les
différences de taille, de forme ou de densité des différentes particules peuvent conduire
à une ségrégation.
Le mélange de fluide se comporte radicalement différemment. Il s'agit généralement de
tailles allant de quelques millimètres (2 ou 3) à la plage nanométrique. Dans cette plage
de taille, la convection normale ne se produit que si vous la forcez. La diffusion est le
mécanisme dominant par lequel deux fluides différents se rejoignent. Une façon de savoir
si le mélange se produit par convection ou par diffusion est de trouver le nombre de Peclet.
Aux nombres élevés de Peclet, la convection domine. Aux faibles nombres de Peclet, la
diffusion domine.

4.Le mélange et appareillage


Le terme de mélange est souvent employé comme un terme générique pour exprimer
diverses actions souvent plus spécifiques en fonction des actions et des finalités de
produits que l’on veut obtenir. Ainsi ce terme regroupe des fonctions plus précises telles
que la dispersion, l’empattage, l’agitation, l’homogénéisation, et le mélange proprement
dit. Chaque fonction se rapporte à un matériel spécifique ou un outil de mélange
spécifique. Nous trouverons donc dans les matériels regroupés dans la fonction
générique « Mélange» :
· Les disperseurs nécessaires à la dispersion de phases solides (en particulier des
poudres) dans une phase liquide
· Les agitateurs nécessaires à une remise en suspension d’une phase solide dans
une phase liquide
· Les homogénéisateurs nécessaires à homogénéiser des phases liquides/liquides
ou liquides/solides entre elles.
· Les empâteurs nécessaires à la fabrication de pâtes.

4.1. Les disperseurs


La dispersion est l’action d’éclater des amas de particules solides liées entre elles par des
forces ioniques jusqu’à obtenir idéalement la taille de la particule primaire. Les
disperseurs ont cette fonction de disperser les poudres dans un milieu liquide et sont
munis d’un disque de dispersion à dents, qui provoquera un effet de cisaillement, de
donner une dispersion efficace en un temps optimum. Pour cela, le disperseur doit avoir
au niveau de son axe de dispersion, une rotation rapide. Le dimensionnement et la forme
des dents du disque de dispersion jouent un rôle important dans ce processus. La
puissance motrice de ces matériels sera dimensionnée en fonction de la viscosité et de
la densité maximale des produits à fabriquer ainsi que de la quantité à produire par cuve.

4.2. Les homogénéisateurs


L’homogénéisation est l’action de mélanger des produits facilement miscibles entres eux
pour les rendre les plus homogènes possible : soit deux phases liquides, soit une phase
liquide et solide. Les homogénéisateurs sont des matériels à rotation lente et munis
d’outils non cisaillant.

4.3. Les empâteurs


L’empattage est l’action de réaliser une pâte homogène entre une phase solide et une
phase liquide dans un processus de pétrissage. Les empâteurs sont donc des mélangeurs
à vitesse lente munis d’outils très spécifiques à l’élaboration des pâtes.

Vous aimerez peut-être aussi