Introduction générale
Il est difficile d’imaginer un procédé industriel dans lequel il n’y ait au moins un système
de mélange, soit la dissolution de phases miscibles ou l’agitation de différentes phases
immiscibles. Ainsi, on trouve des opérations de dissolution de solides en liquides ou
liquides en liquides, de formation de suspensions de solides en liquides ou de bulles de
gaz en liquides. On peut citer certainement une liste non exhaustive des secteurs
industriels concernés tel que : La chimie et la pétrochimie, l’industrie pharmaceutique
humaine et animale, l’agroalimentaire, le cosmétiques, la fabrication métallurgiques, le
domaine nucléaire, la production et le traitement des eaux….etc.
Les opérations de mélange sont donc trop compliquées à caractériser et à analyser d’une
manière scrupuleuse. Les chercheurs ont lié cet ordre de difficulté à deux facteurs
importants : l’un regroupe les phénomènes hydrodynamiques de l’écoulement (laminaire
et turbulent), les caractéristiques géométriques et énergétiques, la viscosité et la
température des substances ainsi que la nature rhéologique des différentes phases.
L’autre facteur consiste à prendre en considération, la teneur et la nature des composants
du mélange qui ont un rôle prépondérant sur les résultats obtenus en fin d’opération de
mélange. A noter dans ce contexte que l’ordre de difficulté devient assez important quand
il s’agit de l’agitation de fluides ou de substances concentrés là où les comportements
non Newtoniens (viscoélastique et viscoplastique) font leur apparition.
Le rôle des agitateurs mécaniques ainsi que leur choix dépendent toujours du processus
et du mélange à agiter. Les industriels subdivisent les processus en deux catégories : une
qui nécessite des mouvements intenses (brassage, homogénéisation, maintien en
suspension), et l’autre catégorie impliquant la génération de la dispersion d’une phase
dans une autre (mise en contacte gaz-liquide, émulsification, dispersion liquide-liquide).
Les mélangeurs performant en matière d’homogénéisation ont donc une excellente
capacité de mise en mouvement de fluide, alors que ceux destiné aux opération de
génération de dispersion ont de bonne caractéristique de dissipation énergétique.
En ce qu’il concerne l’opération de transfert thermique, l’agitation a pour but d’uniformiser
la température au sein du mélange. Ce transfert est effectué par contact du milieu avec
un serpentin interne ou la double enveloppe de la cuve, l’intensité de ce transfert est
étroitement liée à la structure des écoulements autour de ces surfaces d’échange.
Dans cette liste non exhaustive, le rôle de l’agitateur apparait comme intimement lié au
type d’opération à réaliser. Le choix du type d’agitateur apparait d’ores et déjà comme un
élément clé de la réussite du procédé. A la fin de ce cours, l’apprenant doit être à mesure
de faire le choix du type d’agitateur approprié en fonction de la nature du système à agiter
et des résultats escomptés.
CHAPITRE 1 : GENERALITE SUR LES MELANGES
En génie des procédés, le mélange est une opération unitaire qui implique la manipulation
d'un système physique hétérogène dans le but de le rendre plus homogène. L’étude du
mélange est essentielle pour réguler un procédé. Le mélange permet souvent de contrôler
l’efficacité des réacteurs chimiques. C’est à dire qu’il permet de contrôler le transfert de
masse, la réaction et ultérieurement les propriétés des produits désirés afin d’affecter le
rendement, la qualité et les coûts de production des produits désirés.
Des exemples familiers incluent :
- Le pompage de l'eau dans une piscine pour homogénéiser la température de l'eau,
- L’agitation de la pâte à crêpes pour éliminer les grumeaux (désagglomération),
- Avec un équipement approprié, il est possible de mélanger un solide, un liquide ou un
gaz dans un autre solide, liquide ou gazeux : un fermenteur de biocarburant peut
nécessiter le mélange de microbes, de gaz et de milieu liquide pour un rendement
optimal,
- La production de comprimés pharmaceutiques nécessite le mélange de poudres
solides.
Un bon mélange, soit une bonne distribution et une bonne dispersion confère aux
différentes phases la meilleure surface de contact entre elles.
Un mélange est hétérogène s’il comporte au moins deux phases, c’est à dire s’il
est possible de distinguer à l’œil nu au moins deux de ses constituants.
Par exemple l’eau et l’huile forment des mélanges hétérogènes car l’huile forme une
couche distincte de celle de l’eau.
Un mélange est homogène s’il ne comporte qu’une seule phase, c’est à dire qu’il
n’est possible de différencier aucun constituant à l’œil nu.
Par exemple l’eau minérale est un mélange homogène car on ne peut pas distinguer les
minéraux dissous de l’eau.
2- Classification de mélange
Le type d'opération et les équipements utilisés lors du mélange dépendent de l'état des
matériaux à mélanger (liquide, semi-solide ou solide, gaz) et de la miscibilité des
matériaux traités.
2.1. Mélange liquide-liquide
Un liquide mélangé avec un autre liquide peut :
Soit former un mélange homogène et dans ce cas les deux liquides sont dits
miscibles entre eux
Soit former un mélange hétérogène et dans ce cas les deux liquides sont dits non
miscibles entre eux
En résumé
Deux liquides miscibles → mélange homogène
Deux liquide non miscibles → mélange hétérogène
Le mélange de liquides se produit fréquemment dans l'ingénierie des procédés. La nature
des liquides à mélanger détermine l'équipement utilisé. Le mélange monophasé a
tendance à impliquer des mélangeurs à faible cisaillement et à haut débit pour provoquer
un engloutissement du liquide, tandis que le mélange multiphase nécessite généralement
l'utilisation de mélangeurs à haut cisaillement et à faible débit pour créer des gouttelettes
d'un liquide en laminaire, turbulent ou transitionnel. Un exemple quotidien du mélange
liquide-liquide serait l'ajout de lait ou de crème au thé ou au café. Les deux liquides étant
à base d'eau, ils se dissolvent facilement l'un dans l'autre. L'impulsion du liquide ajouté
est parfois suffisante pour provoquer suffisamment de turbulence pour mélanger les deux,
car la viscosité des deux liquides est relativement faible. Le mélange dans un liquide plus
visqueux, tel que le miel, nécessite plus de puissance de mélange par unité de volume
pour obtenir la même homogénéité dans le même laps de temps.
3. Mécanismes de mélange
Deux dimensions différentes peuvent être déterminées dans le processus de mélange :
le mélange par convection et le mélange par diffusion. Dans le cas d'un mélange par
convection, le matériau dans le mélangeur est transporté d'un endroit à un autre. Ce type
de mélange conduit à un état moins ordonné à l'intérieur du mélangeur. Avec le temps, le
mélange devient plus aléatoire. Après un certain temps de mélange, l'état aléatoire ultime
est atteint. Habituellement, ce type de mélange est appliqué aux matériaux à écoulement
libre et grossier.
L’une des limites de ce type de mécanisme est le démélange des composants, car les
différences de taille, de forme ou de densité des différentes particules peuvent conduire
à une ségrégation.
Le mélange de fluide se comporte radicalement différemment. Il s'agit généralement de
tailles allant de quelques millimètres (2 ou 3) à la plage nanométrique. Dans cette plage
de taille, la convection normale ne se produit que si vous la forcez. La diffusion est le
mécanisme dominant par lequel deux fluides différents se rejoignent. Une façon de savoir
si le mélange se produit par convection ou par diffusion est de trouver le nombre de Peclet.
Aux nombres élevés de Peclet, la convection domine. Aux faibles nombres de Peclet, la
diffusion domine.