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COMPORTEMENT AUX CHOCS PAR EXPLOSIONS

SOUS-MARINES DE PLAQUES EN COMPOSITES


VERDE-RÉSINE
J. Picard, P. Seris

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J. Picard, P. Seris. COMPORTEMENT AUX CHOCS PAR EXPLOSIONS SOUS-MARINES DE
PLAQUES EN COMPOSITES VERDE-RÉSINE. Journal de Physique IV Colloque, 1991, 01 (C3),
pp.C3-361-C3-367. �10.1051/jp4:1991352�. �jpa-00250496�

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JOURNAL DE PHYSIQUE IV C3-361
Colloque C3, suppl. au Journal de Physique III, Vol. 1, octobre 1991

COMPORTEMENT AUX CHOCS PAR EXPLOSIONS SOUS-MARINES DE PLAQUES EN


COMPOSITES VERRE-RÉSINE

J.M. PICARD et P. SERIS

STCAN, 8, Bd Victor, F-75732 Paris cedex 15, France

Abstract: In this paper, the effects of underwater explosions on GRP plaies are studied. Trials are described. A
simple energetical model built up for naval architects is showed and compared lo measurmenis and to
finite éléments high dynamics calculauons. A fracture criteria is given.

INTRODUCTION

Le but de cette étude est de mener une première investigation visant à mieux comprendre les effets d'une explosion
sous-marine sur une plaque en composite. H ne s'agit pas d'un test de validation, ni d'une comparaison de performances. On
désire connaître le mode de dégradation de la structure et mieux cemer les mécanismes de dégradation.
Les essais sur éprouvettes permettent de déterminer les caractéristiques mécaniques de ces matériaux. Dans cette
étude, l'approche est différente. Nous nous intéressons à la réponse et à la modélisation d'une structure simple soumise à un
véritable chargement par explosions.

Le matériau choisi est celui employé pour la construction de la coque du Bâtiment Anti-Mines Océaniques. Il s'agit
d'un composite verre-résine fait d'un empilement de tissus de verre E sergé de 2, 0790°, 830 g/m2. Chaque pli est appliqué
au rouleau et fait environ 1 mm d'épaisseur. Les tissus ont même orientation, la résine est polyester isophtalique et
polymérise à l'ambiante.
Après avoir présenté les essais, nous nous efforcerons d'interpréter leurs résultats au travers de diverses
modélisations.

i - LES ESSAIS D'EXPLOSIONS SOUS-MARINES

1.1 - Description des essais

Les essais ont lieu en piscine calibrée à 4 g de TNT. La cible est constituée d'une plaque circulaire en
composite verre-résine de diamètre 320 mm, montée au sommet d'un support métallique cylindrique i.Limbour). Une
couronne métallique permet un encastrement de la plaque sans perçage. Ce montage étanche maintient la face inférieure en
air. Les tirs d'une charge de 4 g ont lieu en eau sur l'axe vertical de la plaque.

L'instrumentation consiste en jauges de déformation et en accéléromètres montés sur la face en air de la


olauue. Un témoin de pâte ù modeler donne la flèche maximale au centre.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jp4:1991352


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1.3 - Observations qualiratives

Une vingtaine de plaques de deux Cpaisseurs à quatre et huit plis a été essayk. Chaque plaque n'a subi qu'un
seul tir. Pour.des distances de tir décroissantes, les dommages suivants ont été observés.

STADE 1 Fissuration superficielle de la résine sur la face en extension de la plaque. La résine se fendille en
surface selon des directions orthogonalesaux fibres de verre

STADE II Délaminage à la périphérie de la panie plane de I'éprouvetce, visible sur la parrie rxréneurc au
n i v w du rcbord.

STADE III Couronne de delaminage au cenuz de la plaque.

STADE I V Rupture partielle ou totale de

Le tableau ci-dessus donne les distances de ur correspondant l'apparition des différcnu stades. M a l ~ é
l'cndommagcmcnt. aucune déformation résiduelle aune que la rupture n'a été relevée.

1.5 - Résuluu quantitatifs

L'étude quantintivc a été faite sur les plaques les plus Cpaisscs, j. huit plis. Elles proviennent de deux l o ~ s
de fabrication différents, notés Pet Q.
Les signaux bmu fournis par les acccléromèues sont difficilement exploinbles. En effcc les iiccéléra~ions
iniriales de plusieurs dizaines de millicrs de g ne rendent pas compte du mouvcment d'ensemble de la plaque. En revanche.
I'intiyraiion de ces signaux monue une mise en vitesse quasi-instantanée et a priori uniforme de la plaque : la vitesse
maximale de 10 à 13 m/s est atteinte en 50 à 90 ps.

Trois jauges sont collées au cenue, deux 3 la périphérie. Il n'y a pas dc différences dans Sailure du signal
suivant la direction des jauges. Les trois jauges au cenue répondent de la même façon et il en est de mime pour les jaugcs 4
la periphérie. Les différences consniées au niveau de Samplirude de la rtponse sont de l'ordre dc 10 %, ce qui correspond aux
incerurudes sur les mesures. Nous n'avons pas d'effets notables d'anisouopie.
Les oscilla~ionslentes (environ 110 Hz) proviennent de la vibration en eau des plaqucs. Les oscillauons
rapides (353 Hz) sont dues soit A une harmonique, soir à une vibration sans eifeis dus 4 l'eau lorsqu'il y ii caviution iiu
dcssus de la plaque.
Les signaux de jauges (ont apparaiue deux pics principaux, le deuxième Ctant Iégèremcnt supérieur. Le
premier correspond 3 I'onde de choc primaire. le dcuxième h I'onde de pression secondaire Cmise par la première conmction de
la bulle des gaz c r é k par i'explosion.
{ 0.5
. k t -

Les flèches maximales relevées sont rassemblées sur la figure ci-dessous :

O
. .
1 0 0
. .
2DO
. .
3 0 0
.
Dirume ao Ur (mm)

4 0 0 500 000 700

On constate que les flèches maximales aneignent quatre fois I'tpaisseur des plaques et le dixième de leur diamèue.
La modélisation d e ~ prendre
a en compte les effets de membrane.

II LES MODELISATIONS.

La démarche initiale a consisté a utiliser une approche énergttique simple misr au point sur des essais avez plaques
mCralliques.

Il. 1 - Choix des paramèues.

Comme le suggèrent les r~sultatsdes essais et le modèle de la plaque métallique, nous considérons que
l'onde de pression communique essentiellement une impulsion à la plaque. Celle-ci acquiert une vitesse uniforme alors que
les déplacements sont encore minimes. Le mode de fixation de la plaque ou le type de mattriau utilisé. importe peu dans cet=
approche, seul compte la masse volumique de i'élément de plaque considéré.
Le paramètre qui guide ce raisonnement est la constante de temps de I'onde. Celle ci est très pctite. de
l'ordre de 20 p.Pendant ce temps, une onde acoustique se déplace de 3 cm dans l'eau et à peine plus dans le matériau
composite. II esL donc légitime de penser que le mouvement initial de la plaque est peu influenct par son mode de futation au
bord.
Les paramètres retenus pour décrire le chargement sont donc les impulsions de l'onde de choc primaire et de
la première onde de pression secondaire. Elies sont données par des abaques connues.

Tant que le matériau n'est pas endommagé, le paramèue qui intéresse l'architecte naval est la flèche
maximale atteinte.. On peut relier celle-ci à I'impulsion initiale au uavers de l'énergie de déformation élastique dans la
déformée réeue, que i'on approche par la déformée sous pression statique uniforme. Les conmaintes calcultes par ce procédé
sont comparées aux critères d'endommagemenr
JOURNAL DE PHYSIQUE IV

Point su centre ne 4

III - COMPARAISON ESSAIS-MODELES.

111.1 - Relation flèche-énergie.

La modélisation retenue fournit une relation entre la flèche maximale au centre et l'énergie fournie à la
plaque de la forme:
Energie = A (flèche)2 + B (flèche)
A et B dépendent de la géoméme de la plaque, des conditions aux limites ei du matériau. A est relié au
terme de flexion, B à celui de membrane.
En supposant un encastrement parfait et en utilisant les caractérisuques du malériau données par le fabricant
d'après des essais sur éprouvettes, on obtient la courbe A qui correspond à noue premier modèle.
Au vu dcs résultats des essais en caisson hyperbare, on constate que les coefficienls A et B calculés
précédemment sont incorrects. On peut mettre en cause un défaut d'encasuement ou une imprécision sur les caractéristiques
du matériau. La courbe B est ajustée sur les essais statiques.
Les essais d'explosions sous-marines fournissent également une relation flèche-énergie représentée par la
courbe C. Cette dernière courbe correspond à des mesures dynamiques alors que les aurres s'appuient sur des données en
statique.
II subsisie un écart enrre les courbes B et C. II sembierair que l'on mette en évidence les effets de
l'endommagement du matériau au cours des essais d'explosions.
Relation flèche énerqie

La rupture a l'allure d'un cisaillement. Nous allons rechercher la conminte de cisaillement équivalente, en
supposant que ceae dernière est constante à travers l'épaisseur h de la plaque à sa périphérie. .
Soit Peq la pression donnant la même energie de déformation à la plaque en statique. La force uansversale
appliquée à la plaque est peq.m2, où a est la surface de la plaque. Le cisaillement à la périphérie permettant d'équilibrer
cette force vérifie :
II.? - Le modele analytique.
Un moaiie simpie represenie l'ineracuon ae l'onde dr choc avec ia piaque: ia réflexion c'un? onde piminc oc
mêmes parmitres sur une piaque inrinie de mêmc masse surfacique oui st-are ! ' a u de l'air.
Ce proolème a une soiuoon analytique. Soien::
P t Pression incioene sous forme d'etpûnentielie 8%cûnsante 8
( \;iLesse de la piaque
u masse voiumiquc M l'eau
vircsse au son dans l'tau
rn nasr surfaciau- ae la piaqut
L'éqmuon au mouvement s ' k n ï midvidtl = 1.P!:t - ,E.r.V(;i
Le mouvement de ia piaaue aonnc une dépression derrière elle.
La pression réflknie CS:: ?!;; - .u.z.V(i!.

L'onae oc cnoc po: se repr6senre: p z une exponentiriii. de consunt? dc trmps e. LI vit-sse p w r 3 2 i?n
en != B.logiGr/(L)-1..oi! G = i.~.:.$)/rc
ms:mum Vma><= !?-.~maslu.:!.8~!,'~-~':

Dans ies applicauonc numéricuec. G :sr de 1 or&: de I'unit9. ia \ilesse masimai: est a:tcinv er. un :mpc
:arnca;aDic i celui dc 8. Lorsque la piaque ancin: 1: vitrsse i'max. ie pression derrierî !a plaque s annuie e: dtend ü Gc\.:ni:
négative: il y a ravicirion nt ic cnargznen: sur la e i q u t aevieni nui. L.inte3ction d'une onde pimr 2vcr iz piaqu: e n e s u k
rsi don:. mo0éIisée DY une mise en vilessr insanian& e: uniionne oc la pia-ue enuEr2.

Si le tir es: procne. :'onae oe prssion n es: pius pian- inxc spnénaue. 'impuisior. communiqu9: a 2s:
.ius iarnricue en LOU[ p o i n ~Les uiiraic liés à ces conausen: j.acs z3rrrc:ions sa: 1'tnr::ir ciné:iquz :ûmmuniqu9e L i:
Fiaque.

Er! matériai: isouop- rquivaien: es: àt:lni ?a:identiiicauon de !2 rriauon fièzhe sous Snssior. sarl-ue -
,ri,.gc
e- a r a5îormation. L'apprccne Cnerg5ique 3:s s m d z s 3é-hes de piaque o k n l r h.~le Timosnenitc .?!aaues e: C3ï:es
3 C i i aoopr5e. 1 1 - prend en compte les a6fomarions a: fiexion 2: ae mraorane. Les rtsuitars son: rissemoies Sui i2 5gx:
suivant:.

?ou: une aisuncc a: rs a e 300 mrc. or. o~serveics elir:> ÛL! rapprocnemenr ci: k oulie des gax icr5 is sr:
prrmi?rr os:iiiauor. : 5.s- rs: aiors serisïoiemen: jüptnrrir h -psi.
. .
Le modeie crkiir ors fltcnes inî2rieures i celles mesurées. .ifin d'expliquer ers di?[?r?nces. ;2 ;::li::rr.
-. . .
:i.-ne-rnc::ie ae déformaiion de il: ?iaque a 5t' zzrrigk aprks pzssa- iu iisposilii en xisson hyperba-2. Zn !tg-: :CX:
sucsis:r enuc mcdkie e: essais.

Flèches des olaaues eaaisses


cc -
30 - i
I

(1 Fiecno PE
0 F l a n s O5
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Fiec-m neosz

iL.I - Les modèies num5riquei

Deux modkles ont 9 s r d l i s b avez ies iopicieis de aynmique rapide .iCTODI'i eLPLXL'S. TOCSû"1:
prcnnent en compte les inleractionc fiuide-smicture er ies efieis de ia caviciuor. par minorition de la pression pX zirr. Lc:
ra1:uis ont Cié fait en rxisymémque sur une coionne d ' s u sumionun: une piaque e n c u u k . 5'ne onoc'dc pression d: rntrne
impuision 2: de même Crie-ie que :onde rérlic p u : une oisuncc de tir i: 500 mm a ér9crGe à une esu8mirf au mailia:?
5uiar. l e s vitesses irnpuisionneliec sonr oien r t w u v k s . ies aépiacrmen~res;rnl lc5~t:ernen; inférieurs.
JOURNAL DE PHYSIQUE IV

Sur la courbe ci-dessous, nous avons reporté ces valeurs du cisaillement en fonction de la distance de tir.
Si l'on suppose que le cisaillement a un profil parabolique dans l'épaisseur, sa valeur maximale est obtenue en multipliant
ces courbes par 15.

La valeur limite du cisaillement mesurée sur des éprouvettes esi:


(dans une hypothèse. parabolique)
4 couches 45 à 49 MPa
9 couches 42 à 44 MPa

Une aune mdthode d'essai (mdthode IOSPESCU) donne les résultats suivants :
4 couches 58 MPa
9 couches 72 à 78 MPa

La rupture par explosion est indiquée sur la figure. Le cisaillement atteint est du même ordre de grandeur que les
données sur éprouvenes. Ainsi l'hypothèse d'une rupture par cisaillement semble la plus probable. Cependant , il ne faut
pas oublier que les tensions de membrane et de flexion sont kgalement nés forte lors de la rupture. La rupture est due h la
combinaison de ces trois effets.

cisaillement statiaue Bauivalgnt

Ruptureplaque fne

CONCLUSION

Les essais d'explosions sous-marines ont pour but de mieux connaître les mécanismes de dégradation spécifiques
d'une snucture navale. afin d'améliorer la conception et le dimensionnement de navires avec une coque en composite. Ce
type d'expériences a l'avantage sur les essais sur éprouvettes de soumeare le mat6riau au chargement réel, tout en restant
relativement facile de mise en œuvre et peu onéreux. En revanche, son interprétation ddtaillée s'avère plus complexe. Il
permet cependant d'élaborer des modeles globaux, tels que celui présenté ici, accessibles aux bureaux d'études.
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Comportementde bordés de fond de navire soumis à une explaion sous-marine
Note Technique No 115/85 Gerpy
Etude à échelle réduite des effets d'une explosion sous-marine.
Note Technique No 70/86 Gerpy
Considérationénergétique et élude du collage de la bulle.
Note Technique No 1570188 Gerpy
Eléments pour la détermination de la mise en vitesse de bordées de navires lors des explosions sous
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Note Technique No 108/89 Gerpy
Analyse numerique de la réponse de plaques circulaires A comportement élasto-plastique sous I'effet d'une
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