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Sommaire
Définition et histoire
Origine et précurseurs
L'École des Annales
Contexte
Lucien Febvre
Marc Bloch
Nouvelle génération avec Jacques Le Goff
Courants issus de l'histoire des mentalités
Critiques
Bibliographie sur le sujet
Bibliographie concernant l'Histoire des mentalités
Bibliographie des historiens des mentalités
Références
Bibliographie
Articles connexes
Définition et histoire
D'abord discipline exclusivement française, elle s'exporte progressivement dans d'autres pays européens
comme l'Allemagne et l'Angleterre. Apparue dans les années 1920-1930 sous l'impulsion de deux historiens
(Lucien Febvre et Marc Bloch), elle tombe en désuétude jusque dans les années 1960 où une nouvelle
génération d'historiens se réapproprient ce concept et l'appliquent aux considérations et aux sujets d'études de
leur époque. Elle tombe, par la suite, lentement dans l'oubli en raison de lacunes dans sa définition même et de
sa trop grande diversité de thématiques. L'histoire des mentalités se place en opposition aux anachronismes
2
historiques et entend pour cela retrouver "la spécificité de chaque système de représentation du passé" en
replaçant les sujets d'étude dans leurs contextes socio-économiques et culturels.
Définir l'histoire des mentalités demeure complexe, mais certains chercheurs comme Florence Hulak essaient
néanmoins d'en fournir une définition générale et non méthodologique, disciplinaire ou véritablement
thématique. En effet, elle considère qu'il est difficile de cerner complètement et précisément ce terme, mais que
l'on peut cependant le définir comme une nouvelle conception de la science historique en général.
Origine et précurseurs
Il est problématique de retracer la paternité intellectuelle du mouvement. Au-delà de Lucien Febvre et Marc
Bloch, certains historiens marginaux au mouvement des Annales créé en 1929, tels que Johan Huizinga,
peuvent également être considérés comme fondateurs du mouvement. Le terme de mentalité, quant à lui, se
retrouve déjà chez Émile Durkheim et Marcel Mauss. Il trouve peut-être son sens original dans La mentalité
3
primitive (1922) de Lucien Lévy-Bruhl .
Huizinga donne déjà toute la substance de ce que va être l’histoire des mentalités dans son Déclin du Moyen
g j q y
Âge, paru en 1919 : « L’histoire de la civilisation doit s’occuper aussi bien des rêves de beauté et d’illusion
romanesque que des chiffres de la population et des impôts », « l’illusion même dans laquelle ont vécu les
4
contemporains à la valeur d’une vérité » . Il faut à l'homme plus que des raisons politiques, démographiques,
économiques ou culturelles à ses actions. Il lui faut "l'impulsion des images du mental collectif accumulées
5
autour" .
Contexte
L'Histoire des mentalités est apparue dans le contexte de création de l’École des Annales. Cette école est liée à
la Revue des Annales se développant à partir de la fin des années 1920. Pratiquement, l'Ecole des Annales est
composée d'un regroupement d'historiens qui partagent la même vision de l'Histoire et en théorie les mêmes
6
méthodes de recherche . Cette dernière propose une définition de la discipline historique comme véritable
science humaine. Ses deux chefs de file sont Lucien Febvre et Marc Bloch. Ils ont travaillé conjointement à
l'élaboration de la revue Annales d'histoire économique et sociale, mais possèdent des visions différentes de
l'Histoire des mentalités. Marc Bloch et Lucien Febvre se seraient inspiré respectivement de deux revues
antérieures et de leurs créateurs : l'Année sociologique (1896) fondée par Emile Durkheim ainsi que la Revue
de Synthèse Historique d'Henri Berr (1900). Les divergences entre les deux auteurs ne se trouvent pas
seulement dans l'individualité ou la collectivité des phénomènes psychologiques, car ils prennent en compte
chacun ces deux aspects. Leur opposition se joue également au niveau des concepts de conscience et
d'inconscience de la vie mentale. En effet, March Bloch privilégie les formes inconscientes de la vie mentale
tandis que Lucien Febvre se penche sur des phénomènes plus conscients tels que la sensibilité ou l'expression
des émotions.
Lucien Febvre
Lucien Febvre a une vision particulière de l'Histoire. En effet, il reproche aux historiens de son temps de
véhiculer une vision et une analyse anachronique des idées d'une époque, en enfermant la réflexion dans de
grandes catégories d'écoles. Il tend dès lors à replacer les idées, les œuvres ainsi que les comportements dans le
milieu et le contexte social dans lesquels elles apparaissent. Il veut également comprendre chaque culture et
société comme un système complexe, avec des balises qui ne sont pas actuelles mais bien contemporaines à la
période étudiée. Pour mettre en place sa vision, Lucien Febvre va, dans ces différentes études historiques,
partir d'un sujet ou un personnage précis pour en extraire "l'outillage mental" de la société dans laquelle il
7
s'insère. Il va dès lors se tourner naturellement vers l'élaboration de biographies de grands personnages . Il part
de l'individualité pour en tirer certains schémas généraux qui pourraient être symptomatiques d'une population
ou d'une époque particulière. Par exemple, Febvre dans son ouvrage consacré à l'incroyance au XVIe siècle,
débute par l'incroyance de Rabelais pour en tirer des conclusions sur l'incroyance de la société dans laquelle ce
dernier a vécu. Les limites de cette incroyance analysées dans l'œuvre de l'auteur pourraient être en effet
2
symptomatique des limites de l'incroyance au sein de la société du XVIe siècle .
Pour Febvre, l'étude historique doit forcément débuter par l'individu. Cependant, ce dernier doit provenir d'une
classe supérieure, d'une élite "créatrice" car l'étude des démunis et des petites gens n'est pas en mesure de
retranscrire la complexité des facettes de la mentalité d'une époque donnée. La richesse de leur appareillage
2
mental est moindre selon Febvre . Il existe, pour lui, une collectivité de la pensée et de la sensibilité qui
influence (sans être déterminante à elle seule) la pensée et la sensibilité des individus d'une époque donnée.
Marc Bloch
Marc Bloch prend directement ses distances avec la théorie plutôt individualiste de Lucien Febvre. Il étudiera
"les systèmes de croyances et les représentations collectives à partir de l'analyse des rites et des pratiques
symboliques". Bloch ne cherche pas à établir des liens de causalités mais des corrélations synchroniques. La
méthode historique de Bloch se caractérise donc par l'étude des idéologies et de leur transmission sociale. Il
place son intérêt tout particulièrement dans l'analyse des "structures synchroniques". Le terme "mentalité"
prend alors le sens de représentations devenues des habitudes affectives, intellectuelles mais aussi corporelles.
Pour Bloch, les mentalités désignent les "logiques non-conscientes de la vie matérielle et des représentations
2
collectives" dont on peut rendre compte par l'intermédiaire des disciplines sociologiques et anthropologiques
De cette façon, l'histoire des croisades, en plus des considérations démographiques, économiques et politiques
que nous lui connaissons, a également joué un rôle dans les mentalités collectives des Européens via l'histoire
de la Jérusalem céleste. Le développement de la société capitaliste occidentale, depuis le XVIe siècle, est le
résultat d'un nouveau mode de production, de sécrétion de l'économie monétaire. Cependant, elle est aussi le
produit d'une nouvelle attitude vis-à-vis de l'argent et du travail ainsi que d'une mentalité qu'on rattache à
5
l'éthique protestante depuis Max Weber .
Pour Le Goff, l'histoire des mentalités va à la rencontre d'autres sciences humaines, notamment l'anthropologie
et la sociologie, mais également la psychologie et l'ethnologie. Cette histoire "nouvelle" permet de se départir
de l'histoire économique et sociale trop rude pour ouvrir le champ des investigations et des pensées concernant
5
la recherche .
Les deux grands héritiers des fondateurs de l'Ecole des Annales sont Georges Duby et Robert Mandrou
(fortement influencé par les travaux de Febvre). Ce sont eux qui vont générer les deux textes fondateurs de la
Nouvelle Histoire des mentalités et qui vont tous deux privilégier les orientations conceptuelles de Lucien
Fevbre. D'ailleurs, Robert Mandrou, dans sa thèse Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle (1968),
traite entre autres de l'essor de la rationalité et de la maîtrise des émotions. Carlo Ginzburg et Emmanuel le Roy
Ladurie vont d'ailleurs s'y opposer. C'est en partie cette ambivalence et cette tension entre théorie et pratique
qui ont contribué à créer cette confusion au sein même de la discipline.
Philippe Ariès, héritier des Annales, est aussi en France l'un des pionniers de l'histoire des mentalités, qu'il
développe notamment dans son essai L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime, paru en 1960 et dans
L'Homme devant la mort, paru en 1977.
Michel Foucault semble s'inspirer de la méthode historique de Lucien Febvre. En effet, certaines des
considérations de ce dernier seraient des préfigurations du concept d'épistémè chez Foucault.
Critiques
La notion de mentalités, en tant que concept fondamental de l'école des Annales, a été critiquée par certains
8
historiens comme l'helléniste britannique Geoffrey E. R. Lloyd .
Références
1. Jacques Revel, "Mentalités", dans André Burgière (dir.), Dictionnaire des sciences historiques,
Paris 1986, p. 455-456.
2. Florence Hulak, « En avons-nous fini avec l'histoire des mentalités ? », Philonsorbonne, 2008,
2, p. 89-109. (lire en ligne (http://journals.openedition.org/philonsorbonne/173))
3. Peter Burke, The French Historical Revolution. The Annales School 1929-89, Oxford, Polity
Press, p. 115.
4. Philippe Ariès, « L’histoire des mentalités », dans Jacques Le Goff (dir.), La nouvelle histoire, 2e
édition, Bruxelles, éditions Complexe, (Historiques, 47), p. 168-169.
5. Jacques Le Goff, "Les mentalités. Une histoire ambiguë", dans Jacques Le Goff et Pierre Nora,
Faire de l'histoire tome 3 : Nouveaux objets Paris Gallimard (« Bibliothèque des histoires »)
Faire de l histoire, tome 3 : Nouveaux objets, Paris, Gallimard (« Bibliothèque des histoires »),
p. 79.
6. Nicolas Righi, « L'héritage du fondateur ? L'histoire des mentalités dans l'École des
"Annales". », Le Philisophoire, 2003/1 (no 19) (lire en ligne (https://doi.org/10.3917/phoir.019.01
55))
7. « Mentalités, histoire » (http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/mentalites-histoire/), sur
http://www.universalis-edu.com
8. Pour en finir avec les mentalités, trad. de l'anglais par Franz Regnot, Paris, La Découverte,
1996, 254 p.
Bibliographie
André Burgière, "Mentalités, histoire" dans Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le
22 novembre 2018. https://www.universalis.fr/encyclopedie/mentalites-histoire/.
Florence Hulak, « En avons-nous fini avec l’histoire des mentalités ? », dans Philonsorbonne
[En ligne], 2 | 2008, mis en ligne le 28 janvier 2013, consulté le 2 décembre 2018. URL :
http://journals.openedition.org/philonsorbonne/173 ; DOI : 10.4000/philonsorbonne.173
Jacques Le Goff (dir.), La nouvelle histoire, 2e édition, Bruxelles, éditions Complexe, 1988
(Historiques, 47).
Jacques Le Goff et Pierre NORA (dir.), Faire de l'histoire, 3 tomes, Paris, Gallimard, 1974
(Bibliothèque des histoires).
Peter Burke, The French Historical Revolution. The Annales School 1929-89, Oxford, Polity
Press, 1990.
Nicolas Righi, « L'héritage du fondateur ? L'histoire des mentalités dans l'École des
"Annales" », dans Le Philosophoire, 2003/1 (no 19).
Jacques Revel, « Mentalités », dans André Burgière (dir.), Dictionnaire des sciences
historiques, Paris, 1986.
Articles connexes
École des annales
Nouvelle histoire
Zeitgeist
Histoire culturelle
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