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L'Héautontimorouménos O HEAUTONTIMOROUMENOS

À J.G.F.

Je te frapperai sans colère Sem cólera te espancarei,


Et sans haine, comme un boucher, Como o açougueiro abate a rês,
Comme Moïse le rocher Como Moisés à rocha fez!
Et je ferai de ta paupière, De tuas pálpebras farei,

Pour abreuver mon Saharah Para meu Saara inundar,


Jaillir les eaux de la souffrance. Correr as águas do tormento.
Mon désir gonflé d'espérance O meu desejo ébrio de alento
Sur tes pleurs salés nagera Sobre o teu pranto irá flutuar

Comme un vaisseau qui prend le Como um navio no mar alto,


large, E em meu saciado coração
Et dans mon coeur qu'ils soûleront Os teus soluços ressoarão
Tes chers sanglots retentiront Como um tambor que toca o assalto!
Comme un tambour qui bat la
charge! Não sou acaso um falso acorde
Nessa divina sinfonia,
Ne suis-je pas un faux accord
Graças à voraz Ironia
Dans la divine symphonie,
Que me sacode e que me morde?
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord
Em minha voz ela é quem grita!
Elle est dans ma voix, la criarde! E anda em meu sangue envenenado!
C'est tout mon sang ce poison noir! Eu sou o espelho amaldiçoado
Je suis le sinistre miroir Onde a megera se olha aflita.
Où la mégère se regarde.
Eu sou a faca e o talho atroz!
Je suis la plaie et le couteau! Eu sou o rosto e a bofetada!
Je suis le soufflet et la joue! Eu sou a roda e a mão crispada,
Je suis les membres et la roue, Eu sou a vítima e o algoz!
Et la victime et le bourreau!
Sou um vampiro a me esvair
Je suis de mon coeur le vampire, - Um desses tais abandonados
— Un de ces grands abandonnés Ao riso eterno condenados,
Au rire éternel condamnés E que não podem mais sorrir.
Et qui ne peuvent plus sourire!
— Charles Baudelaire

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